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insécurité - Page 1049

  • Analyse géopolitique : le grand jeu sahélien

     Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

    Tout était en place pour que le Mali s’effondre et que le Sahel explose. Affaibli par les politiques d’austérité du FMI, longtemps paralysé par la Françafrique, victime du réchauffement climatique et de multiples sécheresses, le Mali est devenu l’une des pièces centrales du nouveau grand jeu sahélien. Revendication touarègue, djihadistes enrichis par le narcotrafic, déstabilisation libyenne et ambiguïtés algériennes, financements occultes saoudiens, stratégie à court terme des États-Unis et de l’Union européenne… Voici toutes les raisons de la guerre.

    Nous sommes en 1960, le Mali accède à l’indépendance. Le premier président malien, Modibo Keïta, instituteur et panafricaniste, élu démocratiquement, a à peine le temps d’entamer une profonde réforme agraire avant d’être renversé en 1968 lors d’un coup d’état mené par Moussa Traoré, soutenu par la France. Durant les vingt-trois ans d’un règne sanglant, ce dernier bénéficiera constamment du soutien de tous les gouvernements français. La Françafrique dans toute sa laideur. Moussa Traoré recevra également le soutien du FMI et de la Banque Mondiale dont il appliquera les directives de « plans d’ajustement structurel ». Aggravant ainsi la situation économique et sociale de son pays.

    Sécheresses, sous-développement et rébellion dans le nord

    Moussa Traoré ne se contente pas d’appauvrir et d’affamer son peuple, il mène aussi une forte répression contre la minorité Touareg du Mali. Les Touaregs représentent environ 2 % de la population malienne [1]. Ils sont également présents au Niger, au Burkina-Faso, en Mauritanie, en Libye et en Algérie. Ils connaissent parfaitement toute la bande sahélienne et gardent, pour un grand nombre d’entre eux, un mode de vie nomade. Ils refusent d’être incorporés dans des structures étatiques et restreints par des frontières nationales qu’ils contestent. Et revendiquent le Nord Mali – l’Azawad – comme territoire indépendant. Une spécificité niée par le découpage des frontières coloniales. Les principales organisations armées touarègues sont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ansar Dine et un tout récent groupe issu de la scission de ce dernier, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dont le leader se revendique « malien et contre toute forme de terrorisme » [2]

    Le réchauffement climatique

    La longue lutte du « peuple du désert » s’analyse aussi par les enjeux climatiques : un siècle de détérioration des terres arables, grignotées par le désert malgré les « ceintures vertes », et de longues sécheresses, qui ont bouleversé le modèle pastoral des Touaregs. Les sécheresses de 1968, 1974 et 1985 affamèrent des milliers de Touaregs et les poussèrent dans les villes du sud du Mali. L’année 2012 n’a pas manqué à la règle et a été marquée par une grande sécheresse, amplifiée par le dérèglement climatique.

    Peu de temps après le déclenchement de la deuxième rébellion touarègue de 1990, le dictateur Moussa Traoré est renversé par un autre militaire, Amadou Toumani Touré, dit ATT. Il met fin à la dictature ainsi qu’à la guerre contre la rébellion touarègue en signant les accords de Tamanrasset de 1992, qui prévoient la démilitarisation du nord, une décentralisation de l’État et des investissements pour aider au développement de la région, délaissée depuis deux décennies.

    La dette et le FMI

    C’était oublier la dette. La jeune démocratie malienne, menée par Alpha Oumar Konaré, est empêtrée dans le remboursement d’une dette de près de 3 milliards d’euros, équivalente au PIB annuel du pays. Une dette largement héritée de la dictature militaire : de 1968 à 2001, elle a été multipliée par 30 ! Près de 60 % des recettes fiscales du Mali servent à payer le service de la dette (l’emprunt et les taux d’intérêt) au FMI, empêchant le paiement des salaires, aggravant les inégalités territoriales et la pauvreté. Il faut attendre 2005, pour que le G8 décide d’annuler la moitié de la dette du Mali. Trop tard…

    Les fourches caudines du FMI et de la Banque mondiale déstabilisent profondément la société malienne et ses paysans. Le pays perd sa souveraineté alimentaire : il importe les trois quarts des céréales qu’il consomme. Les maliens sont systématiquement poussés à l’exode : des villages vers les villes, du Mali vers la France. La diaspora malienne à l’étranger représente la première source de devises étrangères au Mali.

    Malgré un Programme de soutien au développement du nord, doté de 300 millions d’euros, le gouvernement malien ne peut tenir ses engagements. Et en dépit de nouveaux accords de paix signés à Alger, les troubles s’intensifient à nouveau en 2006, puis en 2009. La rébellion touarègue, désormais alliée de circonstance de groupes armés islamistes venus d’Algérie, s’emparent de Kidal (Nord-est) et Menaka (région de Gao), entraînant le redéploiement des forces maliennes au Nord. L’escalade commence.

    L’arrivée des djihadistes

    De nouveaux acteurs contribuent à fragiliser encore davantage une région déjà explosive. Aux indépendantistes touaregs « laïcs », s’ajoutent des groupes « salafistes » et « djihadistes ». Le plus connu se fait appeler Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Essentiellement composé d’Algériens et de Mauritaniens, AQMI est né sur ce qui reste du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Un mouvement initialement algérien, né pendant la guerre civile, encore plus radical que le Front islamique du salut, et dont les liens avec les services secrets de ce pays ont toujours été troubles. AQMI et ses satellites se déplacent avec de l’essence qui ne peut venir que d’Algérie. Les mêmes routes voient transiter armes et matériel. Dont des missiles issus des arsenaux libyens après la chute du régime de Kadhafi en 2011.

    Le Sahel : arrière-cour de Kadhafi et des généraux algériens

    Le régime des généraux algériens considère le Sahel comme l’un de ses prés carrés stratégiques. Il n’a jamais stoppé son influence, directe ou indirecte, sur les 1 400 kilomètres de frontière que l’Algérie partage avec le Mali. Certains analystes comparent le double jeu des services secrets algériens dans le Sahel à l’attitude des services secrets pakistanais, vis-à-vis des talibans afghans.

    L’Algérie n’est pas seule au Sahel. Elle s’est confrontée à l’influence de la Libye de Kadhafi. Pendant des années, le défunt colonel a poussé ses pions dans la région. Recevant par vagues successives une partie des combattants touaregs qu’il a soit intégrés à des unités spéciales libyennes, soit structurés autour de groupes touaregs spécifiques. En 1981, Kadhafi est à l’origine du mouvement fantoche « Front populaire pour la libération du Sahara ». « Pour manipuler les Touaregs, dont le MNLA, il suffisait à Kadhafi d’héberger dans ses hôtels quelques leaders touaregs pendant quelques jours, de boire un thé et du lait et puis de leur remettre des enveloppes pleines de dollars », raconte un ancien du mouvement.

    Quand l’Europe finance indirectement les groupes armés

    La Libye de Kadhafi a signé des accords avec l’Union européenne en vue de contenir les dizaines de milliers de migrants africains qui transitaient par la Libye pour tenter d’accéder aux côtes européennes. Avec l’aide de Frontex, l’agence quasi-militaire européenne de gestion des migrants, Kadhafi a non seulement créé des camps de rétention, mais il a généralisé les expulsions des migrants africains vers le désert. Du pain béni pour les filières de trafic humain, majoritairement contrôlées par les groupes armés et djihadistes sévissant dans le Sahel. Ce trafic demeure une source majeure de leur financement. Ces groupes ont ainsi pu continuer de s’armer au su et au vu des services de sécurité français, allemand ou italien présents légalement sur le territoire libyen.

    Accaparement de terres : un facteur de guerre ?

    Kadhafi et son régime, ne se sont pas contentés de distribuer des dollars à quelques chefs touaregs. Ils ont également investi dans de nombreux projets au Mali. Investissements qui ont créé de profonds déséquilibres au sein de l’économie malienne : du fait de la dépendance qu’ils instituent, et des dégâts sociaux et environnementaux qu’ils causent. En 2008, Kadhafi utilise un fonds d’investissement libyen « dédié » à l’Afrique pour créer la société Malibya Agriculture. Celle-ci achète secrètement plus de 40 000 hectares le long du fleuve Niger, dans la région de Ségou, entre Bamako et Mopti. Objectif : y cultiver du riz et des agrocarburants. Avec l’aide de contractants chinois, des canaux d’irrigation de dizaines de kilomètres sont construits, mettant en danger la biodiversité et la survie des paysans locaux, à la fois privés de leurs terres et de leur eau.

    Les conséquences non maîtrisées de la chute de Kadhafi

    En plus de ces investissements lourds, Kadhafi multiplie les financements à petite échelle : écoles, dispensaires ou routes dans l’ensemble du Mali. Lorsque Kadhafi et son régime disparaissent, ce sont d’un côté de très nombreuses armes et des centaines d’hommes aguerris qui s’exilent dans le Sahel ; et de l’autre, des flux de plusieurs centaines de milliers d’euros qui se tarissent. Pour un pays dont plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, c’est une importante manne qui s’envole. Après avoir appuyé militairement le renversement du régime libyen, les puissances de l’Otan auraient dû prévoir ce vide causé par la chute du colonel et le combler. Cela n’a pas été fait.

