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culture et histoire - Page 733

  • La fin du mythe de la Révolution dite française ? Tout y a été violence

    La fin du mythe de la Révolution dite française ? Tout y a été violence

    Historien, directeur de recherche honoraire au CNRS et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen,Claude Quétel, qui vient de publier Crois ou meurs! Histoire incorrecte de la Révolution française, explique dans Le Figarovox que la violence s’est inscrite dès 1789 au cœur du processus révolutionnaire :

    Les histoires orthodoxes de la Révolution française, celles de nos manuels scolaires, ne veulent retenir que de rares journées de violence, décisives certes mais non consubstantielles de l’événement, presque des accidents. Il ne serait pas dans la vraie nature de notre Révolution, mère des droits de l’homme, de faire couler le sang! Or tout a été violence dans la Révolution. Les deux mots se recouvrent.

    Mais qu’est-ce que la violence révolutionnaire? Faut-il qu’il y ait des morts? Le 17 juin 1789, les députés du tiers état se proclament tout de go «Assemblée nationale» en ajoutant que celle-ci veut bien «consentir provisoirement à l’impôt». Voilà la première grande violence de la Révolution. C’est à la fois un coup d’Etat et un crime de lèse-majesté si on n’oublie pas qu’à cette date on est encore en monarchie – une institution plus que millénaire. La révolution commence ce jour-là.

    14 juillet 1789

    Dès lors, les faits n’ont plus qu’à s’enchaîner, inexorablement. Les épisodes sanglants sont plus faciles à suivre à la trace, d’abord ruisseaux puis torrents. Après le saccage de la manufacture Réveillon, au mois d’avril, dont la répression par les troupes royales avait fait plusieurs centaines de morts, le premier sang est celui du 14 juillet 1789 et de la trop fameuse prise de la Bastille. Ce ne sont pas tant les quelques dizaines de tués et centaines de blessés de ce non-combat que la décapitation du gouverneur Launay et du prévôt des marchands Flesselles par un cuisinier au chômage, «qui sait travailler les viandes», qui font date. Le peuple vient de faire irruption sur la scène révolutionnaire. Malouet, l’un des chefs du parti constitutionnel à la Constituante, écrira après avoir émigré: «Pour tout homme impartial, la Terreur date du 14 juillet.»

    L’anarchie s’installe alors en effet, et avec elle ses crimes. Huit jours après la prise de la Bastille, l’intendant de Paris, Bertier de Sauvigny, et son beau-père, Foulon de Doué, accusés par l’émeute, qui ne désarme pas, de vouloir affamer le peuple, sont pendus en place de Grève puis décapités. Leurs têtes, après celles du 14 juillet, sont promenées au bout d’une pique. A l’Assemblée, qui s’indigne et commence à s’inquiéter, le député Barnave, très populaire, s’écrie: «On veut nous attendrir, messieurs, en faveur du sang qui a été versé hier à Paris. Ce sang était-il donc si pur?» On voudrait croire que Barnave se remémora ces paroles, qui firent alors grand effet, lorsque ce fut son tour de monter à l’échafaud, le 29 novembre 1793.

    La violence gagne la province car ceux qui se parent alors du titre avantageux de «patriotes» et qu’on va bientôt nommer «Jacobins», adeptes du philosophisme et des utopies égalitaires des Lumières, soufflent sur les braises. À Saint-Denis, le 2 août, le maire, accusé d’avoir refusé d’abaisser le prix du pain, est poursuivi jusque dans le clocher de la basilique, poignardé et décapité au terme d’un supplice de plusieurs heures. L’été 1789 est ponctué de lynchages sur fond d’émeutes de subsistance. A Caen, le 12 août, le vicomte de Belzunce, major en second du régiment de Bourbon infanterie, est littéralement dépecé par la foule. Si ces jours ne font pas date, ils font la Révolution dans la mesure où ils provoquent, partout, la désertion des autorités légitimes et un vide institutionnel dans lequel vont s’engouffrer les violents.

    Le 5 octobre 1789, les femmes de la Halle font irruption à Versailles et ramènent à Paris, selon la formule si aimable et consacrée, «le boulanger, la boulangère et le petit mitron». Deux gardes ont été tués et décapités. Leurs têtes au bout d’une pique escortent le cortège royal. Mais la violence ultime, c’est l’enlèvement du roi, son humiliation dans le cortège grotesque qu’a si bien décrit Chateaubriand, et sa prise en otage par sa «bonne ville» de Paris.

    17 juillet 1791

    Le temps assez long qui a suivi, sans épisodes sanglants majeurs, a fait de l’Assemblée constituante la bonne élève de la Révolution. Sauf que son vrai visage est celui de l’anarchie et déjà d’une première forme de terreur, une minorité activiste parée du beau nom de «patriotes» s’employant à museler les députés «monarchistes» à grand renfort de peuple vociférant dans les tribunes et proférant des menaces de mort.

    Après une année 1790 qualifiée d’«heureuse» par certains historiens (le temps tout de même de faire main basse sur les biens du clergé), le roi se décide à fuir la violence révolutionnaire pour se replier auprès de régiments fidèles, dans la région de Metz. L’échec de la pathétique équipée de Varennes, dans la nuit du 21 au 22 juin 1791 – elle-même marquée par le massacre du comte de Dampierre, venu saluer le roi sur le chemin du retour -, conduit à une manifestation sur le Champ-de-Mars le 17 juillet suivant, orchestrée par le club des Cordeliers – l’extrême gauche du moment. Une pétition réclame la République. Commandée par La Fayette, la Garde nationale – créée le 14 juillet pour s’opposer à tout coup d’Etat militaire favorable au roi – ouvre le feu. On va relever au moins cinquante morts. Pour la première fois, la Révolution a tiré sur la Révolution. Une fracture irréversible vient de se produire entre modérés et radicaux.

    La machine révolutionnaire s’emballe alors, notamment avec l’entrée en guerre de la France contre l’Autriche au printemps 1792, à laquelle l’Assemblée pousse le roi: elle va durer vingt-trois ans et peser sans cesse sur la Révolution. Inspirés par leurs ténors (Danton, Marat, Robespierre…), les Jacobins attisent la haine, tiennent les rênes de la Commune de Paris, poussent en avant les sans-culottes, qui font irruption aux Tuileries le 20 juin et insultent le roi pendant des heures, le contraignant à coiffer le bonnet phrygien, devenu le symbole des «patriotes», et à boire à la nation. Un forcené, pas plus ivre que les autres, brandit au bout d’une fourche un cœur de veau avec cette inscription: «cœur des aristocrates». Faisant preuve de courage et de dignité, Louis XVI tient bon, refusant de lever son veto aux décrets de l’Assemblée législative sur la proscription des prêtres réfractaires et la création d’un camp de 20.000 fédérés. «Pendant les trois années qui suivent la prise de la Bastille, écrira Taine, c’est un étrange spectacle que celui de la France. Tout est philanthropie dans les mots et symétrie dans les lois ; tout est violence dans les actes et désordre dans les choses.»

