En charge du Quai d’Orsay, Jean-Yves Le Drian n’est certes pas le plus mauvais ministre du troupeau gouvernemental. Ce n’est pas Hubert Védrine ; mais pas Bernard Kouchner non plus. Dans un entretien accordé au Monde du lundi 20 avril, il dessine ce que pourraient être les contours du monde de demain. Avec ce qu’il faut d’angélisme et de langue de bois, mais non sans quelque bon sens et cette interrogation : « Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble au monde d’avant, mais en pire. »
Ainsi : « Il me semble que nous assistions à une amplification des fractures qui minent l’ordre international depuis des années. » Fort bien, mais cet « ordre international » n’ayant « d’ordre » que le nom n’est-il pas, de fait, « fracturé » depuis la chute de l’URSS, en 1991 ? Année à l’occasion de laquelle les USA ont cru pouvoir incarner un leadership mondial, à la faveur de cette « fin de l’Histoire » annoncée par l’essayiste américain Francis Fukuyama.