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anti-national - Page 1099

  • Un siècle d'immigration galopante : Les "vrais" chiffres de l'invasion

    DANS son dernier livre Les Yeux grands fermés, l'immigration en France (1), Michèle Tribalat, directrice de recherche à l'Institut national d'études démographiques (lned), alerte le public contre le mépris des faits au nom de l'idéologie dont elle a été elle-même victime, cible d'une attaque d'Hervé Le Bras, chercheur également attaché à l'lned. Il accusait Mme Tribalat de conduire à la notion de « Français de souche » et, par conséquent, à la "xénophobie". « La démographie française est en passe de devenir un moyen d'expression du racisme » écrivait-il dans Le Démon des origines. Les mots qui tuent sont lâchés : "racisme", "xénophobie".
    Michèle Tribalat réunit dans ce livre des chiffres et des faits qu'il serait difficile de trouver ailleurs. Sa lecture devrait permettre à un citoyen de bonne foi de prendre ses distances vis-à-vis des inconditionnels d'une immigration réputée indispensable et bénéfique. Mais elle permettra également de faire mieux comprendre les mises en garde exprimées avec persévérance par le mouvement national, Front national en tête, sur les conséquences induites par l'installation de millions d'immigrés sur notre territoire. Et plus particulièrement sur les illusions du bilan positif de leurs apports.
    Michèle Tribalat n'hésite pas à affirmer que « l'immigration est sacralisée au point que le désaccord ne peut exister (...) les politiques eux-mêmes peuvent s'abstenir de révéler ou contrefaire certaines réalités, pratiquer la restriction mentale, plaider pour des politiques auxquelles ils ne croient pas, par crainte d'être suspectés de racisme et donc marginalisés, mais aussi par crainte de la réaction de la société ». On imagine les conséquences de la peur qui frappe les gouvernements, et leur soumission à la pression des associations spécialisées et des campagnes médiatiques qui les incite à dépenser des milliards en politique de la ville, en zones d'éducation prioritaire, par exemple, et à nier des évidences comme l'impact négatif de l'immigration sur les salaires dans certaines activités, sur l'économie, sur les budgets.
    UNE IMMIGRATION DE PEUPLEMENT
    Le titre de son livre est très explicite, l'immigration est abordée en France Les Yeux grands (sic) fermés. Notre pays, contrairement à ceux du Nord, ne connaît qu'approximativement le nombre des étrangers qui entrent ou sortent de France. Pourtant les sources ne manquent pas ; les rapports non plus. Un règlement européen relatif aux statistiques communautaire sur la migration a été adopté le 11 juillet 2007 : la durée de séjour d'un an et plus définit l'immigrant. L'application de gestion des dossiers des ressortissants étrangers en France (AGDREF), fichier le plus fiable selon l'auteur, qui enregistrait la délivrance d'un premier titre de séjour en préfecture, ne connaît plus désormais l'immigrant que lors du renouvellement du titre. L'Insee, pour "estimer", au vrai sens du mot, les soldes migratoires annuels, introduit des « personnes fictives qui équilibrent l'équation comptable permettant de retomber sur la population attendue à partir d'un recensement et de dégager un solde migratoire ». Voilà pour la vérité des chiffres. Les soldes migratoires donnés par l'Insee sont en fait reconduits d'une année sur l'autre, avec une inflexion dans un sens ou dans l'autre. Prudemment, l'Insee utilise désormais le conditionnel... Aussi l'auteur conseille-t-il ironiquement à l'Insee d'inclure « dans ses publications un avertissement au lecteur : le solde migratoire publié n'a aucun caractère informatif. »
    Le nombre d'entrées au titre de travailleurs est dérisoire : en 2007, 7 500 personnes, soit 5 % de l'ensemble des flux. Ce qui ne signifie pas que les autres ne se présenteront pas sur le marché du travail. Ces chiffres confirment qu'il s'agit bien d'une immigration de peuplement. Toujours en 2007, le nombre d'étrangers ayant bénéficié de la protection humanitaire, qui va des réfugiés, statutaires ou non, aux étrangers malades représente 15 % (22 000). Ils étaient 36 000 en 2005.
    Enfin, et pour faire court, la majorité des personnes entrées comme conjoints de Français rejoignent une personne d'origine étrangère (Tunisiens, 63 %, Marocains, 66 %, Algériens, 81 %, comme les Turcs, 80 %). Autrement dit, ces mariages dits mixtes d'après la nationalité des époux sont la porte d'entrée de nouveaux étrangers et de futurs regroupements de « familles de Français ». Facteurs d'intégration, sûrement pas, de ralentissement de l'immigration, encore moins !
    LES ÉTATS-NATIONS ET LES POLITIQUES MIGRATOIRES
    Jusqu'aux années 1970, les étrangers venaient en France pour améliorer leur sort, la principale justification à leur installation était le travail, même si le regroupement familial a toujours existé. Depuis la fin de la guerre, les États ont été soumis à l'impératif des droits de l'homme en matière de politique migratoire. La Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales signée le 4 novembre 1950, ratifiée par la France le 3 mai 1974, interdit depuis 1963 les expulsions collectives ; depuis 1984, elle offre des garanties procédurales à l'expulsion et dispose dans son article 8 que « toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale », c'est-à-dire au regroupement familial. Dès lors, la France ne maîtrisait plus, comme par le passé, l'immigration au gré de ses besoins économiques. Les liens familiaux sont donc devenus le principal vecteur de l'immigration légale.
    En 1974, le président Giscard d'Estaing avait pourtant décidé de suspendre l'immigration. Le Conseil d'État annula l'interdiction portant sur le regroupement familial, ce qui poussa le gouvernement non pas à l'autoriser mais à le réglementer. L'arrêt du 8 décembre 1978 du Conseil d'État institua un « droit à mener une vie familiale normale » qui allait au-delà du simple fait d'être rejoint par un conjoint et des enfants. Il faudra attendre un arrêt du 19 avril 1991 pour que le Conseil d'État intègre explicitement dans sa jurisprudence l'article 8 de la Convention. La Cour européenne de sauvegarde des droits de l'homme n'a pas reconnu de droit au regroupement familial au motif, de bon sens, qu'une vie familiale normale était également possible dans le pays d'origine. Et la Cour de justice européenne, dans les motifs de son rejet du recours du Parlement européen contre la directive 2003/86/ CE réglementant le droit au regroupement familial, a considéré que la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant et la Charte des droits fondamentaux de l'UE « ne créent pas un droit subjectif pour les membres d'une famille à être admis sur le territoire d'un État et ne sauraient être interprétées en ce sens qu'elles priveraient les États d'une certaine marge d'appréciation lorsqu'ils examinent les demandes de regroupement familial ». Mais la gauche française, voulant plus, intégra dans la loi Chevènement du 11 mai 1998 un article 12 bis 70 visant à respecter l'esprit de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme. L'article attribuait de plein droit un titre de séjour à l'étranger ne pouvant bénéficier d'un regroupement familial, mais « dont les liens personnels et familiaux en France sont tels que le refus d'autoriser son séjour porterait atteinte à son droit au respect de sa vie privée et familiale disproportionnée au regard des motifs du refus ». Cela reste vrai dans la loi française actuelle (article 313-11-7), mais ces liens sont « appréciés notamment au regard de leur intensité, de leur ancienneté et de leur stabilité, des conditions d'existence de l'intéressé, de son insertion dans la société française, ainsi que de la nature de ses liens avec la famille restée dans le pays d'origine ». Conséquence de cette irresponsable générosité : « un nouveau régime migratoire qui se mettait en place, dans lequel les flux familiaux allaient s'auto-engendrer », regrette l'auteur.
    En France, l'étranger de 16 à 65 ans qui dépose un dossier de regroupement familial ou de conjoint de Français verra ses compétences en français et sa connaissance des valeurs républicaines évaluées. En cas d'insuffisance, il bénéficiera de cours gratuits. À l'issue de ces cours, quel que soit le niveau constaté, la délivrance  d'une attestation de suivi de cours lui permettra d'obtenir le visa souhaité. Difficile d'être plus laxiste ! 
    Les droits de l'homme surpassant le droit français, l'État est devenu impuissant à contrôler les flux migratoires. « L'État, régulateur des droits des citoyens, est devenu l'obligé d'étrangers revendiquant eux aussi des droits sur le sol français, indépendamment de la législation sur l'asile (...) Le pouvoir politique français a déjà perdu l'essentiel de la maîtrise de la politique migratoire, à la fois par l'intrusion croissante du contrôle judiciaire, national ou supranational, et par la délégation progressive de ses prérogatives à l'échelon européen. La régulation de l'immigration échappe donc au principe de responsabilité politique qui veut que les citoyens exercent un contrôle des décisions politiques par l'élection et déterminent, par là même, le destin de leur pays ».
    En outre, la gouvernance mondiale vise à enserrer l'action des États dans un ensemble de lois, règlements et normes internationaux. Cette gouvernance mondiale postule que les États d'origine, les États d'accueil et les migrants seront les triples bénéficiaires. « Le migrant devient ainsi la fée du logis mondial, susceptible de tout arranger, les comptes sociaux, la production de richesse, de savoir et de bien-être ».
    En 2006, la Banque mondiale évaluait à 160 milliards de $ la part apportée par la main-d'œuvre totale des pays industrialisés due à l'immigration. C'est bien peu, puisque cela correspond à seulement 1,2 % du PIB des États-Unis. L'ouverture à un monde plus grand est à la fois inévitable et désirable, persistent toutefois à penser les partisans d'une immigration planétaire.
    UNE PANACÉE OU UN BOULET ?
    Avec lucidité, Michèle Tribalat conclut : « On nous propose d'échanger un système démocratique cadré par les États-nations et les relations internationales, certes imparfait. contre l'utopie de la gouvernance mondiale émancipée du principe démocratique qui, comme toutes les utopies, fait chanter les lendemains (...) C'est la fin de la démocratie, telle que nous l'avons connue, qui suppose que les élus défendent les intérêts des citoyens (...) Ceux qui appellent au dépassement de l'égoïsme national ne se privent pas, dès qu'ils en ont l'occasion, de faire état des intérêts supposés des pays d'immigration à libéraliser leur politique migratoire (...) les mêmes qui n'hésitent pas à fustiger l'attitude égoïste des patrons jugés trop centrés sur leurs intérêts ne voient aucun inconvénient à les convoquer pour justifier un recours accru à l'immigration clandestine, qui permettrait d'éviter une inflation salariale (joli nom pour désigner la hausse des salaires) et maintenir ainsi des activités ,qui soit disparaîtraient, soit seraient délocalisées. L'argument démographique-vieillissement, langueur démographique dans les pays développés - est lui aussi régulièrement invoqué pour justifier l'intérêt de ces derniers à recourir plus massivement à l'immigration. »
    Mais ces arguments sont-ils pertinents ?
    En 2000 les Nations unies publièrent une étude prétendant définir le nombre de migrants nécessaires au maintien de trois indicateurs : la population, la population d'âge actif (15-64 ans), le ratio rapportant les 15-64 ans aux 65 ans et plus. La migration n'étant censée intervenir que pour éviter une diminution de ces trois indicateurs au cours de la période 1998-2050. Rien que pour le troisième objectif, pour le stabiliser à son niveau de 1995 (4,4), il fallait accepter une immigration annuelle de 1,3 million entre 2010 et 2025, puis de 2,4 millions entre 2025 et 2050, soit prés de 80 millions de migrants, et au total pour les trois indicateurs près de 87 millions de migrants ! Ainsi, les calculs de ces organismes supranationaux donnent aux inconditionnels de l'immigration des arguments pour affirmer que notre salut passe par l'arrivée de migrants toujours plus nombreux.
    Un chiffre intéressant tiré d'une étude réalisée par Mme Tribalat en 2005 : en France métropolitaine en 1998, l'immigration intervenue depuis 1960, toutes origines confondues, comptait déjà pour 18 % de naissance. Si les migrants participent à la croissance démographique, participent-ils à la croissance économique, et quel est leur taux d'emploi ? L'enquête Emploi de l'Insee de 2007 fournit les chiffres suivants : hommes immigrés de 15 à 64 ans, 67,7 % contre 69,1 % les natifs ; femmes immigrées, 46,9 % contre 61 % les natives. Selon les données du recensement de 2006, entre 25 et 54 ans, le taux d'emploi des hommes et des femmes immigrés est respectivement de 75 % et 53 %, contre 88 % pour les natifs, 77 % pour les natives. Si les taux d'emploi des enfants d'immigrés âgés de 15-64 ans ne sont pas connus, l'on sait que le chômage de certaines personnes d'origine étrangère est extrêmement élevé. « Toute perspective visant à faire de l'immigration un contrepoids aux effets du vieillissement devrait donc en tenir compte. Enfin, ces taux d'emploi moyens des immigrés font la balance entre certaines populations immigrées très bien insérées sur le marché du travail, qui ne seront pas à l'origine des flux d'immigration futurs (immigrés du Portugal, par exemple), et d'autres qui le sont beaucoup moins et qui proviennent de régions du monde qui continueront d'apporter des immigrants en France (Maghreb et Afrique noire par exemple) ». Au moins c'est clair.
