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culture et histoire - Page 1100

  • L'Action Française Provence : un exemple d'activité intense et réussie ...

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    Dans son enquête de l'été dernier, « Aujourd’hui, le royalisme », Politique magazine avait titré l'un de ses articles : « L'AF-Provence, section modèle* ». De fait, cette qualification ne se dément pas.

    Au camp d'été de l'Action Française, le Camp Maxime Real Del Sarte, la participation des jeunes Provençaux a été nombreuse et remarquée, en raison de leur dynamisme et de leur efficacité.

    La semaine dernière - lundi 10 - nous avons fait écho à la réunion de rentrée d'Action Française Provence**. Une réunion qui a fait grand bruit (presse, télévision ...) parce que tenue et réussie - le samedi 8 octobre - malgré les violences de la gauche radicale, organisées pour « l'interdire » ... Sans succès !

    Le vendredi suivant, 14 octobre, a eu lieu la première conférence du cercle Estienne d’Orves : un exposé d'Antoine de Crémiers sur « l’empirisme organisateur », thème maurrassien très classique, confronté, en l'occurrence, comme il se doit, à l'actualité et aux problèmes de la France contemporaine. Nombreuses réflexions et débats du côté des militants !

    Le lendemain, samedi 15, à Marseille, l’Action française est dans la rue. les militants se sont rendus sur un des lieux incontournables de Marseille : le marché du Prado. Ils ont tenu un stand au beau milieu de la foule, ont diffusé des tracts sur le thème de l’urgence à sortir de l’Union européenne. De belles rencontres et des discussions enrichissantes à la clé !  

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    La conférence du vendredi 14 octobre, 14 rue Navarin

     

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    Un stand de presse, affiches et tracts, dans la foule, marché du Prado

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    Les tracts, de mains en mains ...

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    * Enquête « Aujourd’hui, le royalisme » : l'AF Provence vue par Politique magazine

    ** L'Action Française Provence a réussi sa réunion de rentrée malgré les violences de la gauche radicale

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • "Albin Michel, vitrine de la droitisation de la société française"

    Le Monde est troublé :

    6a00d83451619c69e201b7c8a47c14970b-120wi.gif"On peut se retrouver assis face à Philippe de Villiers dans le cadre cossu de La Rotonde, brasserie germanopratine fréquentée par le Paris politique et littéraire, et l’écouter lire à voix haute des sourates du Coran. Le Vendéen, héraut de la droite catholique et identitaire, tient dans ses mains un exemplaire du livre saint, qu’il assure connaître, contrairement à beaucoup de personnalités qui s’expriment sur le sujet. L’ancien député européen veut démontrer à son interlocuteur que les « monstres djihadistes appliquent les prescriptions coraniques », et que cette religion, de manière plus générale, est « incompatible » avec la France. C’est le propos de son dernier livre, sorti le 12 octobre, Les cloches sonneront-elles encore demain ? (Albin Michel, 299 pages, 22,50 euros). Son éditeur a fait ajouter un bandeau avec sa photo et ce sous-titre : « La vérité sur l’histoire de l’islamisation de la France ».

    6a00d83451619c69e201bb09479ad1970d-120wi.gifUn mois plus tôt, Albin Michel – le même éditeur, donc – publiait le dernier opus d’Eric Zemmour, Un quinquennat pour rien, chroniques de la guerre de civilisations. Un propos similaire parcourt la préface du livre. « L’islam est incompatible avec la laïcité, avec la démocratie, avec la République laïque. L’islam est incompatible avec la France », écrit le journaliste du Figaro.

    En 2014, la maison d’édition écoulait 460 000 exemplaires de son précédent ouvrage, Le Suicide français"

