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culture et histoire - Page 985

  • Une praxis révolutionnaire et conservatrice est-elle encore possible...?

    Ex: http://www.polemia.com

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Vujic, cueilli sur Polémia et dans lequel il s'interroge sur les conditions de l'efficacité d'une action conservatrice-révolutionnaire visant à abattre le système dominant. Il rappelle notamment la nécessité de penser politiquement le « système des objets » qui enserre nos vies et conditionne nos façons de penser...

    Une praxis révolutionnaire et conservatrice est-elle encore possible ?...

    Trop souvent on oublie que la reconduction au pouvoir du Système dominant et de la classe gouvernementale tient plus à l’internalisation et la reproduction des modes de pensée dominants au niveau social, culturel, sur le plan individuel comme sur le plan collectif.

    On se souvient que la praxis, notion philosophique théorisée par Aristote dans l’Ethique à Nicomaque et qui initialement renvoyait à l’idée d’une pratique ou une action qui, transformant le sujet, a été plus tard reprise par les marxistes, par Antonio Gramsci et les situationnistes pour lesquels la philosophie de la praxisdésignait la pratique qui se reconnaît elle-même par la théorie qui découle de son action, mais qui, de par sa fonction révolutionnaire, devait transformer les esprits.

    Force est de constater que depuis Mai 68, le discours libertaro-marxiste a fait bon ménage avec le capitalisme libéral qui se traduit aujourd’hui par une praxissociétale parfois schizophrène d’hyper-individualisme festif et de domination capitaliste marchande que l’on accepte comme une fatalité irréversible. Promouvoir une politique de gauche et des valeurs de droite, employer un discours à la fois révolutionnaire et conservateur impliquerait au préalable de reconnaître, en dépit des avancées les plus fines sur le plan social et politique, l’absence d’une praxis adéquate, susceptible de transformer les rapports sociaux, les façons de sentir, de penser. En effet, face à la praxis bien rodée du marché déstructurant du social, il faudra jeter les bases d’une praxis de restructuration des valeurs. D’autre part, on oublie souvent que la technique, les gadgets omniprésents dans notre société hightech constituent de puissants vecteurs d’individuation et de socialisation et trop souvent d’aliénation plus que les principes de l’éducation familiale et scolaire. Il s’agit ici de ce que Jean Francois Dufour appelle les percipiens (le principe de sentir), l’idée de forces mécaniques pesant sur notre pensée et notre entendement et qui préexistent et façonnent notre comportement, notre agir, notre praxis. Jean Baudrillard parle de « système des objets » pour rendre compte de cette mutation dans nos sociétés postmodernes du sens et du rȏle des objets de l’utilité vers la matérialité autonome (qui annule le symbolique), indéfiniment modulables et constituant un ensemble systémique cohérent de signes.

    Notre rapport au monde se réduit le plus souvent au rapport aux objets quotidiens avec lesquels nous nouons une complicité profonde entre les investissements psychologiques, souvent induits et extorqués, et les impératifs sociaux de prestige, entre les mécanismes projectifs et le jeu complexe des modèles et des séries. Pier Paolo Pasolini parlait du vrai visage du fascisme qu’il voyait dans la société de consommation, mais non plus celle d’une mécanique d’exploitation extérieure à nous-mêmes, mais d’un système de pensée et de comportement internalisé par nos sens et notre mental.

    Introduire une nouvelle praxis réellement révolutionnaire et non purement expérimentale sur le plan social et culturel suppose alors de dégager un nouveau sens du social, de produire de nouvelles formes de vivre-ensemble qui remettraient en cause de façon profonde la praxis dominante de la « valeur marché », le « fonctionnement » dont parle Gilbert Simondon, qui réside, non plus dans l’usage, mais « dans sa dimension anthropologique », dans le marché en tant que valeur et mode de reproduction des rapports sociaux.

