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culture et histoire - Page 886

  • La politique de M. Blanquer. Partie 1 : Une inquiétude chez les lycéens ?

    Sous la neige, les pavés ? Les conditions climatiques de la semaine en cours d'achèvement ont, il est vrai, occulté nombre d'autres informations et quelques débats que, pourtant, il ne serait pas inutile d'ouvrir et de mener. Ainsi, celui sur le baccalauréat et sur les réformes en préparation, autant sur le lycée que sur l'entrée en université, en attendant ceux sur l'Université elle-même et sur le système et l'organisation de l’École au sens large du terme. Car si quelques entrées seulement de lycées ou d'amphithéâtres ont été bloquées ces jours derniers, il n'en est pas moins vrai qu'une partie des lycéens, peut-être pas si minime que cela, s'inquiète des conséquences d'un changement des « règles » du baccalauréat et d'une possible sélection à l'entrée de l'université : après tout, l'on peut entendre ces craintes sans céder à la facilité de hausser les épaules ou, au contraire, de hurler avec les loups d'une certaine extrémité politique, plus prompts à dénoncer qu'à proposer ou à fonder.

    J'ai été longtemps étudiant et, en ces temps qui s'éloignent de plus en plus, j'ai pu observer de l'intérieur le fonctionnement de l'Université, non seulement en tant que simple auditeur mais aussi au sein de quelques Conseils (de gestion en Droit, d'administration à Rennes-2, d'UFR en département d'histoire), et il m'est arrivé de participer à nombre de débats, y compris dans des amphis surchauffés lors de mouvements estudiantins de contestation : j'en ai retiré l'impression que l'Université, petit monde passionnant et plein de contradictions, ne jouait pas forcément le rôle qui devrait être le sien, celui de « la recherche et la discussion », se contentant parfois du conformisme et de « l'émeute » dérisoire de quelques uns, brandissant le drapeau d'une révolution dont, pour la plupart, ils ne souhaitaient pas vraiment autre chose que l'apparence, bien plutôt que la réalisation... Bien sûr, il y avait des idéalistes, de vrais révolutionnaires, et nombre de jeunes, au moins pour quelques années, s'engageaient de bon cœur et de bonne foi (et ce dernier terme n'est pas de trop) dans des causes qui, parfois, peuvent faire sourire aujourd'hui. Il y eut des espérances certaines et le film-témoignage « Mourir à trente ans » nous le rappelle utilement, à travers l'histoire de Michel Recanati, ce militant d'une extrême-gauche qui voulait « faire la révolution » et, au-delà, la « vivre », passionnément. Je ne m'en moque pas, et je les prends même au sérieux, les ayant beaucoup combattues mais me reconnaissant une certaine nostalgie de ces confrontations de jeunesse...

    Mais il y avait, et il y a toujours, beaucoup de naïveté chez les manifestants étudiants et de sournoiserie chez ceux qui, disons-le crûment, les manipulaient sans vergogne pour consolider leur propre carrière politique. Une naïveté qui ne peut tout excuser, néanmoins, et en particulier une certaine paresse intellectuelle pour nombre de ceux qui criaient fort dans les rues tout en se contentant de quelques arguments souvent trop peu réfléchis pour être crédibles, mais néanmoins écoutés parce que déclamés par une « jeunesse » dont tous les gouvernements (surtout de Droite, d'ailleurs), depuis les années 1970, craignent la « révolte ».

    Qu'en est-il aujourd'hui ? Les projets encore incertains du gouvernement (tous les arbitrages ne semblent pas être encore rendus en haut lieu) sont-ils les marques d'une politique « réactionnaire » (« maurrassienne » peut-être, puisque c'est l'épouvantail du moment...) et de la nostalgie d'une « école du temps jadis » dans laquelle régnaient, dit-on, l'autorité et le mérite, forcément républicains, façon (Jules) Ferry ? Je n'en suis pas totalement sûr : s'il y a des velléités de remise en ordre de l’École qui peuvent m'être sympathiques, je crains que l'approche purement comptable de Bercy ne les remette rapidement en cause, au risque d'en ruiner tout le sens et la portée et, a contrario, de favoriser une logique libérale peu compatible avec la promotion d'une justice sociale scolaire pourtant éminemment nécessaire. Or, la politique de M. Blanquer, ministre de l'Education nationale, appelle des investissements financiers non négligeables et une confiance renouvelée des personnels éducatifs pour pouvoir réussir : sans l'une ou l'autre de ces conditions, il est à craindre que rien de bon ne pourra se faire et, surtout, s'inscrire dans la durée, cette dernière toujours nécessaire à toute politique digne de ce nom.