    Mais ce genre d'article va rendre jalouses les éditions Perrin

    Michel Janva

  • Pour Bernanos, le royaume passait avant l'Etat

         51AUlFYQsRL.jpgAvec mon idéal de l'écrivain - une vie en discorde avec le siècle, une œuvre à peu près en harmonie avec la littérature - je ne pensais aucun risque. (Qui se serait targué de n'y pas souscrire ?) Sauf celui-ci : de ne pouvoir consentir à tous ceux qui s'en réclamaient, de bonne foi et avec une volonté droite, le même capital de sympathie. Sympathie au sens étymologique : sentir et même souffrir avec. Des souvenirs plus profonds, une mémoire plus proche commandaient en moi, prédestinant ce qui me donnait la meilleure impression d'y obéir, déshéritant le reste. Gracq et Cioran, monuments classés, points de repère pour touristes littéraires amateurs de curiosités archéologiques. C'était encore une chance d'un choix estimable ; ce n'en était déjà plus une de n'avoir raison qu'avec eux. J'avais des préférences qui me touchaient davantage ; mon instinct les appelait et je récitais leurs noms comme le poème des châteaux et des cités royales, Bernanos, Giono, Anouilh, Aymé.
         Les habiles souriaient de l'éloquence bernanosienne et s'inquiétaient de l'esprit libertaire qui fermentait dans ses textes. Ils le trouvaient brouillon, confus, infréquentable. Mauriac ne lui pardonnait pas ses goguenardises polémiques. Sartre n'avait douté que de la liberté romanesque des personnages de l'illustre Girondin. Bernanos abattait sur cette œuvre une trique d'énergumène : il disait qu'elle répandait une persistance odeur de cabinet et qu'elle débauchait dans des sacristies borgnes des paroissiennes provinciales. Un pareil forcené ne pouvait qu'être un fol vomissant sans dégoût en pochard et son désespoir en nihiliste. Mauriac fit courir ce bruit au nom de la prudence du catholicisme bourgeois. 
         Du côté des athées, Bernanos n'était pas mieux pourvu. Toutes sortes d'enfantillages les révulsaient. Quand même ! Bernanos croyait au diable, à la réversibilité des mérites, à la résurrection des corps et à quelques autres babioles théologiques, dénonçait la présence du mal comme le Dostoïevski des Possédés, consacrait des curés de campagne souffreteux en héros modernes, s'émerveillait de la sainteté de Jeanne d'Arc, et - summum de l'infamie - criait : "Vive le roi !" Ce fort en gueule, empêtré dans ses anachronismes et son délire, n'était qu'un raseur - rien d'autre, rien de plus. 
         Les démocrates-chrétiens, qu'il méprisait - c'était pour lui des hypocrites bordeleux-, avaient bien tenté de l'annexer à la faveur du malentendu des Grands cimetières sous la lune. Bernanos ne s'était pas laissé travestir en militant silloniste, il avait dépiauté les progressistes chrétiens, prophétisant que le dernier marxiste de la république laïcarde serait un prêtre breton. Comme il le proclamait : ces gens-là, bande fourbue à l'arrière-garde de l'intelligence, ne l'auraient pas vivant. Nul -ni Albert Béguin, ni le comte de Paris, ni même de Gaulle - ne parvint à le colloquer. Ce n'était pas Franco qu'il haïssait : c'était la politique moderne, la religion de l’État, l'individualisme larvaire, et ce nouvel opium du peuple, la mystique égalitaire.
         Du même mouvement, il s'était séparé de la droite d'Action française parcequ'il avait soupçonné que, pour elle, l’État était une fin en soi, quelque chose qui tenait lieu de tout au légiste Maurras et à son positivisme contre-révolutionnaire. Bernanos ne faisait pas de politique, c'est-à-dire organiser tant bien que mal la société en fonction de la loi élémentaire de l'espèce. Ce qu'il voulait, contre une démocratie avilie par la consommation effrénée et contre la dictature qu'elle engendrait, c'était de refaire une civilisation. 
         Son royalisme littéraire, ébloui par un génie d'enlumineur lyrique (le bon roi, indulgent aux faibles, impitoyable pour les forts, gardien de la justice, de l'honneur, voire de l'honneur de l'honneur), renvoyait à une image, elle aussi idéalisée, de l'ancienne France. La rhétorique de Maurras l'avait un moment impressionné, sans jamais l'émouvoir. Elle parlait trop à l'intelligence abstraite, pas assez au cœur, invoquait on ne savait quelle raison nationale pour la sauvegarde de laquelle tous les sophismes de la politique machiavélique étaient à l'avance admis. Le roi selon Maurras ne se concevait que dans le XVIIe siècle de Richelieu : avant d'être un royaume, la France était un État. Pour Bernanos, réfugié dans le Moyen Age de Saint Louis, c'était l'inverse : le royaume passait avant l’État. La rupture était inévitable.
         Écartelé entre deux pulsions extrêmes et contradictoires - faire face et foutre le camp - Bernanos feuilleta toute sa vie, sous le regard de quelques-unes de ses figures votives, l'album de la sainteté et de l'héroïsme français. Il était bien cet écolier, penché sur ses livres d'histoire - dont il évoqua le souvenir dans la fabuleuse préface de La Grande Peur des bien-pensants - qui écoutait monter la rumeur glorieuse dont la race berçait les siens. La chevalerie lui collait à la peau. Il ne pensait qu'à elle, pour dominer la peur qui le ravageait ; il remettait à la douce pitié de Dieu sa colère de rebelle et sa détresse d'enfant humilié. Toute une imagerie d’Épinal, qui témoignait pour le mode de vie d'un ordre aboli, tressautait dans ses livres et parfois les égarait. Il se fia à son dégoût pour rester fidèle à ses nostalgies, jeta l'anathème sur les idolâtres du nombre pour sauver du naufrage ses illusions de réfractaire, soucieux, dans la hantise d'une agonie sans fin, de changer la vie moderne, de la restituer aux hiérarchies tutélaires d'autrefois. 
         Peut-être s'exilait-il par amour du royaume de France ; mais le scandale de sa vérité fut, pour Roger Nimier et pour moi à sa suite, la promesse d'un autre royaume, celui des insoumis dans la solitude de leur retraite, comme des protestataires sur leur barricade. Bernanos m'a immunisé contre le poison que la droite des rebouteux présente comme un remède de thaumaturge aux infections du siècle. Le maître de ma relève du matin, il l'est toujours à l'orée du soir. 
    Pol Vandromme, Bivouacs d'un hussard

