La plupart des biographes de Lyautey ont été en général fort sobres au sujet de son court passage au gouvernement en qualité de ministre de la Guerre. Peut-être ont-ils pensé que cet épisode, dont la durée n'a pas excédé onze semaines, de fin décembre 1916 à mi-mars 1917, n'offrait dans une existence par ailleurs si riche et si bien remplie qu'un médiocre intérêt. Ou bien, cette brève période d'une grande carrière ayant constitué en somme un échec, convenait-il de ne point s'y appesantir. Erreur. La réussite ou l'échec dans la vie d'un homme n'ont point de signification majeure : il y a des échecs qui grandissent et des réussites qui déshonorent. En l'espèce, l'éphémère participation de Lyautey à un gouvernement métropolitain à un moment critique de la guerre de 1914 est très riche d'enseignements et projette une nouvelle clarté sur les qualités essentielles qui, si les circonstances s'y fussent prêtées, eussent fait de Lyautey un merveilleux conducteur de peuple.
Premières déceptions
La fin de l'automne 1916 et le début de l'hiver qui suivit marquait dans le déroulement de la Première Guerre mondiale une sorte de point mort, une phase d'attente avant l'ouverture indécise d'un nouveau chapitre. Un cauchemar, celui de Verdun, avait été clos au prix de sacrifices et d'un effort intenses. Après cette flambée d'héroïsme et cette affreuse hémorragie, quelle direction nouvelle fallait-il imprimer à cette guerre qui durait, s'invétérait comme un mal chronique dont on ne pouvait concevoir la fin ?
Le pays s'inquiétait. Chantilly s'endormait dans la sérénité olympienne d'un petit univers bureaucratique et clos : Plutarque commençait à mentir. Lourd de ses vingt-trois membres, le gouvernement sous la direction fluente de Briand était divisé, mal informé, impuissant à imprimer à la guerre une impulsion efficace et des impératifs méthodiques. L'opinion publique voulait qu'on sortît de l'immobilisme, réclamait des initiatives, s'énervait : Clemenceau lui prêtait sa voix.
Après des débats houleux à la Chambre, Briand obtint la confiance traditionnelle, mais assortie d'une mise en demeure de remanier son ministère pour en faire un organisme d'action. Il fallait donc choisir un ministre de la Guerre qui, après l'interrègne falot du général Roques, eût le prestige et l'autorité d'un Galliéni, prestige d'autant plus nécessaire qu'on allait démanteler la citadelle de Chantilly en substituant à son omnipotence dans la conduite de la guerre celle d'un Comité de Guerre composé, à l'exemple britannique, des ministres des Affaires étrangères, de la Guerre, des Finances et de l'Armement (celui-là nouvellement institué) et qu'on envisageait la nomination en qualité de commandant des Armées du Nord et de l'Est d'un nouveau généralissime effectif, tout en laissant à Joffre son titre assorti de celui de conseiller technique militaire du gouvernement.
Deux grands coloniaux dans la période initiale de la guerre avaient conjuré le désastre : Joffre et Galliéni. On compléta la trinité des coloniaux en recourant à Lyautey, et malgré certaines hésitations, en dépit de quelque pressentiments peut-être, le constructeur du Maroc ne pouvait pas ne pas répondre à l'appel pressant qui lui était adressé.
Mais d'entrée de jeu, certains procédés le surprirent et le froissèrent. C'est ainsi qu'il apprit par l'Agence Havas, sans en avoir été au préalable averti, que le Département de la Guerre n'aurait désormais plus sous son contrôle la direction de l'armement et des fabrications de guerre ni celle des transports et du ravitaillement. « On m'offre un ministère amputé », télégraphiait-il de Rabat. Aussi réservait-il son acceptation définitive après examen sur place de sa véritable situation au sein du gouvernement.
À l'arrivée à Paris, nouvelle déception. L'amiral Lacaze, intérimaire, a déjà investi le général Nivelle des fonctions de généralissime à la tête des Armées du Nord et de l'Est. Lyautey fut très contrarié de n'avoir eu aucune part à la prise d'une telle décision. La résolution complémentaire de créer au profit de Joffre le poste de conseiller technique du gouvernement le choquait également. L'état-major de ce conseiller technique n'allait-il pas entrer en conflit avec celui du ministre, et ce dernier, au demeurant, n'était-il point, en fait, le véritable et naturel conseiller du Comité de Guerre ?
Avant même d'avoir pris le moindre contact rue Saint-Dominique, Lyautey s'installa chez lui rue Bonaparte passablement hérissé, décidé à n'entrer en fonctions que sous bénéfice d'inventaire. Il fallait à tout prix calmer, apprivoiser ce pur-sang qui n'admettait guère la longe et qui déjà se cabrait... Philippe Berthelot, envoyé en éclaireur par Briand, accourut pour porter les premiers apaisements. La logique persuasive et le prestige lorrain de Poincaré, la caressante et cordiale bonhomie de Briand firent le reste. Le gouvernement comptait sur la camaraderie coloniale nouée à Madagascar pour atténuer la mauvaise humeur de Joffre qui parlait de se retirer sous sa tente. Lyautey avec un tact parfait réussit à faire accepter au vainqueur de la Marne un « modus vivendi » honorable.
