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international - Page 1067

  • La Libye aussi a son après-Sarközy

    Un lecteur nous transmet la dernière analyse publiée par Bernard Lugan sur son site l'Afrique réelle.

    Elle se termine par les constats et interrogations suivants.

    "Quand cela sera fait, il sera alors possible de tirer au clair les curieuses relations que la France de Nicolas Sarkozy entretenait avec les miliciens de cette ville (Misrata, NDPC), eux qui, le 20 octobre 2011, lynchèrent le colonel Kadhafi après l’avoir sodomisé avec une baïonnette, eux qui coupèrent les mains de son fils Mouatassim après l’avoir émasculé et après lui avoir crevé les yeux. Eux qui, auparavant, et alors que Misrata allait tomber aux mains des partisans du colonel Kadhafi, furent sauvés par la seule véritable intervention terrestre directe de l’armée française. L’insolite sollicitude de la France se poursuivit étrangement après la guerre. C’est ainsi qu’Omran Ben Chaaban Osman, un des assassins du colonel Kadhafi, célèbre pour avoir paradé sur le net, le révolver du colonel  à la main, est mort dans un hôpital militaire parisien. Blessé et enlevé par des fidèles du colonel Kadhafi, il fut torturé avant d’être libéré aux termes de ténébreuses tractations. Or, ce fut aux frais du contribuablefrançais que cet assassin fut transporté à Paris par avion sanitaire pour y être soigné. Pourquoi ?

    Avec les actions entreprises par le général Hafyar et par le colonel Fernana, une alternative politique nouvelle peut-être plus solide que celle née du « cirque » électoral de l’année 2012 est-elle en train de naître ? Il est naturellement trop tôt pour le dire, mais elle peut constituer un espoir dans un pays dévasté par l’inexplicable guerre que Nicolas Sarkozy et BHL firent au colonel Kadhafi."

    Malgré ce genre de méfaits, entre bien d'autres turpitudes, d'aucuns en appelleraient au retour de "Nicolas" en 2017. Cherchez l'erreur.

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    Paula Corbulon

  • Le traité transatlantique TAFTA, un piège mortel pour l’Europe

    Après un étrange et durable mutisme, la grande presse commence enfin à s'intéresser à l'accord en gestation pour un Grand Marché Transatlantique (GMT). Difficile d'ailleurs de continuer à se taire à quelques mois de la date théorique de conclusion d'un accord dramatiquement historique pour l'Europe puisque ce traité, quel que soit le nom dont on l'affuble, Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA) ou Transatlantic Trade and Investment Partnership (l'HP), est un Accord de Partenariat Transatlantique (APT) dont l'entrée en vigueur est prévue pour 2015, étape supplémentaire et décisive dans la marche forcée au Nouvel Ordre Mondial dans laquelle nous voici entrainés bien malgré nous.

    Il ne s'agit, ni plus ni moins que de soumettre les nations composant l'Union européenne et les États-Unis à une standardisation des normes et législations de nature à faciliter un libre-échangisme absolu sous peine de lourdes sanction financières pour les États contrevenants.

    Normes tarifaires, sociales, sanitaires, environnementales, agricoles, liées à la sécurité alimentaire, aux médicaments, rien n'échappera au grand nivellement aligné sur le mieux-disant ultra-libéral et dans le strict intérêt financier des entreprises multinationales. L'hyper-classe joue gros puisque l'enjeu n'est rien moins que la formation d'un bloc euro-atlantique de 800 millions de consommateurs - parmi les plus riches de la planète - et, à terme, l'imposition des normes américaines à l'ensemble du monde.

    D'ailleurs, l'opacité des négociations témoigne à elle seule du mauvais coup en préparation car, comme à chaque trahison des intérêts des peuples européens, la plus grande discrétion a prévalu jusqu'à ces dernières semaines. Un petit groupe de hauts fonctionnaires européens jamais élus par quiconque, sous la férule de Karel De Gucht, commissaire européen au commerce (accusé de fraude fiscale pour une opération financière menée avec son épouse et leur ayant rapporté 1,2 million d'euros), négocient en direct avec les représentants des plus grandes entreprises transnationales américaines et un certain nombre d'organisations au nombre desquelles le Dialogue économique transatlantique (Trans-Atlantic Business Dialogue, TABC), le Transatlantic Policy Network (TPN), le Transatlantic Business Concil (TBC) et l'Association européenne des patrons Business Europe à laquelle appartient le MEDEF. Ces négociations devraient durer jusqu'à fin 2014 et sans doute jouer les prolongations à mesure des divergences et aménagements du traité.