    Pour l'heure, l'idée d'une « sélection » (1) à l'entrée de l'Université ne me semble pas choquante en soi, et elle est toujours préférable à l'injuste égalité du tirage au sort ! Si le mot de sélection a mauvaise presse près de quelques lycéens de Terminale, c'est sans doute parce que certains (2) en donnent un sens trop restrictif et purement « éliminatoire » quand elle doit se penser plutôt comme une juste orientation, l'ouverture vers des voies possibles plutôt que l'engagement en des impasses. Qu'y a-t-il de scandaleux à considérer que tout le monde ne peut pas être médecin ou professeur, et que les souhaits d'un lycéen doivent parfois être, sinon contrariés, du moins raisonnés en fonction de ses compétences et aptitudes, mais aussi de son investissement dans le travail et dans la réflexion ?

    (à suivre) 

    Notes : (1) : Le mot de « sélection » n'a pas, à ma connaissance, était prononcé par le ministre dont l'intention, néanmoins, est transparente et, sur ce point, tout à fait, louable. 

    (2) : Quelques syndicats, aussi bien d'usagers de l’École que de personnels de celle-ci, s'insurgent contre une sélection qu'ils définissent, à tort ou malhonnêtement, comme une forme de discrimination : abus de langage évident, et impossibilité à penser le processus d'éducation autrement qu'à travers une grille de lecture idéologique qui fait de l'éducation une matrice de l'égalité obligatoire, y compris par le discrédit de l'excellence, inégalitaire par essence...

    Jean-Philippe CHAUVIN

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Au pire des escrocs, au mieux des imbéciles: Céline n’a rien compris ?

    Invité de l’émission Les Grandes gueules sur RMC vendredi dernier, le député LREM Bruno Bonnell – le tombeur de Najat Vallaud-Belkacem  dans la 6e circonscription du Rhône, c’est déjà ça! – expliquait que les Français, notamment les plus modestes,  avaient tort de se plaindre de la baisse de leurs revenus. « On entend que ça le pouvoir d’achat! (…). Vous oubliez quelque chose d’autre, qui est la qualité de la vie qu’on a en France » (partout et pour tous ?)  argumentait  le député macroniste, à l’adresse de tous ces salauds de pauvres qui ont l’audace de ne pas communier dans le « penser printemps » des élus de LREM, épinglés actuellement pour leur absentéisme et leur fainéantise.  De l’argent il y en a en  tout cas pour indemniser les Algériens et autres fellagas victimes de la guerre d’Algérie, ont jugé la veille de la prestation de M. Bonnell, les membres du conseil constitutionnel. Une mesure d’équanimité et de justice au nom du refus de toute discrimination découlant de la préférence nationale,  selon les sages de la rue de Montpensier,  que nos compatriotes, notamment Pieds-Noirs  et Harkis,  apprécieront comme il se doit…

    Dans  la rubrique de la fausse symétrie et du masochisme (culturel) véhiculé bien souvent par de parfaits humanistes laïcards,  nos compatriotes, croyants ou non, ne manqueront  pas aussi de s’interroger sur cette  décision prise à l’encontre de Matthieu Faucher. Un  professeur des écoles dans l’Indre, qui, rappelait Le Figaro la semaine dernière, «  a fait l’objet d’un déplacement contraint et d’une sanction pour faute grave professionnelle  en juin 2017. Son erreur? Il faisait lire des textes de la Bible en trop grande quantité. Depuis, il se bat à visage découvert et espère une réhabilitation du ministère. Ce cas, qui dépasse celui du village de Malicornay, au cœur du Berry, pose le problème de la laïcité et de l’enseignement du fait religieux. »

    Problème de la laïcité qui réside surtout dans l’égalité (biaisée ) de traitement que veulent établir certains entre la religion chrétienne  autochtone de la France, au moins depuis le baptême de Clovis, avec une religion musulmane  qui elle ne reconnait pas  de séparation  entre domaine spirituel et temporel.

    J. d’Antraigues  le rappelait, sur le site Polemia , « le catholicisme romain structure toujours profondément la France, il fait partie de ses racines, et la notion de  laïcité  dans la vie publique n’a jamais signifié, comme on voudrait nous le faire croire, que devait disparaître tout ce qui en résulte dans l’espace public et dans la vie sociale. Cette notion signifie simplement que, comme cela était depuis des siècles la situation en France, ce qui y a permis la paix religieuse, tout le monde doit individuellement se comporter dans la vie publique de la même façon quelle que soit sa religion (à l’exception évidemment, éventuellement, de ministres du culte et de religieux dûment identifiés). Eviter d’afficher par son comportement en public ses opinions, surtout si elles sont susceptibles d’être clivantes, n’est au demeurant qu’une règle élémentaire de vie en société. Mais que peut bien être le  vivre ensemble , sinon le respect de telles règles ?»