    Même si les résultats des dernières élections parlementaires et présidentielles dans de nombreux pays européens confirment la poussée de mouvements anti-Système populistes de gauche comme de droite, on est loin d’une remise en cause générale et massive du Système libéral marchand dominant, susceptible de menacer l’ordre établi. Le conditionnement médiatique, la manipulation mentale et politique des masses semblent encore marcher à merveille en tant que mécanique à discréditer et à démoniser les alternatives politiques potentielles. La victoire de Macron en France, qui l’opposait au second tour de la présidentielle à Marine Le Pen, en est une parfaite illustration. L’abrutissement politico-médiatique et la production de la peur sociale principalement dans les classes moyennes déclassées permet encore de reproduire les schémas de domination et de gouvernance oligarchique. On se rappellera à ce titre du Prince de Machiavel qui renvoie à l’emploi de la ruse, de la fraude et de la corruption, les armes de la ruse du «renard », afin d’empêcher la violence de masse et les soulèvements révolutionnaires, un softpower qui constitue le moyen de domination principal de la classe gouvernante.

    Pourtant ce constat d’échec nous permet de nous interroger sur l’avenir du discours anti-Système qui articule à raison le fossé grandissant qui se creuse entre l’oligarchie et le peuple, et plus précisément sur la question de l’existence et l’efficacité d’une praxis réellement révolutionnaire et son adéquation avec ce que l’on peut appeler les valeurs, le discours, le narratif conservateur. Car si une infime minorité se reconnaît dans le discours et les valeurs anti-Système, lesquelles circulent par les réseaux d’informations alternatifs, on est encore loin de l’assentiment de larges masses de citoyens qui baignent dans le breuvage quotidien des médias officiels et se contentent très bien de ce déni de vérité. « L’esprit » d’une époque dépend de l’ensemble de ses faits sociaux, y compris le développement technique. Dans ce sens, les objets techniques qui s’autonomisent de plus en plus portent avec eux un impact considérable sur la manière dont nous nous représentons le monde, même des notions très abstraites comme le temps ou l’espace. Bien sûr, le rȏle des idées et le combat des idées tiennent encore une place importante dans la transformation des esprits, mais le changement de paradigme dans la praxis sociale comme cela été le cas pour le rȏle de la technique dans les révolutions scientifiques étudiées par T. Kuhn (dans La Structure des révolutions scientifiques) sera déterminant.

    Le mérite de Kuhn a été celui de développer la thèse selon laquelle une science progresse de manière fondamentalement discontinue, c’est-à-dire non par accumulation mais par ruptures. Ces ruptures, appelées révolutions scientifiques, sont selon Kuhn analogues à un renversement des représentations (ce que les psychologues de la perception appellent un gestalt switch). Appliqué à la sphère sociale et politique, ce renversement des valeurs, qui correspondrait à une rupture épistémologique de paradigmes, aboutirait donc à l’issue de cette crise de légitimation à l’avènement d’un nouveau paradigme de système de valeurs. Pourtant, nul ne sait à quel moment, dans quelle situation de crise survient ce facteur d’anomalie perturbateur qui préside à la naissance d’un nouveau paradigme révolutionnaire, processus cyclique de gestation qui peut très bien perpétuer une longue agonie avant sa pleine reconnaissance et son adoption sociale.

    Alors que les grands systèmes d’idées ne mobilisent plus, il faudra s’interroger sur quelles bases praxistes et idéologiques reconstruire. Alors que l’on dit volontiers que la révolution est une nostalgie de la gauche, force est de constater que la contre-révolution, voire les nombreux mythes de la « renaissance » de la « restauration », de l’ordre, constituent aussi une certaine forme de mélancolie de la droite, dont il est difficile de faire le deuil. A ces mythes sotériologiques et holistes se sont substitués, de façon indolore, des mythes technicistes consuméristes : le mythe de l’ouverture, le mythe de la communication, le présentisme, comme celui d’une mythologie du portable beaucoup plus attrayant pour les jeunes générations que celui des grandes luttes politiques et sociales ou du mythe Sorelien de la grève générale.