    Cet accord lourd de menaces pour notre économie et nos emplois ne représente cependant rien de bien nouveau sous le soleil puisqu'un projet d'accord multilatéral sur l'investissement (AMI) avait été négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le tumulte causé par la révélation du projet fit reculer ses instigateurs mais la résurgence du projet prouve bien que ses promoteurs ne désarmèrent jamais et poursuivent inlassablement la même finalité et les mêmes lubies depuis une vingtaine d'années. Le projet d'accord de partenariat transatlantique (APT) négocié en catimini depuis juillet 2013 par les États-Unis et l'Union européenne, n'a donc rien d'une nouveauté et se contente, ni plus ni moins, de reprendre l'essentiel de l'accord mort-né. Il envisage la soumission des législations, normes et politiques nationales aux seules règles du libre-échange, sans frein d'aucune sorte. Un demi-siècle après le « jouissons sans entrave » des soixante-huitards, voici donc le « commerçons sans entraves » de ses héritiers. Il s'agit en effet, pour faire simple, de l'ultime étape du libéralisme économique absolu entre deux blocs liés par un traité bilatéral qui, s'il venait à être entériné, sonnerait le glas du multilatéralisme auquel la France a toujours été attachée. Un accord dont le contenu reprend des règles fixées par les grands décideurs des entreprises multinationales au seul bénéfice desdites multinationales. C'est l'éviction formalisée du politique au profit des marchands.

    Peu importe pour ses concepteurs la couleur politique des gouvernements élus ici ou là à la tête des nations européennes puisque, comme nous allons le voir leur pouvoir résiduel ne pourrait en aucun cas s'opposer aux mesures de libéralisation intégrale des échanges entre elles et les États-Unis. Qu'ils soient qualifiés de droite ou dits de gauche, du centre ou d'ailleurs et quel que soit le jeu des alternances de façade, aucun d'entre eux ne pourrait s'opposer à la loi économique des groupes industriels et bancaires multinationaux, ni légiférer la moindre mesure défavorable à leur business sans subir de lourdes pénalités financières.

    Nos éminences verbeuses en seraient alors réduites, plus encore qu'aujourd'hui, ce qui n'est pas peu dire, à un pauvre jeu de rôle destiné à duper les derniers naïfs, espèce en voie (trop) progressive de disparition si l'on en juge à l'augmentation continue de l'abstentionnisme.

    Des arguments fallacieux au service d’une manipulation de grande ampleur

    Selon ses concepteurs, le traité transatlantique est supposé induire une harmonisation des normes en vigueur, supprimant ainsi les discordes commerciales et les diverses contraintes de type juridique, normatif ou politique et avancer tout au contraire vers une convergence des normes dont l'essentiel nous serait imposé par le moins disant, c'est-à-dire les États-Unis. Il s'agirait, selon eux, d'unir l'hémisphère occidental dans un cadre politique commun et d'aboutir ainsi à la formation d'un bloc euro-atlantique.

    Comme chaque fois qu'il s'agit de dépouiller un peu plus les nations européennes de leur souveraineté et de les assujettir à des pactes et traités décidés sans elles, les technocrates à leur origine usent et abusent d'arguments fallacieux destinés à endormir nos concitoyens. Il s'agit toujours bien entendu de les frapper à leur point le plus sensible : le porte-monnaie.

    Ainsi, sans apporter le moindre début de démonstration, les promoteurs de l'accord nous affirment qu'il rapporterait entre 86 et 119 milliards d'euros par an à l'économie européenne et de 65 à 90 milliards au États-Unis. Comment ? Par quels moyens ? Selon quels mécanismes ? Nous n'en saurons rien.

    Plus étonnant encore, dans la série « demain on rase gratis », les revenus des ménages européens    augmenteraient de 545 euros par an d'ici 15 ans (2027). On s'inclinera ici devant la précision horlogère, à l'euro près, d'éminents spécialistes n'ayant jamais anticipé la moindre crise économique et incapable de prévoir la conjoncture à un ou deux ans. Rien de neuf puisque déjà en 1988, l'OCDE promettait cinq millions d'emplois grâce à la mise en place du grand marché européen prévu pour 1992. On sait ce qu'il en est advenu et d'ailleurs aucun traité européen ou autre n'a jamais soutenu la croissance, ni maintenu l'emploi, bien au contraire...

    De fins analystes évoquent également quelques dixièmes de point de PIB supplémentaires, à terme entre 0,27 et 0,48 % et même de 0,01 à 0,05 point par an dès les premières décennies. Et, comble du comble, les même bonimenteurs et là cela devient franchement hilarant, promettent un surcroît de richesse de trois centimes par jour et par habitant en 2029. Voir ces analystes, incapables de prédire l'inflation de l'année prochaine, ni la moindre déflation économique des trois années à venir, nous assurer avec autorité un enrichissement de nos concitoyens de trois centimes par jour dans quinze ans ne manque vraiment pas de sel.