    Mais aujourd’hui, « le problème de l’islam explose en France, ainsi d’ailleurs que dans l’ensemble du monde occidental. Par les attentats islamistes, certes, mais aussi par un phénomène beaucoup plus profond, parce qu’il met en péril l’unité même des nations et leur civilisation: une communautarisation de la vie publique de plus en plus envahissante, qui d’ores et déjà en France a fait littéralement changer de civilisation des quartiers entiers, et perturbe profondément toutes les composantes de la vie sociale partout où une population musulmane est significativement présente. »

    Un prosélytisme islamique dont  laffaire Mennel Ibtissem  que nous évoquions hier,  serait un  nouveau révélateur vue par ses soutiens comme une victime de l‘islamophobie mais appréhendée par ses détracteurs comme une militante de l’islam politique,  sous ouverture, proche des Frères musulmans qui cherchent à tester la capacité de résistance de la société française.

    Le Figaro a publié hier une longue tribune de l’ex conseillère régionale PS d’Ile-de-France, Cécile Pina,qui  s’est fait connaître en 2015 lorsqu’elle  avait dénoncé  « le salon de la femme musulmane de Pontoise et a récemment publié Silence Coupable. Avec Fatiha Boutjalhat, elle est la fondatrice deViv(r)e la République, mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion de l’indispensable universalité de nos valeurs républicaines.»

    Mme Pina, réputée proche de Manuel Valls,  estime comme beaucoup d’observateurs qui ne sont pas forcément de son bord politique que la jeune Mennel est proche des islamistes ou  instrumentalisée par eux. Elle éclaire son propos par la comparaison suivante: « Imaginez qu’une jeune candidate de The Voicepartage du Henry de Lesquen, du Marion Maréchal Le Pen et du Bruno Gollnisch, qu’elle participe à des opérations saucissons-pinards, soutienne Alain Soral et diffuse sur instagram les œuvres d’Alain de Benoist, vous poseriez-vous vraiment la question de savoir si elle est proche du FN? Non. Et bien c’est pareil. »

    Il est aussi loisible d’imaginer  qu’une femme qui a milité de longues années au PS  partage au  moins une responsabilité morale dans  une montée d’un prosélytisme et d’un  communautarisme dont  seul le Front National pressentait les dangers et dont il avertissait nos compatriotes. Certes,  à une époque ou les dangers étaient moins  nettement visibles qu’aujourd’hui mais aussi ou tous les acteurs des partis du Système préféraient se voiler la face par intérêt, lâcheté, commodité ou clientélisme. Mais la situation a-t-elle vraiment changé?

    Il faut se réjouir bien évidemment  que Mme Pina,  comme d’autres , ouvre enfin les yeux et reprenne certaines analyses de l’opposition nationale,  fustige l’attitude  des dirigeants et élus de son ancien parti. Mais cette lucidité (partielle) s’accompagne d’une hostilité vigilante à l’égard du FN qui ne manque pas d’interroger sur la pureté de ses intentions.

    Interrogée par le magazine Marianne en avril 2016 elle déclarait : « je perds souvent mes combats avec les gens qui me disent qu’ils vont voter FN en arguant que la seule qui est claire sur la laïcité, c’est Marine Le Pen. Déjà, quand vous écoutez ce que dit Marion Maréchal-Le Pen, vous réalisez que ce n’est pas exactement le même discours » -une remarque qui semble indiquer que Mme Pina n’opérerait  pas de distinction dans sa défense de la laïcité  entre attachement à nos racines helléno-chrétiennes et prosélytisme islamiste?, NDLR . «  Ensuite, poursuit-elle,  le FN n’a pas plus de rapport à la vérité que les islamistes. Ce sont des tacticiens purs. Ils voient que la laïcité et la République sont des mots porteurs, donc ils les utilisent. Mais ce discours ne les engage à rien. Quelque part, ils sont aussi absolutistes dans l’identité que les islamistes. Le rêve de ces derniers est un monde immanent et figé. C’est pareil pour le FN, qui a une vision d’une France presque mythifiée, figée dans ses représentations. Pour moi, l’un comme l’autre pue la mort. »

