culture et histoire - Page 1876
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Les médias dominants et les parias complotistes
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Calendrier de Coligny – Système de datation d’inspiration druidique
Calendrier de ColignySystème de datation d’inspiration druidiqueNous sommes en l’an 4386 (2012-2013, ère vulgaire) et cette datation est issue du calendrier de Coligny découvert en 1897 dans un champs près des villages de Verpoix et Charmoux-en-Coligny sur la communes de Coligny dans le département de l’Ain.(cliquer sur l’image)Il existe au moins trois systèmes de datation d’inspiration druidique. Le premier se réclame d’une tradition bardique galloise fait remonter l’ère druidique en 2373 avant Jésus-Christ. L’année gauloise MMMMCCCLXIIII (4374) chevaucherait donc nos années 2000 et 2001. Ce système est celui qui parait le plus crédible et c’est donc lui que j’ai utilisé pour l’applet. Par contre, les cycles trentenaires et quinquennals ne semblent avoir débuté qu’en 855 avant Jésus-Christ, c’est à dire l’année gauloise MDLXVIIII (1569).Le calendrier de Coligny est un calendrier luni-solaire qui présente 5 années de 12 mois de 29 ou 30 jours. La journée gauloise se compose d’une nuit suivie d’un jour, cette durée se nomme « latis » (pl. « lates »). Le changement de date intervient au coucher du soleil. Les mois sont divisés en deux quinzaines et à chaque jour correspond un trou, où l’on place une goupille pour indiquer la date. L’ajout de deux mois supplémentaires est nécessaire pour le faire coïncider avec le calendrier solaire, à la fin d’une période de 30 ans, période qui correspond à un « siècle » celtique. Pour certains, le mot « atenoux » semble désigner la pleine lune, mais Pline l’Ancien indique que les Gaulois démarrent leur mois le sixième jour de la lune montante, ce qui correspond au premier quartier ; « atenoux » étant situé 15 jours plus tard, il indiquerait plutôt le dernier quartier. « matu » et « anmatu » indiquent certainement les périodes (jours & mois) fastes et néfastes.
Les douze mois avec leur durée et leur attribut sont : Samonios (30 jours, matu), Dumanios (29 jours, anmatu), Riuros (30 jours, matu), Anagantios (29 jours, anmatu), Ogroniv (30 jours, matu), Cutios (30 jours, matu), Giamonios (29 jours, anmatu), Simivi Sonnios (30 jours, matu), Equos (30 jours, anmatu), Elembius (29 jours, anmatu), Aedrinnis (30 jours, matu), Cantlos (29 jours, anmatu) ; auxquels il faut ajouter les deux mois supplémentaires : le premier, (entre Cantlos et Samonios, 30 jours, matu), dont nous ignorons le nom, son en tête n’ayant pu être reconstitué complètement (certains le nomment d’après le dernier mot retrouvé sur sa colonne : Quimon) et Ciallos (entre Cutios et Giamonios, 30 jours, matu).
On remarque que les mois de 29 jours sont tous notés « anmatu » et que les mois de 30 jours sont notés « matu », sauf celui d’Equos. Mais dans le calendrier de Coligny, on n’a retrouvé que 3 de ses occurrences (sur 5), d’où l’hypothèse émise en 1924 par l’Irlandais MacNeill qu’il puisse avoir comporté 28 jours sur les 2 mois manquants : ce comput aurait l’avantage de donner un lustre de 1831 jours, très proche des 62 lunaisons de 1830,89 jours.
En ce qui concerne l’année tropique, on compte un retard de 4,789 jours par lustre de 5 ans (5×365,2422 – 1831), qui aboutissent à un écart de 28,734 jours par siècle de 30 ans : le siècle gaulois pourrait alors se marquer par l’absence d’un des 2 mois intercalaires de 30 jours pour rétablir l’alignement avec le soleil, ce qui s’accorderait avec l’inscription « sonnocingos » (traduite par « course du soleil », d’après les racines « *son » : « soleil » et « *cing » : course, marche, retrouvée dans « Vercingétorix ») sur le second mois intercalaire.
La fête de Samain ou Trinoxtion samoni (les « Trois nuits de Samonios »), située approximativement le 1er novembre , marque le début de l’année liturgique celtique.
La répugnance des druides à consigner leur savoir par écrit indique un contexte gallo-romain, et l’on retient la fin du IIe siècle après Jésus Christ pour la date de fabrication du calendrier. Sa complexité dénote de bonnes connaissances astronomiques, ainsi qu’une lente élaboration.
(cliquer sur l’image)Détail du calendrier de Coligny(cliquer sur l’image)Statue en bronze et calendrier gaulois trouvés près de Coligny dans l’Ain en 1897, visibles au musée gallo-romain de LyonLa datation bardique galloise est celle qui épouse au plus près la chronologie de l’Oera Linda Boek. Le bouquin fondamental à ce sujet est « Survivors of the Great Tsunami » d’Alewyn Raubenheimer, malheureusement toujours pas traduit en français. 855 avant Jésus Christ nous rapproche plutôt des calendriers étrusques. Nous devons être en l’an 4386. Puisse-t-il être héroïque et magique. En remontant dans le temps comme dans une simulation au planétarium, on devrait voir les étoiles danser. -
Méridien Zéro : Nouveau format !