  • L'effondrement du Christianisme à l'origine de la crise française et européenn

    Le présent article est une analyse synthétique et interdisciplinaire de l'histoire de longue durée, à rebours des analyses superficielles et compartimentées sur les causes profondes des crises politiques (au sens large), économiques et sociales que traverse une partie du monde, et tout particulièrement l'Europe.

    Ces crises superposées sont la manifestation d'une crise civilisationnelle dont la cause principale est la quasi-disparition de la religion traditionnelle européenne, à savoir le Christianisme.

    Rome sauvée par le christianisme

    L'on ne s'est pas suffisamment penché sur le lien de causalité entre la décadence de Rome à partir du IIP siècle (crise socio-économique) et l'effondrement préalable des religions païennes romaines. D'ailleurs, ce « vide religieux » avait provoqué des tentatives d'élaboration philosophique d'un sens de la vie terrestre comme celle de Sénèque (4 av. J.C.- 65 ap. J.C.) ou de l'empereur stoïcien Marc-Aurèle (121-180)(1).

    Sans exagération, le parallèle entre la période historique de déstructuration religieuse de Rome et de sa subséquente décadence et la présente séquence historique que traverse l'Europe qui est caractérisée par le vide religieux, doit être fait. D'autant plus que certains se prenant pour des Sénèque et des Marc-Aurèle modernes, à l'instar de Vincent Peillon ou dans un genre plus candide, le philosophe de bistrot Michel Onfray, proposent - dans la tradition maçonnique, républicaine et laïque - une religion mondaine de substitution au Christianisme (j'y reviendrai plus bas).

    C'est bien grâce à l'Eglise catholique romaine (dont la liberté est garantie en 325 par l'Empereur Constantin) que l'Empire romain a survécu à la domination de l'Europe par les barbares à partir du IV siècle. Le grand historien médiéviste Henri Pirenne (1862-1935) écrit à propos de l'Europe dominée par les barbares Ostrogoths, Wisigoths, Vandales et Mérovingiens :

    « La cour des Mérovingiens est un lupanar... Partout règne un manque de moralité presque incroyable... L'ivrognerie semble être la manière de tous. Des femmes font assassiner leur mari par leur amant. Tout le monde est à vendre pour de l'or. Et tout cela sans distinction de race, aussi bien chez les Romains que chez les Germains. Le clergé même - et jusqu'aux religieuses - est corrompu, encore que ce soit chez lui que la moralité se soit réfugiée... Le sol de la Remania a bu la vie barbare... Au milieu de la décadence, il n'y a qu'une force morale qui subsiste : l'Église, et pour l’Église, l'Empire subsiste encore... »(2).

