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culture et histoire - Page 1263

  • José Antonio et le national-syndicalisme, 50 ans après

    Le 29 octobre 1933, deux mois après la chute du gouvernement de centre-gauche de Manuel Azana, trois jeunes gens organisaient au Théâtre de la Comédie de Madrid un meeting qualifié vaguement d’« affirmation nationale » : un héros de l'aviation, Julio Ruiz de Aida, un professeur de droit civil, Alfonso Garcia Valdecasas, et un jeune aristocrate, espoir du Barreau madrilène, José Antonio Primo de Rivera. L'histoire devait retenir cette réunion, retransmise par radio mais passée pratiquement inaperçue dans la presse, comme acte de fondation de la Phalange espagnole.

    Justice et Patrie

    Lorsque les trois orateurs montent à la tribune, près de 2.000 personnes se pressent dans la salle. Militaires, monarchistes, traditionalistes, républicains-conservateurs, syndicalistes-révolutionnaires, étudiants et simples curieux composent un public aussi hétéroclite qu'enthousiaste. Pour le dernier orateur, l’expectative est à son comble. Pâle, un peu crispé, celui que l’Espagne entière appellera bientôt “José Antonio” s’avance vers l’estrade. Déjà, la chaude parole du jeune tribun pénètre incandescente dans les esprits et capte irrésistiblement l’émotion de l’auditoire. Le philosophe Unamuno se dira impressionné par la hauteur poétique et la radicale nouveauté du discours. En quelques mots, le futur leader de la Phalange présente son mouvement. Il s'agit — dit-il — d’un « anti-parti », « ni de droite ni de gauche », au-dessus des intérêts de groupe et de classe », ses moyens et ses fins seront avant tout : le respect des valeurs éternelles de la personne humaine ; l’irrévocable unité du destin de l’Espagne ; la lutte contre le séparatisme ; la participation du peuple au pouvoir — non plus au moyen des partis politiques, instruments de désunion de la communauté mais au travers des entités naturelles que sont la famille, la commune et le syndicat ; la défense du travail de tous et pour tous ; le respect de l’esprit religieux mais la distinction de l’Église et de l’État ; la restitution à l’Espagne du sens universel de sa culture et de son histoire ; la violence, s'il le faut, mais après avoir épuisé tous les autres moyens car « il n'y a pas d'autre dialectique admissible que celle des poings et des revolvers quand on porte atteinte à la Justice et à la Patrie ». Enfin, une nouvelle manière d’être : « il faut adopter devant la vie entière l'esprit de service et de sacrifice, le sens ascétique et militaire de la vie ». Il conclut sous les ovations : « le drapeau est levé. Nous allons maintenant le défendre avec poésie et gaieté ».

    Rejetée par la droite pour sa conception avancée de la justice sociale et combattue par la gauche pour son respect de la tradition et sa vision chrétienne du monde, la Phalange de José Antonio allait connaître une vie aussi courte qu’agitée. Son histoire se confond dans une large mesure avec celle de son fondateur, dont le destin tragique — il fut exécuté à l'âge de 33 ans — apparaît empreint d'une profonde solitude de son vivant comme après sa mort

    Une famille de militaires et de propriétaires ruraux

    José Antonio naît à Madrid le 24 avril 1903, dans une famille de militaires et de propriétaires ruraux. Fils du Général Primo de Rivera, Marquis d’Estella et Grand d’Espagne — qui sera investi de pouvoirs dictatoriaux par le Roi Alphonse XIII de 1923 à 1930 — il est l’aîné de six enfants. Sa prime jeunesse se passe à Algeciras, ville andalouse dont était originaire son père. En 1923, à peine sorti de la faculté de droit, José Antonio s’inscrit au barreau de la capitale. Il se consacre entièrement à sa profession d’avocat qu’il exerce brillamment et pour laquelle il éprouve une véritable passion. La politique ne s'emparera d'abord de lui que pour des raisons familiales.

    En 1930, le Général Miguel Primo de Rivera meurt dans un modeste hôtel de Paris où il vivait en exil depuis la chute de son régime. Alors commence l'activité politique de José Antonio, centrée presque exclusivement, en ce début, sur la défense de la mémoire de son père. Il mène cette entreprise avec véhémence, ce qui ne l'empêche pas de reconnaître honnêtement les erreurs de la dictature. Il adhère d'abord à l'Union monarchique dont il sera quelques mois le secrétaire général adjoint. Peu de temps après, il se présente comme candidat au Parlement. Malgré ses 28.000 voix, il est battu. Les élections dégagent une majorité de centre-gauche. José Antonio ne tarde pas à perdre ses illusions sur la monarchie qu'il qualifie « d'institution glorieusement défunte ». Parallèlement, il complète et approfondit sa culture politique. Jusque là, il avait surtout fréquenté les auteurs classiques et les traités de philosophie du droit. Il se plonge désormais dans la lecture de Lénine, Marx, SpenglerSorel, Laski, et surtout des Espagnols Unamuno et Ortega y Gasset.

