Affluence record samedi après-midi à la Librairie française (5 rue Auguste Batholdi dans le XVe) où Jean-Marie Le Pen dédicaçait son livre. Une file impressionnante de Parisiens venus acheter les Mémoires du Président d'honneur du FN... Une ambiance bon enfant qui tranchait avec la morosité régnante, dit-on, au congrès de Lille...
culture et histoire - Page 886
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Jean-Marie Le Pen à la Librairie française
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Livres & Histoire • Deux rois sans couronne : Louis XVII et Louis XIX
Par Anne Bernet
« Si qua fata aspera rumpas… » comme chantait Virgile. Rien n’est plus désolant que les destins princiers anéantis.
Cousins germains, tour à tour héritiers présomptifs du trône de France, Louis Antoine, duc d’Angoulême, et Louis Charles, duc de Normandie, devaient, en effet, ceindre un jour la couronne, mais ne jamais régner. Autant l’un a suscité, en raison de son destin tragique, une surabondante historiographie, autant l’autre a sombré dans l’oubli. À tort.
Dernier des petits-fils de Louis XV à convoler, le jeune comte d’Artois épouse en 1773, à seize ans, la princesse Marie-Thérèse de Savoie, sœur de la comtesse de Provence. Si la jeune mariée est à peine moins laide que son aînée, de sorte qu’elle ne tardera pas à voir le beau Charles Philippe, pris « d’une indigestion de gâteau de Savoie » se détourner d’elle au profit de nombreuses maîtresses, il ne lui en aura pas moins fait trois enfants en trois ans : deux fils, titrés duc d’Angoulême et duc de Berry, et une fille, Sophie, qui mourra en bas âge.
Angoulême, toujours en second
Lorsque Angoulême naît à Versailles, le 6 août 1775, la stérilité persistante du couple royal et celle du mauvais ménage Provence fait de lui, au grand dam de Marie-Antoinette, le seul prince de la nouvelle génération et un futur roi potentiel. Il le restera jusqu’en 1780 et la naissance du premier dauphin, Louis Joseph. Penché sur le berceau du nouveau-né, Angoulême aurait dit à son père : « Qu’il est donc petit, mon cousin ! » ; à quoi Artois, dépité, aurait répliqué : « Mon fils, un jour viendra où vous le trouverez bien assez grand … » Ce jour ne vint jamais et Angoulême, finalement, retrouva le premier rang dans la succession royale.
Tout, pourtant, s’est ligué, pendant sa vie, afin de réduire ce prince, qui ne manquait pas de qualités ni de vertus, à jouer les seconds rôles sous les regards désapprobateurs, méprisants ou apitoyés de contemporains dont il ne sut pas se faire apprécier. Était-il pour autant aussi nul que la postérité le prétendra sans nuance ? C’est à cette question que tente de répondre, dans une biographie, la première publiée depuis longtemps, François de Coustin. En l’intitulant Louis XIX, l’auteur affiche son intention de rendre son rôle politique à celui qui fut roi de France quelques secondes, le temps, à Rambouillet, de signer, avant son père, le 3 août 1830, sa renonciation à la couronne au profit de son neveu, le petit duc de Bordeaux.
Au lendemain de la prise de la Bastille, à la demande instante du Roi, qui craint pour sa vie, Artois a quitté la France avec sa famille. Louis Antoine a quatorze ans et, avec une maturité précoce, il pressent que cet exil va durer. En effet, il ne reverra la France qu’un quart de siècle plus tard.
Dans l’intervalle, l’emprisonnement de la Famille royale, la mort de Louis XVI, puis celle du petit Louis XVII au Temple auront refait de lui l’espoir de la branche aînée des Bourbons. « Spes », l’espoir, tel est d’ailleurs le nom que, dans sa correspondance codée, lui attribue son oncle Louis XVIII.
Très vite, inquiet des positions politiques et des choix du comte d’Artois, Louis XVIII s’évertue à prendre sous sa tutelle ce neveu qu’il désire former à son futur métier de roi selon ses vues. Comme le souligne Coustin, vivre pris entre un père qu’il aime et auquel il doit obéissance, et un oncle qui est son souverain, incapables d’être d’accord sur rien, sera pour Angoulême cause d’un perpétuel malaise. Son mariage avec sa cousine, Madame Royale, ne fera que rendre sa position plus délicate.
