Entretien avec Guillaume de Thieulloy suite à l'annonce que ses éditions Muller allaient publier les mémoires de Jean-Marie Le Pen :
Nous avons appris récemment que vous alliez éditer le premier tome des mémoires de Jean-Marie Le Pen. Comment cela s'est-il fait ?
D'après ce que je sais, Jean-Marie Le Pen et son entourage se sont heurtés à plusieurs refus de "grands" éditeurs (en tout cas, plus habitués que moi aux grands tirages). Etant plus libre que la moyenne de mes confrères par rapport aux oukases de la bien-pensance, j'ai volontiers accepté de m'en charger.
Quelle est votre motivation ?
D'abord, l'intérêt pour un demi-siècle d'histoire contemporaine vu
par un acteur politique de premier plan. Ce premier tome couvre la période de l'enfance, l'engagement dans la Résistance, l'Indochine, le poujadisme, les combats pour l'Algérie française, la campagne de Tixier-Vignancour, mai 68… Jusqu'à la fondation du Front national en 1972. Que l'on apprécie ou pas Le Pen, que l'on soit d'accord avec lui ou pas, c'est passionnant.
Ajoutons, ce qui ne gâte rien, que c'est bien écrit.
Plusieurs médias laissent entendre que votre proximité idéologique avec Jean-Marie Le Pen est pour beaucoup dans cette publication. Qu'en est-il ?
Comme beaucoup de Français, je suis d'accord avec Jean-Marie Le Pen sur certains sujets et en désaccord sur certains autres. J'ai lu dans la presse que Muller éditions était une maison "ultra-nationaliste". C'est assez loufoque. D'abord, parce qu'en général, une société n'a pas de doctrine politique. Ensuite, parce que, personnellement, je ne suis pas ultra-nationaliste, ni même nationaliste tout court. Le nationalisme est une idée moderne et je suis ce que les Américains appellent un "paléo-conservateur" - ou ce que Mme Schiappa qualifie de "réactionnaire, obscurantiste et moyenâgeux" (mais, à la différence de Mme Schiappa, je crois que le Moyen Âge de saint Louis et de saint Thomas d'Aquin est le sommet de la civilisation!). S'il faut absolument me coller une étiquette, je suis un catholique social à la façon d'un La Tour du Pin ou d'un Henri V.
Et s'agissant de la politique concrète, je suis plus "droite hors les murs" qu'autre chose. Je déteste le régime des partis et je m'imagine mal prendre ma carte dans un parti, quand bien même il défendrait 100% de mes idées.
J'ajoute qu'ayant travaillé longtemps au sénat avec Jean-Claude Gaudin, le maire LR de Marseille, je connais beaucoup mieux ce parti que le FN. Il y a, à ce propos, une chose qui me frappe à la lecture des mémoires de Le Pen: pendant ce premier tome, il est essentiellement un élu du CNIP d'Antoine Pinay (comme Gaudin à cette époque). Il n'aura échappé à personne que leurs routes se sont bien éloignées par la suite. Mais, dans les années 60, deux hommes qui représentent aussi magistralement la division de la droite contemporaine pouvaient militer côte à côte.
Mais, tout de même, Le Pen, n'est-ce pas un peu sulfureux ?
Qui décide que c'est "sulfureux" ? La gauche, n'est-ce pas ? Eh bien, pour ce qui me concerne, je dénie absolument à la gauche - qui n'hésite pas à s'allier avec les communistes aux cent millions de morts - le droit de me dire qui est fréquentable et qui ne l'est pas.
Il m'est arrivé souvent de dire en quoi j'étais en désaccord avec tel dirigeant du FN (au point que l'on m'a dit que, pendant un temps, et c'est peut-être encore le cas, le Salon beige était la bête noire au "Carré" - plus même que "Libération"!). Mais ces désaccords n'exigent pas, je pense, de me rouler par terre en écumant de bave dès que l'on énonce le nom du FN ou de Le Pen devant moi.
Et, si le fait qu'un éditeur de la "droite classique" puisse tendre la main à Jean-Marie Le Pen pouvait être le premier pas vers une sortie du piège mitterrandien de la division à droite, j'en serais ravi.
par Michel Janva

Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel a participé - d'ailleurs brillamment - au colloque du Cercle de Flore « Refonder le bien commun », du 13 mai dernier, à Paris (Illustration ci-dessous). LFAR
La Manif Pour Tous dénonce les erreurs contenues dans une tribune publiée ce matin sur le site internet du Monde :
"Les éditions Muller viennent de réussir le coup d’édition de l’année. Nous en avons obtenu confirmation : c’est bien chez elles que Jean-Marie Le Pen va publier ses Mémoires. [...] Les éditions Muller ? [...] « Muller édition », éditeur installé à Asnières-sur-Seine depuis 1990, a été radié du registre du commerce le 18 janvier 2010 ! Pourtant, huit ans plus tard, elle bouge encore. Par quel miracle ? Par le biais d’un rachat qui a permis à la marque de subsister par-delà l’arrêt de la société éditrice. Pour faire simple, les éditions Muller, depuis 2009, c’est Guillaume de Thieulloy, de son nom complet Guillaume... Jourdain de Thieulloy. Insolite quand on fait commerce de publier de la prose !
Vous êtes un grand défenseur de la différence des sexes. À l'heure où le désir est soit criminalisé par un féminisme puritain soit caricaturé par l'univers marchand, quel regard portez-vous sur les relations hommes-femmes ?