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culture et histoire - Page 1260

  • Interview exclusive de Tony O’Neill, leader du Parti du Peuple Celte 3/5 : l’Union Européenne

    Alors que les provinces françaises se battent pour sauver leurs langues et traditions régionales, NOVOpress vous propose une interview exclusive du fondateur irlandais du Parti du Peuple Celte – PPC —. Nous publions cet entretien-fleuve en cinq parties afin de vous en offrir une lecture plus agréable. La première est consacrée à la naissance du mouvement et aux questions politiques. La seconde est axée sur la défense de la culture celte, le monde celtique et les liens que noue le PPC avec la diaspora celte dans le monde. La troisième traite des questions liées à l’Union Européenne. Les deux dernières sont consacrées à l’immigration. >

    NOVOPRESS : Après un référendum sur le mariage homosexuel, largement encouragé par l’UE, pensez-vous que l’avortement, les mères porteuses pour les couples homosexuels ou la FIV pour les couples de lesbiennes vont être les prochains sujets imposés à la population Irlandaise ? Comment les gens vont-ils réagir ?
    Tony O’Neill : Il n’y aura aucune limite aux attaques de l’ultralibéralisme libertaire culturel contre notre peuple et cela concerne l’avortement et autres abominations que vous mentionnez. La plupart des gens rejetteront ce programme imposé, mais quand ils le font, ils sont aussitôt désignés comme représentants de la « haine » et tout est fait pour les faire taire. C’est le travail du PPC que de devenir une avant-garde pour notre peuple et montrer que nous n’avons pas à nous soumettre à cette dégénérescence et que nous devons au contraire assumer notre combat.

    NOVOPRESS : L’Union Européenne veut clairement décomposer les liens familiaux en les réduisant à de simples contrats commerciaux entre individus et il semble que l’Église catholique est plutôt passive face à cette destruction. Comment expliquez-vous ce silence d’un des piliers traditionnels de la culture irlandaise ?
    Tony O’Neill : Depuis Vatican II, l’église catholique en Irlande comme ailleurs en Europe a été totalement dévoyée par ceux qui veulent voir la fin de l’Europe et tout ce qu’être européen signifie. Ce travail a été accompli avec succès et l’église en Irlande n’ose plus défendre nos valeurs morales. Au contraire elle favorise ouvertement la « compréhension » de toutes formes de pratiques qui sont à la mode. Heureusement la plupart des gens en Irlande se sont détournés de l’Église après divers scandales récents et donc le message du clergé a un effet très limité. Il y a cependant une énorme vague de soutien vers les valeurs familiales traditionnelles en Irlande et c’est à ce public que s’adresse le PPC.

    NOVOPRESS : En France quelques écrivains et politiciens introduisent l’idée que l’UE soutient ce qu’ils appellent un « grand remplacement » de population. L’idée étant d’« émietter » les peuples en communautés séparées, pour qui le concept même de patriotisme n’aurait plus aucun sens. Sentez-vous la même pression pour que l’Irlande accepte plus de soi-disant « réfugiés » ?
    Tony O’Neill : Ce qui se passe en France se passe également dans toutes les autres parties de l’Europe. C’est une simple application du principe de « diviser pour mieux régner ». C’est pourquoi nous devons nous unir en tant que peuples européens afin que nous puissions sauver l’Europe que nous aimons de la disparition.

    http://fr.novopress.info/194299/interview-exclusive-tony-oneill-leader-du-parti-du-peuple-celte-35-lunion-europeenne/#more-194299

  • Hommage à Mircea Eliade (1907-1986)

    Le 22 avril de cette année, Mircea Eliade est décédé à Chicago, à l’âge de 79 ans. Cet homme était un intemporel qui prétendait appartenir à « l’avant-garde de l’humanité de demain et d’après-demain ». C’était aussi un talent à facettes multiples, à l’aise aussi bien dans la sphère des belles lettres que dans le domaine rigoureux de la philosophie. Mais il était essentiellement un observateur scientifique des religions de l’humanité. Né à Bucarest en 1907 dans une famille d’officiers et de fonctionnaires, Mircea Eliade a servi pendant quelques temps son pays dans la diplomatie. S’il n’a pas suivi la tradition familiale, c’est partiellement à cause de la prise du pouvoir par les communistes en Roumanie et c’est surtout la conséquence de ses dons particuliers.

