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culture et histoire - Page 1257

  • Mircea Eliade et René Guénon

    Dans les années 40 de ce siècle, eut lieu en Roumanie un extraordinaire changement de tendance culturelle, dû à l’influence exercée d’un côté par un courant traditionnel très fort qui se manifesta après la Première Guerre mondiale (Vasile Pârvan, Nae Ionescu), et de l’autre par un courant européen de renouveau de l’étude comparée des religions (G. Dumézil, R. Pettazzoni), ainsi que par une reprise de cette Philosophia perennis dont le représentant le plus influent fut René Guénon. De la pléiade d’écrivains et de penseurs roumains qui participèrent à ce changement de tendance, nous nous limiterons ici à en analyser deux : Mircea Eliade et Vasile Lovinescu, influencés tous deux initialement par la pensée de René Guénon, mais qui, ensuite, empruntèrent des voies différentes.

    Pendant sa jeunesse, Mircea Eliade fut un admirateur du fameux historien traditionnel roumain du XIXe siècle Bogdan P. Hasdeu (dont il édita aussi les œuvres), mais aussi de l’historien des religions Georges Dumézil ; en outre il subit l’influence d’un courant oriental hindou. C’est ainsi qu’en 1929 il partit avec une bourse d’études en Inde, d’où il rentra non pas initié — comme on aurait pu s’y attendre — mais enrichi d’un matériel documentaire qui donna lieu à la première version de son étude sur le Yoga (1). L’écrivain Ieronim Serbu (2) atteste avoir eu dans sa bibliothèque un exemplaire du livre de Guénon L’Homme et son devenir selon le Vedanta, signé par Eliade et daté « 19 juin 1929, Calcutta ». Il est évident que le jeune Eliade connaissait certaines œuvres de Guénon ; cependant il ne le cite même pas dans les notes de son volume sur le Yoga. Néanmoins, dans la Roumanie des années trente, Eliade connaissait bien Vasile Lovinescu et Marcel Avramescu, qui étaient en relation avec René Guénon depuis 1934. Eliade collabora également, sous un pseudonyme (3), à Memra, la revue publiée par Marcel Avramescu sous l’influence de René Guénon. Son intérêt pour le courant traditionnel se manifesta à l’occasion de la visite en Roumanie de Julius Evola, que Eliade rencontra et avec lequel il eut une brève discussion (4). Cette visite est aussi évoquée brièvement dans les lettres de Guénon à Lovinescu (5). D’autre part, dans un article publié dans la Revista Fundatiilor Regale et publié à nouveau dans le volume Insula lui Euthanasius, Eliade dit : « Grâce aux œuvres de R. Guénon, de A. K. Coomaraswamy, d’Evola et de certains autres auteurs, s’est affirmée l’idée que l’Orient, loin de se solidariser avec le pathétisme et l’anti-traditionalisme modernes, trouve son pendant en Europe seulement chez Aristote, chez Saint Thomas, chez Meister Eckhart ou chez Dante » (6). Malgré cela, Eliade ne cite pas René Guénon dans ses études sur le symbolisme, bien qu’il s’agisse de thèmes analogues et qu’il en donne des interprétations similaires. L’attitude d’Eliade envers Guénon reste donc, dans sa période roumaine, ambiguë et contradictoire. Après son arrivée en Occident, Eliade ignorera presque complètement Guénon.

    Alors qu’il semble qu’Eliade n’ait rien écrit à propos des livres de René Guénon, ce dernier, sensibilisé par ce que lui en disaient Vasile Lovinescu et surtout Michel Vâlsan, qui se trouvait à Paris, publia une recension du livre d’EliadeTechniques du Yoga (Gallimard), reprise ensuite dans le volume et où, tout en reconnaissant les mérites de fauteur, il se demandait : « Quelle nécessité y avait-il de s’arrêter ainsi à mi-chemin, à cause d’une sorte de peur de trop s’éloigner de la terminologie généralement admise ?… Malgré tout, il y a des points qui demanderaient certaines réserves, comme par ex. une conception, manifestement insuffisante du point de vue traditionnel, de l’orthodoxie hindoue et de la manière selon laquelle elle a pu incorporer des doctrines et des pratiques qui au départ lui seraient restées étrangères ; tout cela reste trop extérieur et donnerait davantage l’idée d’un syncrétisme plutôt que d’une synthèse, ce qui est certainement assez éloigné de la vérité ; et il en sera toujours ainsi, inévitablement, tant qu’on n’osera pas affirmer, de manière claire et inéquivoque, tout ce que la Tradition comporte d’essentiellement `non humain’ » (7). Le diagnostic de Guénon nous semble correct, particulièrement en ce qui concerne le refus de la part d’Eliade à reconnaître l’origine non humaine de toute Tradition authentique.

    En Occident, donc, Eliade ne fait aucune mention de Guénon, jusqu’à la sortie du premier volume des Fragments d’un journal, où l’on trouve un bref jugement négatif, que nous citons en partie : « Ce que disent Guénon et les autres ’hermétistes’ de la `tradition’ ne doit pas être compris sur le plan de la réalité historique (comme ils le prétendent). Ces spéculations constituent un univers de significations articulées entre elles ; elles doivent être comparées à un long poème ou à un roman. Il en va de même pour les `explications’ marxistes ou freudiennes : celles-ci sont vraies si on les considère comme des univers imaginaires. Les `preuves’ sont peu nombreuses et incertaines et correspondent aux `réalités’ historiques, sociales, psychologiques d’un roman ou d’un poème. Toutes ces interprétations globales ci systématiques constituent, en réalité, des créations mythologiques assez utiles pour la compréhension du monde ; mais ce ne sont pas, comme pensent d’autres auteurs. des `explications scientifiques’ » (8). Dans ces quelques lignes, Eliade refuse donc toute réalité objective aux données traditionnelles, en les considérant comme des créations fictives au même titre que n’importe quelle œuvre littéraire et en les invitant sur le même plan que les explications marxistes et freudiennes, ce qui nous semble tout à fait aberrant et malveillant.