    Cette praxis du marché est celle de l’ostensible, du conditionnement opérant que génèrent les concepteurs de produits par la dissémination de besoins artificiels vérifiables dans le domaine numérique de la communication. Un conditionnement   basé sur une stratégie de dépendance qu’on dissimule derrière le leurre d’une utilisation agréable et supposée enrichissante, pouvant préparer le terrain de l’addiction. Le facteur du libre choix et de la personnalité diminue considérablement, alors que l’emprise manipulatrice et l’autorégulation des comportements sociaux neutralisent la capacité réactive de résistance au stress social à mesure que s’amoindrissent les facultés de concentration et de l’intelligence émotionnelle. Il s’agit bien d’une praxis de la narcomanie sociétale   qui fonctionne sur un mode de dépendance-approvisionnement marché/dealeur et junkies/consommateur, une oniomanie organisée et généralisée, qui se traduit par de nombreuses pathologies sociales. Cette consommation compulsive est surtout visible sur le marché du smartphone par une hausse constante de la dépendance ou l’addiction au smartphone, une cyberaddiction (dépendance à Internet), pathologie s’exprimant par un curieux mélange d’anxiété phobique, d’euphorie hystérique et de dépression.

    A l’administration des choses il faudra pourtant, tout comme le soutient Bruno Latour, re-politiser le « système des objets » et substituer le gouvernement des hommes, dire que tous les objets, la technique, ne sont pas neutres et même nocifs. En effet, alors que l’on a dépolitisé les questions de nature, il conviendra de re-politiser la question de l’impact sociétal des objets Il faudra se réapproprier l’utilité et la finalité des choses et dénoncer les stratégies de l’ostensible du marché. L’homme occidental n’est plus « mobilisable » au sens de l’ « Homme-masse », il est un agent-réseau autoconstitué connectable à l’infini, volontairement soumis à une discipline de dé-virilisation, du féminisable et de l’infantilisation à outrance. En un mot, c’est un objecteur de dé-conscience né, récalcitrant à toute forme d’engagement, de conscientisation, à la fois un nomade-déserteur. Lorsque Salvador Dali parlait de la télévision comme « instrument de crétinisation universelle », il annonçait déjà l’ouverture vers une humanité « homononcule » en voie de trollisation.

    Jure Georges Vujic (Polémia, 7 juillet 2017)

    Notes

    –     Jean Baudrillard, Le Système des objets, Gallimard, 1968 [1978].
         Gilbert SimondonDu mode d’existence des objets techniques, Aubier, Paris 1958 ; dernière réédition corrigée et augmentée, Flammarion, Paris 2012.
    –     Thomas Kuhn, La Structure des révolutions scientifiques, Coll. « Champs/791 », Flammarion, Paris 2008.
    –     Bruno Latour, Enquête sur les modes d’existence : Une anthropologie des modernes, La Découverte, Paris 2012.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • SORTIE AUJOURD'HUI DU N°46 (ÉTÉ 2017) DE LA REVUE SYNTHÈSE NATIONALE

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    Au sommaire :

