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tradition - Page 102

  • Samedi 2 et dimanche 3 septembre : les 60 ans de la revue "Lectures françaises" à Chiré en Montreuil (86)

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  • LES DIEUX VIVENT DANS LES FORÊTS

    78686310.jpg[Ci-contre : couverture de l'étude de R. Harrison, reparue en poche (Champs-Flammarion, 1994). « Le mot “forêt” est à l’origine un terme juridique. Tout comme ses nombreux dérivés dans les langues européennes (forestaforest,forst...), il vient du latin foresta. Le mot latin n’apparait pas avant la période mérovingienne. Dans les documents romains et les premiers actes du Moyen Âge le terme usuel pour désigner les bois et les régions boisées était nemus. Le mot foresta apparaît pour la première fois dans les lois des Lombards et les capitulaires de Charlemagne, pour désigner non tant les régions boisées en général que les réserves de chasse royale. L’origine du mot est incertaine. Selon toute vraisemblance, il viendrait du latin foris, en dehors. L’obscur verbe latin forestare signifiait retenir en dehors, mettre à l’écart, exclure. En effet, pendant la période mérovingienne où le mot foresta fit son entrée dans le lexique, les rois s’étaient octroyé le droit d’exclure du domaine public de vastes étendues boisées, afin d’y préserver la vie sauvage qui, en retour, devait assurer le maintien d’un rituel royal fondamental : la chasse »]

    « Détruire des forêts ne signifie pas seulement réduire en cendres des siècles de croissance naturelle. C'est aussi un fonds de mémoire culturelle qui s'en va » : Robert Harrison résume bien, ainsi, l'enjeu plurimillénaire, le choix de civilisation que représente la forêt, avec ses mythes et ses réalités (Forêts : Essai sur l'imaginaire occidental, Flammarion, 1992). Une forêt omniprésente dans l'imaginaire européen.

    L'inconscient collectif est aujourd'hui frappé par la destruction des forêts, due à l'incendie, aux pluies acides, à une exploitation excessive. Un être normal — c'est-à-dire quelqu'un qui n'est pas encore totalement conditionné par la société marchande — ressent, quelque part au fond de lui-même, quelle vitale vérité exprime Jean Giono lorsqu'il écrit de l'un de ses personnages : « Il pense : il tue quand il coupe un arbre ! »

    Le rapport de l'homme à la forêt est primordial. Il traduit une vision du monde, le choix d'un système de valeurs. Car la forêt, symbole fort, porte en elle des références fondamentales. « Une époque historique — écrit Harrison — livre des révélations essentielles sur son idéologie, ses institutions et ses lois, ou son tempérament culturel, à travers les différentes manières dont elle traite ou considère ses forêts ». Dans la longue mémoire culturelle des peuples, la place donnée — ou non — aux forêts est un repère qui ne trompe pas.

    Pour étudier la place des forêts dans les cultures et les civilisations, depuis qu'il existe à la surface de la terre des sociétés humaines, Harrison prend pour guide une grille d'analyse forgée par un Napolitain du XVIIIe siècle, Giambattisto Vico, qui résume ainsi l'évolution de l'humanité : « Les choses se sont succédé dans l'ordre suivant : d'abord les forêts, puis les cabanes, les villages, les cités et enfin les académies savantes » (La Science nouvelle, 1744).

    Ainsi, les forêts seraient à l'origine la matrice naturelle d'où seraient sortis les premiers hommes. Lesquels, en s'affranchissant du milieu forestier pour ouvrir des clairières, en se regroupant pour construire des cabanes, auraient planté les premiers jalons de la civilisation, c'est-à-dire de la conquête de l'homme sur la nature. Puis, d'étape en étape, de la ruralité au phénomène urbain, de la rusticité à la culture savante, de la glèbe aux salons intellectuels, l'humanité aurait réalisé son ascension. On voit bien, ici, s'exprimer crûment cette conception tout à la fois linéaire et progressiste de l'histoire, qui triomphe au XVIIIe siècle avec la philosophie libérale des Lumières pour nourrir, successivement, l'idéologie libérale et l'idéologie marxiste. Mais cette vision de l'histoire plonge ses racines très loin, dans cette région du monde qui, entre Méditerranée et Mésopotamie, a donné successivement naissance au judaïsme, au christianisme et à l'islam, ces 3 monothéismes qui sont définis, à juste titre, comme les religions du Livre.