Amis auditeurs, la rédaction de Méridien Zéro est heureuse de vous annoncer que nous changeons de format, de jour et d'horaire d'émission. Nous passons désormais à un format de deux heures le vendredi soir de 21 heures à 23 heures.
Ce nouveau format nous ouvre des possibilités accrues quant au travail d'analyse et aux entretiens avec nos invités. Diffuser le vendredi à 21 heures permettra à nombre d'entre vous de pouvoir enfin avoir une écoute directe ou à défaut, de profiter du week-end pour écouter plus tranquillement votre émission préférée.
Embarquez donc dans le nouveau périple du navire MZ dès vendredi prochain !
Rendez-vous le 12 avril 21 heures.
A l'abordage et pas de quartier !
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Découverte d'un cimetière de guerriers Gaulois à Buchères
Plus de 2.200 ans après leur inhumation dans une nécropole gauloise, guerriers à épée de fer et femmes portant torque et fibules en bronze ont revu le jour grâce à des fouilles préventives menées près de Troyes, à l'est de Paris.C'est dans la boue d'un chantier géant que cette découverte rare a été effectuée voici seulement quelques semaines par des équipes de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).Sur une trentaine de tombes identifiées sur place, la moitié environ a déjà été fouillée et a révélé cinq guerriers en armes, ainsi que des femmes portant des bijoux caractéristiques de la culture de la Tène ancienne (4e et 3e siècles avant Jésus-Christ), une époque d'importantes migrations celtiques.¢La présence d'une nécropole gauloise est surprenante à cet endroit, alors qu'aucune trace de grand peuplement urbain n'est recensée dans cette zone.Selon les archéologues, ce site a probablement été choisi parce que de nombreux enclos funéraires datant de l'âge du Bronze (-2200 à -800 avant notre ère) s'élevaient déjà sur place, des tertres alignés sur au moins deux kilomètres. "Ils devaient constituer des marqueurs du paysage, visibles de très loin" dans ces plaines, explique Cécile Paresys, archéologue de l'Inrap.Si certaines tombes ont déjà été vidées pour éviter que les objets et ossements qu'elles renfermaient ne soient trop abîmés par la pluie, d'autres abritaient encore jeudi leurs occupants lors d'une visite organisée pour des journalistes.L'impressionnant squelette d'un grand guerrier, épée au côté, le fer de sa lance encore visible près du crâne, y côtoie celui d'une jeune femme, inhumée après lui. Contrairement à l'homme qui se contente de bracelets de fer, la Gauloise porte un "torque à tampons" et un bracelet à joncs serpentiforme, tous deux en bronze. Des bijoux caractéristiques, comme les fibules (agrafes à vêtement), qui permettent de dater les tombes entre 325 et 260 avant JC.Il toutefois difficile de faire parler ces morts et leurs possessions avant une quelconque analyse.Spécialiste du "mobilier métallique", Émilie Millet devra d'abord les enduire avec une colle spéciale et de la gaze pour les consolider avant de les extraire des sépultures. Ils seront ensuite passés aux rayons X, puis sablés par un restaurateur pour enlever la corrosion et dévoiler l'objet originel.¢Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/ -
Les "idées positives" et la Révolution de Charles Maurras
En publiant L’Ordre et le Désordre en 1948, Charles Maurras dresse un réquisitoire sévère contre la Révolution française. L’ouvrage, qui compte une soixantaine de pages, comporte cependant quelques nuances : « Nous ne nions pas le mal du passé, ni le bien du présent. » Pour l’auteur, qui compare république et monarchie, la question qui se pose est simplement de savoir quel régime a rendu la plus grande somme de services à la France.
Sa démonstration débute par cette affirmation : « Une seule chose importe : le vrai. » Mais qu’est-ce qu’une idée vraie ? C’est « une idée que les faits de la vie ou confessent ou confirment », qui « ne conduit pas nécessairement au réel », mais qui « écarte l’impossible ». Pour distinguer le vrai du faux, c’est la raison qu’on prendra pour arbitre. Comme les gens du dix-huitième siècle ? Pas tout à fait. Selon Maurras, « tout en invoquant la raison », ceux-ci « eurent le tort de raisonner peu et fort mal ».
Du bon usage de la raison
Peut-être avaient-ils accordé une confiance trop grande à la liberté ? Certes, elle est utile ; « la curiosité et la tolérance, l’hospitalité de l’esprit » sont même indispensables : « Consentir au malaise de la surprise, en extraire une joie vivace, désirer la secousse de l’inconnu, aimer à se trouver désorienté et perplexe [...] cest la préface nécessaire de tout mouvement méthodique de la raison. » L’esprit de liberté présente néanmoins un tort essentiel, celui de « prétendre suffire à tout et tout dominer », alors qu« 'il n’est qu’un commencement ». En effet, « les purs flambeaux de la Liberté » « ne feront jamais distinguer le principal ou le secondaire, l’antécédent ou le conséquent, le préférable ou le postpossible ».