    ÉDITORIAL  Roland Hélie

    LE MOMENT MACRON Patrick Parment

    MERCI MACRON Pierre Vial

    LES CAPRICES DE MACRON  Jean-Claude Rolinat

    LA CHRONIQUE Philippe Randa

    DU CHANGEMENT AU FN ? Marc Rousset

    QUI PAYERA LA CASSE ? Pieter Kerstens

    DE L’INCOMPÉTENCE DE LA FONCTION PUBLIQUE Bernard Plouvier

    ASSEZ DE REPENTANCE Nicolas Gauthier

    IL Y A 60 ANS : L’INDÉPENDANCE AFRICAINE Pieter Kerstens

    LE CLIMAT, LES MOUCHES ET LES ABEILLES Aristide Leucate

    LE BASTION SOCIAL Arnaud Menu

    LES PAGES DU MARQUIS Jean-Paul Chayrigues de Olmetta

    HOMMAGE À ROLAND GAUCHER Jean-François Touzé 

    PIERRE LAVAL LE MAUDIT Bernard Plouvier

    LES LIVRES AU CRIBLE Georges Feltin-Tracol

    LES BIOGRAPHIES LITTÉRAIRES Daniel Cologne

    LES ENFANTS DE MAASTRICHT Un entretien avec Charles-Henri d’Elloy

    LES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE La chronique de Charles-Henri d’Elloy

    LES BOUQUINS DE SYNTHÈSE NATIONALE

    LA VIE DE L’ASSOCIATION SYNTHÈSE NATIONALE

    Le commander en ligne cliquez ici

    Bulletin de commande cliquez là

  • Le nouveau numéro (n°167) de la revue Éléments

    Elements-167.jpgLes mœurs sont la source du lien social. Il y a des mœurs collectives parce que l’homme est fondamentalement fait pour vivre en société, et que ces mœurs consolident le rapport social et permettent de définir le bien commun. Il ne peut y avoir de vie commune que là où il existe des valeurs et des pratiques partagées, valeurs et pratiques qui sont autant de normes constitutives de l’identité collective.

    Le peuple ne peut pas être souverain s’il ne forme pas une entité où les gens se connaissent et se reconnaissent, ont confiance les uns dans les autres et tiennent leurs engagements réciproques.

    C’est la raison pour laquelle il est illusoire de parler de « vivre ensemble » là où l’on a par avance détruit les conditions de la dépendance mutuelle et du commun. Et c’est aussi pourquoi l’immigration massive à laquelle on assiste dans les pays occidentaux suscite de telles difficultés. Que les membres d’une même société soient d’origine variée n’est pas en soi un problème. Le problème commence dès que les valeurs et les pratiques partagées se heurtent à d’autres valeurs et à d’autres pratiques, qui tentent de s’acclimater sous la forme d’une contre-société étrangère à la culture d’accueil. Le problème de l’immigration n’est en définitive ni un problème de race ni un problème d’origine. C’est un problème de mœurs qui, lorsqu’elles se révèlent inconciliables, créent de ce fait des situations potentiellement polémogènes, car intrinsèquement destructrices du commun.

    Au sommaire du N°167 d’Éléments

    • FigaroVox, Causeur, Le Postillon… Le renouveau de la presse d’opinion.
    Entretien avec Alexandre Devecchio, Sébastien Le Fol et Daoud Boughezala

    Dossier :

    La réponse polythéiste face aux fondamentalismes
    • Le débat Michel Onfray – Alain de Benoist
    • Ces écrivains catholiques convertis au paganisme
    • Pour un réenchantement païen du monde
    • Claude Seignolle, le réenchanteur

    Et aussi…

    • De quoi le terrorisme est-il le nom ?
    • L’Europe est-elle condamnée à subir le terrorisme ?
    • À l’école du lynchage médiatique
    • Quel sens donner à la guerre ?
    • Les migrations pour les nuls
    • Face au second choc migratoire, par Jean-Paul Gourévitch
    • La bombe démographique africaine, par Bernard Lugan
    • La décroissance : entretien avec Serge Latouche
    • Chávez, une révolution inachevée
    • Le centenaire de Léon Bloy
    • Éric Rohmer, un héritier du Grand Siècle

    6,90 €, chez votre marchand de journaux

    http://eurolibertes.com/culture/nouveau-numero-n167-de-revue-elements/

  • « Jeanne d’Arc enflamme les cœurs »

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    Un monumental Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc vient de paraître : travail de fourmi, enquête passionnée, il livre aux curieux une masse impressionnante de documents qui sans cela auraient risqué de tomber dans l’oubli. Entretien avec Pascal-Raphaël Ambrogi.