    TU NE PLANTERAS PAS...

    Religions du Livre, de la Loi, du désert. C'est-à-dire religions ennemies de la forêt, car celle-ci constitue un univers à tous égards incompatible avec le message des fils d' Abraham. La Bible, est, à ce sujet, sans ambiguïté. Dans le Deutéronome, Moïse ordonne à ses errants dont il veut faire le Peuple élu de brûler, sur leur passage, les bois sacrés que vénèrent les païens, de détruire ces piliers de bois qui se veulent image de l'arbre de vie : « Mais voici comment vous devez agir à leur égard : vous démolirez leurs autels, briserez leurs stèles, vous couperez leurs pieux sacrés, et vous brûlerez leurs idoles ». L'affirmation du Dieu unique implique l'anéantissement des symboles qui lui sont étrangers : « Tu ne planteras pas de pieu sacré, de quelque bois que ce soit, à côté de l'autel de Yahvé ton Dieu que tu auras bâti ».

    Cet impératif sera perpétué par le christianisme, du moins en ses débuts lorsqu'il rencontre sur son chemin, comme principal obstacle, la forêt et ses mythes. Très vite, l'Église pose en principe un face à face entre les notions de paganisme, sauvagerie et forêt (sauvage vient de sylva), d'un côté, et christianisme, civilisation et ville, de l'autre. Quand Charlemagne entreprend. pour se faire bien voir d'une Église dont il attend la couronne impériale, une guerre sainte en Saxe, bastion du paganisme, il donne pour première consigne à ses armées de détruire l'lrminsul, ce monument qui représente l'arbre de vie et qui est le point de ralliement des Saxons. Le message est clair : pour détruire la capacité de résistance militaire des païens, il faut d'abord éliminer ce qui donne sens à leur combat. Calcul erroné, puisqu'il faudra, après la destruction de l'lrminsul, encore trente ans de massacres et de déportations systématiques pour imposer la croix. Les clercs entourant Charlemagne n'avaient pas compris que pour les Saxons comme pour tout païen, les dieux vivent au cœur des forêts, comme le constatait déjà Tacite chez les Germains de son temps. Autrement dit, tant qu'il reste un arbre debout, le divin est présent.

    LA FORÊT-CATHÉDRALE

    La soumission forcée des Saxons n'aura pas fait disparaître pour autant la spiritualité liée aux forêts. Car le christianisme a dû, contraint et forcé, s'adapter à la mentalité européenne, récupérer et intégrer les vieux mythes qui parlaient encore si fort, au cœur des hommes. Cette récupération s'exprime à travers l'architecture religieuse : « La cathédrale gothique — note Harrison — reproduit visiblement les anciens lieux de culte dans son intérieur majestueux qui s'élève verticalement vers le ciel et s'arrondit de tous côtés en une voûte semblable à celle des arbres rejoignant leurs cimes. Comme des ouvertures dans le feuillage, les fenêtres laissent pénétrer la lumière de l'extérieur. En d'autres termes, l'expression forêt-cathédrale recouvre davantage qu'une simple analogie, car cette analogie repose sur la correspondance ancienne entre les forêts et la résidence d'un dieu » (cf. aussi Les Racines des cathédrales, Roland Bechmann, Payot, 1981).

    L'Église s'est trouvée, au Moyen Âge, confrontée à un dilemme : contre le panthéisme inhérent au paganisme, et qui voit le divin partout immergé dans la nature, il fallait décider d'une stratégie de lutte. Réprimer, pour extirper, éradiquer ? C'est la solution que préconisent de pieuses âmes, comme le moine bourguignon Raoul Glaber : « Qu'on prenne garde aux formes si variées des supercheries diaboliques et humaines qui abondent de par le monde et qui ont notamment une prédilection pour ces sources et ces arbres que les malades vénèrent sans discernement ». En favorisant les grands défrichements des Xlle et XIlle siècles, les moines ont un objectif qui dépasse de beaucoup le simple intérêt économique, le gain de nouvelles surfaces cultivables : il s'agit avant tout, de faire reculer ce monde dangereux, car magique, qui abrite fées et nymphes, sylves et sorcières, enchanteurs et ermites (dont beaucoup trop ont des allures rappelant fâcheusement les hommes des chênes, les anciens druides). Brocéliande est, comme Merlin, « un rêve pour certains, un cauchemar pour d'autres ».