    Les immigrés contribuent-ils, même marginalement, aux finances publiques ? La réponse de Mme Tribalat est sans ambiguïté : « Ce n'est pas dans l'amplification des flux migratoires qu'il faut chercher l'instrument de lutte contre le vieillissement démographique. (...) C'est plus la qualification que la quantité d'immigrants qui serait susceptible d'alléger les ajustements budgétaires rendus nécessaires par le vieillissement. » Ce ne sont donc pas les regroupements familiaux, qui iront en s'accélérant avec les mariages de Néo-Français avec des étrangères de même origine, qui augmenteront la contribution des étrangers aux finances publiques. L'argument, « ils paient des impôts » ressassé avec insistance par les immigrationnistes pour exiger la régularisation des clandestins n'est pas pertinent.
    Quelles sont les conclusions de Mme Tribalat ? « Le refrain sur la nécessité de l'immigration devrait avoir un peu moins de succès. il devrait devenir un peu plus difficile d'invoquer l'immigration pour payer les retraites de demain tout en s'offusquant de tout effort politique visant à sélectionner l'immigration en fonction de critères utiles à cet effet. (...) Mais, après tout, l'impact économique ne se réduit pas à son effet sur les finances publiques. »
    QUEL APPORT ÉCONOMIQUE ?
    L'immigration de masse ne sauvera donc pas le système des retraites français, surtout si elle est peu qualifiée, ce qui est le cas. Mais alors, pourquoi le gouvernement ne modifie-t-il pas sa politique migratoire? Eric Besson, qu'il est inutile de présenter, se félicitait récemment que la France soit « une terre d'accueil de l'immigration, avec 170 000 entrées légales d'étrangers chaque année. Mais elle doit rester une terre d'intégration ». Si elle « doit rester », c'est donc qu'elle ne l'est plus ! Néanmoins, la politique migratoire ne saurait changer que dans un sens, celui de l'histoire et donc dans le sens d'une plus grande ouverture. C'est ce qu'affirment les ONG spécialisées tels la Cimade protestante ou le Gisti et les partis d'extrême gauche. Mme Tribalat considère à l'inverse qu'il est déraisonnable de vouloir à la fois plus de migrants et une protection sociale accrue tant pour les natifs que les migrants. Elle remarque également que le Gisti se contredit en regrettant que l'ouverture des frontières aux migrants se fasse au profit de l'économie, alors que le libéralisme économique plaide en faveur de la libre circulation vantée pour son effet désinflationniste et de modération salariale. L'extrême gauche luttant alors contre les prolétaires. Est-ce inconscient ? Pas certain ! On comprend mieux pourquoi ces ONG favorables à l'immigration et les partis d'extrême gauche n'ont qu'un ennemi, le mouvement national et identitaire, seul réel défenseur du monde ouvrier, et de l'emploi.
    Quel est l'apport des immigrés à la richesse nationale produite ? Mme Tribalat met les pieds dans le plat : « Si, par exemple, les salaires sont rigides, il se peut que le marché du travail s'ajuste par les quantités et, donc, que le chômage augmente. Le gain net peut alors être "mangé" par les indemnités de chômage et se transformer en perte nette. » Pour le patronat évidemment, si les salaires n'étaient pas "rigides", tout irait mieux !
    En mai 2009, un rapport remis au ministre de l'Immigration par Gilles Saint-Paul critique la nouvelle politique axée sur les besoins économiques car elle aboutit à neutraliser les mécanismes de hausse naturelle des salaires « Ce mécanisme ne fonctionne plus, dès lors qu'une politique migratoire empêche le marché du travail de se tendre en augmentant le nombre de participants, dès que l'indicateur passe au-dessus d'un certain seuil. » Qui dira aux ouvriers et employés français que, sous des prétextes humanistes, des associations, les syndicats, les partis de gauche et d'extrême gauche, tous favorables à l'immigration, leur tirent dans le dos et servent objectivement le patronat et, au mieux, la stagnation des salaires, surtout pour « les segments les plus fragiles de la société » ?
    EN 1999 DÉJÀ, 14 MILLIONS D'ALLOGÈNES
    Ne souhaitant pas connaître les transformations démographiques engendrées par la présence de familles immigrées, souvent plus nombreuses que celles des natifs, les gouvernants français n'ont pas favorisé le développement d'outils statistiques au contraire de l'Allemagne, de l'Autriche, des pays scandinaves, des Pays-Bas. Et la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) est vigilante quant à la divulgation de données relatives aux origines raciales et ethniques, ce qui la conduit à limiter les études sur les flux migratoires et l'origine de ceux-ci. « Il se trouve donc des statisticiens pour penser que compter peut être dangereux », ironise Michèle Tribalat qui fournit des chiffres relatifs à l'évolution de l'immigration en France métropolitaine.
    En 1999, immigrés, enfants d'immigrés (dont au moins un parent est immigré ou première génération née en France), petits-enfants d'immigrés (dont les deux parents sont nés en France et dont au moins un grand-parent est immigré) sont près de 14 millions, soit 24 % de la population recensée. De 1968 à 2005, la proportion de jeunes d'origine étrangère (au moins un parent immigré) est passée de 11,5 % à 18,1 %. La composition par origine a elle aussi beaucoup changé. En 1968, les jeunes originaires d'Europe du Sud représentaient 6,3 % contre 2,4 % d'origine maghrébine ; en 2005, les proportions sont inversées : 6,9 % sont d'origine maghrébine, 3% d'origine subsaharienne, 1,4 % turque et 2,6 % seulement originaires d'Europe du Sud.
    À la fin des années 1960, les plus fortes concentrations se trouvaient dans le sud et le nord-est de la France. En 2005, les plus fortes concentrations sont en Ile-de-France, Seine-Saint-Denis (57 %), Paris (41 %), Val-de-Marne (40 %), Val-d'Oise (38 %). Les jeunes originaires d'Europe du Sud ne dépassent pas 5 %. Plus d'un jeune sur dix est d'origine maghrébine, un sur cinq en Seine-Saint-Denis, une multiplication par près de trois en un peu moins de quarante ans. Quasi inexistante à la fin des années 1960 - moins de 0,5 % -, les Noirs africains constituent le sixième des 18-25 ans en Seine-Saint-Denis.
    On constate en outre un déplacement de l'immigration vers les départements de l'Ouest. En Maine-et-Loire, en 1968, un jeune sur cent était d'origine étrangère, un sur quatorze en 2005 ; à Angers la proportion est passée de 3 % à 16 %. En Loir-et-Cher, aux mêmes dates, la proportion passe de 4 % à 13 % ; à Blois de 5 % au tiers dont 80 % sont d'origine maghrébine, subsaharienne ou turque. À Blois, toute proportion gardée, il y a autant de Maghrébins qu'à Lyon (13 % environ), autant de Subsahariens qu'à Courbevoie ou dans le 12e arrondissement de Paris (autour de 8 %), presque autant de Turcs qu'à Mantes-la-Jolie (6 % et 6,7 %). Les trois origines réunies placent Blois à hauteur de Marseille et de Villeurbanne !
    Vingt communes dépassent une concentration de 60 % de jeunes d'origine étrangère, toutes en Ile-de-France, sauf Vaulx-en-Velin. À Grigny, en Essonne, 31 % des jeunes sont d'origine subsaharienne, trois fois plus qu'en 1990. Ce pourcentage avoisine ou dépasse 20 % à Evry, Les Mureaux, Stains, etc. En 2005, les jeunes allogènes sont respectivement dans les 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris, 48 %, 55 %, 58 % et 49 %, ce qui les incite à se regrouper, sans contacts avec leurs contemporains "souchiens".
    À la ségrégation ethnique de fait, s'ajoute la ségrégation sociale. « Il n'est pas nécessaire de convoquer des sentiments xénophobes ou la discrimination, même si ceux-ci existent, pour expliquer les effets ségrégatifs, la seule addition de calculs individuels rationnels y contribue fortement », considère Michèle Tribalat. Ce sont par exemple le pourcentage d'élèves d'origine étrangère dans l'école, le collège ou le lycée, la valeur des biens immobiliers ou des loyers en relation directe avec le taux de pauvreté atteint dans un quartier, le taux de criminalité, ou plus simplement le désir partagé par chaque communauté de vivre avec des membres de sa communauté. « La "prime" accordée à la migration familiale, telle qu'elle existe aujourd'hui, favorise les courants migratoires déjà implantés et accumule les populations immigrées, et plus largement d'origine étrangère, dans les mêmes lieux. »
    LA TRAQUE DES PENSÉES DITES RACISTES ET XÉNOPHOBES
    Depuis le vote en juillet 1990 de la loi Gayssot réprimant le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) a été chargée de la rédaction d'un rapport annuel sur le sujet. Conformément à la loi du 5 mars 2007 et au décret du 26 juillet 2007, la compétence de la Commission s'étend à la totalité des droits de l'homme : libertés individuelles, civiles et politiques ; droits économiques, sociaux et culturels ; domaines nouveaux ouverts par les progrès sociaux, scientifiques et techniques, ainsi qu'à l'action et au droit humanitaires. La commission, en plus de la présentation de son rapport, fait réaliser chaque année également un sondage par un institut privé, le CSA.
    Mais c'est quoi être raciste ? Les sondages de 2002, 2003, 2004, une véritable obsession, ont tenté de répondre à cette question, sauf que sondeurs et sondés ne répondent sans doute pas à la même interrogation, ce qui n'empêche pas la commission de tirer des conclusions pour coller une étiquette infamante à un certain pourcentage de la population.
    D'autre part, insinuer que « mieux connaître les apports sociaux, économiques et culturels de l'immigration » ferait reculer le racisme et les discriminations, c'est sous-entendre que ces apports sont forcément positifs et que le seul problème est la méconnaissance de cette vérité incontestable, alors que c'est faux.
    Comment justifier une question sur les races alors que l'on s'échine à nier leur existence et à disqualifier l'usage du terme ? En 2007, à la satisfaction probable des sondeurs, les Français l'ignoraient majoritairement : 60 % déclaraient que toutes les races humaines se valent ; 12 % que certaines races sont supérieures à d'autres (mais on ignore qui a osé formuler une telle affirmation - s'agit-il d'Européens ou non) ; 23 % que les races n'existent pas, apparemment 5 % n'avaient pas d'opinion !
    Ces sondages ne sont que manipulation de l'opinion. « L'acharnement mis à traquer les pensées racistes, xénophobes ou ethnocentristes joue aussi le rôle de caisse de résonance, maintenant le racisme au cœur de l'actualité, ce qui joue en faveur de l'activité des ONG subventionnées qui participent aux travaux de la commission. Après tout, tant que 80 % des personnes vivant en France estiment que le racisme est répandu, une lutte "vigoureuse", comme il est dit dans le sondage, reste un impératif », accuse Mme Tribalat qui souligne la volonté de I'Insee et de la Cnil d'ignorer la réalité en matière d'immigration.
    Ce sont pourtant les 14,5 % de croissance de la population étrangère qui expliquent presque en totalité l'augmentation de la population parisienne entre 1999 et 2006. En Seine-Saint-Denis, la population immigrée s'est accrue de 31 % quand celle des natifs ne progressait que de 1,4 % !
    Si les pages de la conclusion du livre ne constatent que l'aspect négatif de l'immigration sur l'économie et les budgets de la protection sociale en particulier, nous savons que son impact négatif est bien plus vaste, ne serait-ce qu'en matière d'enseignement, de délinquance, de culture et de mœurs, pour ne pas parler du métissage, élevé au titre de grande cause nationale.
    « Elles (les ONG favorables à l'immigration) doivent assumer que leur idéal passe avant le bien-être des Français et plus largement avec celui des habitants de la France. Que la détresse qu'elles veulent secourir nécessite la mise de côté des intérêts de ces derniers, lesquels se trouveraient ainsi dessaisis de leur pouvoir d'influer et de décider de l'avenir de leur pays. Dans une telle utopie, l'État est supposé mettre sur un pied d'égalité ses propres citoyens et les étrangers auxquels il a apporté sa protection d'une part et tout candidat à l'immigration d'autre part. En somme, devenir un gestionnaire parmi d'autres de la planète entière. On ne voit pas bien sur quelle base politique il pourrait s'asseoir et ce qu'il aurait encore à offrir. Une telle vision conduit à une dépolitisation absolue, l'État étant normalement censé gouverner au profit de ses citoyens, ces derniers disposant de la possibilité de congédier les gouvernants pour les remplacer par d'autres mieux à même de défendre leurs intérêts s'ils sont insatisfaits. (...) Le pire serait sans doute une absence de différenciation des partis sur la politique migratoire, laissant dans l'ombre des options partagées par un grand nombre de citoyens, dont le premier démagogue de talent venu pourrait s'emparer », conclut Michèle Tribalat. Or, justement, de l'UMP à l'extrême gauche il n'y a pas de différenciation. Et le démagogue de talent n'existe pas.
    Pierre DERPLAY. Écrits de Paris octobre 2010
    (1) Editions Denoèl, 300 pages, 20 €.