    1933 est une année clef dans la vie de José Antonio. Avec la fondation de la Phalange, il entre définitivement dans l'arène politique. À peine né, son mouvement se lance dans la bataille électorale. Le 19 novembre 1934, il compte deux élus : José Antonio et Moreno Herrera. Aux Cortès, José Antonio exerce une véritable fascination. Ses discours, imprégnés d'un profond mysticisme et d'un souffle prophétique font chanter les imaginations. Il s'affirme comme un poète de la politique. De la Phalange, il dit : « ce n'est pas une manière de penser, c'est une manière d'être ». Voici, d'après les souvenirs de l'Ambassadeur des États-Unis, Bowers, comment José Antonio apparaissait à ceux qui l'approchaient : « … il était jeune et extrêmement séduisant. Je revois sa chevelure noire comme le jais, son visage mince et olivâtre. Il était courtois, modeste, plein de prévenances… C'était un héros de roman de cape et d'épée. Je le reverrai toujours tel que je le vis pour la première fois, grand, jeune, aimable et souriant, dans une villa de Saint Sébastien ».

    Phalange et JONS

    En février 1934, la Phalange fusionne avec un autre groupe, créé en 1931 à l'initiative de deux jeunes intellectuels, Ramiro Ledesma Ramos et Onesimo Redondo : les JONS. Le mouvement prend son nom définitif de Falange Espahola de las Juntas de Ofensiva Nacionalsindicalista (FE de las JONS). Le nouveau parti adopte le drapeau anarchiste rouge et noir, frappé de cinq flèches croisées (blason d’Isabelle Ière de Castille) et d'un joug (blason de Ferdinand V d'Aragon). La fusion de ces deux emblèmes symbolise l'unité espagnole, née de l'union des couronnes d'Aragon et de Castille.

    Le 5 octobre 1934, le premier Conseil National du mouvement élit José Antonio Chef National à une voix de majorité. À 31 ans, encore en pleine jeunesse, il ignore qu'au terme de deux années, parmi les plus fébriles de l'histoire d'Espagne, le sceau de la mort paraphera son message.

    En 1935, ses préoccupations sociales s’affirment plus nettement. L’idéologie restera toujours à l'état d'esquisse. Mais on y trouve des lignes de force et des analyses à valeur d’orientation. L’une des idées majeures de José Antonio s'exprime en deux mots : unité nationale. Patriote, plus que nationaliste, il s’oppose à toute forme de séparatisme. Mais c'est la justice sociale qui seule peut faire cette unité nationale. Seule, elle peut constituer la “base” sur laquelle « les peuples retourneront à la suprématie du spirituel ». La Patrie — déclare José Antonio — est une unité totale, où s'intègrent tous les individus et toutes les classes. Elle ne peut être le privilège de la classe la plus forte, ni du parti le mieux organisé. La Patrie est une unité transcendante, une synthèse indivisible, qui a des fins propres à accomplir ». Partant de cette prémisse, son programme propose : la défense de la propriété individuelle mais après la nationalisation des banques et des services publics, l'attribution aux Syndicats de la plus-value du travail, la réforme agraire en profondeur et la formation de patrimoines communaux collectifs. Il faut — dit-il — « substituer au capitalisme la propriété familiale, communale et syndicale ». Traité de “national-bolchévik”, José Antonio riposte en dénonçant le “bolchévisme des privilégiés” : « … est bolchevik celui qui aspire à obtenir des avantages matériels pour lui et pour les siens, quoi qu'il arrive ; est antibolchevik, celui qui est prêt à se priver de jouissances matérielles pour défendre des valeurs d'ordre spirituel ». La Phalange s'explique donc par la volonté de renvoyer dos à dos la gauche et la droite et de réaliser une synthèse de la révolution et de la tradition.