    Faut-il, donc, détruire les forêts ? Les plus intelligents des hommes d'Église comprennent, au Moyen Âge, qu'il y a mieux à faire. Le culte de saint Hubert est chargé de faire accepter la croix par les chasseurs. Les “chênes de saint Jean” doivent, sous leur nouveau vocable, fixer une étiquette chrétienne sur les vieux cultes du solstice qui se pratiquent à leur pied. On creuse une niche dans l'arbre sacré pour y loger une statuette de la Vierge (nouvelle image de l'éternelle Terre-Mère). Devant “l'arbre aux fées” où se retrouvent à Domrémy Jeanne d'Arc et les enfants de son âge, on célèbre des messes. La plantation du Mai, conservée, sera compensée par la fête des Rameaux ( qui vient remplacer la Fête de l'arbre que célébraient, dans le monde romain, les compagnons charpentiers pour marquer le cyclique et éternel retour du printemps).

    Saint Bernard, qui a su si bien, comme le rappelle Henri Vincenot [in : Les Étoiles de Compostelle, Denoël, 1984, repris en Folio, 1987], perpétuer les traditions celtiques, assure tranquillement devant un auditoire d'étudiants : « Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres. Les arbres et les rochers t'enseigneront les choses qu'aucun maître ne te dira ». Cet accueil et cette intégration, par le syncrétisme, d'une nature longtemps perçue, par la tendance dualiste présente dans le christianisme, comme le monde du mal, du péché, sont poursuivis par un saint François d'Assise. « C'était en accueillant la nature — constate Georges Duby —, les bêtes sauvages, la fraîcheur de l'aube et les vignes mûrissantes que l'Église des cathédrales pouvait espérer attirer les chevaliers chasseurs, les troubadours, les vieilles croyances païennes dans la puissance des forces agrestes » (Le temps des cathédrales, Gal., 1976).

    La perpétuation du symbole de l'arbre et de la forêt se fera, à l'époque moderne, par la plantation d'arbres de la Liberté (1), les sapins de NoëI, la branche verte placée par les compagnons charpentiers sur le faîtage terminé de la maison...

    L'ARBRE COMME SOURCE DE VIE

    Mais, référence culturelle par excellence, la forêt reste, jusqu'à nos jours, un enjeu idéologique et l'illustration d'un choix de valeurs. Quand Descartes, dans son Discours de la méthode, compare l'autorité de la tradition à une forêt d'erreurs, il prend la forêt comme symbole d'un réel, foisonnant et touffu, dont il faut s'abstraire, en lui opposant la froide mécanique Raison. « Si Descartes se perd dans la forêt — le monde historique, matériel —, ne nous étonnons pas qu'il se sente chez lui dans le désert (...) C'est l'esprit désincarné qui se retire de l'histoire, qui s'abstrait de sa matière et de sa culture » (R. Harrison,op. cit.). Ajoutons : de son peuple.

    Inversement, en publiant leurs célèbres Contes et légendes du foyer, les frères Grimm, au XIXe siècle, entendent redonner, par le biais de la langue, un terreau culturel, un enracinement à la communauté nationale et populaire allemande. Or, significativement, la forêt est omniprésente dans leurs contes, en tant que lieu par excellence de ressourcement.

    L'arbre comme source de vie. Présent encore parmi nous grâce à une reuvre qui a, par bien des aspects, valeur initiatique, Henri Vincenot me confiait un jour : « II y a dans la nature des courants de forces. Pour reprendre des forces, c'est vrai que mon grand-père s'adossait à un arbre, de préférence un chêne, et se pressait contre lui. En plaquant son dos, ses talons, ses mains contre un tronc d'arbre, il ne faisait rien d'autre que de capter les forces qui vivent et cornmontent en l'arbre. Il ne faisait qu'invoquer, pour y puiser une nouvelle énergie les puissances de la terre, du ciel, de l'eau, des rochers, de la mer... » (éléments n°53).

    ► Pierre Vial, Le Choc du Mois n°53, 1992.