  • France : la révolution est à l’ordre du jour !

    J’aime beaucoup l’expression « printemps français » surgie d’on ne sait où après la manifestation du 13 janvier, et reprise par ceux d’entre nous qui pressentent que la contestation historique à laquelle nous assistons ne se limite plus à la question du mariage homosexuel.

    Je l’aime d’autant plus qu’elle reprend l’expression « printemps arabes », si galvaudée par nos journalistes : car, hormis la contestation d’un pouvoir oppresseur, seuls les naïfs pourraient se laisser abuser par la similitude des expressions. Ces révoltes orientales se sont accomplies au profit des islamistes, alors que la nôtre vise à tout autre chose. À quoi justement ?

    Mais simplement à accomplir une révolution, mes amis ! Eh oui, une révolution ! Sans qu’il soit question de recommencer les horreurs de 1792 ou de 1871, ou de se prendre pour Marat ou pour Louise Michel, de sinistre mémoire. Il faut simplement renverser un système à bout de souffle, qui ne semble solide que parce que la presse et les « gens qui comptent » l’enserrent d’assez près pour nous dissimuler ce qui subsiste de ses petits pieds d’argile… [...]

    François Teutsch - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Mobilisations autour du Sénat

    Printemps-français.png

    La Manif pour tous appelle à un rassemblement près du Sénat jeudi à 18 heures place Edmond Rostand. Le collectif devrait annoncer à cette occasion une nouvelle manifestation nationale, “dont la date sera décidée en fonction du calendrier parlementaire”.

    Des mobilisations organisées par CIVITAS devant le Sénat :

    • Les jeudi 4 et vendredi 5 avril, place Pierre Dux / Square Francis Poulenc (face entrée principale du Sénat), dès 19h. Manifestations statiques. Discours suivi de la récitation du chapelet.

    •Les samedi 6 et dimanche 7 avril, Place Paul Claudel (devant Théâtre de l’Odéon) à 15h. Marche autour du Sénat. Le samedi 6 avril fera office de rendez-vous national.
    Des cars s’organisent de province. Discours suivi d’un chemin de croix autour du Sénat.

    Prenez sifflets, mégaphones et trompettes car il faut prévoir de faire… beaucoup de bruit !

    http://fr.altermedia.info

  • UNION EUROPÉENNE Fatalisme immigrationniste

    Un rapport du Comité économique et social européen vient de le confirmer : en réponse au vieillissement de la population, les élites en sont réduites à promouvoir une immigration accrue.
    C'est un rapport assez hallucinant qui a été adopté par le Comité économique et social européen (CESE) les 15 et 16 septembre 2010 et publié au Journal officiel de l'Union européenne du 15 février 2011, sur le thème du « rôle de l'immigration légale dans un contexte de défi démographique ». Le seul titre du document est édifiant !
    Jargon technocratique
    Cet « avis exploratoire » est révélateur de l'état d'esprit des élites européennes ainsi que de la coupure entre elles et les peuples d'Europe. On peut notamment y lire « qu'il est nécessaire d'adopter une approche holistique pour faire face au défi démographique, en agissant sur de nombreux aspects économiques, sociaux et politiques ». On appréciera l'emploi du terme « holistique », à rattacher au procédé technocratique de tournures jargonneuses qui rend la compréhension par le profane plus complexe. « Approche globale » eût été sans doute plus approprié si ce rapport avait été adressé aux principaux intéressés (les peuples d'Europe.)
    Et de continuer : « L'immigration légale fait partie de la réponse de l'UE à cette situation démographique. [...] En dépit de quelques différences nationales, l'UE et les États membres doivent disposer d'une législation ouverte qui permette une immigration pour raisons de travail au travers de canaux légaux et transparents, tant pour les travailleurs hautement qualifiés que pour les activités moins qualifiées. Compte tenu du défi démographique, le CESE est d'avis qu'il faut modifier les directives en vigueur et élaborer de nouveaux instruments législatifs. » On en revient au raisonnement assez calamiteux et faux selon lequel face au vieillissement de la population européenne, la seule solution serait l'augmentation de l'immigration.
    Approche partielle
    Peu importe, donc, que les immigrés, qui arrivent déjà en nombre sur notre continent, ne constituent pas une « force d'appoint » ayant pour finalité de « rajeunir » la population, mais, au contraire, en forment une nouvelle qui s'y substituera. Les Européens ne sauraient se définir uniquement en termes de retraités ou d'actifs : l'Europe est une civilisation, une mosaïque de cultures, une identité, une spiritualité... Les immigrés y arrivent en masses telles que, loin de s'y intégrer, ils importent avec eux leur modèle de vie et leur culture, bien éloignés du modèle européen. Or, concevoir les Européens en simple force de travail dont on peut palier le vieillissement par une simple substitution d'individus venus d'autres continents, c'est bien là une approche purement matérialiste et économique des choses, une conception abjecte de l'homme réduit au simple état de "ressource humaine".
    Il existe d'autres solutions face au déficit démocratique : politique nataliste, mécanisation de l'industrie, recul équitable de l'âge de la retraite, rationalisation et amélioration des formations professionnelles... À croire que, pour les auteurs de ce rapport, l'immigration en Europe n'est pas source de déracinement, de crise identitaire profonde, d'insécurité, de frictions communautaires... Deux récents sondages, plaçant le candidat d'extrême droite, Marine Le Pen, en tête du premier tour de l'élection présidentielle de 2012, auraient peut-être dû alerter les technocrates européens. Il n'en est rien puisque ce rapport, prenant les devants, évacue la question d'un simple revers : « L'intolérance, le racisme et la xénophobie contre les immigrants et les minorités prennent de l'ampleur en Europe. Il faut que les responsables politiques, les dirigeants sociaux et les médias fassent preuve d'un sens élevé des responsabilités et d'une grande pédagogie politique et sociale pour prévenir ces attitudes. Il faut aussi que les institutions de l'UE agissent de manière décidée et que les organisations de la société civile soient très actives dans la lutte contre ces idéologies et ces comportements. » Tout un programme dont la nature authentiquement orwellienne peut faire frémir ! Non seulement les inquiétudes, bien légitimes, des citoyens européens face à l'immigration sont réduites à de simples manifestations « d'intolérance » et de « racisme », mais ce rapport appelle les politiques et les institutions à un travail de « pédagogie », doux euphémisme signifiant "propagande", quand il ne s'agit pas d'un arsenal législatif répressif et liberticide.
    Populisme
    Un tel rapport ne peut que susciter l'indignation. Pas de surprise ainsi à constater jour après jour ce que Éric Zemmour appelait « la montée tranquille des droites populistes en Europe » dont l'Histoire nous a pourtant si souvent montré qu'elles n'apportaient aucun remède aux maux qu'elles prétendaient combattre. Elles s'incarnent aujourd'hui dans l'imaginaire de nombre de gens, comme le dernier bastion. Un bastion plein de promesses vengeresses des damnés du rêve européen qui aura tout raté. Un gâchis dont l'oligarchie républicaine est pleinement complice... mais dont le contrecoup – insécurité, terrorisme, repli communautaire, destruction du tissu social, islamisation – sera intégralement subi par les jeunes générations d'Européens et par leurs enfants.
    Stéphane Piolenc L’ACTION FRANÇAISE 2000  Du 17 mars au 6 avril 2011

  • Si l’État veut faire des économies, qu’il réserve les allocations familiales aux Français ! Qu’il instaure le patriotisme familial !

    Jamais à court d’idées pour s’en prendre à la famille, voici que nos gouvernants, par l’intermédiaire du rapport Fragonard, envisagent de conditionner les allocations familiales en fonction des ressources des ménages. Alors que cette aide, destinée à favoriser la natalité, était jusqu’ici distribuée de manière égalitaire, la gauche souhaite, sous prétexte d’équité et d’économie, en priver les familles les plus riches ou désignées comme telles.

    Le Parti de la France s’oppose radicalement à cette nouvelle attaque contre les familles françaises. Alors que la natalité des Français d’origine française est en chute libre (les chiffres officiels de la démographie étant faussés par la fécondité des femmes étrangères d’origine extra-européenne) c’est au contraire une politique nataliste volontaire et ambitieuse qu’il faut mettre en place.

    La politique familiale française devrait être au service exclusif de la natalité française. Ainsi, la manière la plus efficace de faire des économies dans ce domaine serait d’instaurer le patriotisme familial en réservant exclusivement les allocations familiales aux familles françaises. Cette mesure aurait de plus un effet dissuasif contre l’immigration de peuplement.

    La colonisation migratoire coûte à la France entre 100 et 200 millions d’euros par jour. Il faut en finir avec les pompes aspirantes de l’immigration et rendre la France aux Français en mettant fin à la substitution du peuple français par des populations déracinées, inassimilables, souvent islamisées et hostiles au pays d’accueil.

    Après la loi Taubira sur le mariage homosexuel et l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, la gauche socialiste montre à nouveau clairement le caractère anti-familial de sa politique.

    COMMUNIQUE DE PRESSE DU PARTI DE LA FRANCE

    http://fr.altermedia.info

  • Lâché par son camp, le gouvernement ajourne son projet de réforme des collectivités

    Face aux critiques suscitées jusque dans les rangs socialistes, le gouvernement a finalement décidé de revoir sa copie sur sa « grande réforme des collectivités », à quelques jours seulement de sa présentation prévue en Conseil des ministres, le 10 avril.

    Devant les sénateurs socialistes, très réticents, Jean-Marc Ayrault a annoncé que l'exécutif allait déposer trois textes distincts, et non plus un seul, dont l'examen par le Parlement sera étalé dans le temps.

    "Compte tenu de la lourdeur, de la complexité lorsqu'on s'attaque au grand chantier des collectivités, il y aura trois parties dans ce texte", a ensuite confirmé le Premier ministre devant la presse.

    Le président du Sénat Jean-Pierre Bel (PS) avait demandé à François Hollande de repousser après l'été le début de la discussion parlementaire. Faute d'avoir eu gain de cause, il avait ensuite annoncé "une concertation" avec "tous les groupes" avant le débat sénatorial.

    Très touffu (175 pages, plus de 120 articles), le projet de loi était promis au départ pour novembre. Mais soumis à d'interminables concertations avec les élus, il a été retardé à plusieurs reprises.

    Pour M. Bel, il s'agissait d'un projet de loi "additionnant une série de mesures sans ligne directrice clairement perceptible". Comme le patron des sénateurs PS François Rebsamen, il s'est félicité que les élus aient été entendus.

