INTRODUCTION
La bataille de la Cité des morts
Existe t-il encore des peuples ? Au moment où le libre-échange conquiert toujours plus de territoires, abaisse les frontières commerciales et globalise la culture, la notion de peuple, venant de l'antiquité gréco-romaine, est remise en cause et a perdu de sa pertinence. Par le truchement des médias et d'internet, le champ a été investi par des mouvements identitaires qui répondent à l'individualisation des sociétés et transforment la politique en un marché culturel adapté à la mondialisation néolibérale. Les masses sont éclatées et ne sont plus encadrées par des structures collectives universelles. La plupart du temps, elles se répartissent entre des groupes assez fermés et sectaires, défendant une idéologie bornée et simpliste.
Arrive en scène le mot docte et savant de populisme (dans son usage actuel depuis les années 1980), pour caractériser les actions politiques qui tentent de reconstruire des communautés populaires, désintégrées par la fin des grandes idéologies et l'expansion irréfragable des marchés financiers. Tant est si bien que le mot du peuple lui-même, vieux depuis la nuit des temps, a été subsumé dans une nouvelle définition académique qui s'est répandue dans la sphère médiatico-politique : le populisme. À côté de ça, dans la vie quotidienne des gens il faut bien admettre que tout ce débat sur la sémantique est assez éloigné de leurs préoccupations et donc peu évoqué dans les conversations. Ici, les mots de peuple et de populisme n'ont qu'une signification vague et leur différenciation théorique n'est qu'un bavardage rhétorique assez ennuyeux autour d'un enjeu politicien assez vain et prétentieux.
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