    (1) cf. Jérémie Benoit, « L'Arbre de la Liberté : résurgence d'une mentalité indo-européenne », in Études indo-européennes, 1991.

    http://vouloir.hautetfort.com/archives/category/tradition/index-35.html

  • Brocéliande contre le monde moderne

    Notes pour servir à la constitution d'un Front Brocéliande contre le monde moderne

    « J'ai revêtu plusieurs aspects 
    Avant d'atteindre ma forme naturelle. 
    J'ai été le fer étroit d'une épée 
    (Je le croirai si je le revois) 
    J'ai été une goutte dans l'air 
    J'ai été une étoile scintillante 
    J'ai été un mot dans un livre... 
    J'ai été un tisonnier dans le feu 
    J'ai été un arbre dans un fourré »

    Câd Goddeu (Le Combat des Arbres)

    « ... l'intuition, qu'il y a quelque vaste processus à l'œuvre qui réalise l'acmé de la création, l'entéléchie de toute lutte vitale, dans ces larges et fraîches feuilles d'extase magique, qui s'ouvrent et frémissent dans l'air invisible ».

    John Cowper Powys

    La forêt était vivante. Par les rumeurs, les grands gestes, les hauteurs mouvantes, les silences tapis, les lueurs vertes, les éclats soudains lorsque le soleil tombe, la forêt vive nous parlait. Nous étions, en quelque sorte, ses enfants. Nous aimions la verticalité de la forêt, les cimes perdues, presque indiscernables, les racines tels de gros serpents, l'humus, le pourrissement délicieux des feuilles. Les troncs, plus ou moins espacés, évoquaient de longues notes de musique qui finissaient par s'accorder dans le tumulte polyphonique de la forêt. Mais chaque arbre avait son message, sa présence propre. Les arbres ont de si fortes individualités que nous en oublions les essences et les espèces. Comme les humains, les arbres ont leurs histoires et, je m'aventure à l'affirmer, leurs consciences !

    Je crois à cette individualité ancrée dans la terre et doucement vaguante, en son faîte, avec le vent, le ciel ! Je crois à l'individualité farouche des arbres, des terres, des animaux et des hommes. L'homme moderne ne reconnaît que ce qu'il peut classer dans quelque abstraite catégorie. Aussi bien, je ne suis pas un homme moderne. La densité de l'être, sa force, sa vertu, son bonheur témoignent de l'intense singularité de toute chose...

    Cet arbre qui m'adresse un signe de bienvenue lorsque le chemin tourne et revient du côté du soleil n'a pas son égal et je me soucie fort peu de ce qu'en pensent les naturalistes. Il verdoie doucement dans l'air encore pâle d'Avril. Toute la mélancolie du renouveau bruit avec le vent venu des hauteurs qui retourne vers elles les paumes cendrées des feuilles, comme des mains, avec leurs nervures intelligentes. Cet arbre me salue quand je passe — mais il me semble que sa grande tâche est un colloque avec des présences que je ne vois pas mais dont la profusion architecturale des branches est le Temple. Les Tibétains croyaient que la symétrie attire les démons. Mais ils croyaient aussi à l'harmonie et à l'interdépendance universelle, et je vois ce matin qu'il n'est rien de moins symétrique ni de plus harmonieux que ce Temple feuillu...

    Je veux bien être traité de panthéiste ! C'est en effet la grande manie des abstracteurs modernes. Pourtant, ce mot, pour moi, ne veut rien dire. Car ce que disent les arbres à mon entendement est d'un ordre trop subtil pour convenir à de grossières terminologies. Panthéiste ? Si l'on y tient ! Mais avec Plotin et Saint­-François, avec Taliesin et Novalis ! Je sais fort bien que la beauté — où s'unissent la transcendance et l'immanence — n'est pas omniprésente, que souvent la transcendance s'éloigne, et que l'immanence devient lourde en cet âge de fer. J'aime les arbres car ils nous enseignent la légèreté. Certes, les arbres ne volent pas mais ils accueillent les oiseaux, hôtes et protecteurs des libertés les plus fragiles. Il faut bien voir que les racines des arbres ne sont pas moins dans le Ciel que dans la terre. La plus haute branche est l'éloge ultime de la terrestre légèreté. Veulent-ils nous enseigner l'esprit ceux qui ne frissonnent point avec le souffle à la plus haute branche de leur désir ?