    Prolégomènes de la guerre civile

    En décembre 1935, les Cortès sont dissoutes, à l'issue de la septième crise ministérielle de l'année. En vain, José Antonio tente de rompre l’isolement de son mouvement. Des envoyés phalangistes discutent à plusieurs reprises avec le leader syndicaliste-révolutionnaire Angel Pestana. D'autres entrent en contact avec Juan Negrin, un des principaux représentants de la fraction non-marxiste du parti socialiste. Mais ces négociations répétées n'aboutissent à aucun accord. À la veille des élections de février 1936, obsédé par l'éventualité d'une seconde révolution socialo-marxiste — après la tentative manquée d'octobre 1934 — José Antonio suggère la création d'un large front national. Proposition sans lendemain ! L’échec des pourparlers — cette fois avec des dirigeants de droite — laisse la Phalange en dehors du Bloc national, coalition comprenant les conservateurs-républicains, les démocrates-chrétiens, les monarchistes, les traditionalistes carlistes, les agrariens et les divers modérés de droite. Cinq mois plus tard, ce Bloc national constituera l'essentiel des forces civiles qui soutiendront le soulèvement militaire.

    Aux élections, la gauche reprend l'avantage. Le Front populaire s'installe au pouvoir sous la direction de Manuel Azana. Pour la Phalange, le scrutin a été un désastre. Paradoxalement, le mouvement enregistre un afflux extraordinaire d'adhésions. Il ne comptait que 15.000 adhérents début 1936, pour la plupart étudiants et employés, il en aura 500.000 à la fin de Tannée. Jusqu'alors les militants de la Phalange se recrutaient à droite comme à gauche. À l'inverse au lendemain de la victoire du Front populaire, les nouveaux venus proviennent presque exclusivement des partis de droite.

    Dès son arrivée au pouvoir, le Front populaire ordonne la clôture de tous les centres de la Phalange et l’interdiction de ses publications. Le 14 mars, José Antonio est incarcéré en même temps que la quasi totalité des membres du Comité exécutif et près de 2.000 militants. Il ne recouvrera plus jamais la liberté. Le jour même de sa détention, José Antonio déclare : « aujourd'hui, deux conceptions totales du monde s’affrontent. Celle qui vaincra interrompra définitivement l'alternance. Ou la conception spirituelle, occidentale, chrétienne, espagnole, avec ce qu'elle suppose de sacrifice, mais aussi de dignité individuelle et politique, vaincra, ou vaincra la conception matérialiste, russe, de l’existence… ».

    Héritière de structures incompatibles avec la démocratie libérale, se heurtant à l’hostilité et à la frénésie révolutionnaire de la gauche, survenant enfin en pleine crise mondiale du libéralisme, la Seconde République espagnole s’achemine irrémédiablement vers le désastre. Dans la phase finale, le désordre public, véritable plaie du régime, prend des proportions alarmantes. De février à juin 1936, on ne compte pas moins de 269 morts et 1.287 blessés. Atterré, le leader socialiste Prieto commente : « Nous vivons déjà une intense guerre civile ».

    À droite, les complots se multiplient. Averti du soulèvement national qui se prépare, le chef de la Phalange donne son accord définitif aux militaires à la fin du mois de juin. Dans l’esprit de José Antonio, le soulèvement — auquel il n’accepte de collaborer qu’à la dernière heure — est l'ultime recours pour stopper l’autodestruction de la société espagnole. À tort, il croit que la majeure partie de l’armée se soulèvera et que le reste suivra peu de temps après. Cette illusion explique son attitude ultérieure. Lorsque le putsch s’avérera inefficace, son angoisse, sa préoccupation essentielle sera d’éviter la guerre civile. Pour cela, de sa prison, il essaiera désespérément de persuader les belligérants de négocier par tous les moyens : comme en ont témoigné les ministres du Front Populaire Prieto et Echevarria.

    Le 13 juillet 1936, Calvo Sotelo, chef de l’opposition, est enlevé sur ordre du gouvernement puis assassiné. La découverte de son cadavre met le feu aux poudres. Le 18 juillet, l'armée du Maroc, commandée par le Général Franco, se soulève. La guerre civile commence. Elle ne s’achèvera que le 1er avril 1939.

    Dès le début du conflit, la Phalange paie le prix du sang. En l’espace de quelques mois, 60% de ses dirigeants sont tués : tombés dans des embuscades ou assassinés en prison. Condamné à mort par un “tribunal populaire”, José Antonio est fusillé le 20 novembre, malgré l’intervention de plusieurs diplomates étrangers et duForeign Office britannique. En pleine tourmente, la Phalange se retrouve décapitée. Trop peu nombreux, les quelques cadres rescapés s’avèrent incapables d’assimiler l’énorme avalanche de reçues.