    Le règne de big brother

    L’affaire Snowden a révélé l'ampleur de l'espionnage pratiqué par l'agence nationale de sécurité américaine (National Security Agency, NSA) sur l'ensemble du monde. La classe politique avait alors feint une indignation, assez molle d'ailleurs et peu crédible, faisant mine de découvrir ce que nul n'ignorait dans les milieux du renseignement. Si leur indignation était sincère, ils s'arcbouteraient aujourd'hui avec la dernière énergie contre la prétention des géants américains d'Internet d'imposer dans l'accord transatlantique une libre captation au profit des États-Unis des données numériques personnelles de centaines de millions d'Européens. À l'aune de cette volonté d'éradiquer les derniers remparts de la protection des données privées, les révélations effarantes de Snowden et ce que prévoit l'accord en matière d'échanges de données privées feront bientôt passer « Le meilleur des mondes » pour une bien innocente fable. Big Data, instrument de Big Brother, au service de l'Empire, permet aujourd'hui, techniquement parlant, la traçabilité absolue de l'ensemble des données et échanges numériques dans le monde. Si TAFTA venait à être signé, que vaudraient alors les actions de la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) dont les pitoyables moulinets ne serviraient sans doute même plus à donner le change. Leurs anodines déclarations lors de la révélation du piratage mondial mené par la NSA n'ont certes pas de quoi rassurer. Se contentant d'évoquer une « exigence de transparence au niveau des États » et une charte mondiale informatique et libertés, la commission n'a visiblement pas les moyens d'intimider les négociateurs du traité transatlantique...

    Un recul sans précédent du système de protection sociale

    L'accord transatlantique entend statutairement abaisser le niveau des normes et règles constituant autant d'entraves à la liberté absolue du commerces. Constitutionnelles, légales, réglementaires, chaque texte protecteur représente un obstacle à la boulimie des grands groupes industriels et leur soif de profits. Le contrat à durée indéterminée, le Code du travail, le SMIC, l'interdiction du travail le dimanche et l'ensemble du système de protection sociale français représentent, à des niveaux divers, autant de handicaps que les ploutocrates rêvent d'abolir au plus vite. Il suffit d'entendre les discours de leurs affidés pour s'en convaincre. Les déclarations d'un Pascal Lamy, par exemple, ancien directeur de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) valent, à ce titre, beaucoup plus instructives que de longs discours.

    Selon le troublant José-Manuel Barroso, le controversé président de la Commission européenne, « 80 % des gains économiques attendus de l'accord viendraient de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie ». Va pour la bureaucratie mais la remise en cause du « fardeau réglementaire » devrait inquiéter au plus haut point l'ensemble de nos concitoyens et tout particulièrement les acteurs du dialogue social. Il apparaît clairement que les négociations devraient aboutir à une harmonisation progressive des réglementations, des règles et des normes vers le moins-disant américain. Cette orientation régressive explique évidemment les récentes reculades du modèle social français. De l'Accord national interprofessionnel (ANI) à la remise en cause récurrente du salaire minimum (SMIC), le dénigrement permanent du droit du travail français, la remise en cause du repos le dimanche et tant d'autres reculs dans le domaine du dialogue social, de son financement et de ses prérogatives, l'ensemble des modifications dans ce domaine procèdent de la régression et de l'abaissement, conformément à des directives dont la classe politique se garde bien de révéler l'origine. La passivité inquiétante de nos contemporains connaitra-t-elle des limites avant le parachèvement du grand dépouillement ?

    Un abaissement généralisé des normes

    La négociation en secret d'un traité de libre-échange avec les États-Unis réduisant drastiquement le pouvoir des gouvernements européens au profit des multinationales aura pour conséquence immédiate l'abaissement des barrières non tarifaires (BNT) qu'il s'agisse des normes écologiques et sanitaires européennes en vigueur. Cette dérégulation engendrera immédiatement l'arrivée massive sur le marché européen des tous les pires produits à bas coût de l'agro-business américain. Ce sera l'invasion dans nos étals par le bœuf aux hormones, les carcasses de viande aspergées à l'acide lactique dont l'excès dans l'organisme provoque une altération métabolique irréversible du système nerveux central. Puis ce seront les volailles lavées à la chlorine (eau de Javel), méthode interdite en Europe depuis 1997 mais que tente de nous imposer Bruxelles pour complaire à ses interlocuteurs nord-américains. En France, le choix a toujours été fait d'assurer plutôt un contrôle strict tout au long de la chaîne d'élevage et de production plutôt que de pratiquer cette désinfection agressive et toxique mais moins coûteuse au stade final de la production. Le consommateur européen se verra aussi imposer, sous peine de sanctions financières, le porc à la ractopamine, substance interdite dans 160 pays dont la Chine, la Russie et l'ensemble des pays européens.

    En ce qui concerne les barrières tarifaires, les négociateurs du projet d'accord se gardent bien d'évoquer les conséquences de la suppression des droits de douane, notamment sur l'agriculture française. Si l'on tient compte d'un euro surévalué d'environ 15 % par rapport au dollar, il s'ensuivra, mécaniquement, une chute des exportations, un effondrement de la rémunération des agriculteurs et l'industrialisation accélérée de l'agriculture française et européenne. Sans parler de l'arrivée massive en Europe du soja et du blé américains. Pour le reste de l'activité, ce sont d'ailleurs la plupart des productions européennes qui, par instinct de survie, se verront contraintes à la délocalisation.