    10 août 1792

    Cette journée du 20 juin n’est que la répétition de celle du 10 août 1792, qui liquide la monarchie. Loin du mythique «spontanéisme révolutionnaire», l’affaire a été préparée de longue date par les Jacobins et précipitée par deux événements: la proclamation de «la patrie en danger», le 11 juillet, par l’Assemblée, à la suite de l’entrée en guerre de la Prusse aux côtés de l’Autriche, qui a fait affluer à Paris 500 fédérés de Marseille, et le manifeste de Brunswick. Daté du 25 juillet 1792 et connu à Paris le 1er août, ce texte signé du chef de l’armée prussienne promettait à la capitale une répression militaire sans merci si le roi et sa famille venaient à être à nouveau outragés.

    Sans avoir été interceptés où que ce soit par une Garde nationale dont les chefs ont été éliminés, quelques milliers de sans-culottes et fédérés progressent sur les deux rives de la Seine, arrivant des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel. Les Tuileries ne sont défendues que par quelques centaines de gardes suisses et une poignée de nobles venus spontanément mettre leur épée au service de leur roi. Les gardes nationaux censés assurer l’ordre sont pour beaucoup acquis aux idées révolutionnaires et leur tendance est plutôt à rejoindre l’émeute. La fusillade éclate vers huit heures. Les assaillants tirent au canon, mais les volées trop hautes ne frappent que les toits. Les défenseurs répliquent des fenêtres et leurs salves ajustées et nourries abattent de nombreux émeutiers.

    Le combat est indécis lorsque Louis XVI, qui s’est réfugié avec sa famille à l’Assemblée toute proche pour y demander protection, envoie aux défenseurs l’ordre de déposer les armes. Son obsession, qui lui a déjà coûté l’échec de Varennes, est de ne pas faire couler le sang de ses sujets. Ce faisant, il donne involontairement le signal du massacre. Facilement reconnaissables à leur uniforme rouge, les gardes suisses sont percés de coups ou défenestrés. Sur 900, 600 périssent. Le carnage, y compris celui des domestiques, ne prend fin que vers onze heures. Chaumette, procureur de la Commune insurrectionnelle de Paris, proclamée ce même 10 août après avoir évincé la municipalité existante, raconte: «Tous les appartements ne présentèrent bientôt plus qu’une vaste boucherie de tronçons de membres coupés et palpitants, d’entrailles fumantes, de cheveux, d’armes brisées, de meubles, de glaces, de tapisseries en pièces et répandues dans des mares de sang humain.» On dénombre un millier de tués du côté des défenseurs et environ 400 chez les assaillants.

    Le grand tournant de la Révolution

    Le 10 août 1792 marque le grand tournant de la Révolution. La suspension du roi est aussitôt décrétée, prélude à son emprisonnement avec sa famille à la tour du Temple. Trois mille «suspects», qui regroupent tous ceux qui sont susceptibles d’avoir quelque raison d’être hostiles à la Révolution, sont alors jetés dans les prisons parisiennes. Cinq jours après l’assaut des Tuileries, une délégation de la Commune insurrectionnelle, conduite par Robespierre, demande à l’Assemblée la création d’un «tribunal du peuple» pour punir… les défenseurs des Tuileries, ces «assassins du peuple».

    Sur fond de pays en guerre et plus que jamais menacé d’invasion, les massacres dits de Septembre procèdent de la journée du 10 août. Mobilisées par la Commune insurrectionnelle et les appels au meurtre de Marat, des bandes de sans-culottes font irruption dans les prisons de Paris et tuent à l’envi, à coups de sabres, de piques et de gourdins. Le sang inonde les pavés. Des charrettes remplies de cadavres cheminent triomphalement dans les rues de la capitale, conduites par des brutes avinées et injurieuses qui obligent les passants à boire à la nation. Le bilan est consternant: 1 300 victimes à Paris et au moins 250 en province. Pour justifier l’instauration d’une justice d’exception, Danton aura, le 10 mars 1793, cette phrase si lourde de sens: «Soyons terribles pour dispenser le peuple de l’être.» La guillotine s’installe alors dans le paysage révolutionnaire.

    21 janvier 1793

    Autre conséquence logique du 10 août 1792, l’abolition de la royauté est votée à l’unanimité par la Convention lors de sa première réunion le 21 septembre. Mais que faire du roi? L’exiler? Le juger? «Le roi est un ennemi ; nous avons moins à le juger qu’à le combattre», déclare Saint-Just à la Convention. A quoi son ami Robespierre surenchérit: «Louis ne peut donc être jugé, il est déjà condamné ; il est condamné ou la République n’est point absoute (…). Louis doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive.» La gauche révolutionnaire entend ainsi rompre de façon absolue et irréversible avec le passé honni de la monarchie et fonder dans le sang la souveraineté populaire. A la suite d’un suffrage sous l’influence des Montagnards, de la Commune et des tribunes de l’Assemblée, au cours duquel chaque député est tenu de se prononcer à voix haute, «Louis Capet» est condamné à mort d’une courte tête, si l’on ose dire. Il est guillotiné le 21 janvier 1793 à 10 h 22.

    Ce point de non-retour voulu par l’extrême gauche de la Révolution, qu’incarnent désormais les Montagnards, loin de souder les Français à la République, précipite leur division, favorise une première coalition des puissances européennes – qui voit la Grande-Bretagne et, à sa suite, la plupart des pays européens rejoindre l’Autriche et la Prusse – et l’éclosion de la guerre de Vendée, dans une région profondément attachée à son roi et à la religion catholique. Pour celle-ci, qui va durer jusqu’en 1796, pas de grandes dates de violence et de sang, mais l’horreur de la guerre civile au quotidien. Au terme de la «vengeance nationale» qui s’abat sur les départements dits vendéens, on aboutira au nombre ahurissant de 220 000 à 250 000 morts, hommes, femmes et enfants, jusqu’à poser la question d’un génocide.

    Les dangers qui menacent la République servent de prétexte à l’instauration de la terreur, avec un petit «t» d’abord, en attendant le grand. Un décret de la Convention du 19 mars institue la peine de mort pour tous les insurgés de Vendée. La veille, le tout nouveau Tribunal révolutionnaire juge le plus sérieusement du monde Catherine Clère, 55 ans, cuisinière de son état. Ivre, elle a crié «Vive le roi!» et entonné des chansons «dans le sens inverse de la Révolution». La voilà accusée d’avoir tenu des propos «tendant à provoquer la destruction de la République et le rétablissement de la royauté en France». La pauvre bonne femme est condamnée à mort, aussitôt mise dans une charrette et guillotinée d’importance sur la place de la Révolution.

    Ce «despotisme momentané de la liberté», comme dit si joliment Marat, commence par viser les Girondins, hier la gauche de l’Assemblée législative, désormais la droite de la Convention, face aux Montagnards, Robespierre, Danton, Marat, Saint-Just, Couthon et d’autres. Incapables de diriger la guerre qu’ils ont provoquée, ils sont devenus «chutables» et ils chutent en effet, après avoir cru, bien à tort, pouvoir s’appuyer sur le centre de l’Assemblée, péjorativement dénommé «la Plaine».