    Propos recueillis par Philippe Mesnard

    Votre ouvrage est à la fois une œuvre scientifique et un « dictionnaire amoureux de Jeanne d’Arc ».

    Il offre au lecteur ce que l’on sait de Jeanne, ce que l’on a dit d’elle et ce qu’elle a inspiré et inspire encore. Mis à la portée du plus grand nombre ces documents, ces analyses, ces synthèses, ces catalogues, cette anthologie, ce livre qui est tout à la fois, organisé en dictionnaire, sert à chacun ce qu’il savait sans doute déjà et tout ce qu’il n’avait jamais imaginé trouver. Jeanne d’Arc ! Plus on l’étudie, plus l’émerveillement croît.

    Quelle a été votre plus belle découverte en vous lançant dans cette entreprise ?

    Jeanne est une découverte perpétuelle tout comme une source d’inspiration inépuisable. Un personnage historique parmi les plus documentés de l’Histoire, un enjeu, un symbole, un héros. Je n’imaginais pas un tel potentiel d’admiration, de foi et d’énergie créatrice. L’actualité permanente de la « libératrice de la France » ne se traduit pas uniquement par la parution d’ouvrages littéraires ou historiques. C’est dans pratiquement tous les domaines d’expression qu’elle est présente et qu’elle bat aussi souvent des records. Il faut évoquer ici quatorze mille livres, de vint à trente millestatues rien qu’en France, quatre cents pièces de théâtre déjà répertoriées en 1922, cen trente-neuf films ! Des mangas, des morceaux de rock et de hard metal… Ces derniers dans le monde entier au cours des années récentes. Une pièce de théâtre est annoncée pour 2017, une autre pour 2018. Un film sortira à l’automne, consacré à l’enfance de Jeanne. Une statue sculptée par le russe Boris Lejeune pour la ville de Saint-Pétersbourg sera bientôt élevée. Une sienne statue a déjà été placée, en 2013, à Bermont, près du village natal de Jeanne. Une Pietà de Jeanne d’Arc a été placée, en 2006, à l’entrée d’une caserne près de New York : Jeanne porte un soldat mort sur ses genoux. Ce qui est poignant et unique.

    Cet intérêt pour Jeanne n’est pas nouveau. Il remonte en réalité aux heures mêmes de son épopée. C’est là ma plus grande découverte. Nous avons évoqué les nombreux documents contemporains, significatifs à cet égard. Et s’il faut attendre le XIXe siècle pour assister à ce que l’on pourrait qualifier de « frénésie johannique » ou d’« engouement johannique » – entre 1870 et 1900, par exemple, paraissent cent une biographies consacrées à Jeanne d’Arc, destinées au grand public et à la jeunesse – il n’en reste pas moins que le « messie de la France » (a dit Henri Martin) est loin d’être absent de la scène. Il suffit de consulter les articles « Musique », « Poésie » ou « Théâtre » du Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc pour s’en rendre compte. La Ballade contre les Anglais, de 1428, y fait déjà allusion. Évoquons la Ballade des dames du temps jadis, de François Villon. L’article « Musique » mentionne une œuvre pour les XVe et XVIe siècles, trois pour le XVIIe siècle et douze au XVIIIe siècle. L’article « Poésie » recense huit œuvres au XVe siècle, treize au XVIe siècle, vingt au XVIIe siècle, quatorze au XVIIIe siècle. Quant à l’article « Théâtre », il répertorie une pièce du XVe siècle, le Mystère du siège d’Orléans, daté de 1439, deux pour le XVIe siècle, une bonne douzaine pour le XVIIe siècle, et dix-sept pour le XVIIIe siècle. Cette production est donc loin d’être négligeable.

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  • Un entretien avec Jean-Claude Rolinat publié par EuroLibertés

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    Source cliquez ici

    Vous venez de publier un ouvrage consacré à la Hongrie… Pourquoi qualifiez-vous ce pays de « sentinelle de l’Europe » ?