    Demain, si par malheur l'accord de partenariat transatlantique venait à être ratifié, ses clauses permettraient aux entreprises multinationales et même à n'importe quelle société privée de traîner devant un tribunal d'exception les États ou collectivités territoriales dont la législation évoluerait dans un sens jugé défavorable à leurs intérêts ou limitant leurs bénéfices. Comble de l'arbitraire, les différends seraient arbitrés de façon tout à fait discrétionnaire par des juges et experts choisis en dehors de toute juridiction publique nationale ou régionale. Les jugements rendus, condamnant les États contrevenants à des dizaines, voire des centaines de millions de dommages et intérêts, ne pourraient donner lieu à aucun appel. La haute finance débridée, libérée de toute contrainte, pourrait ainsi achever de mettre à genoux les nations pour le profit que quelques dizaines d'entreprises multinationales.

    Les collabos de tafta

    Un projet d'une telle ampleur bénéficie forcément de soutiens puissants, lovés au plus haut niveau du système politique, médiatique, économique et bancaire sans lequel il ne pourrait imposer son implacable dictature aux gouvernements et peuples européens. Ces soutiens bénéficient de réseaux et de zélés propagandistes dont les boniments se veulent rassurants. Ainsi, le quotidien La Tribune titrait le 28 avril 2014 « Le plus gros risque serait de ne pas conclure ». Que pouvait-on attendre d'autre de ce journal économique successivement passé des mains d'Alain Weill au groupe LVMH, champion mondial incontesté du produit de luxe ? La Tribune demeure la gazette préférée des thuriféraires du capitalisme le plus débridé et ne manque jamais une occasion de prêcher à temps et contretemps un ultra-libéralisme favorable aux grands intérêts. La même feuille récidivait le 21 mai dernier en titrant « Les Français approuvent le partenariat transatlantique... sur le principe », laissant ainsi entendre qu'il ne subsiste que quelques réserves de pure forme.

    Outre-Manche, le Premier ministre britannique David Cameron affirmait, sans d'ailleurs rien justifier, ni démontrer, que TAFTA permettrait de créer deux millions d'emplois aux États-Unis et dans l'Union européenne. Même si cela ne semble pas en rapport direct avec le sujet, il reste quand même permis de douter de la sagacité et de la clairvoyance du chef de gouvernement d'une nation dont la capitale est à ce point submergée qu'elle ne compte plus qu'environ 40 % de Britanniques de souche. Quel crédit peut-on accorder à des oracles de cet acabit ? Inutile de préciser, mais précisons-le quand même, qu'Angela Merkel, ultra-libérale et chantre de la régression sociale, applaudit des deux mains et s'avoue très favorable au traité. Quant à notre pauvre président, François Hollande, lui qui n'avait jamais pris la peine d'évoquer le sujet du traité en dépit de ses promesses pré-électorales de transparence, ni même de sourciller lors de la réintégration de la France dans l'Otan, il en appelle tout simplement à l'accélération du processus de validation du traité. Le 11 février 2014, surpassant ainsi les eurolâtres les plus béats et les mondialistes patentés, il déclarait, lors de sa visite à Washington que « Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu'il y aura une accumulation des peurs, des menaces, des crispations ».

    Après les révélations de Snowden sur le flocage mondial mené par la NSA, un président normal et surtout normalement courageux eut dû mettre immédiatement un terme à tout échange sur le sujet et claquer dignement la porte au nez des margoulins yankees.

    L’avant-dernière étape avant l’instauration du nouvel ordre mondial ? 

    Après la signature des différents traités transnationaux dont celui d'Europe-Canada, le traité transatlantique, s'il venait à être validé, entraînerait à terme l'unification législative, normative et commerciale de nations représentant 40 % du PIB mondial, ce qui constituerait une ligne de fracture divisant le monde en deux gigantesques blocs. L'addition du périmètre de l'accord transatlantique avec celui de l'accord trans-Pacifique représenterait alors 70 % du commerce mondial. À ce niveau de concentration, qui pourrait à moyen terme renâcler à l'annonce de l'adoption du dollar comme monnaie unique, éventuellement précédée d'une monnaie "transatlantique" provisoire ? Les États-Unis, surendettés au-delà du raisonnable et en perte de vitesse économique, en butte à, l'agressivité concurrentielle du bloc asiatique et notamment de la Chine, jouent le tout pour le tout dans cet accord transatlantique destiné à dépecer l'Europe pour, croient-ils, sauver ce qui peut l'être de leur suprématie. Le messianisme fou de certains gambade déjà dans l'après-TAFTA, lorsque s'imbriqueront entre eux les accords signé entre les USA et l'Amérique du Sud, l'accord avec le Canada, l'accord trans-Pacifique, celui de l'Union africaine et quelques autres. L'avènement de la gouvernance mondiale et le culte du Veau d'or ne seront alors plus bien éloignés et les peuples asservis n'auront plus alors qu'un seul maître, impitoyable et planétaire : l'argent.

