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culture et histoire - Page 988

  • « Jeanne d’Arc enflamme les cœurs »

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    Un monumental Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc vient de paraître : travail de fourmi, enquête passionnée, il livre aux curieux une masse impressionnante de documents qui sans cela auraient risqué de tomber dans l’oubli. Entretien avec Pascal-Raphaël Ambrogi.

    Propos recueillis par Philippe Mesnard

    Votre ouvrage est à la fois une œuvre scientifique et un « dictionnaire amoureux de Jeanne d’Arc ».

    Il offre au lecteur ce que l’on sait de Jeanne, ce que l’on a dit d’elle et ce qu’elle a inspiré et inspire encore. Mis à la portée du plus grand nombre ces documents, ces analyses, ces synthèses, ces catalogues, cette anthologie, ce livre qui est tout à la fois, organisé en dictionnaire, sert à chacun ce qu’il savait sans doute déjà et tout ce qu’il n’avait jamais imaginé trouver. Jeanne d’Arc ! Plus on l’étudie, plus l’émerveillement croît.

    Quelle a été votre plus belle découverte en vous lançant dans cette entreprise ?

    Jeanne est une découverte perpétuelle tout comme une source d’inspiration inépuisable. Un personnage historique parmi les plus documentés de l’Histoire, un enjeu, un symbole, un héros. Je n’imaginais pas un tel potentiel d’admiration, de foi et d’énergie créatrice. L’actualité permanente de la « libératrice de la France » ne se traduit pas uniquement par la parution d’ouvrages littéraires ou historiques. C’est dans pratiquement tous les domaines d’expression qu’elle est présente et qu’elle bat aussi souvent des records. Il faut évoquer ici quatorze mille livres, de vint à trente millestatues rien qu’en France, quatre cents pièces de théâtre déjà répertoriées en 1922, cen trente-neuf films ! Des mangas, des morceaux de rock et de hard metal… Ces derniers dans le monde entier au cours des années récentes. Une pièce de théâtre est annoncée pour 2017, une autre pour 2018. Un film sortira à l’automne, consacré à l’enfance de Jeanne. Une statue sculptée par le russe Boris Lejeune pour la ville de Saint-Pétersbourg sera bientôt élevée. Une sienne statue a déjà été placée, en 2013, à Bermont, près du village natal de Jeanne. Une Pietà de Jeanne d’Arc a été placée, en 2006, à l’entrée d’une caserne près de New York : Jeanne porte un soldat mort sur ses genoux. Ce qui est poignant et unique.

    Cet intérêt pour Jeanne n’est pas nouveau. Il remonte en réalité aux heures mêmes de son épopée. C’est là ma plus grande découverte. Nous avons évoqué les nombreux documents contemporains, significatifs à cet égard. Et s’il faut attendre le XIXe siècle pour assister à ce que l’on pourrait qualifier de « frénésie johannique » ou d’« engouement johannique » – entre 1870 et 1900, par exemple, paraissent cent une biographies consacrées à Jeanne d’Arc, destinées au grand public et à la jeunesse – il n’en reste pas moins que le « messie de la France » (a dit Henri Martin) est loin d’être absent de la scène. Il suffit de consulter les articles « Musique », « Poésie » ou « Théâtre » du Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc pour s’en rendre compte. La Ballade contre les Anglais, de 1428, y fait déjà allusion. Évoquons la Ballade des dames du temps jadis, de François Villon. L’article « Musique » mentionne une œuvre pour les XVe et XVIe siècles, trois pour le XVIIe siècle et douze au XVIIIe siècle. L’article « Poésie » recense huit œuvres au XVe siècle, treize au XVIe siècle, vingt au XVIIe siècle, quatorze au XVIIIe siècle. Quant à l’article « Théâtre », il répertorie une pièce du XVe siècle, le Mystère du siège d’Orléans, daté de 1439, deux pour le XVIe siècle, une bonne douzaine pour le XVIIe siècle, et dix-sept pour le XVIIIe siècle. Cette production est donc loin d’être négligeable.

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  • Un entretien avec Jean-Claude Rolinat publié par EuroLibertés

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    Vous venez de publier un ouvrage consacré à la Hongrie… Pourquoi qualifiez-vous ce pays de « sentinelle de l’Europe » ?