    Le business des prises d’otages

    Une partie des mouvements opérant au Sahel compensent cette perte de ressources en accroissant leur implication dans les trafics. Aux filières clandestines de migration, se substitue le kidnapping. Toujours en 2008, près de cinq millions d’euros sont versés à AQMI en échange de la libération de deux touristes autrichiens (une rançon démentie officiellement par le gouvernement autrichien). La même année, deux diplomates canadiens sont kidnappés et libérés dans les mêmes conditions. Un chantage que n’accepteront plus la France, après avoir négocié la libération de Pierre Camatte en 2010, encore moins l’Algérie comme on l’a vu lors de la prise d’otage du site gazier d’In Amenas. « Les procédures algériennes et françaises s’unifient de plus en plus dans le refus de sauver les otages et d’accepter de les sacrifier en refusant le chantage des djihadistes », note Alain Joxe, chercheur en géopolitique et directeur du Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (Cirpes).

    Les narcotrafiquants latino-américains

    Au kidnapping s’ajoute un important trafic de drogue, d’une envergure phénoménale. En 2008, les forces maliennes ont réussi à saisir 750 kilos de cocaïne, dont la revente équivaut à plus d’un tiers du budget de l’armée malienne ! En novembre 2009 c’est carrément un Boeing 727 plein de cocaïne qui se crashe en tentant de re-décoller du désert malien. Avec un équipage composé de nigérians, l’avion, enregistré en Guinée-Bissau, a effectué de fréquents vols entre l’Afrique de l’Ouest, le Mexique, la Colombie et le Venezuela [3]. Les narcotrafiquants latino-américains ont fait de l’Afrique de l’Ouest la plaque tournante du trafic de stupéfiants vers l’Europe. Selon certains experts, près de 60 % de la cocaïne consommée en Europe occidentale – d’une valeur marchande de près de 18 milliards de dollars – transiterait par l’Afrique de l’Ouest. Avant que ne soit fantasmée et utilisée la crainte d’attentats terroristes perpétrés sur le sol français par AQMI, le gouvernement français, l’Union européenne et les États-Unis auraient du tout mettre en œuvre pour endiguer ce phénomène.

    Les pétrodollars saoudiens et qataris

    Une dernière source de financement des acteurs de la région – et un autre facteur de déstabilisation – est l’argent qui vient du Golfe persique. Des intérêts saoudiens et qataris soutiennent financièrement des djihadistes salafistes du Sahel. Comparée au kidnapping, à l’arsenal libyen et au trafic de drogue, cette ressource n’est pas la plus importante. Elle pose cependant la question fondamentale de la politique différenciée des États occidentaux. L’Arabie Saoudite et le Qatar sont présentés par les États-Unis et la France comme des alliés stratégiques, notamment dans la lutte contre le régime tyrannique syrien, ainsi que dans le maintien du système financier international, sensiblement alimenté par les milliards des fonds souverains des puissances pétrolières. De l’autre, des membres de ces deux pays financent sans scrupules des groupes « salafistes djihadistes surarmés » comme les qualifie Alain Joxe. Des groupes qui déstabilisent, notamment, le Mali, le Niger, le Nigeria, voire la Tunisie.

    Leur objectif : soutenir partout – de l’Indonésie au Nigeria – une vision wahhabite de l’Islam. Elle s’oppose ainsi à la vision de l’Islam majoritairement syncrétique des Maliens. Les fortunes saoudiennes et qataries qui financent ces groupes salafistes ont aussi été profondément perturbées par les révolutions arabes. Elles ont eu des effets jusque dans le golfe persique. Où, comme à Bahreïn, les soulèvements ont été réprimés dans le sang et une quasi-indifférence médiatique [4]. Ils sont résolus à tout mettre en œuvre pour empêcher qu’émerge un modèle démocratique et musulman qui marquerait la fin des régimes dictatoriaux et monarchiques. Avec, de fait, l’aval implicite des États-Unis et de la France.

    Une corruption généralisée

    Au Mali, ni le président Konaré, ni le président Touré n’ont lutté contre la corruption généralisée du pays. Pire, il semble qu’ils aient entretenu la corruption au sein de l’armée comme de l’Etat. En 2011, dans le rapport de l’ONG Transparency International sur l’état de la corruption dans le monde, le Mali se retrouve à la 118ème place, sur 184 pays analysés, pour l’indice de perception de la corruption, reculant de 22 places. C’est d’abord face à cette corruption généralisée que le capitaine Bakary Sanogo a justifié le putsch du 22 mars 2012 qui a renversé le président malien, sous l’œil plutôt compatissant de la société civile et des partis politiques maliens, et alors que les soldats maliens étaient mis en déroute au nord du pays.

    L’échec du modèle français et américain de sécurité

    Pourtant, France et États-Unis ont sensiblement investi dans l’armée malienne. Elle bénéficie de programmes spécifiques pour se moderniser. Depuis 1998, la France, suivi par l’Union européenne, a mis en œuvre l’initiative Recamp (« Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix ») en Afrique en général et au Mali en particulier. Recamp était censé « soutenir des actions de formation de cadres et d’unités en vue d’opérations de maintien de la paix, organiser des exercices au profit de ces unités africaines formées et entraînées, et enfin fournir équipements et matériels aux forces africaines qui seraient réellement engagées pour une opération de maintien de la paix sur le continent africain », explique le général de division Michel Klein, de la Fondation pour la recherche stratégique. En dépit des millions d’euros, et alors que Recamp a longtemps été vanté comme un modèle de stabilisation, les capacités de l’armée malienne ne se sont pas renforcées. Loin de là.

    Les États-Unis ne sont pas en reste. Le 11 septembre 2001 et l’émergence de la Chine accélèrent l’implication états-unienne en Afrique de l’Ouest. L’administration Bush lance l’initiative pan-sahélienne (Pan Sahel Initiative), qui devient en 2005 la « Trans-Sahel Counterterrorism Initiative » [5]. Elle intègre les Etats sahéliens plus le Nigeria et le Ghana, pour une dépense globale de plus de 500 millions de dollars. La majeure partie de cette aide est constituée d’ouverture de crédits en vue d’acheter du matériel militaire américain. Les opérations états-uniennes en Afrique, des drones décollant de Djibouti aux avions cargos atterrissant en Mauritanie, sont coordonnées depuis l’African Command, créé en 2007 et situé en Allemagne.

    A l’instar de l’exemple français, le modèle américain de sécurité pour le Mali est un échec. Pire, il est peut-être à l’origine de l’accélération du conflit. Car, dans la poursuite de la « War On Terror » (Guerre au terrorisme) de Bush, Washington concentre son attention sur les aspects militaires, ignorant la réalité politique et même sociale des pays concernés, dont les questions de la corruption et de la pauvreté. Anecdote révélatrice : les forces spéciales US ont formé des combattants qui se sont retrouvés dans les deux camps. A Bamako, le putschiste Sanogo est un pur produit de l’armée états-unienne : il a été formé au Defense Language Institute entre 2005 et 2007, avant de suivre une formation en renseignement militaire (US Army Intelligence Program) en 2008, et une formation plus conventionnelle d’officier courant 2010. Plusieurs combattants ayant bénéficié de l’entraînement des forces spéciales ont quitté l’armée malienne pour rejoindre les groupes armés du nord et leur offrir leur savoir-faire…

    Le Mali, au cœur d’un nouveau « grand jeu » ?

    Le Mali semble être l’un des terrains de prédilection d’un nouveau « grand jeu » en matière de lutte d’influences, en vue de conquérir et de maintenir des points stratégiques. A l’instar des alliances et des retournements d’alliances au sein des forces qui avaient conquis le nord du pays, les puissances s’allient et se concurrencent conjoncturellement. La France depuis l’époque coloniale, l’Algérie, la Libye du temps de Kadhafi, les États-Unis et la Chine s’intéressent aux richesses maliennes ou à celles auxquelles le contrôle de son territoire donne accès : en particulier les gisements présumés d’uranium et de diamants situés dans les sous-sols de Kidal au Nord, les terres arables du Sud, les importantes ressources en fer mauritaniennes, ou l’uranium nigérien, exploité par Areva et désormais protégé par les forces spéciales françaises. Et plus loin le pétrole nigérian et tchadien ou le gaz algérien.

    Si la France n’était pas intervenue, que ce serait-il passé ? Nombre de Maliens reconnaissent que les rebelles djihadistes auraient marché sur Bamako et se seraient emparés du pouvoir. Mais la France intervient pour éteindre un feu qu’elle a en partie contribué à allumer et alimenter. Maintenant qu’une partie du Nord est sous contrôle malien et français, que va-t-il se passer ? « Cette opération devrait être accompagnée d’une proposition de mutation dans l’aide proposée au Mali. Le discours purement militaire ne saurait suffire, souligne Alain Joxe. Si Hollande veut réellement rompre avec la Françafrique, il va devoir démontrer qu’il va, au-delà du discours de lutte contre le terrorisme, se donner les moyens pour lutter contre les narcotrafics et le financement international des djihadistes. » Seul un scénario qui permettra au peuple malien de renouer le dialogue, notamment en vue de régler la question touarègue, et de reprendre un contrôle sur ses institutions – politiques, judiciaires et militaires – permettra de sortir durablement de cet effondrement.

    Eros Sana  http://euro-synergies.hautetfort.com/

    Notes

    [1] Et 10 % au Nord, où vivent également Belas, Songhaïs, Peuls, Maures et Arabes.

    [2] Dans un rapport, Amnesty international décrit l’ensemble des exactions et graves violations des droits humains dont sont responsables le MLNA et Ansar Dine : http://www.amnestyusa.org/news/news…

    [3] The Globe and Mail, 13 avril 2012

    [4] Bernard Dréano, La perle et le colonel, éditions Non lieu.

    [5] Qui devient ensuite Trans-Sahel Counterterrorism Partnership.

  • Philippe de Villiers demande à Hollande un référendum sur le départ de l’UE

     Talentueux avertissement de Philippe de Villiers au Président de la République Française .