De son côté, Lyautey finit par acquiescer à la réduction des attributions naguère dévolues à son département en cédant au caractère impérieux des nécessités nouvelles qui commandaient la mise au jour de deux ministères supplémentaires, celui du Ravitaillement et des Transports confié à Herriot et celui de l'Armement assumé par Albert Thomas, avec de part et d'autre deux sous-secrétaires d’État, Claveille et Loucheur. Il comprit, en outre, que le rôle du ministre était d'administrer l'armée et de pourvoir à ses besoins avec l'assistance de ces deux organismes et que la conduite politique de la guerre relevait du gouvernement qui fixait ses buts, le généralissime étant affecté à la conduite technique des opérations. Il reconnut enfin qu'il n'avait aucune prévention personnelle à l'endroit de Nivelle et qu'il l'attendait à l'œuvre et tout d'abord à l'exposé de ses conceptions.
« On va sacrifier des milliers de personnes pour rien… »
En fait, dès le lendemain de ses entrevues avec Poincaré et Briand, Lyautey reçut, toujours rue Bonaparte, la visite de Nivelle qui venait prendre contact et lui remit un petit papier résumant l'économie de ses projets. Lyautey ne manifesta point d'opinion, mais, relate Wladimir d'Ormesson, auteur d'un « Auprès de Lyautey » (dont il avait été l'officier d'ordonnance au Maroc) paru en 1963 chez Flammarion, « après le départ du général Nivelle, il donna de multiples signes d'agacement, d'impatience. On sentait qu'entre le généralissime et lui "ça n'avait pas collé" ».
Le 1er février 1917, les choses devaient d'ailleurs se gâter quand le colonel Renouard, mandaté par le GQG, vint exposer au ministre, dans tous ses détails, le fameux plan Nivelle.
André Maurois avait déjà donné une version dramatique de l'entrevue de Lyautey avec cet officier qui avait travaillé sous ses ordres dans le Sud-Oranais. Figé dans l'attitude que lui imposait la mission dictée par son chef du moment, il ne répondait rien aux objurgations de Lyautey qui, bouleversé par la communication dont il venait de prendre connaissance, lui demandait d'homme à homme, sous le sceau du secret, quel était son sentiment sur le document entre ses mains : « Allons, voyons, mon petit Georges, regarde-moi droit dans les yeux... Remets-toi un instant dans la peau de l'officier d'ordonnance d'Aïn-Sefra et dis-moi la vérité... Que penses-tu de tout cela ? » Alors le colonel abandonna son masque et se mit à pleurer : « Mon général, dit-il tout bas, je pense comme vous... »
Le surlendemain de l'entrevue avec le colonel Renouard, dans le train qui menait le général et sa suite sur le front belge pour une visite auprès du roi, Lyautey se retrouve avec M. d'Ormesson, qui témoigne : « Son courrier fait, Lyautey se mit à tourner en rond dans l'étroit wagon comme un écureuil dans sa cage. Cela lui arrivait parfois et c'était toujours le signe d'une grande émotion. Tout d'un coup il éclata. Il était au bord de la crise de nerfs. Il me dit - parce qu'il avait besoin de parler, de s'extérioriser : « Vois-tu, mon petit, c'est affreux... Je suis sûr, sûr, sûr... Je le sens, je le sais. C'est du « Kriegspiel », cela ne tient pas debout, c'est insensé, je l'avais pressenti du premier jour. Mes conversations avec Nivelle ne faisaient que me confirmer dans mes craintes, maintenant il n'y a plus le moindre doute dans mon esprit. J'ai compris, je suis sûr, sûr, sûr que je ne me trompe pas... Avant même de savoir ce que je sais à présent, j'avais fait part de mes anxiétés à Poincaré, à Briand... Ils me répondent toujours la même chose : « Cela ne vous regarde pas... Vous n'êtes pas chargé des questions militaires... Vous n'avez pas la responsabilité... Au surplus vous venez du Maroc... Vous n'avez pas manié de grandes masses... Vous n'avez pas l'expérience qu'ont nécessairement acquise ceux qui ont commandé sur le Front de France... » C'est peut-être vrai d'ailleurs... Peut-être Nivelle a-t-il raison ? Voit-il juste ? Peut-être ai-je tort ? Et pourtant non, non, non, je suis sûr que mon instinct ne me trompe pas... Je n'en peux plus d'assister aussi impuissant, désarmé, absorbé par des besognes stupides ou sans importance quand j'ai la conviction qu'on va sacrifier des milliers de personnes pour rien ; quand j'ai la certitude que la guerre n'est pas menée sérieusement ; que ce n'est pas comme cela qu'il faut agir ; qu'on perd un temps précieux, que nous sommes au trentième mois de la guerre et que la France était déjà saignée à blanc… » Lyautey était en proie à une véritable crise de désespoir. Il ne pouvait plus se contenir. »
Qu'on nous pardonne cette longue citation mais elle est capitale. Lyautey avait vu juste. Son don d'intuition, son sens critique s'insurgeaient contre l'élucubration dans l'abstrait, fondée sur le mépris de l'ennemi et la surestimation des forces propres dont on dispose, d'un de ces stratèges à plan (et rata-plan), imbus d'une immense satisfaction d'eux-mêmes et d'une obstination correspondante qui les font s'engager dans l'erreur et, c'est le pire, en dépit du résultat désastreux qui en est le fruit, persistent à soutenir qu'eux seuls avaient raison et que les faits seuls en l'occasion avaient tort. De récents conflits ont montré que l'espèce de ces dangereux va-t-en-guerre n'est pas éteinte.