    Arnaud RAFFARD de BRIENNE Rivarol du 30 mai 2014

  • Alain Soral : commentaires de l’actualité – Mai 2014

    Alain Soral commente l’actualité politique française et internationale, puis présente les nouveautés, éditées et distribuées par Kontre Kulture, pour le mois de mai 2014.

    Commentaires de l’actualité :

    Hommage à l’employé de la librairie Decitre ; soutien à Marion Sigaut, lâchée par Nicolas Dupont-Aignan ; vidéos du mois : pourquoi c’est si lent ?! ; Finkielkraut académicien ; Poutine contre le Nouvel Ordre mondial ; la lutte contre la « haine » : vers la dictature.


    Conseils de lecture :

    Source: KontreKulture

  • Affaire BNP Paribas: quelles réponses au « pressing » yankee?

    François Hollande, «l’ennemi de la finance » comme il le proclamait lors de sa campagne présidentielle, a fait savoir qu’il entendait faire comprendre à son homologue américain, Barack Obama, que la pénalité de 10 milliards de dollars dont la justice américaine  menace  BNP Paribas -montant révélé par anticipation par  le Wall Street Journal- est totalement excessive. Une amende qui frapperait la banque française à qui est intimée par les juges américains de plaider coupable pour avoir enfreint l’embargo sur l’Iran, Cuba et le Soudan. Avec une sécheresse comminatoire assez humiliante, M. Obama a aussitôt rappelé, avant même leur entretien, qu’il n’intervenait pas dans les affaires de la justice de son pays, comme le lui interdit en effet  la constitution des Etats-Unis…

     Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, interrogé sur RTL vendredi, a déclaré que le gouvernement entendait  ramener Oncle Sam à de meilleurs sentiments. Et ce,  en expliquant que l’intransigeance de la justice  yankee pourrait avoir des «conséquences négatives» sur les négociations en cours du  Grand marché transatlantique, autrement baptisé traité de libre échange entre Etats-Unis et Union européenne (TTIP).

     Selon différentes sources, les estimations  de l’amende exigée à BNP Paribas se chiffrait jusqu’alors à environ 4 milliards de dollars. Somme déjà énorme, a fortiori si on la compare à la pénalité infligée à HSBC (1,9 milliard de dollars), accusée de complicité de blanchiment, ou encore à celle, autrement plus mesurée dont avait écopé une autre banque britannique, laStandard Chartered Bank (670 millions de dollars), pour violation de l’embargo contre l’Iran.

     Aussi, Le Monde souligne l’évidence quand il relate que « même si M. Obama n’a pas de moyens de pression sur la justice, la sanction envisagée témoigne d’une agressivité telle qu’elle en devient politique ».

     Mais le quotidien de référence bascule aussitôt dans la propagande eurogaga la plus crasse quand il explique dans la foulée que «cette actualité devrait amener lescontempteurs français de l’euro à réfléchir – surtout dans la très patriotique famille souverainiste. Car l’affaire BNP Paribas n’existerait pas, ou seulement à un moindre degré, si le dollar n’était pas la seule grande monnaie des échanges internationaux. Ce n’est pas le dernier enseignement de cette riche histoire ».

     Ladite affaire n’est en effet en rien une preuve  irréfragable  de la légitimité et de la validité de l’euro monnaie unique, qui nous affaiblit, nuit à notre compétitivité,  non adapté aux réalités économiques de la très grande majorité des pays européens ,  en lieu et place  d’uneuro monnaie commune, respectueuse de notre souveraineté monétaire.  C’est ignorer aussi la soumission  structurelle  de l’UE (largement une création américaine) et des instances bruxelloises à Washington, dont ils existent mille preuves concrètes.

     Au-delà des effets de manche, nous attendons toujours la manifestation effective, autrement qu’à la marge, d’une volonté d’émancipation politique et d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis de nos dirigeants euromondialistes.  

    Jean-Pierre Chevènement le notait tout comme nous fin mai, « L’alliance avec les Etats-Unisou même plus largement des accords de rapprochement avec certaines de leurs grandes firmes, dans des secteurs vitaux comme l’énergie, n’ont de sens que sur la base du respect de l’indépendance de la France ».

     Bruno Gollnisch compte bien  interpeller les dirigeants européistes sur cette  affaire BNP Paribas qui génère des questions essentielles : « est-il légitime qu’un embargo décrété unilatéralement par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique s’impose dans le monde entier, et notamment aux activités de la filiale suisse d’une banque française ? ».

    «Dans l’affirmative, cette surprenante prétention est-elle fondée sur quelque norme de droit international, coutumière ou conventionnelle, reconnue, soit universellement, soit du moins par les nations européennes ? ».

    « Dans la négative», quelles mesures les instances bruxelloises comptent-elles  prendre «pour s’opposer, sur le plan diplomatique et juridique, à ce qui apparaîtrait comme une confiscation dépourvue de toute légitimité, et, en cas d’échec, à quelles rétorsions il compterait procéder pour en assurer la compensation ? ».

