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divers - Page 332

  • Pourquoi il ne se passe rien !

    Nouvelleaks par Slobodan Despot, éditeur et écrivain suisse d’origine serbe 

    Nous nous sentons dépossédés comme citoyens, trompés comme électeurs, exploités comme consommateurs, empoisonnés comme patients. Notre environnement est tissé de faux-semblants. Malgré les catastrophes qui menacent et les révélations fracassantes sur la corruption du système, rien ne change, personne ne bouge. Pourquoi ? Sommes-nous tous paranos, ou notre monde se serait-il mis à marcher selon d’autres règles ?

    Voici un an déjà, un film documentaire essayait de donner un sens à cette suspicion que chacun rumine sans oser l’exprimer ouvertement.

    Hypernormalisation d’Adam Curtis est produit par la BBC et cela constitue un utile sauf-conduit. S’il provenait d’une petite production « alternative », il eût vraisemblablement fini au purgatoire du conspirationnisme.

    Curtis est un reporter audiovisuel original, connu et primé. Souvent taxé de gauchisme, lui-même se reconnaît plutôt des penchants conservateurs-libertariens. Son dernier opus témoigne d’une ambition vertigineuse de compréhension du monde actuel, tant par sa thèse que par sa longueur (2h45). Il dépeint une « grande rupture » qui serait survenue, selon lui, à l’orée des années 1970, lorsque la société industrielle est devenue trop complexe et menaçait d’échapper à tout contrôle.

    Le film s’ouvre sur une tempête d’images incohérentes. Entre absurde et horreur, le narrateur pose la question unique qui sera le fil rouge de son itinéraire à travers la postmodernité. Pourquoi ne se passe-t-il rien ? Comment se fait-il que nous n’ayons plus aucune vision d’un avenir différent ou meilleur ? Il livre d’emblée sa thèse, qu’il illustrera au cours de neuf chapitres en apparence éclatés:

    « Politiques, financiers et utopistes technologiques, plutôt que de faire face aux complexités du monde, ont battu en retraite. Au lieu d’affronter la réalité, ils ont construit une version plus simple du monde. »

    Pour les élites, c’était une manière de préserver et de conforter leur pouvoir. Pour les gens ordinaires, un oreiller de paresse :

    « Nous les avons tous suivis, parce que la simplicité était rassurante. »

    L’idée générale qui a germé dans les têtes de la technocratie anglo-saxonne et de ses ramifications globales était qu’« on pouvait gérer le monde comme un système stable ».

    Cette stabilisation impliquait la mise au rebut de la politique, trop aléatoire. Les structures de gouvernement devaient s’effacer devant les structures de gestion. Celles-ci consistaient, dans le monde occidental, en une alliance entre la haute finance et la révolution informatique, offrant d’emblée des moyens de surveillance et de contrôle inouïs à des conglomérats de puissance totalement opaques. Les ex-hippies régnant dans la Silicon Valley ont habillé cette main de fer d’un psychédélique gant de velours.

    Résultat observable par tous : le remplacement global des produits universellement accessibles et organiques par des produits d’ingénierie calibrés, brevetés et élevés hors-sol, qu’il s’agisse de tomates ou de gouvernants de synthèse du modèle Macron.

    La réalité ? On n’en a plus besoin

    La neutralisation des pouvoirs publics par les structures invisibles supposait donc la construction d’un univers de façade où les rites et les valeurs de la société « ancienne » apparaîtraient préservés, mais seraient désactivés comme des armes d’exposition. La gestion de la perception allait devenir une discipline ayant pignon sur rue, hautement lucrative pour les entreprises de relations publiques. La frontière entre finance et politique, politique et médias, science et fiction, manipulation et recherche, allait peu à peu s’estomper. Bref, au mensonge de circonstance allait succéder un mensonge structurel. Et, par-delà l’appareil de cerveau lavage médiatique, l’ensemble des élites allait y contribuer.

    « Les militants, les artistes, les musiciens et toute notre contreculture devinrent parties intégrantes de la manipulation, parce qu’eux aussi s’étaient retirés dans un monde de faux-semblants. C’est pourquoi cette opposition n’avait aucun effet et n’induisait aucun changement. Mais ce repli dans le rêve allait permettre à des forces obscures et destructives de croître et de prospérer dans le monde extérieur. »

    Comme dans l’URSS en phase terminale, la plupart des Occidentaux avisés savaient ou sentaient que le système courait à sa perte, mais se pliaient faute d’alternative à une version virtuelle et lénifiante de leur propre modèle. En Union soviétique, cette fiction gestionnaire (jusqu’à l’effondrement final) fut appelée, justement, l’hypernormalisation.