Aussi, « si l’on veut remuer et vivre, il faut sortir de cet état de liberté comme on sort de prison ». « Il faut adopter un principe et s’en tenir à lui. Ce n'est pas pour anéantir toutes les idées différentes, c'est pour les composer autour de leur centre normal, pour les ranger et les graduer... »
User ainsi de la raison, « ce n’est point faire preuve d’individualisme mais du sentiment opposé ; c’est se réclamer de principes également communs, non seulement aux hommes, mais à tous les esprits, qu’ils habitent Mars ou la Lune »… C’est dailleurs « en appliquant ces principes supérieurs aux données empiriques de la vie politique » que « d'exercés dialecticiens ont, de siècle en siècle, établi l’ensemble de ces idées positives, qu’on peut aussi nommer vérités empiriques ».
La méthode étant définie, il convient non pas de « rêver la Constitution la plus "idéale" », mais de chercher « qu’elle serait la plus utile », avec l’idée que « la saine politique se subordonne à l’intérêt de la communauté politique réelle la plus étendue et la plus résistante ». « Nous disons réelle car il s’agit d’intérêts déjà existants […] Nous disons la plus étendue, parce qu’il s’agit de trouver une loi applicable au plus grand nombre de cas. Mais nous ajoutons cette condition de plus résistante pour bien spécifier de qu’elle sorte de réalité il s’agit ; une coalition, une alliance, souvent même une confédération ne sont pas de ces réalités politiques supérieures dont nous parlons. »
La réalité nationale
Voilà pourquoi la nation est au cœur de nos préoccupations. Son unité, qui « reste pour nous le plus nécessaire de tous les biens », s’inscrit dans l’histoire. À « la souveraineté de dix millions d’électeurs français représentée par des bulletins de vote ou par des élus », on opposera donc « l’autorité d’un milliard de Français morts et d’un milliard de Français à naître représentés, ceux-là, par la Maison de France et par le chef de cette Maison ». À en croire quelques-uns, « pour faire du nouveau qui fût excellent, il suffirait de casser du vieux ». Même si « la vraie tradition est critique », ils oublient que « la durée est le fruit des épreuves de lexpérience : grave indice du vrai et du bien ».
Fort de cet enseignement, quel objectif faudra-t-il poursuivre ? Il ne doit être placé « ni dans l'égalité, ni dans l'inégalité de qui que ce soit » ; « l’objectif idéal des sociétés, c'est leur prospérité générale ». « L’inégalité humaine est un fait. L’égalité n’en est pas un. Il faut mettre de l’égalité en certains objets. Il ne faut pas en mettre en tout. Voilà l’essentiel de notre doctrine. »
Maurras précise que « le seul État français qui ait le sens commun comporte au centre un roi puissant, à la périphérie des organisations autonomes ». « En effet, notre État doit être fortifié tout autant que limité et limité tout autant que fortifié. Il faut sacrifier au génie de l’autorité le ridicule verbiage du Parlement central ; il faut au, contraire, favoriser, aider, émanciper et réorganiser tous les corps, compagnies et communautés susceptibles de s’exprimer par des assemblées locales, professionnelles ou religieuses »
Le despotisme de l’individualisme
Le constat est clair : sur un fondement individualiste, on « ne peut concevoir ni réaliser autre chose que le despotisme de l’État ». « Cet État tient les personnes et les biens. Chacun se trouve seul contre l’État, expression de tous... » « De l’individualisme absolu à l’Etat absolu, la chaîne est logique. Les événements ne s’enchaînent pas moins que les idées, du régime de la Déclaration des droits de lhomme au régime de la terreur. »
Quelles leçons tirerons-nous de l’histoire ? « Nous voyons à quel point la douceâtrerie humanitaire est contiguë au sectarisme sanglant. J’en conclus qu’il faut éviter cette douceâtrerie. Je conclus que le meilleur moyen d’éviter 1793 sera toujours de s’opposer à 1789. » Quant au roi, il servit si bien l’intérêt de la France « qu’après avoir fait la nation, il ne cessa de l’étendre et de la fortifier ». La Restauration conforte Maurras dans ses convictions : « L’État modèle […] est assez sage pour ne pas vouloir la guerre, mais assez fort pour ôter au monde l’envie de la lui déclarer. Quel État français sest trouvé dans ces conditions depuis 1789 ? […] Seuls répondent à la définition de l’État suffisant, de l’État juste, les trois règnes qui vont de 1815 à 1848. » La monarchie future y répondra à son tour !
Grégoire DUBOST L’Action Française 2000 du 28 juillet au 24 août 2005
* Charles Maurras : L'ordre et le désordre Les "idées positives" et la Révolution. Éditions Self, 1948, 63 pages. -
frakass l'ame de nos peres.
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La Russie est devenue un modèle alternatif fondé sur les valeurs traditionnelles
Entretien d’Alexandre Latsa avec Xavier Moreau
Il est souvent difficile de bien comprendre les bouleversements qu’a connus la Russie, depuis la chute de l’URSS jusqu’à nos jours. Vu de l’extérieur et notamment d’Europe, l’histoire de ce jeune pays européen qu’est la Russie ressemble à un puzzle chaotique et dénué de toute logique.
Pourtant, l’auteur de “La Nouvelle Grande Russie”, qui dirige également l’antenne russe du Think-tank français Realpolitik TV, a choisi de présenter l’histoire russe en fonction de dates clefs, démontrant ainsi que les événements importants qui ont fait l’histoire récente de la Russie sont en réalité des maillons constitutifs d’un seul et même processus. Un processus ayant abouti au redressement spectaculaire que le pays continue de connaître aujourd’hui.