    J’avais déjà publié aux éditions Dualpha un livre intitulé Frères d’Europe qui passait en revue toutes les curiosités politiques de notre continent si divers, avec l’esquisse d’une perspective politique pragmatique, réaliste, des institutions communautaires. C’est dire l’intérêt que je porte à l’avenir de nos patries : ni fédéralisme castrateur, ni souverainisme béat. Et la Hongrie est l’une de celles-ci, un pays à la longue mémoire, injustement traité par l’histoire, une terre matrice d’un peuple courageux : on l’a vu dans ses révoltes contre l’Autriche avant qu’il ne devienne un sage partenaire de l’Empire, face à la mainmise du bolchevique Bela Kun, dans son engagement – risqué – sur le front de l’Est contre les Soviétiques, et par son héroïque résistance à l’occupation russe. Justement, l’année dernière, nous célébrions le 60e anniversaire de la révolte de Budapest qui, en 1956, fit l’admiration du monde libre.

    Votre livre ne parle que de politique ?

    Non, bien sûr. Si j’évoque évidemment sa longue histoire, l’évolution de son statut politique, l’Empire Austro-Hongrois, le « règne » du Régent, l’amiral Horthy, les Croix fléchées, Viktor Orban et son parti, la curieuse doctrine « pantouranienne » du Jobbik, la sanglante répression de l’héroïque soulèvement de 1956, l’aventure maléfique de Bela Kun, les problèmes des minorités magyares hors frontières – héritage du Traité de Trianon –, je n’en oublie pas moins que c’est un agréable pays à visiter, avec de magnifiques monuments, un folklore sympathique et coloré – ses « csikos », les cow-boys de la plaine –, de bonnes tables, des bières et du vin bien frais ! Budapest, comme le lac Balaton, est des cartes postales séduisantes, à visiter sans modération… À noter que notre éminent confrère Georges Feltin-Tracol a bien voulu m’honorer d’un chapitre justement consacré à la question un peu mythique du « pantouranisme » du Jobbik, sujet brièvement évoqué ci-dessus.

    Cette collection « notre belle identité européenne », est-elle appelée à s’enrichir ?

    Je l’espère. Il y a dans les terres de nos pères tant et tant de merveilles artistiques, touristiques, tant et tant de légendes et d’actes héroïques à vulgariser du Cap Nord à Gibraltar, de Brest à l’Oural, qu’une vie n’y suffirait pas. La France mise à part, je pense à des États comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne ou l’Italie qui constituent le cœur de notre civilisation occidentale au sens noble du terme, sans oublier l’Allemagne ou le Royaume-Uni bien sûr. Des amis spécialistes de ces questions pourraient contribuer à les faire mieux connaître pour, au fil des ans, construire une collection qui serait une sorte « d’arsenal historico-politico-touristique », si vous me passez cette expression un peu « barbare », destiné à lutter contre la désinformation qui gangrène nos chères petites têtes, de moins en moins blondes d’ailleurs, et pas seulement elles…

    La Hongrie sentinelle de l’Europe, 190 pages, 20 euros, Les bouquins de Synthèse nationale. Pour commander ce livre, cliquez ici 

    *Chaque jeudi matin à 8 h 30 sur la web Radio Libertés, Jean-Claude Rolinat répond aux questions d’Arnaud Menu dans le cadre de son émission « Et pourtant elle tourne. »

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  • Daniel Halévy, grand intellectuel juif ami de Maurras, évoqué par Jean Guitton

    Gérard Leclerc évoquait ici le mois dernier, à propos de l'accélération de l'Histoire, la figure de Daniel Halévy, grand intellectuel juif, plus Français que beaucoup d'autres. Historien, essayiste, directeur de collection chez Grasset, il était le fils de Ludovic Halévy, académicien français, le frère d'Elie Halévy, philosophe; il devint le beau-père de Louis Joxe, le ministre du général De Gaulle, le grand-père de Pierre Joxe. Le rôle qu'il joua au siècle dernier dans le monde des lettres et des idées, Jean Guitton l'évoque ici. Daniel Halévy - Guitton le dit - fut aussi l'indéfectible ami et admirateur de Charles Maurras. Qu'Halévy fût Juif et Maurras se voulût antisémite ne fut jamais un obstacle à leur amitié.  LFAR     

    1545829037.jpg« De tous les êtres que j'ai connus, il est le seul qui m'ait donné l'impression de vraiment écouter l'autre. Il écoutait les princes comme les enfants, avec une préférence pour les simples, et même (chose singulière, et que je n'ai vue qu'à lui) pour les bavards, les fâcheux, les « raseurs », qu'il trouvait très instructifs. Il les écoutait avec un air de grand seigneur distrait. 