    Parmi les impressions premières qui ont d’emblée déterminé la pensée de Mircea Eliade, il y a la profonde religiosité paysanne de sa patrie (1). Là, des traditions cultuelles immémoriales se mêlaient au christianisme, générant ainsi un syncrétisme créateur qui n’a jamais cessé de fasciner Eliade. À cette expérience existentielle première se superposèrent les souvenirs d’un voyage aux Indes, entrepris lors de sa ving-et-unième année. Eliade a étudié à l’Université de Calcutta puis s’est penché sur la spiritualité archaïque de cet immense pays, spiritualité richissime que lui ont communiqué très directement des maîtres de Yoga dans l’Himalaya. Le savoir qu’il emmagasine alors là-bas a servi de matériau pour sa thèse sur le Yoga, dont la version française de 1936 (2) a consacré sa renommée scientifique au-delà des frontières roumaines. Dès cet ouvrage, nous découvrons déjà toutes les méthodes d’investigation et les présupposés de la démarche éliadienne, qui seront exploités et systématisés dans les travaux ultérieurs (3). Eliade a toujours eu le souci d’éviter deux écueils qui guettent immanquablement la science qui prend les religions comme objets de ses recherches : soit s’essayer au déploiement d’une crypto-théologie soit ne pas prendre trop au sérieux les objets mêmes de l’investigation. Il a échappé à ces deux difficultés grâce à sa « saisie morphologique ». Eliade laisse à tout phénomène religieux sa dignité propre, car il considère chacun d’eux comme une “ hiérophanie” [manifestation du divin] originale, sans pour autant renoncer à un principe organisateur, qu’il appelait soit la « sur-historicité » soit la « non-historicité de la vie religieuse ». Il voyait, à l’instar de son prédécesseur Rudolf Otto, le “sacré” comme un “tout autre”, comme une catégorie indépendante, comme une grandeur non déductible d’une grandeur supérieure. Ainsi, Eliade pouvait considérer chaque manifestation du sacré comme égale en valeur et en dignité, que ce soit la vénération d’une “colonne du monde” ou les danses des Soufis musulmans, la parole extatique d’un chamane sibérien ou la scolastique de Thomas d’Aquin. Dans plusieurs travaux systématiques comme Les religions et le sacré (1949), Le sacré et le profane (1957) ou dans des études plus spécialisées comme, par ex., celle consacrée au chamanisme (1ère éd. 1951) [Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase, 1968, 2e éd.], Eliade a brossé les grandes lignes de cette interprétation globale des phénomènes religieux (4).

    Il est par ailleurs ailleurs significatif que, dans cette quête, il soit entré en contact avec CG Jung et Ernst Jünger mais n'ait jamais pu trouver le moindre terrain d’entente avec une quelconque de ces théologies officielles occupées à détruire systématiquement les traditions spirituelles sur lesquelles, généralement, elles reposent. Avec cet échec de dialogue, Eliade a fini par comprendre qu’il existait une étroite relation entre le phénomène contemporain de sécularisation et l’incapacité des représentants attitrés des religions à conserver l’héritage qui leur a été confié. C’est la raison essentielle qui a motivé son désir de doter la science des religions d’une “fonction royale”, celle de rassembler le savoir religieux de l’humanité et de sauver ces acquis de l’emprise d’un monde sans foi. Et si Eliade, dans les dernières années de sa vie, a succombé progressivement au pessimisme, il n’a toutefois jamais abandonné son espoir en une “nouvelle humanité” (5). Sa vision était animée d’une conviction solidement enracinée : celle qui affirmait que la religiosité appartenait à la plénitude de l’être-homme et qu’après une ère de “voilement du sacré”, cette religiosité retrouverait sa dignité originelle.