En dehors des conseils et des audiences, des visites de parlementaires venus l'entretenir de petites histoires de leurs circonscriptions, recommandations ou passe-droits à rétablir affectant leurs électeurs, de colloques avec des généraux peu perméables, Lyautey devait faire face à tout moment à de menus accrochages ou obstacles répétés qui l'accablaient.
Afin de discuter de la conduite des opérations, la Chambre voulait une fois de plus instituer une séance secrète. Lyautey insista près de Briand pour que le gouvernement s'y opposât. L'aviation était encore une arme à ses débuts ; on ne pouvait étaler son programme de création, les problèmes délicats s'y rapportant, devant six cents parlementaires sans risque d'indiscrétion. Des dirigeants allemands ne s'étaient-ils pas vantés auprès de certains neutres d'avoir en main les comptes-rendus complets des débats en comité secret très peu de temps après les séances ? Briand avait pour méthode de ne point s'opposer de front à ses ministres ; quitte à « attendre et voir » et à en faire ensuite à sa tête. Il se déclara d'accord avec Lyautey. Fort de cette assurance, celui-ci partit pour Londres où une importante conférence interalliée allait avoir lieu. Briand, qui devait en faire partie, se récusa au dernier moment en raison du climat politique orageux qu'il convenait, assurait-il, de surveiller de près.
À son retour de Londres, le 14 mars, Lyautey, se rendant au Quai d'Orsay, y apprit que Briand n'avait pu résister à la pression parlementaire et se trouvait forcé d'accepter le comité secret. Il s'inclina, mais, durant le déroulement des débats, resta muet pour marquer sa réprobation, laissant s'expliquer les officiers désignés en qualité de commissaires du gouvernement.
Il ne prit la parole qu'à la reprise de la séance publique. Mais, voulant démonter l'inopportunité d'une telle procédure, il déclara tout à trac au début de son discours que cette méthode fâcheuse « exposait la Défense nationale à des risques pleins de périls ». La suite est souvent racontée. Aussitôt tumulte indescriptible, concert d'interruptions, clameurs. Malgré les efforts de Deschanel qui tentait d'apaiser la tempête, Lyautey ne put continuer, gagna la sortie. Le soir même, il démissionnait. Briand, pendant l'algarade, était resté immobile à son banc sans intervenir. Le départ de Lyautey allait entraîner d'ailleurs la chute du cabinet tout entier.
M. d'Ormesson se demande à la fois comment Lyautey avait pu commettre une telle faute de tactique oratoire et pourquoi ce manque d'adresse avait entraîné un tollé aussi violent. Il est bien certain qu'enrobée dans le cours ou à la fin d'un discours par ailleurs plein de bon sens et de vues saines et justes, d'après le texte qui nous en a été conservé, et que la Chambre ne devait pas connaître, la phrase incriminée aurait peut-être soulevé des « mouvements divers » mais que, survenant en guise d'exorde alors que l'attention de l'auditoire n'était pas encore émoussée, mais au contraire toute tendue, elle cinglait de front l'amour-propre à vif de l'assemblée nerveuse. La vérité est qu'il y avait, dans les couloirs et sur les travées de la Chambre, un climat défavorable à l'endroit de Lyautey alors même qu'il avait su plaire aux parlementaires ayant eu directement affaire à lui.
Lyautey avait ramené du Maroc ses fidèles immédiats, militaires de métier, gens du monde mobilisés, agents de la Carrière, tous hommes jeunes, certains bien titrés dans l'armoriai et convaincus de son génie. Du côté de Lyautey, aucune mégalomanie, pas de trace d'auto-mysticisme le transformant à ses yeux propres en oint du seigneur appelé par un décret nominatif de la Providence à s'identifier à la France, mais simplement, en une passe difficile de son histoire, le désir simple et puissant de la servir de toute la force de son intelligence et de son expérience. Un Lorrain patriote, sans croix de Lorraine.
Malheureusement ni l'un ni les autres ne connaissaient les milieux parlementaires, leur susceptibilité touchant leurs privilèges et leur méfiance vis-à-vis d'un soldat prestigieux, mais considéré comme réactionnaire, entré dans leurs jeux par la bande.
« Je me meurs de la France »
Les quelques semaines passées par Lyautey au ministère ne furent pourtant pas inutiles. Il fit preuve de clairvoyance non seulement dans l'examen du plan Nivelle qu'il déplorait et dont il fut impuissant à empêcher l'exécution qui devait confirmer ses craintes, mais encore dans les conférences interalliées de Rome et de Londres où il plaida chaleureusement la réorganisation du commandement dans le sens d'une unité étroite et solidaire que Clemenceau un peu plus tard devait faire aboutir.
Les décisions primordiales dans la conduite de la guerre prises tour à tour par Painlevé et Clemenceau, Lyautey en traça le chemin. Ce fut dans ces deux ministères que le ministère Lyautey porta ses fruits. « Son échec, dit M. d'Ormesson dans une excellente formule, fut un effort prématuré. » Ajoutons : fécond et décisif.