Prêtant à Louis XVI et Marie-Antoinette des intentions qu’ils n’avaient pas, Louis XVIII affirmera, au lendemain de la libération de leur fille, que leur plus cher désir avait toujours été de marier les deux cousins. En fait, en 1789, Louis Antoine était officiellement fiancé à une autre de ses parentes, la princesse Adélaïde d’Orléans. Cette union devenue impossible, lui faire épouser « l’orpheline du Temple » s’avérait, stratégiquement, le meilleur choix. D’abord parce qu’il interdisait aux Autrichiens de concrétiser leur projet de marier Marie-Thérèse à un archiduc et, après avoir aboli la loi salique, d’imposer un souverain Habsbourg à la France, ensuite parce que la gloire douloureuse de la princesse conférerait à son époux une légitimité nouvelle.
12 mars 1814. Louis-Antoine de Bourbon, duc d’Angoulême, entre à Bordeaux après l’abdication de Napoléon.
Un prince de qualité
Coustin s’intéresse peu aux sentiments de son héros ; il est vrai qu’en ce domaine, celui-ci fut toujours d’une discrétion exemplaire et qu’au nom de la charité chrétienne, peu avant sa mort, en 1844, il détruisit son journal intime car il y avait porté sur autrui des jugements peu amènes. Il serait donc difficile de percer le secret de cette union politique muée en authentique histoire d’amour, la duchesse d’Angoulême portant, pour son mari, ce surnom révélateur « Gioia mia », ma joie, si, en 1815, Napoléon n’avait eu l’inélégance de publier la correspondance, interceptée, que le prince, dans le Midi, adressait à sa femme à Bordeaux.
Jusqu’à la première Restauration, malgré les nombreuses tentatives d’Angoulême pour servir en première ligne, on aura eu soin de préserver sa vie trop précieuse à la dynastie. Lors des Cent-Jours, les circonstances feront cependant qu’il se retrouvera exposé comme jamais. Coustin souligne l’attitude exemplaire du prince pendant cette campagne malheureuse dans le Midi, qui se soldera, car il aura refusé d’abandonner ses maigres troupes, par son arrestation. On affirmera que Napoléon, vengeur, aurait envisagé de le faire fusiller mais qu’il y renonça, sous la pression de son entourage. Le fait est, en tout cas, que les bonapartistes devaient rendre hommage à l’incontestable courage du prince, qu’il démontrera de nouveau lors de la campagne d’Espagne, par ailleurs si décriée, en 1823.
Peu rancunier, Angoulême sera néanmoins l’un des plus chauds partisans de la politique de réconciliation nationale prônée par Louis XVIII, ce contre les vœux de sa femme et de son père. Charles X le lui fit-il durement payer, comme le pense le biographe, en 1830, en interdisant à ce fils qui ne partageait pas ses vues ultra de régner, serait-ce quelque minutes, pour l’excellente raison que, roi, Louis XIX, aussitôt, eût tenté d’imposer sa ligne politique, fort proche, sans doute, de celle par nécessité, choisie par Louis-Philippe ? Peut-être … Dès lors, ne reste qu’à rêver à ce qui aurait pu être …
Et Louis XVII ?
Charles X et la duchesse d’Angoulême n’étaient pas seuls à déplorer les positions trop libérales du prince. C’est parce que Louis XVIII et Angoulême déçoivent les espérances de royalistes au demeurant d’un dévouement incontestable, que ceux-ci se prennent à espérer une impossible survie de Louis XVII. D’emblée, Hélène Becquet qui, après avoir consacré un essai à Madame Royale en publie un sur son frère Louis XVII, l’assène : Louis XVII ne saurait être, pour un universitaire, objet d’histoire. Comme elle l’a déjà fait pour la fille de Louis XVI, elle ne s’intéresse donc pas à la personne que recouvre le titre, mais à l’image politique qui découle de la naissance et de la fonction.
Dans cette étude, il n’est guère question de l’enfant martyr et beaucoup de ce qu’il incarna. Fils cadet que la mort prématurée de son frère aîné fait dauphin à l’instant où débute la Révolution, puis prince royal, puis fils Capet et « louveteau » issu d’une « race criminelle » vouée à l’extermination, Louis Charles réunit sur sa tête de sept ans toute la haine des uns et toute la ferveur des autres. Qu’en a-t-il compris ? À cette question, l’historienne ne répond pas. Tel n’est pas son propos. Louis XVII peut être terrifié par les événements, arraché à sa mère, maltraité par des éducateurs improvisés et brutaux, transformé sans le comprendre en accusateur de la reine et de Madame Élisabeth, souffrir des mois durant seul dans une chambre murée, et finalement agoniser interminablement de tuberculose presque sans aucun réconfort, puis mourir à dix ans, cela n’est pas son propos. Il n’est à ses yeux qu’un symbole. En quoi il se peut qu’elle se trompe.