    J’avais déjà publié aux éditions Dualpha un livre intitulé Frères d’Europe qui passait en revue toutes les curiosités politiques de notre continent si divers, avec l’esquisse d’une perspective politique pragmatique, réaliste, des institutions communautaires. C’est dire l’intérêt que je porte à l’avenir de nos patries : ni fédéralisme castrateur, ni souverainisme béat. Et la Hongrie est l’une de celles-ci, un pays à la longue mémoire, injustement traité par l’histoire, une terre matrice d’un peuple courageux : on l’a vu dans ses révoltes contre l’Autriche avant qu’il ne devienne un sage partenaire de l’Empire, face à la mainmise du bolchevique Bela Kun, dans son engagement – risqué – sur le front de l’Est contre les Soviétiques, et par son héroïque résistance à l’occupation russe. Justement, l’année dernière, nous célébrions le 60e anniversaire de la révolte de Budapest qui, en 1956, fit l’admiration du monde libre.

    Votre livre ne parle que de politique ?

    Non, bien sûr. Si j’évoque évidemment sa longue histoire, l’évolution de son statut politique, l’Empire Austro-Hongrois, le « règne » du Régent, l’amiral Horthy, les Croix fléchées, Viktor Orban et son parti, la curieuse doctrine « pantouranienne » du Jobbik, la sanglante répression de l’héroïque soulèvement de 1956, l’aventure maléfique de Bela Kun, les problèmes des minorités magyares hors frontières – héritage du Traité de Trianon –, je n’en oublie pas moins que c’est un agréable pays à visiter, avec de magnifiques monuments, un folklore sympathique et coloré – ses « csikos », les cow-boys de la plaine –, de bonnes tables, des bières et du vin bien frais ! Budapest, comme le lac Balaton, est des cartes postales séduisantes, à visiter sans modération… À noter que notre éminent confrère Georges Feltin-Tracol a bien voulu m’honorer d’un chapitre justement consacré à la question un peu mythique du « pantouranisme » du Jobbik, sujet brièvement évoqué ci-dessus.

    Cette collection « notre belle identité européenne », est-elle appelée à s’enrichir ?

    Je l’espère. Il y a dans les terres de nos pères tant et tant de merveilles artistiques, touristiques, tant et tant de légendes et d’actes héroïques à vulgariser du Cap Nord à Gibraltar, de Brest à l’Oural, qu’une vie n’y suffirait pas. La France mise à part, je pense à des États comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne ou l’Italie qui constituent le cœur de notre civilisation occidentale au sens noble du terme, sans oublier l’Allemagne ou le Royaume-Uni bien sûr. Des amis spécialistes de ces questions pourraient contribuer à les faire mieux connaître pour, au fil des ans, construire une collection qui serait une sorte « d’arsenal historico-politico-touristique », si vous me passez cette expression un peu « barbare », destiné à lutter contre la désinformation qui gangrène nos chères petites têtes, de moins en moins blondes d’ailleurs, et pas seulement elles…

    La Hongrie sentinelle de l’Europe, 190 pages, 20 euros, Les bouquins de Synthèse nationale. Pour commander ce livre, cliquez ici 

    *Chaque jeudi matin à 8 h 30 sur la web Radio Libertés, Jean-Claude Rolinat répond aux questions d’Arnaud Menu dans le cadre de son émission « Et pourtant elle tourne. »

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  • Daniel Halévy, grand intellectuel juif ami de Maurras, évoqué par Jean Guitton