    Une vidéo à ne pas manquer !

    http://www.actionfrancaise.net

  • Mali et Tunisie : la guerre mené par le wahhabisme ne fait que commencer

    Le 10 février, les observateurs internationaux ou français de la guerre au Mali sont rès pessimistes... ou si l'on préfère très réalistes. La France est au Mali pour longtemps.

    Non seulement ce pays est durablement divisé en « factions » qui ne s’entendront jamais. Mais aussi les combattants dits djihadistes, ou aussi wahabittes, se répandent partout, y compris à Bamako, et pas seulement au nord Mali. Ils ont commencé à mener une guerre d’attentats contre laquelle il est difficile de lutter. Ce ne sera pas la base de drones que l’Africom américain projette d’implanter au Niger ou au Burkina qui changera grand chose au rapport de force.

    Les wahabittes débordent évidemment aussi dans les pays voisins, notamment au Niger. Ils sont bien accueillis par la population. Celle-ci reste profondément musulmane et donc sensible aux discours religieux extrémistes. Par ailleurs et surtout, les espoirs d’activité économique pouvant stabiliser la jeunesse s’éloignent de plus en plus. Qui veut investir aujourd’hui en Afrique compte tenu des risques croissants? Les seules industries affrontant ces risques sont de type colonial, chinoises dans les infrastructures, les mines et l’agriculture, anglo-saxonne ou européennes dans le pétrole. Elles ne contribueront en rien à la paix sociale.

    La Tunisie est désormais elle-aussi en crise profonde. Les militants islamistes prospérant sous la couverture du parti dit musulman modéré Ennahda ne se cachent plus. En Tunisie comme ailleurs l’offensive djihaddiste est financée et organisée par le Qatar et l’Arabie saoudite, comme le constataient hier des démocrates tunisiens manifestant contre l’emprise d’Ennahda. Ils dénoncent la présence dans tout le pays d’écoles religieuses financées par le Qatar qui tente d’élargir par ce moyen son contrôle sur la population. Il en résulte une véritable haine contre la démocratie, le féminisme et la France. Ce pays pacifique, situé à nos portes, est en train de se transformer en région à éviter par les Européens.

    Le Qatar et l’Arabie Saoudite jouent leur survie en se retranchant derrière les combattants wahabbites. Ils savent bien que sans cela ils ne sauveront pas leurs régimes corrompus par le pétrole et d’immenses richesses illégitimes. Mais les pays occidentaux, eux-aussi corrompus par le pétrole, font semblant de ne rien voir. Leurs dirigeants se disputent l’honneur d’embrasser l’émir sur la bouche. Décidément, si la France, seule de toute l’Europe, persistait à vouloir résister, comme son honneur l’exige, elle devrait se préparer à une mobilisation générale.

    Jean Paul Baquiast Pour une Europe intelligente  10/02/2013 http://www.polemia.com

  • De l'autisme judiciaire...

    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

    De l'autisme judiciaire

    Si Mme Taubira s’intéressait à ce qui se passe chez nos voisins britanniques, elle renoncerait à supprimer les courtes peines.

    Chacun sait — c’est même un cliché — que “l’Angleterre est la mère des démocraties”. De culture protestante, la Grande-Bretagne subit en outre bien moins le clivage droite répressive-gauche laxiste que les pays latins. Dans la décennie 1980, un équivalent britannique de nos très progressistes “plans banlieue” fut même initié par… Margaret Thatcher, après des émeutes “à la française” dans la périphérie londonienne. Raison de plus de nous intéresser aux évolutions pénales de cet exigeant État de droit, en matière de prévention, de sursis, de réinsertion, etc.

    Mais cela, les Diafoirus-sociologues et autres trotskistes d’antichambre encerclant l’actuelle garde des Sceaux s’en moquent, trop occupés qu’ils sont à délirer sur la “construction sociale”, les “stigmatisations”, “stéréotypes” et autres sornettes à la Bourdieu, uniquement vouées à nier ou camoufler la réalité criminelle.

    Si elle s’intéressait un tant soit peu aux trivialités du réel, au lieu de les camoufler sous le vocable méprisant de “faits divers”, la garde des Sceaux aurait donc pu se documenter sur le vaste scandale qui, depuis décembre 2012, secoue une justice britannique vivement attaquée par des parlementaires de tous bords.

    Ces dernières années en effet, le ministère britannique de la Justice a, sous le nom de “révolution de la réinsertion”, fait du Taubira pur sucre : pas de prison ferme mais du sursis et des travaux d’intérêt général (“community service”). Une mesure qui a touché 50 000 auteurs d’agressions, voire de vols à main armée, trafiquants de drogue, cambrioleurs, etc.

    L’ennui — et c’est bien ce qui provoque la révolte des parlementaires —, c’est que pratiquement 100 % de ces 49 636 malfaiteurs traités à la Taubira ont été, dans l’année ( je cite) « condamnés pour une autre infraction, qu’ils n’auraient pu commettre s’ils avaient été en prison ». Et cela, malgré (ou du fait ? ) des peines alternatives voulues par la justice…

    Pour les députés britanniques, il s’agit d’un « échec choquant des services de réinsertion » manifestement « incapables de maîtriser les criminels qu’ils sont supposés réinsérer ». D’où leur appel au ministère de la Justice pour qu’il « agisse dans l’urgence afin de briser cet épouvantable cercle vicieux de récidive ».

    Tout se passe cependant comme si Mme Taubira et ses conseillers ignoraient tout de ce scandale sécuritaire qui fait pourtant les gros titres de la presse populaire britannique — notamment du Daily Mail, quotidien vendu à près de 1,7 million d’exemplaires… Impassible, la garde des Sceaux poursuit ses appels fracassants à “vider les prisons” sans se rendre compte qu’ils agissent sur les malfaiteurs à la manière d’une hormone de croissance.

    La preuve ? Voici, pour les dernières semaines de 2012, un minitour de France des “faits divers” chers à Mme Taubira, tels que rapportés par la presse quotidienne régionale. « Vols à main armée : série noire en Moselle-Est » ; « Peur du braquage en Charente » ; « Vols de câbles SNCF : cri d’alarme du président [socialiste, NDLR] de Midi-Pyrénées » ; « Tarn-et-Garonne : les cambriolages en hausse de 14 % » ; « Châtellerault : les commerçants exaspérés par les vols » ; « Vallauris : après cinq braquages en huit ans, la bijoutière n’en peut plus » ; « Vaucluse : une crèche [!] attaquée à l’arme de guerre » ; « Finistère : les cambriolages en forte hausse » ; « Bressuire : cambriolages en rafale » ; « Deux braquages en deux jours au centre commercial de Saint-Clément-de-Rivière » ; « Recrudescence des cambriolages à Fère-Champenoise » ; « Ille-et-Vilaine : jusqu’à 35 cambriolages par jour » : « Marseille, porte d’Aix : l’illégalité regagne du terrain » ; « Insécurité : les riverains des gares parisiennes n’en peuvent plus » ; « Signy-le-Petit : les braqueurs font exploser la route [!] pour emporter le butin » ; « Arles : en garde à vue à 14 ans pour braquage »…

    Pour finir, un peu d’air pur. À New York, « le nombre de meurtres est au plus bas depuis 50 ans ». Le secret anticrime du maire, Michael Bloomberg ? De longue date, il fait dans sa ville l’inverse de ce que prône, depuis quelques mois, Mme Taubira.

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 30 janvier 2013)

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Égypte : Les Frères Musulmans veulent islamiser l’armée

    LE CAIRE (NOVOPress) – Devant la révolte actuelle contre le régime islamiste, les Frères musulmans souhaiteraient que l’armée réprime l’opposition, comme du temps de l’ancien régime. Une tâche que les militaires égyptiens ne semblent pas prêts à assumer.

     

    Après avoir décrété le 27 janvier l’état d’urgence dans trois provinces (Port-Saïd, Ismaïlia et Suez) situées sur le canal de Suez, le gouvernement égyptien des Frères musulmans voudrait que l’armée soit à nouveau en première ligne pour mater la rébellion. Or, l’armée ne se laissera pas entraîner à affronter les citoyens, surtout sous la direction des islamistes.

    Le général Abdelfattah Al-Sissi, ministre de la Défense et chef des Armées, ne semble pas très emballé à l’idée de jouer ce rôle. Il se rappelle le prix que l’armée a eu à payer pendant la période de transition d’un an et demi quand elle avait dirigé le pays et avait été amenée à se battre contre les forces politiques et les manifestants.

    La question est de savoir si l’armée se mettra au service du président Mohamed Morsi et des Frères musulmans, ou si au contraire l’armée défendra la souveraineté du peuple. Les « Frères » ont donné à l’armée le droit d’arrêter des civils et lui demandent d’appliquer un couvre-feu alors qu’au moment de leur prise du pouvoir, ils ne cessaient de revendiquer leur réussite suite à l’exclusion de l’armée du pouvoir.

    Ce que souhaiteraient « les Frères », c’est une armée à la pakistanaise. Sur le modèle de Zia ul-Haq, ex-président du Pakistan et conséquent chef des armées de son pays, qui avait transformer une armée apolitique en armée islamiste. A l’époque, ce dernier, avait commencé par introduire l’enseignement religieux dans les académies militaires. Pour avancer dans sa carrière, un officier devait non seulement être un bon professionnel, il devait aussi lire les préceptes coraniques concernant la guerre.

    Pour y parvenir à son but, Morsi espère qu’Al-Sissi continuera d’occuper le ministère de la Défense jusqu’aux élections législatives d’avril prochain, élections qu’il espère encore pouvoir remporter. Ensuite, puisque les Frères Musulmans auront le pouvoir de le faire, nul doute qu’ils chercheront à écarter ce général.