    Questionnée également à la même période par le site Atlantico, Cécile Pina creusait la même veine: « les islamistes utilisent la religion pour conquérir le pouvoir politique (…). Comme le FN, ils ont un projet de société, une vision du monde et une stratégie de conquête du pouvoir – les islamistes et les nationaux seraient les seuls dans ce cas là?, NDLR. Ils semblent comprendre mieux que nos élites ce que nous sommes et ils ne se trompent pas dans leurs attaques. »

    Un amalgame visant à établir un signe égal entre islamistes (auxquels tous les musulmans, très loin s’en faut ne sont pas réductibles), et défenseurs de l’identité française qui est le cœur du discours de sa (très petite) association Viv(r)e la République qui est peu ou prou celui des frères du Grand Orient et des partis ripoublicainsde Jean-Luc Mélenchon à Laurent Wauquiez. Celle-ci  affirme dans son manifeste  vouloir «  regrouper toutes celles et ceux qui veulent combattre l’islamisme sans nourrir l’hydre de l’extrême droite. » « Nous affrontons deux dangers aussi mortifères l’un que l’autre : le danger islamiste, et celui de l’extrême-droite qui est aux portes du pouvoir…».

    Il y a en fait un moyen imparable pour  juger de la sincérité, ou à tout le moins de l’efficacité  des défenseurs de la laïcité à la sauce Pina, c’est leur rapport à la question migratoire. Il est en effet révélateur que pas plus l’association de cette dernière que le PS, LREM, LR ou LFI ne prônent des mesures concrètes pour tarir la source principale  du communautarisme (musulman mais pas seulement) et de l’islamisme, à savoir l’immigration-invasion. Tous ces pseudos indignés républicains qui ne prônent pas l’inversion des flux migratoires, une réforme de notre code de la nationalité, la réhabilitation des valeurs qui forment l’ossature de notre civilisation, sont au pire des escrocs intellectuels et des imposteurs,  au mieux des imbéciles et des naïfs. 

    https://gollnisch.com/2018/02/13/pire-escrocs-mieux-imbeciles-celine-na-rien-compris/

  • Samedi 24 mars : DINER ANNUEL DES AMIS DE SYNTHÈSE NATIONALE AVEC JEAN-MARIE LE PEN

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    RÉSERVATION EN LIGNE CLIQUEZ ICI

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [III]

    Chute du mur de Berlin

    Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    1ère partie : l’Homme Masse

    3906289864.jpgLe communisme en Europe : fatalité d'un déclin

    En tous cas, un signe atteste que le processus de « démassification » est bel et bien engagé, du moins au niveau de la production. Les politologues s'interrogent sur le « déclin » du parti communiste. Celui-ci a certainement pâti de la dégradation de l'image de marque de l'U.R.S.S., du lait des événements de Pologne et de la guerre d'Afghanistan.

    « L’archipel du Goulag » de Soljenitsyne a désabusé les intellectuels mais bien d'autres livres avaient révélé l'existence des camps soviétiques, sans que les belles âmes s'émeuvent. Ce qui s'est passé en Hongrie et en Tchécoslovaquie l'emporte de beaucoup, en horreur, sur la répression, après tout timide, qui frappe Solidarnosc. Pourquoi ce brutal effondrement du mythe soviétique aujourd'hui et non il y a dix ans ou cinquante ? Ce n'est pas du communisme dont se détournent les intellectuels mais de la démocratie dont il constitue l'expression achevée. A preuve le repli peureux des « nouveaux philosophes « sur le libéralisme et le parlementarisme, donc sur une variété de féodalisme. Ils ont renoncé à changer le monde. Seuls leur importent désormais leurs intérêts de classe, la défense de leurs privilèges. Les « droits de l'homme « fournissent un alibi fort convenable à la lâcheté des intellectuels.