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  • 2&3 septembre : Journées Chouannes à Chiré en Montreuil (86)

    Les Journées Chouannes 2017 se tiendront cette année les 2 et 3 septembre à Chiré en Montreuil (86). De nombreux anniversaires cette année, permettront de brosser différentes thématiques : le centenaire des apparitions de Notre Dame à Fatima, 300 ans de la Franc Maçonnerie, 500 ans du protestantisme, centenaire de la Première guerre Mondiale, les 60 ans de Lectures Françaises, ...

    Samedi 2 septembre :
    La révolution dans ses œuvres

    9h : Ouverture des stands et début des dédicaces
    10h : Introduction
    10h15 : Table ronde sur les 500 ans du protestantisme, avec le Père Louis-Marie, o.p., Vincent Lhermite
    11h30 : Table ronde sur les guerres de Vendée, avec Jacques Villemain, Henri Servien et André Boscher
    12h30 : Déjeuner
    14h : Table ronde sur la démocratie, avec Maxence Hecquard et Christophe Buffin de Chosal
    14h30 : Table ronde sur la bioéthique, avec Stéphane Mercier et Marie-Dauphine Caron
    16h : Table ronde : Survivre à la guerre numérique, avec François Levieux et Éric Meillan
    18h : Table ronde sur 300 ans de Franc-maçonnerie, dirigée par Jérôme Seguin, avec Christian Lagrave, Jean-Claude Lozac’hmeur et Alain Pascal
    18h30 : Hommage à Henry Coston, par François-Xavier d’Hautefeuille
    19h15 : Renouvellement de la consécration de la D.P.F. au Sacré-Cœur, par le Père Jean-Marie, de la Fraternité de la Transfiguration
    19h40 : Apéritif suivi du Banquet de Chiré - Débat

    Dimanche 3 septembre :
    Lectures Françaises, 60 ans au service de la politique

    7h : Messe basse par le Père Jean-Marie
    9h : Messe basse par le R.P. Argouarc’h
    10h : Messe traditionnelle chantée par M. l’abbé Jean-Yves Cottard
    12h : Déjeuner (sur réservation)
    14h : Table ronde sur Fatima : les 100 ans et le 3e secret, avec l’abbé Bertrand Labouche et Yves de Lassus
    14h30 : Table ronde sur l’œcuménisme islamique avec Laurent Dandrieu et Lina Murr-Nehmé
    16h : Table ronde sur les 60 ans de Lectures Françaises, avec Jean Auguy, Jérôme Seguin, Pierre Romain, Claude Beauléon, François-Xavier d’Hautefeuille et Jean-Pierre Cousteau
    18h45 : Mot spirituel par le R.P. Lecareux suivi de la conclusion par F.-X. d’Hautefeuille
    19h30 : Banquet des amis de Chiré

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • 16 et 17 septembre 2017 - Camp d'été France Jeunesse Civitas

    Participation aux frais : 35 euros

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  • Au nom de l'Apocalypse !

    Y a-t-il une théologie de l’écologie ? La question peut sembler frivole. Elle me paraît au contraire essentielle si l’on veut prendre la mesure de l’importance du problème écologique et des dimensions qu’il met en œuvre. C’est la création qui est en cause et la nature.

    Le souci écologique fait ressurgir un très vieux concept qui remonte aux Grecs le concept de nature. Peut-on admettre que l'homme, au nom de son intelligence devienne le prédateur de la Nature ? Ne faut-il pas considérer que la nature, elle-même n'est pas parfaite, qu'elle est fragile, qu'elle peut, d'une manière ou d'une autre, nous lâcher, soit parce que ses ressources se sont épuisées, soit parce que l'homme l'empêche de fonctionner normalement. Certes la nature est pleine de ressources que nous ne connaissions pas et que nous découvrons, admiratifs, en rentrant dans l'ère digitale. Mais en même temps elle semble se dérober à nos yeux et laisser la place à une Planète entièrement humanisée et complètement déréglée. La question du réchauffement climatique nous renvoie à ce genre de considération.

    Il ne faut pas seulement comparer la nature et l'homme, comme deux partenaires. L'homme lui-même, malgré son intelligence apparemment capable de tout, doit se reconnaître des limites. - Il est dans la nature et une nature est en lui, nature qui est comme une norme, lui rappelant que tout ce qui lui est possible ne lui est pas pour autant permis.