    Je savais qu'il avait été le compagnon de Péguy, l'exégète de Proudhon, le condisciple de Proust à Condorcet, l'ami des deux frères Tharaud, le correspondant de Croce et de Malaparte - et le découvreur d'un officier inconnu appelé Charles de Gaulle, qui dans son salon lui avait retracé les vues prophétiques du colonel Émile Mayer sur le rôle des chars dans une prochaine guerre.

    Halévy avait le don du prophète. C'est lui qui, dans la collection créée par Grasset, « Les Cahiers verts », avait lancé dans l'espace, comme une constellation : Montherlant, Mauriac, Maurois, Malraux, Guéhenno, Louis Hémon (l'auteur de Maria Chapdelaine).

    En France, il avait été l'un des premiers à croire en Nietzsche, sur lequel il avait écrit un si beau livre.

    Son génie était celui de Samuel, lorsque Samuel mit la main sur Saül ; celui de Lamartine, lorsqu'il sacra Mistral. Sans profession, sans métier, sans titre, placé au centre des idées et des êtres, il avait reçu la mission, comme Socrate, non pas de créer (ce qui est assez facile) mais de recréer : en révélant les autres à eux-mêmes.

    Le sang de la France, disait-il, l'avait fixé, lui juif, venant d'un canton suisse et d'un ghetto allemand, entre le Pont-Neuf et l'Institut. Par sa mère, il se rattachait aux Bréguet, famille protestante de Neuchâtel, qui était venue en France autour de 1760 pour fabriquer des montres, puis des moteurs d'avion.

    Juif de race, protestant de formation, catholique de tendance, il résumait en lui la substance de ces trois religions, avec une préférence pour le catholicisme. Et c'est sans doute pour cela qu'il avait aimé sans me connaître mon livre surMonsieur  Pouget. « Votre Pouget, me disait-il, ce que j'aime en lui, c'est qu'il appartient à l'ordre des Pauvres. »

    Un soir d'été, ce prince de l'esprit, revêtu du manteau d'un berger, vint nous voir dans notre chaumière, au centre de la France. Il m'avait demandé de réunir sous un tilleul les paysans de mon village. Passa le facteur, Maufut, qui était communiste et braconnier. Il l'interrogea sur la chasse, la pêche, le braconnage. Je n'ai jamais rencontré d'esprit plus ouvert que lui. Il avait connu la « Vierge rouge » de la Commune, Louise Michel ; il l'avait aimée. Il avait un culte pour Charles Maurras, qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. Et l'on sait qu'à la fin de sa vie, comme Michelet, il redoutait « l'accélération de l'histoire ».

    Il m'a répété cet axiome : « Ist Erhebung möglich ?  (« l'anoblissement est-il possible ? »). La noblesse, n'était pas pour lui confiée aux aristocrates ou aux nobles ; elle reposait dans cette source de toute noblesse qu'est le peuple.  

    Jean Guitton,

    Un siècle, une vie, Robert Laffont, 1988

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Ernst Jünger l’inclassable

    Ernst Jünger est né le 29 mars 1895 à Heidelberg. Sa famille est d'origine saxonne. Son arrière grand-père était un compagnon artisan. Son père fut chimiste puis pharmacien. Il est l'aîné d'une famille de cinq enfants. Ernst ne supporte guère la discipline scolaire. Il va rejoindre les Wandervogel (« les oiseaux migrateurs »). Ces groupes de jeunes, apparus vers 1895, qui se développent considérablement en Allemagne, ont le goût du retour vers la nature et aiment partir à l'aventure, sac au dos, sans but préétabli. C'est un espace de liberté dans une société dont l'éducation était autoritaire. Ernst Jünger va fuguer à l'âge de dix-sept ans pour s'engager dans la Légion étrangère française. Lorsque Guillaume II ordonne la mobilisation en août 1914, il se porte volontaire avec enthousiasme. Il sera promu sous-officier, puis officier. Spécialiste des opérations commando, membre d'une unité d'élite, il sera blessé sept fois et obtiendra « la plus haute décoration allemande, la croix de chevalier « Pour le Mérite » à laquelle seuls quinze officiers eurent droit. On raconte que Hindenburg hésita à la conférer à un officier si jeune. Il avait vingt-trois ans... Une véritable exaltation mystique s'emparait de lui lors des combats. Il écrira: « La volupté du sang flotte au-dessus de la guerre comme un voile rouge sur une sombre galère, son élan infini l'apparente à la volupté de l'amour ». Avant l'assaut, sous un déluge de fer, le sous-lieutenant récitait à ses hommes Le Bateau ivre d'Arthur Rimbaud...