Lorsque, en février 1795, Charette, à La Jaunais, accepta une paix que d’aucuns jugèrent déshonorante, ce ne fut pas pour une image que le général du Roi s’exposa aux rumeurs honteuses de trahison, mais pour une personne vivante, un enfant de chair et de sang, qui souffrait et que les Conventionnels avaient promis de lui remettre. La monarchie française est incarnée. C’est sa force. Si la République n’est qu’une idée, le Roi, lui, est une personne.
Louis XIX, François de Coustin, Perrin. 470 p. 25 €.
Louis XVII, Hélène Becquet, Perrin, mai 2017, 304 pages, 20,90 €
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17 mars : dédicace de Jean-Marie Le Pen à Paris
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Architecture et urbanisme
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Le gaullisme : principes et praxis
Un entretien du Cercle Henri Lagrange avec Roland Hureaux
Roland Hureaux est essayiste, haut fonctionnaire, ancien élève de l’ENS et de l’ENA, universitaire, diplomate, ancien membre de plusieurs cabinets ministériels, élu local et à la Cour des Comptes.
00:00:31 – Contexte d’émergence du « gaullisme »
00:06:12 – Le gaullisme est-il une “doctrine” ?
00:11:02 – Piliers de la pensée gaulliste
00:21:29 – Une « certaine idée de la France »
00:29:02 – Où se situe la pensée gaulliste dans le paysage des doctrines nationalistes françaises ?
00:34:36 – Rôle de l’Etat dans le gaullisme
00:41:43 – Doctrine économique gaulliste
00:46:08 – De Gaulle royaliste ?
00:54:48 – « gaullisme de gauche », « gaullisme de droite », « anarcho-gaullisme », « gaullisme maurrassien » : que penser de ces catégories ?
00:59:33 – La guerre d’Algérie
01:08:34 – De Gaulle et la construction européenne
01:13:12 – Le gaullisme : une « troisième voie » ?
01:16:57 – Avortement, contraception : comment se positionnait le général de Gaulle ?
01:19:22 – Mai 68
01:26:32 – L’héritage gaulliste dilapidé
01:30:13 – Peut-on être gaulliste et libéral ?
01:32:40 – Peut-on être gaulliste et fédéraliste européen ?
01:34:42 – Gaullisme et interventionnisme
01:38:51 – OTAN
01:41:18 – Quelle est la position gaulliste à propos du « Frexit » ?
01:43:14 – Le gaullisme : une doctrine porteuse d’avenir ?https://www.actionfrancaise.net/2018/03/01/le-gaullisme-principes-et-praxis/
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L'émission "Synthèse" de jeudi dernier consacrée à François Duprat
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Jean Terroir - Le Choc des civilisations
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Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XX]
Le Collège de France
Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies. LFAR
2ème partie : Une révolution copernicienne
UNE MACHINE à FABRIQUER DES CHÔMEURS
Il existe néanmoins un ministère plus nuisible encore que celui de la culture. L'Education Nationale fournit aux pédagogues et aux réformateurs un superbe instrument de décervelage. Un pays qui manque d'enseignants trouverait là du beau monde, dont il est permis d'espérer qu'au contact du réel il récupèrerait les quelques grains d'ellébore nécessaires à son bon sens. Le ministère de l'éducation nationale fabrique des illettrés à la chaîne. Un sur quatre des élèves qui entrent en sixième ne maîtrise pas la lecture. Selon la nomenclature officielle, ce n'est pas un lecteur mais un déchiffreur. Il ânonne. Plus grave peut-être un étudiant en lettres sur deux, un étudiant en droit sur trois n'a aucun débouché. Des diplômés se présentent à des concours dont le niveau intellectuel est celui d'un élève de troisième. Des médecins s'inscrivent au chômage. Ce prodigieux gaspillage coûte cher en stages de formation qui, trop souvent ne mènent à rien. Un pays dont l'école, chaque année « produit » cent mille jeunes qui, non seulement ne possèdent aucune qualification mais ont pris le dégoût du travail, se condamne au déclin.