    Eliade exprime une idée analogue également à propos de certains écrits de Vasile Lovinescu, dans une lettre qu’il lui adresse : « J’avais entendu parler de l’œuvre sur Creanga (manuscrite à cette époque-là, n.d.a.) et ce que vous me dites est passionnant. J’ai lu l’article paru dans România Literara. J’ai du mal à accepter l’interprétation symbolique de Craii de Curtea Veche que vous proposez, mais la lecture de votre texte est fascinante » (9). L’appréciation des interprétations symboliques traditionnelles est toujours la même : « fascinantes » comme des textes littéraires, mais sans « valeur scientifique ».

    Un autre jugement d’Eliade sur Guénon paraît dans le second volume des Fragments d’un journal, où, en parlant d’une lettre d’Evola, il écrit : « Un jour, je reçus de lui une lettre quelque peu amère, dans laquelle il me reprochait de ne jamais citer ni lui ni Guénon. Je lui répondis du mieux que je pus, mais un jour je devrai tout de même donner les motifs et les explications que cette question exige. Mon argumentation est des plus simples : les livres que j’écris sont destinés au public d’aujourd’hui et pas aux initiés. Contrairement à Guénon et à ses émules, je pense que je n’ai rien à écrire qui leur soit destiné personnellement » (10). Il est évident qu’Eliade n’a pas écrit pour des initiés qui n’avaient pas (n’ont pas) besoin de ses textes ; mais les initiés ont écrit assez de choses qui ont été traitées également dans les œuvres de l’historien des religions, sans que ceux-ci l’aient mentionné — et ceci est une chose complètement différente.

    En ce qui concerne les raisons qui ont conduit Eliade à éviter de citer les penseurs traditionnels, exception faite pour Coomaraswamy, on trouve des appréciations très édifiantes dans une lettre de Michel Vâlsan à Vasile Lovinescu, dont nous reportons ce passage :

    « Il (M. Eliade, N.d.a.) se sert pas mal de Guénon, sans jamais le citer. En 1948, je l’ai rencontré et nous avons bavardé chez moi de ses convictions et de ses recherches. Il m’a affirmé qu’il était d’accord avec Guénon en tout point, mais que sa position et ses projets universitaires l’empêchaient de le reconnaître ouvertement. J’ai communiqué cela à Guénon qui, dans les comptes-rendus sur ses premiers livres, tint compte de ce que je lui avais dit. Eliade me disait qu’il pensait se servir de la politique du `cheval de Troie’ : une fois bien installé dans le monde scientifique et après avoir recueilli les preuves `scientifiques’ des doctrines traditionnelles, il aurait finalement exposé à la lumière du jour la vérité traditionnelle. Je crois qu’il se vantait : il est ou craintif ou trop prudent. Il a malheureusement rencontré des catholiques hostiles à Guénon et depuis lors il est beaucoup moins enthousiaste, à supposer qu’il le fût jamais. Il y a deux ans, je l’ai rencontré dans la rue et lui ai dit que ses projets allaient plus lentement, alors il m’annonça qu’il allait publier quelque chose ; en tout cas, il n’a jamais cité le nom de Guénon, ni en bien ni en mal, mais certaines de ces accusations envers les traditionalistes m’ont fait une pénible impression » (11).

    Il semble qu’Eliade fasse de plus amples concessions envers Guénon dans son volume de conversations avec Claude Henri Rocquet, L’Épreuve du Labyrinthe, où il dit ceci :

    « J’ai lu René Guénon assez tard et certains de ses livres m’ont beaucoup intéressé, particulièrementL’Homme et son Devenir selon le Vedanta, que j’ai trouvé très beau, intelligent et profond. Mais il y avait tout un aspect de Guénon qui m’irritait : ce côté polémique à outrance ; et son refus brutal de toute la culture occidentale moderne : comme s’il suffisait d’enseigner à la Sorbonne pour perdre toute possibilité de comprendre quelque chose. Je n’aimais pas non plus ce sombre mépris pour certaines œuvres d’art et de littérature modernes. Tout comme ce complexe de supériorité qui le poussait à croire, par ex., que l’on peut comprendre Dante seulement dans la perspective de la “Tradition”, plus exactement dans celle de René Guénon. (…) En d’autres mots, de nos jours, le terme `Tradition’ désigne assez souvent l’ésotérisme, l’enseignement secret. Par conséquent, qui se déclare adepte de la “Tradition” laisse supposer qu’il est “initié”, qu’il est détenteur d’un `enseignement secret’. Ce qui, dans le meilleur des cas, est une illusion » (12).

    Comment un non initié peut-il savoir que l’initiation réelle de Guénon est une illusion ?

    Finalement, revenant à de meilleurs sentiments dans le volume Occultisme, sorcellerie et modes culturelles, Eliade reconnaît en partie l’importance de l’œuvre de Guénon, mais en particulier à cause de la critique qu’il formule à l’égard du néo-spiritualisme moderne :

    « Le représentant le plus important et significatif cependant de l’ésotérisme contemporain — René Guénon — s’oppose énergiquement aux pratiques ainsi dites occultes… La critique la plus savante et la plus acerbe dont tous ces groupes ainsi dits occultistes ont été l’objet, ne provenait pas d’un observateur rationaliste, “en dehors” d’eux, mais d’un auteur qui appartenait à leur propre cercle, initié comme il se doit à un ordre secret et bien informé de leurs doctrines ; une critique donc qui n’était pas seulement d’orientation sceptique ou positiviste, mais qui rappelait même ce qui pour son auteur était l’ésotérisme traditionnel… De son vivant René Guénon fut un auteur plutôt impopulaire. Il avait des admirateurs fanatiques, mais leur nombre était plutôt restreint. C’est seulement après sa mort, et spécialement ces dix ou douze dernières années, que ses livres ont été réimprimés et traduits et que ses idées ont eu une plus ample diffusion. Le phénomène est plutôt curieux, du fait que, comme je l’ai déjà dit, Guénon a une vision du monde pessimiste : il en annonce en effet la fin imminente et catastrophique » (13).