    La Bible nous invite à méditer sur cette étrange puissance du mal qui est en nous. C'est en particulier l'histoire de Noé et du déluge, qui nous rappelle cette dimension normative de la nature. « Quand Dieu regardait la terre, ce n'était que corruption, car toute chair sur la terre avait une conduite corrompue ». N'est-ce pas le mot de l'homme d'aujourd'hui, quand il accepte de se voir tel qu'il est ? « Quant à moi, dit Dieu, je vais faire venir le déluge, l'inondation sur toute la terre pour détruire sous le ciel toute chair en qui se trouve un souffle dévie » (Gen. 6). Face à la puissance du mal, plusieurs fois rappelée, il semble que Dieu n'ait qu'un objectif sage détruire la terre pour supprimer ses habitants. Voilà l'antique crainte, dans laquelle l'écologie nous fait plonger de nouveau.

    La première alliance

    À cette crainte, Dieu avait voulu mettre un terme, comme pour montrer à Lucrèce et à ses émules qu'il n'acceptait pas de se laisser chercher seulement dans la crainte. C'est la première alliance, l'alliance dite noachique, celle conclue avec Noé après le déluge « Je ne recommencerai plus à maudire le sol à cause de l'homme. Tous les jours que durera la terre, semailles et moissons, froidures et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront pas ». Il y aura un ordre dans l'univers dont le signe est l'arc-en-ciel. « Dieu fait briller son soleil sur les justes et sur les méchants », comme parle le Christ. La première alliance entre Dieu et les hommes, c'est la terre, l'ordre qu'elle manifeste à travers la succession des jours et des nuits, la ressource intarissable qu'elle offre à l'homme. Et voilà que l'homme, dans une sorte de démesure, risque de briser cette première alliance.

    Au nom de cette première alliance, tous les hommes, dans une sorte de foi naturelle, croyaient en Dieu et la foi était en quelque sorte le premier et le plus vrai des sentiments humains. C'est par cette foi, infuse en eux comme une première grâce, que les hommes pouvaient prétendre au salut, en s'extrayant de la corruption (Hébr. 11,6). On trouve dans l'Apocalypse, au chapitre 6, un texte parallèle : « Dieu ordonna aux quatre anges qui avaient pouvoir défaire du mal à la terre et à la mer : "Ne faites de mal ni à la terre, ni à la mer, ni aux arbres Jusqu'à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu" ». Le temps du salut, celui où les serviteurs de Dieu sont marqués au front, est un temps de paix où les hommes jouiront paisiblement de la Création. On peut penser que quand le temps du salut sera arrivé à son terme, alors, Dieu ne sera plus tenu par son serment, l'alliance noachique cessera...

    Il ne s'agit pas de jouer à se faire peur avec une fin des temps, au cours de laquelle, le Christ nous en a prévenu, « les puissances des deux seront ébranlées ». Mais il s'agit, hic et mmc, de concevoir notre existence non comme un dû, à propos duquel chacun serait en droit d'exiger toujours plus, mais comme un don immérité. La paix de la Création est une disposition divine qui a rapport au salut. Elle n'est pas un décret éternel d'une Nature majusculaire qui n'est qu'une illusion d'optique. Comme le dira Malebranche au début du XVIIIe siècle, « l'œuvre de Dieu est une œuvre négligée », qui n'a pas sa fin en elle-même. « Nous n'avons pas ici-bas de demeure permanente » dit saint Paul aux Hébreux. Dieu n'a pas fait la nature comme une mère éternelle au giron de laquelle nous pouvons nous suspendre, en faisant n'importe quoi. La première création est pour la seconde. « Nous sommes des citoyens des Cieux ». Malheur à nous si nous faisons de la nature une idole. Seule la foi dans l'Autre monde nous obtient la paix dans celui-ci. La non-foi, la foi trahie ou transformée en croyances humaines trop humaines nous entraîne dans des cataclysmes s'enchaînant les uns aux autres et dont nous n'avons simplement pas idée. Sans la foi en Dieu, jamais nous ne serons capables de donner à la nature le respect qui lui est dû comme œuvre de Dieu. Et alors ? Tout est possible, surtout le pire.