    2 juin 1793

    Jusqu’alors, les assemblées successives s’étaient donné une apparence de légalité, au demeurant inventée de fraîche date. Mais le 2 juin 1793, un nouveau seuil est franchi lorsqu’une insurrection sans-culotte, dirigée par un comité secret, surgit devant la Convention et fait «acclamer» sous la menace le décret d’arrestation de vingt-neuf députés girondins. La Révolution se retourne contre elle-même et, pour la première fois, l’émeute organisée par les Montagnards a raison de la représentation nationale. Vergniaud, l’un des députés girondins décrétés d’arrestation et qui s’est refusé à fuir, prédit: «La Révolution est comme Saturne. Elle dévorera tous ses enfants

    Le terrorisme montagnard peut désormais s’exercer sans entraves pour s’imposer à la Convention et capter la faveur des sans-culottes. Le 24 octobre, vingt et un députés girondins comparaissent devant le Tribunal révolutionnaire. Condamnés à mort le 30, ils sont guillotinés le 31. Les condamnés «ont montré un courage de scélérats», consigne un rapport de police. Marie-Antoinette les a précédés de deux semaines, au terme d’un procès ordurier. Jacques Hébert, substitut du procureur de la Commune, s’y est distingué comme… «témoin», allant jusqu’à accuser la «veuve Capet» de pratiques incestueuses sur le Dauphin. Le jour de l’exécution de la reine, vingt et un cercueils royaux ont été profanés dans la basilique Saint-Denis. Tuer les rois vivants ne suffit pas. Il faut aussi tuer les morts.

    Le Tribunal révolutionnaire siège désormais en permanence et place sous le «rasoir national» son lot quotidien de condamnés. Un huissier d’Angers est décapité pour avoir daté une lettre de l’«an dernier de la République et de la liberté». Une rare caricature contre-révolutionnaire met en scène deux sans-culottes: «Y a-t-il guillotine aujourd’hui?» demande le premier. «Oui, répond le second, car il y a toujours trahison.»

    En province, la répression s’abat sur les villes qui se sont révoltées à la suite du coup d’Etat contre les Girondins. A Lyon, qui est retombée le 9 octobre entre les mains des Montagnards, on guillotine, on fusille et, pour aller plus vite, on canonne à mitraille les prisonniers dans la plaine des Brotteaux. Deux mille Lyonnais périssent ainsi, dont 820 guillotinés sur la «place de l’Egalité». A Toulon, qui capitule le 19 décembre devant l’armée de la Convention, 800 habitants sont fusillés sans jugement. En Vendée, le général Turreau organise les «colonnes infernales» en ordonnant: «La Vendée doit être un cimetière national.» Aux Lucs-sur-Boulogne, le 28 février 1794, 458 habitants, dont 110 enfants de moins de 7 ans, sont massacrés. Pour économiser les cartouches, une partie des victimes sont entassées dans l’église, que les républicains incendient. A Nantes, Jean-Baptiste Carrier déploie sa folie meurtrière: 2.600 fusillés et 3.500 noyés dans la Loire, de novembre 1793 à février 1794. La Loire est promue au rang de «fleuve révolutionnaire». De retour à Paris, Carrier s’insurge contre ceux (il y en a quand même) qui s’émeuvent de telles tueries. Le voilà qui pérore au club des Cordeliers en vitupérant ceux qui ne voudraient plus de guillotine: «Les monstres! Ils voudraient briser les échafauds!»

    5 avril 1794

    Malheur à ceux qui voudraient mettre un frein à toute cette horreur, même lorsqu’il s’agit de Danton qui, le 22 novembre 1793, s’est élevé contre les persécutions religieuses et a réclamé avec force «l’économie du sang des hommes». Il est las de la Révolution. Robespierre, de son côté, prône au contraire, dans son discours du 5 février 1794, «la vertu pour principe, sinon la terreur». «On ne fait point la République avec des ménagements, renchérit Saint-Just, l’alter ego de l’Incorruptible. Soyez donc inflexibles: c’est l’indulgence qui est féroce puisqu’elle menace la patrie.» La Terreur apparaît bien comme ce qu’elle est: non pas un accident de la Révolution, mais son essence même. Dans le duel qui va maintenant l’opposer à Robespierre, Danton a perdu d’avance, tant la phrase de Voltaire dans Alzire se vérifie alors: «Tout pouvoir, en un mot, périt par l’indulgence.»

    Robespierre et les siens entendent en effet se débarrasser des deux «factions» qui menacent leur absolutisme: à leur gauche, les Hébertistes (dits «Exagérés»), et, à leur droite, les Dantonistes (dits «Indulgents»). C’est chose faite le 24 mars pour les premiers, accusés, au cours d’un simulacre de procès, d’une conjuration visant à affamer le peuple. Ils sont dix-neuf à monter tour à tour sur l’échafaud, Hébert en dernier et peu ferme en vérité. Le couperet de la guillotine n’a pas plus tôt tranché la tête des Hébertistes que les jours des Dantonistes sont comptés. Leur procès s’ouvre le 2 avril. Accusés de vénalité, de concussion et de proximité avec les Girondins, tous sont condamnés à mort et guillotinés le 5 avril 1794, Danton le dernier. «Je vis, raconte Arnault, se dresser, comme une ombre de Dante, ce tribun qui, à demi éclairé par le soleil mourant, semblait autant sortir du tombeau que prêt à y entrer.»

    La Grande Terreur

    C’est alors que peut commencer la «Grande Terreur». Près de 8000 «suspects» s’entassent dans les prisons parisiennes.Il faut faire de la place et on invente pour ce faire les «conspirations des prisons», prétexte grossier à remplir les charrettes. Huit jours après l’exécution de Danton et des Indulgents, un premier convoi de dix-neuf prisonniers prend le chemin de l’échafaud. Le 22 avril, c’est au tour de Malesherbes, 73 ans, totalement retiré de la vie politique depuis qu’il a courageusement assuré la défense de Louis XVI. On le guillotine seulement après que, devant lui, ont été décapitées sa fille et sa petite-fille. On exécute des généraux. Emigré l’année précédente, le journaliste Mallet du Pan résume: «La très petite minorité gouverne avec un sceptre d’acier tranchant.» La loi du 22 prairial (10 juin 1794) institue que le Tribunal révolutionnaire ne pourra désormais prononcer que l’acquittement ou la peine de mort. Plus d’avocat. Pas d’autres témoins que ceux choisis à charge. «Toute lenteur est un crime», a averti Couthon, le rapporteur de la loi. Libérée de toute entrave, la Terreur s’abat comme jamais. La guillotine fonctionne sans discontinuer, décapitant près de 3000 victimes rien qu’à Paris. «Les têtes tombaient comme des ardoises», fanfaronnera Fouquier-Tinville.