    Pourquoi étaient-ils communistes, communisants, compagnons de route, porteurs de valises ? Parce que, d'instinct, ils ne rêvèrent que la force. Ils sentent confusément que la force a quitté le communisme. Il la tenait de la masse et celle-ci se dissout. Lénine, en effet, a conçu les partis communistes comme des organisations militaires, dont les of­ficiers et les sous-officiers étaient chargés d'encadrer les O.S. Il avait mieux que ses rivaux, empêtrés dans le dogmatisme marxiste, analysé la situation sociale de la Russie du début du siècle. Au contraire de ce que l'on prétend d'ordinaire, elle disposait d'une industrie moins puissante, sans doute, que celle de la Grande Bretagne, de l'Allemagne et même de la France mais beaucoup plus moderne. Quand elle avait commencé à &industrialiser, elle s'était heurtée à une difficulté considérable. Elle ne possédait pas de tradition ouvrière. Faute de spécialistes, elle adopta le travail à la chaîne, qui permettait d'utiliser les moujiks, chassés de la terre par l'abolition du servage et la modernisation de l'agriculture sous l'impulsion des koulaks, ces petits propriétaires, nés de la dissolution du « mir « la communauté agraire. Grâce aux capitaux étrangers, surtout français, attirés par une main d'œuvre à bon marché : les usines se multipliaient. Entre 1900 et 1913 la production doubla. Le coup de génie de Lénine fut de comprendre que le prolétaire, tel que l'avait conçu Marx n'était qu'une catégorie hégélienne, audacieusement transposée dans l'histoire sociale, le concept de négativité absolue qui, par un renversement dialectique, devient tout à force de n'être rien. Marx, à la suite de Hegel, associait négativité et conscience de soi. Il imaginait donc le prolétaire porteur d'une conscience de classe qui lui permettait de changer le monde. Dans l'Allemagne du XIXème siècle, il existait sans doute une classe ouvrière, nombreuse et puissante mais elle n'était prolétarisée que sur les marges. Rien de semblable dans la Russie de Lénine. Le concept avait pris chair. Il existait bel et bien un prolétariat, composé de moujiks analphabètes et grossiers dont la résignation de bêtes de somme ne s'interrompait que pour de brèves et brutales révoltes. L'idée que ces misérables puissent d'eux-mêmes acquérir quelque conscience que ce soit relevait de la bouffonnerie intellectuelle. La masse que découvrait Lénine n'était nullement révolutionnaire par essence. Tout au plus aspirait-elle à être mieux payée et à travailler moins. Il convenait, pour qu'elle devienne une force, de l'encadrer de révolutionnaires professionnels, qui la dirigeraient dans le sens qu'ils voudraient.

    On s'est souvent demandé pourquoi le communisme n'avait pu s'implanter dans les pays anglo-saxons. La raison en est simple : la place était prise. La Grande Bretagne et les Etats-Unis avaient introduit le travail à la chaîne dès les premières années du siècle. Ce qui avait donné aux syndicats le temps de s'adapter. Quand éclata la révolution bolchevique, ils avaient déjà encadré la masse. Il n'en allait pas de même en France, où le travail à la chaîne n'apparaît qu'à la veille de la première guerre mondiale, qui devait le généraliser. Notre syndicalisme de métier, animé par des travailleurs hautement qualifiés, fiers de leur savoir-faire, trop individualistes pour accepter un appareil bureaucratique, était incapable, sans une profonde mutation, d'intégrer la masse. Il commençait à peine à s'adapter, quand éclata la révolution bolchevique. Les communistes avaient le champ libre. Ils en profitèrent.

    Aujourd'hui leurs bastions traditionnels s'effondrent. Mineurs ou sidérurgistes fondent, comme neige au soleil. Le P.C. poursuit depuis dix ans des combats de retardement, qui se retournent contre lui. Les compressions de personnel, faute d'être réalisées à temps, n'en deviennent que plus douloureuses. La rupture avec les socialistes est intervenue lorsque ceux-ci, le dos au mur, durent se résigner à renoncer à soutenir artificiellement des secteurs en déclin, qui avaient cessé, depuis des années d'être compétitifs. Le P.C. pouvait accepter bien des choses, pas de perdre sa base sociale.

    Il se trouve d'ailleurs enfermé dans une contradiction. Les immigrés lui fournissent ses dernières troupes de choc. S'appuyer sur eux, c'est pousser les ouvriers français vers le Front National. Essayer de rivaliser avec Le Pen, comme le firent quelques maires de banlieue, afin de retenir son électorat, non seulement risque de le couper des O.S. maghrébins mais le fait traiter de raciste par la cléricature religieuse ou laïque. Donc le P.C. se transforme en parti résiduel, qui ne se maintiendra que là où il parviendra à conserver le pouvoir municipal. Le poids des traditions l'empêchera sans doute de tomber aussi bas que son homologue allemand. Il conservera une audience marginale en tant que conservatoire des archaïsmes français.  •  (A suivre - A venir : « De Caillaux à Giscard : Le système libéral »)

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [I]

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [II]

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/
  • La région Île-de-France finance le cinéma de propagande

    seasoninfrance_01-h_2017-600x338.jpg

    FRANCE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : 
    Le bulletin de réinformation du 31 janvier en avait déjà parlé : ce jour là est sorti en salles le film de Mahamat-Saleh Hanoun : « Une saison en France ». Il nous dresse le portrait d’un parfait immigrant, courageux, bien éduqué, travailleur, respectueux des règles et de la famille. Il lutte contre l’administration française pour obtenir le droit d’asile après avoir fui la guerre en République Centrafricaine.