    Franco met la Phalange au pas

    Cinq mois plus tard, le Conseil national, soucieux de bien marquer son indépendance à l’égard des militaires, décide d'élire Manuel Hedilla second chef national. Mais il est alors trop tard : l’État Major et Franco ne l’entendent pas ainsi ! Le lendemain, 19 avril 1937, Franco annonce la fusion de tous les partis politiques insurgés contre le Front populaireet la création d’un nouveau mouvement : la Phalange Traditionaliste. Beaucoup de phalangistes accepteront le fait accompli, d'autres résisteront. Manuel Hedilla, estimant que cette unification forcée revient à faire perdre toute autonomie à la Phalange et “neutralise” son idéal social et révolutionnaire, refuse de s’incliner. La réaction est immédiate. Accusé de rébellion, déféré devant un tribunal, le second chef de la Phalange sera condamné à mort, condamnation commuée par la suite en détention de 1937 à 1946.

    Après l’éviction de Manuel Hedilla, une Phalange “proscrite”, dissidente et plus ou moins clandestine s'organise en marge du régime. Elle ne cesse de dénoncer la “récupération” et la “trahison” de Franco mais son action politique demeure très limitée. La Phalange Traditionaliste, appelée bientôt Movimiento, reprend les mots d’ordre du phalangisme originel en les dépouillant progressivement de leur contenu. Très vite, le Caudillo comprend le parti qu'il peut tirer de l’instauration d’un culte voué à José Antonio. Il exalte son exemple et son sacrifice, élimine de sa doctrine les sujets dangereux et mène l’Espagne par des chemins fort différents de ceux que José Antonio voulait emprunter. Encore tout récemment, le beau-frère du Caudillo, Ramón Serrano Súñer, ministre de 1938 à 1942, déclarait sans détours, « Franco et José Antonio n'avaient ni sympathie ni estime l’un pour l’autre… Ils se trouvaient dans des mondes très éloignés par leurs mentalités, leurs sensibilités et leurs idéologies… Il n'y eut jamais de dialogue politique, ni d'accord entre les deux ! » [extrait, cité dans Le Monde, 1983, d'un entretien av. A. Imatz, in : Écrits de Paris n°463, déc. 1985].

    La mort du Caudillo, en 1975, allait sonner le glas du Movimiento (non point de la Phalangecar la référence à celle-ci avait déjà été supprimée par la loi organique de l’État du 14 décembre 1966), dont la plupart des représentants devaient se rallier rapidement au nouveau régime mis en place sous la conduite du Roi Juan Carlos et de son Premier ministre, ex-secrétaire général du Movimiento, Adolfo Suárez.

    Pendant près de 40 ans, les personnalités les plus diverses affirmèrent leur foi phalangiste ou rendirent hommage aux vertus du “Fondateur”. Manuel Fraga Iribarne, leader de l’opposition conservatrice, écrivait : « La postérité verra en José Antonio (…) le premier homme politique de l’Espagne contemporaine » (1961). Joaquim Ruiz-Gimenez, principal responsable des catholiques de gauche, exaltait « l’élégance de son esprit [et] la noblesse de son âme » (1961). Eduardo Sotillos, porte-parole du gouvernement socialiste, citait abondamment José Antonio dans une apologie de la révolution nationale-syndicaliste (Ariel, 1963) et ses propos élogieux n’auraient sans doute pas été démentis par le ministre socialiste de l'Intérieur, José Barrionuevo, alors haut responsable du Movimiento.

    On comprend que l'historiographie post-franquiste hésite encore entre le silence, la polémique ou la condamnation d'ensemble lorsqu'elle aborde l'étude d'un passé aussi embarrassant. Gageons cependant que les interprétations-schématisations qui prédominent aujourd'hui, ne tarderont pas à lasser. Jean Jaurès, dont le talentueux esprit jette parfois de soudaines clartés, déclarait en 1903 au Parlement, dans une formule suggestive que les historiens de la Phalange devraient méditer : « Pour juger le passé, il aurait fallu y vivre ; pour le condamner, il faudrait ne rien lui devoir ».

    ► Frédéric Meyer, Orientations n°3, 1982.

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    ♦ Pour prolonger :

    • Anthologie de textes

    • émission MZ n°55 : “L'héritage de la Phalange

    • Présence de José Antonio, Olivier Grimaldi, Déterna, 2006

    • José Antonio, chef et martyr, Gilles Mauger, Nouvelle éditions latines, 1955

    • La Réponse de l'Espagne, José Antonio Primo de Rivera, éd. du Trident, 2003

    • Face au soleil, l'Espagne de José Antonio, Jean Marot, La Librairie française, 1960

    • Face à face : José Antonio face au tribunal populaire, éd. de L'Homme Libre, 2005