    Comme nous le confirme le journal AsiaNews.it, le but du pouvoir en place semble d’être l’islamisation de toutes les couches de la société égyptienne. Si cet objectif de prise de contrôle de l’armée aboutit, plus rien ne pourrait en effet empêcher Morsi de faire de l’Égypte une nouvelle dictature islamique.

    Julien Lemaire http://fr.novopress.info

  • La tuerie de Sandy Hook

    Analyse critique de la tuerie de Sandy Hook du 14 décembre 2012 aux Etats-Unis officiellement perpétrée par Adam Lanza.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • Crise du Mali, réalités géopolitiques (3eme partie) : intérêts pétroliers et autres intérêts – Par Aymeric Chauprade

    Les intérêts pétroliers

    Le Mali possède 5 bassins sédimentaires dont le potentiel pétrolifère est avéré :

     

    • bassin de Taoudenni (au nord et vers la frontière mauritanienne) : 600 000 km2 pour le seul Mali mais 1,5 million de km2 partagés entre Mali, Algérie, Mauritanie, Niger. Schites riches en matière organique. Il serait comparable au bassin d’Illizi en Algérie.
    • le fossé (ou graben) de Gao : 15 000 km2, un seul puit à l’heure actuelle.
    • les bassins contigus de Iullemeden et Tasmena (à l’Est et frontaliers avec le Niger), 80 000 km2, deux puits à l’heure actuelle ; comparable au bassin de Doba au Tchad ou aux bassins d’affaissement paléozoïque d’Algérie.
    • fossé de Nara au centre, près de Mopti, également comparable au bassin Crétacé de Doba au Tchad soit aux bassins d’affaissement paléozoïque d’Algérie.

    L’AUREP, l’Autorité pour la Recherche pétrolière au Mali soutient que le sous-sol du pays est très potentiel pour le gaz et le pétrole et le directeur Afrique du Nord de Total, Jean-François Arrighi de Casanova va dans ce sens quand il parle lui de “nouvel eldorado pétrolier” à propos de la zone Mauritanie/Mali/Niger.

    Cependant, à ce jour, le Mali compte encore un faible nombre de puits et son sous-sol reste sous-exploité.

    Pour l’instant, Total est surtout présent chez le voisin mauritanien.

    La multinationale d’origine française est présente dans l’exploration sur les permis Ta7 et Ta8 de la partie mauritanienne du bassin de Taoudéni mais en partage avec les Algériens et les Qataris. Total possède 60%, la Sonatrach (Algérie) 20% et Qatar Petroleum International 19%.

    S’agissant du permis Ta8, le forage du puits d’exploration s’est achevé en 2010 et le résultat est décevant. Sur le bloc Ta7, une campagne d’exploration sismique est en cours depuis 2011.

    L’exploration on-shore s’est étendue avec un nouvel accord, en janvier 2012, entre Total et le gouvernement mauritanien. Cet accord donne à Total une participation de 90% en tant qu’opérateur sur le bloc Ta29 situé dans le désert du Sahara, à 1000 km à l’est de Nouakchott et au nord du bloc Ta7. Les 10% restants sont entre les mains de la SMH, la compagnie nationale mauritanienne.

    Les intérêts de Total dans la zone ne se limitent pas à l’on-shore. Ils portent aussi sur le off-shore :

    • accord Total/gouvernement mauritanien de décembre 2011 pour le bloc off-shore C7 (bassin côtier).
    • accord Total/gouvernement mauritanien de janvier 2012 pour le bloc C9 (Total 90%, SMH 10%) situé à 140 km à l’ouest des côtes mauritaniennes et qui s’étend sur plus de 10 000 km2 par 2500 à 3000 m de fond.

    Signalons à l’attention de ceux qui pourraient, un peu trop rapidement, être choqués par un partage 90/10 entre Total et la SMH, que l’exploration nécessite des investissements colossaux que seul Total peut amener.

    Il faut bien comprendre que la chute du régime de Kadhafi ouvre, dans toute l’Afrique du Nord et au Sahel en particulier, la perspective d’une vaste redistribution des cartes en matière pétrolière et gazière.

    S’agissant du Mali et de la Mauritanie, Total, la Sonatrach algérienne et la compagnie qatarie ont des intérêts à la fois communs et rivaux. La capacité de ces compagnies à peser sur les gouvernements africains concernés sera en effet d’autant plus forte que l’influence de leur État d’appartenance sera grande.

    Il est essentiel de comprendre que la distribution des blocs, et des parts relatives à l’exploitation des blocs, est intimement liée aux rapports de force géopolitiques entre la France, l’Algérie et le Qatar.

    Regardons maintenant la question de l’or et des autres richesses minières

    Le Mali est le troisième producteur d’or du continent africain après l’Afrique du Sud et le Ghana. En 2011 il a produit 56 tonnes d’or sur une production minière mondiale d’or qui oscille selon les années entre 2000 et 2500 tonnes.

    Voici le classement 2011, production annuelle et réserves prouvées

    1. Chine : 355 t/1900 (en 2007 la Chine est passée devant l’Afrique du Sud)
    2. Australie : 270/ 7400
    3. États-Unis : 237 t/3000
    4. Russie : 200 t/5000
    5. Afrique du Sud : 190 t/6000
    6. Pérou : 150 t/ 2000
    7. Canada : 110 t/ 920
    8. Ghana : 100 t/ 1400
    9. Indonésie : 100 t/ 3000
    10. Ouzbékistan : 90 t/1700

    Le Mali est très prometteur dans ce domaine et devrait bientôt dépasser le Ghana devenant alors le 2e producteur d’or du continent africain.

    En 2011, le Mali est devenu producteur de minerai de fer (exploitation de Tienfela). Il dispose également d’un potentiel élevé en manganèse et produit du phosphate. Ses réserves de bauxite sont estimées à 1,2 million de tonnes et pourront être exploitées dans un futur proche. Un potentiel en lithium, diamant, kaolin et pierres gemmes est également identifié, sans compter bien sûr l’uranium dont nous avons déjà parlé.

    Il me semble important d’insister sur l’or. N’oublions pas que nous sommes dans un contexte de dépréciation des grandes monnaies mondiales comme le dollar et l’euro. Les banques centrales comme de nombreux opérateurs financiers sont en train d’assurer leur avenir en achetant de l’or physique. L’Allemagne a pris la décision historique de rapatrier une partie de ses stocks d’or physique détenus à New York, Londres et Paris et de très nombreux pays font de même. La Suisse est maintenant, après l’Allemagne, touchée par le mouvement the “Swiss Gold Initiative”, initiative lancée par 4 membres du Parlement suisse en mars 2012 visant à exiger le rapatriement de l’or de la BNS (Banque nationale suisse) laquelle refuse d’indiquer dans quel(s) pays se trouve son stock d’or.

    Un exemple récent encore (et ils se multiplient presque chaque semaine) : le Fonds d’État pétrolier de l’Azerbaïdjan (SOFAZ) a retiré une tonne de son or physique des coffres de J.P Morgan à Londres pour le placer dans les coffres sécurisés de la Banque centrale de Bakou.

    Tout le monde est en train de réaliser que les banquiers anglo-saxons ont tout simplement vendu ou “joué” l’or que des États et fonds souverains leur avaient confié.

    Et le mouvement se propage !

    Washington et Londres – les Français ont sans doute été les plus honnêtes avec les Allemands puisqu’ils ont annoncé qu’ils restitueraient rapidement les lingots ce qui laisse à penser que la France a vendu… son or et non celui des Allemands!- ont déjà annoncé qu’il leur faudrait 7 ans pour restituer à l’Allemagne son or, ce qui signifie très probablement que ces pays n’en disposent plus.

    Songez encore que la FED refuse d’apporter la preuve que l’or américain existe encore! Que peut-il bien en être alors de l’or allemand confié aux États-Unis?

    L’or n’y est probablement plus, comme le soutient le GATA (Gold Anti-Trust Action Committee) car il aura été prêté aux banques d’affaires et vendu sur les marchés afin de maintenir les cours sous pression et de sauver la confiance dans l’argent papier.

    Les mauvaises langues insinuent que les États-Unis et la France pourraient se servir dans les mines d’or du Mali où il sera facile d’opérer à l’abri du monde.

    Les intérêts qataris

    Le Qatar porte une responsabilité évidente dans les révolutions de Tunisie, d’Égypte, de Libye (il a financé les islamistes de Cyrénaïque à l’origine du déclenchement de la révolution avant que les militaires qataris ne jouent eux-mêmes un rôle opérationnel actif, au sol, auprès des forces spéciales occidentales), de Syrie (il finance les rebelles islamistes, tout comme l’Arabie Saoudite, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis).

    L’action du Qatar est également prouvée au Mali où l’émirat a directement financé les groupes Mujao et Ansar Dine (tandis, je le répète, qu’AQMI est un faux-nez des services algériens) et son influence se dissimule derrière l’action opérationnelle du Croissant rouge qatari.

    Le 6 avril 2012, le journal malien l’Indépendant, relatait qu’un avion cargo qatariote avait atterri à Gao pour livrer des armes et des stupéfiants aux rebelles touaregs. La drogue est en effet une source de revenu essentielle des rebellions dans le monde, et ce sont des services secrets étatiques qui la fournissent souvent directement aux seigneurs de la guerre et aux mafieux ; certains pays savent en effet recycler leurs saisies policières et douanières en outil de financement de guerres occultes aux mains des services secrets. Pour en revenir à l’article de l’Indépendant, un comité d’accueil a été formé autour de l’avion sous la direction d’Iyad Ag Ghaly, leader touareg du mouvement salafiste Ansar Dine qui contrôlait à ce moment Tombouctou et Kidal. Ancien consul du Mali à Djeddah (mais menacé d’expulsion par les Saoudiens en 2010 il est revenu au Mali, sans doute récupéré par les Saoudiens par les Qataris eux-mêmes farouches ennemis des Saoudiens), ce touareg avait profité d’années d’activité dans le Golfe pour développer ses connexions islamistes.