    L’image qu’Eliade se donnait de l’avenir montrait une profonde analogie avec les formes propres aux cultures traditionnelles et à leur mode de croyance. L’impression qui demeure en Eliade, après qu’il ait existentiellement approché le “christianisme cosmique” des paysans roumains et la spiritualité de l’Inde, c’est une solide et inébranlable confiance, une confiance qui sait que l’on peut réactiver le “mythe de l’éternel retour”. Cette confiance est aussi un rêve, celui qui voit un nouveau retour de l’homme dans le cycle que sempiternellement l’histoire détruit pour, ensuite et sans cesse, ré-inaugurer de nouveaux commencements, où la nature et le sacré se voient restaurés et réunis.

    La part apportée par la Roumanie à l’histoire spirituelle européenne est encore largement méconnue. Mircea Eliade, qui a passé plus de la moitié de sa vie en exil en France ou aux États-Unis, doit être considéré pourtant comme un des représentants les plus originaux, les plus profonds et les plus féconds de ce paysage intellectuel roumain si peu exploré. En tant que professeur d’histoire des religions à l’Université de Chicago, il a marqué du sceau de son esprit des générations et des générations d’étudiants. Après sa mort, ses livres nous lèguent un colossal testament spirituel. Un testament, un héritage, pourtant encore incomplet quand on sait que son Opus Magnus, l’Histoire des Idées religieuses commencée en 1976, demeure inachevé. Souvenons-nous comment le journal Le Monde a annoncé la mort d’Eliade : en titrant « Le philosophe du sacré est mort ».

    ► Karlheinz Weißmann, Vouloir n°30, 1986.

    ♦ notes en sus :

    1. Lire à ce sujet « La religiosité cosmique de la Roumanie » (B. Radulescu, 1997).

    2. Il en donnera une version vulgarisée dans Techniques du Yoga (1948). Voir aussi ses deux études : « Le problème des origines du Yoga », « Chamanisme et technique yogiques indiennes », in : Yoga, science de l'homme intégral, Jacques Masui (dir.), Les Cahiers du Sud, 1953.

    3. Cf. La nostalgie des origines : Méthodologie et histoire des religions (1971) : Les travaux de Mircea Eliade sont le produit d’une monumentale digestion d’ouvrages d’ethnologie, d’histoire, de philologie et de phénoménologie. Ici, il se penche sur ce substrat de sa pensée et, pour une fois, fait œuvre critique, tout en s’adressant à l’honnête homme plus qu’au spécialiste (p. 14). L’histoire des religions est l’objet principal de la suite d'essais qui constituent cet ouvrage. Une clé (sans doute pas la plus grande) de l’étrangeté de la conception de l’histoire des religions chez Eliade nous est donnée ici lorsque nous comprenons qu’en anglais comme en français, Eliade désigne par “histoire des religions” ce que recouvre le terme de Religionswissenschaft (p. 17) : histoire comparée des religions, mais aussi ethnologie, phénoménologie et sociologie, comme en témoigne le chapitre “L’histoire des religions de 1912 à nos jours” (p. 37-84). Ce survol qui embrasse les principaux auteurs de sciences humaines des religions en arrive à tirer de “l’histoire des religions” un enseignement essentiellement relativiste et universaliste : relativiste, parce que toute expression religieuse est conditionnée par son époque ; universaliste à cause du débordement qu’il suppose au-delà des religions connues. Mais le temps a, en définitive, peu de rapports avec cette historicité culturaliste ou phénoménologique, selon les perspectives : en tous cas, il revient à l’historien des religions, non de rassembler des faits selon une certaine chronologie, mais de les interpréter dans une perspective transhistorique (p. 147-48). Des autres essais, on retiendra surtout “mythe cosmogonique et histoire sainte”, où l’auteur confronte sa pensée à quelques auteurs dont Lévi-Strauss, auxquels il reproche un comparatisme trop étroit. Par ailleurs, M. Eliade s'intéresse au mythe non dans sa structure, mais dans la manière dont il renvoie à la « totalité primordiale » (p. 165). Mais où situer cette “totalité” ? Aux origines, certes, mais aussi à une eschatologie religieuse ou sécularisée. D’où les développements sur le mythe paradisiaque dans l’« American Dream », futur prodigieux et aussi paradis perdu. Mentionnant seulement le chapitre sur « l’initiation et le monde moderne » (p. 222-48), on remarquera à nouveau l’impact lévi-straussien sur le dernier chapitre : « Remarques sur le dualisme religieux : dyades et polarité » (p. 249-336). Mais chez M. Eliade le caractère opératoire de la dualité fait place à une typologie des rapports dualistes. (François-A. Isambert, Archives de sociologie des religions n°33, 1972).