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Xavier Moreau bonjour ! Pourriez-vous vous présenter ?
Je suis un ancien officier saint-cyrien, j’ai servi dans les parachutistes. J’ai suivi également un cursus universitaire puisque je suis doctorant spécialisé sur les relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide, sous la direction de Georges-Henri Soutou. J’ai travaillé sur les archives soviétiques et yougoslaves.
J’appartiens à ce que j’appelle “l’Ecole historique française” dont le fondateur est Jacques Bainville et qui met en évidence les tendances lourdes ainsi que l’enchainement logique des évènements. L’Histoire y est décrite comme le laboratoire de la Politique. C’est une analyse au sein de laquelle les considérations morales n’interviennent pas et qui place l’intérêt suprême de la Nation au centre de la réflexion. Cette Ecole a été “modernisée” par Aymeric Chauprade, qui a donné ses lettres de noblesses à la “Géopolitique française”. Il a fait de cette pseudo-science anglo-saxonne et germanique, qui visait avant tout à justifier l’impérialisme et le racisme inhérents à ces deux civilisations, une science rigoureuse et logique.
J’essaie donc de m’inscrire dans cet héritage intellectuel.
Qu’est ce qui vous a poussé à écrire ce livre sur la Russie de 1991 à aujourd’hui ?
Aymeric Chauprade m’avait toujours encouragé à écrire sur la Russie contemporaine, j’ai donc sauté sur l’occasion lorsque les éditions Ellipses m’ont proposé de participer à leur collection “Dates clés”.
Pourquoi avoir choisi d’analyser la Russie selon des dates clefs? Selon des événements clefs ?
En fait la collection fonctionne selon ce principe, que je trouve excellent, car il oblige à être synthétique et à identifier les évènements réellement fondateurs, tout en en cherchant les causes profondes.
Vous affirmez que le redressement russe, “le miracle russe” comme vous dites, est en grande partie due aux décisions de l’élite politique du pays plus qu’à un heureux concours de circonstances, à savoir un prix des matières premières en hausse et une demande extérieure et européenne notamment, croissante. Pourriez-vous développer ?
Les matières premières ont souvent été en hausse en Russie, ça n’a pas empêché le pays entier de basculer dans la banqueroute à plusieurs reprises. La grande différence depuis 2000, c’est que l’État russe à commencer à épargner et à gérer ses ressources en prévision des moments difficiles. La crise de 2008, sous un gouvernement Eltsine, aurait mis la Russie à genoux. Au lieu de cela la Russie a été un des premiers pays à en sortir et sa position en a été renforcée.
Les ressources ne suffisent pas sans la volonté politique de bien les utiliser. La France a des ressources humaines et industrielles colossales, qui sont gaspillés depuis 40 ans.
Vous citez le bombardement de la Serbie en 1999 comme un élément décisif et une date clef de l’histoire russe, pourquoi cet événement de politique extérieure entre t-il en compte d’après vous ?
A la chute de l’URSS, les Russes ont été fascinés et bienveillants vis-à-vis du modèle américain. Ils sortaient du monde du mensonge et croyait sincèrement que la vérité était occidentale. Au fur et à mesure des années 90, ils ont découvert que les États-Unis avaient pris la relève comme “Empire du mensonge”.
En 1999, le masque est tombé définitivement, les États-Unis sont apparus comme ce qu’ils étaient, c’est-à-dire les ennemis de la civilisation européenne, capables de s’allier avec des mafias, des mouvements terroristes et/ou islamistes, pour parvenir à leur fin.
Vous analysez un autre événement extérieur, la guerre des 5 jours contre l’armée Georgienne, comme, je vous cite: “l’événement qui marque la fin de l’expansion américaine dans l’étranger proche de la Russie” ?
Comme prise de conscience de la duplicité mais également de la faiblesse américaine. La “guerre des cinq jours” vient comme la suite logique du bombardement de la Serbie. La différence est qu’en face de l’impérialisme américain, se dresse cette fois la Russie de Poutine, qui humilie l’administration américaine impuissante. En l’espace de deux mois, les États-Unis ont montré au monde, qu’ils étaient incapables de protéger ni leurs alliés, ni leurs banques.
[...]
Source et suite de l’article sur Blogs RIA Novosti.
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La philosophie saisie par la gauche morale
L’extrême gauche partage avec la pensée libérale un désir profond, celui de vouloir réduire toute politique soit à de la morale, soit à de l’économie. Alors quand elle tente d’articuler une réflexion sur les liens entre État, politique, souveraineté et paix comme le fait Philippe Hauser dans son dernier essai La désolation du monde, on ne peut que relever l’ampleur de la déformation du phénomène, qui nous semble cependant symptomatique des prétentions (ou de l’absence de prétentions) de la gauche morale en philosophie politique, mais aussi de ses racines théoriques inavouables.