Il n'y eut pourtant que le maréchal Pétain pour rendre pleinement justice à l'action de Lyautey durant son ministère. Ministre de la Guerre à son tour en 1934, le jour des obsèques nationales du maréchal Lyautey, le vainqueur de Verdun déclara : « Dans une claire notion des exigences de l'heure, Lyautey comprit tout de suite qu'il fallait aux armées alliées un chef suprême, faute de quoi les efforts les plus héroïques resteraient vains et dispersés. C'est à la propagation de cette idée, à la réalisation de la concentration nécessaire des volontés et des moyens qu'il se consacra tout entier. Pour cela, il s'efforça de réunir dans ses mains, comme il l'avait toujours fait, toutes les ressources, toutes les forces, toutes les responsabilités. »
Après cette expérience avortée, en dépit des efforts de quelques semaines durant lesquelles l'imagination constructive et réaliste de Lyautey s'était heurtée à un bloc infranchissable, le retour au Maroc fut pour lui celui d'un prince exilé qui retrouve son royaume. Loin des contraintes et des résistances occultes ou déclarées, le chef respirait à nouveau, s'épanouissait à l'aise dans un cadre qui était le sien car il l'avait formé.
Cependant, il resta désormais dans l'âme de Lyautey une blessure secrète. Un ressort était atteint, qui ne fut jamais entièrement retendu. Introduit pour la première fois au sein d'un gouvernement dans une époque dramatique, Lyautey s'était cru capable, confiant en sa "baraka", de réaliser un haut dessein, s'il était appelé un jour à tenir la barre : la visée de redresser la destinée de son pays qu'il sentait depuis longtemps pleine de périls et d'incertitudes. Idée exempte chez lui de tout appétit de pouvoir pour le pouvoir, unique goût de rénover et de construire. Victime des circonstances et des hommes, il avait dû à jamais cesser de caresser la chimère d'une telle entreprise. Il en conçut une amertume qui le poursuivait sans cesse pendant sa vieillesse. Il n'avait pu donner sa mesure sur un théâtre plus vaste que celui du Maroc. Il n'avait plus foi en son étoile.
« J'ai raté ma vie », répétait-il souvent. Aveu poignant, injustifié, chez cet homme comblé d'honneurs, le dernier des grands proconsuls à l'apogée de notre Empire. Dans ces années 1930 qui marquèrent à la fois la fin de l'après-guerre de 14-18 et où commença l'avant-guerre de 1940-1944, voyant grandir la montée des périls, il ajoutait : « Je me meurs de la France. » Il mourut le 27 juillet 1934.
« Mon pays me fait mal », devait aussi dire dans sa prison, dix ans plus tard, et à la veille d'être fusillé, pressentant les horreurs en cours et à venir de la Libération, un jeune écrivain ardent et noble que Lyautey, s'il avait tenu un tel sort entre ses mains, n'aurait jamais fait mourir.
C'est une des mélancolies de l'histoire que d'y voir surgir des hommes comme Lyautey marqués pour un grand destin de conducteur ou de réformateur et qui n'ont pu l'accomplir parce qu'ils sont venus trop tôt ou trop tard, enfin pas au moment.
Frédéric BARTEL. Écrits de Paris décembre 2010
culture et histoire - Page 1873
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Lyautey ministre de la Guerre
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Et il brade même le territoire national !
Tromelin : François Hollande brade même le territoire national
Communiqué de Presse de Marine Le Pen, Présidente du Front National : Après le Sénat, l’Assemblée nationale s’apprête à brader en catimini 280 000 km² du domaine maritime national.
Dès 1999, Jacques Chirac avait évoqué cet abandon de souveraineté avec les autorités mauriciennes. En 2010, Nicolas Sarkozy l’a mis en forme. En 2013, François Hollande le fait ratifier dans une indifférence soigneusement organisée.
De quoi s’agit-il ? Depuis le XVIIIe siècle, la France possède, à quelque 500 km au nord de la Réunion, l’îlot corallien inhabité de Tromelin, d’une superficie de 1 km², mais lui ouvrant un domaine maritime plus étendu que la moitié du territoire métropolitain. Malgré les traités de 1814 et de 1815, l’île Maurice en réclame la souveraineté. Le texte soumis au Parlement prévoit de partager cette souveraineté entre les deux pays. La prochaine étape sera à l’évidence l’abandon complet.
Avec Marine Le Pen, le Front National et le Rassemblement Bleu Marine demandent à tous les députés de rejeter ce traité anti patriotique. Car, après Tromelin, la France serait conduite à aussi brader les autres Éparses du Canal de Mozambique, puis les archipels du Pacifique et, enfin, les Australes. Aujourd’hui, la France détient, dans le monde, le deuxième espace maritime, après les États-Unis. C’est un atout sérieux tant écologique qu’économique. Le liquider, morceau par morceau, en le transférant à des micro-États sans défense, c’est l’ouvrir au pillage de prédateurs sans scrupule.
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Christianophobie et vandalisme à Abbeville : honte au maire PS !