    L’Église va, par ailleurs, jouer un rôle central de stabilisateur de l'Europe à partir du Ve siècle pour remédier aux carences impériales durant la longue et tumultueuse période des invasions barbares. L'Eglise sera aussi l'institution indispensable au bon fonctionnement des royaumes européens ; c'est elle qui formera les hauts fonctionnaires. Sans elle, l'Europe aurait certainement sombré dans une anarchie durable.

    Comme le souligne Henri Pirenne, à partir de la période carolingienne (en particulier sous Charlemagne à la fin du VIIIe siècle), avec l’Église, apparaît une grande communauté chrétienne aussi large que l’Ecclesia et l'Occident vit alors de sa vie propre. Dès lors, l'Europe existe en tant que civilisation dont le socle est indéniablement le Christianisme.

    La Révolution de 1789 comme outil de destruction de la civilisation européenne

    L'on ne peut s'empêcher de voir dans la Révolution française la redite et même la prolongation continentale de la révolution cromwellienne qui avait, entre autres choses, pour objet la disparition du Catholicisme par le massacre de masse des populations catholiques, la destruction des églises et le meurtre des prélats(3). L'anthropologue, et psycho-sociologue Gustave Le Bon (1841-1931) a parfaitement saisi la finalité de la Révolution française, à savoir l'instauration d'une nouvelle religion (occulte) et d'un nouvel ordre à vocation universelle :

    « On ne comprend bien, je le répète encore, certains événements historiques - et ce sont précisément les plus importants - que lorsqu'on s'est rendu compte de cette forme religieuse que finissent toujours par prendre les convictions des foules. Il y a des phénomènes sociaux qu'il faut étudier en psychologue beaucoup plus qu'en naturaliste. Notre grand historien Taine n'a étudié la Révolution qu'en naturaliste, et c'est pourquoi la genèse réelle des événements lui a bien souvent échappé. Il a parfaitement observé les faits, mais, faute d'avoir étudié la psychologie des foules, il n'a pas toujours su remonter aux causes. Les faits l'ayant épouvanté par leur côté sanguinaire, anarchique et féroce, il n'a guère vu dans les héros de la grande épopée qu'une horde de sauvages épileptiques se livrant sans entraves à leurs instincts. Les violences de la Révolution, ses massacres, son besoin de propagande, ses déclarations de guerre à tous les rois, ne s'expliquent bien que si l'on réfléchit qu'elle fut simplement l'établissement d'une nouvelle croyance religieuse dans l'âmes des foules. »4 Gustave Le Bon avait compris le fond de l’histoire... et ceci a été admis récemment par Vincent Peillon, ancien chercheur et ministre, dont les travaux ont porté sur les origines de la laïcité, et qui écrit à ce propos :

    « La laïcité elle-même peut alors apparaître comme cette religion de la République recherchée depuis la Révolution... On ne peut pas faire une révolution uniquement dans la matière, il faut la faire dans les esprits. Or, on a fait la révolution essentiellement politique, mais pas la révolution morale et spirituelle. Et donc on a laissé le moral et le spirituel à l’Église catholique... Il faut remplacer ça... Il faut inventer une religion républicaine. Cette religion républicaine qui doit accompagner la révolution matérielle, mais qui est la révolution spirituelle, c'est la laïcité. Et c'est pour ça d'ailleurs qu'on a pu parler au début du XXe siècle, de foi laïque, de religion laïque, et que la laïcité voulait être la création d'un esprit public, d'une morale laïque…»(5).

    Ce que Vincent Peillon affirme, à savoir la volonté d'instaurer cette religion de substitution au Christianisme qu'est la laïcité, correspond - et ceci n'est pas une coïncidence - à la période de renforcement du Christianisme(6).

    Conséquence sur la société contemporaine

    Les conséquences générales de ce long processus commencé par la Révolution française ont été analysées en détail par l'historien, anthropologue et démographe Emmanuel Todd. Ses travaux mettent en évidence que le fond de la crise politique est la disparition de la religion qui structurait la société. Ainsi il écrit : « Républicanisme, socialisme, communisme se sont en pratique définis contre un catholicisme résiduel, qui les structurait pour ainsi dire négativement. La mort de cette religion a tué comme par ricochet les idéologies modernes.