Le collège de France, consulté par M. Mitterrand, a défini la première, la principale priorité de toute réforme de l'enseignement. Il faut « défonctionnariser » le métier d'enseignant. Déjà Condorcet, à la veille de la Révolution mettait en garde contre le danger d'une « corporation » universitaire, que François 1er, précisément, par la création du collège de France, avait tenté de réduire. L'avertissement ne fut pas entendu. Les républiques successives, d'ailleurs colonisées par les instituteurs et les professeurs, laissèrent se constituer une formidable féodalité, la Fédération de l'enseignement national, qui s'est placée, grâce à son réseau mutualiste, en situation de monopole. Le ministère qui devrait contrôler le corps enseignant s'est transformé en bras séculier des syndicats, seule la défense de ses privilèges mobilise une corporation qui dicte sa loi à l'Etat. Chacun reconnaît que les « grandes vacances » sont trop longues, qu'il vaudrait mieux des journées plus courtes. Qui oserait néanmoins aller contre les « droits acquis » ?
Les écoles primaires, les collèges, les lycées doivent être gérés comme des entreprises. Les collectivités locales, les groupements de familles, les professions constitueraient des communautés éducatives, que l'Etat agréerait, en fonction d'un cahier des charges dont il contrôlerait le respect... Chaque communauté recevrait en location les locaux existants ou en construirait, grâce à des prêts à faible taux d'intérêt. Elle désignerait un directeur, qui embaucherait le personnel et le cas échéant le licencierait en fonction des règles fixées par le code du travail. Il n'y aurait plus d'écoles que libres.
Il faut fixer un autre principe. L'enseignement doit être obligatoire. Il ne saurait être gratuit. Si l'on veut que les parents s'intéressent aux études de leurs enfants, ils doivent consentir un effort financier, au moins pour l'achat du matérielpédagogique. Certes chaque famille' recevrait un chèque scolaire qu'elle remettrait, en début d'année à la communauté éducative de son choix mais un complément serait demandé en fonction des ressources familiales. Bien sûr, les communautés éducatives les plus riches s'efforceraient, en offrant des salaires plus élevés, d'attirer les meilleurs maîtres. N'est-ce pas d'ores et déjà le cas ? De toute façon les agrégés recherchent et souvent obtiennent des postes dans les lycées les plus réputés, proches des grandes bibliothèques et des institutions culturelles. Ces lycées-là ne se trouvent que rarement dans les quartiers ouvriers. Les entreprises dont les besoins en techniciens sont rarement satisfaits ouvriraient des établissements techniques de haut niveau, si on leur laissait toute liberté d'en créer, en ajoutant aux sommes réunies grâce au chèque scolaire, une contribution volontaire.
L'enseignement supérieur serait payant. Chaque étudiant verserait des droits d'inscription qui correspondraient aux frais réels de scolarité. Si sa famille n'avait pas les moyens d'assumer cette charge, il emprunterait à taux réduit, dans des conditions aussi favorables qui se puissent imaginer. Il est aberrant de donner de l'argent à des jeunes pour leur permettre d'obtenir, aux frais du contribuable, une situation qui lui fournira des revenus élevés, qui lui permettraient aisément de rembourser un prêt. Le résultat, on ne le connait que trop : de faux étudiants qui paressent aussi longtemps qu'ils le souhaitent sur les bancs de l'université afin de bénéficier de repas à prix réduits et d'avantages sociaux. L'université doit former des travailleurs capables de gérer leur existence, non des fainéants et des irresponsables. Il faut que la sélection se fasse aussi par, la volonté de réussir, la force de caractère, une exacte appréciation de ses moyens intellectuels.
Le Collège de France insiste, à juste titre, sur les dangers de la course aux diplômes. Désormais, il semble que l'échec scolaire (ou universitaire) condamne l'individu, le transforme en victime. Certes, la société de demain sera brutalement sélective. Elle ne laissera aucune chance aux paresseux et aux incapables. Cependant Taine dénonçait déjà « cet emploi erroné, cette dépense outrée, cette usure précoce de l'énergie mentale » qu'impose un système qui lie la réussite sociale à l'acquisition d'un diplôme. L'apprentissage apporterait beaucoup plus à certains jeunes qu'une scolarité continuée jusqu'à dix-huit ans. Un artisan d'art vaut bien un ingénieur. De même, le Collège de France s'inquiète de la sélection par les mathématiques. La société de demain aura besoin d'hommes capables de s'adapter rapidement à des changements dont tout indique qu'ils s'accélèreront encore. Ce qui suppose une forte culture générale et la faculté, pour opérer les choix qu'imposera la conduite d'une carrière, de raisonner juste en tenant compte de la multiplicité des paramètres. Il ne sert de rien de surcharger les jeunes de connaissances scientifiques dont tout le monde sait qu'elles seront périmées avant qu'ils aient l'occasion de s'en servir. Ils ont besoin d'une méthode. C'est le rôle de l'enseignement secondaire que de la fournir comme c'est celui du primaire d'inculquer le rudiment. De ce point de vue, les expériences tentées au niveau du technique, pour lier l'enseignement à la recherche sont intéressantes.