L’église néogothique d’Abbeville est méticuleusement détruite depuis le mois de mars dernier avec un empressement sans faille du maire socialiste, Nicolas Dumont, entendu en janvier dernier sous le régime de la garde à vue sur les conditions d’obtention d’un marché public, en sa qualité de président de la communauté de communes de l’Abbevillois (CCA).
Comment les socialistes traitent l’identité chrétienne de la France...
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12 février 1910 : Le symbole du fort Chabrol
Certains éprouvèrent un lâche soulagement en apprenant la mort, le I2 février 1910, de Jules Guérin. Car cet homme avait fait trembler une IIIe République qui a connu, certes, des personnages hauts en couleur mais dont peu ont eu une stature comparable à la sienne.
Le hasard a fait naître en Espagne, le 14 septembre 1860, Jules Napoléon Guérin. Mais ses parents, bien français, lui ont donné, à Paris, une enfance sans histoire, même si sa mère est tôt devenue veuve, ce qui explique que, malgré de bonnes études, il ait dû entrer à seize ans dans la vie active, comme modeste employé. Il révèle vite une vivacité d'esprit et un dynamisme qui lui permettent d'être promu en 1883 chef de la comptabilité, puis directeur du personnel dans la Société des Huiles minérales qui l'emploie.
Mais Jules Guérin a une passion, la politique, qui va mobiliser toute son énergie. Il fréquente les milieux anarchistes puis boulangistes et, soucieux d'attacher ses pas à un personnage d'envergure, le trouve en la personne du marquis de Morès, chef populiste dont est redoutée la garde rapprochée, constituée de bouchers de La Villette. Rédacteur à La Libre Parole, le journal d'Edouard Drumont, Guérin fonde en 1893 sa propre publication, Le Réveil Social, qui défend le petit commerce, les blanquistes, les socialistes révolutionnaires. Mais ce sont les suites de l'affaire Dreyfus qui le font plonger dans un activisme qui l'amène à prendre la présidence de la Ligue antisémitique en 1898. Cette année-là, les élections ont porté à la Chambre 19 députés qui ont constitué un « groupe antisémite », lequel va comprendre bientôt 21 membres.
On a un peu de peine à comprendre, aujourd'hui, l'intensité des passions provoquées par l'affaire Dreyfus, dans une France encore mal relevée du traumatisme de la défaite de 1870 et de la tragédie que fut la Commune. Pour Guérin, l'ennemi est clairement identifiable et il se déchaîne, dans ses articles et d'innombrables prises de paroles, contre les financiers et les accapareurs. Il affirme : « C'est le Fer du laboureur et du soldat qui doit triompher de l'Or de l'usurier. » Guérin, bon organisateur, développe la Ligue, qui compte 40 000 membres, répartis dans toute la France, au printemps 1899, tandis que son journal est tiré à 120 000 exemplaires.
Il se bat aussi beaucoup en duel, se taillant une réputation de redoutable combattant. Bien sûr s'ensuivent des ennuis à répétition, interpellations, gardes à vue, perquisitions, séjours au dépôt. Il n'en a cure et en ressort toujours plus résolu. Très hostile à la Franc-Maçonnerie, qu'il accuse de jouer un rôle aussi déterminant que funeste dans le fonctionnement de la République, Guérin fonde en 1899 le Grand Occident de France, dont l'intitulé, à lui seul, se veut évidemment une réponse à l'influence du Grand Orient.
Il voit grand et installe la nouvelle organisation dans un vaste immeuble, au 51 rue de Chabrol, où sont aménagés des bureaux, une salle de rédaction et une imprimerie pour le journal L'Antijuif, une vaste salle de réunion, une cuisine et des chambres pouvant accueillir plusieurs dizaines de personnes. Portes et fenêtres sont solidement protégées par des aménagements qui vont justifier le nom de « Fort Chabrol » donné à l'immeuble. Guérin y fait entrer un abondant ravitaillement, à base de conserves. Et des armes. Bref, tout ce qu'il faut pour tenir un siège.
Car la tension monte. Les divers mouvements nationalistes se concertent pour préparer un éventuel coup de force contre le régime et, en conclusion d'un discours, Guérin annonce : « Le coup final, c'est le coup d'État. Il s'impose maintenant ! » Le chef du gouvernement Waldeck Rousseau prend très au sérieux la menace et charge le préfet de police Lépine d'arrêter Guérin et ses plus proches collaborateurs.
Le chef du Grand Occident s'est barricadé avec quelques compagnons dans l'immeuble de la rue de Chabrol. Dès le 13 août au matin, ils montent la garde. Des journalistes s'agglutinent devant la façade. Rien ne se passe jusqu'au lendemain, où des gardes républicains, des gardiens de la paix, des policiers en civil prennent position. Mobilisant 1 200 hommes, le siège a commencé.