    8-9 thermidor an II (26-27 juillet 1794)

    Paris vit dans la peur. Sur les murs, on lit en gros caractères: «Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort.» Mais la Convention a peur aussi car on peut tout aussi bien aller chercher des «ennemis du peuple» en son sein. Une conspiration se met en place, qui entend se débarrasser du despote Robespierre. Le 8 thermidor (26 juillet), celui-ci menace de nouveau, mais le 9 on l’empêche de parler. Robespierre, Saint-Just et Couthon sont décrétés d’arrestation et emprisonnés, puis vaguement délivrés par une Commune qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, enfin mis hors la loi, puis arrêtés de nouveau au milieu de la plus extrême confusion. Plus besoin de jugement. La mise hors la loi permet au Tribunal révolutionnaire d’envoyer directement à la guillotine. Le lendemain, 10 thermidor, Robespierre et vingt et un de ses proches sont guillotinés. D’autres exécutions suivent le lendemain et le surlendemain. Il y en aura 107 au total. L’élimination de l’Incorruptible et de ses acolytes met fin à une Terreur que la Convention s’empresse de désavouer, mais pas à la violence révolutionnaire. D’ailleurs, la guerre continue. «La France changeait de crime, écrit le baron de Frénilly ; il n’était plus que du second ordre, et nous tombions des scélérats aux brigands.» La Convention dite thermidorienne, qui vit au jour le jour, se laisse surprendre par une première irruption populaire le 12 germinal de l’an III (1er avril 1795). Au terme du terrible hiver 1794-1795, les sans-culottes, qu’on avait oubliés, réclament du pain.

    1er prairial an III (20 mai 1795)

    Le 20 mai, le mouvement rebondit et une nouvelle émeute jacobine réussit à occuper la Convention pendant plusieurs heures. Le député Féraud, qui a tenté de haranguer les émeutiers, a été tué d’un coup de pistolet. Sa tête, mise au bout d’une pique, est présentée dans un tumulte indescriptible au président de séance. Est-ce à dire que la révolution jacobine et sans-culotte prend de nouveau son essor? Jamais, depuis le début de la Révolution, les émeutiers n’ont été aussi nombreux: peut-être 20.000, avec des canons. Mais en face d’eux, outre les troupes habituelles des sections parisiennes, toujours prêtes à fraterniser, il y a l’armée, à laquelle l’Assemblée a fait appel pour la première fois. Les émeutiers se contentent de vagues promesses et la répression qui suit est féroce. C’en est fini du sans-culottisme mais pas de la violence, qui prend dès lors les couleurs de la contre-révolution. Une «terreur blanche», menée par des partisans royalistes, s’abat sur la province. A Lyon, dans la vallée du Rhône, à Marseille, en Provence, les prisonniers jacobins sont assassinés dans leurs prisons. Les royalistes relèvent la tête et tentent un débarquement d’une petite armée à Quiberon le 27 juin 1795. Après une défaite à l’issue de laquelle 748 prisonniers sont fusillés alors qu’on leur avait promis la vie sauve, il ne leur reste plus que la voie électorale, qu’ils ont toutes les chances d’emporter grâce à la mise en place d’une nouvelle constitution. […]

  • Qu'est-ce qu'une cité, une nation, la nation française ?

    Jean-Baptiste Donnier, Hilaire de Crémiers

    Vidéo : Maurras, l’homme de la cité, par Jean-Baptiste Donnier, professeur des universités. [Extrait du colloque Maurras, l'homme de la politique, tenu à Marseille, le 21 avril 2018].

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    Nous vivons une période très singulière marquée, tout particulièrement pour la France, du signe de la contradiction suivante :

    1. La difficulté croissante du pays à se définir comme nation, à assurer et assumer son unité, tant elle apparaît fracturée et peu assurée de sa légitimité. Tant elle est soumise - du fait, sans-doute d'une nouvelle trahison de ses « élites » - à la tentation du reniement de soi et de l'autodénigrement.

    2. Cependant, ce faisant, la France n'est-elle pas, une fois de plus à contre-temps, en retard d'un train ou d'un cycle, au moment où partout dans l'univers se manifeste un retour des nations, des limites, des frontières, une aspiration des peuples à reprendre leur destin en mains ? «  Tout va basculer* » dans cette direction est le titre et la thèse d'un ouvragegrand public, qui connaît un large succès de librairie et d'influence, sans-doute parce qu'il coïncide avec la réalité des évolutions que connaît le monde actuel.

    Mais qu'est-ce qu'une Cité ou une nation ? Peut-on en donner une définition pertinente ? C'est ce que réussit  Jean-Baptiste Donnier, à travers la pensée de Charles Maurras, dans cet exposé qui n'est point long et qui est, selon nous, fondamental. 

    Il répond au questionnement que nous avons évoqué en commençant. Quand tout devient troublé et incertain, n'est-il pas temps d'en revenir aux fondamentaux ? C'est ce que nous proposons en cette journée du 1er mai dont on nous dit qu'elle est de tous les dangers. Bonne écoute ! lafautearousseau  

    * Tout va basculer de François Lenglet, Albin Michel, 2019

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Le courage, clef de voûte de la reconquête – Cyril Raul (Les Identitaires)

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    Dans un discours prononcé à l’Université de Harvard, l’écrivain Soljenitsyne avait, dès 1978, analysé le déclin de la société occidentale avec une pertinence qui frappe encore aujourd’hui l’esprit. L’un des passages les plus édifiants de son propos cible la perte généralisée du courage civique, qualifié de « trait le plus saillant » des pays occidentaux.

    Pour l’auteur russe, « ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société toute entière ». Cet abaissement se manifesterait en premier lieu chez les fonctionnaires politiques. Soljenitsyne souligne tout particulièrement l’attitude ambivalente consistant, pour eux, à être « pris d’un accès subit de vaillance et d’intransigeance, à l’égard de gouvernements sans force, de pays faibles que personne ne soutient ou de courants condamnés par tous et manifestement incapables de rendre un seul coup. Alors que leurs langues sèchent et que leurs mains se paralysent face aux gouvernements puissants et aux forces menaçantes (…). »

    L’Etat sait être fort quand il le veut

    Des propos qui, quarante ans après, marquent malheureusement encore par leur justesse, particulièrement en France. Car ces dernières années, l’administration française a démontré qu’elle savait être forte avec les faibles et faible avec les forts.

    Torse bombé, elle court bombarder la Libye ou menacer la Syrie. Tout en courbant si facilement l’échine à l’amorce d’un nouvel investissement qatari ou saoudien sur son sol.

    Elle laisse sans complexe sa police éborgner des Gilets jaunes de la France périphérique, mais la bride par des consignes incapacitantes lors des émeutes de bandes ethniques.

    Au nom de la sécurité et de la lutte contre la pollution, elle sermonne et sanctionne les automobilistes en réduisant drastiquement leur vitesse sur les routes, en surtaxant le carburant ou en multipliant les contrôles radars. Dans le même temps, elle laisse le deal de drogue prospérer dans les cités, ce laisser-aller volontaire constituant le prix de la paix sociale.