    Jünger, écrivain: « Orages d’acier »

    Au lendemain de la Première Guerre mondiale, c'est par la mise en forme de ses souvenirs que Jünger entra dans la voie royale de la littérature. On retiendra bien sûr Orages d'acier, paru à compte d'auteur, tiré à plus de 250 000 exemplaires, qui décrit les horreur vécues, mais aussi la fascination que l'expérience du feu a exercé sur lui. Il estime que la guerre est la matrice de toute chose : « Elle est la grande forge des peuples comme elle l'est des cœurs », dira-t-il vingt ans plus tard, dans La Paix. Orages d'acier connut un grand succès. André Gide écrira : « Le livre d’Ernst Jünger est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'ai lu, d'une bonne foi, d'une honnêteté, d'une véracité parfaites ». Sollicité par les Corps francs, approché par les nationaux-socialistes, il décline tout engagement, se contentant d'écrire dans des revues nationalistes des articles qu'on lui reprochera encore longtemps après. Il est vrai qu'il n'adhère guère au concept de démocratie. Ses modèles sont les ordres hiérarchisés tels les Jésuites, l'armée prussienne et... la marine britannique ! Pour Jünger, le chef peut avoir deux origines : il appartient soit, par naissance, à la tradition, à la noblesse, soit, à la « nouvelle race » des seigneurs conçue dans le « sein rougeoyant des tranchées ». Après la défaite, Jünger travailla un temps pour le ministère de la Reichswehr, collaborant à la rédaction de manuels destinés aux troupes d'infanterie. Puis le guerrier va retourner à l'université, qu'il quittera en 1926, étudier la zoologie et l'entomologie. Il fréquente les cercles nationaux révolutionnaires et se rallie à la Révolution conservatrice. Il fréquente aussi bien Otto Strasser qu'Erich Mühsam et devient proche d'Ernst Niekisch, principal idéologue allemand du National-bolchévisme. Il devient une figure dans le milieu intellectuel nationaliste. Il va publier en 1932 Le Travailleur, « couronnement des réflexions politiques de l'auteur », selon Louis Dupeux, historien et germaniste français, spécialiste de La Révolution conservatrice.

    Jünger expose dans ce livre une célébration de l’État, de la technique, comme force mobilisatrice, et du vitalisme. Eric Michaud dira : « C'est certainement lorsqu'il s'emploie à dessiner les traits de la figure rédemptrice du Travailleur que Jünger est au plus près du national-socialisme en lui fournissant les aliments de sa croissance et de son développement ». Pour Jünger, l'ennemi, c'était tout ce qui avait trait à la pensée issue du Siècle des Lumières, et dont l'expression humaine était le bourgeois, qu'il haïssait. Le bourgeois refuse le danger et cherche à tout arbitrer par des négociationsJl mène évidemment une politique détestable : le droit de vote est une imposture.

    Hitler : « On ne touche pas à Jûnger!