    Dans ses jugements qui ont probablement été les derniers à être publiés, Eliade reconnaît les grandes qualités et l’importance de Guénon, même s’il ne revient pas sur les réserves qu’il a exprimées précédemment.

    D’après ce que nous savons, ce devraient être les idées les plus importantes exprimées par Eliade, par écrit ou dans des conversations rendues publiques, sur son rapport avec Guénon. En résumé, on peut dire que cette relation est passée par trois phases : une première phase coïncide avec ses années de jeunesse passées en Roumanie, quand, après avoir lu quelques livres de Guénon, Eliade s’y intéressa et manifesta par écrit ou verbalement sa propre admiration, limitée toutefois, envers Guénon et sa pensée. Une seconde phase commence après l’émigration de l’écrivain des religions en Occident, quand il s’impose un silence quasi total, qui durera plus de vingt ans, sur Guénon et sur ses textes. Finalement, nous avons une troisième phase, celle de la reconnaissance de l’importance du métaphysicien français, avec toutefois certaines réserves sur sa doctrine.

    Sans vouloir insister davantage, puisque chaque lecteur peut tirer les conclusions des textes ci-inclus, nous pensons que le rapport inégal et souvent contradictoire entre Eliade et Guénon est dû en premier lieu à l’évolution de la pensée de l’écrivain roumain, qui passe de l’homme de foi et à la recherche d’une réalisation initiatique à l’historien des religions agnostique préoccupé par des recherches scientifiques et de reconnaissance internationale.

    Alors qu’il était au départ proche des idées de Guénon, Eliade s’en est éloigné tout comme il s’est éloigné du métaphysicien traditionnel, jusqu’à s’y opposer sous bien des angles. Ensuite, l’arrivée d’Eliade en Occident dans des milieux universitaires et scientistes qui ne comprenaient pas Guénon et ne l’appréciaient pas, au point de lui être hostiles, fa amené à s’intégrer dans ces milieux et à s’adapter à leur position pleine de réserves. Plus âgé, après avoir reçu la reconnaissance des milieux scientifiques du monde entier, Eliade a en partie modifié ses propres jugements sur Guénon en appréciant sa valeur même si toujours partiellement, et sur un autre plan que scientifique. Une adhésion complète à l’œuvre de Guénon et aux doctrines traditionnelles se manifeste par contre chez deux autres Roumains, Vasile Lovinescu et Mihai Vâlsan, qui, tout en restant éloignés de la pensée positiviste occidentale, se sont intégrés dans une mentalité et dans une pratique de vie spirituelle au caractère ésotérique et initiatique, très éloignées des possibilités de compréhension de l’histoire des religions.

    Même si à des niveaux différents, Guénon et Eliade restent deux figures importantes de la pensée contemporaine en lutte contre l’indifférence de notre époque envers l’esprit. En ce sens, leur œuvre est un témoignage de la crise d’identité de l’époque moderne : celle de Guénon parce qu’elle ouvre un voie de réalisation intérieure, et celle d’Eliade parce qu’elle indique des voies de recherche.

    ► Florin Mihaescu, Antaios n°16, 2001.

    (Texte publié dans Origini XIII, Milan 1997 et traduit de l’italien par Blanche Bauchau)

    Notes :

    • (1) M. Eliade, Yoga : Essai sur les origines de la mystique indienne, Paris 1936.
    • (2) I. Serbu, Vitrina cu amintri, Bucuresti 1973.
    • (3) C. Ungureanu, JX Uranus, Revista de Istorie si Teorie literara, 1-2, Bucuresti 1989.
    • (4) C. Mutti, Mircea Eliade e la Guardia di Ferro, Parma, 1989, pp. 42-43.
    • (5) R. Guénon, Lettera a V. Lovinescu, Le Caire 30 mars 1938 (manuscrite et inédite).
    • (6) M. Eliade, Ananda Coomaraswamy, dans lnsula lui Euthanasius, Bucuresti, 1943.
    • (7) R. Guénon, Études sur l’Hindouisme, 2e éd., Paris, 1976, pp. 210-211.
    • (8) M. Eliade, Fragments d’un journal, Paris, 1973, éd. it., Milan 1976, p. 402.
    • (9) M. Eliade, Lettera a V. Lovinescu, Chicago 9 nov. 1970 (manuscrite).
    • (10) M. Eliade, Fragments d’un journal IL 1970-1978, Paris, 1981, p. 194.
    • (11) M. Vâlsan, Lettera a V. Lovinescu, Paris, 12 mai 1957 (manuscrite et inédite).
    • (12) M. Eliade, L’épreuve du Labyrinthe, Paris, 1970, p. 170.
    • (13) M. Eliade, Occultisme, sorcellerie et modes culturelles, Paris, 1978, éd. it. Florence, 1982, p. 53, 56, 74.

    http://www.archiveseroe.eu/recent/31

  • 4 novembre 1956 : intervention soviétique à Budapest

    Ce jour, les chars soviétiques entrent à Budapest, après que le nouveau gouvernement – amené par une révolte populaire spontanée contre la tyrannie communiste débutée le 23 octobre – a fait savoir qu’il voulait quitter le Pacte de Varsovie.
    L’aviation et l’artillerie rouges bombardent des poches de résistance ou supposées telles.