L’État opprime, la loi triche
En quelques mots, quelle est la thèse de notre auteur ? D’abord que la politique a essentiellement partie liée avec la guerre, la terreur, la mort. En cela, il se réfère principalement au philosophe allemand Carl Schmitt qui fit de la discrimination ami-ennemi le critère de distinction entre phénomènes politiques et non politiques, critère qui permet également de saisir les contours de la communauté légitimement défendable par l’autorité politique souveraine. Cette distinction ami-ennemi, qui crée de l’identité donc de la différence, vivrait sur la négation de l’Autre, et sur l’éventualité de l’extermination physique, ce que le vocabulaire politique courant retransmet par ailleurs. Cette violence, l’État la monopoliserait indûment sous le masque soit du droit naturel, soit de la prévention de la guerre civile. Le remède positif qui nous est proposé, puisé dans la pensée de Nietzsche et de Heidegger, est la formulation d’une « pensée nomade », libertaire et anti-étatiste radicale. Plutôt que de persister, notamment dans le vocabulaire de la philosophie, à pérenniser les connexions devenues naturelles entre État comme lieu du politique et son corollaire, la guerre et la domination, il conviendrait de penser le lien philosophie et politique d’une autre manière, en dehors des cadres constitués par la tradition philosophique, en la structurant autour de l’idée normative de paix. À l’instar de Ernst Jünger qui proposait à ses lecteurs la figure du Rebelle comme modèle de vie et démarche réflexive, M. Hauser propose celui du nomade, insaisissable à la violence des contraintes externes : « Est nomade celui qui ne tient pas à sa place. Ou ce qui refuse la place assignée. Le nomade ne désassigne pas seulement les identités, il ne recompose pas les identités qu’il a défaites. »
Neutraliser la Politique
Avant de vouloir redessiner les contours d’un « autre monde possible » sans guerre, sans conflits, sans inégalités, bref neutralisé, M. Hauser devrait peut- être interroger les catégories et les représentations qu’il manipule. À côté de l’emploi d’un vocabulaire qu’il ne définit que très brièvement voire très caricaturalement ("guerre", "droit" et "politique" !), quelques remarques s’imposent.
Premièrement, réduire la politique au formalisme schmittien est un moyen commode de ne pas s’interroger sur ce qu’elle est substantiellement - réduction au passage que Schmitt récusait lui-même - ou, osons le mot, sur ce qu’est la politique essentiellement. Politique et domination étatique sont deux domaines qui ne doivent pas être confondus. On peut parier sans prendre de risques que l’affaiblissement de la domination étatique, que les européistes comme les indépendantistes de tout poil réclament, ne se traduirait pas par la disparition du politique comme créatrice d’une identité distinctive mais par sa transmission à un niveau supra ou infra-étatique.
Le problème, c’est le régime
Deuxièmement, il aurait peut-être été intéressant de sinterroger sur les formes de larticulation entre État et société, plutôt que dénoncer dogmatiquement que tous les États, en tout temps, en tout lieu et sous toutes les latitudes, sont des fauteurs de guerres, des oppresseurs des populations quil entend conserver. P. Hauser va même jusqu’à esquisser une comparaison inadmissible et égarante, entre le régime national-socialiste et ses adversaires dalors, également coupables d’avoir été « les représentants d’un système terrible de domination, dont on a fini par oublier qu’il fut, autant que d’autres, la négation de la vie humaine, quand celle-ci n’était ni blanche ni occidentale ». N’y a-t-il pas d’États souverains meilleurs que d’autres ? Et si ces états souverains sont hiérarchisables entre eux, quel critère, si ce n’est celui qui permet d’ordonner justement la place de l’État, à la fois en fonction des aspirations de ceux qui lui sont assujettis, mais aussi prenant en compte les autres éléments du vivre ensemble politique pour qu’il ne devienne pas cette machine à opprimer décrite par M. Hauser ? La réponse de la pensée classique était à la fois réaliste et subtile. Quelque soit l’habitat où vit l’Homme, il est socialisé, il est au milieu de ses semblables. Hors du cadre de la famille ou de la tribu qui l’enserrent primitivement correspond la communauté politique, dont les formes varient d’une cité à l’autre. L’organisation politico-sociale, observable par la constante de relations, du moins dans les gouvernement libres, de commandement et d’obéissance, répondait à une question qui n’a rien perdu de son actualité.
Qu’est-ce qui justifie qu’une minorité d’hommes au sein de la cité gouverne et puisse contraindre la majorité ? Là encore, la philosophie classique faisait d’un ordre constitutionnel, qui ne trouvait comme légitimation que la terreur et le mensonge, un régime corrompu que l’on pouvait tout de même distinguer de régimes plus en aspiration avec l’élément proprement humain dans l’homme, c’est-à-dire sa nature. La question maintenant est de savoir si la naissance de l’État moderne a rendu caduque toute possibilité d’évaluation de cette communauté selon des critères de justice, de ce fameux droit naturel que M. Hauser réduit, par naïveté sans doute, à un discours de dominants masquant les véritables rapports sociaux. On se contentera ici de constater que la philosophie moderne, en cela héritière de Hobbes et de Machiavel, a beaucoup œuvré pour rendre acceptable les modes d’agir politique et juridique de la tyrannie dans le cadre étatique. Seulement, limiter ses potentialités tyranniques est un dessein politique possible et souhaitable, tandis que tenter de dépasser le problème en niant sa nature politique une nigauderie.