    Approché par le parti national-socialiste du fait de son passé et de ses écrits patriotiques, il refuse toute participation et démissionne même de son club d'anciens du régiment en apprenant l'exclusion des membres : juifs. La Gestapo perquisitionnera à plusieurs reprises sa maison. Il est sous une constante surveillance. Il refuse, en 1933, ; de siéger à l'Académie allemande de littérature où il a été élu. Il se retire à la campagne et entreprend des voyages (Norvège, Brésil, France, Rhodes). En 1939, paraît son chef-d'œuvre, Sur les falaises de marbre, un roman allégorique souvent vu comme une dénonciation du national-socialisme. Mais au-delà de cela, on peut considérer qu'il s'agit d'une illustration des forces à l'œuvre dans toute dictature. Le livre déplaît évidemment souverainement aux nationaux-socialistes. Le Reichsleiter Philipp Bouhler intervient auprès de Hitler, lui disant : « Mein Führer, il serait temps que Jünger fasse usage de son capital ! ». Mais Hitler, qui admirait Jünger, avait répondu : « Non, on ne touche pas à Jünger ! ». Jünger est mobilisé le 30 août 1939 dans la Wehrmacht avec le grade de capitaine. Il participe à la campagne de France puis, après la victoire des Allemands, intègre l'état-major parisien de la Wehrmacht. Il disposera d'un bureau à l'hôtel Majestic et pourra ainsi suivre de près les intrigues et tensions qui opposent le commandement militaire et d'autres structures, dont la SS. Il va rédiger son Journal de guerre et un essai, La Paix, où il anticipe la nécessaire réconciliation européenne et la construction européenne. L'histoire, telle que Jünger la suggère, est un théâtre tragique. L'histoire enseigne l'art de mourir. L'histoire est aussi un processus organique soumis aux lois irréversibles du devenir, de la croissance et de la mort. Un ordre nouveau succède immanquablement à l'ordre ancien qui ne répond plus aux exigences des nouvelles réalités. Le premier volume du journal dont le titre est Jardins et routes sort dès 1942. On y trouve des observations de la nature, des notes sur ses fréquentations littéraires, et des réflexions sur la nécessité de se replier dans son monde intérieur. Celui qui, vingt ans plus tôt, se faisait le chantre violent de la « guerre, notre mère », écrit dans La Paix, que lira Rommel : « La véritable paix suppose un courage qui dépasse celui de la guerre, elle est activité créatrice, énergie spirituelle ». On retrouve dans son Journal son horreur de ce qui se passe en Allemagne, sa haine d'Hitler qu'il désigne sous le nom de "Kniebolo", ses partisans étant des "lémures''. Quant à Céline, qu'il n'aimait pas, il l'appellera Merline. Il ne participe pas au complot Staufenberg, mais est dans le secret de sa préparation. Il brûle, hélas, au lendemain de l'attentat, son Journal qu'il tenait à cette époque, ce dont il ne se consolera jamais. Le, voici démobilisé. Retour en Allemagne. Il se retrouve à la tête d'un groupe du Volksturm (milice regroupant des hommes trop âgés pour être soldats), et demande à ses hommes de ne pas résister à l'arrivée des troupes anglaises et américaines. Son premier fils, âgé de dix-huit ans, était tombé quelques mois plus tôt sous les balles des partisans dans les montagnes de Carrare, en Italie.

    L'Apres-guerre: LE "Recours aux forêts"

    Après la capitulation, refusant de se soumettre aux procédures de dénazification, il est interdit de publication pendant quatre années. Il devient un "rebelle", étranger en son propre pays et voué à un exil intérieur ponctué de longs voyages entomologiques en Méditerranée, en Scandinavie et jusqu'au Brésil. Il réunira une impressionnante collection de coléoptères et donnera son nom à trois d'entre eux, qu'il avait découverts, ce dont il sera particulièrement fier. Face à une société qu'il n'aime pas, il dresse ainsi une digue devant « le courant de l'époque qui menace de tout engloutir ». Il reste le recours aux forêts, la retraite au fond de soi, comme le chevalier de Durer et comme l'a pratiquée Rivarol que Jünger admirait et dont il traduisit les œuvres. Il dressera dans un essai paru en 1956, un portrait d'Antoine de Rivarol qu'il dépeindra comme maître de l'élégance, de la conversation éblouissante, ironique et visionnaire et... doté d'une paresse légendaire ! Lui qui avait été une figure de la droite nationaliste défend désormais un individualisme anarchisant, radicalement hostile à l’État-Léviathan. Il crée, dans Umeswill, la figure de l’anarque qui a renoncé au combat et choisi l'émigration intérieure. Il consacre un de ses livres, Approchés, drogues et ivresses (1970) à l'ivresse, et expérimente les drogués les plus diverses (éther, haschich, opium, cocaïne, LSD...). On songe évidemment à Baudelaire qui écrivit Du vin et du haschisch. Le prix Gœthe, le plus prestigieux d'Allemagne, lui sera remis en 1982, suscitant les hurlements de la gauche et des écologistes. Il n'en a cure. Pour son centenaire, il sera invité à déjeuner au Palais de l'Elysée par le président François Mitterrand qui éprouve une grande admiration pour lui. Le 26 septembre 1996, il se convertit au catholicisme. Actif jusqu'à ses derniers jours, il meurt à l'âge de cent trois ans, dans son sommeil à l'aube du 17 février 1998 à l'hôpital de Riedlingen. Ainsi disparaît « le plus grand écrivain français de langue allemande », selon l'expression de son ami Jean Plumyène. II est le second centenaire de la littérature mondiale, après Fontenelle (1657-1757) !