    Avec le soutien tacite des démocraties occidentales, l’URSS va écraser l’insurrection dans le sang et entamer une sévère répression.

    Ci-dessous 15 minutes de séquences vidéos tournées par des amateurs le 23 octobre 1956. Elles montrent que cette journée a commencé par une manifestation pacifique d’étudiants, avant que les communistes ne tirent sur la foule.

    Ce jour-là les nouvelles s’étaient répandues rapidement et des émeutes avaient éclaté dans toute la capitale.
    La révolte s’était étendue rapidement en Hongrie et avait entrainé la chute du gouvernement.
    Des milliers de personnes s’étaient organisées en milices pour affronter l’Autorité de protection de l’État (ÁVH) et les troupes soviétiques.

    Source : hungarianambiance.com

    http://www.contre-info.com/4-novembre-1956-intervention-sovietique-a-budapest

  • 4e édition de Chronique du choc des civilisations, d'Aymeric Chauprade

    La première édition de Chronique du choc des civilisations datait de 2008.Minute présente la 4e :

    Couverturelivre"[...] La 4e édition de Chronique du choc des civilisations, qui vient de paraître, intègre les évolutions considérables survenues en sept ans dans un monde complexe sans que les thèses défendues à l’époque par le géopoliticien soient invalidées. La relecture de son ouvrage de 2008, qui, avec le recul, aurait pu être cruelle pour Aymeric Chauprade, montre que la réflexion de l’auteur s’inscrit bien dans « le temps long des civilisations » et que, à ce titre, sa pensée reste valable au-delà des développements intérieurs et extérieurs de la politique des États qui, loin d’invalider ses thèses, viennent au contraire les conforter.

    Le temps était néanmoins venu de procéder à une refonte de Chronique du choc des civilisations afin d’analyser les phénomènes émergents. Aymeric Chauprade s’y est attelé au point de livrer une édition actualisée et augmentée qui est quasiment un nouvel ouvrage et qui permet, avec une clarté remarquable, de comprendre les lignes de force des mouvements à l’œuvre sur l’ensemble des conti- nents. De sorte que « le Chauprade » – comme les latinistes parleraient du Gaffiot – est un manuel de lecture aisée qui offre les clefs de compréhension d’une actualité dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est que rarement conceptualisée."

    Aymeric Chauprade est longuement interrogé dans ce numéro de Minute. Extrait :

    "Vous racontez, exemples à l’appui, que les décapitations commises par des islamistes ne datent pas de la création de l’État islamique mais qu’il y en a eu de nombreuses, en Europe, au début des années 1990, durant la guerre de Bosnie. Comment se fait-il qu’on ne découvre cette effroyable pratique que maintenant ?

    Mon atlas de géopolitique révèle en effet de nombreuses choses sur l’État islamique, ses spécificités, ses modes de financement, mais il inscrit le retour de ce califat islamique dans la continuité de l’Histoire. C’est d’ailleurs ce qui caractérise mon travail. Je suis un géopolitologue du temps long. Ce qui est nouveau, ce n’est pas la pratique de l’État islamique, laquelle s’appuie déjà sur la pratique des premiers siècles de l’islam ; ce qui est nouveau, c’est la médiatisation des crimes et l’utilisation de la terreur comme arme d’influence et de recrutement.

    En quoi la création d’un califat, par l’État islamique, est-elle différente des actions terroristes menées par Al Qaida ?

    Il y a une différence de stratégie entre Al Qaïda et l’État islamique : Al Qaïda pensé par Ben Laden menait un combat global, transnational, déterritorialisé. L’État islamique d’Al Baghdadi mène une stratégie radicalement différente : le combat est territorialisé. Il faut construire un État islamique fort, posé sur un immense territoire à cheval sur la Syrie et l’Irak, puis prendre les deux grandes capitales de l’histoire islamique (ommeyade et ab- basside), Damas et Bagdad, et s’étendre ensuite sur le reste du monde à partir de cette base étatique forte.

    La génération Al Qaïda du début des années 2000 étant encore influencée par l’idéal du mondialisme transnational, des réseaux, la conviction que les États étaient finis. La nouvelle génération de djihadistes est à l’image du monde multipolaire : elle est marquée partout par le retour des États et des souverainetés. [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2015/11/4e-%C3%A9dition-de-chronique-du-choc-des-civilisations-daymeric-chauprade.html

  • Jean Sévillia : « La France catholique n'a pas dit son dernier mot »

    Par Jean-Christophe Buisson

    Une interview où Jean Sévillia fait un point fort intéressant sur le poids, l'importance, le positionnement, les orientations, en bref sur la situation des catholiques de France et leur avenir. Un sujet qui concerne actuellement plus que jamais le domaine proprement politique. LFAR    

    Historien, essayiste et journaliste, Jean Sévillia publie un superbe album illustré qui constitue, par le texte et par l'image, un état des lieux du catholicisme en France aujourd'hui. Cette interview a été donnée au Figaro magazine.

    La France catholique : le titre du livre que vous publiez n'est-il pas provocateur ?