    D’autres sources maliennes affirment qu’après la prise de Tessalit par les islamistes, le 10 mars 2012, un avion cargo du Qatar avait aussi atterri dans cette localité pour y livrer une quantité importante d’armes modernes, des munitions, des 4×4.

    Le Qatar a tout fait pour favoriser Ansar Dine, branche dissidente et islamiste du MNLA, contre la branche historique et nationaliste des Touaregs.

    Par ailleurs, il faut remarquer qu’en janvier 2012, l’émir du Qatar s’est brouillé violemment avec le président mauritanien, Ould Abdel Aziz. Le Figaro du 12 janvier 2012 relate les faits suivants, qui sont d’une extrême gravité quand on connaît la culture du Golfe : “L’émir du Qatar a voulu donner certaines directives au président Abdel Aziz, usant d’un ton comminatoire, et menaçant d’utiliser sa chaîne al-Jazeera pour faire éclater une révolution en Mauritanie, comme en Tunisie et en Égypte. Le chef de l’État mauritanien, un militaire, a alors explosé et a congédié l’émir”.

    Cette affaire a forcément fragilisé les intérêts du consortium Total/Qatar Petroleum International en Mauritanie (voir les accords plus haut).

    Le Qatar, qui joue un rôle important dans la nouvelle donne pétrolière et gazière en Libye, veut étendre son influence dans le Sahel (Mauritanie et Mali) et utilise les groupes islamistes à cet effet.

    Quelle est la vision stratégique qui sous-tend ces actions? Le Qatar détient 15% environ des réserves prouvées de gaz. Trois acteurs, la Russie, l’Iran et le Qatar détiennent à eux trois 60% des réserves prouvées du monde. En essayant d’étendre son emprise sur le Moyen-Orient (Syrie) et sur le Sahara (Libye, Sahel et demain l’Algérie sur laquelle plane la menace d’une révolution arabe soutenue par Doha), le Qatar, de concert avec les États-Unis, veut couper l’Europe de la Russie (principal fournisseur de gaz des Européens) et remplacer Moscou et Alger.

    Les investissements du Qatar dans les actifs stratégiques français vont dans le même sens. En s’appuyant sur l’islam en France, en contrôlant des parts croissantes d’actifs stratégiques, le Qatar veut pouvoir influer sur la décision politique française (ce qui s’est passé entre l’émir du Qatar et le président Sarkozy laisse hélas présager de ce qui pourrait se passer demain lorsque de nombreux parlementaires français seront mis sous influence).

    Et l’on voit bien où cela pourrait mener… à renforcer un lobbying actif pour faire sortir la France du nucléaire et pousser celle-ci à aller davantage encore vers le gaz (car évidemment les énergies renouvelables ne peuvent être que des composantes minoritaires dans un mix énergétique).

    Les intérêts américains

    Après le 11 septembre 2001, sous prétexte de lutte contre le terrorisme islamique, les Américains ont augmenté leur effort d’implantation sur le continent africain, en particulier dans les zones d’influence traditionnelles de la France.

    Depuis 2002, 1700 soldats américains sont basés à Djibouti, point d’implantation historique de la France. Depuis 2003, les Américains ont développé avec les pays de la frange saharienne la PSI (Pan Sahel Initiative), un programme d’assistance militaire aux pays sahéliens, qui concerna au départ le Tchad (où la France est pourtant militairement présente), le Mali, la Mauritanie et le Niger, avant de s’étendre en 2005 au Maroc et au Nigeria pour devenir la TSCTI (Trans Saharan Counter Terrorism Initiative). En décembre 2008, les Américains ont créé un commandement stratégique dédié à l’Afrique (à l’exception de l’Égypte qui reste attachée au CENTCOM, le commandement en charge des opérations au Moyen-Orient), en détachant cette zone de leur commandement européen Eucom. Cependant, aucun pays africain n’ayant accepté d’accueillir ce commandement, AFRICOM reste à Stuttgart en Allemagne.

    La raison profonde de cet intérêt américain pour l’Afrique n’est pas le terrorisme mais le pétrole et le gaz.

    L’Afrique pèse plus aujourd’hui dans les importations pétrolières américaines que l’Arabie Saoudite. Un quart des importations de pétrole américaines viennent d’Afrique, du Golfe de Guinée (Nigeria et Angola mais aussi Guinée équatoriale) et les Américains ont aussi des ambitions en Afrique sahélienne.

    Si l’on regarde les effets de la coopération militaire américaine au Mali, le résultat est implacable. Les Américains ont surtout formé des Touaregs qui ont ensuite déserté l’armée malienne pour rejoindre le MNLA et Ansar Dine et participer à la guerre contre l’État central malien! Quand ils formaient des Noirs du Sud, il s’agissait du capitaine Sanogo lequel renversait, en mars 2012, le président Amadou Toumani Touré et créait l’anarchie dans le pays!

    Le général Carter Ham qui dirige Africom, a beau s’être déclaré déçu du comportements des officiers formés par les États-Unis, le fait est que tous ses élèves ont tenté de détruire l’État malien et ce qui restait de l’influence française!

    Cela fait dix ans maintenant que nous écrivons qu’au nom de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, les Américains sont en train d’évincer la France de la zone et de faire main basse sur les réserves pétrolières, gazières et minérales. Pendant que je prêchais dans le désert, des communicants acquis aux intérêts américains expliquaient doctement sur les plateaux de télévision français que les États-Unis n’avaient d’autre ambition que de faire reculer le terrorisme et développer la démocratie. Que seule “l’odieuse Françafrique” avait des intérêts égoïstes sur le continent noir… Qu’il fallait aussi avoir très peur de la Chine laquelle allait “avaler tout le monde tout cru”.

    La réalité est qu’une fois de plus la politique américaine converge avec celle de l’islam radical.

    Conclusion

    La bande Tchad/Niger/Mali/Sénégal doit rester sous contrôle sécuritaire français. Il en va des intérêts stratégiques de la France (hydrocarbures, uranium, or, et autres ressources) comme du maintien de son influence (la France conservera son intérêt aux yeux des Africains, à la condition de garantir à ceux-ci leur sécurité). Puissance francophone et historiquement liée à tous les États de la région (Afrique du Nord et Sahel), la France est légitime pour aider les pays de la zone à se débarrasser des groupes islamistes mafieux et à restaurer la stabilité.

    Sur les ruines de la Libye de Kadhafi, il est évident que d’autres puissances islamiques cherchent à contrôler la zone : l’Algérie bien sûr, qui a de grandes ambitions dans la région, mais aussi le Qatar. L’Algérie manipule certaines franges de l’islamisme radical jusqu’à s’auto-infliger des attaques (mais contrôlées dans leur portée : In Amenas qui représente 18% de la production de gaz algérien n’a pas sauté ni subi de dommages importants) afin de se présenter comme une puissante garantie de lutte contre le terrorisme. L’Algérie ne veut pas de l’islamisme à sa tête et elle a bien raison, mais hélas, son État profond contribue lui à maintenir l’incendie terroriste à un niveau de “basse intensité” de sorte que les Américains et les Européens ne se mettent pas à imaginer un quelconque changement à Alger.

    Le Qatar, quant à lui, actionne presque ouvertement des groupes terroristes et joue un rôle clairement déstabilisateur Mali.

    Quant aux Américains, qui sont avant tout pragmatiques et ne respectent que la force, nul doute qu’ils considèreront mieux la France après son opération militaire au Mali et qu’ils chercheront un terrain d’entente avec elle.

    Aymeric Chauprade http://fr.novopress.info

    Source : Realpolitik.tv.

  • Crise du Mali, deuxième partie : Les intérêts de la France

    Au regard des intérêts de la France en Afrique, la décision d’intervention militaire française apparaîtra, je le crois, comme une bonne décision. Pour en juger, et comme toujours si nous voulons être fidèles à notre ligne réaliste, il faut être capable de s’élever au-dessus des partis pris politiques et idéologiques des uns et des autres. Chacun sait en effet que je me situe, sur le plan des idées, à des années-lumières des gouvernements qui se sont succédés en France ces trente dernières années, et que j’exècre, peut-être plus que tous ceux qui l’ont précédé, ce gouvernement qui mine les fondements de notre civilisation, accélère l’invasion migratoire, achève notre économie, et pousse à l’exil, par son fanatisme de l’Égalité, ce qu’il reste de créatif en France.

    Il est arrivé souvent dans l’Histoire qu’une décision prise au nom de mauvaises raisons ait pu produire les résultats les plus positifs. N’est-il pas étrange de constater aujourd’hui qu’un président issu d’un camp que rien ne prédispose à la défense d’intérêts français en Afrique ait néanmoins pris une décision qui va peut-être améliorer sensiblement le statut de la France en Afrique ?

    Car quelle était la situation de la France en Afrique avant cette affaire du Mali ? Plus précisément que devenait l’influence française en Afrique depuis le discours de la Baule du président Mitterrand, le 20 juin 1990 ?