Des racines dans le nihilisme allemand
Ne percevoir la structure de la réalité politique que comme un lieu de rapports de forces, de dominations, de puissances, de vainqueurs et de vaincus devrait peut-être alerter l’auteur sur la dette qu’il a contracté à l’endroit de la Kulturpessimismus teutonne, qui tout en prétendant dévoiler les véritables mécanismes sociaux sous couvert d’indignation morale, a également contribué à l’amenuisement de tout ce qui aurait pu constituer un remède à la longue marche de la philosophie moderne vers le nazisme. Voilà où la réflexion de l’ultra-gauche en est réduite.
Puisque nous sommes dans la pensée allemande, restons-y un peu - mais pas trop longtemps tout de même. Autant de raccourcis percutants, de « stylisation » de la réalité sociale aboutissent de la part de notre auteur à la défense d’une attitude qui se voudrait libertarienne, mais qui paradoxalement ne permet pas d’atteindre le rôle de critique sociale qu’elle voudrait s’assigner. Cette posture du nomade n’est pas sans rappeler le penseur romantique dans une critique de C. Schmitt que M. Hauser n’a pas jugé bon de citer. Schmitt décrit le romantisme politique comme une pensée de l’occasion : la politique devient une occasion de s’épancher et de mettre en scène ses rêveries enfiévrées. Seulement, ne percevant les choses politiques que comme des monades dont la seule unité se constitue dans la subjectivité de son auteur, il ne dépasse pas la surface des phénomènes, et reste en cela, sans connexion avec la réalité, bourgeois et stérile. Le romantisme révolutionnaire, même s’il continue à fasciner à droite comme à gauche a été et demeure une impasse politique.
Pierre CARVIN Action Française 2000 juillet-août 2005
* Philippe Hauser : La désolation du monde. Politique, guerre et paix, Paris, L’Harmattan, 190 pages, 16,50 euros. -
Faut-il renoncer à la démocratie ?
Je crois que certains lecteurs, en voyant ce titre, vont cliquer sur le lien tout en se demandant si Alexandre Latsa est brusquement devenu fou, ou en pensant que la suite va enfin dévoiler le fond de sa pensée. Mais non, pas d'inquiétude, l'idée n'est pas de moi.
« Faut-il supprimer la démocratie » est une citation du « sage et démocrate » Jacques Attali. Celui-ci a en effet le 18 mars dernier signé un article absolument incroyable où il pose la question de l’opportunité de songer à appuyer, aider et compléter les structures et institutions démocratiques afin de pérenniser leur efficacité.
Jacques Attali prend l’exemple de l’élection verticale et à vie du pape, puis de l'élection de la nouvelle présidence chinoise pour 10 ans, en remarquant que les deux fonctionnent selon le principe du parti unique, en portant au pouvoir quelqu'un du sérail sans consulter le peuple. Ensuite, il constate les échecs du système démocratique italien incapable de permettre l’émergence d’un gouvernement stable après les élections législatives du mois dernier. L’Italie serait d’après lui l’exemple type de l’échec du fonctionnement des systèmes démocratiques, le politique étant contraint de sacrifier l’avenir à long terme du pays (en aggravant la situation économique) pour assurer sa réélection.
Serait-il tombé sous le charme des partis uniques parce que la démocratie montre ses limites ?
Pas du tout, il propose une troisième voie. Construire (en parallèle des institutions démocratiques) de nouvelles assemblées consultatives, composées de gens choisis, qui nommeraient des responsables à des niveaux plus élevés, ces derniers constitueraient une assemblée consultative nationale, en charge de conseiller les pouvoirs démocratiques. Ces assemblées seraient toujours selon lui destinées à équilibrer des pouvoirs politiques qui seraient mieux en mesure d’exécuter leur mission: la gestion de la « cité ».
Il ajoute qu'il y a urgence à ce que des gens (des « sages » n’en doutons pas NDLR) prennent le relai des politiques élus car les risques seraient réels puisque « les multiples fondamentalismes sont présents et ils rodent autour du lit de la démocratie ». Il conclut : « Si on veut sauver l’essentiel de la démocratie, c’est à de telles audaces qu’il faut commencer à réfléchir ».
Il faut peut-être lire entre les lignes et traduire : Nous (l’oligarchie) allons devoir un peu plus confisquer la démocratie et permettre à des gens mieux « choisis » de diriger nos pays.
Utopie ? Usine à gaz avec de nouvelles assemblées commissions et comités divers salariés par les états démocratiques ? Il faut prendre très au sérieux les « audaces » proposées par Jacques Attali, parce qu'il existe déjà des comités qui pensent et décident à la place des élus du monde occidental.
Le 29 mars 2013, le président de Goldman Sachs a confirmé que le problème principal de l’UE était non pas Chypre (ou un pays comme la Grèce dans lequel le peuple est simplement en train de mourir NRDL) mais l’Italie d’aujourd’hui avec le facteur Grillo. Le troublant italien, sorte de Coluche politique, empêcherait en effet l’honnête establishment financier international d’achever sa prise de contrôle des états en faillite. Un processus qui comme on peut le voir ici est pourtant bien entamé et démontre, s’il le fallait, que c'est un comité d'anciens employés de la banque Goldman Sachs qui a pris les commandes des centres de décision du monde de la finance en Europe. Est-ce la meilleure des solutions pour l’Europe ? Le pauvre Beppe Grillo avait même eu droit au début de ce mois à un billet corrosif à son égard sur le blog de notre « sage » dans lequel il était montré du doigt comme un danger pour l’avenir de l’Europe.