    R.S. Rivarol du 13 juillet 2017

    Ernst Jünger, d'Isabelle Grazioli-Rozet, collection Qui suis-je ? 125 pages, 15 euros, Pardès, 44 rue Wilson, 77880 Grez-sur-Loing.
    L'Internationale des francs-tireurs de Bruno de Cessole, 600 pages, 22 euros.

  • Le site Médias presse infos consacre un bel article aux deux volumes du livre de David Irving, Budapest, insurrection

    Médias Presse infos cliquez ici

    1747866229.jpgDavid Irving est un écrivain britannique à succès, autour de nombreux livres d’histoire notamment consacrés à la seconde guerre mondiale dont les traductions françaises ont été publiées chez différents grands éditeurs comme Albin Michel ou Robert Laffont, avant d’être banni pour avoir trop mis en doute l’histoire officielle.

    Lorsqu’il sortit pour la première fois en Angleterre, ce livre fut complimenté par la presse britannique (du Timesau Guardian) et salué comme le meilleur ouvrage en langue anglaise sur l’insurrection de 1956.

    Ce qui arriva en Hongrie en octobre 1956 n’était pas une révolution mais une insurrection. C’était un soulèvement. Quand il commença, il était spontané et sans chef : c’était un véritable mouvement de masses unies par une haine commune du communisme. Paradoxalement, beaucoup de rebelles détenaient une carte du Parti et la plupart étaient ouvriers ou paysans.

    797845669.jpgCette insurrection a été écrasée par un homme, Janos Kadar. Il engagea le pays dans une période de répression sauvage qui dura plusieurs années avec une cruauté pourtant superflue car les Hongrois avaient finalement admis leur impuissance et l’impossibilité d’échapper à l’emprise de l’union soviétique qui avait envoyé ses chars.

    Ce livre raconte cette insurrection et veut comprendre l’état d’esprit de ceux qui y ont participé. Pour cela, David Irving a eu accès à des milliers de pages d’interrogatoires conduits scientifiquement de réfugiés hongrois ayant participé à l’insurrection. Il en résulte que les facteurs économiques n’apparaissaient pas parmi les racines premières de la révolte. Comme ce fut le cas des différentes insurrections populaires qu’a connues la Hongrie au cours des siècles précédents, les ingrédients décisifs étaient émotionnels et politiques.

    Après avoir étudié l’origine de l’insurrection hongroise de 1956 et son déroulement, David Irving s’applique aussi à décrire la réaction des pouvoirs occidentaux et des Nations Unies. Pourquoi les nations occidentales se limitèrent à de pieuses expressions de sympathie quand le soulèvement débuta ? Quel fut le rôle de Radio Free Europe et autres émetteurs similaires financés par la CIA ? Pourquoi le représentant des Etats-Unis auprès des Nations Unies retarda-t-il délibérément toute action de l’ONU ? David Irving apporte quelques réponses après avoir consulté une documentation déclassifiée des dossiers secrets du Département d’Etat américain.

    Enfin, David Irving conclut en estimant que le rôle des intellectuels hongrois fut très décevant malgré leur auto-congratulation.

    Insurrection – Budapest 1956, le cauchemar d’unenation, volume 1, David Irving, éditions Synthèse Nationale, 320 pages, 22 euros

    Insurrection – Budapest 1956, le cauchemar d’une nation, volume 2, David Irving, éditions Synthèse Nationale, 352 pages, 22 euros

    A commander en ligne sur le site de l’éditeur ici et ici 

    http://synthesenationale.hautetfort.com/