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l'emploi - Page 86

  • Nos 35 heures font éclater de rire les Chinois !

    « Lorsque le gouvernement a promulgué la loi sur les 35 h, j’ai raconté ça aux dirigeants chinois, ils ont ri et ne pouvaient plus s’arrêter.  »

    Quand la Chine s’éveillera, avait prédit Alain Peyrefitte, le monde allait trembler ! Depuis quelques années, ce pays d’Asie de l’Est s’est, en tout cas, ouvert au monde et, à défaut de trembler, celui-ci a bien dû faire contre mauvaises délocalisations, juteux accords commerciaux pour bien des nations… bon cœur. Et pour la France ? Qu’en est-il de nos relations avec cette République populaire de plus d’un milliard trois cents millions de citoyens ?

    Alors que Paris et Pékin célèbrent le cinquantenaire de leurs relations diplomatiques, l’entretien donné par l’ancien ambassadeur de Chine à Paris au journaliste Patrick Saint-Paul pour Le Figaro est éloquent.

    Wu Jianmin a été successivement ambassadeur de la République populaire à La Haye, à Genève et à Paris, avant de présider l’Université chinoise de la diplomatie. Ce n’est donc pas le premier venu.

    À la question : « Comment jugez-vous la difficulté de la France à se réformer ? », la réponse de l’ex-ambassadeur est assez rude : « Les Français sont à l’abri de l’État-providence et se disent : “À quoi bon travailler beaucoup ?” Pour réformer, il faut entamer des avantages acquis. Ce n’est pas facile. »

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  • Dossier, l'échec économique et social des gouvernants: cinq articles du journal "Les Echos"

    Chômage : le pari perdu de François Hollande
    Par Jean-Marc Vittori (les Echos)
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    « Si l’inversion se confirme dans les mois à venir, elle viendra d’abord des dizaines de milliers d’emplois aidés. – Reuters »

    Si le chômage monte, c’est qu’il ne baisse pas. Sur la forme, François Hollande a donc perdu son premier pari sur l’emploi. La courbe du chômage ne s’est pas retournée en 2013, en dépit de l’engagement présidentiel proclamé en septembre 2012 et réitéré avec force lors de ses vœux aux Français. Le nombre de demandeurs d’emploi n’aura pas reculé deux ou trois mois d’affilée cette année, condition nécessaire pour parler sérieusement d’inversion.
    Sur le fond, la réalité est plus nuancée. Ministres et partisans de François Hollande soulignent que la montée des bataillons de sans-emploi ralentit de trimestre en trimestre, et ils n’ont pas tort. La fameuse inversion, qui a commencé pour les moins de 25 ans au printemps dernier, pourrait se généraliser début 2014, même si elle sera difficile à distinguer avec certitude dans le brouillard statistique tombé sur les chiffres du chômage, en effectifs comme en taux.
    Mais l’essentiel est ailleurs. Si l’inversion se confirme dans les mois à venir, elle viendra d’abord des dizaines de milliers d’emplois aidés. Des CDD créés dans le public remplacent des CDI qui disparaissent dans le privé : ce n’est pas exactement l’idéal dans un pays où les dépenses publiques sont parmi les plus élevées au monde avec une efficacité trop faible, même si ces créations peuvent se justifier ponctuellement. Le gouvernement ne compte d’ailleurs pas aller beaucoup plus loin dans cette direction. A l’été prochain, l’effet positif de ces créations de postes se stabilisera. Puis il cédera la place à un effet négatif au cours de l’année 2015, quand ces CDD viendront à terme.
    C’est ici que François Hollande a pris son second pari sur l’emploi, plus discret mais plus important. Le président est convaincu que la reprise économique deviendra assez puissante d’ici là pour relancer la création d’emplois dans les entreprises et faire reculer durablement le chômage. Or ce pari est osé, pour trois raisons. D’abord, la croissance prévue pour 2014, proche de 1 %, ne sera pas assez forte pour déclencher l’embauche. Ensuite, les entreprises ont encore beaucoup de salariés en sureffectifs : plus de 200.000 selon l’institut OFCE, qui n’est pas réputé pour exiger des licenciements. Elles emploieront mieux leurs employés avant de recruter.
    Enfin, la crise longue et profonde de l’activité, sans équivalent depuis les années 1930, a détruit du capital humain autant que physique. Parmi les quelque 2 millions de chômeurs qui n’ont pas eu d’emploi à temps plein depuis plus d’un an, beaucoup auront du mal à retrouver un vrai poste, sauf à envisager un effort de formation colossal. Une remontée du chômage risque donc de se produire après une inversion artificielle. De quoi alimenter tous les extrémismes.

    L’inversion de la courbe du chômage attendra encore
    Par Guillaume de Calignon (les Echos)
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    Le nombre de demandeurs ­d’emploi de catégorie A a augmenté de 17.800 en novembre.
    Le gouvernement met en avant une tendance de long terme à la baisse.

    C’est « l’objectif premier » de François Hollande. Et il n’est pas atteint. L’inversion de la courbe du chômage, promesse emblématique du chef de l’Etat, attendra encore. Le ministère du Travail a indiqué, hier, que le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, c’est-à-dire n’ayant exercé aucune activité, avait augmenté de 17.800 en novembre. Une très nette hausse. Et une déception après un recul de 20.500 en octobre, le premier depuis avril 2011, hormis celui intervenu en août mais qui avait été affecté par le « bug SFR ».
    Cette contre-performance est d’autant plus problématique que le chômage des jeunes a remonté en novembre, alors qu’il était orienté à la baisse depuis six mois. Le mois dernier, la métropole comptait 3,293 millions de demandeurs d’emploi (catégorie A), dont 537.400 jeunes de moins de 25 ans.
    Au gouvernement, c’est un peu la méthode Coué qui domine. Le ministre du Travail, Michel Sapin – fidèle du chef de l’Etat –, a préféré hier mettre en avant le fait que le nombre de demandeurs d’emploi en incluant les catégories B et C (ceux qui ont un peu travaillé) a reculé de 6.900 en novembre. Et il a surtout beaucoup insisté sur le fait qu’il fallait mieux s’intéresser aux variations trimestrielles du chômage plutôt qu’aux chiffres mensuels, « plus volatils ». Ainsi, « alors que le chômage progressait d’environ 30.000 par mois en moyenne au premier trimestre 2013, il progressait de 18.000 par mois en moyenne au deuxième trimestre, puis de 5.500 au troisième trimestre. Sur les deux premiers mois du quatrième trimestre, l’évolution est à la baisse de 1.350 en moyenne par mois », avance le ministère. « Il est clair et net que l’inversion de la courbe du chômage est engagée au quatrième trimestre », a martelé Michel Sapin, même s’il avoue qu’elle demande « à être ­confirmée dans la durée ».
    Seul point noir que le ministre accepte de mentionner, la situation des chômeurs de plus de 50 ans et celle des demandeurs d’emploi de longue durée. Le chômage des seniors a, il est vrai, grimpé à nouveau de 1,3 % en novembre. Et le nombre de Français au chômage depuis plus d’un an continue à ­augmenter : il atteint désormais 2,035 millions de personnes. « Il y a des efforts à faire sur le chômage des seniors et les demandeurs d’emploi de longue durée. Il va falloir polariser la politique de l’emploi sur ces catégories-là », a admis le ministre.