    La réalité est que, depuis la fin de la Guerre froide, et faute de vision géopolitique, la France n’a cessé de reculer en Afrique. En position défensive, sans vision ni anticipation, elle n’aura fait que subir la montée de l’influence américaine dans toutes ses anciennes colonies. Prise en tenaille entre ses devoirs européens et l’atlantisme, son influence s’est considérablement amoindrie outre-mer. D’un côté le discours de la démocratisation, de l’autre les magouilles du personnel politique (cette françafrique que l’on ne saurait confondre avec les intérêts légitimes de la France en Afrique) ; et bien sûr une montée en puissance des États-Unis sur le prétexte de la lutte contre le terrorisme islamiste, au début des années 2000…

    Fidèle à mon habitude consistant à soumettre à la critique du lecteur ce que j’ai pu écrire par le passé, je ne résiste pas à l’envie de vous livrer d’abord la quasi-totalité d’une tribune que je donnais en 2008 à Valeurs actuelles, au moment où Nicolas Sarkozy s’attachait à réduire notre présence militaire en Afrique.

    La France doit-elle quitter l’Afrique ?

    En 2007, l’Afrique subsaharienne a connu au moins deux événements majeurs : la Chine est devenue son premier partenaire commercial et les États-Unis ont annoncé la création d’un commandement stratégique dédié au continent : l’AFRICOM. Américains et Chinois s’intéressent à l’Afrique pour ses immenses richesses. Le continent possède 10% des réserves mondiales prouvées de pétrole et contribue déjà à hauteur de 10% à la production pétrolière mondiale. Il contient aussi une bonne partie de l’uranium de nos centrales nucléaires de demain ainsi que de nombreux minerais indispensables aux nouvelles technologies civiles et militaires. Surtout, ses 800 millions d’êtres humains vivent dans la dernière zone de la planète qui ne s’est ni dotée de gouvernement de « Bien commun » (à quelques exceptions près), ni, par voie de conséquence, engagée sur la voie du développement.

    A la fin de la Guerre froide les Européens ont décrété la démocratie en Afrique. Les Africains en paient hélas aujourd’hui les conséquences. Car la démocratie est un résultat davantage qu’une cause de développement. En réalité, dans l’histoire, l’identité nationale a toujours précédé l’établissement de la démocratie faute de quoi la guerre civile est assurée. Il faut commencer par aider les Etats africains, dont les frontières contredisent souvent si dramatiquement la carte des peuples, à devenir des États-nation. Ceci implique des phases transitoires de « bonne gouvernance dirigiste » plutôt que l’utopie de la « bonne gouvernance démocratique ».

    Si la France se désengage d’une Afrique subsaharienne dans laquelle 20% de la population est touchée de plein fouet par la guerre, cela signifie qu’elle abandonne les richesses à l’Empire dominant (Washington) et à l’Empire montant (Pékin) pour ne recevoir en échange que la certitude d’une immigration massive. L’immigration choisie ne ferait que précipiter l’effondrement de l’Afrique. La seule politique réaliste revient à combiner flux d’immigration inversés et soutien actif au développement.

    La France doit restaurer sa politique africaine. Plutôt que d’observer une neutralité de façade qui, dans les faits, profite à des gouvernements n’ayant plus d’autre activité que de piller leur pays et faire chanter Paris (Tchad), elle doit favoriser l’émergence d’une classe de dirigeants habitée par le Bien commun.

    Sauf à désespérer complètement de l’Afrique subsaharienne, une telle politique est possible.  Elle implique cependant que l’armée française conserve des forces conséquentes en Afrique. Certes, on peut encourager la prise en main de la sécurité par les Africains eux-mêmes (RECAMP c’est très bien…), mais il est trop tôt pour partir. Les identités nationales sont encore fragiles (quand elles ne sont pas inexistantes) et ne supporteraient pas notre retrait.

    Il ne faut avoir aucun apriori négatif quant au changement dans la disposition de nos forces en Afrique. Il est parfaitement normal que des dispositifs militaires se remettent en question. De même, renégocier nos accords de défense peut nous permettre de relancer notre coopération sur des bases saines et de rappeler à nos amis africains que la présence française n’est pas une « assurance anti-coup d’Etat » permettant de gouverner n’importe comment.

    La France occupe aujourd’hui des positions précieuses en Afrique qu’elle doit veiller à ne pas abandonner : d’abord les ports de Dakar et Djibouti, qui disposent de fortes capacités, et nous seraient précieux en cas de conflit de haute intensité. Ensuite, le Tchad qui sera bientôt le 4e pays d’Afrique subsaharienne en réserves prouvées de pétrole, derrière le Nigeria, l’Angola et la Guinée équatoriale, c’est-à-dire le premier pays pétrolier francophone. Cet immense territoire, faiblement peuplé mais occupant une position stratégique, pourrait idéalement être le siège d’un dispositif de protection des pays africains de la frange saharienne, autant face aux ambitions salafistes que face aux projets géopolitiques des puissants voisins du Maghreb.

    Il nous faut ensuite une plateforme dans le Golfe de Guinée, zone que Paris ne saurait abandonner aux poussées américaine et chinoise. Elle pourrait concentrer les missions des bases actuelles du Gabon (Libreville) et de Côte-d’Ivoire. Le choix est ouvert en Afrique centrale et dans le Golfe de Guinée, mais ce qui est certain c’est que nous ne pouvons pas abandonner cette région pétrolifère instable.

    Une nouvelle politique africaine pour la France, de fait alors pour l’Europe, pourrait être fondée sur les principes suivants : la France aiderait les pays africains à se protéger des fléaux que sont l’islamisme, le chaos ethnique, les ambitions voisines ; elle favoriserait le maintien des élites en Afrique et l’émergence de dirigeants de « Bien commun » plutôt que des démocraties fausses et inefficaces. En retour, les dirigeants africains aideraient la France à accéder aux ressources et à lutter efficacement contre l’immigration ; ils travailleraient au développement en faisant cesser de manière significative les pratiques de prédation. Une telle politique s’appuierait sur une crédibilité de puissance, celle de forces françaises permanentes basées à l’ouest (Dakar et Golfe de Guinée), au centre (Tchad) et à l’Est (Djibouti). En vérité, il s’agit là d’une proposition somme toute bien modeste si on veut bien la comparer à l’AFRICOM américain…”

    Cinq ans plus tard imaginez donc ce qui se serait passé au Mali si nous avions écouté les socialistes et les nombreux libéraux atlantistes qui voulaient plier bagage et nous désengager de l’Afrique ! Sans dispositifs pré-positionnés dans la zone et avec un porte-avions Charles de Gaulle en cale sèche pour 6 mois (puisque nous n’avons plus, hélas, qu’un seul porte-avions, sujet sur lequel je m’étais également fortement engagé autrefois), comment la France aurait-elle pu intervenir en janvier ? La réponse est simple : elle n’aurait pas pu le faire à temps et Bamako serait tombée. Nous n’aurions pu faire que des frappes en faisant décoller nos chasseurs bombardiers depuis le sol national et en les ravitaillant en vol (ce qui d’ailleurs a été fait). Mais rien au sol et donc rien de décisif ! Il a fallu un mois avant qu’un BPC rempli de matériel lourd puisse décharger dans un port africain. Je serais heureux d’entendre nos politiques, de droite comme de gauche, sur ces points, eux qui ont voté toutes les réductions capacitaires. Car évidemment, les mêmes qui applaudissent l’intervention ont voté la sortie de l’Afrique.

    Revenons donc à la cause de l’intervention elle-même. Je ne voudrais pas que nos lecteurs puissent penser que je ne parle d’intérêts masqués que lorsqu’il s’agit de guerres américaines, et non de guerres françaises. Loin de moi, en effet, l’idée d’esquiver la question des intérêts français. Je me suis opposé sans ambiguïté à la guerre (française en partie) contre le régime libyen en y dénonçant des appétits stratégiques déguisés derrière le masque de la Morale et en prédisant que le résultat serait surtout favorable aux islamistes et au chaos dans le Sahara.

    Il est cependant important de souligner que les causes de la guerre au Mali sont sensiblement différentes de celles de la guerre en Libye, en même temps d’ailleurs que la première est largement une conséquence de la deuxième.

    Au moment où les groupes jihadistes fondaient vers le Sud du Mali, après s’être emparés de Tombouctou et Gao, il y avait 6 000 Français vivant et travaillant à Bamako ! Voilà, à mon sens, ce qu’un président français assumant de manière “normale” les intérêts de la France et la sécurité des Français aurait du simplement affirmer devant les Français pour justifier le déclenchement d’une opération militaire incontestablement unilatérale, et qui ne revêt pas le plus simple appareil de légalité internationale : “Si nous n’intervenons pas, nous n’aurons pas seulement 6 otages dans le Sahel, nous aurons 6 000 otages français à Bamako“. Il y a là, me semble-t-il, une réalité sécuritaire qui s’imposait à tous, et donc quand même à Hollande, pressé par des militaires français qui voyaient l’armée malienne s’effondrer complètement face à la blitzkrieg touareg et jihadiste.

    Ce faisant – et c’est là qu’un basculement sans doute historique s’est produit – la France, par son rôle protecteur, a retrouvé la “valeur ajoutée” qu’elle semblait avoir perdu aux yeux des dirigeants africains. La plupart des dirigeants africains francophones viennent de comprendre, s’ils ne l’avaient pas encore compris, qu’ils sont à la tête de pays non seulement sous-développés économiquement mais surtout fragiles dans leur existence même du fait de leurs contradictions identitaires et du faible degré unitaire de leur État-nation. Et au moment où l’Afrique suscite tous les appétits, chinois, américains, islamiques (car les groupuscules islamistes ne sont que le bras armé de puissants États du Golfe comme l’Arabie Saoudite et le Qatar lesquels veulent prendre par la force les fruits des “arbres à madrassas” qu’ils ont planté depuis des décennies sur le continent africain), ces dirigeants commencent peut-être à comprendre que la France est le dernier État qui, bien qu’ayant aussi des intérêts matériels à défendre, est in fine capable de s’engager pour la défense de leur propre existence historique.