Il va durer jusqu'au 21 septembre. À intervalles réguliers, un commissaire de police ou le préfet lui-même se présentent pour signifier à Guérin et à ses hommes l'ordre de leur arrestation. À chaque fois un refus leur est opposé. Les assiégés entendent les échos des manifestations, souvent violentes, de sympathisants qui parcourent les rues du quartier, faute de pouvoir s'approcher. Des ouvriers jettent, depuis un immeuble en construction, du pain aux résistants. Des camelots vendent aux curieux attroupés des chansons fraîchement composées en l'honneur de Guérin et traînant dans la boue ses ennemis. Mais au fil des jours et des nuits la situation des assiégés se dégrade : on leur a coupé l'eau et l'électricité, les conditions d'hygiène deviennent déplorables et il y a des malades parmi eux. Sachant qu'un assaut se prépare et affirmant vouloir éviter que coule le sang, Guérin se rend le 21 septembre. Il comparaît devant la Haute Cour, où il déclare : « La seule synagogue que nous voulions détruire, c'est la Bourse ! » Il est condamné à dix ans de prison mais bénéficiera de la loi d'amnistie de 1906.
Son nom est aujourd'hui oublié. Mais le Fort Chabrol reste un symbole qui mérite la sympathie.
Pierre VIAL. Rivarol
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Les médias dominants et les parias complotistes
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Calendrier de Coligny – Système de datation d’inspiration druidique
Calendrier de ColignySystème de datation d’inspiration druidiqueNous sommes en l’an 4386 (2012-2013, ère vulgaire) et cette datation est issue du calendrier de Coligny découvert en 1897 dans un champs près des villages de Verpoix et Charmoux-en-Coligny sur la communes de Coligny dans le département de l’Ain.(cliquer sur l’image)Il existe au moins trois systèmes de datation d’inspiration druidique. Le premier se réclame d’une tradition bardique galloise fait remonter l’ère druidique en 2373 avant Jésus-Christ. L’année gauloise MMMMCCCLXIIII (4374) chevaucherait donc nos années 2000 et 2001. Ce système est celui qui parait le plus crédible et c’est donc lui que j’ai utilisé pour l’applet. Par contre, les cycles trentenaires et quinquennals ne semblent avoir débuté qu’en 855 avant Jésus-Christ, c’est à dire l’année gauloise MDLXVIIII (1569).Le calendrier de Coligny est un calendrier luni-solaire qui présente 5 années de 12 mois de 29 ou 30 jours. La journée gauloise se compose d’une nuit suivie d’un jour, cette durée se nomme « latis » (pl. « lates »). Le changement de date intervient au coucher du soleil. Les mois sont divisés en deux quinzaines et à chaque jour correspond un trou, où l’on place une goupille pour indiquer la date. L’ajout de deux mois supplémentaires est nécessaire pour le faire coïncider avec le calendrier solaire, à la fin d’une période de 30 ans, période qui correspond à un « siècle » celtique. Pour certains, le mot « atenoux » semble désigner la pleine lune, mais Pline l’Ancien indique que les Gaulois démarrent leur mois le sixième jour de la lune montante, ce qui correspond au premier quartier ; « atenoux » étant situé 15 jours plus tard, il indiquerait plutôt le dernier quartier. « matu » et « anmatu » indiquent certainement les périodes (jours & mois) fastes et néfastes.
Les douze mois avec leur durée et leur attribut sont : Samonios (30 jours, matu), Dumanios (29 jours, anmatu), Riuros (30 jours, matu), Anagantios (29 jours, anmatu), Ogroniv (30 jours, matu), Cutios (30 jours, matu), Giamonios (29 jours, anmatu), Simivi Sonnios (30 jours, matu), Equos (30 jours, anmatu), Elembius (29 jours, anmatu), Aedrinnis (30 jours, matu), Cantlos (29 jours, anmatu) ; auxquels il faut ajouter les deux mois supplémentaires : le premier, (entre Cantlos et Samonios, 30 jours, matu), dont nous ignorons le nom, son en tête n’ayant pu être reconstitué complètement (certains le nomment d’après le dernier mot retrouvé sur sa colonne : Quimon) et Ciallos (entre Cutios et Giamonios, 30 jours, matu).
On remarque que les mois de 29 jours sont tous notés « anmatu » et que les mois de 30 jours sont notés « matu », sauf celui d’Equos. Mais dans le calendrier de Coligny, on n’a retrouvé que 3 de ses occurrences (sur 5), d’où l’hypothèse émise en 1924 par l’Irlandais MacNeill qu’il puisse avoir comporté 28 jours sur les 2 mois manquants : ce comput aurait l’avantage de donner un lustre de 1831 jours, très proche des 62 lunaisons de 1830,89 jours.
En ce qui concerne l’année tropique, on compte un retard de 4,789 jours par lustre de 5 ans (5×365,2422 – 1831), qui aboutissent à un écart de 28,734 jours par siècle de 30 ans : le siècle gaulois pourrait alors se marquer par l’absence d’un des 2 mois intercalaires de 30 jours pour rétablir l’alignement avec le soleil, ce qui s’accorderait avec l’inscription « sonnocingos » (traduite par « course du soleil », d’après les racines « *son » : « soleil » et « *cing » : course, marche, retrouvée dans « Vercingétorix ») sur le second mois intercalaire.
La fête de Samain ou Trinoxtion samoni (les « Trois nuits de Samonios »), située approximativement le 1er novembre , marque le début de l’année liturgique celtique.
La répugnance des druides à consigner leur savoir par écrit indique un contexte gallo-romain, et l’on retient la fin du IIe siècle après Jésus Christ pour la date de fabrication du calendrier. Sa complexité dénote de bonnes connaissances astronomiques, ainsi qu’une lente élaboration.