    Dans l’attente de réponses…

    http://gollnisch.com/2014/06/06/affaire-bnp-paribas-quelles-reponses-au-pressing-yankee/

  • Pierre Hillard décrypte les événements ukrainiens dans le contexte du nouvel ordre mondial

    Dans un décor chaotique berlinois, nous retrouvons Pierre Hillard, spécialiste des questions géopolitiques, qui livre à son public un décryptage des événements ukrainiens.

    Retrouvez Les chroniques du mondialisme de Pierre Hillard sur www.livres-et-idees.com

  • C’est aussi notre crime !

    "jusqu’à 3000 morts on vous couvre" avait dit en avril le président Obama à son poulain Oleksandr Turtchinov arrivé au pouvoir en février, grâce à la force et la CIA. Mais voilà, lorsque, à la tête de sa meute de soudards du Maïdan, tel un chien de chasse partant récupérer le gibier tiré par son maître, le toutou Turtchinov est tombé sur l’os du Donbass...

    Car voilà 40 % des habitants de l’Ukraine sont russophones et n’ont pas voulu jouer le rôle du gibier offert sur un plateau aux ploutocrates de Bruxelles. Et lorsque les bandéristes (référence à Bandera, collaborateur nazi et référence politique du pouvoir), ede Kiev se sont en tête d’ostraciser stupidement ces populations en interdisant leur langue, leurs centres et médias culturels elles ont réagi immédiatement. Ce fut la Crimée d’abord, qui referma une courte parenthèse ukrainienne de 60 ans et retourna dans le giron de la mère patrie, puis les peuples du Donbass, la région économique la plus importante réclamaient simplement une fédéralisation politique garantissant leur identité...

    En réponse Tourtchinov leur a envoyé chars et avions de combat pour écraser leurs légitimes et naturelles prétentions dans le sang, les métamorphosant les calmes fédéralistes en séparatistes audacieux

    Voilà où nous en sommes après 1 mois d’opération punitive :

    - Des dizaines de civils tués sous les bombardements à Slaviansk, Kramatorsk, Donetsk et maintenant Lugansk depuis le 23 avril 
    - Des dizaines de civils piégés, massacrés puis brûlés à Odessa le 2 mai 
    - Des dizaines de civils mitraillés dans les villes du Donbass par des nervis et des soudards ouvertement néo-nazis (allez sur leur site si vous ne me croyez pas) 
    - Des enfants visés en priorité (avant hier à Slaviansk, ont été bombardés 1 orphelinat, 1 école et 1 jardin d’enfant)

    Ces crimes contre l’humanité et ces crimes de guerre ont pour objectif d’écraser un peuple, de s’emparer de son territoire pour y implanter les intérêts de l’UE et les bases militaires de l’OTAN. Ce n’est pas moi qui le dit ce sont les dirigeants occidentaux eux mêmes !

    Elle s’appelait Inna Koukouroudzka, née le 18 juillet 1966 mariée et mère de Marina et Irina. Le 2 juin 2014, à Lugansk l’Union Européenne a commandité son lâche assassinat

    La suite sur Tradition

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?C-est-aussi-notre-crime

  • Union transatlantique : Une offensive en passe de réussir

    L’idée n’est pas nouvelle. Elle figurait déjà dans le projet d’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les Etats membres de l’OCDE, et elle fut l’une des causes essentielles de son rejet, suite à la décision prise par Lionel Jospin de lui retirer le soutien de la France. De ce point de vue, le TTPI peut être considéré comme une « version modifiée de l’AMI ». 

         Il semble que cette fois-ci, l’offensive soit en passe de réussir. Un mécanisme de ce type a déjà été intégré à l’accord commercial que l’Europe a récemment négocié avec le Canada (CETA). Les firmes multinationales se verraient donc conférer un statut juridique égal à celui des Etats ou des nations, tandis que les investisseurs étrangers obtiendraient le pouvoir de contourner la législation et les tribunaux nationaux pour obtenir des compensations payées par les contribuables pour des actions politiques gouvernementales visant à sauvegarder la qualité de l’air, la sécurité alimentaire, les conditions de travail, le niveau des charges sociales et des salaires ou la stabilité du système bancaire. Dans les faits, le recours à des arbitres privés pour régler un différend entre un Etat et un investisseur ne pourra évidemment que dissuader les Etats de maintenir des services publics, de continuer à protéger les droits sociaux et à garantir la protection sociale, ou de chercher à contrôler l’activité des multinationales. La justice serait rendue au profit de la Banque mondiale et de son Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), sans que soit pris en compte les intérêts des pays et des peuples. La capacité des Etats à légiférer étant ainsi remise en question, les normes sociales, fiscales, sanitaires et environnementales, ne résulteraient plus de la loi, mais d’un accord entre groupes privés, firmes multinationales et leurs avocats, consacrant la primauté du droit américain. On assisterait ainsi à une privatisation totale de la justice et du droit, tandis que l’Union européenne s’exposerait à un déluge de demandes d’indemnités provenant des 14 400 multinationales qui possèdent aujourd’hui plus de 50 800 filiales en Europe. 