    Tel n'est pas son objectif, en tout cas. Evoquer la France catholique, c'est rappeler les faits. En premier lieu en ce qui concerne la population française. S'il est interdit aux organismes publics de procéder à des statistiques sur l'appartenance religieuse, de nombreuses études opérées par des instituts de sondage fournissent des indications fiables. Selon une récente enquête, 56 % des Français se déclarent catholiques, 8 % musulmans, 1,4 % protestants, 1,4 % orthodoxes, 1,3 % bouddhistes et 0,8 % juifs, 27 % des sondés se présentant comme sans religion. 56 % de catholiques déclarés, c'est ce qu'on appelle une majorité. En chiffres, on sait que le pays compte 44 millions de baptisés, ce qui fait, sur 65 millions d'habitants, les deux tiers de la population. Sous l'influence d'une laïcité exacerbée qui voudrait effacer le fait religieux de l'espace public, sous l'incidence, également, du grand nombre de questions intérieures et extérieures touchant à l'islam ou aux musulmans et qui finissent par accaparer les débats, on en viendrait à oublier, et pour certains à occulter, que le catholicisme reste la religion d'origine ou de référence de la majeure partie de la population française.

    Mais une religion qui est de moins en moins pratiquée…

    Certes. Au début des années 1960, environ 90 % des Français se présentaient comme catholiques, dont 35 % de pratiquants réguliers ou occasionnels ; au début des années 1970, les pourcentages étaient encore de 82 % de catholiques déclarés et de 20 % de pratiquants. Aujourd'hui, les catholiques pratiquants représentent entre 4,5 et 6 % de la population. Ce recul spectaculaire tient à des causes multiples: disparition de la vieille société rurale, bouleversements socioculturels des années 1960-1970, sécularisation du monde occidental. D'une société qui, en dépit de la laïcité officielle et de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, était héritière d'une société de chrétienté, nous sommes passés à une société du libre choix religieux, dans un contexte d'incroyance généralisée. Néanmoins, en 2015, la France compte 3 millions de catholiques pratiquants réguliers et 10 millions de pratiquants occasionnels, soit 13 millions de personnes. S'il s'agit d'une minorité, cette minorité est numériquement la première minorité de France. Quant au long terme, les projections montrent qu'en 2045, le pays comptera entre 33 et 37 millions de baptisés, ce qui sera encore une masse considérable.

    Mais la France catholique, c'est aussi une culture ?

    C'est un patrimoine de 100 000 édifices religieux, dont 150 cathédrales et 45 000 églises paroissiales. C'est un enracinement bimillénaire qui s'observe dans la toponymie (4 400 communes portent un nom de saint), dans le calendrier civil où les six plus grandes fêtes chrétiennes sont des jours fériés, dans les traditions populaires, de la crèche de l'Avent aux œufs de Pâques. C'est tout un héritage artistique, littéraire et musical. C'est un héritage intellectuel et philosophique: tous les grands penseurs français, même s'ils n'étaient pas chrétiens, ont eu à se situer par rapport au catholicisme, ce qui revenait à reconnaître la place centrale de celui-ci dans notre histoire. La France catholique, ce sont encore les principes de base qui fondent le pacte social: la dignité de la personne humaine, l'égalité entre l'homme et la femme, la solidarité envers les petits et les pauvres, le souci de la justice ou le sens du pardon ont pu être laïcisés, ils expriment une anthropologie tirée des Evangiles. C'est en ce sens que la formule du général de Gaulle selon laquelle «la République est laïque, la France est chrétienne» conserve toute sa pertinence. C'est en ce sens également que les sociologues Hervé Le Bras et Emmanuel Todd ont pu parler récemment d'un «catholicisme zombie», signifiant par là qu'en dépit de la baisse de la pratique religieuse,

    Quel est le poids des catholiques dans la société ?

    Il est énorme, mais il s'exerce de façon discrète. Dans le domaine de l'enseignement, par exemple, une famille française sur deux confie son enfant à un moment ou à un autre de son parcours scolaire à l'enseignement catholique. Même quand les motivations des parents ne sont pas d'ordre religieux, et même quand les établissements fréquentés n'ont qu'une faible identité confessionnelle, les élèves ont un contact, le temps de leur scolarité, avec l'univers catholique. Dans le domaine de l'aide sociale, du caritatif et de l'humanitaire, tant en France que pour les missions françaises à l'étranger, si l'on supprimait d'un trait les associations catholiques, ce serait une perte immense, si nombreux sont les catholiques engagés dans ces secteurs. L'éducation chrétienne, en général, prédispose au bénévolat. Rappelons, par exemple, qu'avec 125 000 membres le scoutisme catholique, toutes tendances confondues, est un des principaux mouvements de jeunesse français.

    Et sur le plan politique, que représentent les catholiques ?

    Politiquement, ils sont divisés. Ce n'est pas nouveau, cela date du XIXe siècle. Il existe des catholiques de gauche, du centre et de droite. Mais, au cours des deux dernières décennies, les équilibres se sont modifiés. Nous avons assisté à la quasi-disparition des chrétiens de gauche, emportés par leurs désillusions consécutives à la présidence de François Mitterrand. Puis à la droitisation du curseur chez les catholiques pratiquants, dont les trois quarts ont voté pour Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle de 2012. Mais le peuple catholique n'est pas différent du commun des mortels: ce qui prédomine chez lui, c'est une méfiance à l'égard des partis et des hommes politiques actuels, accusés de se préoccuper d'enjeux politiciens ou d'objectifs à court terme, et non des vrais problèmes qui engagent notre avenir. L'opposition au mariage homosexuel, toutefois, a manifesté une capacité de mobilisation des réseaux catholiques qui a surpris tout le monde, y compris les organisateurs des grandes manifestations de 2012-2013. Cette mobilisation, qui a dépassé les clivages traditionnels, marque l'entrée dans l'arène d'une nouvelle génération catholique qui sait être une minorité agissante.

    Qu'est-ce que le pontificat du pape François change pour les catholiques français ?