    Le meilleur argument que la France peut mettre en avant pour justifier sa présence en Afrique, c’est le rôle protecteur qu’elle peut avoir pour les Etats africains, lesquels sont sans doute encore trop faibles pour protéger seuls leur souveraineté. Ce rôle protecteur et pacificateur est d’ailleurs en filiation directe avec l’époque coloniale, à la différence notable qu’il s’agit aujourd’hui de prouver aux Africains que le but français n’est pas d’exercer la souveraineté à leur place mais de protéger celle-ci. À côté de cela, on ne voit pas au nom de quel principe d’auto-flagellation, il faudrait s’interdire d’avoir des intérêts économiques et stratégiques, tout comme les autres nombreux acteurs extra-africains en ont : États-Unis, Israël – très fort intérêt dans l’accès aux ressources minérales pour leur industrie de l’armement : il faut lire à ce sujet l’excellent livre de Pierre Péan, Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (Fayard) qui met en lumière l’importance des ressources minérales africaines pour l’État d’Israël, et les fameux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud…), les puissances islamiques comme le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Libye, l’Algérie…

    Voyons à présent ces fameux intérêts matériels que la France peut avoir au Mali et plus largement dans la région

    L’un des premiers intérêts à préserver pour Paris est son exploitation de l’uranium du Niger.

    Le Niger a produit 4 000 tonnes d’uranium en 2011. La World Nuclear Association estime que cela place le Niger entre le troisième et le cinquième rang mondial des producteurs d’uranium. Le Niger représente actuellement 40% de l’uranium importé par Areva en France, groupe qui exploite deux mines dans le pays : Arlit et Akouta, et prévoit d’en exploiter une troisième plus grande encore Imounaren.

    Entre 1971 et 2012, la mine d’Arlit (mine à ciel ouvert) a produit plus de 44 000 tonnes. En 2009 la production était d’un peu plus de 1800 t.

    La mine souterraine d’Akouta a la capacité de produire 2 000 tonnes par an et a déjà produit plus de 55 000 tonnes d’uranium depuis le début de l’extraction en 1974.

    Mais les deux mines n’ont plus que dix à vingt ans de production devant elles et pour la France, l’avenir au Niger repose désormais surtout sur la mine d’Imouraren dont l’exploitation a été approuvée en janvier 2009, après la ratification d’une convention minière liant Areva et le gouvernement nigérien. En décembre 2009, la Kepco (Korea Electric Power Company) a acquis 10% des parts de la mine. N’oublions pas que les intérêts sur l’uranium du Niger sont certes principalement, mais non exclusivement français. Les Coréens du Sud aussi sont présents, et surtout les Chinois qui exploitent la quatrième mine d’uranium du pays (mine d’Azelik qui a donné 700 t en 2011).

    En juin 2012, le président Hollande a rencontré le président nigérien, Mahamadou Issoufou, et a demandé l’accélération de la mise en exploitation, fin 2013, de cette mine géante d’Imouraren. Imouraren est potentiellement la deuxième plus grande mine d’uranium du monde (avec 5 000 tonnes par an). Areva a prévu d’y investir 1,2 milliard d’euros. Son exploitation ferait passer le Niger du 6ème au 2ème rang mondial des producteurs d’uranium, juste derrière le Kazakhstan, pays où Areva est également implantée.

    Mais le problème islamiste retarde de plus en plus la mise en exploitation d’Imouraren. En février 2012, le Ministre nigérien des Mines, Omar Hamidou Tchiana, a révélé que la nouvelle mine d’uranium débutera probablement sa production en 2014, en raison de retards causés par des enlèvements de travailleurs étrangers dans le nord du pays. Ce sont des employés d’Areva qui ont été enlevés par AQMI, ne l’oublions pas, et AREVA doit clairement trouver une solution au problème islamiste.

    Au Mali, l’uranium est aussi un enjeu important pour Areva. La société française essaie d’obtenir, depuis de nombreuses années, les droits d’exploitation d’une mine d’uranium qui se trouve à Faléa (région isolée à 350 km de Bamako vers la frontière du Sénégal et de la Guinée). Dans les années 70, l’ancêtre d’Areva, la Cogema, de concert avec le Bureau de Recherche géologique minière et la SONAREM (Société d’État malienne), avait effectué une prospection mais l’exploitation avait été jugée peu rentable. En 2005, la société canadienne Rockgate a été mandatée par le gouvernement malien afin de forer à nouveau à Faléa. En 2010, les rapports de Rockgate ont conclu que le Mali offrait “un environnement de classe mondial pour l’exploitation de l’uranium” et deux ans plus tard, une société sud-africaine (DRA Group) mandatée par Rockgate à propos de Faléa a conclu que Faléa pourrait offrir une production annuelle de 12 000 tonnes d’uranium,  soit 3 fois la somme des productions des mines nigeriennes d’Arlit et Akouta !

    Prenons un peu de hauteur et nous voyons alors se dessiner ce qui pourrait apparaître comme un formidable corridor stratégique de l’uranium et d’autres ressources minérales sous contrôle français : l’axe Est/Ouest Tchad-Niger-Mali qui désenclaverait ses réserves minérales grâce aux capacités portuaires du Sénégal…

    En ce moment, des groupes (notamment chinois) sont en train de réveiller les vieux tracés ferroviaires de l’époque coloniale française pouvant servir à atteindre les côtes atlantiques.

    Constatons donc que la France a posé ses dispositifs aux deux extrémités (ses avions décollent du Tchad et la Royale accoste à Dakar) de ce corridor saharien stratégique qui est gorgé de réserves minérales.

    Après tout que préférons-nous pour assurer l’indépendance énergétique de la France ? L’uranium saharien (Niger/Mali) et le gaz russe, ou bien les hydrocarbures algérien, qatari et saoudien ?

    N’allons pas trop vite en besogne comme le font certains, Areva n’est pas le cerveau de l’intervention française au Mali – je l’ai dit la décision a été prise en urgence pour éviter une situation dramatique dans laquelle 6 000 Français se trouveraient piégés dans une ville aux mains de jihadistes ultra-radicaux et capables de tout -, mais il est vrai que l’intervention profite aux intérêts d’Areva et ceci pour 2 raisons :

    1) Seule une présence militaire française renforcée dans la zone peut refouler sérieusement (mais pas nécessairement éteindre) le problème islamiste à la périphérie des États alliés (Mali, Niger) et en tout cas loin des zones d’exploitation où il va bien falloir que les ingénieurs et techniciens français puissent revenir en nombre pour travailler. L’intelligence politique de la France serait alors de parvenir à déléguer le “service après-vente” de l’action militaire présente à des composantes touaregs solidement anti-islamistes, faute sinon de voir le coût sécuritaire de l’opération exploser.

    2) Le fait que les gouvernements malien et nigerien aient eu besoin de la France pour défendre leur souveraineté, face à la menace islamiste, met évidemment Areva en position de force face à n’importe quel autre acteur (non seulement les États nigérien et malien mais aussi d’autres groupes privés). La France est désormais l’acteur incontournable de l’équilibre entre Touaregs et Sudistes noirs des États de l’Afrique subsaharienne.

    Realpolitik  par Aymeric Chauprade  http://fortune.fdesouche.com

  • Condamnée pour avoir écrit que les Turcs et musulmans menacent l’Europe

    Condamnée pour avoir écrit que les Turcs et musulmans menacent l’Europe

    MUNICH (NOVOPress via Lionel Baland) – Maria Frank (en manteau blanc sur la photo) est une retraitée de 74 ans qui se trouve souvent dans le centre piétonnier de Munich. Proche du parti Die Freiheit, elle y récolte des signatures pour l’organisation d’une consultation du peuple à propos de la construction d’un grand centre islamique au sein de la ville.

    Dans le cadre d’une manifestation de Die Freiheit (“La Liberté – Parti des Droits Civiques pour plus de Liberté et de Démocratie”) qui s’est tenue le 8 septembre 2012 sur la Rotkreuzplatz (Place de la Croix-Rouge), Maria Frank a fait l’objet d’une plainte des Jeunes écologistes à propos d’un panneau qu’elle tenait lors de la manifestation au sein duquel elle affiche un lien entre le siège de Vienne par les Turcs en 1683 (voir sur Novopress) et la menace actuelle.

    Le panneau contient la phrase ironique « Les Turcs tiraient à cette époque pacifiquement sur Vienne et les troupes alliées [contre les Turcs] des Prussiens, Polonais et Autrichiens étaient des « prénazis » qui ont eu en fait l’audace de se défendre contre les troupes ottomanes. » La phrase qui a conduit à une condamnation suit ensuite sur le panneau : « Maintenant, les Turcs arrogants et les musulmans du monde entier menacent à nouveau l’Europe. »

    Maria Frank est condamnée pour appel à la haine raciale à une peine d’amende de 90 jours à 40 euros, avec sursis probatoire de 3 ans. En outre, le juge prononce l’obligation pour Maria Frank de verser 1.000 euros à Amnesty International. Elle fait appel de la décision judiciaire.

    Précisons que certains organes de presse du système (Süddeutsche Zeitung, Bild-Zeitung, TZ) qui évitent d’habitude de rendre compte de la récolte de signatures réalisée par Die Freiheit se sont fait un plaisir de parler de cette condamnation.