    Prévisions peu optimistes de l’Insee

    Sur le plan politique et économique, le gouvernement va toutefois avoir beaucoup de mal à convaincre, au moins à court terme, que le chômage va durablement baisser dans les prochains mois. La Commission européenne, l’OCDE et l’Insee doutent ouvertement que la courbe puisse s’inverser l’an prochain. Les dernières prévisions de l’Insee font d’ailleurs état d’un taux de chômage en légère hausse à la mi-2014, à 11 % de la population active, soit une hausse de 0,1 point par rapport à fin octobre 2013. « Sous l’effet du retour de la croissance et du crédit d’impôt compétitivité emploi, la baisse de l’emploi marchand s’atténuerait progressivement d’ici à mi-2014 », selon l’Insee. L’emploi du secteur non marchand continuerait d’augmenter d’ici à mi-2014, notamment du fait de la progression du nombre des bénéficiaires de contrats aidés. Entre octobre 2013 et juin 2014, « les créations nettes d’emplois (+ 76.000) ne seraient en effet pas suffisantes pour absorber la hausse anticipée de la population active (+ 113.000) », estime l’institut statistique.
    Michel Sapin récuse cette analyse. Pour lui, « compte tenu de l’accélération de l’activité, les créations d’emplois dans le tissu éco­nomique prendront le relais des emplois aidés. A partir de mi-2014, la croissance ­suffira à soutenir l’emploi », veut-il croire. Lentement mais sûrement, le calendrier est en train de glisser.

    Certains postes ont toujours autant de mal à trouver preneur
    Par Frédéric Schaeffer (les Echos)
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    Au total, 132.700 emplois n'ont pas été pourvus au troisième trimestre, selon une étude du Medef.
    Former davantage de chômeurs, en ciblant notamment les moins qualifiés, pour les orienter vers les métiers les plus créateurs d'emplois : c'est l'un des objectifs de l'accord sur la formation professionnelle conclu voilà deux semaines par les partenaires sociaux et que le gouvernement doit encore transcrire dans la loi. Avec, pour point de départ, le constat d'un gâchis : alors que la France fait face à un chômage élevé, 132.700 postes sont restés non pourvus au troisième trimestre, selon une enquête du Medef. Soit pas loin de 1.500 par jour... Dit autrement, sur les quelque 835.000 procédures de recrutements lancées cet été, 16 % n'ont pas abouti. C'est plus qu'au printemps (104.000 emplois non pourvus).
    Ces recrutements abandonnés s'expliquent pour partie par des raisons conjoncturelles (le PIB a reculé de 0,1 % au troisième trimestre, vient de confirmer l'Insee), mais « pas davantage que par absence de candidats répondant aux attentes », note le Medef. Lancé il y a un an auprès d'un panel de 44.000 établissements, l'observatoire du Medef vise précisément à déterminer quels sont les secteurs où le manque d'adéquation entre l'offre et la demande est le plus criant, et à en connaître les raisons. Employés et agents de maîtrise de l'hôtellerie et de la restauration, cuisiniers, assistantes maternelles, conducteurs de véhicules sont ainsi les principaux postes non pourvus. Des métiers qui, au-delà des questions de rémunération, présentent des contraintes propres.

    Manque de compétences

    Reste que le manque de compétences des candidats fait partie des principales raisons mises en avant par les entreprises ayant éprouvé des difficultés de recrutement (qu'il y ait eu embauche ou pas). Le manque de connaissance des techniques du métier est pointé du doigt, avant le manque d'expérience professionnelle ou l'absence du diplôme lié au métier. Des difficultés de « savoir être » (manque d'autonomie, de ponctualité et d'implication) sont également signalées, mais dans une moindre mesure.
    « Les difficultés d'embauches confirment la nécessité d'associer les partenaires sociaux à la gouvernance des filières de formation des demandeurs d'emploi », estime Michel Guilbaud, directeur général du Medef. C'est précisément l'un des points de l'accord entre les partenaires sociaux.

    Temps partiel : la réforme pourrait peser sur l'emploi
    Par Marie Bellan (les Echos)
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    A partir du 1 er janvier, la durée de travail hebdomadaire ne pourra être inférieure à 24 heures pour les nouveaux contrats, sauf exception.
    C'est une disposition contenue dans l'accord sur la sécurisation de l'emploi signé il y a un an. A partir du 1er janvier 2014, tout nouveau contrat signé entre un salarié et son employeur devra avoir une durée hebdomadaire de travail de 24 heures minimum. Cette disposition a été prise pour lutter contre le travail à temps partiel subi. En France, plus de 4 millions de personnes travaillent à temps partiel (80 % sont des femmes), dont un tiers de manière « subie ». Sur ces 4 millions d'emplois, la moitié ont une durée inférieure à 24 heures par semaine.
    Pour autant, tous ces salariés ne seront pas concernés par la réforme. Jusqu'au 1er janvier 2016, la loi ne s'applique qu'aux nouveaux contrats signés et prévoit plusieurs exceptions. Les jeunes de moins de 26 ans ne sont pas concernés, de même que les particuliers employeurs et les intérimaires. Enfin, si le salarié en fait expressément la demande écrite auprès de son futur employeur, il peut demander à travailler moins de 24 heures.
    Si un accord de branche est signé, l'entreprise peut également s'exonérer de cette obligation, y compris après la date du 1er janvier 2016. Mais, pour l'heure, les accords se comptent sur les doigts d'une main. L'enseignement privé en a signé un, de même que le secteur sanitaire et social et celui de la chaussure.
    Les organisations patronales qui ont signé l'accord sur l'emploi, et donc cette disposition sur les temps partiels, comptaient beaucoup sur ces accords de branche pour pouvoir déroger à la règle. Mais c'était sans compter sur la résistance des syndicats, qui estiment que le recours au temps partiel de courte durée est souvent la solution de facilité pour les employeurs et qu'une réorganisation du travail pourrait permettre d'augmenter les heures travaillées par un même salarié.
    « L'idée de faire travailler plus les salariés en poste lorsqu'ils sont à temps partiel est très bonne, mais c'est inapplicable dans certains métiers », juge Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CGPME. Dans la propreté, par exemple, 70 % des emplois sont aujourd'hui à temps partiel. Et les heures travaillées sont souvent morcelées (très tôt le matin ou très tard le soir lorsqu'il s'agit de ménage dans les bureaux par exemple). Idem dans l'hôtellerie et la restauration, ou encore la boulangerie. « Il va y avoir un manque à gagner en termes d'emplois, c'est certain, poursuit Jean-Eudes Du Mesnil. E t à partir de 2016, des licenciements pourraient aussi intervenir dans ces secteurs. »

    Les effets pervers du recul de l'âge de la retraite
    Par Vincent Collen (les Echos)
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    Le recul de l'âge de la retraite, résultat des réformes de 2003 et 2010, a eu un effet spectaculaire sur l'emploi des seniors. Le taux d'emploi des 55-59 ans est passé de 55 % à 67 % entre 2007 et 2012, selon les statistiques de l'OCDE publiées le mois dernier. Beaucoup plus faible, celui des 60-64 ans a progressé lui aussi, passant de 16 % à 22 % en cinq ans. Longtemps lanterne rouge pour l'emploi des salariés âgés, la France se situe désormais au-dessus de la moyenne des pays développés. C'est un facteur favorable à la croissance et au pouvoir d'achat, et cela limite le coût des retraites.