    4. Cf. L'“Homo religiosus” et son expérience du sacré : Introduction à une nouvelle anthropologie religieuse, Julien Ries. Cerf, 2009.

    5. Cf. David Cave, Mircea Eliade's Vision for a New Humanism, Oxford University Press, 1993. 

    Mircea Eliade et la Redécouverte du Sacré (documentaire de Paul Barba Negra pour France Régions 3, 1987)

    http://www.archiveseroe.eu/recent/31

  • [Paris] Commémoration du 11 novembre 1940

    Mercredi 11 novembre 2015 à 19h30 La jeunesse française, réunie autour de l’Association des Anciens du 11 Novembre 40, déposera une gerbe sous la plaque commémorative, sise en haut des Champs-Elysées

     

    Rendez-vous à la sortie Champs-Elysées de la station "Charles de Gaulle-Etoile".

    Le 11 novembre 1940 par ceux qui l’ont fait ! from AF prod on Vimeo.

    PLUS NOUS SERONS NOMBREUX, PLUS NOUS NOUS MONTRERONS DIGNES DE NOS AÎNÉS ET RAPPELLERONS QUE LA PREMIÈRE DES LIBERTÉS EST L’INDÉPENDANCE DE LA PATRIE

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Paris-Commemoration-du-11-novembre,8039

  • Parution du Lien légitimiste n° 65

    parution-du-lien-legitimiste-n-50

    Sommaire du Lien légitimiste nº 65 !

    — La figure du roi. Tillinac et les bisbilles… par Gérard de Villèle.

    — In Memoriam : Jacques Rolain.

    — Les libres propos de Catoneo. Le jeu du Prince.

    — 1515-2015. François IerAmi du Pape et du Sultan…par le Duc de Lévis-Mirepoix.

    — Note de lectures [8] de Philippe de Lacvivier : Marcel Brion et Blanche de Castille.

    — Hopperies. L'ordre naturel, l'État et leproblème de l'immigration

    par Hans Hermann Hoppe.

    — Reprendre le pouvoir… D'un constat à une possibilité par Gabriel Privat.

    Demandez un exemplaire au format pdf !

    Il vous sera envoyé par retour de courriel. 

    Gérard de Villèle
    Le Lien Légitimiste

     

    Une en format PDF

    LE LIEN LEGITIMISTE

    La Une en format pdf

    Bimestriel : six numéros par an. 16 ou 20 pages

    Abonnement papier : 24 euros

    Abonnement électronique (fichier pdf envoyé par courriel) : 10 euros

    Abonnement couplé : 30 euros

    Adresse postale : 2, Le Petit-Prix, 37240 La Chapelle-Blanche-Saint-Martin

    Tél. 02 47 59 68 76

    Courriel : gerard@villele.com

  • Interview exclusive de Tony O’Neill, leader du Parti du Peuple Celte 3/5 : l’Union Européenne

    Alors que les provinces françaises se battent pour sauver leurs langues et traditions régionales, NOVOpress vous propose une interview exclusive du fondateur irlandais du Parti du Peuple Celte – PPC —. Nous publions cet entretien-fleuve en cinq parties afin de vous en offrir une lecture plus agréable. La première est consacrée à la naissance du mouvement et aux questions politiques. La seconde est axée sur la défense de la culture celte, le monde celtique et les liens que noue le PPC avec la diaspora celte dans le monde. La troisième traite des questions liées à l’Union Européenne. Les deux dernières sont consacrées à l’immigration. >

    NOVOPRESS : Après un référendum sur le mariage homosexuel, largement encouragé par l’UE, pensez-vous que l’avortement, les mères porteuses pour les couples homosexuels ou la FIV pour les couples de lesbiennes vont être les prochains sujets imposés à la population Irlandaise ? Comment les gens vont-ils réagir ?