    • Totalité n°13 - La Phalange espagnole : une voie solaire : Entre tradition et révolution (G. Gondinet) — JA Primo de Rivera : le fondateur de la Phalange (A. Medrano) — La Phalange Espagnole : une voie solaire (AM) — Le joug et les flèches (AM) — Une chanson du soleil (AM) — Le drapeau de la Phalange (AM) — R. Ledesma Ramos : le créateur du national-syndicalisme (AM) — Rafaël Sanchez Mozos : le doctrinaire oublié (AM) — Éthique et style de la Phalange selon José Antonio (J. de Calatrava) — José Antonio et le national-syndicalisme (F. Meyer) — Capital et propriété privée : À propos d'un fragment de José Antonio (R. de Bazelaire)

    • Totalité n°14 : La vocation poétique de la Phalange espagnole : [à venir]

    • Discours de José Antonio Primo de Rivera du 29 décembre 1933

    http://www.archiveseroe.eu/recent/10

  • Comment oublier Halloween avec Chrétien de Troyes

    Oublions Halloween sans même polémiquer avec la Bête…

    Je reprends un sujet qui nous tient à cœur, celui du Graal, qui montrait au Moyen âge le mystère fragile de la civilisation française. Nous en sommes loin mais ce n’est pas une raison pour ne pas rappeler un aspect méconnu de l’œuvre de Chrétien de Troyes : son noble hellénisme.

    Cligès est un splendide roman ignoré. Il tente de réconcilier l’orient byzantin et l’occident après le schisme en montrant la grande unité culturelle de la civilisation européenne. Dès le début Chrétien nous donne ses sources. Car tout le monde enfin oublie de qui Chrétien se réclame : « Celui qui traita d’Erec et Enide, mit les commandements d’Ovide et l’Art d’aimer en français, fit le Morsure de l’épaule, traita du roi Marc et d’Yseult la Blonde… se remet à un nouveau conte, d’un jeune homme qui vivait en Grèce et qui vivait sous le règne du roi Arthur ».

    Chrétien, venu à la cour de l’empereur Barberousse vers 1180, y avait rencontré l’ambassadeur byzantin. Les chansons de geste byzantines étaient proches des nôtres, et Chrétien explique les liens entre cette littérature et nos prédécesseurs.

    Voici ce que nous ont appris nos livres ; la Grèce fut, en chevalerie et en savoir, renommée la première, puis la vaillance vint à Rome avec la somme de la science, qui maintenant est venue en France.

    La France avait pris un relais de vaillance et de science. Tout cela s’est fait par une transmission monastique des textes venus des grands auteurs grecs, d’Ovide et de Virgile. Au Moyen âge on fait aussi des « remakes » et des copies bien mimétiques ; ainsi Eneas, ainsi Troie, ainsi Alexandre. Et l’on comprend alors l’omniprésence de l’alchimie grecque dans nos textes bien étudiés par Fulcanelli.

    Edmond Faral publia en 1913 un livre magnifique sur Les sources latines et grecques de nos romans de chevalerie. On peut le lire sur archive.org. Il explique que ces sources ont été négligées et que ce n’est hélas pas fortuit.

    Il donne même les raisons de cet oubli : le préjugé de la Renaissance qui voit l’opinion publique rendue inculte par son école considérer le Moyen âge comme une ère de Zabulon et le seizième siècle de notre bonne vieille Renaissance comme l’âge de la perfection ultime. Or Victor Hugo souligne au début de Notre-Dame l’effondrement (sic) de l’architecture à la Renaissance.

    Edmond Faral :

    Affirmer que les romanciers du XIIème siècle étaient nourris de la lecture de Virgile, d’Ovide et de la plupart des bons poètes de l’ancienne Rome, c’est s’en prendre, à coup sûr, quoique indirectement, aux théories qui expliquent la Renaissance poétique française du XVIème siècle par la découverte de l’Antiquité.

    Le moyen âge a connu l’Antiquité beaucoup mieux qu’on ne le dit d’ordinaire et, au moins sur la poésie des Latins, on n’était guère moins bien renseigné en 1150 qu’en 1550.

    Nous évoquerons avec plaisir les sources celtiques chez Chrétien de Troyes ; mais passé leur Halloween…

    Nicolas Bonnal

    source : Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuuVZVlVFyEbrWLFpu.shtml

  • Premier forum de la dissidence organisé par la Fondation Polémia

    polémia.jpg

    La Fondation Polemia organise le 1er forum de la dissidence.

    Avec Béatrice Bourges, Renaud Camus, Philippe Christelle, Gabrielle Cluzel, Michel Geoffroy, Thibaud Gibelin, Jean-Yves Le Gallou, Robert Ménard, Charlotte d'Ornélas, Damien Rieu, Gabriel Robin et Julien Rochedy.

    Sous le patronage des dissidents Jean Raspail, Edward Snowden et Alexandre Soljenitsyne

    Avec des représentants de la #Génération2013

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Neandertal a-t-il contrôlé les flux migratoires en Europe pendant 40 000 ans ?