    Retour à l'emploi difficile

    Revers de la médaille, les seniors sont aussi plus souvent qu'avant frappés par le chômage, même s'ils le restent toujours moins que les autres catégories d'âge : 8 % des plus de 50 ans étaient inscrits à Pôle emploi au troisième trimestre 2013, contre moins de 7 % un an plus tôt. « Le nombre des demandeurs d'emploi de plus de 55 ans n'a cessé de s'accroître, dans des proportions plus importantes que pour les autres catégories d'âge, souligne l'Inspection des affaires sociales (Igas) dans un rapport publié en septembre, en particulier depuis le deuxième semestre 2011. » C'est-à-dire depuis l'entrée en vigueur de la réforme de Nicolas Sarkozy, qui relève progressivement l'âge légal de 60 à 62 ans.
    Principale explication, les chômeurs âgés ont plus de mal à retrouver un emploi que les plus jeunes. La durée d'inscription moyenne à Pôle emploi dépasse 440 jours pour cette tranche d'âge, contre moins de 260 jours pour les moins de 50 ans. « Quelles que soient les études, le taux de retour à l‟'emploi des chômeurs seniors est deux fois moindre que celui des moins de 50 ans », poursuit l'Igas, et cet écart « croît depuis 2008 ».
    L'une des raisons avancées par l'Inspection est la perception qu'ont les employeurs des salariés âgés : « Leur niveau de rémunération est considéré comme un frein à l‟'embauche. » Certes, l'âge auquel les entreprises considèrent qu'un salarié est âgé recule, mais il reste nettement inférieur à celui de la retraite. « 58 ans et demi, c'‟est l'‟âge moyen à partir duquel les employeurs considèrent les salariés comme âgés en 2008 », montre une étude de la Dares. Cette perception changera-t-elle avec l'augmentation de l'âge de la retraite ? Le gouvernement Fillon affirmait que ce serait le cas lorsqu'il a fait voter la réforme de 2010, mais rien ne permet de le confirmer pour l'instant.

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EFllukkupEaTfagHjA.shtml

  • EADS : Leur silence aura été acheté !

    par Pierre HERVIEUX, membre du bureau du SIEL (Paris)

    10 déc. 2013 - Le ministre du Travail assure qu’il n’y aura "aucun licenciement" chez EADS, qui a annoncé 5 800 suppressions de postes sur 3 ans. Cette information est probablement exacte car, en 30 ans, les soi-disant « Ministres du travail » qui se sont succédé ont trouvé des astuces permettant d’empêcher de crier les gens que l’on égorge !

    A ces « non-licenciés » sera proposé un peu d’argent (pécule et/ou retraite anticipée). Leur silence aura été acheté !

    Cette façon de traiter un problème qui ronge notre pays ne le résout pas. Elle n’est rien d’autre que l’utilisation du vieux principe des vases communicants ! En effet, que feront les enfants des 5800 « éliminés » ? Ce ne sont pas seulement les personnels éliminés qui sont rejetés, ce sont les postes de travail qui sont supprimés... Quel est l’avenir des jeunes qui viennent lentement mais sûrement augmenter le chiffre des chômeurs parce qu’ils ne parviennent pas à trouver d’emploi.

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  • La promesse du jour

    Son voeu d'inverser la courbe du chômage étant sur le point de se réaliser (si l'on en croit la propagande officielle), François Hollande formule une nouvelle promesse, qui laisse tout autant dubitatif :

    "J'en prends, comme je l'ai fait en France, l'engagement, et je le renouvellerai prochainement : la stabilité fiscale doit être la règle, la simplification doit être le comportement quotidien de l'administration française et l'attractivité doit être la priorité."

    Propos prononcés aujourd'hui à Ryad devant un parterre d'investisseurs saoudiens inquiets des hausses d'impôts en France ! Les questions "quand" et "comment" n'ont bien entendu pas été abordées. En Socialie, gouverner, c'est promettre.

    Louise Tudy  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Chômage : la langue de bois de monsieur Sapin

    Une fois le rideau baissé, on revient à la réalité que nos dirigeants semblent ignorer tout en s’en prétendant les maîtres.

     
     

    La lourde insistance des médias avait donné l’impression qu’un rendez-vous habile était préparé par le pouvoir afin de sortir le lapin de « l’inversion de la courbe du chômage » d’un chapeau rempli de contrats aidés. On se disait que si le Président était nul en économie, il avait gardé la main énarchique pour camoufler ses échecs en petits succès de communication. Même pas !

    Il avait réussi à diriger tous les regards sur cette courbe qui, en soi, ne signifie rien. Il était parvenu à faire croire qu’une baisse sur quelques mois du nombre des demandeurs d’emploi soutenue par l’injection massive d’argent public pour créer des emplois artificiels serait une grande victoire, celle de la parole tenue. À 18 heures, le ministre va parler. Les titres positifs sont déjà prêts, tant on sent l’opération bien orchestrée. Résultat : 17 000 chômeurs de plus !

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  • La France a renoncé au plein emploi

    Pour Nicolas Goetzmann, responsable du pôle économie du site Atlantico, le noeud du problème est d'abord idéologique :

    "Michel Sapin s’est presque félicité, en trouvant la statistique qui lui plaisait le plus, de rappeler que le chômage baissait depuis 3 mois sur un rythme de 1 350 chômeurs par mois. A ce rythme il faudra 203 ans pour résorber le chômage, et malgré cela, le ministre semble satisfait. Ce type de déclaration ne mérite même plus d’être commenté. (...)

    Les politiques mises en œuvre en France ne sont que des politiques défensives contre un mal qui est effectivement envisagé sous l’angle de la fatalité. Les emplois aidés, la réduction du temps de travail, toutes ces mesures ne sont qu’une réaction contre l’abandon d’une politique totalement oubliée : la poursuite du plein emploi. Et pourtant, économiquement, rien ne saurait justifier un tel abandon. Rien que sur le champ sémantique, le gouvernement a déjà perdu la bataille en annonçant vouloir "lutter contre le chômage" plutôt que de poursuivre une politique de plein emploi. Le défensif s’est substitué à l’offensif, et les réformes ne sont pas du tout les mêmes dans les deux cas. Avec ce choix de mots, la France renonce au plein emploi, et c’est bien cela qui est le plus insupportable. Le résultat est une politique de boutiquier.

    Aucun secteur marchand ne recrute dans le pays, seules les collectivités publiques et les associations y parviennent, c’est-à-dire que les emplois aidés sont la seule ressource du gouvernement en matière de chômage. Je le répète, la seule solution proposée au pays pour tenter de résorber le chômage est l’emploi aidé, ce qui est de fait la totale négation de ce que peut le pouvoir politique en matière de politique économique."

    Louise Tudy

  • « …et pendant ce temps, 5 millions de travailleurs français sont au chômage ! »

    Explication de vote de Bruno Gollnisch sur le rapport Tremosa i Balcells (A7-0357/2013)  portant sur  le rapport annuel sur la politique de concurrence

     Il faudrait ajouter un chapitre au rapport annuel de la Commission sur la politique de concurrence : la concurrence entre travailleurs européens. Non seulement celle qui s’exerce à travers les stratégies d’entreprises, qui en toute légalité européenne, ferment à l’ouest pour délocaliser à l’est au nom de la compétitivité. Mais aussi celle des travailleurs détachés, qui s’exerce au sein de nos pays, dans des activités réputées non délocalisables.

     On ne me fera pas croire qu’il faut des travailleurs ukrainiens, recrutés par une entreprise d’intérim française basée au Portugal pour construire la ligne à grande vitesse entre Rennes et Nantes. On les dit spécialisés mais beaucoup n’avaient aucune compétence spécifique pour le travail pour lequel ils ont été embauchés. Leur cas est emblématique : ils ont été recrutés parce qu’ils ne sont pas chers ; ils sont en grève parce qu’ils n’ont pas été payés et pendant ce temps, 5 millions de travailleurs français sont au chômage ! C’est la directive détachement dans toute sa splendeur : exploitation et chômage, esclavage moderne et précarité.