    "Nous partons sur la base de trois textes qui auront chacun un objectif clair", a relevé Jean-Pierre Sueur, président (PS) de la commission des Lois au Sénat qui demandait que le projet soit "profondément revu". "Ce n'est plus une logique de compétences à géométrie variable, mais de clarté dans le +qui fait quoi+", a-t-il ajouté.

    "C'est une sage décision vu le degré d'impréparation de cette loi qui n'était qu'une succession d'intérêts localiers et qui noyait tout pour tenter de contenter tout le monde", a jugé le sénateur PS Christian Bourquin, également président du conseil régional de Languedoc Roussillon.

    Selon Jean-Claude Gaudin, président des sénateurs UMP, "le Premier ministre a tenté d'éteindre un incendie parce que le texte est dangereux pour les libertés communales, il laisse peu de place aux communes en les réduisant aux fonction d'exécutantes et marginalise le rôle du maire".

    "L'échec de ce premier texte doit servir de leçon", écrivent de leur côté les sénateurs communistes. Ils demandent donc "un grand débat", "en évitant d'imposer des solutions toutes faites qui répondent à des impératifs économiques bien éloignés des réalités locales".

    http://www.francepresseinfos.com/

  • Ces Français qui « foutent le camp »

    En vingt ans, 12.000 exilés fiscaux, 1 million d’emplois créés à l’étranger, 60.000 entreprises perdues et, actuellement, 5.000 menacés : les conclusions alarmantes de la Fondation

    « La vague actuelle des exilés fiscaux est bien supérieure à celle de 1981 ! », se désole un grand patron du CAC 40. En 1981, les Français s’exilaient par idéologie. Ils partent aujourd’hui par crainte de payer – à vie – l’addition des déficits publics de la France accumulés pendant trente ans. Combien sont-ils ? 700, 1.000, plusieurs milliers par an ? Selon la Fondation Concorde, think tank fondé en 1997, l’exil fiscal pourrait concerner 12.000 ménages en vingt ans ! Pour le gouvernement, c’est un non-sujet. Selon Bercy, seuls 250 contribuables ont payé l’exit tax entre mars 2011, date d’instauration de cet impôt sur les plus-values latentes, et décembre dernier.

    Dans les cabinets d’avocats (Francis Lefebvre, Fidal, …) on se frotte les mains. « Les dossiers d’exit tax ? On ne fait quasiment plus que cela ! » affirme Valérie Harnois, associée au cabinet Fidal. « Les plus gros contribuables quittent la France. »

    C’est un fait : les candidats à l’exil fiscal gagnent bien leur vie (46% touchent plus de 30.000 euros mensuels), ont un taux d’emploi élevé (proche de 80%) et un niveau élevé d’éducation supérieure. Mais ils sont de plus en plus jeunes : quadras ayant vendu des start-up montées au début des années 2000 ou jeunes investisseurs subissant des taux d’imposition élevés, jusqu’à 62%.

    Sans la fuite des exilés depuis vingt ans, il y aurait un million d’emplois supplémentaires.

    Même si la Suisse n’est plus le seul refuge fiscal, la Fondation Concorde calcule qu’elle a accueilli, ces dernières années, 43 grandes familles françaises représentant 41 milliards d’euros de fortune. « La Suisse accueille 16% des exilés français selon la Direction générale des impôts. On peut donc estimer à 400 milliards d’euros les capitaux exportés à l’étranger au cours des 20 dernières années », note le rapport.

    L’image de la France en termes de compétitivité et d’attractivité devient désastreuse. Selon le cabinet Deloitte, près d’un quart des directeurs financiers estiment qu’il n’y a pas pire pays que la France pour investir. La collecte de fonds pour financer les entreprises est en chute libre.

    Moins d’investissement, c’est plus de chômage. Si les exilés des 20 dernières années n’avaient pas fui, la France compterait un million d’emplois supplémentaires. Le rapport note que ce « million d’emplois directs aurait pu rétablir l’équilibre de nos comptes sociaux ».

    Sur le marché immobilier, l’expatriation conduit à une explosion des mises en vente de biens de plus de 1,5 million d’euros. Selon Féau, elles ont augmenté de 75% en un an à Neuilly-sur-Seine, de 69% dans le VIe arrondissement, de 63% dans le XVIe, de 46% dans le VIIIe

    Les effets collatéraux sont aussi visibles sur le marché de l’art. « Prenez mon carnet d’adresses. En quinze ans, les deux tiers de mes clients se sont exilés », affirme Eric Turquin, expert parisien renommé en tableaux anciens.

    En quelques mois, le nombre de certificats de libre circulation – nécessaires à l’exportation d’œuvres d’art – a atteint le chiffre record de 425. La France se prive non seulement de ses forces vives, mais aussi de ses trésors.

     Marie de Greef-Madelin Valeurs actuelles, 28 mars 2013 http://www.polemia.com

  • Jacques Sapir : « Vers une crise de régime ? »

    Les sondages indiquent un effondrement de la popularité du Président, mais aussi du Premier Ministre et des ministres du gouvernement. Moins d’un an après l’élection présidentielle, et les élections législatives, c’est un phénomène très rare de désaffection massive, qui conduit certains commentateurs à parler d’« enfer ».

    François Hollande se retrouve avec seulement 33% de réponses lui accordant leur confiance pour résoudre les problèmes du pays. Il est au plus bas d’un Président dans l’année suivant l’élection. Jean-Marc Ayrault, avec pour sa part 30% d’opinions favorables, enregistre un record absolu.

    De manière significative, la chute des opinions favorables est la plus forte chez les ouvriers et les employés ainsi que chez les jeunes (avec 30%), et la plus faible chez les cadres. Notons enfin le faible nombre de réponses « ne se prononce pas » avec 5% de l’échantillon. Les résultats du sondage sont donc représentatifs de l’opinion des Français.

    Des résultats à peu près similaires avaient été obtenus dans un sondage IFOP-Paris Match réalisés quelques jours auparavant. On dira que ce gouvernement et ce Président l’ont bien cherché. Rarement a-t-on vu en aussi peu de temps autant de promesses se transformer en leurs contraires.

    Rarement aussi aura-t-on vu s’établir, dans le cadre d’une supposée alternance politique, une telle continuité avec la politique du précédent gouvernement, politique qui avait été rejetée tant aux élections présidentielle que législatives du printemps dernier.

    Ceci explique sans doute la chute de François Hollande dans les sondages, chute à la hauteur des espérances qui s’étaient portées sur sa personne. À cela ajoutons un style de gouvernement quelque peu déroutant. Et l’on sait bien que « le style c’est l’homme » (ou la femme).

    L’effondrement de la popularité du pouvoir et ses conséquences

    Le problème posé par cet effondrement de la cote de popularité tant du Président que du gouvernement est qu’a priori ceci ne devrait pas avoir de conséquences. Les prochaines échéances électorales sont en 2014. Et c’est l’un des raisons pour lesquelles le pouvoir fait actuellement le dos rond, espérant qu’une amélioration de la situation économique se produira entre la fin de cette année et le début de l’année prochaine.

    On a déjà, et à plusieurs reprises, expliqué pourquoi une telle hypothèse avait très peu de chance de se réaliser. La France s’enfoncera progressivement dans la récession, à moins qu’un effondrement de la consommation des ménages ne provoque un basculement de la récession vers la dépression, et une accélération brutale de la progression du chômage (Chômage, la marée noire qui nous menace). Les implications politiques de la trajectoire économique doivent donc être étudiées avec attention.

    Au mieux, les élections prévues en 2014 se transformeront en un vote sanction qui sera d’autant plus massif que les enjeux électoraux sont limités. Car en matière d’élections, nous serons servis pour 2014. Tout d’abord nous aurons en mars 2014 des élections municipales, les élections cantonales et régionales devant être repoussées à 2015.

    Dans des élections municipales, le facteur « local » a traditionnellement une grande importance. C’est ce qui explique qu’à l’heure actuelle on ne prévoit pas de grands déplacements de voix. Mais, ceci pourrait changer d’ici aux élections. Dans le contexte probable qui dominera en France, il n’est pas impossible qu’elles puissent prendre l’allure d’un test national.

    Puis, en juin 2014, se tiendront les élections européennes. Ces élections prendront, elles, naturellement la dimension d’un test national. Mais elles auront aussi des enjeux limités, compte tenu des faibles pouvoirs du Parlement européen. Il est donc probable que le message envoyé par les électeurs soit très clair, mais qu’il soit ignoré par le pouvoir et les états-majors politiques.

    On voit très bien qu’il n’est pas impossible que le Front National, ou l’un de ses avatars, se hisse à plus de 30% des suffrages dans une élection marquée par ailleurs par une faible participation.Ce serait un coup de tonnerre dans la vie politique française, mais un coup de tonnerre que les médias n’auraient de cesse de transformer en coup de cymbales.

    Tout sera mis en œuvre pour que les leçons d’un tel scrutin ne soient pas entendues, et nous continuerons, en brinquebalant, à aller jusqu’à l’élection présidentielle de 2017. Tel est, fondamentalement, le scénario dans lequel François Hollande met ses espérances, comptant bien être réélu, en dépit de tout ce qu’il a fait et n’a pas fait, s’il devait affronter au deuxième tour Marine Le Pen. Ce pari est risqué ; bien des choses peuvent changer d’ici 2017.

    Cependant, convenons qu’il est tentable. Il est en tout cas dans la logique « mitterrandienne » qui inspire aujourd’hui François Hollande.

    Mais une autre hypothèse, tout aussi et même plus probable, est aujourd’hui parfaitement possible. Elle représente le pire, du point de vue du pouvoir actuel, et ne doit pas être écartée à la légère. Si l’économie française connaît une chute brutale d’activité dans le cours de 2013, la perte de crédibilité du gouvernement et du Président se transformera en une perte de légitimité.

    Cette crise de légitimité pourrait survenir de la conjonction de trois mouvements dont on sent dès aujourd’hui la montée dans la société : une colère politique, une colère sociale, une colère issue d’un sentiment de la perte d’identité. C’est là l’hypothèse la plus sérieuse sur laquelle il convient de réfléchir, car la crise de légitimité implique une crise de régime.

    Les trois colères

    La colère politique est facile à prévoir. Elle s’enracine sur un mécontentement allant s’approfondissant et sur le fait que ce dernier ne peut, en théorie, trouver de solution d’ici 2017. Ce mécontentement est redoublé du fait qu’une partie des électeurs qui font partie du socle traditionnel de la gauche s’estime flouée par la politique actuelle du Président et du gouvernement.

    Ceci est visible dans les sondages récents où le recul de François Hollande est le plus important dans les catégories qui l’ont le plus soutenu : les ouvriers, les employés, les professions intermédiaires et les jeunes.

    Une partie des responsables du Parti Socialiste s’en inquiète d’ailleurs. Cette déception pourrait, si elle s’enracinait d’ici les prochains mois, se transformer en un mouvement d’abstention massif lors des élections de mars 2014, modifiant ainsi brutalement les rapports de force. Mais, il convient immédiatement de dire que la droite traditionnelle n’est pas une alternative, et qu’elle est encore très peu audible sur les préoccupations de cet électorat.

    Voilà qui incite à penser que cette colère politique pourrait s’exprimer hors du cadre électoral, ou s’incarner dans tout mouvement rejetant d’emblée les partis traditionnels.

    La colère sociale est elle aussi facilement prévisible. Elle s’exprime à la fois dans la montée de la violence sur des sites qui sont devenus emblématiques de la crise (PSA-Aulnay, Continental-Amiens) et dans une désespérance très sensible dans des milliers de petits sites où, à une échelle plus réduite, se rejoue le même drame.

    L’échec relatif de la mobilisation syndicale contre le projet d’accord ANI entre le MEDEF et quelques syndicats minoritaires ne doit pas faire illusion. Il n’y a eu échec que parce que l’on a proposé à des gens en colère et désespérés des formes bien trop traditionnelles d’expression de leur colère et de leur désespérance. Cet échec est avant tout celui des formes classiques de mobilisation syndicale.