         Grâce à des mécanismes de ce genre, des entreprises étrangères ont déjà engagé des poursuites contre l’augmentation du salaire minimum en Egypte, ou contre la limitation des émissions toxiques au Pérou ! La multinationale Lone Pine a demandé au gouvernement canadien de lui accorder 250 millions de dollars de « réparations » pour les profits qu’elle n’a pu réaliser à cause du moratoire sur l’extraction du gaz de schiste mis en place dans la vallée du Saint-Laurent. En 2012, l’OMC avait déjà infligé à l’Union européenne des pénalités de plusieurs centaines de millions d’euros pour son refus d’importer des OGM. Plus de 450 procédures de ce genre sont en cours actuellement dans le monde. 

    Démanteler l’Union européenne 

    Le Wall Street Journal l’a reconnu avec ingénuité : le partenariat transatlantique « est une opportunité de réaffirmer le leadership global de l’Ouest dans un monde multipolaire ». Un leadership que les Etats-Unis ne sont pas parvenus à imposer par l’intermédiaire de l’OMC. Celle-ci avait certes lancé en 2001 à Doha, capitale du Qatar, un ambitieux programme de libéralisation des échanges commerciaux, mais au sein de cette organisation, dont le nouveau président, successeur du Français Pascal Lamy, est le Brésilien Roberto Azevêdo, les Américains se heurtent depuis plus de dix ans à la résistance des pays émergents (Chine, Brésil, Inde, Argentine) et des pays pauvres. Le seul résultat obtenu a été, en décembre dernier, l’accord intervenu à Bali. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis ont adopté une nouvelle stratégie, dont le TTIP est le fruit. La mise en place d’un grand marché transatlantique est pour eux un moyen d’écraser la résistance des pays tiers, tout en enrôlant l’Europe dans un ensemble dont le poids économique sera tel qu’il imposera les intérêts de Washington au monde entier. 

         Il s’agit donc bien, pour les Etats-Unis, de tenter de maintenir leur hégémonie mondiale en enlevant aux autres nations la maîtrise de leurs échanges commerciaux au bénéfice des multinationales largement contrôlées par leurs élites financières. Parallèlement, ils veulent contenir la montée en puissance de la Chine, aujourd’hui devenue la première exportatrice mondiale. La création d’un grand marché transatlantique leur offrirait un partenaire stratégique susceptible de faire tomber les dernières places fortes industrielles européennes. Il permettrait de démanteler l’Union européenne au profit d’une union économique intercontinentale, c’est-à-dire d’arrimer définitivement l’Europe à un grand ensemble « océanique » la coupant de sa partie orientale et de tout lien avec la Russie. Comme les Américains s’inquiètent par ailleurs de l’impact négatif de la chute de l’activité économique européenne sur les exportations américaines, et donc sur l’emploi aux Etats-Unis, on comprend qu’ils veuillent conclure l’accord le plus tôt possible. 

         De façon significative, un grand « Partenariat transpacifique » (Trans-Pacific Partnership, TPP) a également été lancé en 2011 par les Etats-Unis. Comptant au départ huit pays (Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Chili, Pérou, Malaisie, Brunei, Vietnam) qui ont été rejoints en décembre 2012 par le Japon, il vise principalement à contrecarrer l’expansion économique et commerciale de la Chine. Comme l’a dit sans détour Bruce Stokes, du German Marshall Fund of the United States, l’objectif est de « s’assurer que le capitalisme version occidentale reste la norme mondiale et pas le capitalisme d’Etat chinois ». Depuis l’arrivée Japon, le TPP ne représente pas moins du tiers du commerce mondial et 40% du PIB mondial. Ce qui revient à dire que le Partenariat transpacifique et le Traité transatlantique, auxquels on peut encore ajouter l’Alena, couvriraient à eux trois 90% du PIB mondial et 75% des échanges commerciaux. 

         A plus long terme encore, l’objectif est de toute évidence d’établir des règles mondiales sur le commerce. Carla Hills, principale négociatrice du traité transatlantique sous George Bush, l’a décrit comme un « catalyseur nécessaire » vers un « nouvel ordre mondial ». Quoique bilatéral, un accord Union européenne / Etats-Unis marquerait un pas vers un retour à la reconnaissance de la primauté des règles commerciales multilatérales. José Manuel Barroso l’a dit également : un tel accord « fixera la norme, non seulement pour le commerce et les investissements transatlantiques, mais aussi pour le développement du commerce à travers le monde ». Il s’agit bien, a confirmé Karel De Gutch, « d’élaborer des normes qui ont vocation à devenir mondiales ». 