    Tony O’Neill : Il n’y aura aucune limite aux attaques de l’ultralibéralisme libertaire culturel contre notre peuple et cela concerne l’avortement et autres abominations que vous mentionnez. La plupart des gens rejetteront ce programme imposé, mais quand ils le font, ils sont aussitôt désignés comme représentants de la « haine » et tout est fait pour les faire taire. C’est le travail du PPC que de devenir une avant-garde pour notre peuple et montrer que nous n’avons pas à nous soumettre à cette dégénérescence et que nous devons au contraire assumer notre combat.

    NOVOPRESS : L’Union Européenne veut clairement décomposer les liens familiaux en les réduisant à de simples contrats commerciaux entre individus et il semble que l’Église catholique est plutôt passive face à cette destruction. Comment expliquez-vous ce silence d’un des piliers traditionnels de la culture irlandaise ?
    Tony O’Neill : Depuis Vatican II, l’église catholique en Irlande comme ailleurs en Europe a été totalement dévoyée par ceux qui veulent voir la fin de l’Europe et tout ce qu’être européen signifie. Ce travail a été accompli avec succès et l’église en Irlande n’ose plus défendre nos valeurs morales. Au contraire elle favorise ouvertement la « compréhension » de toutes formes de pratiques qui sont à la mode. Heureusement la plupart des gens en Irlande se sont détournés de l’Église après divers scandales récents et donc le message du clergé a un effet très limité. Il y a cependant une énorme vague de soutien vers les valeurs familiales traditionnelles en Irlande et c’est à ce public que s’adresse le PPC.

     

    NOVOPRESS : En France quelques écrivains et politiciens introduisent l’idée que l’UE soutient ce qu’ils appellent un « grand remplacement » de population. L’idée étant d’« émietter » les peuples en communautés séparées, pour qui le concept même de patriotisme n’aurait plus aucun sens. Sentez-vous la même pression pour que l’Irlande accepte plus de soi-disant « réfugiés » ?
    Tony O’Neill : Ce qui se passe en France se passe également dans toutes les autres parties de l’Europe. C’est une simple application du principe de « diviser pour mieux régner ». C’est pourquoi nous devons nous unir en tant que peuples européens afin que nous puissions sauver l’Europe que nous aimons de la disparition.

    http://fr.novopress.info/194299/interview-exclusive-tony-oneill-leader-du-parti-du-peuple-celte-35-lunion-europeenne/#more-194299

  • Conférence de Scipion de Salm sur « La grande invasion en cours de l’Europe » à Dijon.