(cliquer sur l’image)Détail du calendrier de Coligny(cliquer sur l’image)Statue en bronze et calendrier gaulois trouvés près de Coligny dans l’Ain en 1897, visibles au musée gallo-romain de LyonLa datation bardique galloise est celle qui épouse au plus près la chronologie de l’Oera Linda Boek. Le bouquin fondamental à ce sujet est « Survivors of the Great Tsunami » d’Alewyn Raubenheimer, malheureusement toujours pas traduit en français. 855 avant Jésus Christ nous rapproche plutôt des calendriers étrusques. Nous devons être en l’an 4386. Puisse-t-il être héroïque et magique. En remontant dans le temps comme dans une simulation au planétarium, on devrait voir les étoiles danser. -
Méridien Zéro : Nouveau format !
Amis auditeurs, la rédaction de Méridien Zéro est heureuse de vous annoncer que nous changeons de format, de jour et d'horaire d'émission. Nous passons désormais à un format de deux heures le vendredi soir de 21 heures à 23 heures.
Ce nouveau format nous ouvre des possibilités accrues quant au travail d'analyse et aux entretiens avec nos invités. Diffuser le vendredi à 21 heures permettra à nombre d'entre vous de pouvoir enfin avoir une écoute directe ou à défaut, de profiter du week-end pour écouter plus tranquillement votre émission préférée.
Embarquez donc dans le nouveau périple du navire MZ dès vendredi prochain !
Rendez-vous le 12 avril 21 heures.
A l'abordage et pas de quartier !
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Découverte d'un cimetière de guerriers Gaulois à Buchères
Plus de 2.200 ans après leur inhumation dans une nécropole gauloise, guerriers à épée de fer et femmes portant torque et fibules en bronze ont revu le jour grâce à des fouilles préventives menées près de Troyes, à l'est de Paris.C'est dans la boue d'un chantier géant que cette découverte rare a été effectuée voici seulement quelques semaines par des équipes de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).Sur une trentaine de tombes identifiées sur place, la moitié environ a déjà été fouillée et a révélé cinq guerriers en armes, ainsi que des femmes portant des bijoux caractéristiques de la culture de la Tène ancienne (4e et 3e siècles avant Jésus-Christ), une époque d'importantes migrations celtiques.¢La présence d'une nécropole gauloise est surprenante à cet endroit, alors qu'aucune trace de grand peuplement urbain n'est recensée dans cette zone.Selon les archéologues, ce site a probablement été choisi parce que de nombreux enclos funéraires datant de l'âge du Bronze (-2200 à -800 avant notre ère) s'élevaient déjà sur place, des tertres alignés sur au moins deux kilomètres. "Ils devaient constituer des marqueurs du paysage, visibles de très loin" dans ces plaines, explique Cécile Paresys, archéologue de l'Inrap.Si certaines tombes ont déjà été vidées pour éviter que les objets et ossements qu'elles renfermaient ne soient trop abîmés par la pluie, d'autres abritaient encore jeudi leurs occupants lors d'une visite organisée pour des journalistes.L'impressionnant squelette d'un grand guerrier, épée au côté, le fer de sa lance encore visible près du crâne, y côtoie celui d'une jeune femme, inhumée après lui. Contrairement à l'homme qui se contente de bracelets de fer, la Gauloise porte un "torque à tampons" et un bracelet à joncs serpentiforme, tous deux en bronze. Des bijoux caractéristiques, comme les fibules (agrafes à vêtement), qui permettent de dater les tombes entre 325 et 260 avant JC.Il toutefois difficile de faire parler ces morts et leurs possessions avant une quelconque analyse.Spécialiste du "mobilier métallique", Émilie Millet devra d'abord les enduire avec une colle spéciale et de la gaze pour les consolider avant de les extraire des sépultures. Ils seront ensuite passés aux rayons X, puis sablés par un restaurateur pour enlever la corrosion et dévoiler l'objet originel.¢Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/ -
Les "idées positives" et la Révolution de Charles Maurras
En publiant L’Ordre et le Désordre en 1948, Charles Maurras dresse un réquisitoire sévère contre la Révolution française. L’ouvrage, qui compte une soixantaine de pages, comporte cependant quelques nuances : « Nous ne nions pas le mal du passé, ni le bien du présent. » Pour l’auteur, qui compare république et monarchie, la question qui se pose est simplement de savoir quel régime a rendu la plus grande somme de services à la France.
Sa démonstration débute par cette affirmation : « Une seule chose importe : le vrai. » Mais qu’est-ce qu’une idée vraie ? C’est « une idée que les faits de la vie ou confessent ou confirment », qui « ne conduit pas nécessairement au réel », mais qui « écarte l’impossible ». Pour distinguer le vrai du faux, c’est la raison qu’on prendra pour arbitre. Comme les gens du dix-huitième siècle ? Pas tout à fait. Selon Maurras, « tout en invoquant la raison », ceux-ci « eurent le tort de raisonner peu et fort mal ».