    Abbé G. de Tanoüarn monde&vie 26 juillet 2017

  • Lugnasad : fête celtique de la récolte et de la souveraineté

    Comme chaque année, les néo-païens celtes de l’hémisphère nord ont célébré ce 1er août la fête de Lugnasad (transcrit aussi « Lughnasadh » ou « Lúnasa »). Moins connue que Samain, Imbolc ou Beltaine, Lugnasad est l’une des quatre célébrations majeures du calendrier celtique. Elle est attestée dès la plus haute antiquité aussi bien en Irlande et dans la Bretagne insulaire que sur le continent.

    Littéralement, « assemblée de Lug », Lugnasad apparaît d’emblée comme une fête dédiée à la principale divinité du panthéon celtique : Lug, dieu de la lumière, du savoir et des arts ainsi que du pouvoir, du droit et de la souveraineté. Selon la légende, il aurait institué la fête de Lugnasad en hommage à sa mère, la déesse chtonienne Tailtiu, morte d’épuisement après avoir transformé les forêts irlandaises en plaines cultivables. Lugnasad reste ainsi une fête liée à la récolte, à la terre nourricière et féconde. Ceci explique sans doute pourquoi les mariages étaient célébrés à des dates rapprochées de cette fête.

    Lugnasad est ainsi à l’image du dieu Lug et de ses multiples fonctions (ses domaines sont si variés qu’un de ses épithètes gaéliques est Samildanach, « le polytechnicien »). Elle garde cependant son aspect tellurique et chtonien : c’est avant tout l’occasion de célébrer la récolte et d’en remercier la Terre. Des mets spéciaux étaient ainsi préparés avec les fruits de la première récolte dont une petite partie était sacrifiée au dieu en signe de reconnaissance.

    C’est aussi la fête de la souveraineté où le roi est célébré dans sa fonction royale, non comme chef militaire mais comme le guide, le garant des lois et de la paix. Les belliqueux peuples celtes observaient à cette occasion une trêve, les guerriers étant tenus d’aller aux célébrations sans armes. L’équité et la justice étaient des notions très importantes pour les Celtes qui profitaient de l’occasion pour résoudre les contentieux et honorer leurs dettes. Répartir les produits de la collectivité pour en donner une part au plus démunis aurait également été d’usage. Car, si Lugnasad est la fête de la récolte, il est nécessaire de donner pour recevoir, comme on sème pour récolter.

    Selon les endroits, les festivités pouvaient durer de trois jours à une semaine. On y festoyait avec les produits de la récolte et de l’hydromel. Le sacrifice d’un bœuf était d’usage en Irlande. Et puisque Lug patronne aux arts et aux jeux, l’on écoutait volontiers bardes et poètes et l’on organisait des concours athlétiques : courses de chevaux, lancer de poids, lutte. Lugnasad est aussi l’occasion de commercer : des foires immenses se tenaient en Irlande selon les celtologues. N’oublions pas que Lug est aussi le dieu des commerçants et des voyageurs.

    Lugnasad était donc pour les Celtes un moment de retrouvaille, de paix et de convivialité, mais aussi une façon de célébrer la communauté. Toutes les classes (guerriers, druides, artisans) étaient tenues de participer aux festivités présidées par le roi. L’Irlande a gardé le plus de traces de cette fête et des rites qui s’y rapportaient. Aussi, la plupart des pratiques et des usages décrits ci-dessus sont irlandais. Peu de traces nous sont restées de la manière dont on célébrait Lugnasad au Pays de Galles ou en Écosse.

    L’archéologie s’est en revanche montrée plus fructueuse en Gaule. Nous savons, d’après les historiens antiques et grâce aux découvertes, que le début du mois d’août était pour les Gaulois une période hautement sacrée. On ne sait ce qu’il en était avant la conquête romaine. Une fois la Gaule romanisée, l’habitude fut prise de réunir à Lyon (ville par excellence de Lug) une assemblée d’une soixantaine de délégués envoyés par les cités gauloises. Pour les historiens modernes, les Romains auraient tout bonnement repris à leur compte une tradition déjà existante. Cette Assemblée des Gaules se réunissait pour délibérer et transmettre aux autorités romaines les doléances de leurs administrés, mais aussi pour célébrer le culte de l’empereur auquel ils rendaient un hommage annuel. Le dirigeant suprême de l’empire était ainsi assimilé à la principale déité du panthéon gaulois.