     L’Union européenne est capable de créer des lois qui favorisent le dumping social et fiscal sur son propre territoire. Au nom de la concurrence et de la libre circulation. En fait, au nom du cynisme le plus total.

    http://www.gollnisch.com/2013/12/24/et-pendant-ce-temps-5-millions-de-travailleurs-francais-sont-au-chomage/

  • Travailleurs détachés : Bolkestein en avait rêvé, Hollande l’a laissé faire

     

    Par Pierre Marchand

    2005 : A la veille du référendum sur la Constitution européenne, une directive européenne venait empoisonner un débat que les européistes pensaient gagné d’avance.

     

    On avait même fait revenir Chirac et Jospin pour l’occasion, et passé en boucle les images de l’A380, réussite européenne qui ne doit rien à l’UE mais qui tombait à point pour mettre de l’eau à un moulin europhile alors bien grippé. La directive Bolkestein, donc, et l’image intelligemment exploitée par les souverainistes du « plombier Polonais », permettait sinon la victoire du non, du moins une prise de conscience plus prégnante du caractère ultra-libéral de la construction européenne. Quelques années et amendements plus tard, cette directive est presque totalement oubliée. Pourtant son principe, qui existait depuis 1996, n’a cessé d’être approfondi depuis. A l’origine, il s’agissait de permettre aux travailleurs issus d’un Etat membre de l’Union de pouvoir travailler dans un autre Etat membre (libre circulation des services), sans formalité particulière. Aujourd’hui, le phénomène a pris une ampleur considérable : 1 à 1,5 millions de travailleurs détachés en Europe dont 210 000 déclarés en France en 2013. Un chiffre en augmentation de 23% en 2013 en France, pays destinataire de près d’un quart des travailleurs détachés.

    Cohérence libérale

    A en croire ses thuriféraires, le dispositif permettrait notamment de pourvoir les besoins non satisfaits par la main d’œuvre française, comme dans l’agriculture saisonnière ou dans le bâtiment par exemple. Quiconque a déjà observé un chantier BTP ou fait réaliser des travaux chez soi sait que le plombier polonais n’était ni un caricature ni un mythe, mais l’illustration humoristique d’une réalité de plus en plus répandue. On nous vend donc cette directive comme on nous vend l’immigration, en nous faisant croire qu’elle est indispensable pour combler le manque de main d’œuvre de certains secteurs. Elle s’inscrit donc bien dans la cohérence ultralibérale de l’Union européenne. Mais ce n’est pas pour cette raison que le gouvernement, Michel Sapin en tête, a décidé de s’en emparer. La gauche en effet y voit une aubaine pour les élections européennes et pour démontrer qu’elle aura été capable de faire accepter à l’Europe une avancée législative véritablement sociale. C’est ainsi que, sur le portail internet du gouvernement, on vante la victoire de la France qui a su obtenir gain de cause : « cette journée marque un progrès pour la défense de notre modèle social, pour la défense des travailleurs et pour le refus du dumping social. » (Michel Sapin).

    Dumping social

    Ce qui est important dans ce principe de détachement, c’est que si le salaire minimum applicable est celui du pays d’accueil, les cotisations sociales restent celles du pays d’origine. Soit un bénéfice d’environ 30% (quatre travailleurs Roumains pour le prix de trois français...), sans doute suffisant pour aller chercher sa main d’œuvre dans les pays de l’est. Une forme de dumping social caractérisée contre laquelle le gouvernement n’a jamais eu l’intention de se battre. En réalité, il n’a fait que s’attaquer à la fraude au détachement, autrement dit aux effets indésirables de la directive, et non à son principe. C’est à dire le fait par exemple qu’un certain nombre de travailleurs détachés en France sont... des français, employée par des agences d’interim localisées dans des pays à faibles cotisations sociales (Luxembourg, etc.), ou que la difficulté à contrôler cette nébuleuse entraîne des dérives en termes de temps et conditions de travail, voire de salaire minimum non respecté. On ne saurait leur reprocher cette ambition, mais la bataille de Michel Sapin est-elle à la hauteur des enjeux ? Il suffit de considérer les « garanties majeures » arrachées par la France et ses alliés : liste de documents exigibles, responsabilité solidaire du donneur d’ordre, et liste noire des entreprises frauduleuses écartées des appels d’offres publics. Beaucoup de bruit pour rien, aurait dit Shakespeare.

    Alors que certains députés pointaient les dérives du système, allant jusqu’à évoquer un traitement de « nouvel esclave moderne », le gouvernement se contente et se glorifie de mesures administratives qui ne font que renforcer l’impression, déjà évoquée dans ces colonnes, que la France n’est qu’un vulgaire agent de contrôle des directives de la Commission. Si certains peuvent donc qualifier l’événement de victoire pour le gouvernement, il ne s’agit pas d’autre chose que d’une victoire de petit joueur.

    L’ACTION FRANÇAISE 2876

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Travailleurs-detaches-Bolkestein

  • Chine : le fossoyeur de la technologie allemande – par Laurent Glauzy

    L’ascension fulgurante de l’Empire du Milieu offre à l’économie allemande une croissance miraculeuse qui par ailleurs n’est pas sans représenter de nombreux risques pour son industrie et son savoir technologique : ses secteurs de pointe sont soumis aux injonctions politiques de Pékin. Dieter Zetsche, directeur du constructeur automobile Daimler déclare : « Je suis conscient qu’une part croissante des entreprises sont devenues dépendantes de ce pays ». En outre, les pratiques de la Chine visant à copier les nouvelles technologies pour les développer et les revendre à moindre prix sur le marché asiatique, font de ce pays un ennemi affaiblissant à moyen terme les fondements de l’économie allemande.

    « Bienvenue Madame la Chancelière »

    Fin août 2010, Angela Merkel s’est rendue à Pékin. La chancelière allemande a eu droit à un accueil chaleureux.
    Devant quatre-vingt étudiants de l’université du Parti communiste, elle prononça un discours sur l’entente technologique et les relations bilatérales. Une immense bande rouge lui souhaitait la bienvenue : « Herzlich willkommen, Frau Bundeskanzlerin ». A. Merkel a exprimé sa profonde admiration pour la puissance économique chinoise. Grâce à la qualité de sa production, l’Allemagne a dopé ses exportations et put s’extirper de la crise dont le spectre rôde au-dessus de plusieurs pays européens. La chancelière a abordé une question délicate : « la protection de la propriété intellectuelle chinoise ne s’accorde pas aux standards de l’Ouest », car dans le cadre des partenariats industriels, les entreprises chinoises s’approprient le savoir-faire allemand. Pour la forme et pour rassurer les bonnes consciences, elle s’est pourfendue en donneuse de leçons : « En Allemagne, cinq partis siègent au parlement. Bien que cela soit parfois épuisant, cet exercice est gratifiant parce que chaque sensibilité peut s’exprimer. C’est pourquoi nous nous demandons si un seul parti peut à lui seul devenir le représentant de cinq orientations politiques ».

