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L'Irlande, la construction européenne et le génocide industriel de la France

Le problème irlandais est caractéristique de ce que la construction européenne a coûté et continuera à coûter à la France.
L'Irlande était un pays pauvre comparé à notre pays il y a encore trente ans. Avec la construction européenne, le PIB par tête est maintenant de 50 % supérieur à celui de la France.
L'expression « déshabiller Pierre pour habiller Paul» garde tout son sens. Les pays européens du centre (France, Allemagne, ... ) ont par leurs subventions permis à l'Irlande de faire venir des entreprises, la plupart du temps américaines. Au passage, les subventions européennes ont aussi permis aux entreprises du CAC 40 de délocaliser au détriment de l'emploi dans notre pays. L'Irlande a aussi fait venir d'autres entreprises avec un taux d'imposition sur les bénéfices de 12,5 % contre 27,5 % en moyenne dans les autres pays de la zone Euro.
Après avoir fait payer les français à notre détriment, on leur demande maintenant de renflouer l'Irlande à nouveau. Cela n'est pas trop souligné par les fanatiques de la construction européenne. On constate aussi l'hypocrisie, la vacuité et le ridicule de ceux qui condamnent en permanence le protectionnisme.
Depuis longtemps il ne consiste plus à refuser des marchandises. Il s'exprime de façon sournoise par des conditions avantageuses grâce aux taux de change pour certains, le taux d'imposition sur les sociétés ou la pratique de la désinflation compétitive comme en Allemagne. Ce qu'on appelle le libre-échange n'est que l'utilisation de tous les protectionnismes locaux. Les Irlandais n'ont ratifié le traité de Lisbonne qu'à condition de maintenir leur avantage fiscal sur les sociétés. Quant à la Grèce, elle envisage déjà de ne pas rembourser le FMI et l'Europe.
On comprend avec l'Irlande, cas qu'on peut généraliser à la Grèce, à l'Espagne, au Portugal et aux pays de la périphérie pourquoi la France avec la construction européenne connaît depuis de longues années un véritable marasme économique. Avec la mise en place de l'Euro, les produits allemands ont pu inonder les marchés français et italien. Tout ceci conjugué aux subventions pour favoriser l'implantation des entreprises aux pays de la périphérie et aux 4 PIGS*, on a assisté à la destruction systématique de notre industrie.
Le gouvernement français a accompagné toutes ces mesures sous la pression des entreprises du CAC 40 à qui cela rapporte. Il y a malheureusement une déconnexion entre la santé des grandes entreprises françaises devenues des multinationales et l'économie de notre pays, c'est-à-dire les intérêts économiques des Français vivant sur notre sol.
Face à ce désastre économique qui vient en grande partie de l'Euro, la réaction des gouvernants est de sauver l'Euro, monnaie symbole qui doit être l'horizon indépassable de toute politique.
La crise des pays qu'on appelle les PIGS* montre aussi à quel point les «miracles» économiques étaient artificiels. Leur croissance momentanée a été due à des subventions et une monnaie qui ne correspond en rien à leur économie réelle.
Tout le cadre institutionnel de la construction européenne savamment construit par une « élite» arrogante et sûre d'elle-même n'a abouti qu'au déclin de la France et même de l'Europe.
Patrice GROS-SUAUDEAU
* PIGS : Portugal, Italie, Grèce, Espagne

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