    Si nous traçons un parallèle historique, c’est un peu comme si en 1936, une Polonaise avait tenu un écriteau sur une Place de Cracovie sur lequel est écrit « Les Allemands arrogants menacent à nouveau l’Europe. »

    Crédit photo : DR. http://fr.novopress.info

  • La barbarie à la gueule de Mickey

     

    La barbarie à la gueule de Mickey
    Avec l'arrivée au pouvoir, en 2007, de Sarkozy, la droite a achevé sa mue, et de parti « néogaulliste » - dont l'opposition à l'agression yankee en Irak a fait croire qu'il allait le rester – l'UMP est devenu le clone du parti républicain américain. Les signes n'ont pas manqué de cette confusion, qui n'est pas un simple alignement, mais une véritable fusion idéologique : intégration de l'état major de l'armée française dans le commandement de l'Otan, engagements belliqueux, souvent en pointe, aux côtés des USA, en Afghanistan, en Palestine, en Libye, en Syrie, contre la Russie, contre le Venezuela, contre tout ce qui peut résister au Nouvel Ordre Libéral Mondial, mais aussi emprunt poussé au style d'outre Atlantique, pétri de jeans et de coups de mentons, de références à la morale et à l'éthique du management. On a vu Sarkozy, à l'aise dans ses baskets, le juron aux babines, la syntaxe erratique, l'oreille collée au portable, mâchonnant son chewing-gum, annonçant son mariage dans l'infantile parc Eurodysney, après avoir déversé son cœur glamour lors d 'une solennelle conférence de presse présidentielle, aussi au fait des civilités qu'un porcelet élevé dans une basse cour, ne dédaignant pas de joindre les mains pendant la messe, comme Goupil, de se prosterner patriotiquement devant le monument du Vercors, de hausser la voix contre la racaille, les terroristes, les islamistes, de grimacer face à une immigration massive finalement dangereuse pour le pays, mais pas pour l'économie etc. L'esthétique, on l'aura compris, n'est pas à dédaigner dans ce siècle d'images : on retrouve, comme aux Etats-unis le leader entouré de visages représentatifs de la population, le gros plan émotionnel, l'expression aussi soulignée que dans une série télévisée, la grandiloquence emphatique, qui cache le vide.

    Car tout n'est que dans la forme mimétique de sous-américain singe de son maître, courtisanesque zèle de premier de la classe collabo.

    En face, on imite l'imitateur, mais dans ce rôle burlesque de couples de comiques que notre enfance a appréciés, les Laurel et Hardy, les Vladimir et Estragon, les Dupont Dupont. Quand l'un exprime son humeur, l'autre en rajoute, quand l'un rit, l'autre pleure, et les deux s'entremêlent les pinceaux pour divertir la galerie.

    On trouvera aussi à gauche cette tonalité hollywoodienne et mélodramatique que la télévision s'efforce de transfuser en Europe, ces visages en plan rapproché couronnant les discours ronflants, les déclarations emphatiques sur le Bien et sur le Mal, les poncifs et le jargon, les enfumages idéologiques qui ancrent la classe politique dans cet univers sucré et corrosif qu'est l'Occident.

    Lorsque Segolène avait, durant sa campagne de 2007, malencontreusement fait référence à Blair, qui envisageait la constitution d'un grand parti démocrate coiffant les deux rives de l'Atlantique, d'aucuns lui en avaient tenu rigueur. Maintenant, c'est fait, les esprits sont mûrs, Terra nova soit loué. Pourquoi se cacher ? Le socialisme de grand papa est mort, et vive le marché ! Dans un savant équilibre avec le partenaire de spectacle, on va jouer la sonate à deux mains des lendemains qui vendent.

    Et comme aux USA, on a chez nous les répliques des mouches du coche. A l'inévitable candidat de la gauche du parti démocrate répond le Front de gauche et ce qui reste du lamentable parti communiste de moins en moins français. Et à droite de l'UMP, on a toute une galaxie d'associations, de groupes, de sites et de personnalités qu'on appellera sans mal « libertariens », Boutin, Fdesouche, Réplique laïque, le SIEL, le Collectif Famille Mariage etc., tous plus ou moins liés à des lobbys américains.

    Le livre de Laurent Obertone, France orange mécanique, qui, paraît-il, connaît un grand succès, donne le la de la fanfare néocon. Son pamphlet, censé décrire une France à feu et à sang, ameute les peurs, comme dans tout bon navet propagandiste. On enfile les anecdotes horrifiantes tout en enfonçant les portes ouvertes de la rhétorique droitière. Oui, les « jeunes », c'est la racaille, oui, les « incivilités », c'est la délinquence pure et dure, oui, la « diversité », c'est la horde des envahisseurs. Ah ! Ces médias qui nous mentent ! Sauf que ces euphémismes et bobards sont éventés depuis belle lurette, par la vertu d'émissions comme la très libérale C dans l'air, grâce à la prose hystérique de Finkielkraut, de Glucksmann, de Roufiol, de Zemmour, etc.

    Quelle est la stratégie de ceux qui attendent avec fébrilité, comme dans un compte à rebours haletant, le basculement de la société européenne dans le Grand Marché transatlantique, prévu pour 2015 ?

    La forme étant aussi importante que le fond, il faut bien sûr imprégner les cerveaux de valeurs bien formatées, et persuader que tout, finalement, n'est qu'une question de remise en ordre. L'immigration massive n'est pas tant visée (économie libérale oblige) que l'islamisme, tout immigré étant présumé intégriste, voire terroriste. L'urbanisation sauvage et triomphante de la postmodernité n'est pas honnie en tant que telle (c'est quand même le progrès!) mais les dérives d'une population qui n'a guère abandonné les réflexes de ses ancêtres les cannibales ou les haschischins. Le mariage homo n'est pas tant houspillé pour ce qu'il révèle de distance par rapport aux principes métaphysiques traditionnels que pour son encouragement au vice. Les agressions contre les chrétiens, ici ou là, ne sont pas condamnées au nom d'un christianisme qui, s'il était pris au mot, serait sans doute plus proche d'un islam authentique que d'un laïcisme consumériste, mais parce que c'est la « civilisation blanche » qui est attaquée. Les barbaries d'au-delà de la Méditerranée sont ainsi importées sur les bords de la Seine et de la Loire, augurant d'un avenir de sang et de terreur, mais les bombardements ciblés de drones vertueusement tus.

    Ces fantasmes, pour autant qu'ils ne sont que l'amplification outrageuse de réalités qu'il faudrait remettre à leur place et relativiser, ont leur écho dans la perfide politique, à géométrie variable, des hommes de partis et de gouvernements, quels qu'ils soient, qui ont manié la chèvre et le chou, rejetant un jour le communautarisme, et l'encourageant un autre. Par delà les intérêts électoralistes, désormais non négligeable au vu de l'importance du vote de la « diversité », c'est en tant que caisse de résonance du « choc des civilisations » que vaut ce tintamarre politico-policier. Les péripéties fomentées par un terrorisme que l'on voudrait omniprésent servent d'aliment à tous les leurres idéologiques.

    Le ministre de l'intérieur possède, en l'occurrence, une force de frappe idéologique non négligeable, car par la gesticulation policière, il désigne l'ennemi. Davantage que la rhétorique « antiraciste », de moins en moins efficiente (et remplacée par la lutte, plus économiste, contre les discriminations dans le travail), c'est cette pantalonnade répressive qui est désormais la vérité du régime. Il faudra que les fils d'immigrés, une fois que le travail de sape de la société française aura produit tous ses effets, s'aperçoivent un jour qu'ils ne sont plus que des serfs corvéables et taillables à volonté, comme les Français de souche, à égalité, qui les auront rejoint sur ce terrain. La France sera devenue alors le Maroc, non parce qu'il y aura eu une « substitution majeure de population », mais parce que nous serons aussi pauvres et exploités que dans le royaume chérifien, grâce aux exploits du mondialisme marchand.

    En attendant, toutes ces empoignades prétendument « civilisationnelles » ont leur rôle. Lorsqu'en été la gauche a voté le Pacte de stabilité budgétaire européen, tant souhaité par Sarkozy, Valls a lâché ses forces spéciales contre les auteurs d'une pétarade, coupable d'avoir perturbé le commerce tranquille d'une boutique kascher. Le bruit de la balle qui tua un « terroriste » pouvait cacher la félonie de nos parlementaires. Dernièrement, les danses de cabris qui ont orné le vote de la loi homo, que la gauche considère comme un grand pas pour l'humanité, ont attiré les regards loin des négociations relatives au code du travail, qui ont abouti à l'enterrement des acquis initiés par le Conseil national de la Résistance, lequel avait offert, en 1945, une vision sociale et humaine à la France. Et notre ministre sécuritaire de promettre que ce démantèlement sera protégé : les services de renseignement et les forces de l'ordre veillent autour des usines où la colère gronde...

    Tout ce remue ménage tous azimut montre bien qu'il est nécessaire, pour l'oligarchie, de voiler et d'assourdir tout ce qui pourrait s'apparenter à un discours de vérité, ou à la vision crue de sa domination.

    Nous sommes parvenus au point crucial de notre destin, non seulement en tant que Nation, mais aussi comme des êtres humains voués à une vie décente devant l'abîme de leur déchéance. La vérité du système, c'est l'esclavage. Un asservissement que, comme dans le fameux roman de George Orwell, 1984, on tente de travestir en liberté. Liberté, en fait, d'être un chômeur à qui l'on abandonnera momentanément, comme des miettes, le droit de bosser à des conditions défavorables, à qui on enserrera le cou des chaînes de la nécessité économique, et à qui on coupera la langue s'il dit que le roi est nu. Et à cet esclave qu'on voudra consentent, parce qu'il aura chance de jouir dans le paradis dysneylandisé de Mickey, on commandera qu'il soit heureux.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com