    A. Merkel qui connaît l’importance pour son pays d’un marché recensant 1,4 milliard d’habitants, n’est pas sans savoir que l’ascension continuelle de l’économie chinoise inquiète les responsables de la grande industrie nationale. Économiquement plus développée que les autres pays occidentaux, la République fédérale se trouve à présent arrimée à la prospérité chinoise. C’est un comble ! Les analystes constatent que ce miracle s’explique par la croissance de la Chine et prophétisent à moyen terme un bon avenir pour l’Allemagne. Avec ses Limousines, ses machines-outils et les turbines de ses centrales électriques, l’industrie de notre voisin européen offre les biens de consommation auxquels la Chine aspire. Pourtant, derrière la jubilation de Siemens et de BASF, des questions et des inquiétudes subsistent. Quel sera l’avenir de ces entreprises si les Chinois se perfectionnent toujours plus dans la recherche technologique ? Quelles en seront les conséquences si les orientations de l’industrie sont influencées en arrière-plan par la bureaucratie du parti ? Et même si cela paraît peu probable, qu’adviendra-t-il si à long terme la croissance du continent asiatique se révèle être un véritable château de cartes ? Avec le dirigisme qui le caractérise, l’Etat central de Pékin tente à présent d’empêcher que la prochaine grande bulle financière n’éclate sur son marché de l’immobilier.

    Courant août 2010, les défenseurs des droits de l’homme de l’organisation Süd-Wind découvrirent que des consortiums allemands comme Adli, Adidas ou Metro prospèraient grâce à des filiales chinoises peu respectueuses des conditions de travail de ses ouvriers. Mais cela n’a aucune emprise sur le fonctionnement du « plus grand atelier du monde ». Les comités directeurs des entreprises allemandes préfèrent alors fermer les yeux et profiter de l’aubaine qu’offre cette nouvelle puissance. Il en va de même quand en Chine des centaines de milliers d’opposants au régime sont incarcérés dans des camps de rééducation. En revanche, peu avant la visite de la chancelière, Pékin se montra très réactif quand un compte-rendu émanant du ministère de la Défense américain mentionnait que la Chine poursuivait secrètement sa propre stratégie d’armement.

    La Chine dope l’économie allemande

    La Chine mène donc la danse. Les entreprises allemandes constatent avec appréhension que les Chinois exigent l’abandon de leur savoir-faire industriel. Le ministre de l’Economie Rainer Brüderle se plaint que « la Chine ne soit plus un simple partenaire ». Les économistes restent pessimistes quant à la pérennité des entreprises allemandes, car dans de telles conditions les relations entre ces deux géants pourraient conduire à un déclin du tissu industriel, fer de lance de l’économie allemande. Cependant, les partenariats entre la Chine et l’Allemagne sont en constante évolution. La dynamique infernale de l’Empire du Milieu a profondément modifié les orientations des entreprises réalisant plus de la moitié de leurs affaires en Extrême-Orient. De retour à Munich ou à Düsseldorf, les cadres allemands sont tout à la fois séduits par l’Empire du Milieu et redoutent l’espionnage industriel. Ils ne veulent plus embaucher de stagiaires chinois. Toutes ces pratiques et ressentiments sont d’autant plus gênants que l’alliance de l’Allemagne et de la Chine pourrait bientôt être aussi importante que celle afférant aux relations entre la Chine et les Etats-Unis. En des temps où la conjoncture américaine s’affaiblit et que l’Europe s’appuie toujours sur des programmes d’épargne, les multinationales ont le couteau sous la gorge : la Chine ou la mort.
    Martin Herrenknecht, spécialiste mondial de tunneliers, s’exprime en des termes édulcorés : « La Chine est notre sauveur. Sans elle, nous n’aurions jamais aussi bien surpassé la crise ». Sur les murs de sa société du Schwanau, circonscription limitrophe à la France, sont accrochées des photographies d’immenses machines de forage fraisant le sol avec une infime précision. Une brochure présente le bilan de l’entreprise. En 2009 (année de la crise), le chiffre d’affaires de l’entreprise a seulement diminué de 6 %. Le directeur n’a ni licencié ni pratiqué de chômage partiel (Kurzarbeit). Le quart des 866 millions d’euros du chiffre d’affaires est réalisé avec l’Asie. Ce chef d’entreprise aime répéter que « la Chine est incroyablement dynamique. C’est pourquoi ses techniciens veulent y construire des tunnels ». L’année précédente, la Chine lui a confié dix-neuf chantiers de tunnels pour le métro de Pékin et sept autres pour l’installation de voies ferrées. Alors, tous les deux mois, il s’envole pour la Chine afin de rencontrer ses cinq cents collaborateurs. En Allemagne, dans ses ateliers, M. Herrenknecht produit l’électronique et l’hydraulique. La production est ensuite exportée. Exposant que son entreprise tourne à plein régime, il ajoute : « Si tu veux conduire un projet de construction en Europe, cela dure une éternité. En Chine tout va très vite. Le métro a été construit en un temps record. Les fabricants de machines en profitent ».
    Les 2/3 des exportations sont réalisées en Chine
    Pour l’instant, le besoin de la Chine en marchandises « Made in Germany » est incommensurable. Si les deux tiers des exportations allemandes, soit plus de 800 milliards d’euros, sont écoulés au sein de l’Union européenne, les ventes réalisées en Chine ont augmenté de 60 % par rapport à l’année précédente. De plus, les entreprises et les consommateurs chinois contribuent à ce que l’économie de l’Etat fédéral se développe grâce au marché asiatique : au deuxième trimestre 2010, le produit intérieur brut de l’Allemagne a progressé de plus de 4 %. Ce résultat ne s’explique pas uniquement par la faible valeur de l’euro. En fait, l’Allemagne réussit mieux que ses voisins parce que ses entreprises sont très bien affutées aux exigences du marché mondial. Les chefs d’entreprise de Düsseldorf, Francfort ou Stuttgart jouent la carte de la flexibilité, inventent sans cesse de nouveaux produits et les syndicats ont signé pendant la crise des accords salariaux modestes. Par rapport aux coûts de production, la part des charges salariales a chuté. Ce qui constitue un indice significatif permettant d’évaluer la compétitivité d’une économie. Réputés pour leur qualité, les produits allemands sont toujours plus prisés. Les entreprises de la République fédérale possèdent des machines-outils et des complexes industriels livrés clé en main. Ce large panel répond aux besoins d’une économie en pleine mutation. Ce faisant, elles profitent d’un programme « infrastructurel » de plus de 400 milliards d’euros présenté par le gouvernement de Wen Jiabao comme un « soutien conjoncturel national ». Axel Nitsche, responsable du commerce extérieur à la Deutscher Industrie- und Handelskammertag (DIHK), organisation centrale des quatre-vingt chambres de commerce et de l’industrie allemandes, observe : « Pour celui qui dans les vingt dernières années réussissait en Europe de l’Est, la démarche vers la Chine est identique ». L’Allemagne ne livre pas seulement des biens pour la construction de l’industrie chinoise. Les produits de luxe intéressent de plus en plus une classe aisée qui achète les derniers modèles de Mercedes, BMW ou Audi, des cuisines haut-de-gamme rouge baroque à haute brillance combinées avec du verre noir, ainsi que des marques de chaussures de qualité. Même les animaux en peluche ont pris le chemin de l’Extrême-Orient. La Chine, plus grand producteur de jouets, copie les processus d’élaboration de Teddy l’ourson. La fabrication des peluches de qualité de la firme souabe Steiff a aussi été délocalisée en Chine. Nous pouvons alors imaginer qu’un jour, l’Allemagne achètera à ce pays les modèles qu’elle produit aujourd’hui. « Le plus grand atelier du monde » ne livre-t-il pas des T-shirts et des chaussures de sport, des écrans plats, des lecteurs de disques compacts à la République fédérale ? Ce schéma pourrait s’étendre à d’autres produits de la haute technologie, car l’industrie allemande exporte avant tout des voitures, des avions et des voies de chemins de fer.