    Et l’on apprend que la Région de Valérie Pécresse, a subventionné la production du film à hauteur de 335 000 € en 2016. A cette somme s’ajoute le financement par certaines chaînes publiques de télévision dont ARTE ainsi que par le Centre National du Cinéma.

    Au total : 1,2 million d’euros d’argent public (soit plus d’un tiers du budget du film) investis pour une production qui dénonce le supposé manque de générosité de la France et transforme l’invasion migratoire en un beau roman d’amour…

    https://fr.novopress.info/

  • Joli coup de nos amis d'EuroLibertés : un entretien avec Patrick Buisson

    Patrick-Buisson.jpg

    Entretien avec Lionel Baland EuroLibertés cliquez ici

    Patrick Buisson, journaliste, écrivain, directeur de la chaîne de télévision Histoire et stratège politique, a été durant plusieurs années le conseiller de Nicolas Sarkozy. Lionel Baland l’a interrogé pour EuroLibertés.

    Vous estimez au sein de l’ouvrage La grande histoire des guerres de Vendée paru en 2017 qu’un génocide a eu lieu en Vendée à l’époque de la Révolution française. Ce phénomène est-il limité à la Vendée ou d’autres régions ont-elles été touchées ?

    Non, ce phénomène a été limité à la Vendée car la résistance la plus forte venait de cet endroit et la répression dans les autres départements n’a pas eu ce caractère systématique de projet d’extermination.

    L’aristocratie française a-t-elle été victime d’un génocide ?

    Non, on ne peut pas parler de génocide. Il y a eu une répression politique et sociale qui a touché les aristocrates. Il y a eu environ 20 ou 25 mille personnes guillotinées ou éliminées. Certes, parce qu’elles représentaient l’ancienne forme de pouvoir politique, mais des aristocrates servaient dans les armées de la République et d’autres se sont ralliés aux idées nouvelles et à la forme républicaine du pouvoir. Donc, on ne peut pas dire que l’aristocratie a formé un bloc totalement homogène. La plupart étaient certes restés fidèles au Roi, mais une partie non négligeable s’est ralliée au nouveau régime.

    Au sein de la trilogie 1940-1945 : Années érotiques, vous estimez que la Libération, en 1944, a été une revanche des hommes alors que la guerre a été une période de libération des mœurs ? Estimez-vous que le régime de Vichy a représenté une libération des mœurs ?

    Pas le régime de Vichy ! Le simple fait de l’Occupation. Il y avait près de deux millions de prisonniers et donc beaucoup de femmes sans mari et par conséquent le rapport entre la population masculine et féminine s’est trouvé très déséquilibré. C’est une question anthropologique, une question de mœurs. Les périodes de guerre, d’anomie sociale, sont toujours des périodes de grand désordre sexuel. Et la sexualité est le révélateur optimal de l’état de la société et de l’évolution politique. On a eu durant cette période d’occupation, mais ce n’est pas propre à la France et cela s’est passé aussi en Belgique, beaucoup de femmes qui, séparées de leur mari, s’émancipaient du contrôle masculin et effectivement menaient une vie sexuelle beaucoup plus libre, beaucoup plus autonome que ce n’était le cas avant. D’où le phénomène de la collaboration horizontale qui a touché des dizaines de milliers de femmes en France qui se sont jetées dans les bras de l’armée allemande parce qu’elles en avaient envie sans doute, mais aussi pour des raisons matérielles. Ce n’est pas la solde de prisonnier que versait Vichy qui leur permettait de survivre en tant que femmes de prisonnier. Donc, il fallait bien subsister dans un contexte de guerre extrêmement difficile. Donc, une telle période bouleverse de fait les mœurs. C’est une constante dans l’histoire de l’humanité, ce n’est propre ni à la période 1940-1945 ni à la France.

    Comment expliquez-vous que les femmes en général, à l’heure actuelle, votent moins pour les partis patriotiques que les hommes ?