    « Vous étiez tellement un rouage du système qu’il était impossible de voir au-delà. »

    Lorsque les représentations médiatiques (au sens large, comprenant la formation, la recherche et les faiseurs d’opinion) sont calquées sur la réalité objective, elles sont variées et conflictuelles. Lorsqu’elles visent à entretenir un simulacre sur lequel tout le monde s’entend tacitement, elles vont nécessairement toutes dans le même sens.

    D’où le remplacement du discours réaliste par un discours politiquement correct. D’où l’appauvrissement et l’abêtissement spectaculaires des programmes culturels, médiatiques et scolaires. Un effondrement qui se chiffre aujourd’hui en pertes sèches de quotient intellectuel dans les populations occidentales. La mutilation délibérée des capacités de mémoire et de discernement est compensée et masquée par une hypermoralisation générale et la multiplication de tabous de pensée et de langage. En quelques années, nous avons annihilé le travail de plusieurs siècles d’éducation à la raison.

    Curtis illustre de manière saisissante l’emprise des fictions moralisantes sur la conscience commune. Il narre entre autres la montée en épingle d’un « méchant à notre goût » qu’on aimait à détester : Mouammar el-Kadhafi – bad boy narcissique et donc consentant à son rôle –, puis sa « rédemption » opportune au profit de l’Occident à la veille de l’invasion de l’Irak. Pour être subitement reconnu comme chef d’État honorable, et même comme philosophe, il lui avait suffi de revendiquer à la face du monde l’attentat de Lockerbie, dont tout le monde, à commencer par lui-même, savait qu’il n’était sans doute pas coupable !

    On comprend pourquoi un « ennemi utile » aussi encombrant devait absolument être éliminé. Ce fut la mission, en l’occurrence, des services français, sous le couvert de lynchage par les milices locales. De même que – ceci n’est pas dans le film –, l’asset de la CIA Oussama Ben Laden devait disparaître sans laisser ni témoignage ni trace. Du coup, le seul « document  » attestant de sa traque et de sa mort demeure le film de Kathryn Bigelow, Zero Dark Thirty. Un bon film… de fiction.

    Dans le sillage de ces jeux d’ombres, l’actualité internationale ressemble de plus en plus à des numéros de prestidigitateurs ou de marionnettes, où d’épouvantables méchants occupent toute la scène avant d’être remplacés par d’autres une fois leur partition accomplie… et de disparaître (pour de bon) dans le néant. Ceausescu fusillé, Saddam pendu, Kadhafi empalé, Milošević sans doute empoisonné, Ben Laden jeté dans l’océan… pour que son Al Qaïda puisse redevenir un allié officiel de l’Occident !

    Slobodan Despot 05/11/2017

    Source : Antipresse n° 101, 5/11/2017, relayée par Le Blog à Lupus

    https://www.polemia.com/hypernormalisation-pourquoi-il-ne-se-passe-rien/

  • L’identité perdue de l’homme moderne, par Denis Tillinac

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    Vu de ma fenêtre. À trop vouloir s’affranchir de ses origines, de son milieu pour atteindre une prétendue liberté, l’être humain se prive de son moi, pilier de son équilibre.
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    Le mot “identité” a mauvaise presse. Pour les intellos, les médias et l’ensemble de la classe politique, droite incluse, la moindre évocation d’un souci identitaire trahit au mieux une crispation nationaliste malsaine, au pire une pulsion xénophobe, voire raciste. Ne soyons pas dupes. Cette tricherie sémantique obéit à des considérations tactiques : on décrète identitaire l’ennemi à néantiser, Valls pour la gauche, Wauquiez pour la droite, et on l’expédie illico dans l’enfer du lepénisme.