    Notons déjà que la conjonction de la colère politique et de la colère sociale est redoutable. Le potentiel d’une explosion massive ne fait donc que se renforcer, mais cette explosion suivra des voies différentes de celles qui ont été tracées par les syndicats. Seuls ceux qui sauront s’y adapter y survivront. Cette explosion sera, selon toute vraisemblance, violente.

    Elle confrontera directement les organes du maintien de l’ordre (Police et Gendarmerie) au choc frontal avec cette colère. Comme ces organismes sont eux aussi travaillés, pour des raisons générales mais aussi des raisons particulières, par un fort mécontentement, nul ne peut dire quelle sera l’issue de ce choc.

    Si le gouvernement met en œuvre une politique directement répressive, il risque d’aggraver dans des proportions considérables la fracture politique qui se dessine. S’il tergiverse, il peut être emporté par une succession de mouvements se renforçant l’un l’autre.

    La colère issue du sentiment de perte de l’identité est un phénomène encore plus complexe à décrypter. Elle a, bien entendu, une dimension politique, qui s’enracine dans le déni de démocratie auquel on a assisté en 2005 lors du référendum sur le projet de constitution européenne. Les partisans du « non », largement victorieux, ont été dépossédés de leur victoire, une manœuvre à laquelle François Hollande a été connivent.

    Les Français ont eu, à ce moment, le sentiment d’être dépossédés de la démocratie, de leur démocratie. Les gouvernants et une partie de l’opposition ont cru que ce sentiment serait passager. C’était oublier le lien très profond, enraciné dans l’histoire, qui unit en France le peuple avec le principe de la démocratie (et non nécessairement ses formes).

    De là date une fracture symbolique. Cette fracture s’est transformée en une facture qu’il faudra bien solder. Il n’est pas sans une certaine ironie que cette facture retombe sur François Hollande qui, en tant que dirigeant du Parti Socialiste, a beaucoup fait pour l’existence de cette fracture et de cette facture.

    Cette colère a aussi une dimension sociale, en ceci que le mouvement de désindustrialisation qui s’accélère aujourd’hui nous confronte à l’image d’une France qui n’est plus celle que nous connaissions, ou que nous pensions connaître : un pays fier de ses réalisations industrielles. Une partie importante de la population, qui excède de loin le nombre des simples ouvriers d’industrie, est très profondément attachée à cette image de la France.

    C’est ce qui explique le succès initial du Ministère du « Redressement productif ». Mais la maîtrise du verbe ne masque qu’un instant les réalités. L’importance de ce sentiment de perte de l’identité, qui peut s’incarner passagèrement dans un rejet de l’« autre », tient en ce que s’articulant avec la colère politique et la colère sociale, il va provoquer provoquer une délégitimation massive du pouvoir.

    Vers la guerre civile ?

    La crise qui s’annonce va faire voler en éclats l’idée d’une « démocratie apaisée ». D’une part, cette expression est une contradiction dans les termes. Les intérêts qui divisent une société ne sont pas de ceux qui peuvent se régler dans le calme feutré des cénacles privés.

    Leur exposition au grand jour, qui est l’une des conditions nécessaires à l’existence d’une véritable démocratie, implique un degré d’affrontement qui rend illusoire toute idée d’apaisement. D’autre part, quand les conditions d’exercice de la démocratie sont à ce point fautives que des colères convergentes ne trouveront pas de formes institutionnelles d’expression, il est illusoire de chercher à s’abriter derrière l’idée d’une « démocratie apaisée ».

    Il faut d’ailleurs remarquer que, de ce point de vue, la France n’est nullement une exception. C’est à un phénomène du même ordre que l’on a assisté lors des récentes élections italiennes.

    Dès lors, le pouvoir actuel a devant lui trois options. Il peut rester « droit dans ses bottes », et supporter la totalité du choc de ces trois colères. Il est possible qu’il y survive, mais au prix d’une répression qui le fera changer de nature et se transformer en Tyrannie. Il est aussi possible, et c’est l’hypothèse la plus probable, qu’il soit brisé par cet affrontement, ouvrant alors une période d’incertitudes politiques et institutionnelles comme la France n’en a pas connues depuis 1958.

    Il peut chercher à dévier la lame de fond qui monte, en organisant des élections anticipées, donnant ainsi une forme d’expression dans le cadre institutionnel actuel à ces trois colères.

    Mais, le système électoral français est ici mal adapté. Rien ne serait pire que l’élection d’un nouveau Parlement qui ne soit pas à l’unisson des sentiments de la majorité de la population. Il peut, enfin, chercher à anticiper sur ces événements et changer radicalement de politique, apaisant ainsi la colère sociale et la colère identitaire. C’est la voie de la logique et de la raison, chose dit-on la plus mal partagée au monde…

    Russeurope.Hypothèses

    http://fortune.fdesouche.com

  • Afghanistan : l’insurrection qui vient (2ème partie) – Par Gilles-Emmanuel Jacquet

    Le retrait des troupes de l’ISAF [en français, Force internationale d'assistance et de sécurité, FIAS] et ses conséquences telles que le transfert complet des responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes, la situation sécuritaire, politique et sociale du pays, la corruption endémique ainsi qu’une présence sans cesse réaffirmée des Talibans laissent entrevoir un avenir sombre pour l’Afghanistan.

    Sentiments populaires : espoirs déçus, lassitude et résignation

    Si ces abus ont pu renforcer un fort sentiment de lassitude au sein de la populations afghane, cette dernière ne perçoit pas nécessairement le conflit et les enjeux en présence de manière binaire ou simple. Des facteurs comme l’appartenance ethnique, le parcours de vie (guerre, exil, origine urbaine ou rurale, niveau d’éducation, etc…), le statut social, l’expérience au contact d’étrangers et des réalités économiques ou politiques du nouvel Afghanistan entrent en jeu de manière complexe. L’incertitude de la population quant à son avenir est forte et celle-ci se sent souvent prise en otage par un gouvernement corrompu et une présence militaire étrangère devenus aliénants ainsi que par les anciens seigneurs de guerre et les Talibans, responsables des tragédies et malheurs des trois décennies passées. Cet apparent désespoir et l’aspect militaire ou sécuritaire du conflit (qui bénéficie d’une grande couverture médiatique) ne doivent pas masquer ses causes ou aspects historiques, politiques, identitaires, sociaux et économiques ainsi que les réalités humaines [120]. Le conflit en Afghanistan ne se résume pas à une approche binaire ou manichéenne et l’ensemble de ces éléments interagissent de manière complexe, donnant souvent l’impression d’être un cercle vicieux dont il est peu aisé de sortir. La reconstruction et le développement du pays sont cruciaux et ne peuvent s’inscrire dans une perspective de court terme : la fermeture des équipes provinciales de reconstruction de l’ISAF a été une mauvaise nouvelle mais on ne doit pas oublier qu’avant et après 2014, les efforts les plus soutenus ont été et resteront ceux fournis par les différentes agences ou programmes de l’ONU, certains États étrangers et de nombreuses ONG afghanes ou étrangères [121].

    La perception de la population à l’égard de la présence étrangère est à l’image de son bilan, complexe et parfois paradoxal. On peut reconnaître certains bienfaits du changement de régime et de la présence étrangère tout en étant lassé, désespéré ou hostile face à certains de ses aspects et face aux réalités du nouvel Afghanistan. De nombreux Afghans sont révoltés contre des abus ayant été commis par des soldats étrangers ou le gouvernement mais aussi contre les attentats, actes terroristes ou attaques menés par les Talibans : de janvier à octobre 2012, 2300 civils afghans ont perdu la vie et dans la plupart des cas les responsables sont les insurgés [122]. La population afghane est la première victime du conflit et l’année 2012 ne l’a pas épargné. Le 6 juin 20 civils furent tués par des attaques kamikazes dans la province de Kandahar [123]. Le 14 août des attentats similaires coûtèrent la vie à 48 personnes et en blessèrent 130 dans les provinces de Nimroz et Kunduz [124]. Le 26 octobre, 41 personnes furent tuées et 56 autres blessées par un kamikaze devant la mosquée de Maimana (province de Faryab) [125]. Le 23 novembre la capitale provinciale du Wardak fut touchée par une attaque suicide des Talibans ôtant la vie à deux civils et en blessant 90 autres [126].

    Durant le « surge » initié par Barack Obama et au cours des trois dernières années le Helmand a vu le déploiement de plusieurs dizaines de milliers de Marines et a connu de terribles combats. La reconquête de certaines régions comme les districts de Marja et Nad Ali – d’anciens bastions talibans – a permis d’améliorer le contexte sécuritaire local (routes mieux entretenues et plus sûres qu’auparavant) et en apparence la vie des populations locales mais ces dernières sont pourtant peu optimistes [127]. De nombreux anciens, paysans, instituteurs et fonctionnaires locaux restent mécontents à l’encontre du gouvernement afghan et sont convaincus qu’après le retrait des troupes étrangères, les Talibans reviendront car les forces de sécurité afghanes ne pourront pas sécuriser la région [128]. Les 6500 Marines déployés dans le Helmand (21000 l’année dernière dans cette province et celle de Nimroz) feraient face à des Talibans affaiblis: ces derniers en seraient réduits pour le moment à menacer certains habitants et à envoyer des mollahs radicaux prêcher le Djihad dans certaines mosquées afin de recruter de nouveaux combattants [129].

    Le mécontentement des populations locales à l’encontre du gouvernement de Kaboul est fort: ce dernier est vu comme hypocrite et étant à l’origine de la corruption qui gangrène le pays [130]. La politique anti-drogue et à géométrie variable de Hamid Karzaï est particulièrement critiquée par les paysans du Helmand (qui fournit environ 40% de l’opium dans le monde): la production et le trafic d’opium continuent alors que les fermiers qui y renoncent se plaignent de ne recevoir aucun soutien de la part des autorités locales [131]. Ces dernières sont aussi fréquemment accusées de profiter de la production et du trafic d’opium [132]. Haji Atiqullah, chef de la puissante tribu pachtoune des Barakzaï, a expliqué que suite au « surge » des forces américaines le contrôle du gouvernement central s’est étendu à un nombre croissant de districts du Helmand (aucun avant le « surge ») mais a jouté que « les forces afghanes ne pourront pas tenir cette région, à moins que les étrangers n’arrivent à se débarrasser de la corruption au sein du gouvernement afghan, ainsi qu’au niveau des districts et des provinces » [133].

    La paupérisation des paysans du Helmand pourrait les pousser à cultiver de nouveau le pavot et à chercher la protection de groupes insurgés ou criminels : Marja pourrait ainsi rapidement retrouver son statut de centre du trafic d’opium qu’elle avait perdu suite au « surge » [134]. Un ancien dénommé Ahmad Shah a ainsi expliqué à Alissa Rubin que « Des millions et des millions de Roupies pakistanaises étaient échangées chaque jour au bazar. Les gens étaient si riches qu’en quelques années un paysan pouvait se permettre d’acheter une voiture. (…) Nous avons fait partie des efforts d’éradication menés par le gouvernement mais s’ils avaient pu fournir au fermier une compensation, nous aurions pu justifier notre acte. Mais le gouvernement a échoué à nous fournir une compensation et à moins qu’il le fasse, les gens se retourneront contre nous ou rejoindront l’insurrection, et seront contre le développement, comme ils le furent sous les Talibans » [135]. En dépit des programmes financés par des pays étrangers, de nombreux paysans n’arrivent pas à subvenir aux besoins de leurs familles et se remettent à cultiver le pavot. Les efforts déployés afin de lutter contre ce trafic et de saper le financement des Talibans semblent être vains: les champs de pavot ont été déplacé dans des zones semi-désertiques et les fermiers s’adonnant à leur culture sont désormais protégés par les insurgés [136].

    Le « surge » a cependant permis d’améliorer les routes ainsi que la sécurité des transports, ce qui a eu pour effet de redonner un certain souffle aux activité économiques et marchés locaux [137]. A Marja, le « surge » avait aussi permis l’embauche de 1400 villageois chargés par les Marines d’assurer une fonction sécuritaire mais ce fut temporaire et un millier d’hommes sont désormais au chômage : poussés par la pauvreté, ces derniers pourraient se rapprocher de groupes criminels ou talibans [138]. Ce problème s’est trouvé accru par la fermeture de 21 postes avancés et le renvoi par le Ministère de l’Intérieur afghan de la centaine de policiers qui les occupaient [139].
    Dans le Helmand, les Talibans ont pu être affaiblis par le « surge » mais ils continuent de contrôler la grande zone désertique de l’ouest et le gouvernement peine à s’affirmer dans certains districts du nord [140]. Dans les faits, si le nombre d’actes de violence a décliné d’un peu plus de 50% de 2011 à 2012 dans les districts de Marja, Garmsir et Sangin; celui-ci était en 2012 dans les provinces du nord à un niveau au moins égal à celui de 2011 [141].