    Cela reste à prouver. Cela dépend des pays et des circonstances. Jusqu’à présent, oui, par exemple en France, le vote Front National était un vote très masculin. Il était populaire et d’affirmation virile venant de l’ancien prolétariat, des gens qui se sentaient dévalorisés parce que les métiers manuels et les valeurs viriles qu’ils portaient n’étaient plus en harmonie avec la société contemporaine qui baigne plutôt dans des valeurs féminines : harmonie, pacification, dialogue, etc. Cela a un peu changé avec l’arrivée à la tête du Front National de Marine Le Pen. Il y a un vote féminin en faveur du Front National. Certes, cela reste pour partie un vote masculin, mais dans les catégories populaires, il s’est beaucoup féminisé. C’est le constat qui a pu être fait dans les derniers scrutins, y compris à la présidentielle. L’électorat populaire féminin vote assez facilement Front National car c’est aussi celui qui est le plus précarisé, celui qui se trouve dans les emplois à temps partiel, peu qualifiés et sur lesquels la fracture entre la France urbaine et la France périphérique, c’est-à-dire la France des classes populaires marginalisées, est la plus béante et la plus ouverte. Cet électorat populaire féminin vote plutôt pour le Front National.

    L’abstention monte de plus en plus. Comment voyez-vous l’avenir politique à partir du moment où le système ne représente plus la population ? Pourquoi la population ne se révolte-t-elle pas, surtout les personnes les plus précarisées ?

    Il y a incontestablement dans cette partie de la France que vous évoquez la France des invisibles, la France des laissés-pour-compte, un sentiment de rejet, de dégoût à l’égard de la politique. Maintenant pourquoi ne se révolte-t-elle pas ? Parce que les formes de protestation politique ne sont plus des formes violentes. Elles l’ont été longtemps.

    La rue a été une des actrices, une des composantes de la vie politique en France. Elle l’est de moins en moinsElle peut l’être lors de manifestations de masse, mais qui sont des manifestations liées à un événement particulier. Je pense à « La manif pour tous » sur le mariage « gay » ou je pense à ce qui s’est passé au moment de l’attentat en 2015 à Paris contre l’équipe de l’hebdomadaire Charlie. Les foules descendent dans la rue. Certes, il s’agit de contestations, mais ce sont des manifestations pacifiques qui ne correspondent pas à des révoltes sociales. La France a connu pendant des siècles des jacqueries, des émeutes qui étaient des actions violentes et même dans l’après-guerre. Cette forme d’action politique qu’est l’action violente est sortie des mœurs. Il faut bien le constater. Cette population se retranche dans le dégoût et sort du jeu politique, sort du spectre politiqueLes Français, pas plus que les autres peuples européens, ne sont des peuples révolutionnairesCe sont des peuples qui ne remettent pas en cause leur standard de vie pour quelque cause que ce soit. Et on ne se sacrifie plus pour un être collectif : le prolétariat, la nation, la patrie, la communauté, etc. La poussée individualiste fait que les grands mouvements collectifs, les grandes révoltes populaires, ne sont plus dans le tempérament des Français, ni même des Européens d’ailleurs.

    Le président Emmanuel Macron représente-t-il un changement ou une continuité ?

    Incontestablement un changement, une rupture. Ça, c’est sûr. Il me paraît beaucoup plus libre. Je ne sais pas ce qu’il fera. Il n’est pas tenu par les appareils partisans. Il s’est affranchi à la fois de la gauche et de la droite. Les deux appareils partisans en voie de déliquescence que sont le Parti socialiste et Les Républicains n’exercent plus la moindre influence sur l’exécutif. Et donc venant de la gauche et élu plutôt par la gauche et quelques voix de droite, Emmanuel Macron est en train de faire le chemin inverse de celui des élus de droite. Il y a beaucoup d’électeurs de droite qui se disent aujourd’hui : mais finalement, on a élu des présidents de droite qui ont pratiqué une politique de gauche et Macron, élu par la gauche, réalise une politique qui n’est pas encore de droite, mais qui n’est plus de gauche.

    Le phénomène est intéressant car il ne pèse sur lui ni les pressions des partis ni les inhibiteurs qui généralement paralysaient l’action des élus à droite. Par exemple, la politique en matière d’Éducation nationale du ministre Jean-Michel Blanquer, aucun ministre de droite n’aurait pris le risque politique d’assumer de telles options. Il aurait eu trop peur du syndicat et de l’environnement médiatique. C’est une forme de liberté qui est intéressante car elle fait bouger les limites, elle fait bouger les choses.

    Jean-Luc Mélenchon a-t-il un côté nationaliste ?

    Il a une dimension patriotique qui est d’ailleurs celle des révolutionnaires et se réclame en cela de la mémoire robespierriste et jacobine. Il a mis en sourdine les questions migratoires. En 2012, il avait fait campagne sur la France métissée. Il a maintenant évacué ce thème car il sait que c’est un frein au vote populaire. Le vote qu’il a obtenu est un vote à la fois de gauche traditionnelle, mais aussi un vote immigré très important ; il suffit de voir son succès à Marseille par exemple, et donc la dimension nationale et identitaire du mélenchonisme apparaît aujourd’hui plus diluée qu’elle pouvait être il y a quelques années bien qu’il y ait eu une évolution sur ces questions d’identité et d’immigration puisqu’il n’a pas fait en 2017 la campagne de 2012.