    La découverte de dents humaines dans une grotte chinoise a obligé les scientifiques à reconsidérer les relations de l’homme moderne avec son plus proche parent dans l'évolution, l'homme de Néandertal. Cette découverte, publiée dans la revue scientifique Nature, montre que les hommes modernes doivent avoir quitté leur patrie africaine et atteint le sud de la Chine il ya plus de 80.000 ans. 

    Cette ancienneté inattendue contraste avec l'arrivée beaucoup plus récente de nos ancêtres en Europe - il ya environ 45.000 ans - et laisse penser que l'Homo sapiens a été repoussé de nos régions pendant 35 000 ans. Un membre de l'équipe qui a fait cette découverte, l’anthropologue María Martinón-Torres, de l'University College de Londres, a une conviction : elle accuse l'homme de Néandertal.

    "L'Homo sapiens est né en Afrique. Il a émergé de ce continent ya environ 100.000 ans et a essaimé vers l'est avec apparemment peu de résistance de la part des autres espèces d'hominidés qu'il rencontrait. Mais quand il s’est dirigé vers le nord, ils a atteint le Moyen-Orient et rencontré l’homme de Néandertal à la limite sud de son territoire européen. Et là, la diffusion de nos ancêtres a été stoppée. Apparemment, l'Europe était trop petite pour eux et nous ".

    « Les Néandertaliens étaient des chasseurs expérimentés et des cueilleurs doués. Ils étaient installés en Europe depuis des centaines de milliers d'années. Ils ont donc été en mesure de nous empêcher d’accéder à la pointe de l'Europe pendant 40.000 ans », ajoute Martinón-Torres. "Il ne s’est pas agi de confrontation physique. La question était plutôt de savoir qui était le mieux à même d'exploiter les ressources. Ils avaient beaucoup plus d'expérience des conditions climatiques rigoureuse, plus froides qui étaient celles de l’Europe. Je pense que nous les avons sous-estimés.Ce n’était pas des hommes des cavernes ignorants et poussant des grognements. Ils étaient nos égaux. "

    La découverte des 47 dents trouvées dans la grotte Fuyan, dans le Daoxian, au sud de la Chine - a été faite par une équipe dirigée par M. Wu Liu, de l'Académie chinoise des sciences de Pékin. Les dents étaient en dessous de roches sur lesquelles des stalagmites s’étaient développés. Les analyses indiquent que les stalagmites sont âgés d'au moins 80.000 ans, et la couche qui est dessous doit donc être plus âgée.

    Les dents sont composées de la dentine et de l'émail qui est le tissu le plus résistant de l'organisme. En conséquence, les dents sont souvent préservées dans les sites préhistoriques alors que d'autres parties du corps se sont décomposées sans laisser de traces. En fait, les dents pourraient avoir jusqu'à 125.000 ans, affirment les chercheurs. Néanmoins, elles ressemblent beaucoup à celles des Européens modernes. "Les dents de Fuyan indiquent que les humains modernes étaient présents dans le sud de la Chine entre 30.000 à 60.000 ans plus tôt que dans la partie orientale de la Méditerranée et de l'Europe," affirme l’ archéologue Robin Dennell dans un article de commentaire sur cette découverte. La différence de chronologie est impressionnante. On pensait que les humains modernes avaient quitté leur patrie africaine il ya environ 60.000 à 70.000 années, pour finalement atteindre l'Europe il ya environ 45.000 ans, période à laquelle les scientifiques ont établi la présence de l'Homo sapiens dans nos régions. Ils auraient ensuite mis encore 15 000 à 25 000 ans pour compléter leur conquête de l'Europe. Or, la découverte montre que la date réelle est beaucoup plus ancienne et que les humains modernes ont dû attendre entre 40.000 et 50.000 ans avant d'arriver en Europe.

    Par contre, la progression de l'humanité moderne vers l'est a été étonnamment rapide. Mais pas tous les scientifiques n’accusent pas les Néandertaliens d’avoir bloqué notre progression en Europe. "Il est possible qu’une première dispersion se soit dirigée vers l'est à travers l'Arabie loin de l'Europe et que la colonisation de l'Europe via le Moyen-Orient se soit produite lors d’une dispersion ultérieure," a déclaré le professeur Chris Stringer, du Musée d'Histoire naturelle de Londres."En outre, le climat en Europe était glacial et inhospitalier. Nous ne sommes pas bien adaptés à ces conditions et, bien sûr, les Néandertaliens étaient déjà là."