    Un ralentissement de la croissance annoncée

    Aussi longtemps que la croissance économique de la Chine perdurera, le danger d’un revers guettera l’industrie allemande. Néanmoins, les signes laissant envisager un ralentissement de cette croissance se multiplient. Il y a plusieurs mois, la banque centrale chinoise a réduit les conditions d’accès au crédit. Cette année, beaucoup d’entreprises ont aussi dû fléchir face à de violents mouvements de grèves. Elles ont octroyé des prestations et des augmentations salariales de 30 à 50 %. Sur le marché de l’immobilier, les experts enregistrent un effet de surchauffe. Cette dernière décennie, dans les métropoles, les prix de l’immobilier ont plus rapidement augmenté que les salaires. Il y a quelques semaines, l’économiste américain Kenneth Rogoff avertissait d’un « effondrement du marché de l’immobilier qui engendrerait la faillite des banques, un net ralentissement de la croissance et une restriction pour l’accession aux crédits ». A n’en pas douter, les conséquences seraient fatales pour l’Allemagne et notamment pour Volkswagen qui écoule un quart de sa production en Chine. Si la croissance était cassée, ce constructeur automobile enregistrerait de lourdes pertes. A cela, se greffe une autre menace : les Allemands craignent que Pékin ne se satisfasse plus de remplir son rôle de constructeur industriel à bas prix. Les Chinois possèdent une industrie automobile et aéronautique, construisent des trains à très grande vitesse, montent des aciéries et des entreprises de chimie qui concurrenceront bientôt la suprématie allemande. Car les Chinois ne veulent pas devancer les entreprises allemandes, ils veulent « avaler » et améliorer toute la technologie de ce concurrent européen.
    Les dirigeants communistes ont l’ambition de devenir les meilleurs dans la fabrication d’avions consommant peu de kérosène, la conception de l’automobile de l’avenir et la construction de centrales électriques rejetant peu de dioxyde. Courant novembre 2010, le groupe aéronautique chinois AVIC International a signé un contrat avec la COMAC - Commercial Aircraft Corp. of China, fondée dans le but de doter la Chine d’un avionneur mondial comparable à l’Airbus européen et au Boeing américain - portant sur la vente de cent ARJ21-700 (avion à réaction) à l’étranger.

    Les cellules photovoltaïques chinoises

    Dans un secteur à fort potentiel technologique comme l’industrie solaire, la Chine devance les constructeurs allemands considérés comme les premiers dans le monde. Il y a quelques années, les consortiums Siemens et Sharp étaient à la pointe de la production de cellules photovoltaïques. Le gouvernement fédéral a toujours encouragé la politique énergétique du solaire par le biais de programmes de financements généreux : celui qui monte un équipement de panneaux solaires, reçoit une subvention correspondant à la quantité d’électricité produite. Pour réduire leurs coûts, les constructeurs allemands ont délocalisé en Chine, bien entendu. Cela a permis à Pékin de lancer le montage de cette branche prometteuse. L’Empire du Milieu encourage la recherche technologique et ses entreprises construisent de grandes productions de modules solaires. Bilan : quatre des dix plus grands constructeurs mondiaux sont des Chinois, contre une seule entreprise allemande. Les Chinois peuvent d’autant mieux renforcer leur position, qu’en dépit des milliards d’euros de subvention octroyés par les pays européens pour leur marché intérieur, les exportations des géants traditionnels de l’énergie solaire déclinent : la Chine produit à bas prix. Les installateurs allemands de panneaux solaires demandent en moyenne 1,60 euros par watt, alors que les Chinois vendent à 1,30 euros. Les experts pensent que le prix descendra en 2011 sous la barre de 1 euro par watt. Si pour l’instant, les cellules solaires chinoises sont certes de moins bonne qualité que celles produites en Allemagne, il y a encore quelques années, les panneaux « Made in China » avaient la réputation d’être nuisibles à l’environnement. Entre-temps, la qualité s’est bien améliorée.
    Le scénario de l’industrie thermo-solaire devrait constituer un avertissement pour le fleuron de l’industrie d’outre-Rhin : l’automobile. Rien ne résiste à la goule du dragon asiatique qui obéit à une double stratégie : d’une part, par le biais de la coopération, la Chine se procure un accès aux dernières techniques de pointe. D’autre part, par ce processus, les sociétés allemandes développent en grandeur nature leur technologie à l’instar des modèles de voitures électriques. Ce domaine n’échappe pas à l’Empire du Milieu qui compte les meilleures entreprises dans la production de batteries pour l’automobile électrique du futur. Grâce à l’accueil des nouvelles technologies, le novice désarçonne une fois de plus les producteurs européens et japonais. Les grandes séries de BMW comme la Classe-S ou la Série 7 enregistrent en Chine leur plus grand débouché. Volkswagen, Daimler et BMW y implantent de nouvelles structures car ils entendent doubler leur production sur le juteux marché des Han. Pour comprendre la réalité de la situation, il est essentiel de préciser que ce ne sont pas des unités de production de Volkswagen, Daimler ou de BMW qui voient le jour, mais des centres de production appartenant à des partenariats associant les producteurs allemands aux parts d’une société chinoise. Les Allemands désignent cette forme d’entente par le terme peu élégant de « Konkubinenwirtschaft » ou « économie-maîtresse ». A la manière des empereurs chinois qui autrefois choisissaient leurs compagnes, les dirigeants actuels sélectionnent les entreprises étrangères autorisées à produire avec un partenaire local. La République populaire oblige les constructeurs à ce mode de coopération. Grâce à des taxes élevées à l’importation, le gouvernement empêche les Allemands d’envahir le marché avec des voitures « Made in Germany ». S’ils veulent produire davantage, ils doivent installer une usine avec un partenaire chinois et dévoiler leur technologie. Depuis cinq ans, cette pratique assure également dans ce secteur l’essor de la Chine. En 2010, dans un article intitulée L’exemple allemand, le magazine d’économie Zhongguo Caifu argumente que pour les deux prochaines décennies la coopération avec les Allemands constituera l’arme de la suprématie industrielle chinoise. Ainsi, la société Shanghai Automotive Industry Coorporation (SAIC) conduit une entreprise de collaboration technique chapeautant Volkswagen et General Motors. L’année dernière, SAIC profita de la faiblesse de son partenaire américain occasionnée par la crise pour augmenter sa participation et prendre 51 % des titres.