    Elle prétend défendre le vivre-ensemble en condamnant très sévèrement un mouvement politique, Génération Identitaire, coupable à ses yeux d’avoir dénoncé l’islamisation de l’Europe sur le toit d’un chantier. A l’heure où, de manière bien souvent complice, elle laisse l’islamisme (celui des Frères Musulmans en tête) librement prospérer dans les associations, les mairies et, maintenant, les concerts.

    Nous pouvons mais ne voulons pas

    Pourtant, sondage après sondage, les Français s’accordent très majoritairement sur un point : le rejet de la submersion migratoire et de l’islamisation de leur pays. Une position que partage même une large part des membres de l’administration, malgré les prises de positions publiques de ses dirigeants. Les Français sont contre, mais leur manque de courage civique les empêche d’agir. Il existe une attitude généralisée consistant à se taire et laisser faire. Un déclin du courage qui, pour Soljenitsyne, « semble aller ici ou là jusqu’à la perte de toute trace de virilité ».

    Les Français et les Européens sont capables d’explorer l’espace, de développer l’intelligence artificielle ou de concevoir des avions de chasse alliant élégance et prouesses technologiques, mais ne parviendraient pas à stopper l’immigration et l’islamisation, ni à combattre l’insécurité qui se généralise sur leur sol ? La France et l’Europe ne manquent pas de gens intelligents, mais de gens courageux. Elles ne meurent pas de bêtise mais de lâcheté. Car, en dépit du progrès technique, « faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant coureur de la fin ? » questionne l’écrivain russe. Une interrogation qui ne peut qu’amener à cette déduction : le réveil passera d’abord par un retour du courage politique.

    La force de l’exemple

    Un courage illustré, entre autres, par le combat désintéressé des jeunes européens de Génération Identitaire, qui sur le plan individuel n’ont rien à gagner et tout à perdre en s’engageant en première ligne. Contrairement aux magistrats qui les jugent ou aux journalistes qui les condamnent, eux ne sont pas payés pour militer. Ils ne bénéficient d’aucune protection et ne se retranchent par derrière leur administration ou leur rédaction pour défendre leurs convictions. Eux n’ont rien à vendre et ne cherchent pas leur promotion.

    Accepter de prendre des coups et s’élever au dessus de son intérêt personnel au nom de valeurs plus nobles : voilà bien une matrice du courage politique. Un courage incarné notamment par Romain, qui a perdu son travail à la suite de l’action Defend Europe dans les Alpes. Mais aussi par ces dizaines de jeunes identitaires mis en examen ces derniers mois suite aux actions de Marseille et de Bobigny dans le 93.

    « Bien sûr », nous dit Soljenitsyne, « il y a encore beaucoup de courage individuel mais ce ne sont pas ces gens là qui donnent sa direction à la vie de la société ». Pourtant, le courage individuel semble aujourd’hui permettre un réveil des consciences, avec l’attrait exaltant que peut avoir un fruit longtemps oublié dont on devinerait à nouveau le goût. Lentement, il revient, le courage des uns éveillant les enthousiasmes des autres. Il se diffuse par l’incarnation et l’exemple, avec l’espoir qu’il atteigne un jour nos dirigeants et nos élites. Peut-être est-ce là la seule nuance, teintée d’espérance, à apporter aujourd’hui au portrait prophétique de notre société dressé avec éclat par Soljenitsyne, il y a maintenant quatre décennies.

    Cyril Raul

    Texte repris du site deLes Identitaires

    https://fr.novopress.info/214415/le-courage-clef-de-voute-de-la-reconquete-cyril-raul-les-identitaires/

  • Samedi 11 Mai, hommage à Sainte Jeanne d'Arc

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    Samedi 11 mai à 17h30, à l'issue du Banquet des 10 ans du Parti de la France, un dépôt de gerbe en hommage à Sainte Jeanne d'Arc, héroïne de la Nation, se déroulera Place Saint-Augustin (Paris 8e) devant sa statue.

    Carl Lang, Président du Parti de la France, prendra la parole.

    Tous les patriotes sont les bienvenus. Sont uniquement autorisés les drapeaux français, régionaux et du Parti de la France. Le SEP (Service Encadrement Protection) encadrera cette manifestation.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Zoom – Politique Magazine : un mensuel de combat pour la réinformation

    Jean Viansson-Ponté vient de succéder à Hilaire de Crémiers à la direction du mensuel Politique Magazine placé sous le parrainage de grandes signatures passées et actuelles : Déon, Dutourd, Piat, Volkoff mais aussi Jean des Cars, Rouvillois, Trémolet de Villers et Jean-Christian Petitfils. Avec l’aide de Philippe Ménard, rédacteur en chef et éditorialiste du journal, Jean Viansson-Ponté veut faire de Politique Magazine un mensuel de combat et de réinformation qui prenne le temps d’enquêter et de décrypter l’actualité. Politique Magazine, une arme supplémentaire pour la presse alternative !

    https://www.tvlibertes.com/zoom-politique-magazine-un-mensuel-de-combat-pour-la-reinformation

  • L'intervention de Robert Steuckers lors de la Journée régionale de Synthèse nationale à Nieppe, près de Lille, dimanche 28 avril 2019.

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    Sur cette journée : cliquez ici et cliquez là

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

    Chers amis et camarades,

    Aujourd’hui, nous avons les élections législatives espagnoles ; dans moins d’un mois, les élections européennes. Très récemment, nous avons eu les législatives finlandaises qui ont fait du parti des Finlandais la deuxième formation du pays, qui talonne les sociaux-démocrates, généralement vainqueurs dans le grand Nord et cette fois avec un écart de seulement 0,2% des voix (17,5% contre 17,7%). En septembre, les sondages donnent l’AfD victorieuse en Saxe où s’effondrent le parti de Merkel et les sociaux-démocrates. Le vent semble tourner en Europe et les chances de Vox en Espagne sont réelles aujourd’hui, où l’on vote pour des législatives anticipées. Nous verrons ce soir ce que ce scrutin donnera et s’il y aura, ou non, dans les prochaines semaines, un gouvernement PP/Vox/Ciudadanos. Mais ces diverses élections, à quoi pourraient-elles bien servir ? Quels projets nouveaux et nécessaires devraient-elles promouvoir pour autant que les élections apportent réellement du nouveau ? La nécessité, urgente aujourd’hui, est l’émancipation de l’Europe qui doit échapper, coûte que coûte si elle veut simplement survivre, à l’étau qui l’enserre, à l’étau qui est formé par la politique du Deep State américain et par les initiatives, en théorie privée, des multiples associations et ONG patronnées par George Soros. Les élections italiennes, qui ont porté au pouvoir etle populisme de droite de la Lega de Salvini et le populisme de gauche du « Mouvement Cinq Etoiles » de diMaio, semble être de bon augure et les meilleures nouvelles, en ces temps moroses où les gilets jaunes peinent à obtenir gain de cause, viennent assurément d’Italie.

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  • Zoom – Romain Guérin : Anne-France, le journal de la France abandonnée !