    Méfions-nous des fausses oppositions entretenues, non sans arrière-pensées, par le système médiatique. La majorité des forces vives du catholicisme français, que ce soit dans le clergé ou chez les laïcs, n'a eu aucun problème, au contraire, avec les pontificats précédents. Le témoignage public de la foi chrétienne par les processions ou les pèlerinages, pratiques qui sont en plein renouveau, l'exigence de formation religieuse ou d'approfondissement spirituel, qui caractérisent la nouvelle génération, sont des legs de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Mais l'appel à la radicalité évangélique à laquelle invite François n'a rien pour déplaire à cette nouvelle génération.

    Comment se présente l'avenir pour le catholicisme français ?

    Les évolutions démographiques et sociologiques sont lentes mais implacables. A court et moyen terme, nous allons vers une Eglise de France plus resserrée, plus citadine, où les divisions internes n'auront pas disparu mais se seront déplacées. Dans la mesure où le catholicisme populaire a fondu, le risque est celui de l'entre-soi. La contrepartie de cette homogénéité sociale et culturelle, c'est une vraie cohérence et une garantie de durée. Sur le long terme, si l'on considère le dynamisme de ces mouvements, de ces paroisses et de ces communautés, sans parler de leur vitalité intellectuelle et spirituelle, on peut dire que la France catholique n'a pas dit son dernier mot. 

    Jean-Christophe Buisson 

    france catho.jpg

    La France catholique, de Jean Sévillia, Michel Lafon, 29,95 €.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2015/11/02/jean-sevillia-la-france-catholique-n-a-pas-dit-son-dernier-m-5709955.html

  • Premier Forum de la dissidence – première partie

    2015, année radicale, année décisive !
    Polémia invite ses lecteurs à suivre la chronique, en trois parties,
    du
    PREMIER FORUM DE LA DISSIDENCE

    Aujourd’hui, une mise en condition par la présentation d’un décor connu de tous.

    Islamisme, immigration, recul des libertés… prennent un tournant radical. Les solutions le seront aussi !

    La radicalisation migratoire

    2015 marque l’accélération radicale du Grand Remplacement des Européens. La crise migratoire des « réfugiés » confirme la clairvoyance de Jean Raspail avec son Camp des saints : le chaos des « réfugiés » s’est installé en Europe. La répartition autoritaire de ces mêmes « migrants » dans les différents pays d’Europe, à l’initiative de l’Allemagne, démontre que ce Grand Remplacement nous est imposé par l’oligarchie pour le seul profit du patronat.

    La radicalisation islamiste

    2015 est d’abord l’année de la radicalisation islamiste, avec les attentats en France et les succès de l’Etat Islamique en Syrie, renforcé par l’apport de nombreux djihadistes soi-disant « européens ».

    La radicalisation totalitaire

    2015 confirme le caractère de plus en plus carcéral de l’Union européenne (UE).

    En Grèce, un gouvernement démocratiquement élu a été mis à genoux par l’oligarchie financière. La démocratie européenne est née en Grèce : elle vient d’y être enterrée par l’euro.

    La complicité des pouvoirs européens dans l’espionnage de leurs propres populations par les USA, l’adoption par ces pays de législations liberticides au nom de la « lutte contre le terrorisme », le harcèlement judiciaire dont sont victimes dissidents et partis populistes démontrent une chose : l’UE devient une prison-forteresse, mais pour les seuls Européens.

    La radicalisation belliciste

    2015 voit enfin la radicalisation occidentale vis-à-vis de la Russie, conformément à la stratégie américaine suivie servilement par les Européens. Sanctions économiques, manœuvres militaires agressives, assistance militaire à l’Ukraine… La liste des provocations à l’encontre de Moscou ne cesse de s’allonger, risquant de nous précipiter dans le chaos.

    A situation extrême solutions radicales ?

    L’oligarchie et ses chiens de garde médiatiques ne cessent de diaboliser ces Européens qui sont aujourd’hui tentés par « les solutions extrêmes » et les partis populistes.

    Solutions extrêmes ? Oui, à l’image des situations extrêmes qu’ils subissent : chômage, précarité, fiscalité, insécurité, déclin des services publics, préférence étrangère pour l’accès aux prestations sociales et au logement, sentiment de devenir étranger dans son propre pays…

    Les partis populistes ou identitaires deviennent de plus en plus populaires en Europe, parce que de plus en plus d’Européens comprennent que le sursaut passera par des solutions… radicales.

    Polémia (1) 30/10/2015

    http://www.polemia.com/2015-annee-radicale-annee-decisive/

  • Les Mythes de la Seconde Guerre mondiale

    Les-mythes-de-la-seconde-guerre-mondiale

    Tant de livres sont déjà parus sur la Seconde Guerre mondiale. Tout n’a-t-il pas déjà été dit ou écrit ? L’équipe de spécialistes de ce conflit réunie sous la houlette de Jean Lopez, directeur de la rédaction de Guerres & Histoire, et Olivier Wieviorka, membre de l’Institut universitaire de France, a entrepris l’apparente gageure de prouver le contraire et de tordre le cou à quelques idées reçues concernant cette guerre et ses belligérants.

    Vingt-trois mythes, souvent fruits de la propagande, soit de l’Axe, soit des Alliés, passent ainsi à la moulinette. Chaque auteur prend soin de séparer le vrai du faux, loin de tout manichéisme.

    Non, les Britanniques n’étaient pas unanimement derrière Churchill avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Winston Churchill fut un temps la bête noire de l’establishment. Il devint Premier ministre par défaut. Au début du conflit, la presse anglaise tira à boulets rouges sur son gouvernement. Ce sont ses talents oratoires qui lui permirent dans un premier temps de gagner la confiance des Anglais. Et malgré son image de vainqueur, Churchill n’a plus le soutien de l’opinion publique lorsque viennent les élections de juillet 1945 qui l’écartent du pouvoir.