    Shangaï et la centrale électrique

    Le journal d’économie Jingij Cankao Bao se réjouit pour sa part qu’« un nouveau modèle de coopération entre les constructeurs automobiles chinois et étrangers apparaisse ». Un collaborateur de Volkswagen constate que dans la collaboration rapprochée avec les Chinois, ces derniers font pour l’instant preuve de beaucoup de souplesse. Ce comportement stratégique est susceptible d’évoluer. Il est fort probable qu’à moyen terme, Pékin n’autorisera plus que les partenariats soient en partie dirigés par une entreprise comme Volkswagen recevant les consignes d’un siège installé à Wolfsburg. Martin Winterkorn, Président du constructeur automobile, se dit convaincu que dans le domaine des moteurs classiques fonctionnant à l’essence et au diesel, les Chinois dépendront encore pour plusieurs années de la technologie allemande, même si Pékin entend se libérer le plus vite possible de cette emprise. Dans cette optique, le cartel chinois BYD (Build Your Dreams) doit mener une contribution décisive. En 2003, pour la première fois, cette entreprise a produit des automobiles. Elle est dans le monde le second plus important producteur de batteries pour téléphones portables. Son service de recherche emploie dix mille collaborateurs et vient de se doter d’une nouvelle cellule spécialisée dans l’électricité. Cette avancée entre dans le processus de fonctionnement des voitures-électriques. Charmé par cette maîtrise technologique, Daimler a proposé sa collaboration à BYD. Le partenaire chinois est responsable de la technique.
    La Chine a suivi le même plan d’action pour l’édification des centrales électriques. Elle avait tout d’abord invité des consortiums essentiellement allemands à travailler avec des entreprises locales, qui produisent à présent leur propre technologie à l’instar de la centrale électrique au charbon de Waigaoqiao construite à Shanghai. Le directeur Feng Weizhong porte un uniforme beige. Sur la poitrine, l’étoile rouge du parti brille de mille éclats. L’apparence du fonctionnaire est trompeuse. Feng est l’expert le plus créatif de son pays. Il est un véritable génie de l’énergie électrique. Sa nouvelle gamme tient également compte de l’environnement. La fumée qui s’échappe des hautes cheminées est filtrée. On dirait qu’un drap blanc fraichement lavé s’envole dans le ciel de Shanghai. Cet ingénieur affirme fièrement : « J’ai fait breveter la technologie pour l’équipement des filtres qui captent une grande partie des substances toxiques ». Waigaoqiao ne sait plus à présent comment échapper aux visiteurs. Cette installation qui fournit une puissance de 5 400 000 kilowatts, sert de modèle pour les provinces qui projettent de mettre en service des centrales électriques au charbon ou de changer des installations devenues vétustes. Feng ne fait pas mystère que sa centrale doit beaucoup aux compétences de l’Allemand Siemens et du Français Alstom que « nous avons introduites et que nous avons ensuite optimisées la technologie ». Grâce à ce processus associant la copie à une veille technologique à la chinoise, Feng a réussi à accroître de manière constante la production d’énergie. Il a calqué sur le modèle du dix-septième congrès du Parti communiste de 2007 voulant transformer la Chine en nation de la haute-technologie.
    Le gouvernement chinois avait publié une liste de programmes industriels qui devront être concrétisés d’ici 2020. Ce plan à long terme va de l’épuration des eaux à la biotechnologie. C’est pourquoi, Feng entend coopérer de manière étroite avec Siemens. Il espère que les Allemands l’aideront à découvrir d’autres domaines, car la société allemande à l’ambition de mener à bien ses affaires en Chine. En échange de ce bon procédé, il ne fait aucun doute qu’ils devront ouvrir leurs secrets à leur partenaire chinois. Dans le cadre des centrales électriques où la Chine a obtenu les connaissances nécessaires, les constructeurs occidentaux ne sont plus conviés. Il s’agit donc d’une question de temps pour que les Allemands, ayant bradé tout leur savoir technologique à la Chine, ne puissent plus bénéficier de cet immense territoire afin d’expérimenter leurs nouvelles prouesses. La Chine aura pris de l’avance et détiendra un savoir-faire de bien meilleure facture.

    L’ICE envahit la Mandchourie

    Conscient que son influence diminue, Siemens a nommé un « gouverneur » chinois, Mei-Wei Cheng, chargé de bien représenter l’entreprise auprès des autorités de la République populaire. Les multinationales ont de plus en plus recours à cette pratique à double tranchant. Âgé d’une soixantaine d’années, originaire de Shanghai et ayant travaillé de longues années aux Etats-Unis, Cheng possède les techniques de travail du monde occidental. Il entretient en plus des liens très étroits avec le gouvernement : « Il est un des leurs ». Ce schéma profite évidemment à la Chine. ThyssenKrupp utilise le même procédé de médiation pour présenter ses projets qui font figure de référents dans l’innovation de la haute technologie. Depuis longtemps ce consortium de l’acier de Düsseldorf, dans le bassin de la Ruhr, était à la recherche d’une expérience technologique pour promouvoir son dernier prodige, le Transrapid, un train monorail utilisant la lévitation magnétique. La Chine proposa de devenir son terrain d’essai. Le 31 décembre 2002, l’ancien chancelier Gerhard Schröder et le Premier ministre chinois Zhu Rongji inaugurèrent les premiers trente-et-un kilomètres de voie, un essai grandeur nature reliant l’aéroport de Pu dông au centre financier de Shanghai. Cette voie permettait de dépasser une vitesse de 400 km/h. Déjà dotée de l’ICE, l’Allemagne n’était pas intéressée par ce bolide. Les planificateurs chinois pensèrent différemment, car selon eux, l’économie a besoin d’une vision à long terme. Comme la Tour Eiffel ou le Burj al-Arab (hôtel de Doubaï le plus luxueux au monde), ces mégalithes architecturaux ont servi à leur époque de prototypes pour de nouvelles avancées technologiques. Ainsi, les Chinois regardent le Transrapid comme une motivation pour une population de 1,4 milliard d’habitants, afin de dépasser un jour leurs maîtres occidentaux. Après la construction de la voie-test, il a été très rapidement convenu de l’établissement d’un consortium avec une participation chinoise : Pékin entendait équiper son territoire de cette technologie révolutionnaire dans les plus brefs délais. Dans la prochaine décennie, pour exploiter les avantages de ce train à très grande vitesse, 25 000 km de voies seront posées contre 3 300 km actuellement.
    Des enregistrements vidéo ont montré comment, la nuit, des ingénieurs chinois s’introduisaient dans les ateliers pour examiner secrètement le prototype du Transrapid. Il y a trois ans, la Chine présentait à l’université de Tonji à Shanghai un train fonctionnant sur le même principe magnétique. Entre-temps, d’autres trains équipés d’une bien meilleure technologie ont aussi été présentés. L’un d’entre eux est un modèle qui dépasserait les 500 km/h et coûterait 30 % moins cher que celui de ThyssenKrupp. En 2009, les Allemands ont négocié un accord stipulant que les Chinois pourraient obtenir les licences pour la mise en fonction du Transrapid sur les voies de Mandchourie. Il ne fait aucun doute qu’à Düsseldorf les Chinois useront de malice pour mettre la main sur l’ensemble des techniques du Transrapid à un prix très modique. La guerre des nerfs entre les industriels chinois et allemands est portée à son comble.