Etonnante similarité de point de vue, non ?
Il y a pourtant, en dehors de la troisième voie proposée par Jacques Attali, une autre solution que la confiscation des élections par des « sages », au cœur de social démocraties dont les élites appartiennent à des corporations financières étrangères, et dont les politiciens sacrifient leurs peuples et leurs pays au nom de futiles réélections.
Dans des pays comme par exemple la Chine de Jintao et Jinping, la Russie de Poutine, la Turquie d’Erdogan ou le Venezuela de Chavez, des élites « d’un autre genre » jouissent majoritairement du soutien de leurs peuples pour accomplir la mission qui est la leur : faire de leurs pays des états puissants et souverains, capables de résister tant aux déstabilisations financières que militaires tout en poursuivant et assurant leur développement économique.
La solution en Europe n’est sans doute pas la confiscation d’une démocratie déjà en phase terminale, mais sans doute plutôt de procéder démocratiquement à un changement radical d’élites, afin de sortir d’un système d’exploitation qui ne fonctionne manifestement plus et de pouvoir enfin rendre aux peuples d’Europe ce qui leur a été confisqué : le pouvoir de décider de leur propre destin.Alexandre Latsa http://www.voxnr.com
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Au secours, les années 30 sont de retour !
La période que nous vivons est malheureusement comparable aux sinistres années 30. Si les mêmes maux produisent les mêmes effets, le pire est à venir.
La crise dont on ne voit pas le bout. Le ras-le-bol envers les politiques discrédités. La montée des extrêmes de tout poil...
De quelle époque parle-t-on ? D’aujourd’hui ou de ces années 30 qui chaque fois qu’on les évoque vous ont un petit air de menace, car l’on sait trop bien comment elles se sont terminées ? Sans jouer la politique du pire, il faut reconnaître que les ressemblances sont assez troublantes pour qu’on y regarde de plus près.
Un interminable marasme
Dès 2008, la crise des subprimes et le dévissage incontrôlé et irresponsable des banques, on a brandi le spectre de la crise de 1929 et de son krach boursier. Qu’en est-il cinq ans après ? La France des années 30 a subi, mais moins fortement que ses voisins anglais, italien ou allemand, la répercussion d’une crise mondiale. Les raisons ? La faible industrialisation d’une France encore archaïque et largement rurale (35 % en 1931), moins affectée par une récession qui touchait justement les investissements industriels. La croissance des années 20, très importante ailleurs, ayant été moindre aussi en France, pays de la gestion père de famille, notre pays tombe aussi de moins haut. Cette France-là, qui pratique encore le protectionnisme, ne connaît pas les millions de chômeurs, elle peut compter aussi sur un État fort qui, avec l’arrivée du Front populaire, va mener quelques réformes structurelles, sans rapport certes avec l’amplitude d’un New Deal américain, mais qui témoigne d’un État volontaire. Dans la crise d’un système libéral, proche de la crise des années 2000, on disposait encore d’un gros joker, l’État, qu’on commençait à envisager, dans le cadre d’une intervention lourde sur l’économie.
La crise est bien plus profonde aujourd’hui : chômage massif, déséquilibre chronique entre la production de richesses, les dépenses et la redistribution, désengagement d’un État exsangue et dépassé - malgré certaines mesures comme la création de la BPI -, dépendance envers les pays étrangers pour les flux, envers l’Europe pour les objectifs de politique économique (déficit...)
Pourtant, la politique de "déflation" mise en place à la fin des années 30 n’est pas sans rappeler la crise d’austérité que François Hollande impose graduellement à la France sans en prononcer le nom. Et l’on constate que les débats fiscaux actuels sont déjà en place : à droite, on reprochera à un Front populaire prodigue de s’en prendre aux "200 familles" - les 75 % de Hollande - pour nourrir grassement des fonctionnaires pléthoriques ; à gauche, on entend ponctionner les "gros".
Un même esprit ?
Il y eut "l’esprit des années 30" tel que le définit l’historien Serge Berstein (La France des années 30, éditions Armand Colin). Refus du libéralisme à la française, constat d’une crise de civilisation, attirance vers d’autres modèles, communiste ou chrétien - en 1932, le personnaliste Emmanuel Mounier fonde la revue Esprit. C’est la décennie d’une avant-garde qui pratique la table rase, veut repenser la société de fond en comble. Mais ce vent nouveau cohabite avec une frange importante de la population, passéiste, protectionniste, qui regarde en arrière, vers la Belle Époque, - son mythe naît dans les années 30 -, une France bourgeoise, jouisseuse et sécurisée, éternelle. Par où l’on voit que la France bloquée, frileuse, ne date pas d’aujourd’hui.