    Quand les Talibans s’en prennent aux écolières

    Depuis quelques années le nord de l’Afghanistan n’est plus épargné par les attaques talibanes. Les insurgés entendent montrer qu’ils sont partout chez eux et aptes à frapper toutes les cibles qui représentent de près ou de loin l’autorité du gouvernement de Kaboul. Les Talibans ont diversifié leur mode opératoire et n’ont pas hésité à s’en prendre à plusieurs reprises à des enseignants ainsi qu’à des écolières. Ces actes qui ont choqué une partie de la population afghane et ont sérieusement écorné l’image des Talibans ne sont pas marginaux. Le 22 juin 2012, 100 étudiantes de l’école Hazrat Imam Zada Yahya (province de Sar-i-Pul) sont tombées malades suite à un possible empoisonnement et le 23 juin, le même incident frappait 94 élèves féminines de l’école Sorkhak à Sar-i-Pul [142]. Une « substance ou un gaz toxique » a été dispersé dans les salles de classe de cette école et a causé de nombreuses nausées, maux de tête, fièvres, éruptions et vertiges parmi les jeunes filles [143].

    Cet incident est le dixième de ce type depuis avril 2012 et des actes similaires se sont produits dans les provinces du Takhar, de Khost, Bamyan, Kaboul et du Nangarhar [144]. Le 17 avril 2012 une douzaine d’étudiantes de l’école Dabiristan de Rustaq (Takhar) sont tombées malades après avoir bu de l’eau mais les analyses menées suite à cet incident ne purent prouver que cette eau avait été empoisonnée [145]. Le 23 mai, 8 jeunes filles du collège Bibi Hajera de Taloqan (Takhar) ainsi que trois de leurs professeurs et un membre du personnel étaient hospitalisés suite à ce qui semblait être un empoisonnement [146]. Quatre jours plus tard ce bilan s’élevait à 40 étudiantes empoisonnées et au cours de la même semaine, entre 74 et 120 fillettes de l’école Aahan Draaw subirent le même sort [147]. Le 2 juin, deux douzaines d’écolières et de collégiennes de l’école Bashir Abad de Taloqan furent à leur tour empoisonnées et hospitalisées [148]. Le jour suivant, dans le district de Farkhar (Takhar), l’intoxication de 65 jeunes filles du collège Nahid Shahid mena à l’arrestation de quatre suspects dont une femme d’origine pakistanaise [149]. Le 5 juin, 60 écolières du district de Rustaq (Takhar) furent également empoisonnées et les forces de sécurité afghanes procédèrent à l’arrestation de 11 suspects dont un chef de groupe en raison de leur possible implication dans cette vague d’attaques sournoises [150].

    Une guerre civile imminente ?

    La guerre civile est un des scénarios possibles. Il suffit de se souvenir du retrait de l’Armée Rouge en 1989 et de la manière dont les Moudjahidines se sont combattus afin d’entrevoir comment une nouvelle guerre civile pourrait éclater. Celle-ci pourrait dans un premier temps opposer les forces gouvernementales et des milices à des forces talibanes élargies. L’intégration des Talibans au processus politique, loin d’apaiser ce possible conflit, pourrait au contraire l’aggraver en accélérant l’apparition de groupes armés anti-talibans ou opposés au nouveau pouvoir mis en place. Les factions afghanes susceptibles de combattre reposeront sur les lignes de fracture religieuse, ethnique et clanique : ainsi pourront apparaître des factions pachtounes rivales (ce qui est déjà le cas au sein du mouvement taliban ou des milieux pachtounes loyalistes), des factions ouzbèkes, turkmènes, tadjikes et hazaras. Comme par le passé chacun de ces groupes recevra un soutien étranger que ce soit de pays voisins (Pakistan, Iran, Inde, anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale, Chine) ou plus lointains (Qatar, Arabie Saoudite, États Unis, Russie) et ceci contribuera à une intensification ainsi que complexification du conflit : l’Iran pourra soutenir les persanophones comme les Tadjiks ou les Hazaras chiites, le Pakistan continuera de soutenir les Pachtounes, l’Inde se rangera aux côtés des groupes non-pachtounes ou hostiles au Pakistan alors que la Russie, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan se poseront en protecteurs des Tadjiks, Ouzbeks et Turkmènes. Il ne faut pas oublier que ces lignes de fracture n’ont pas toujours été nettes dans le passé et qu’il pourrait en aller de même à l’avenir : durant les années 90 et plus particulièrement après l’instauration de leur régime, les Talibans n’ont pas été uniquement soutenus par de nombreux Pachtounes mais aussi, pour raisons religieuses, par certains Aymaqs et Tadjiks [151].

    Le clivage ethnique et religieux reste cependant un facteur de conflit important et chaque communauté se souvient des atrocités commises à son encontre durant la guerre civile des années 90 ou sous le régime des Talibans. Les Hazaras n’ont pas oublié le massacre des leurs dans le quartier d’Afchar-Mina à Kaboul par les miliciens wahhabites de Sayyaf et celui de 400 de leurs semblables par les Talibans à Yakaolang ainsi que les longues humiliations passées. Les Pachtounes ont encore à l’esprit la manière dont le général ouzbek Abdul Rashid Dostom dynamitait des fagots humains et écrasait avec ses blindés les prisonniers pachtounes dans la forteresse de Shebergan. Le clivage religieux s’est aussi exprimé durant les années 90 par les attaques visant les Hazaras, les combats opposant le Hezb-e Wahdat chiite au Ittihad-e Islami sunnite de Sayyaf ou aux combats opposant divers groupes sunnites entre elles (ex. : Dostom à Hekmatyar, Massoud à Hekmatyar) [152].

    En 2007 le contentieux opposant les nomades Kuchis aux Hazaras et portant sur l’utilisation de pâturages (des éléments ethniques et religieux sont aussi à prendre en compte) dégénéra en un conflit armé persistant de nos jours. Le 26 mai 2012 des Kuchis attaquèrent et brûlèrent des maisons et écoles du district de Behsud où les Hazaras sont majoritaires (province du Nangarhar) [153]. Le 3 juin 2000 Kuchis équipés d’armes automatiques et de RPG s’en prirent à la vallée de Kajab (province du Wardak) qui est principalement peuplée de Hazaras [154]. L’armée afghane dut intervenir et ces affrontements causèrent entre 3 et 11 victimes, la destruction d’une mosquée, de 4 magasins et de 19 habitations ainsi que la fuite massive des villageois hazaras [155]. En mai Karzaï avait rencontré des représentants hazaras et à la mi-juin, l’envoyé spécial adjoint de l’ONU Nicholas Haysom rencontrait à son tour le gouverneur du Wardak ainsi que des délégués kuchis et hazaras afin de tenir des pourparlers de paix dans la ville de Maidan Shar [156].

    L’histoire de l’Afghanistan a aussi montré qu’il existe de manière profonde un clivage entre un monde rural traditionnel et un monde urbain un peu plus sensible aux influences modernes ou étrangères (mais aussi entre les zones montagnardes tribales des Pachtounes et le pouvoir central de Kaboul). Il faut noter que le sentiment religieux s’est renforcé au sein de la population et est devenu plus fort que par le passé, notamment en milieu urbain et à plus forte raison si on prend comme référence les années 60, 70 et 80 qui virent l’existence d’une certaine classe moyenne éduquée et même d’une élite laïque [157]. Le poids des traditions et du religieux s’est accru en milieu urbain pour des raisons liées à l’évolution générale du contexte politique afghan mais aussi suite à un exode rural important (la population de Kaboul a longtemps été de quelques centaines de milliers d’âmes et les infrastructures de la ville ainsi que la topographie pouvaient accueillir idéalement 1 million d’habitants ; Kaboul compte désormais dans les 5 millions d’habitants).

    De nombreux Afghans ne veulent pas revivre les horreurs du passé, notamment la jeunesse éduquée, et beaucoup pensent que l’aggravation de ces divisions pourraient mener au démembrement de leur pays, ce qui serait perçu comme une catastrophe (au cours des siècles récents, aucun empire n’a jamais pu démembrer l’Afghanistan mais il est vrai que l’Empire britannique a pu cependant annexer les territoires tribaux de Peshawar – le Pachtounistan – suite aux traités de Gandamak en 1879 et établir la fameuse « ligne Durand » suite au traité conclu avec le monarque afghan Abd-ur-Rahman en 1893). Face à ces risques de division on peut opposer l’existence d’un fort patriotisme voire nationalisme parmi les Afghans s’exprimant par un respect profond du drapeau, de l’histoire du pays mais aussi par la foi islamique. Le problème ici est plutôt de savoir comment chaque communauté définit elle-même ces éléments, une possible identité afghane et surtout le rôle et poids politiques qu’elle souhaite exercer ou que d’autres groupes voudront bien lui laisser exercer.

    Conscients de leur force, du contexte afghan, de la perception de ce conflit en Occident et du retrait imminent des forces de l’ISAF, les Talibans ne sont pas pressés de négocier et ont décidé de mener une guerre d’usure. Celle-ci repose en partie sur l’infiltration des forces de sécurité et des institutions afghanes afin de saboter et décrédibiliser le projet politique porté par Hamid Karzaï et ses alliés étrangers [158]. Après le retrait des troupes de l’ISAF « les Talibans renforceront leur emprise sur le sud du pays et utiliseront les revenus tirés de l’opium afin de financer une potentielle guerre civile contre les villes où le pouvoir du gouvernement vacille » [159]. Le Secrétaire à la Défense Leon Panetta avait récemment affirmé que les attentats et les actes de félonie commis récemment par les Talibans étaient des actes désespérés mais Ismaïl Khan et d’autres anciens chefs de l’Alliance du Nord pensent au contraire que le « surge » initié par Washington n’a pas permis d’améliorer la situation sécuritaire en Afghanistan [160].

    Les attaques du 15 avril 2012 à Kaboul imputées à des Talibans soutenus par le réseau Haqqani et visant le parlement, le quartier général de l’ISAF et plusieurs ambassades (notamment celles de Grande Bretagne, Allemagne et Russie) [161], celles de l’automne 2012 contre le quartier diplomatique de Kaboul ou de l’hiver 2012 contre le quartier général de la Police des Frontières à Kaboul (quartiers de Wazir Akbar Khan et Darul-Aman) ne sont pas un baroud d’honneur mais des actes qui, au-delà de leur but symbolique, ont montré la capacité des insurgés à frapper le coeur du pouvoir de manière très organisée et coordonnée. Des attaques furent simultanément lancées par les Talibans dans les provinces du Logar, de la Paktya et de Nangarhar [162]. Le 21 juin ce fut au tour d’un hôtel de Qarga (environs de Kaboul) et de ses clients d’être la cible des insurgés: l’affrontement dura 20 heures et coûta la vie à au moins 22 personnes [163]. La veille une attaque kamikaze contre un convoi de l’ISAF à Khost avait coûté la vie à 25 personnes (dont 3 soldats de l’ISAF) et et en avait blessé 30 [164].

    Pour être tout à fait juste et honnête on ne peut pas considérer le « surge » ou les opérations anti-talibanes comme des coups d’épée dans l’eau dans la mesure où l’action militaire de l’ISAF ou de l’ANA a affaibli de manière sérieuse mais non-décisive les insurgés. L’offensive de la mi-mai 2012 visant 300 Talibans dans le Farah permit d’en éliminer 20 (6 soldats périrent) et le 2 juin les troupes de l’ISAF et de l’ANA en éliminèrent 26 autres [165]. Une dizaine de jours plus tard des combats et une frappe aérienne de l’ISAF permirent la suppression de 20 autres insurgés dans le district de Sangin (province du Helmand) [166].