    Une nation adepte du plagiat industriel

    Dans d’autres cas liés à la technologie et derrière des sourires très habiles, la plupart des entreprises ayant passé des accords avec la Chine, connaissent les mêmes désagréments. Lors des salons de l’automobile de Shanghai et de Pékin, les visiteurs ont toujours une curieuse impression de déjà-vu. La Lifan 320 ressemble à s’y méprendre à la Mini de BMW. La Smart de Daimler a aussi son clone chinois. A la différence du modèle allemand, Noble est équipé de deux sièges supplémentaires. Utilisant la voie juridique, Daimler essaya en vain d’empêcher l’exportation en Europe de ce plagiat par le constructeur Shuanghuan. D. Zetsche, le Directeur de Daimler, commenta avec humour : « Ce plagiat traduit bien une forme de déférence ». Responsable dans le monde de 80 % des vols sur la propriété intellectuelle, la Chine est la championne des nations pratiquant le plagiat. Les entreprises allemandes hésitent à faire comparaître devant les tribunaux les entreprises spoliatrices. Elles ont peu confiance dans le système juridique des pays asiatiques et craignent d’éventuelles représailles. Elles préfèrent donc se retirer, frustrées du marché chinois. Il y a cinq ans Manfred Wittenstein, Président de VDMA, voulait construire une usine pour des entreprises distribuant en Chine du matériel de haute technologie. Quand les autorités de Pékin exigèrent la publication des plans techniques et le processus de production, il abandonna tout projet. « Le marché chinois cache beaucoup de pièges que nous avons peine à évaluer », déplore M. Wittenstein. Une fois copiés par des concurrents chinois, les machines et leurs composants sont ensuite proposés à bas prix sur les marchés indien et russe. En Allemagne, deux entreprises sur trois spécialisées dans la construction de machines industrielles, pâtissent d’actes de piraterie, estime VDMA, organisation défendant les intérêts de plus de trois mille petites et moyennes entreprises (PME) allemandes. Les constructeurs allemands perdent l’équivalent d’un chiffre d’affaires de 6,4 milliards d’euros par an.
    L’histoire des relations entre Allemands et Chinois est émaillée par de nombreuses incompréhensions. Les Allemands ont une image stéréotypée d’une Chine pauvre. Les scènes de misère sont en partie révolues. Pendant la période médiévale, la technologie de l’empire chinois était supérieure à celle des puissances européennes. Les échanges étaient faibles. Avec maintes difficultés, ils se développèrent à la fin du XVIIIe siècle. L’histoire de Johann Adam Schall von Bell (1591-1666) étaye d’une certaine manière la méfiance de la Chine à l’égard de l’Europe et de l’étranger. L’astronome allemand était un fonctionnaire de la cour et directeur de l’observatoire impérial. Après le décès en 1661 de son protecteur et mécène l’Empereur Shunzhi, il fut condamné à mort. L’intérêt de Berlin pour la Chine reprit forme au XIXe siècle quand l’empire allemand fonda la colonie de Tsingtau. Une fois encore, le colonisateur allemand fit l’objet d’une résistance locale cristallisée dans les récits de l’histoire du mouvement des Boxers qui attaquèrent en 1900 le quartier de l’ambassade à Pékin et tuèrent l’ambassadeur allemand. L’Empereur Guillaume II vitupéra : « Plus jamais un Chinois ne sera autorisé à regarder un Allemand de travers ». Après la Première Guerre mondiale, bien que des officiers et des représentants allemands de l’industrie lourde aient aidé le général nationaliste Chiang Kai-Shek, les relations connurent une nouvelle embellie dans les années 1980. Ainsi, en 1984, Volkswagen s’associa avec le constructeur automobile de l’Etat de Shanghai. Trois mois seulement après la répression sanglante de la place Tiananmen en juin 1989, Otto Wolff von Amerongen (décédé en 2007), le Président du comité de l’Est de l’économie allemande, rencontrait le Premier ministre Li Peng.

    Des dissidents emprisonnés

    Sous les mandats des chanceliers Kohl et Schröder, les Allemands étaient perçus par Pékin comme des partenaires opportunistes. Néanmoins, en 2007, A. Merkel fit un affront à la Chine en recevant à Berlin le Dalaï-Lama, le chef spirituel du Tibet occupé par l’armée chinoise. Les dirigeants chinois écumèrent. Ils annulèrent les rencontres diplomatiques et menacèrent de résilier de nombreux contrats. De puissants directeurs d’entreprises comme Jürgen Hambrecht, Directeur de BASF, invitèrent à traiter les différends dans le calme. La chancelière se montra imperturbable, même si son attitude évolua. Lors de sa dernière visite à Pékin, elle remit une liste mentionnant les noms des dissidents emprisonnés, et elle aborda timidement le thème des droits de l’homme. La direction du Parti communiste n’en fut pas du tout embarrassée. A. Merkel est convaincue que la Chine veut devenir à n’importe quel prix une grande puissance. Et la crise financière a évidemment accéléré ce processus.
    Berlin souhaite entretenir les meilleurs rapports avec Pékin. Mais comment peut-on en même temps envisager des liens très étroits avec un Etat et critiquer ses entorses aux droits de l’homme et aux règles internationales ? A. Merkel doit soigner ses rapports sans donner l’impression qu’elle est prête à tout sacrifier pour le sacro saint « droit des affaires ». Elle encourageait les acteurs de l’économie allemande qui s’étaient rendus à Pékin en juillet 2010 à ne pas donner libre cours à leur courroux sur la « piraterie industrielle ». Hambrecht, le patron de BASF s’était déjà plaint à ce propos de l’attitude de Pékin, expliquant que cela « ne répondait pas aux attentes de notre partenariat ».

    Pékin finance la dette de Washington

    A l’avenir et pour leur propre intérêt, les Allemands devront apprendre à ne pas s’incliner et mettre en avant la défense des valeurs dites « démocratiques » afférant aux Etats de droit. En Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, les dirigeants chinois se présentent sous le jour d’un Etat capitaliste autoritaire. Par conséquent, si l’Allemagne et l’ensemble des démocraties occidentales veulent conserver leur influence dans le tiers monde, ils ne devront pas brader leurs principes fondamentaux. Par ailleurs, les Etats-Unis ont financé par le crédit leur consommation et sont devenus tributaires de Pékin. Les conséquences de cette dépendance motivent des intérêts de géopolitique : sur le théâtre afghan, pendant que les GI mènent la guerre contre les Taliban, la Chine investit dans les ressources minières de ce pays. Depuis des années, la Chine est le plus grand créancier de l’Oncle Sam. Cela signifie qu’elle peut spéculer à sa guise sur le dollar. Les Etats-Unis pourront sortir de cet étau, à condition de revenir à une économie saine en relançant notamment l’épargne des ménages. Nous pourrions bien entendu étendre ce raisonnement au continent européen qui souffre des mêmes maux et mentionner la Grèce, l’Irlande ou l’Espagne menacées de faillite nationale. De plus, ces nations sont susceptibles d’entraîner la zone euro dans une très grande fluctuation. Ce mécanisme nuirait aux Allemands qui se verraient sanctionnés dans leur politique d’exportation. La mission première de l’Europe est simple : A. Merkel, Sarkozy et les chefs d’Etat européens doivent empêcher la faillite des pays membres de la zone euro en remettant le plus vite possible l’Union monétaire sur des bases solides. Mais en s’engageant début octobre à financer la dette de la Grèce et en la soutenant dans le cadre de ses futures émissions d’obligations à long terme, la Chine a une fois de plus illustré sa toute puissance au détriment de l’Union européenne. L’objectif de cette perspective politique n’a jamais été la sauvegarde des intérêts communautaire. Bien au contraire, l’UE est un cheval de Troie du mondialisme qui a pour but occulte la mort économique de ce continent. Ayant gagné cette bataille, la Chine s’appliquera ensuite à faire flotter sur les crêtes du monde l’étendard de son idéologie déshumanisée, naturaliste et païenne.

    Annuellement, 900 000 universitaires chinois diplômés

    C’est pourquoi nous ne pouvons que douter de la réussite des hommes d’affaires allemands qui ont pris le parti de défendre encore plus fortement qu’auparavant leurs avancées technologiques contre les insistances et les ruses de Pékin. Etant donné que l’Empire du Milieu s’attaque à l’industrie de la République fédérale, la protection de la propriété intellectuelle devient une question de survie. L’économie fédérale profite encore du fait qu’un ingénieur est mieux formé en Allemagne qu’à Pékin ou à Guangdong. La politique de formation s’avère par conséquent extrêmement vitale pour l’économie fédérale. Mais pour combien de temps encore ? 900 000 Chinois terminent chaque année leur formation universitaire, 500 000 sortent avec un diplôme d’ingénieur et 230 000 étudient à l’étranger. Parlant d’une agonie annoncée, un patron de l’industrie automobile allemande commente : « Soit nous renonçons à ce marché gigantesque en pleine croissance, soit nous nous soumettons aux conditions des Chinois ».

    Laurent Glauzy
    tiré de l’ Atlas de géopolitique révisée, tome II

    http://www.contre-info.com/chine-le-fossoyeur-de-la-technologie-allemande#more-30662