    Gérard Leclerc évoquait ici le mois dernier, à propos de l'accélération de l'Histoire, la figure de Daniel Halévy, grand intellectuel juif, plus Français que beaucoup d'autres. Historien, essayiste, directeur de collection chez Grasset, il était le fils de Ludovic Halévy, académicien français, le frère d'Elie Halévy, philosophe; il devint le beau-père de Louis Joxe, le ministre du général De Gaulle, le grand-père de Pierre Joxe. Le rôle qu'il joua au siècle dernier dans le monde des lettres et des idées, Jean Guitton l'évoque ici. Daniel Halévy - Guitton le dit - fut aussi l'indéfectible ami et admirateur de Charles Maurras. Qu'Halévy fût Juif et Maurras se voulût antisémite ne fut jamais un obstacle à leur amitié.  LFAR     

    1545829037.jpg« De tous les êtres que j'ai connus, il est le seul qui m'ait donné l'impression de vraiment écouter l'autre. Il écoutait les princes comme les enfants, avec une préférence pour les simples, et même (chose singulière, et que je n'ai vue qu'à lui) pour les bavards, les fâcheux, les « raseurs », qu'il trouvait très instructifs. Il les écoutait avec un air de grand seigneur distrait. 

    Je savais qu'il avait été le compagnon de Péguy, l'exégète de Proudhon, le condisciple de Proust à Condorcet, l'ami des deux frères Tharaud, le correspondant de Croce et de Malaparte - et le découvreur d'un officier inconnu appelé Charles de Gaulle, qui dans son salon lui avait retracé les vues prophétiques du colonel Émile Mayer sur le rôle des chars dans une prochaine guerre.

    Halévy avait le don du prophète. C'est lui qui, dans la collection créée par Grasset, « Les Cahiers verts », avait lancé dans l'espace, comme une constellation : Montherlant, Mauriac, Maurois, Malraux, Guéhenno, Louis Hémon (l'auteur de Maria Chapdelaine).

    En France, il avait été l'un des premiers à croire en Nietzsche, sur lequel il avait écrit un si beau livre.

    Son génie était celui de Samuel, lorsque Samuel mit la main sur Saül ; celui de Lamartine, lorsqu'il sacra Mistral. Sans profession, sans métier, sans titre, placé au centre des idées et des êtres, il avait reçu la mission, comme Socrate, non pas de créer (ce qui est assez facile) mais de recréer : en révélant les autres à eux-mêmes.

    Le sang de la France, disait-il, l'avait fixé, lui juif, venant d'un canton suisse et d'un ghetto allemand, entre le Pont-Neuf et l'Institut. Par sa mère, il se rattachait aux Bréguet, famille protestante de Neuchâtel, qui était venue en France autour de 1760 pour fabriquer des montres, puis des moteurs d'avion.

    Juif de race, protestant de formation, catholique de tendance, il résumait en lui la substance de ces trois religions, avec une préférence pour le catholicisme. Et c'est sans doute pour cela qu'il avait aimé sans me connaître mon livre surMonsieur  Pouget. « Votre Pouget, me disait-il, ce que j'aime en lui, c'est qu'il appartient à l'ordre des Pauvres. »

    Un soir d'été, ce prince de l'esprit, revêtu du manteau d'un berger, vint nous voir dans notre chaumière, au centre de la France. Il m'avait demandé de réunir sous un tilleul les paysans de mon village. Passa le facteur, Maufut, qui était communiste et braconnier. Il l'interrogea sur la chasse, la pêche, le braconnage. Je n'ai jamais rencontré d'esprit plus ouvert que lui. Il avait connu la « Vierge rouge » de la Commune, Louise Michel ; il l'avait aimée. Il avait un culte pour Charles Maurras, qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. Et l'on sait qu'à la fin de sa vie, comme Michelet, il redoutait « l'accélération de l'histoire ».

    Il m'a répété cet axiome : « Ist Erhebung möglich ?  (« l'anoblissement est-il possible ? »). La noblesse, n'était pas pour lui confiée aux aristocrates ou aux nobles ; elle reposait dans cette source de toute noblesse qu'est le peuple.  

    Jean Guitton,

    Un siècle, une vie, Robert Laffont, 1988

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/