    Le 28 juin deux villages du district de Kamdish (Nouristan) furent attaqués par quelques centaines d’insurgés et provoqua l’intervention des forces de sécurité afghanes : un des villages fut entièrement brûlé et l’affrontement coûta la vie à 8 civils, 6 policiers mais aussi 25 Talibans (parmi lesquels quelques ressortissants pakistanais) [167]. Les frappes aériennes menées en août par l’ISAF dans le Kunar ont eu un impact certain sur les forces talibanes locales : le 3 août 18 Talibans étaient neutralisés dans le district de Watapur, le 7 ce fut au tour de 12 autres terroristes (dont la moitié d’origine pakistanaise) dans le district de Marwara puis le 18, à celui de 52 insurgés dans le district de Chapa Dara [168].

    Le 28 septembre une opération anti-talibans de 6 jours fut lancée dans le Wardak et permit l’élimination de 30 Talibans, parmi lesquels 5 de leurs commandants [169]. Le 15 octobre une attaque aérienne de l’OTAN tua 17 insurgés (dont 15 étaient vraisemblablement originaires du Pakistan) dans la province de Ghazni [170]. En décembre 2012 le Logar fut le théâtre d’une imposante traque menée par plus de 1000 soldats et débouchant sur l’élimination et la capture de nombreux combattants talibans [171]. Sur le court terme l’importance de ces opérations et leur impact sur la guerrilla talibane ne doivent pas être sous-estimés mais dans le long terme et en prenant en compte le retrait de 2014 ainsi que ses conséquences politiques, on peut clairement douter de leur caractère ou effet décisif.

    L’hypothèse d’une guerre civile et le scénario catastrophe qui l’accompagne sont devenus extrêmement plausibles dans la mesure où un rapport militaire confidentiel adressé l’année dernière aux commandants des troupes de l’ISAF a confirmé ces sombres perspectives. Compilant les résultats de 27 000 interrogatoires menés en 2011 sur 4000 prisonniers talibans par des militaires américains sur la base de Bagram, ce document intitulé « State of the Taliban » évoque le fait que des membres des forces de sécurité afghanes ont vendu leurs armes et véhicules aux insurgés, ont échangé des renseignements avec ces derniers et auraient même conclu des accords de cessez-le-feu ponctuels ainsi qu’en prévision de l’après-2014 [172]. Le gouvernement pakistanais et l’ISI seraient toujours autant liés aux Talibans dont ils connaissent le moindre chef et les moindres activités [173].
    Le degré d’infiltration des forces de sécurité afghanes est tel que le rapport signale de nombreux cas de « coordination ponctuelle, de partage d’informations ou même occasionnellement d’intégration des forces de sécurité afghanes aux opérations des Talibans » [174]. Les cessez-le-feu informels conclus avec les soldats ou policiers afghans ainsi que les promesses de soutien de long terme faites par ces derniers ont fait que « Les Talibans sont absolument confiants dans leur capacité à vaincre les forces de sécurité afghanes » [175]. La stratégie cruciale, les efforts et les fonds mis en œuvre par l’OTAN en vue de son retrait en 2014 seraient ainsi progressivement sapés: des détenus talibans ont affirmé que des membres de l’ANA et de l’ANP auraient même vendu du matériel militaire provenant de pays occidentaux [176]. Le rapport indique que le bazar de Miranshah (capitale du nord-Waziristan, dans les zones tribales pakistanaises) avait été »inondé de manière croissante par des fusils, pistolets et armes lourdes vendus par les forces de sécurité afghanes »: « Les véhicules et armements étaient à l’origine acquis seulement sur le champ de bataille. Ils sont désormais régulièrement vendus ou donnés par les forces de sécurité afghanes [177].

    Enfin, ce document confidentiel a montré que les Talibans sont très confiants. Ces derniers affirment avoir surmonté le « surge » d’Obama, pouvoir défaire les forces de sécurité gouvernementales afghanes après 2014 et considèrent leur retour au pouvoir comme inévitable: « Contrairement aux années précédentes les détenus sont devenus plus confiants non seulement dans leur potentiel, mais aussi dans la justesse de leur cause » [178]. Les Talibans ne croient pas en une issue au conflit qui serait négociée et sont intimement convaincus que Hamid Karzaï ainsi que ses alliés du nord « ont délibérément prolongé le conflit afin de récolter l’aide étrangère et de soumettre les tribus pachtounes du sud » [179].

    Les Talibans savent que le temps et le pourrissement du système jouent pour eux. En dépit de leur refus officiel de discuter avec Washington et le gouvernement de Karzaï, certains chefs Talibans ont accepté de rencontrer des officiels américains à Doha (Qatar) à la fin du mois de janvier 2012 et un autre processus de négociations s’est en parallèle tenu en Arabie Saoudite [180]. Les Talibans ont ouvert une représentation à Doha [181] mais sont peu empressés de faire avancer ces négociations avant le retrait total des forces étrangères d’Afghanistan [182]. Les Talibans avaient ainsi déclaré en Janvier 2012 qu’aucun processus de paix ou négociation n’avaient été mis en place, particulièrement avec les États Unis : les représentants des insurgés mirent en revanche l’accent sur l’établissement de mesures de confiance et demandèrent à Washington de relâcher 5 détenus talibans [183]. Ces négociations échouèrent en mars et en novembre les Nations Unies imposèrent des sanctions à l’encontre du réseau Haqqani qui fut aussi inscrit sur une liste noire [184]. Un porte-parole du gouvernement afghan ajouta que le réseau Haqqani ne remplissait pas les conditions ou critères suffisants afin de participer au processus de négociations [185].

    La méfiance et le scepticisme quant à ces négociations sont généralisés, plus particulièrement au sein des Tadjiks et Hazaras [186]. Les Hazaras se souviennent encore amèrement du régime taliban et des persécutions qu’ils subirent en raison de leur foi chiite et de leur appartenance ethnique. Les discussions entamées avec les Talibans par Washington et en parallèle par Kaboul ont été âprement critiquées par les Tadjiks, Ouzbeks et Hazaras qui ont décidé de former une sorte de front commun [187]. Moins sceptique ou pessimiste que le leader hazara Mohammed Mohaqiq, le tadjik Ahmad Zia Massoud (dirigeant du Front National Afghan et frère de feu le Commandant Ahmad Shah Massoud) ne croit pas qu’un accord puisse être trouvé avec les Talibans mais pense cependant qu’une plus grande participation doit accompagner les négociations en vue d’une paix [188].

    Ces négociations n’ont mené à rien de significatif (si ce n’est l’implication croissante du Qatar et de l’Arabie Saoudite) et à la fin du mois de décembre 2012, le Pakistan relançait son propre processus de négociation en libérant 8 Talibans dont le Mollah Turabi, l’ancien bras droit et ministre de la justice du Mollah Omar (18 autres Talibans avaient été relâché plus tôt au cours du même mois [189]. Au cours d’une rencontre tenue à Islamad en novembre 2012, des officiels afghans et pakistanais ont adopté une nouvelle stratégie visant à ce que « d’anciens officiels talibans libérés avec la stature de Turabi servent d’émissaires, ouvrant la voie à des pourparlers de paix entre le gouvernement de Hamid Karzaï et la direction talibane actuelle » [190]. Ce processus initié par le chef des forces armées pakistanaises Ashfaq Kayani a permis un rapprochement entre les autorités afghanes et pakistanaises mais a aussi fait des émules en Europe: une rencontre semi-secrète organisée par un »think tank” français s’est tenue dans les environs de Paris en décembre 2012 [191]. Cet événement a réuni des représentants du gouvernement afghan et plus particulièrement du Haut Conseil pour la Paix ainsi que des membres de l’opposition, comme les Talibans ou des cadres du Hezb-e Islami mais là encore, aucune avancée n’a été faite [192]. La seule surprise est venue récemment de Gulbuddin Hekmatyar qui, dans une entrevue accordée au Daily Telegraph, a proposé un plan de paix en dix points et appelé tous les acteurs présents ainsi que les Afghans à s’unir et mettre fin à leurs disputes afin de trouver une solution viable au conflit [193].

    L’autre élément préoccupant dans la perspective d’une guerre civile imminente est constitué par les milices entretenues par certains officiels et le réarmement de certains seigneurs de guerre : Ismaïl Khan, l’homme fort de Herat, et le Conseil des Moudjahidin local ont soutenu la formation et le réarmement de milices anti-talibanes composées d’anciens moudjahidin chargés de prendre le relais des troupes de l’ISAF après 2014 [194]. Ce fait traduit la difficulté voire l’incapacité des forces afghanes à mener de manière autonome et avec succès leur mission anti-insurrectionnelle. De telles milices villageoises (les « arbaki ») ont une grande utilité tactique voire stratégique mais elles perpétuent aussi la problématique des groupes armés, de leur contrôle et de leur financement. Ces milices d’autodéfense peuvent sécuriser certains villages et certaines zones mais l’absence d’encadrement peut les mener à certaines dérives (trafics, exactions) et leur faire jouer un rôle de facteur aggravant dans la perspective d’une guerre civile imminente. Les efforts qui ont été consacré par l’ISAF et l’État afghan à la récupération d’armes et au désarmement des milices auront été ainsi plus ou moins vains.

    Les autorités de Kaboul ont souhaité réaffirmer leur autorité face à l’Émir de l’Ouest qui occupe aussi le poste de Ministre de l’Eau et de l’Energie. L’État afghan est juridiquement le seul habilité à procéder à la vente, à l’achat et à la distribution d’armes ainsi qu’au recrutement de soldats (la création de compagnies privées locales de sécurité est cependant un moyen de contourner ces dispositions légales et de se doter de milices ayant une apparence de légalité): les services de renseignement afghans ont arrêté certains suspects et les autorités de Herat se sont empressées de condamner officiellement les activités du Conseil des Moudjahidin [195]. Ismaïl Khan a ajouté que d’autres seigneurs de guerre étaient en train de procéder au réarmement de leurs milices [196] : au-delà de la lutte contre les Talibans, ces groupes armés joueront aussi un rôle dans la lutte pour le pouvoir et leur apparition traduit l’accroissement des rivalités existant au plus sommet de l’État (l’ancien seigneur de guerre ouzbek et général de l’Alliance du Nord, Abdul Rashid Dostom s’est ainsi fait récemment l’avocat d’une refonte totale du système et l’établissement d’un vrai multipartisme) [197].

    L’Émir de Herat a déclaré en novembre 2012 que les moudjahidin devraient recevoir plus de poids et de responsabilités car après avoir sauvé le pays de l’URSS, ils pourraient le sauver à nouveau des « conspirations étrangères » : « Ils [les étrangers] ont récolté toutes nos armes, notre artillerie et nos tanks, et les ont mis au rebut. A la place, ils ont amené des filles néerlandaises, des filles françaises, des filles de Hollande (sic), ils ont amené des soldats occidentaux à la peau blanche, ainsi que des soldats américains à la peau noire, et ils ont pensé qu’en faisant tout cela ils nous amèneraient la sécurité mais ils ont échoué » [198]. La radicalisation ou l’hostilité d’une partie des élites afghanes n’est pas un phénomène nouveau. Avant de tenir ces propos et d’appeler les moudjahidin à expulser par la force les étrangers d’Afghanistan, Ismaïl Khan avait déjà déclaré en 2009 que « Le destin des Américains en Afghanistan sera pire que celui des Russes » [199]. L’homme fort de Herat a souvent affirmé qu’il combattrait à nouveau les Talibans si ces derniers reprenaient le pouvoir mais son propre gendre a rejoint dernièrement les insurgés [200].