    Une alliance aussi forte que l’Otan 

    Barack Obama, pour sa part, n’a pas hésité à comparer le partenariat transatlantique à une « alliance économique aussi forte que l’alliance diplomatique et militaire » représentée par l’OTAN. La formule est assez juste. C’est bien une OTAN économique, placée comme son modèle militaire sous tutelle américaine, que cherche à créer le TTIP afin de diluer la construction européenne dans un vaste ensemble inter-océanique sans aucun soubassement géopolitique, de faire de l’Europe l’arrière-cour des Etats-Unis, consacrant ainsi l’Europe-marché au détriment de l’Europe-puissance. 

         L’enjeu final est politique. Par une intégration économique imposée à marche forcée, l’espoir est de mettre en place une « nouvelle gouvernance » commune aux deux continents. A Washington comme à Bruxelles, on ne dissimule pas que le grand marché transatlantique n’est qu’une étape vers la création d’une structure politique mondiale, qui prendrait le nom d’Union transatlantique. 

         De même que l’intégration économique de l’Europe était censée déboucher sur son unification politique, il s’agirait de créer à terme un grand bloc politico-culturel unifié allant de San Francisco jusqu’aux frontières de la zone d’influence russe. Le continent eurasiatique étant ainsi coupé en deux, une véritable Fédération transatlantique, pourvue d’une assemblée parlementaire regroupant des membres du Congrès américain et du Parlement européen, et représentant 78 Etats (28 Etats européens, 50 Etats Américains), pourrait ainsi être créée. Les souverainetés nationales ayant déjà été annexées par la Commission de Bruxelles, c’est la souveraineté européenne qui serait alors transférée aux Etats-Unis. Les nations européennes resteraient dirigées par des directives européennes, mais celles-ci seraient dictées par les Américains. Il s’agit, on le voit, d’un projet d’une immense ambition, dont la réalisation marquerait un tournant historique – sur l’opportunité duquel aucun peuple n’a jamais été consulté. 

         « Si ce projet aboutit, il réduira l’Europe, a dit Noël Mamère, il réduira l’Europe au statut d’élément subalterne d’un ensemble occidental dominé par le libre-échange, l’ultralibéralisme et le dollar [...] Nous deviendrions des supplétifs des Etats-Unis, comme nous le sommes déjà sur le plan militaire depuis le retour de la France dans l’OTAN ». « Le grand marché transatlantique, a renchéri Jean-Luc Mélenchon, est une annexion de l’Europe par les Etats-Unis [...] Il prononce de fait la dissolution de l’Union européenne dans le marché unique des USA ». La vérité oblige à dire qu’ils n’ont pas tort. Avec le TTIP, l’objectif à long terme est de faire gouverner le monde par l’économie, et en même temps de « reconstruire un monde unipolaire à partir d’un empire euro-atlantique sous contrôle états-unien ». Une monstruosité. 

    L’Europe ne désire même plus résister 

    Reste à savoir si les négociations iront à leur terme, et si le grand marché transatlantique verra vraiment le jour. A l’heure actuelle, on voit mal cependant ce qui pourrait empêcher sa réalisation. Et l'on a d’autant moins de raisons d’espérer qu’il n’aura pas pour résultat de soumettre l’Europe aux Etats-Unis que les élites dirigeantes européennes sont de toute évidence des victimes consentantes de cette annexion. L’incroyable mollesse des réactions européennes au scandale de l’espionnage américain en Europe, dans le cadre du programme PRISM de la NSA, révélé à la faveur de l’affaire Snowden, est à elle seule révélatrice du degré de soumission de l’Europe aux Etats-Unis – comme le sont également le récent achat par les Pays-Bas de 37 avions de combat américain F-35, le choix du gouvernement allemand de choisir le lanceur américain Falcon 9 pour lancer trois satellites gouvernementaux, ou la décision de la France d’acquérir du constructeur américain General Atomics des drones de surveillance Reaper pour 1,5 milliard de dollars. 

         Le gouvernement français s’est de son côté officiellement rallié à la finance de marché. Il a aussi hérité de l’atlantisme traditionnellement professé par le parti socialiste depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui explique que François Hollande se soit bien gardé de revenir sur la réintégration de la France dans l’appareil intégré de l’OTAN. On ne doit pas non plus oublier que nombre de dirigeants politiques actuels, dont François Hollande (promotion 1996), font partie des « Young Leaders » de la French-American Foundation. Comment s’étonner alors de la déclaration de Nicole Bricq, ancien ministre du Commerce extérieur, présentant le projet de traité transatlantique comme une « chance pour la France », à laquelle on « ne peut qu’être favorable » ? 

         Le 28 juin 1978, l’économiste François Perroux déclarait dans Le Monde : « L’Europe sans rivages pouvait avoir deux sens. Ou bien l’Europe libre redevient un foyer d’influence économique, politique, intellectuelle, propageant ses activités intenses vers l’extérieur sans risque d’impérialisme désormais. Ou bien l’Europe est envahie. Sans rivages, elle subit des forces extérieures auxquelles elle ne désire même plus résister ». C’est plus que jamais vers la seconde hypothèse que l’on paraît s’orienter. 

    Alain de Benoist pour Eléments n°151

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