    Avec la christianisation de l’Empire Romain, ces célébrations disparaissent progressivement du continent. Elles demeurent néanmoins vivaces en Irlande. Saint Patrick et les autres évangélisateurs semblent avoir réalisé qu’il serait quasi impossible de faire renoncer le peuple irlandais à ces traditions venues du fond des âges. Lugnasad, ainsi que les autres fêtes celtiques, ont dès lors été christianisées et progressivement épurées de toute signification païenne. Une démarche qui a porté ses fruits : Lugnasad disparaît dès le VIème siècle, mais les rites et pratiques associées demeurent en étant christianisées. Ainsi, Lug est remplacé par saint Patrick en Irlande et par saint Maël Ruba en Écosse.

    Le christianisme celtique assimile si bien ces traditions païennes qu’elles perdurent jusqu’à nos jours. Des textes du XVIIIème siècle attestent ainsi de rites consistant à « sacrifier » une part des premières récoltes, ou à tuer un bœuf vers la fin juillet ou début août.

    Dans sa thèse soutenue à l’université de Boston en 1962 sur l’antique Lugnasad et ses rites, la journaliste et folkloriste irlandaise Màire MacNeill étudie les origines, les rites et la persistance de cette fête dans l’Irlande chrétienne. Elle relève 195 sites où des célébrations ont lieu aux alentours du 1er août. Le plus connu est la montagne Croagh Patrick où des milliers de pèlerins affluent le dernier dimanche de juillet (Reek Sunday) pour la gravir et y déposer des fleurs ou des céréales. Pour MacNeill, ce n’est autre qu’une des nombreuses survivances de Lugnasad.

    D’autres coutumes ont perduré : la visite des fontaines dont on fait le tour dans le sens du Soleil en exprimant ses vœux de prospérité et de bonne santé. Ce rite est attesté dans les écrits irlandais du XVème siècle. Il faut aussi souligner la survivance des foires traditionnelles : celles du comté de Clare et de Kerry font toujours la joie des touristes.

    Bien sûr, comme le relève MacNeill, ces célébrations étaient dénuées de toute signification païenne. Il s’agissait d’un simple folklore colorant la vie chrétienne des Irlandais. L’appellation Lugnasad était d’ailleurs inusitée, puisqu’on ne célébrait plus Lug et les anciens dieux. C’est au XIXème siècle que resurgit Lugnasad avec la redécouverte du paganisme qui a bonne presse chez les romantiques. Étrangement, ce ne sont pas les Irlandais mais les Britanniques qui se passionnent pour ce passé celtique. C’est compréhensible : l’Irlande n’avait jamais perdu ses traditions celtiques qui rythmaient toujours la vie des Irlandais modernes christianisés.

    Des mouvements néodruidiques se sont en revanche formés dès le XIXème siècle en Angleterre, au Pays de Galles et en Bretagne. Le néopaganisme n’ayant pas de liturgie officielle, les rituels varient selon les pays et les groupes. Là où certains préfèrent mettre l’accent sur la convivialité et le partage, d’autres souhaitent imiter au maximum les rites antiques. Enfin, certains se concentrent sur la transcendance et l’aspect spirituel. Même le choix de la date peut varier : la nuit du 31 juillet au 1er août, ou celle du 1er au 2 août. Certains groupes fêtent même le 7 août, soit l’exact milieu entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne. Notons que dans l’hémisphère sud, Lugnasad se célèbre le 1er février.

    Outre ces variations, l’ensemble des néopaïens celtisants s’accordent à voir dans Lugnasad une fête célébrant la terre nourricière et généreuse, l’été au maximum de la chaleur et de la fructification. Comme pour leurs ancêtres, c’est aussi une occasion propice au partage et à la dégustation des mets faits à base de produits de la nouvelle récolte.

    Enfin, une des coutumes les plus répandues dans les groupes néodruidiques est de faire circuler parmi les membres réunis en cercle une couronne de chêne, symbole de l’année qui s’écoule. En effet, le paganisme celte a une vision cyclique et non linéaire du temps. L’apogée n’est que le début du déclin. Si Lugnasad est le point culminant de l’été et de la fructification, c’est aussi le signe annonciateur de l’écoulement de l’année. Il n’est pas loin, l’automne qui verra la Nature entrer dans un sommeil avant de renaître au printemps après les sombres mois d’hiver..

    Nicolas Kirkitadze

    http://www.breizh-info.com/2017/08/06/75044/lugnasad-fete-celtique-de-recolte-de-souverainete