    Si l’Afghanistan arrive à échapper à une guerre civile généralisée, il n’en restera pas moins affecté par un conflit de moyenne intensité et sera toujours confronté à plusieurs problématiques critiques comme le développement socioéconomique du pays, une corruption endémique, les clivages ethniques et religieux, le besoin d’une indépendance et unité nationales fortes, le poids du passé et l’influence des pays voisins (Iran, Pakistan, Inde, ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale, Russie, Chine mais aussi la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et dans une moindre mesure les Émirats Arabes Unis) ou occidentaux. Quelle que soit l’issue du conflit ou du processus de négociations, il semble peu probable qu’un régime totalement semblable à celui mis place en par les Talibans durant la seconde moitié des années 90 soit instauré. Il est tout autant improbable qu’un régime démocratique et libéral de type occidental voit le jour en Afghanistan dans les prochaines décennies. L’implication du Pakistan, de l’Arabie Saoudite et du Qatar en Afghanistan, la situation sécuritaire et politique du pays ainsi que l’intégration progressive de certains groupes talibans au processus de négociations pourrait mener à moyen terme à l’apparition d’une sorte de régime non plus traditionnel ou conservateur mais clairement fondamentaliste. L’Afghanistan ne reviendrait pas nécessairement à sa situation des années 90 (guerre civile généralisée, misère galopante, sous-développement, prohibition de la musique ou du chant, des images, etc.) mais pourrait au contraire conserver un certain niveau d’activité économique et des apparences de « modernité » coexistant avec une société restée traditionnelle et des institutions devenant très conservatrices voire fondamentalistes (pour ne pas dire néo-talibanes).

    Dans le meilleur des cas l’Afghanistan pourrait ressembler à l’Iran d’aujourd’hui (si on ne prend pas en compte la distinction chiite-sunnite et leurs différences religieuses) mais il est plus probable qu’il se réfère au modèle pakistanais ou à celui représenté par les monarchies pétrolières du Golfe (la prospérité et la stabilité en moins bien que le pays regorge de ressources). La diversité de l’Islam afghan et l’indépendance du pays est menacée à la fois par les radicaux Déobandis du Pakistan et les Wahhabites du Golfe Arabo-Persique (l’influence iranienne ne s’exerce quant à elle que sur les Hazaras chiites voire les Qyzylbashis dans le domaine religieux, sur les Tadjiks au niveau culturel et sur l’ouest du pays): il est très peu probable que le pays connaisse à nouveau un système et une société semblables à ce qu’il a connu de Zaher Shah à Mohammed Najibullah. Pour l’Afghanistan le sens de l’Histoire semble désormais aller dans la direction empruntée par la Tunisie, l’Égypte ou la Libye après le Printemps Arabe. Ainsi au printemps 2012 des affiches ont fleuri dans différents quartiers de Kaboul (certaines étaient visibles dans les environs de Bagh-e Bala et de l’hôtel Intercontinental) et celles-ci invitaient les Afghans à soutenir la lutte des rebelles syriens (ce qui est assez préoccupant compte tenu du fait que les quelques Afghans combattant en Syrie sont engagés du côté des groupes armés fondamentalistes). Ces affiches ne provenaient pas d’une association démocrate ou d’une ONG défendant les Droits de l’Homme dans la mesure où elles comportaient une forte connotation religieuse. Enfin, à côté du drapeau afghan et de celui des insurgés syriens on pouvait voir ceux de la Turquie, du Qatar, de l’Arabie Saoudite.

    Gilles-Emmanuel Jacquet http://fr.novopress.info

    À propos de l’auteur
    Titulaire d’un Master en Science Politique de l’Université de Genève et d’un Master en Études Européennes de l’Institut Européen de l’Université de Genève, Gilles-Emmanuel Jacquet s’intéresse à l’Histoire et aux Relations Internationales. Ses champs d’intérêt et de spécialisation sont liés aux conflits armés et aux processus de résolution de ces derniers, aux minorités religieuses ou ethnolinguistiques, aux questions de sécurité, de terrorisme et d’extrémisme religieux ou politique. Les zones géographiques concernées par ses recherches sont l’Europe Centrale et Orientale, l’espace post-soviétique ainsi que l’Asie Centrale et le Moyen Orient.

    Source : Realpolitik.tv.

    Notes
    [120] Pour une excellente analyse et mise en perspective de toutes ces problématiques, voir Pierre Micheletti, Afghanistan, Gagner les cœurs et les esprits, Presses Universitaires de Grenoble / RFI, 2011
    [121] Pour un témoignage très intéressant sur l’action humanitaire en Afghanistan et les réalités humaines voir Catherine Dufour, Amitiés Afghanes, Fayard, 2011 ; sur les réalités humaines voir Asne Seierstad, Le libraire de Kaboul, JC Lattès, 2002 et Anne Nivat, Les brouillards de la guerre, Dernière mission en Afghanistan, Fayard, 2011
    [122] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [123] Ibid.
    [124] Ibid.
    [125] Ibid.
    [126] Ibid.
    [127] Alissa J. Rubin, « In Old Taliban Strongholds, Qualms About What Lies Ahead », The New York Times, 08/01/2013
    [128] Ibid.
    [129] Ibid.
    [130] Ibid.
    [131] Ibid.
    [132] Ibid.
    [133] Ibid.
    [134] Ibid.
    [135] Ibid.
    [136] Ibid.
    [137] Ibid.
    [138] Ibid.
    [139] Ibid.
    [140] Ibid.
    [141] Ibid.
    [142] « 94 more Afghan schoolgirls reportedly poisoned in Sar-i-Pul », The Long War Journal, 24/06/2012
    [143] Ibid.
    [144] Ibid.
    [145] Ibid.
    [146] Ibid.
    [147] Ibid.
    [148] Ibid.
    [149] Ibid.
    [150] Ibid.
    [151] Voir Rory Stewart, En Afghanistan, Albin Michel, 2009.
    [152] Voir Jean Christophe Notin, La guerre de l’ombre des Français en Afghanistan (1979-2011), Paris : Fayard, 2011, pp 436-448
    [153] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [154] Ibid.
    [155] Ibid.
    [156] Ibid.
    [157] Voir l’excellent ouvrage de Michael Barry, Le Royaume de l’Insolence, L’Afghanistan (1504-2001), Flammarion, 2002
    [158] Stuart Ramsay, « Afghanistan: Green On Blue Attacks Rising », 08/01/2013
    [159] Ibid.
    [160] Bill Roggio, « Afghan minister says warlords are rearming militias as NATO forces leave », The Long War Journal, 01/11/2012
    [161] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [162] Ibid.
    [163] Ibid.
    [164] Ibid.
    [165] Ibid.
    [166] Ibid.
    [167] Ibid.
    [168] Ibid.
    [169] Ibid.
    [170] Ibid.
    [171] Ibid.
    [172] Ben Farmer, « Afghan soldiers ‘co-operating with the Taliban and signing ceasefire deals », The Telegraph, 01/02/2012
    [173] Ibid.
    [174] Ibid.
    [175] Ibid.
    [176] Ibid.
    [177] Ibid.
    [178] Ibid.
    [179] Ibid.
    [180] Nick Paton Walsh, « Afghan officials, Taliban may hold talks in Saudi Arabia », CNN, 30/01/2012
    [181] Angus McDowall, « Saudi Arabia cautious on possible Afghan talks », Reuters, 31/01/2012
    [182] « No truce, says Afghan Taliban » UPI, 30/01/2012
    [183] Ben Farmer, « Afghan soldiers ‘co-operating with the Taliban and signing ceasefire deals », The Telegraph, 01/02/2012
    [184] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [185] Ibid.
    [186] Rob Taylor et Mirwais Harouni, « Afghan Hazara leader skeptical of Taliban peace », Reuters, 30/01/2012
    [187] Ibid.
    [188] Ibid.
    [189] Jim Maceda, « Is peace really in the air in Afghanistan? », NBC News, 02/01/2013
    [190] Ibid.
    [191] Ibid.
    [192] Ibid. et Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [193] Jim Maceda, « Is peace really in the air in Afghanistan? », NBC News, 02/01/2013
    [194] Sajad, « Ismail Khan distribute illegal weapon in Herat province », Khaama, 08/11/2012
    [195] Ibid.
    [196] Bill Roggio, « Afghan minister says warlords are rearming militias as NATO forces leave », The Long War Journal, 01/11/2012
    [197] Rob Taylor et Mirwaïs Harouni, « Afghan Hazara leader skeptical of Taliban peace », Reuters, 30/01/2012
    [198] Bill Roggio, « Afghan minister says warlords are rearming militias as NATO forces leave », The Long War Journal, 01/11/2012
    [199] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [200] Ibid.

  • Contre le « mariage » homo : devant le Sénat du 4 au 7 avril !

     

    Parce que le combat pour la famille ne doit souffrir aucun répit, Civitas appelle à la mobilisation quotidienne, du 4 au 7 avril prochains, devant le Sénat qui doit discuter prochainement de ce projet de loi inique. Nous relayons donc le communiqué :

    Manifestations quotidiennes organisées par CIVITAS devant le Sénat
    durant tout le débat en Haute Assemblée du projet de loi Taubira

    Pression quotidienne sur les sénateurs
    Il est essentiel de maintenir une pression quotidienne sur les sénateurs durant tout le débat sur le projet de loi Taubira.

    CIVITAS n’a aucune confiance dans les sénateurs UMP.
    Si l’UMP ne manque pas d’habilement occuper l’espace médiatique lors d’événements contre ce projet de loi, comme ce fut encore le cas lors de la mobilisation nationale et populaire du 24 mars dernier, il faut pourtant bien constater que les actes ne suivent pas, comme en témoignent les trois exemples ci-dessous.
    - Le texte aurait déjà pu être bloqué en commission des lois si deux sénateurs UMP, Christian Cointat et Christophe-André Frassa, n’avaient voté en faveur de ce projet de loi.
    - Le chef de groupe UMP au Sénat n’est autre que le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin dont Le Canard enchaîné affirmait il y a peu qu’il avait proposé aux socialistes de liquider en quatre jours à peine le débat en séance plénière du projet de loi Taubira. Ce qui n’étonne guère quand on sait que Jean-Claude Gaudin est un grand ami du lobby homosexuel marseillais. Il a par exemple accordé une importante subvention publique à l’Europride qui se déroulera du 10 au 20 juillet à Marseille et au cours de laquelle une cérémonie baptisée « Les Mariés de l’an 1″ devrait unir symboliquement 2013 duos homosexuels !
    - Le sénateur Patrice Gélard qui sera l’orateur du groupe UMP durant le débat sur le projet de loi Taubira a déjà averti qu’il n’y aurait pas d’obstruction parlementaire de la part de l’UMP. Dans un entretien publié par Le Monde (25 mars), le sénateur Gélard précisait : « Nous sommes traditionnellement beaucoup plus raisonnables au Sénat qu’à l’Assemblée. Nous ne ferons pas d’obstruction, de flibuste parlementaire, nous resterons sages. »

    Il faut être sans aucune illusion à l’égard de ce système parlementaire et des girouettes politiques qui le composent. Mais le vent de colère qui s’exprime peut parfois souffler suffisamment fort pour momentanément orienter les girouettes dans la bonne direction. C’est pourquoi CIVITAS appelle les défenseurs de la Famille à venir faire preuve d’une sainte colère devant le Sénat à partir du 4 avril.

    Prière et sainte colère
    Le mot d’ordre que CIVITAS lance est clair : ni ballons, ni flonflons, prière et sainte colère.
    Nous tenons à donner à notre action une dimension spirituelle, convaincus qu’aucune victoire ne sera possible sans le secours divin.
    A ceux qui veulent un printemps français, CIVITAS rappelle ces mots de Charles Péguy : « Ô mon Dieu, donnez-nous enfin le chef de guerre, vaillant comme un archange et qui sache prier, pareil aux chevaliers qui sur le mont naguère terrassaient les Anglais. Qu’il soit chef de bataille et chef de prière. »

    Le programme des mobilisations organisées par CIVITAS devant le Sénat est le suivant :
    - Les jeudi 4 et vendredi 5 avril, rdv devant le Sénat, place Pierre Dux / Square Francis Poulenc (face entrée principale du Sénat), dès 19h. Manifestations statiques. Discours suivi de la récitation du chapelet.

    - Les samedi 6 et dimanche 7 avril, rdv Place Paul Claudel (devant Théâtre de l’Odéon) à 15h. Nous marcherons tout autour du Sénat.
    Le samedi 6 avril fera office de rendez-vous national. Des cars s’organisent de province.
    Discours suivi d’un chemin de croix autour du Sénat.

    CIVITAS organisera de tels rassemblements tant que le Sénat discutera de ce projet de loi. Les autres rendez-vous seront communiqués le 7 avril en fonction du calendrier sénatorial.

    Alain Escada,
    président de CIVITAS

    http://www.contre-info.com