    Nous sommes ici tout proches de l'un des points nodaux de la crise qui, bien loin de n'affecter que la surface politique des choses, touche en réalité le socle métaphysique de la société, fonds de croyance irrationnelles et inconscientes venues d'une histoire très lointaine.

    L'identification du fonds religieux de la crise nous permet d'éclairer certains aspects du malaise actuel, et en particulier la difficulté que peut avoir une société à vivre sans croyance religieuse.

    L’athéisme a triomphé... L'histoire concrète de l'athéisme nous dit ; loin de mener au bien-être, l'émergence d'un monde sans Dieu conduit à l’anxiété, au sentiment d'un manque... Privé d'adversaire, l'athéisme doute, fléchit et s'effondre, La "déchristianisation conduit donc à une situation paradoxale : l'incroyant semble ne se sentir bien dans sa certitude que s'il y a encore dans la société une Eglise, minoritaire, mais porteuse d'une croyance positive en l'existence de Dieu, qu 'il peut critiquer et nier...

    La disparition du dernier groupe solidement organisé de croyants donne le signal du mal être pour les vainqueurs, qui, libérés de tout, ne peuvent que constater qu'ils ne sont rien, rien qui ait un sens du moins. La mort de l’Église réactive la question de la mort de l'individu.

    Au-delà de l'interrogation métaphysique de base, toutes les constructions idéologiques et politiques ayant pour fondement théorique l'inexistence du Ciel sont ébranlées. La disparition du paradis, de l'enfer et du purgatoire dévalorise bizarrement tous les paradis terrestres, qu'ils soient grandioses, de types stalinien, ou d'échelle plus modeste, républicain.

    Alors commence la quête désespérée du sens qui, banalement, va se fixer sur la recherche de sensations extrêmes dans des domaines historiquement répertoriés : argent, sexualité, violence - tout ce que la religion contrôlait.

    L'examen empirique de la réalité sociale montre la validité de cette séquence... L'argent, la sexualité et la violence sont désormais au centre de notre dispositif mental et médiatique. »(7).

    L'examen empirique de la situation actuelle vérifie aussi par là même ce qu'anticipait Gustave Le Bon lorsqu'il affirmait dès 1895 que ce n'est pas l'évidente faiblesse des croyances socialistes actuelles (qu'on peut mettre dans la même catégorie que le républicanisme ou encore l'ultra-libéralisme) qui empêchera les religions de triompher dans l'âme des foules, puisque, affirmait-il, l'idéal de bonheur que promettaient ces dernières (les religions) ne devant être réalisé que dans une vie future, personne ne pouvait contester cette réalisation. Mais l'idéal de bonheur socialiste, disait Gustave Le Bon, devant être réalisé sur terre, dès les premières tentatives de réalisation, la vanité des promesses apparaîtra aussitôt, et la croyance nouvelle perdra du même coup tout prestige. L'Histoire, qui témoigne de l'échec de ces idéologies modernes, a donné raison à Gustave Le Bon(8).

    Par conséquent, l'enjeu, dans un futur proche, sera de préparer le terrain, en France et en Europe, au retour du Christianisme. À moins qu'au point où en sont les choses il n'y ait plus qu'à attendre le retour du Christ en gloire et en majesté lors de la Parousie.

    Jean Terrien. Rivarol du 22 septembre 2016

    1. Voir : Emmanuel Todd, Après la démocratie, Gallimard, 2008, pp. 32-34.

    2. Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, Presses Universitaires de France, 1970, pp. 22-23,24.

    3. Sur le rôle de Cromwell et l'implantation du messianisme juif en Angleterre voir : Youssef Hindi, Occident et Islam - Tome l ; Sources et genèse messianiques du sionisme, pp. 59-65.

    4. Gustave Le Bon, La psychologie des foules, 1895, cité dans : Youssef Hindi, Les mythes fondateurs du Choc des civilisations, chap. V : Religion et modernité, souveraineté divine et laïcité, p. 183.

    5. Vincent Peillon, La Révolution française n'est pas terminée, Seuil, 2008, cité dans : Youssef Hindi, op. cit., p. 176.