Nous entrons dans un monde où la matière grise devient la principale matière première. Il est plus important pour un pays d'avoir des chercheurs que du pétrole.
La recherche scientifique n'est pas seulement une affaire d'argent. Certes des efforts financiers s'imposent. A quoi serviront ils si on continue à la gérer bureaucratiquement ? On ne fait pas un chercheur avec un fonctionnaire. Le rapport de la cour des comptes sûr le C.N.R.S. est édifiant. Nous entretenons des gens qui ne trouvent jamais rien et pour cause, certains « chercheurs » se contentant de passer une fois par mois pour « chercher » leurs émoluments. Assurément des changements sont intervenus, surtout depuis 1981. Les liaisons universités - entreprises se sont multipliées. Néanmoins, il conviendrait d'aller beaucoup plus loin et d'adopter la méthode américaine. Une équipe présente un projet. S'il est adopté, son maître d'œuvre reçoit une subvention et des moyens matériels. Si, au bout d'un certain temps, aucun résultat n'est obtenu, l'équipe est dissoute. L'on ne verrait pas, comme chez nous, des laborantins se mettre en grève, au risque de faire échouer une manipulation, si chacun était conscient que de la réussite dépend son avenir.
Qu'il s'agisse de culture, d'enseignement ou de recherche, l'obstacle est finalement politique. Un peuple fainéant, protégé par son statut, défendu par des syndicats puissants, s'oppose à toute réforme, Il serait injuste de soutenir que tous nos enseignants ou tous nos chercheurs sont des paresseux mais ceux qui veulent travailler en sont parfois empêchés, par les grèves ou les séances de bavardage auxquels ils sont astreints. Certains se découragent, d'autres sombrent dans la dépression. Ce ne sont pas les hommes qu'il faut mettre en cause mais le système. Un exemple suffira : le ministère de l’Education nationale a imposé des « pédagogies d’éveil », qui insistent à promener les enfants pour leur faire visiter, une boulangerie ou un musée. Il est évident que cela est beaucoup coins fatiguant et plus agréable que l'apprentissage de la culture, tâche, reconnaissons-le, extrêmement lourde pour un instituteur, qui exige de la patience, de la persévérance, un [fort soutenu de concentration. Il s'est trouvé des instituteurs pour considérer que les pédagogies d'éveil leur faisaient perdre leur temps et celui des élèves mais il est évident que rien ne pouvait plaire davantage à des garçons et des filles qui n'ont choisi ce métier qu'en raison des vacances qu'il procure. Le ministère a encouragé la paresse en la camouflant sous un vocable flatteur. « Pédagogie d’éveil », cela sonne bien. On connaît les résultats, le pullulement des illettrés. M. Chevènement a fait une petite révolution, en déclarant que la vocation de l'école était d'enseigner, non de distraire. Cette révolution restera toute verbale. Son seul résultat sera de rassurer les parents qui commençaient à s'inquiéter. Rien ne sera changé. Le système est plus fort que tous les ministres, fussent-ils socialistes.
Il faudrait une volonté politique. Mettre au travail le prolétariat intellectuel est une tâche surhumaine qui dépasse les capacités de M. Chevènement. Ce fils d'instituteurs croit sans-doute, que les maîtres d'école de sa jeunesse existent encore. On n'arrivera à rien aussi longtemps que le métier d'enseignant ne sera pas revalorisé, moralement et matériellement. Cela suppose que les Français, conscients que leur avenir dépend de la quantité et surtout de la qualité de la matière grise produite par la nation, admettent qu'un bon instituteur doit être aussi bien payé qu'un bon médecin de quartier, mieux en tout cas qu'un agrégé incapable de transmettre son savoir. Cela suppose que le métier d'enseignant devienne une profession libérale et que les familles choisissent leur école comme leur médecin.