    Dans ce roman, tout commence de manière macabre quand un pompier découvre dans une soupente misérable le cadavre d’une vieille dame en état de décomposition avancée. Dans la pièce dépouillée se trouvent deux ouvrages et un journal intime. Écrit à l’aide de ses dernières forces, le journal d’Anne-France révèle une femme française, catholique et finalement « très Gilet Jaune » symbole d’une France populaire et déclassée, d’une France qui disparait sous nos pas. Romain Guérin a écrit un très beau livre, évoquant des problématiques lourdes sur lesquelles le romancier porte un regard sombre. Et le corps abandonné sans vie d’Anne-France sonne comme un ultime appel au secours! Un ouvrage poétique à dévorer de toute urgence.

    https://www.tvlibertes.com/zoom-romain-guerin-anne-france

  • Romain Guérin : Je préfère la France des croisades à celle de « Plus belle la vie »

    571019253.jpgRiposte laïque cliquez ici

    L’écrivain-poète Romain Guérin m’a accordé un entretien autour de son roman Le Journal d’Anne-France, paru aux éditions Altitude. Ce récit constitue une histoire française puisant dans les entrailles de notre passé collectif tourmenté, tout en pointant notre descente aux enfers contemporains que trop peu de plumes, à mon goût, ont le courage de dénoncer…

    Riposte laïque : Un tel titre – évoquant immanquablement un autre journal fameux – ne fait-il pas de votre personnage principal, Anne-France, une sorte de symbole du martyre subi par le peuple français depuis plusieurs décennies de trahisons de la part de ses élites ?

    Romain Guérin : C’est tout à fait ça. Si on se réfère à la déclaration des droits des peuples autochtones, la France subit un génocide ethnique et culturel. Suicides, avortements, expatriations, addiction à la drogue et aux médicaments, immigration délirante, etc. : physiquement, les Français disparaissent. Génocide à petit feu, ce qui est moins spectaculaire que d’autres grands massacres ; et pourtant, il suffit de prendre un train à la gare du Nord et d’allumer la télévision pour voir que notre pays n’est plus celui d’Audiard ou de Brel. En quarante ans, la France s’est défigurée à une vitesse inédite dans son histoire.

    Le spectacle ubuesque de cette lente agonie est une torture pour toutes les âmes françaises. Cette agonie n’a même pas la solennité de la mort pour nous consoler, Drumont dit cela mieux que moi, alors je lui laisse la parole : « La France, au lieu de se résigner ou, mieux encore, de se recueillir, de rentrer en elle-même, d’essayer de guérir puisque Dieu, disent les Écritures, a fait les nations guérissables, semble vouloir finir en apothéose théâtrale ; elle magnifie sa décadence avec une ostentation vaniteuse, une outrecuidance charlatanesque et délirante qu’elle n’avait point aux jours heureux de sa force et de sa splendeur. »

    Au-delà d’un symbole, c’est une prosopopée, c’est-à-dire qu’Anne-France c’est la France elle-même. Compris comme cela, le moindre détail de la vie d’Anne-France est effectivement un symbole et renvoie à ce que la France subit.

     

    Riposte laïque : Dans le roman, Anne-France, à la suite d’une rumeur infondée – le père de son bébé serait allemand –, est sauvagement lynchée. Ce lynchage est l’occasion de régler des comptes, comme ailleurs dans le récit, avec l’Histoire remaquillée par la bien-pensance. Je vous cite : « À la Libération […], les communistes s’agitaient dans tous les sens pour faire oublier le traité de non-agression que Staline avait signé avec Hitler. » Anne-France reviendra sur son lynchage en l’évoquant auprès de son fils, lié quant à lui à une autre guerre, celle d’Algérie. Pour enfoncer le clou, l’unique amour d’Anne-France – et vrai père de son enfant – est un résistant de Combat, mouvement fondé par Marie Reynoard et Henri Frenay, deux figures non communistes de la Résistance, comme le colonel de La Rocque. Rappelons que ce dernier, libéré de déportation et revenu en France, sera interné administrativement pour l’écarter de la politique et du Conseil national de la Résistance, puis ensuite assigné à résidence, décédant peu de temps après. Et puisque que vous écrivez que « tous les résistants, je dis bien tous, sans exception, se battent pour des souvenirs », peut-on dire qu’Anne-France est elle aussi une résistante ?

    Romain Guérin : Un résistant français en 1941 voulait en somme revenir en arrière ; revenir à l’époque d’avant l’occupation allemande, ce qui ferait de lui, aujourd’hui, un passéiste, un réactionnaire, bref un activiste de la fachosphère. Ce que nos maîtres appellent « progrès » n’est que la feuille de route de leur projet totalitaire. Anne-France n’est pas une résistante active mais, par le fait même qu’elle existe, elle est un ennemi du système, un ennemi à abattre, à remplacer, ou à laisser pourrir bien gentiment. Elle est – comme tous les Français qui existent un tant soit peu – ce que le paysan était pour le communisme : un être arriéré, un animal avec de vieilles idées, obstacle de la révolution et qu’il faut physiquement éliminer pour qu’advienne sur terre le paradis du socialisme scientifique. Le nationaliste, l’enraciné, le provincial sont les martyrs de la révolution mondialiste.

    De nos jours, on devient vite un rebelle malgré soi. Vous dites « Papa et Maman » au lieu de « parent 1 et parent 2 », vous voilà homophobe. Vous préférez que votre enfant suive les enseignements de Jean de La Fontaine plutôt que ceux d’un travesti à plume grimé en poulet de Bresse, vous êtes transphobe. Vous voyez d’un mauvaise œil la prolifération de mosquées dans lesquelles des prédicateurs traitent les Français de chiens et de mécréants, vous voilà islamophobe. Vous pensez qu’accueillir 200 000 immigrés par an n’est pas très sérieux, vous voilà raciste. Vous êtes curieux de votre histoire, vous ne gobez pas la propagande médiatique, vous voilà antisémite.

    Anne-France est donc une résistante, mais simplement par le fait qu’elle est bel et bien française et qu’elle commet, pour certains, le crime d’encore exister.

    Riposte laïque : Votre roman est, à bien des égards, une déclaration d’amour à la France. Je vous cite à nouveau : « Cette terre est jonchée de lieux qui provoquent en vous un sentiment étrange d’appartenance à quelque chose de flou, qui vous dépasse et qui ressemble à ce que l’on appelle la Nation. Dans une même ville, l’œil observateur peut y croiser des Celtes, des Romains, des Grecs, des chevaliers. Il peut déceler sur les murs la marque des empereurs et des rois et suivre sur son sol la trace des génies, des artistes et des savants qui ont foulé ses pavés millénaires. » Et Anne-France d’affirmer, comme une maxime applicable à tous les amoureux de notre pays : « Je ne suis pas née en France, la France est née en moi. »

    Est-ce la France, c’est-à-dire l’idée que vous vous en faites, qui vous a incité à écrire ce roman ?