    Lire le site de Lionel Baland cliquez ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Lancement de LaFranceLibre.tv

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    LaFranceLibre.tv est un nouveau média de résistance, animée notamment par Gilles-William Goldnadel et André Bercoff.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • « Ce mot hideux de province »*

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    par Louis-Joseph Delanglade

    On connaissait l’agacement de nombre de « continentaux » à l’égard de certaines exigences corses.

    Aujourd’hui, c’est une large majorité des sondés (environ deux tiers d’après Le Figaro du 8 février) qui approuve la fermeté du discours du chef de l’Etat à Bastia. L’exaspération provoquée par la stratégie de la frange indépendantiste paraît certes légitime, toute avancée n’étant pour elle qu’une étape d’un processus dangereux. En revanche, et même si c’est vrai d’un point de vue purement comptable, faire grief à la Corse de bénéficier de la « solidarité nationale », c’est oublier et que les Corses ont largement payé le prix du sang dans les conflits où la France s’est engagée et que c’est sans doute la nature même de notre république qui génère cette situation. 

    D’aucuns pensent que M. Macron, en l’occurrence plus politicien que politique, a voulu tirer profit de cette opinion publique. On peut en douter. Nous l’avions écrit ici même, M. Macron, tout simplement parce qu’il ne le pouvait pas, n’annoncerait pas en Corse une prise en compte des revendications de MM. Simeoni et Talamoni. Certes, avec bon sens et surtout habileté, il a reconnu la double spécificité corse, géographique et culturelle, envisageant même son inscription dans la constitution (article 72) mais pour mieux l’étouffer « dans le giron de la République ». Il est en effet avant tout le président d’une République fondée sur l’individualisme des Lumières. On décrète qu’il n’y a que des individus formant peuple (en l’occurrence formant plutôt masse) et que doit disparaître tout ce qui pourrait s’opposer à cette conception. Condamné, donc, le sentiment d’appartenance à ce que l’on a longtemps et joliment nommé la « petite patrie » provinciale. Pour mieux « émanciper » les nouveaux citoyens, on pratique la politique de la table rase. Etre « français » ce sera en fait être républicain, se reconnaître dans les « valeurs » de la République. Logique insensée qui, parce qu’elle nie toute racine, tout héritage, amène à considérer n’importe quel être humain comme un « Français » potentiel ; logique mortifère dans ses conséquences ultimes avec l’attribution du droit du sol à la progéniture de millions d’immigrantsdéracinés, devenus « enfants de la République ». 

    Ce n’est donc pas nous qui reprocherons à certains Corses de vouloir maintenir une forme assumée d’identité, en demandant la co-officialité de la langue corse et le statut de résident. Evidemment, ces demandes ont une résonance « ethnique » : tout le monde n’est pas corse, c’est ainsi. Mais ceux qui nous expliquent qu’il faut pratiquer, sur l’ensemble du territoire national,  le « vivre ensemble » avec des communautés importées, fortement ethnicisées et identitaristes, sont les mêmes qui dénient à une population originale vivant chez elle la possibilité de rester elle-même. En Corse, les Corses sont bien évidemment chez eux et, qu’on le veuille ou non, un peu plus que les autres malgré tout - sauf à traiter l’île comme les Chinois traitent le Tibet. Si les mesures demandées avaient été appliquées ailleurs en France, par exemple en Provence, ladite Provence n’en serait pas réduite à n’être plus que le prête-nom d’un territoire climatique. La vraie Provence est moribonde et la Corse ne veut pas mourir. 

    Peu ou prou, tout président de la République française est l’héritier des principes chers à Robespierre. Pour les établir, les « grands ancêtres » de 1789 ont inventé « la terreur ». Point de terreur aujourd’hui mais le résultat sera le même : après tant d’autres provinces de France, la Corse sera sacrifiée sur l’autel des valeurs d’une République radicalement hostile à tout ce qui ne serait pas elle.  L’Etat républicain est un Etat faible qui, confondant autoritarisme et autorité, craint et méprise les composantes provinciales historiques du pays. Seul un état naturellement « fort » pourrait s’accommoder d’une décentralisation de fait et de droit.  

    * André Malraux, discours d’Amiens, 19 mars 1966

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/