Les réformes qui s'imposent, dans tous les domaines, n'ont rien de révolutionnaire. Dans le privé, nos hommes politiques admettent volontiers leur bien fondé. Elles se heurtent néanmoins à la formidable résistance des syndicats, du prolétariat intellectuel et de la plèbe moderne, sournoisement encouragée par l'Etablissement et la haute finance internationale. Or nous n'avons plus beaucoup de temps. Le déclin économique de la France et de l'Europe s’accompagne, en effet, d'un déclin démographique, plus rapide encore. En l'an 2000, demain, au train où vont les doses, Marseille sera une ville majoritairement islamique. La France se libanise, avec à terme deux conséquences obligées : les conflits ethniques et religieux, le sous-développement. A suivre (A venir : Les nouvelles invasions barbares).
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Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray
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Matérialisme, Terreur, relativisme moral… : le côté obscur des Lumières
Le philosophe Bertrand Vergely remet en cause dans un essai iconoclaste, « Obscures Lumières », l’apport des Lumières à la pensée. Non seulement l’humanisme n’est pas, rappelle-t-il, né avec la Révolution, mais d’après lui les Lumières ont institué un impérialisme de la Raison, qui assassine en l’homme ce qu’il a de spirituel.
Qu’oppose-t-on vraiment à l’islam radical aujourd’hui? La morale «Charlie Hebdo», c’est-à-dire le vieux fond anticlérical révolutionnaire revendiquant le «ni Dieu ni maître» de l’anarchisme, sur fond de droit au blasphème! Ce n’est pas ça, la morale laïque. Je suis d’accord pour opposer une morale face à la violence islamiste. Mais quand commence-t-on? Sur la base de quel enseignement, et de quelles valeurs ?
Dans votre livre, vous semblez voir dans les Lumières une nouvelle religion, dont vous dites que, contrairement à l’idée reçue, elle est bien plus obscurantiste que le christianisme qu’elle a remplacé. Manifestement cette religion n’est pas la vôtre…
La religion est ce qui relie les hommes à Dieu. Vivre religieusement conduit à élever sa conscience au plus haut niveau qui soit. Mais les hommes peuvent détourner le religieux, et quand c’est le cas, cela donne les tyrannies et les sectes qui font basculer le religieux dans la violence. La bonne réponse à l’obscurantisme religieux consiste à revenir au religieux authentique, celui de l’homme profond se purifiant de la soif de pouvoir afin de faire vivre une conscience transformée. Au XVIIIe siècle, lors de la Révolution Française, c’est l‘inverse qui s’est produit. Sous prétexte de libérer la société de l’obscurantisme, les révolutionnaires opposent au pouvoir de l’obscurantisme religieux le pouvoir non religieux dit des Lumières. Ils ne suppriment pas la soif de pouvoir, ils la déplacent seulement de son expression cléricale vers une expression laïque. Pour ce faire, ils mettent en place une idolâtrie, celle de l’homme total contrôlant la nature et l’homme par la raison humaine. Au XVIIIe siècle cette idolâtrie débouche sur la Terreur, au XIXe siècle sur le nihilisme intellectuel, au XXe siècle sur le totalitarisme. Être philosophe, c’est tenter de dire et de vivre la vérité. Les Lumières sont à l’origine d’une idolâtrie qui a asservi les hommes et qui les asservit encore. À qui demande de devenir un adorateur de cette idolâtrie, je dis non. Sans moi.
Comment expliquez-vous que le siècle des Lumières se soit achevé sous le règne de la Terreur ?
Sous couvert de vouloir lutter contre l’injustice, les penseurs des Lumières ont en réalité voulu créer une humanité entièrement nouvelle. Quand on a comme projet de transformer ce qui fait l’essence de l’humanité, que peut-il se passer? Sur un plan théorique et culturel, on est obligé de se prendre pour Dieu en remplaçant la loi divine par la loi humaine qui devient une nouvelle loi divine. Hobbes dans le Léviathan réécrit le livre de la Genèse en faisant naître l’homme du contrat social et, derrière lui, du Droit humain. Résultat: c’est désormais l’État qui garantit le Droit, devenant en quelque sorte le nouveau Dieu sur terre. Ce qui est l’essence du totalitarisme. Par ailleurs, pratiquement, quand on prétend être la vraie humanité qui va bâtir la nouvelle humanité, on est obligé d’éliminer par la terreur les représentants et les symboles de l’ancienne société et de l’ancienne humanité, l’ancien ne pouvant pas cohabiter avec le nouveau. C’est exactement ce qui s’est passé. Depuis la Révolution Française, tous les régimes révolutionnaires ont été des régimes de terreur dans lesquels on liquidait dans la violence les nobles, les prêtres, les riches, les intellectuels etc … […]
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