    Romain Guérin : Oui, c’est bien la France, mais pas l’idée que je m’en fais : plutôt les sensations qu’elle me procure. La France est pour moi beaucoup plus une volupté qu’une idée. Quand je déambule dans les ruelles pavées d’un de ses petits villages, que mes yeux caressent les pierres des maisons sculptées, qu’au loin sonnent les cloches d’une chapelle nichée sur une colline, mon âme se remplit d’une paix joyeuse et d’une sérénité heureuse difficilement descriptibles. La France est le résultat miraculeux d’une sédimentation millénaire faite avec la poussière de squelettes laborieux, pieux et talentueux. Quand on commence à parler d’idée, on dérive vite sur les valeurs et là on glisse carrément dans la niaiserie adolescente, le baratin de colporteur et l’antiphrase : liberté, égalité, fraternité ; droits de l’homme, etc. Personnellement, je n’ai jamais entendu un touriste chinois dire qu’il venait en France visiter les « droits de l’homme » , se prendre en photo aux côtés de l’égalité et goûter à la fraternité sauce gribiche !

    Riposte laïque : Tout au long du récit, la France d’hier se frotte à celle d’aujourd’hui et, vue par le prisme de la narratrice, cette dernière laisse un goût amer. Votre héroïne le confesse : « Amoureuse éperdue du vrai, du juste et du beau, la vie dans ce monde faux, corrompu et laid fut un long calvaire. »

    De ce point de vue, Le Journal d’Anne-France n’est-il pas un roman du désenchantement ? Pire, Anne-France ne serait-elle pas une apatride qui, tel Alfred de Musset, est « venu(e) trop tard dans un siècle trop vieux », songeant avec un certain désespoir à « L’esprit des temps passés, errant sur leurs décombres » ?

    Romain Guérin : C’est d’avantage un roman de la dépossession que du désenchantement. Tempus fugit (le temps s’écoule) et rien ne le rattrape, pas même la mélancolie. Je n’ai pas le fétichisme d’un passé dont on ne se fait la plupart du temps que de fausses idées, idées édulcorées par nos propres phantasmes. Nul besoin d’être un royaliste légitimiste pour déplorer la vente d’un énième château à des énièmes Chinois. Nul besoin d’être un catholique intégriste pour pleurer la destruction d’une église. Le canal de Bourgogne, les cathédrales et le Palais des Papes ne sont pas des spectres du passé : ils sont actuels, et c’est cette France-là qui est dépecée, livrée aux hyènes du haut et aux rongeurs du bas. La France n’est pas une vieille dame qu’il s’agirait je ne sais comment de rajeunir. C’est une femme malade qu’il faut guérir, quitte à amputer si nécessaire.

    Si Anne-France est une apatride, elle l’est au sens d’Edgar Quinet : « Le véritable exil n’est pas d’être arraché de son pays ; c’est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. »

    Riposte laïque : Le roman insiste sur les racines chrétiennes de la France, que des jardiniers idéologiques malintentionnés s’ingénient de nos jours à arracher de sa terre. Ces racines s’expriment ici dans un mouvement de ferveur spontanée et non moins douloureuse. Nous sommes loin du dogme froid, dont Anne-France ne se soucie pas. « La religion m’a donné un supplément d’âme quand des drames me l’ont dévorée », dit-elle avec une humilité toute chrétienne. Alors qu’elle vient de perdre le dernier être cher, elle confesse ceci : « Quand j’allais à la cathédrale Saint-Jean, j’avais de plus en plus de choses à lui dire, au Bon Dieu. » Et d’énumérer les drames ayant émaillé son existence et dont elle Le rend tacitement responsable. Mais Anne-France a été écoutée par un prêtre, qui lui livrera une confession – quelle humilité de la part de celui censé les recevoir ! Une confession à la fois implacable au sujet de l’Église contemporaine et émue par son « immense et invincible Foi », résumée dans cette phrase : « Vous ne semblez pas versée dans la théologie et c’est peut-être pour ça que la véritable foi vous habite. Vous vous en tenez à des choses simples… mais vous tenez ! Moi j’ai tout laissé filer entre mes doigts boudinés par les bagues, sous couvert de controverses idéologiques. » Et ensuite d’invectiver certains prélats qui se vautrent dans le confort matériel et sont prêts à des compromissions telles que l’appartenance à une loge maçonnique.

    À la lumière de cette confession du prêtre et de la vie d’Anne-France, peut-on dire que cette dernière est plus du côté de saint François que du pape François ?

    Romain Guérin : Au-delà d’une controverse théologique dont je ne maîtrise pas toutes les ficelles (j’ai néanmoins mon petit avis là-dessus), avec Anne-France j’ai voulu mettre sous le feu des projecteurs les invisibles, les sans-voix, les sans-grades, les sans-dents, qui sont pourtant le socle de toute société possible. J’ai l’intime conviction que la vocation sociale de l’art est de réenchanter un quotidien souvent répétitif et difficile.

    Bien sûr, l’artiste en marge de son œuvre peut explorer les limites vertigineuses de son corps et son esprit, aller voir les égouts du monde ou se baigner dans les sanies de l’univers, mais s’il en fait l’éloge et la publicité, il se rend coupable de corruption des mœurs. La vie, ce n’est pas les excès de la drogue, du sexe, de l’alcool ; la vie ce n’est pas plonger dans son petit nombril mal lavé et méditer sur ses petites originalités, souvent aussi crasses qu’insignifiantes, et vouloir en faire une loi universelle. Non, la vie, c’est le travail, c’est la famille, les amis et son pays. Ça peut paraître banal comme ça, mais depuis l’origine de l’homme on n’a pas trouvé mieux pour donner du sens à l’existence. L’artiste, c’est Pagnol qui fait d’un boulanger un héros, et non je ne sais quel guignol qui noircit une toile avec ses propres fientes ; c’est Vincenot qui, à chacune de ses lignes, rend hommage à la simplicité, à la vertu et à l’amour et non un plumitif hystérique qui raconte la fabuleuse aventure de ses organes génitaux en milieu interlope.

    Riposte laïque : Parlons à présent de poésie, laquelle traverse le récit comme une invitation à la contemplation. Citons ces quelques vers « écrits de la main » de Jules, l’amant sacrifié à l’autel de l’Histoire : « Mêlée au nord des cieux, cette fille fascine / En l’ignorant mes yeux, qui dans ses longs cheveux / Ondulés et soyeux, séditieux se confinent, / Là-bas, mon rêve, enfin, est conforme à mes vœux. »

    Dans Destinées de la poésie, Alphonse de Lamartine écrit que la poésie c’est : « De la raison chantée, voilà sa destinée pour longtemps ; elle sera philosophique, religieuse, politique, sociale comme les époques que le genre humain va traverser ; elle sera intime surtout, personnelle, méditative et grave ; non plus un jeu de l’esprit, un caprice mélodieux de la pensée légère et superficielle, mais l’écho profond, réel, sincère des plus hautes conceptions de l’intelligence, des plus mystérieuses impressions de l’âme. »

    La poésie serait-elle pour vous un recours au mouvement déraisonnable et effréné du monde ? Je parle autant à l’auteur du Journal d’Anne-France qu’à celui du recueil de poèmes La Chorale des Cadavres.