    Mais quand les humains modernes sont arrivés en Europe, leur diffusion a été impressionnante. En quelques milliers d'années, ils se sont installés à travers le continent et les Néandertaliens ont disparu progressivement. En ce qui concerne les causes de cette extinction rapide, les chercheurs l’attribuent à la rudesse du climat que les Néandertaliens avaient enduré en Europe depuis 200.000 ans précédentes, quand le continent connaissait une longue période glaciaire. Leur diversité génétique aurait été compromise par la diminution de leurs effectifs et la consanguinité.

    « Le fait essentiel est que les Néandertaliens étaient arrivés à une phase d’épuisement génétique », a déclaré Martinón-Torres. « Quand nous sommes arrivés en 'Europe il n’en restait presque plus. La suite a été rapide »

    La guerre du feu n’a donc peut-être pas eu lieu. Il paraît qu’ils ont quand même eu le temps de se livrer à des échanges qui ont laissé des traces dans nos génotypes, mais ça, c’est une autre histoire.

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/neandertal-a-t-il-controle-les-173084

  • Réédition de « Tapis de Bombes » de Michel Drac en format Kindle.

    En une grosse centaine de textes courts, Michel Drac dynamite une à une toutes les positions du système.

    • Pourquoi le Mal, c’est bien, et pourquoi nos maîtres veulent nous rendre bons…
    • Pourquoi la rationalité conduit à la folie, et pourquoi la folie est l’essence de la technocratie…
    • Comment l’antiracisme fabrique le racisme, et pourquoi le système a besoin du racisme pour exister…
    • Ces thèmes, et bien d’autres, s’interpénètrent dans un « bombardement dialectique » qui n’a que l’apparence du désordre. 

    Casque lourd de rigueur !

    Anticonformiste et parfois iconoclaste, Michel Drac s’est donné pour tâche de déconstruire les grilles de lecture imposées par la pensée dominante, afin de rendre possible, à nouveau, « l’énonciation du Négatif ». Sa démarche procède de la provocation. Au vrai sens du terme.

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    Tapis de Bombes ne fait pas partie du recueil Essais - 5 textes de Michel Drac


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    Nombre de pages de l'édition imprimée : 132 pages
    Editeur : Le Retour aux Sources (19 mai 2015)
    Prix : 3,99€
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    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/actualite-editeur/1781-reedition-de-tapis-de-bombes-de-michel-drac-en-format-kindle

  • Lutèce est-elle une fondation éduenne ?

    Le ministère de la Culture est pour moi le plus grand des mystères. Je pensais que sa principale mission était de sauvegarder et de valoriser notre patrimoine en faisant preuve, à la fois, de réalisme - c'est une ressource touristique - mais aussi de hauteur de vue, d'intelligence et de sincérité. Hélas ! 

    J'ai publié sept ouvrages. Sur Agoravox, on peut lire 321 de mes articles. Celui-ci est le troisième que j'écris pour expliquer la bataille de Lutèce. Si les médias ne se décident pas à en faire écho, j'en prendrai acte, avec le constat amer qu'un simple citoyen ne peut pas se faire entendre, même s'il a quelque chose à dire. Si les archéologues, professeurs, politiques et autres, refusent de descendre de leurs petits nuages, alors, foi de militaire, je n'ai plus que la solution de l'exil en abandonnant ma tour de Taisey à l'islam radical pour qu'il en fasse un minaret.

    Dans le croquis qui suit, je reprends mes deux croquis précédents mais en mettant en relief les tribulations du chef gaulois Camulogène que Labiénus a manipulé comme il en est peu d'exemples dans l'histoire.

    Dans mes deux précédents articles http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-bataille-de-lutece-d-apres-le-172983  et http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-la-bataille-de-lutece-au-pilier-173083 j'ai mis en exergue "le miracle de la discipline" de l'armée romaine car c'est bien l'enseignement que l'on peut tirer de cette étonnante manoeuvre qu'a réussie Labiénus en transportant avec 50 bateaux, quatre légions plus une cavalerie, en pleine nuit, en seulement une nuit, et par ruse. En comparaison, l'arrivée tardive de l'armée gauloise, au lever du jour seulement, ne peut s'expliquer que par une incapacité à réagir dans l'heure et de nuit. Il est vrai que la surprise à joué et qu'au temps de l'alerte, il faut ajouter celui pour comprendre la situation. Camulogène n'était pas sensé savoir que 50 bateaux avaient été amenés de Melun.

    Je suis surpris de la légèreté avec laquelle on traite les textes anciens de référence et la logique militaire au profit d'une archéologie exclusive de fouilles qui ne peut être crédible que si ses interprétations sont bonnes.