    Non, les cheminots français n’étaient pas majoritairement engagés dans la Résistance. L’engagement résistant fut essentiellement individuel. Le 27 décembre 1944, un ingénieur de la SNCF, Louis Armand, déclare en préfecture Résistance-Fer présenté à partir de 1947 comme un réseau « action » qui aurait regroupé les cheminots résistants sous le commandement de ce Louis Armand, ce qui fut largement dénoncé par les résistants cheminots eux mêmes mais continua de constituer un mythe entretenu par le film La Bataille du rail.

    L’armée italienne était-elle aussi mauvaise qu’on le croit ? Ce stéréotype négatif repose sur un fond de vérité qui s’inscrit dans une série de désastres militaires subis par l’armée italienne depuis 1848. Mais l’armée italienne connut aussi ses heures de gloire et de sacrifice durant cette Seconde Guerre mondiale. Les alpini se sont notamment illustrés lors de la retraite du Don en janvier 1943, se sacrifiant pour permettre l’évacuation du reste du contingent italo-allemand. 

    Ce n’est là qu’un bref aperçu de l’intérêt de ce livre et de la variété des sujets qu’il aborde. 

    Les Mythes de la Seconde Guerre mondiale, sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviorka, éditions Perrin, 441 pages, 21 euros

    A commander en ligne sur le site de l’éditeur

    http://www.medias-presse.info/les-mythes-de-la-seconde-guerre-mondiale/42391

  • Conférence Dextra : vendredi 6 novembre « Comment peut-on être de gauche ? »

     
    Chers amis,
    Nous aurons la joie et l'honneur de recevoir ce vendredi Adrien Abauzit qui nous entretiendra de :
     
    "Comment peut-on être de gauche ?"
     
    Adrien Abauzit est un jeune avocat, écrivain notamment 
    de "Né en 1984, Abécédaire pour une jeunesse déracinée".
    Il intervient sur de nombreux médias dissidents, tels que :
    Boulevard Voltaire, Agence Info Libre, La Gauche m'a tuer...
     
    Nous vous attendons nombreux et ponctuel pour cette conférence qui s'annonce très intéressante. 
     
    Nous vous rappellons que les adhésions sont à nouveau disponible au tarif de 20€ pour les chômeurs et étudiants, 40€ pour les pros.
     
    N'hésitez pas à partager l’événement !
     
    À vendredi !

  • Les différences entre les races existent !