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  • Barrès et Jaurès

    l y a bien des murs qui s’écroulent en ce moment, et pas seulement le mur de Berlin ; bien des frontières qui se défont, et pas seulement celles de la Yougoslavie. Dans tous les domaines, on assiste aujourd’hui à l’effondrement des anciens clivages, à la disparition des points de repère. Dans le domaine des idées, le divorce des familles intellectuelles et des familles politiques est désormais consommé : quel est l’intellectuel digne de ce nom qui peut aujourd’hui se reconnaître dans une pratique de parti ? Quant aux partis eux mêmes, engagés dans une course au recentrage qui ne cesse de s’accélérer, il est clair qu’ils ne s’affrontent plus que sur le choix des moyens et que leurs objectifs sont les mêmes. Tandis qu’on sent poindre la crise de régime, les uns se mettent aux Verts, les autres louchent sur les mâles cohortes du lepénisme, d’autres rêvent d’un grand centre mou consacrant l’apothéose des valeurs bourgeoises. Les ex-gauchistes se sont depuis belle lurette recyclés dans l’humanisme et la voiture avec chauffeur. L’État-PS en est à infecter les hémophiles (quel symbole !). Et le pitoyable débat sur l’immigration s’enferme dans les petites phrases et les mauvais calembours, comme s’il n’y avait plus à choisir qu’entre l’idéologie du bunker et celle des cosmopotes. On en est même maintenant à l’échange des faits divers (“crimes maghrébins” contre “crimes racistes”) ! Degré zéro de la réflexion. Pendant ce temps, hors des frontières de l’Hexagone, l’histoire fait retour. Tant pis pour ceux qui avaient un peu vite annoncé sa mort ! Définitif ou non, l’effondrement communiste à l’Est a des effets inattendus. Il apporte d’abord un démenti cinglant aux fines analyses des soviétologues libéraux qui, depuis des décennies, nous expliquaient doctement que l’URSS, étant un “État totalitaire”, ne pouvait pas se réformer d’elle-même et ne succomberait qu’à des pressions extérieures dans des circonstances catastrophiques. Manque de chance : la perestroïka est venue d’en haut, et même du cœur du système, du KGB. Mais cet effondrement donne à voir aussi un spectacle d’une rare impudeur : ceux-là mêmes qui se prosternaient hier devant la statue de saint Marx se bousculant devant les caméras pour affirmer que “tout communiste est un chien” ! Ceux-là mêmes qui ont suivi toutes les modes sans jamais rater un virage, staliniens dans les années cinquante, gauchistes dans les années soixante, socialistes dans les années soixante-dix, sociaux-démocrates ou libéraux dans les années quatre-vingts, venant se faire gloire de leurs reniements, communiant dans l’anticommunisme primaire et jouant des pieds et des mains pour se faire prendre en photo devant le cadavre !

    Ils déchanteront vite ceux qui croient que le libéralisme triomphe aujourd’hui sans partage. La vérité est au contraire que la société occidentale libérale-marchande a perdu son repoussoir. Elle ne pourra plus désormais gloser sur le goulag pour masquer ses propres échecs et faire oublier la misère qu’elle fait naître. Elle a perdu le diable qui lui permettait de faire croire à son dieu. Elle sera maintenant jugée pour ce qu’elle est. L’aliénation même.

    Dans cette situation nouvelle, il n’y a évidemment plus ni droite ni gauche. Il n’y a plus désormais qu’une seule frontière. D’un côté, ceux qui acceptent cette société de spectacle et de consommation, ceux qui se bornent à vouloir en réformer les contours sans la mettre en question. Et de l’autre, ceux qui tout simplement ne la supportent plus. Qui ne supportent plus cet univers où règnent le non-sens, l’indifférence à l’autre, la solitude de masse, le conformisme, le nouvel ordre moral, le déracinement, la loi de la jungle. Ceux qui ne croient ni à la rédemption par le marché ni à la promotion par le fric. Ceux pour qui la vie ne se ramène pas aux valeurs comptables, à la performance individuelle, à la compétition marchande. Ceux qui en ont assez d’un monde sans gratuité, sans désintéressement, sans générosité, où rien n’a plus de valeur mais où tout a un prix. Ceux qui ne veulent pas seulement des moyens d’existence, mais aussi des raisons de vivre. Le nouveau clivage de cette fin de millénaire est là, et nulle part ailleurs. C’est le clivage entre le centre et la périphérie. Et tout ce qui est dans la périphérie est solidaire.

    Cause du peuple ? Oui, sans doute. Mais du peuple dans sa globalité. Le prolétariat est déjà une vieille lune et “l’union du peuple de France”, un mot d’ordre lassallien beaucoup plus que marxiste. Cause du peuple, mais aussi et surtout cause des peuples. Cause de tous ceux qui, dans le monde, refusent l’universalisation des pseudo-valeurs occidentales, l’impérialisme du “développement” et la main-mise américaine sur les façons particulières de penser et de vivre ensemble.

    On est loin alors, en effet, très loin des vieux clivages. Barrès et Jaurès réconciliés pour estoquer Bernard Tapis. Beau sujet d’allégorie pour un artiste de l’avenir.

    ► Alain de Benoist, L’idiot International n°70, octobre 1991.

    http://www.archiveseroe.eu/recent/23