    Oublions ces politicailleries de piètre acabit et tâchons de restituer au mot “identité”… son identité. Il désigne en premier lieu la conscience de soi. Chacun taille sa route avec son “moi”, à nul autre pareil mais à la confluence de déterminations : le capital génétique, le genre, le milieu familial, social, historique, culturel, géographique, professionnel, éventuellement confessionnel. L’identité, c’est l’enchâssement de l’acquis dans l’inné, de l’individuel dans le collectif, du circonstanciel sur un socle qui tant bien que mal assure l’équilibre de l’échafaudage psychologique. Aucun humain dans aucune société n’y a échappé, à charge pour chaque “moi” d’y conquérir, d’y enrichir ou d’y préserver sa part de liberté. Aucun humain n’est dépourvu d’arrière-pays mental, fut-il exilé, apatride ou anar de tempérament. On peut s’absenter de son héritage, ou le renier, on n’en reste pas moins tributaire d’une identité qui dans une large mesure ne dépend pas de notre bon vouloir. Elle contresigne l’intégrité et la cohérence de la personne humaine.

    Un moi sans enracinement, un moi vide de tout sentiment d’appartenance est un orphelin jeté dans un désert sans oasis. Le besoin identitaire participe de la quête d’épanouissement de soi, au même titre que le besoin de communiquer avec autrui. Ce besoin est devenu lancinant, parce que l’homme “moderne”, sous toutes les latitudes, redoute la dilution de ses repères affectifs dans un maelström qui efface les frontières du moi et de l’autre. Du nous et des autres. Son moi titube en funambule aveugle sur le fil tremblotant du présent de l’indicatif.

    Qui suis-je, se demande-t-il avec angoisse ? Jadis et naguère, la réponse allait de soi, ou presque : l’homme inscrivait son vouloir-vivre dans une filiation dont il s’émancipait un peu, beaucoup ou pas du tout, selon sa nature et les aléas de sa vie personnelle. Les noces de l’ancien et du nouveau se consommaient dans le temps paisible des générations.

    Qui suis-je ? La réponse aujourd’hui ne va plus de soi, tant les hommes ont le sentiment — douloureux — d’être charriés comme des branches mortes sur un fleuve déchaîné vers un devenir aux contours indiscernables. Reclus dans leur solitude, ils éprouvent le besoin de retrouver des ancrages. D’habiter un espace enrichi d’une mémoire. D’y situer leurs joies et leurs peines, leurs goûts et leurs couleurs, leur sociabilité pour tout dire.

    Rien de plus naturel. Lorsque dans les stades les foules entonnent spontanément et à plusieurs reprises la Marseillaise, il ne faut pas interpréter ces élans comme des symptômes de xénophobie ou de nationalisme. C’est juste une façon convulsive de serrer les rangs et les coudes pour se sentir moins seuls dans l’anonymat tristounet du village planétaire. Reste à déterminer les identités fondamentales et les superficielles, celles qui exaltent ou rassurent et celles qui sécrètent des aigreurs. Autre débat, auquel on n’échappera pas. Pour l’aborder sereinement, pour qu’il soit fructueux et non délétère, il faut de prime abord respecter le besoin d’identité. C’est en le déconsidérant qu’on le rend furieux : radicalisation rime avec dépossession.

    Denis Tillinac

    Texte daté du 8 décembre et repris du site Valeurs Actuelles

    https://fr.novopress.info/

  • Le jour anniversaire de la loi de 1905 portant séparation de l'Église et de l'État, 3 présidents à l'église

    6a00d83451619c69e201bb09dea787970d-250wi.jpgC'est le miracle de Johnny : 3 Présidents de la République (Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron) étaient réunis aujourd'hui dans l'église de La Madeleine, écoutant le vicaire de l'archidiocèse de Paris, Mgr Benoist de Sinety.

    Jean-Luc Mélenchon ne s'en est pas remis. Dans un post publié vendredi soir sur Facebook, il a fustigé la présence du chef de l'Etat à cette cérémonie religieuse à laquelle ont également participé François Hollande et Nicolas Sarkozy :

    "Samedi, jour anniversaire de la loi de 1905 sur la laïcité de l'Etat, le président de la République, chanoine de Latran, participe à une messe dans l'église de la Madeleine, monument religieux contre-républicain, où la prostituée de l'évangile implore le pardon du Christ". "En face, l'Assemblée nationale. Les rues qui mènent à ce bâtiment portent les noms des avocats de Louis XVI et Marie-Antoinette". "On voit ici ce que vaut la laïcité républicaine de certains".