    Lorsque Labiénus descend la Seine sur la rive droite, il est écrit dans la ligne qui suit que les Gaulois coupent les ponts et incendient Lutèce ; c'est le texte. Labiénus raconte, en réalité, ce qu'il voit. Il faut comprendre que les Gaulois n'ont coupé que le pont nord pour empêcher Labiénus d'entrer dans l'île de la cité. Ils n'ont incendié que les greniers de blé des granges voisines pour empêcher qu'il s'y ravitaille ; c'est la logique militaire.

     

    Après tout ce que j'ai écrit, je suis très étonné que les archéologues Matthieu Poux, à Corent, et Vincent Guichard, au mont Beuvray, continuent à imposer à l'archéologie française cette absurdité de capitales qui n'auraient été construites qu'en bois. Il faudrait, selon eux, attendre l'arrivée des Romains pour voir apparaître les premières constructions en pierres http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/corent-l-utopie-d-une-gergovie-qui-170906 . Il s'agit là d'un tour de passe passe pour évacuer une histoire gauloise beaucoup plus complexe et plus riche que ce qu'ils disent : selon cette méthodologie simpliste, ce qui est en bois est gaulois, ce qui est en pierre est romain. On touche au comble de l'absurde. Je ne suis pas archéologue, mais quand je vois, à Paris, les murs antiques des thermes de Cluny, avec ses rangées de briques intercalées, je fais instinctivement le rapprochement avec le mur dit "sarrazin" de Clermont-Ferrand. Le mont Lucotitius me fait penser au faubourg de Lux de ma ville de Chalon-sur-Saône et au soleil qui décorait sa porte séquane. Mais le plus significatif, ne serait-ce pas les fabuleuses médailles en or du trésor de Puteaux que les spécialistes datent, à juste raison, d'avant l'arrivée des Romains ?

    Sur l'avers, la tête ne diffère des monnaies éduennes que par des variantes. Sur le revers, le cheval bondissant pourrait évoquer la cité, certes, mais aussi le cours sinueux de la Seine, de même que les monnaies éduennes pourraient évoquer la Saône. Quant au soi-disant filet que les numismates voient à l'emplacement privilégié habituel de l'aurige, ce n'est pas possible malgré son profil de casque. Cela ne peut être que l'évocation d'une ville cadastrée. Orgueil et image de la cité, on comprend que l'inventeur ait placé la nouvelle ville à la place d'honneur.

    Voyez cette médaille attribuée aux Aulerques Cénomans qui prouve d'une façon indubitable que les Gaulois mettaient un message dans leurs médailles.

    "L'esprit d'en haut, symbolisé par l'Apollon gaulois, dressé sur son char solaire, lance dans un éclair, en avant de son coursier, un rectangle bien mystérieux. Ce coursier, c'est la cité des Aulerques Cénomans. Le peuple en est le corps, son “Premier” la tête. Le conducteur projette en avant du coursier ce curieux rectangle, de la même façon qu'on faisait, jadis, avancer un âne, en lui balançant au bout d'un fouet, devant le museau, une carotte. Ce rectangle, c'est la Petite Ourse, symbole du Paradis, avec son trapèze si caractéristique et sa queue à trois étoiles ou trois segments d'étoiles. Ce personnage, couché en long sous le sol, c'est l'esprit de la Terre, qui emmène les esprits défunts dans l'inconnu de la mort. Ces têtes coupées, ce sont des âmes. Le conducteur divin tient par une mèche l'esprit du “Premier” qui entraîne la cité, de la même façon qu'on prenait jadis un ami par la barbichette. De toute évidence, ce n'est pas pour lui couper la tête" (extrait de mon Histoire de Bibracte, le bouclier éduen, publié en 1992).

    Oui, il n' y a aucun doute, pour l'inventeur de la médaille des Parisii, la merveille qu'il fallait représenter à l'emplacement privilégié, c'était bien la ville nouvelle "cadastrée". Exit les Romains et la colonisation romaine ; la cité de Lutèce a bien été fondée, ou refondée, par les Gaulois.

    Depuis les temps antiques, écrit César, les Senons étaient dans la "fides" des Éduens (DBG VI, IV : foi, serment, alliance, protectorat). Les Parisii, quant à eux, "de mémoire", leur étaient rattachés (VI,V). Le fait qu'ils ne soient pas nommés parmi les peuples celtes des grandes invasions celtiques laisse supposer que son développement était récent. Selon mon hypothèse, sa refondation suivant un plan cadastral préétabli ne peut s'expliquer que par la volonté du peuple le plus puissant d'avant la guerre des Gaules : le peuple éduen ; une volonté d'étendre sa puissance vers le nord par la fondation d'une colonie éduenne. La ville éduenne d'Autun a été cadastrée de même, apparemment plus tard, il est vrai à l'image de Rome.

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