Du bon usage de la raison
Peut-être avaient-ils accordé une confiance trop grande à la liberté ? Certes, elle est utile ; « la curiosité et la tolérance, l’hospitalité de l’esprit » sont même indispensables : « Consentir au malaise de la surprise, en extraire une joie vivace, désirer la secousse de l’inconnu, aimer à se trouver désorienté et perplexe [...] cest la préface nécessaire de tout mouvement méthodique de la raison. » L’esprit de liberté présente néanmoins un tort essentiel, celui de « prétendre suffire à tout et tout dominer », alors qu« 'il n’est qu’un commencement ». En effet, « les purs flambeaux de la Liberté » « ne feront jamais distinguer le principal ou le secondaire, l’antécédent ou le conséquent, le préférable ou le postpossible ».
Aussi, « si l’on veut remuer et vivre, il faut sortir de cet état de liberté comme on sort de prison ». « Il faut adopter un principe et s’en tenir à lui. Ce n'est pas pour anéantir toutes les idées différentes, c'est pour les composer autour de leur centre normal, pour les ranger et les graduer... »
User ainsi de la raison, « ce n’est point faire preuve d’individualisme mais du sentiment opposé ; c’est se réclamer de principes également communs, non seulement aux hommes, mais à tous les esprits, qu’ils habitent Mars ou la Lune »… C’est dailleurs « en appliquant ces principes supérieurs aux données empiriques de la vie politique » que « d'exercés dialecticiens ont, de siècle en siècle, établi l’ensemble de ces idées positives, qu’on peut aussi nommer vérités empiriques ».
La méthode étant définie, il convient non pas de « rêver la Constitution la plus "idéale" », mais de chercher « qu’elle serait la plus utile », avec l’idée que « la saine politique se subordonne à l’intérêt de la communauté politique réelle la plus étendue et la plus résistante ». « Nous disons réelle car il s’agit d’intérêts déjà existants […] Nous disons la plus étendue, parce qu’il s’agit de trouver une loi applicable au plus grand nombre de cas. Mais nous ajoutons cette condition de plus résistante pour bien spécifier de qu’elle sorte de réalité il s’agit ; une coalition, une alliance, souvent même une confédération ne sont pas de ces réalités politiques supérieures dont nous parlons. »
La réalité nationale
Voilà pourquoi la nation est au cœur de nos préoccupations. Son unité, qui « reste pour nous le plus nécessaire de tous les biens », s’inscrit dans l’histoire. À « la souveraineté de dix millions d’électeurs français représentée par des bulletins de vote ou par des élus », on opposera donc « l’autorité d’un milliard de Français morts et d’un milliard de Français à naître représentés, ceux-là, par la Maison de France et par le chef de cette Maison ». À en croire quelques-uns, « pour faire du nouveau qui fût excellent, il suffirait de casser du vieux ». Même si « la vraie tradition est critique », ils oublient que « la durée est le fruit des épreuves de lexpérience : grave indice du vrai et du bien ».
Fort de cet enseignement, quel objectif faudra-t-il poursuivre ? Il ne doit être placé « ni dans l'égalité, ni dans l'inégalité de qui que ce soit » ; « l’objectif idéal des sociétés, c'est leur prospérité générale ». « L’inégalité humaine est un fait. L’égalité n’en est pas un. Il faut mettre de l’égalité en certains objets. Il ne faut pas en mettre en tout. Voilà l’essentiel de notre doctrine. »
Maurras précise que « le seul État français qui ait le sens commun comporte au centre un roi puissant, à la périphérie des organisations autonomes ». « En effet, notre État doit être fortifié tout autant que limité et limité tout autant que fortifié. Il faut sacrifier au génie de l’autorité le ridicule verbiage du Parlement central ; il faut au, contraire, favoriser, aider, émanciper et réorganiser tous les corps, compagnies et communautés susceptibles de s’exprimer par des assemblées locales, professionnelles ou religieuses »
Le despotisme de l’individualisme
Le constat est clair : sur un fondement individualiste, on « ne peut concevoir ni réaliser autre chose que le despotisme de l’État ». « Cet État tient les personnes et les biens. Chacun se trouve seul contre l’État, expression de tous... » « De l’individualisme absolu à l’Etat absolu, la chaîne est logique. Les événements ne s’enchaînent pas moins que les idées, du régime de la Déclaration des droits de lhomme au régime de la terreur. »
Quelles leçons tirerons-nous de l’histoire ? « Nous voyons à quel point la douceâtrerie humanitaire est contiguë au sectarisme sanglant. J’en conclus qu’il faut éviter cette douceâtrerie. Je conclus que le meilleur moyen d’éviter 1793 sera toujours de s’opposer à 1789. » Quant au roi, il servit si bien l’intérêt de la France « qu’après avoir fait la nation, il ne cessa de l’étendre et de la fortifier ». La Restauration conforte Maurras dans ses convictions : « L’État modèle […] est assez sage pour ne pas vouloir la guerre, mais assez fort pour ôter au monde l’envie de la lui déclarer. Quel État français sest trouvé dans ces conditions depuis 1789 ? […] Seuls répondent à la définition de l’État suffisant, de l’État juste, les trois règnes qui vont de 1815 à 1848. » La monarchie future y répondra à son tour !
Grégoire DUBOST L’Action Française 2000 du 28 juillet au 24 août 2005
* Charles Maurras : L'ordre et le désordre Les "idées positives" et la Révolution. Éditions Self, 1948, 63 pages. -
frakass l'ame de nos peres.