    Romain Guérin : Vaste question qui pourrait faire l’objet d’un ouvrage à elle seule. D’abord, la poésie s’est imposée à moi comme une intuition profonde. Elle fut la réponse au « connais-toi toi-même ». Réponse terrible. Ensuite, évidemment, elle est un refuge pour les âmes raffinées : « Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté », pour voler les mots de Baudelaire, quand dehors règne le chaos, la laideur, la grossièreté, le bruit et la tyrannie de la machine.

    La poésie est aussi une hygiène spirituelle, c’est mettre en ordre une surabondance d’émotions et de pensées et les ranger hors de soi dans une sorte d’annexe matérielle d’un corps trop exigu que sont les créations artistiques, comme pour en être soulagé. Enfin, je l’ai conçue aussi comme un témoignage anthropologique, une arme culturelle, une sorte d’évangile français au sens de « bonne nouvelle », qui dirait aux jeunes générations : « Hosanna ! Nous revoilà ! »

    Riposte laïque : Votre roman est émaillé de citations (Baudelaire, Verlaine, Nietzsche, etc.). Il s’agit là de marquer son ancrage dans une culture – européenne en l’occurrence – afin de s’inscrire littérairement dans sa continuité, n’est-ce pas ?

    Romain Guérin : Je plaide pour une « nouvelle renaissance ». Toute la production intellectuelle et artistique de ces cinquante dernières années devrait être déclarée nulle et non avenue. Instinctivement c’est comme cela que je me suis formé : j’ai rejeté comme par écœurement naturel les productions contemporaines pour aller me nourrir au sein des maîtres de l’Antiquité et ceux des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.

    Alors que le mot de « progrès » est sur toutes les lèvres, manifestement, il n’a pas pénétré le domaine des arts. Personnellement, je ne me suis pas résigné à la médiocrité ambiante, et surtout je n’ai pas cherché à légitimé ma nullité littéraire par une quelconque mode ou courant et en me choisissant des nains pour modèles.

    Riposte laïque : Puisqu’il en est question dans le récit, évoquons la question de l’IVG. Mais avant, et afin que les lecteurs ne se méprennent pas, Anne-France ne se reconnaît pas comme un modèle de mère irréprochable. Au contraire. Et, tandis qu’elle vient de découvrir sa grossesse, elle avoue même : « Je vous mentirais si je disais que je n’ai pas pensé cette chose horrible qui est aujourd’hui monnaie courante. »

    Puis elle pose peut-être la bonne question : « Est-ce que vraiment les femmes qui avortent le choisissent librement ou est-ce que, par manque d’argent et/ou de structures adéquates pour les accueillir et les accompagner, elles le font en désespoir de cause ? » La fiction est ici au service de la conviction. Je me trompe ?

    Romain Guérin : Conviction non, mais plutôt un constat et des doutes. Un constat politique simple d’abord : si les femmes françaises avortent, il n’y a pas de renouvellement de population. D’autres femmes, venues d’autres cieux, elles, s’en chargent. Il ne faut donc pas venir pleurer après que des peuples vivaces et féconds remplacent un agrégat dépressif et stérile. Des doutes moraux ensuite : à quel moment le fœtus peut-il être considéré comme un être humain et non pas comme un vulgaire amas de cellules ? Je n’ai pas la réponse, et je suis sûr que personne ne l’a cette réponse. Alors la prudence me semble être de mise.

    Riposte laïque : Il faut bien admettre que la promesse suivante n’incite pas à l’optimisme. En effet, vous écrivez : « l’avènement d’un monde enfin pacifié par l’uniformité de la bêtise et la sinistre concorde de l’apathie. » C’est Anne-France qui parle, évoquant les résistants à ce nouvel ordre mondial comme des « restes qui gémissent ». Deux questions : Dans quelle mesure Romain Guérin est-il Anne-France ? Au-delà d’un personnage de papier, conserve-t-il quelque espoir de rédemption pour notre civilisation en péril ?

    Romain Guérin : J’ai la même pudeur et le même sens moral qu’Anne-France. Mais elle est bien trop pieuse, trop sage, pour me ressembler complètement. Voyons les immenses batailles qui nous attendent comme une bonne nouvelle. Alors qu’à l’approche des années 2000 les penseurs de pacotille – ces voyants qui ont troqué leur boule de cristal contre la sociologie – nous annonçaient la fin de l’Histoire, il se pourrait bien que l’Histoire se manifeste comme jamais. À l’heure où je finis de répondre à cet entretien, Notre-Dame de Paris a été incendiée, ce qui n’était jamais arrivé dans l’Histoire, justement.

    Notre avenir, ce qui devrait finalement nous réjouir, nous, Gaulois, ressemblera beaucoup plus aux croisades qu’à un épisode de « Plus belle la vie ». Le tragique fait son grand retour. Espérons que la France aussi…

    Propos recueillis par Charles Demassieux

    NDLR SN : à propos du livre de Romain Guérin, Le journal d'Anne France cliquez ici

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    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/04/30/romain-guerin-je-prefere-la-france-des-croisades-a-celle-de-6147447.html

  • La Petite Histoire : La France a-t-elle pillé ses colonies ?

    Parmi la multitude d’idées reçues qui viennent aujourd’hui entacher, souvent volontairement, l’histoire de France, il y en a une qui a particulièrement la vie dure : la France aurait pillé économiquement ses colonies. On nous présente donc une Afrique saignée à blanc par l’ogre français ; une Afrique qui aurait ainsi vu, par la même occasion, son développement retardé. Une thèse aussi grotesque que malhonnête, d’autant que la vérité historique nous montre… tout le contraire !

    https://www.tvlibertes.com/la-petite-histoire-la-france-a-t-elle-pille-les-colonies

  • Passé-Présent n°237 : Cortés et la conquête du Mexique

    Passé-Présent n°237 : Cortés et la conquête du Mexique

    Philippe Conrad retrace la vie du conquérant espagnol Hernan Cortés (1485-1547) et la manière avec laquelle celui-ci s’est emparé de l’Empire Aztèque, entouré de quelques centaines de fantassins et une dizaine de cavaliers.

    Anne Sicard évoque la vie de La Grande Mademoiselle (1627-1693)

    1ere partie – Fille de Gaston d’Orléans, frère de Lois XIII, délaissée par son père mais protégée par Marie de Médicis, Anne Marie Louise d’Orléans, dite La Grande Mademoiselle car nièce ainée du Roi, est la princesse la plus titrée et la plus riche d’Europe. Capricieuse autant qu’orgueilleuse, hautaine autant qu’ambitieuse, elle désirait devenir Reine de France en se mariant avec le futur Lous XiV, mais l’opposition de Richelieu l’en empêcha. Ses années de jeunesse nous sont contées par Anne Sicard au cours de cette première partie.

    Invité par Philippe Conrad, André Posokhow spécialiste de la réinformation télévisuelle revient sur deux émissions historiques diffusées sur France 5 en 2019 : 1940 Les secrets de l’Armistice.

    -Episode 1 : Le piège d’Hitler (27/01/19)

    -Episode 2 : Les enregistrements cachés (05/02/19)

    https://www.tvlibertes.com/passe-present-n237-cortes-et-la-conquete-du-mexique