    Lors de cette cérémonie, qui n'était pas une messe, un texte de sainte Mère Teresa a été lu :

    La vie est une chance, saisis-la
    La vie est une beauté, admire-la
    La vie est béatitude, savoure-la
    La vie est un rêve, fais-en une réalité
    La vie est un défi, fais-lui face
    La vie est un devoir, accomplis-le
    La vie est un jeu, joue-le
    La vie est précieuse, prends-en soin
    La vie est une richesse, conserve-la
    La vie est amour, jouis-en
    La vie est un mystère, perce-le
    La vie est tristesse, surmonte-la
    La vie est un hymne, chante-le
    La vie est tragédie, prends-la à bras le corps, 
    La vie est aventure, ose-la
    La vie est bonheur, mérite-la
    La vie est la VIE, défends-la.

    Comme le disait Mère Térésa en recevant son prix Nobel de la Paix :

    "Le plus grand destructeur de la paix, aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu'est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ?"

    Dans son homélie, Mgr Benoist de Sinety a cité la chanson «Une poignée de terre» glorifiant l'amour «donné aux hommes».

    «En ce jour où une foule immense communie à la même tristesse, voici que ce refrain chanté par un jeune homme au début des années 60 peut retentir de nouveau». «En entendant la nouvelle de sa mort, beaucoup ont été saisis de chagrin, d'angoisse, de détresse : ainsi celui qui avait accompagné tant de moments heureux ou douloureux de nos existences ne chanterait plus, sa voix s'est éteinte».

    «A la différence de beaucoup d'entre nous, Jean-Philippe Smet n'a peut-être pas reçu dans les premiers instants de son existence cet amour qui est dû pourtant à toute vie naissante».

    Et le vicaire général du diocèse de Paris de citer des confidences de Johnny, baptisé il y a 74 ans, à des journalistes l'interrogeant sur sa foi :

    «On peut me faire ce qu'on voudra, je resterai chrétien. Je suis sûr que Jésus, lui, ne m'en veut pas».

    «La vie de Johnny Hallyday, parce qu'elle a manifesté l'amour, y compris dans ses pauvretés et dans ses manques, nous invite à lever les yeux vers celui qui en est la source et l'accomplissement». «Comme Jean-Philippe, devenu Johnny Hallyday, nous sommes tous appelés à laisser percer en nous cette lumière divine qui fait de nous des icônes de l'amour de Dieu plutôt que des idoles dont la vie s'épuise».

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Où Éric Zemmour évoque « La mort de Hallyday et d'Ormesson, comme Cocteau et Piaf »

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    BILLET - La mort de Jean d'Ormesson a précédé de quelques heures celle de Johnny Hallyday. Deux monstres sacrés de notre époque dont le décès concomitant en rappelle d'autres. Ce sont, en octobre 1963,  ceux de Piaf et de Cocteau (dans l'ordre) que Lafautearousseau avait aussi rapprochés, quelques heures plus tôt, de l'événement que tous les médias célèbrent en ce moment. A l'envi. Comme toujours, quelques mots brefs et lucides, suffisent à Eric Zemmour [RTL 7.12] pour caractériser les illustres disparus, leur époque et les évolutions intervenues au fil des cinquante et quelques dernières années ...  LFAR 

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    L'Histoire bégaie. Il y a plus de cinquante ans, le 11 octobre 1963, Jean Cocteau et Edith Piaf mouraient à quelques heures d'intervalle. Le poète et la chanteuse, l'homme des salons et la femme des rues, le créateur mondain et l'artiste populaire. C'était la France des années 40 et 50 (...) qui disparaissait avec eux. Tout recommence avec les décès de Jean d'Ormesson et de Johnny Hallyday. L'écrivain et le chanteur, le fils de la haute et celui des faubourgs, l'homme qui murmurait à l'oreille des présidents et celui qui beuglait dans des stades.
    C'est la France des années 60-70 qui faisait des heures sup'. Ceux qui n'avaient pas fait la guerre et ceux qui étaient nés pendant la guerre. D'Ormesson, c'était Françoise Sagan au masculin ; Johnny, c'était Elvis Presley en tricolore.

    Les deux hommes étaient des inventions de la télévision. S’ils étaient de magnifiques têtes de gondole médiatiques, c'est qu'ils appartenaient à une époque où les êtres n'avaient pas encore été entièrement façonnés par l'écran-roi : le livre pour d'Ormesson, la salle de concert pour Johnny. Mais Johnny n'avait plus envie d'avoir envie. Tandis qu'on croit entendre la voix fluette de « Jean d'O s'égosiller » : « Mourir en même temps que Johnny, mais c'est épatant ! »  

    Éric Zemmour

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Bistro Libertés avec Laurent Dandrieu rédacteur en chef culture à Valeurs Actuelles