    6. Voir : Emmanuel Todd, Après la Démocratie, p. 23.

    7. Emmanuel Todd, op. cit., p. 32-34.

    8. Youssef Hindi, Les mythes fondateurs du Choc des civilisations, chap. V ; Religion et modernité, souveraineté divine et laïcité.

  • Éléments n°162. Demain la guerre civile ?

    Le capitalisme a été pendant des décennies largement accepté dans la population pour trois raisons : il favorisait la croissance, il élevait le niveau de vie moyen et il permettait d’augmenter la consommation très au-delà du simple besoin matériel. Ces trois modes de légitimation ont aujourd’hui disparu. (…) Incapable de tenir plus longtemps sa promesse de progrès collectif, le capitalisme se trouve de ce fait dans un état critique sans commune mesure avec les crises conjoncturelles qui l’ont affecté dans le passé. (…)

    L’économie réelle ne portant plus le système, celui-ci est en même temps devenu de plus en plus spéculatif et financier, non sous l’effet d’une « dérive », comme le croient beaucoup, mais tout simplement pour survivre : la financiarisation n’est qu’un dispositif de fuite en avant. Mais cette façon de faire a elle-même atteint ses limites. À l’endettement du secteur privé s’ajoute aujourd’hui une dette souveraine, étatique, qui a augmenté de manière exponentielle depuis vingt ans, et dont on sait parfaitement qu’en dépit des politiques d’austérité elle ne sera jamais payée. (…)

    Faute de mieux, le système tente de gagner encore un peu de temps en faisant fonctionner à plein rendement la planche à billets, c’est-à-dire en fabriquant toujours plus de capital fictif. (…) Ces injections de liquidités massives, poussant à des placements spéculatifs plutôt que productifs, sécurisent artificiellement (et momentanément) les banques, mais ne font pas redémarrer l’économie. Et comme le progrès capitaliste a maintenant détruit tout ce qui pourrait le réguler ou le limiter, un nouveau krach mondial, beaucoup plus terrible qu’en 2008, se profile à l’horizon. (…)

    Le système capitaliste est confronté à une contradiction de fond incontournable. Cette contradiction est celle qui tient à la baisse de la valeur des produits individuels comme conséquence inéluctable de la diminution du temps de travail moyen nécessaire pour la production d’une marchandise donnée, en raison des gains de productivité. D’un côté, le capitalisme repose sur la transformation du travail vivant en travail abstrait, qui contient la valeur, et donc le profit, de l’autre il ne peut résister aux gains de productivité qui permettent de faire face à la concurrence. (…)

    Annoncer la fin du capitalisme, c’est assurément faire preuve de beaucoup d’audace. Combien de fois, dans le passé, n’a-t-on pas annoncé une « fin » – de l’histoire, du travail, de la politique, etc. – qui ne s’est jamais produite ? La nature sociale et politique, comme la nature tout court, n’en a pas moins horreur du vide. Qu’est-ce qui remplacera le vide ? Tout le problème est là.

    Au sommaire du N°162 d’Eléments

    • Alain Valterio, un psy contre les psys
    • Cinéma : 40 raisons d’aimer Fritz Lang
    • La tentation de la guerre civile
    • Entretien avec Jean-Yves Camus
    • Portrait d’une cinéaste : Cheyenne-Marie Carron
    • Cheyenne-Marie Carron : « Je suis une catho-païenne »
    • Humeurs : Les femmes iront en enfer
    • La haine du sexe
    • Le scandale des antibiotiques
    • Avec Hillary Clinton, les néocons sont de retour !
    • Entretien avec Xavier Eman
    • À la rencontre des conservateurs de gauche
    • Actualités de Drieu La Rochelle
    • Portrait de Jean-Louis Curtis
    • Série télé : Turn
    • Philosophie : la vérité scientifique
    • L’esprit des lieux : New Delhi

    Dossier

    • Pourquoi notre monde devient de plus en plus laid
    • Le triomphe de la laideur
    • L’enlaidissement des villes
    • L’art européen
    • La biologie du beau
    • L’invention du marché de l’art contemporain

    http://www.voxnr.com/4698/elements-n162-demain-la-guerre-civile