Le modèle de l’« art business » prôné par Andy Warhol a triomphé partout. Cela s’appelle l'art contemporain, produit d’exportation adapté aux standards du marché global. Création de légitimité artistique et création de valeur : l’alpha et l’oméga de la financiarisation. En voici la contre-histoire.
L’installation du seul courant de l’Art contemporain (AC) dans le paysage financier et culturel globalisé est le fruit d’une longue histoire qui commence avec la guerre froide culturelle en 1947. La première stratégie fut d’inventer une avant-garde américaine et de la consacrer grâce à l’activité conjuguée des agences d’influence et des grands collectionneurs. Des expositions itinérantes en Europe financées par la CIA imposèrent l’idée de l’existence d’une « avant-garde » américaine : l’« expressionnisme abstrait » faisait ainsi face au « réalisme socialiste ». Cette action de propagande a demandé de grands moyens financiers, sans produire d’effets majeurs... Paris est encore en 1960 le centre du monde de l’art et de son marche. Il fallait trouver une autre stratégie ! Le galeriste Léo Castelli va jeter les bases d’un système de consécration mondial, rapide, des œuvres d’art, à travers un « réseau des galeries amies »... cachant ainsi la stratégie des collectionneurs, maitres des institutions muséales et de l’attribution de la légitimité.