Cette fin de cycle, mutatis mutandis, évoque certains constats actuels, liant économie et capacité d’innovation, de plus en plus largement relayés : l’Europe est un très vieux continent, en voie de sous-développement ; la richesse, l’avenir, la croissance, sont réservés à d’autres horizons, d’autres civilisations. C’est à une refonte intégrale que la France est invitée : certains avancent déjà d’autres modèles - écologique, participatif -, mais à l’évidence, on semble en France bien plus essoufflé, à court d’idées, que dans les années 30. Pour le moment, les solutions les plus nettes sinon précises sont proposées par des forces protectionnistes, régressives - à droite, avec Marine le Pen, à gauche, avec Jean-Luc Mélenchon qui, par sa véhémence, aurait trouvé sans mal sa place dans les années 30 - chantant une France repliée sur elle-même, variation sur une vieille antienne. L’ambiguïté court au sein même du gouvernement puisqu’un des opposants les plus virulents à la mondialisation, Arnaud Montebourg, est devenu le ministre du Redressement national.
Le discrédit des élites
"À bas les voleurs !" : le slogan de la manifestation monstre du 6 février 1934, où se mêlaient dans un joyeux désordre anciens combattants, camelots du roi et forces attirées par le fascisme, visait avant tout les politiques impliqués dans l’affaire Stavisky, qui venait de "se suicider d’un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant". Ses nombreuses protections auprès des élus, mais aussi auprès des banques, déjà dans le viseur de la presse et de l’opinion publique, exaspèrent une grande partie de la population. Ce n’est pas le premier scandale politico-financier de l’époque (cf. affaire Hanau). Mais avec l’affaire Bettencourt, l’affaire Woerth, l’affaire Cahuzac et un ancien président mis en examen, la France des années 2010 a-t-elle des leçons de morale à donner à son ancêtre ? Ne serait-on pas en droit de crier : à bas les menteurs ! À bas les voleurs ! La colère sociale, doublée d’un écoeurement moral, gronde. Mais petit rappel : cet écoeurement fit aussi jadis le lit d’une idéologie anticapitaliste et antidémocratique qui prit la main sous Vichy, avec une volonté de moraliser à outrance la France à tous les niveaux. Attention avec la vertu : tombée aux mains de fanatiques, elle a souvent débouché sur des lendemains assassins.
Les années 30 sont donc ce moment de l’histoire de France où la république cesse définitivement d’être une mystique, pour reprendre l’expression de Péguy l’écorché, qui avant tout le monde avait diagnostiqué ce deuil et ce naufrage. C’est une lapalissade, mais les années 30 préparent 1940. Durant cette décennie, les déçus de la République vont rejoindre les ligues, les associations d’anciens combattants : on se détourne des partis, mais on se réunit encore dans des groupes politisés, à la différence des années 2010 où l’engagement est moins politique que citoyen ou social.
Errances sur la scène internationale
Dans les années 20, la France avait oscillé entre la fermeté à l’égard de l’Allemagne - l’occupation de la Ruhr - et la conciliation - l’esprit Briand. C’est finalement cet esprit qui l’emporte, notre pays s’alignant sur un allié anglais jouant l’apaisement face au danger hitlérien. Deuxième erreur commise : plutôt que de se rapprocher de l’URSS, un moment intéressée, on joue (Laval) la carte italienne, qui est une carte truquée : en 39, on aura tout faux. L’URSS s’allie à l’Allemagne, de même que l’Italie. Hormis sur le couple franco-anglais, la politique internationale est un désastre qui ne nous protégera pas d’une catastrophe militaire.
Aujourd’hui, les enjeux sont bien entendu très différents. Mais la France, dans le couple franco-allemand qui menait l’Europe, a perdu complètement la main. De partenaire respecté, elle a rétrogradé au stade de l’élève en faute qui attend la prochaine réprimande. Seul sursaut possible à même de redorer le blason terni en Europe : l’intervention sur le continent africain (Libye, Mali), où le vestige séduisant d’une politique coloniale se combine à l’écho assourdi d’une France défenseur des droits de l’homme. Le bilan, pour l’heure, est moins accablant.
La montée des extrêmes
Non, il n’y a pas eu de fascisme à la française dans les années 30. Serge Berstein l’a bien montré : l’essor des ligues n’est qu’une résurgence de l’esprit nationaliste de Boulanger, légèrement repeint au folklore mussolinien, qui a pris racine de l’autre côté des Alpes. Mais idéologiquement, on est loin du compte. Il n’en demeure pas moins une montée très violente des thèmes xénophobes que le gouvernement Reynaud avalisera en prenant en 1938 des décrets-lois très durs envers la population fraîchement immigrée. Ces décisions font écho à un état d’esprit présent dans la population et sont les prémices de la politique xénophobe de Vichy.
L’insécurité, financière, identitaire, sociale, tarte à la crème de notre époque, est un thème qui surgit, habilement exploité, dans les années 30. Cette droitisation de la vie politique - vraie dérive de ces années 30 qui voit l’Assemblée élue pour le Front populaire en 1936 voter les pleins pouvoirs à Pétain en 1940 - a largement été diagnostiquée depuis quelques années, que ce soit à l’UMP, mais même aussi, à présent, au PS. Si les nationalistes des années 30 désignent comme ennemi principal les communistes internationalistes, fossoyeurs de la France, aujourd’hui, le réflexe identitaire a une autre cible : l’Europe et son fédéralisme. La cible a changé, mais le discours et l’objectif sont restés les mêmes. Affaire à suivre...
François-Guillaume Lorrain - Le Point