    Affirmer aujourd’hui que les races existent c’est s’exposer aux foudres du politiquement correct et à l’intolérance.
    C’est ce qui arriva à Eric Zemmour lorsque, le 13 novembre 2008 sur la chaîne Arte dans un débat intitulé « Tous métis », il déclara : « Les races existent » et elles sont reconnaissables « à la couleur de la peau ».
    Un an plus tôt, c’est le Prix Nobel James Watson qui fut mis à la retraite à la suite de propos jugés scandaleux. Le 14 octobre 2007, dans les colonnes du Sunday Times, le découvreur de la double hélice de l’ADN exposa qu’il était « fondamentalement pessimiste quant à l'avenir de l'Afrique » parce que « toutes nos politiques d'aide sont fondées sur le fait que leur intelligence [celle des Africains] est la même que la nôtre [Occidentaux, ndlr] alors que tous les tests disent que ce n'est pas vraiment le cas ». 
    Pourtant l’existence ou la non-existence des races et l’éventualité ou non de différences substantielles entre elles ne relèvent pas du jugement de valeurs mais du jugement de faits. Or, dans la logique de la pensée européenne un jugement de fait peut être dit vrai ou faux s’il est possible de l’exposer et de le discuter librement. En histoire, en sociologie, en biologie, en médecine, il n’est pas de vérité révélée, il n’existe, d’un point de vue scientifique en tout cas, que des affirmations contestables et révisables.
    Ainsi d’un point de vue scientifique il est possible d’affirmer que les races n’existent pas et/ou qu’il n’y a pas de différences entre elles mais à condition d’admettre que des arguments puissent être librement présentés pour défendre la thèse adverse.
    C’est justement ce qu’ont fait J. Philippe Rushton et Arthur R. Jensen dans une étude intitulée : « La très dérangeante vérité de James Watson: réalisme racial et illusion moraliste ». Cet article est paru dans le numéro 71 de la très grande revue scientifique (Elsiever) Medical Hypotheses. Il n’est pas indifférent de noter que c’est une revue médicale qui a publié cet article iconoclaste : car, sauf à prendre le risque de ne pas adopter des traitements optimaux, les médecins sont souvent tenus de prendre en compte les origines raciales de leurs patients.
    Un correspondant de Polémia a bien voulu traduire cet article. En voici l’Introduction, qui en reprend les principales conclusions. L’ensemble de l’article traduit est aussi disponible en PDF.(voir en fin d'article).
    Polémia.
    La très dérangeante vérité de James Watson: réalisme racial et illusion moraliste 
    (Introduction de l’article ; les intertitres sont de Polémia)
      Lorsque l’un des plus grands biologistes du 20èm siecle, le prix Nobel James Watson, a déclaré  que les sujets d’origine africaine ont de moins bons résultats aux tests d’intelligence que les Européens et  les Asiatiques de l’est, il a été condamné par les médias et une part de l’élite scientifique et contraint à  abandonner son poste de président du laboratoire de Cold Spring Harbor [9,34].
    Un traitement indigne du point de vue scientifique
    Le traitement infligé à  Watson est d’autant plus énorme que, du point de vue des faits scientiques, plus d’un siècle et demi de  preuves corroborent son affirmation. De plus, de nouvelles données et analyses viennent régulièrement  appuyer  ces  résultats  dans  les  grands  journaux  à  comité  de  lecture  des  disciplines  scientifiques  concernées. Les données allant en sens contraire sont extrèmement pauvres. L’essentiel de l’opposition à  l’hypothèse génétique se limite à des considérations moralistantes et, pire, à la création d’une atmosphère  coercitive et menaçante incompatible avec la liberté universitaire, la liberté d’enquête et les libertés civiles  d’une  société  véritablement  démocratique.  Il  y  a  un écart énorme entre les tenants et gardiens du  politiquement correct et les véritables experts des sciences du comportement. Le cas de Watson n’est pas unique. Il n’est que le dernier d’une longue série d’universitaires qui  ont été cloués au pilori et diffamés (détails dans l’article de Hunt [20]). Ce sont en particulier le prix Nobel  William Shockley, Hans Eysenck, Linda Gottfredson, Richard Lynn, Richard Herrnstein, Charles Murray,  Christopher Brand, Glayde Whitney, Helmuth Nyborg, et Tatu Vanhanen. Les auteurs du présent article  ont eux aussi dû supporter leur lot d’attaques.
    Le tabou de la race
    Le tabou de la race deviendra certainement un sujet majeur  de recherche pour les sociologues de la connaissance : il n’y a pas d’équivalent dans l’histoire de la  science.  Exemple  sans  équivalent,  ce  tabou  est  imposé,  principalement  par  autocensure,  par  les  membres de l’intelligentsia occidentale dans leurs propres universités, qui s’enorgueillissent pourtant  d’une tradition de liberté de pensée, d’ouverture d’esprit et d’absence d’obstacles à la découverte, à la  systématisation et à la poursuite de la connaissance et à sa dissémination dans le grand public.     Malgré les inquiétants effets que nous venons de décrire, nous (et d’autres) avons persévéré  notamment en raison de la grande importance de ce sujet, des données passionnantes qu’il apporte et  des questions théoriques qu’il soulève [21]. L’un d’entre nous (JPR) est allé en Afrique du Sud pour  recueillir  de  nouvelles  données  de  QI  chez  des  étudiants  noirs  hautement  sélectionnés  dans  la prestigieuse université du Witwatersrand à Johannesburg. Ces données ont conduit à la publication de  sept études et montrent que le QI médian de ces étudiants est de 84 (extrèmes 77-103). Si on suppose  que, comme c’est le cas général pour les étudiants, ceux des universités africaines ont un QI supérieur  d’un écart type (soit 15 points de QI) à la moyenne de leur population, un QI médian de 84 correspond à  une moyenne (très basse) de 70 dans la population générale [48].    Beaucoup  de  gens  considèrent  l’hypothèse  d’un  lien  entre  race  et  QI  comme  extrèmement  provocante, et il est donc essentiel d’examiner à fond toutes les données pertinentes. C’est ce que nous  avons fait dans notre revue de 60 pages « Thirty Years of Research on Race Differences in Cognitive  Ability » (Trente ans de recherche sur les différences raciales entre les capacités cognitives), qui a été  publiée en article principal dans le numéro de juin 2005 de Psychology, Public Policy, and Law, un journal  de l’American Psychological Association [51]. Dans le présent article, nous résumons et actualisons ces  résultats (avec davantage de détails statistiques et de références).
    La génétique explique de 50 à 80% des différences d’intelligence
    Encore une fois, la grande majorité  des données tend à montrer que la génétique contribue pour une part de 50 à 80 % aux différences entre  groupes raciaux en ce qui concerne l’intelligence, la taille du cerveau et d’autres paramètres de « l’histoire  de vie ». On trouvera chez Bartholomew [1] une bonne introduction aux questions évoquées.Sur la base des 10 catégories de recherche dont la liste est donnée ci-après, nous avons conclu  que la différence moyenne de 15 points entre les QI des Noirs et des Blancs aux Etats-Unis est à 80 %  environ  d’origine  héréditaire,  et  que  la  différence  de  30  points  entre  Africains  et  non-Africains  est  héréditaire à environ 50 % (le reste étant en grande partie attribuable aux différences culturelles et  nutritionnelles). Les données démontrent que :
    (1) le QI moyen à travers le monde est de 106 pour les Asiatiques de l’est (Extrème-Orientaux), de 100 pour les Blancs, de 85 pour les Noirs américains, et de 70  pour les Africains subsahariens ; (2) les différences raciales sont maximales sur les sous-tests les plus  pondérés en g (facteur général de capacité mentale, ou première composante principale » ; il mesure le  « principe actif » dans les tests d’intelligence) ; (3) les différences raciales sont les plus nettes sur les sous-tests de QI dont les résultats dépendent le plus de l’hérédité ;(4) les différences raciales de volume  cérébral sont parallèles aux différences de QI ;(5) les métis ont en moyenne un QI intermédiaire entre ceux de leurs deux populations parentales ; (6) les études sur les adoptions trans-raciales montrent que  les enfants noirs, métis et est-asiatiques élevés par des parents blancs ont un QI plus proche de la  moyenne de ceux de leurs parents biologiques que de la moyenne chez les Blancs ;(7) on observe chez  la descendance et la fratrie des sujets une régression vers le QI moyen de leur race ;(8) les races sont  systématiquement différentes, et dans le même ordre, sur 60 traits qui décrivent « l’histoire de vie » ;(9)  les différences raciales de QI sont conformes aux dernières données sur l’origine de l’espèce humaine (le  modèle « out of Africa ») ;(10), enfin, les explications par l’environnement des différences raciales de QI ont été testées et ont régulièrement fait la preuve de leur inadéquation.  
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    La très dérangeante vérité de James Watson: réalisme racial et illusion moraliste

    http://archives.polemia.com/article.php?id=2091