Heidegger commence par contester que l’on puisse, comme Jünger cherche à le faire, donner une bonne « définition » du nihilisme. « En demeurant attachés à l’image de la ligne, écrit-il, nous découvrons qu’elle parcourt un espace, lui-même déterminé par un site. Le site rassemble. Le rassemblement recèle le rassemblé dans son essence. C’est le site de la ligne qui donne la provenance de l’essence du nihilisme et de son accomplissement » (p. 200). S’interroger sur l’accomplissement du nihilisme dont le monde tout entier est devenu le théâtre —en sorte que le nihilisme est désormais l’« état normal » de l’humanité —, impose donc de chercher à situer ce « site de la ligne » qui fait signe vers l’essence du nihilisme. Pour Heidegger, poser la question de la situation de l’homme dans son rapport au mouvement du nihilisme exige une « détermination d’essence ». Comprendre le nihilisme implique que la pensée soit ramenée à la considération de son essence.
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