Marine Le Pen n'est pas Saint Pierre, et Serge Ayoub, bien sûr, n'est pas le Christ. Mais la stratégie de la patronne du Front a été inventée la nuit de la Passion, avant que le coq ne chante : « Je ne connais pas cet homme-là ». C'est celle aussi de Fillon, de Copé, de tous les autres lâches. De ceux, qui, tremblant sous les coups de Valls et de Berge, bêlent : « Il ne faut pas confondre les nazillons avec la manif pour tous contre le mariage gay ». Cette stratégie n'est pas très élégante, et elle est inefficace. C'est exactement ce que le système veut, qu'on dissocie la droite de l'extrême droite.
De quoi s'agit-il en effet ? Pierre Bergé, cette vieille obscénité aux yeux bordés de jambon rose, a situé le problème en deux mots : « Je le redis, la manif pour tous a accepté dans ses rangs ces fachos qui ont tué Clément. » Il a raison. Pour la première fois depuis 1984 et les grandes manifestations contre la suppression de l'école libre, le peuple français s'est massivement insurgé contre l'abus de pouvoir socialiste, acceptant dans ses rangs la "droite" et « l'extrême droite ». C'est une formidable révolution en puissance non seulement contre les intérêts des potentats de la gauche, mais surtout contre l'idéologie dont ils sont les prescripteurs officiels et que la "droite" suit habituellement par défaut. Révolution en puissance car la majorité de l'électorat de la droite, et une partie de ses élus, rêvent de se défaire de leur sujétion idéologique : ces soulèvements populaires peuvent dégager l'énergie nécessaire à leur libération, on le constate quand on écoute les conversations et qu'on examine la toile. Il est donc naturel que le système se défende.
Il l'a fait en 1986 par la stratégie Chirac de refus d'alliance avec le FN (qui lui a coûté la présidentielle de 1988, et n'était donc pas compréhensible du simple point de vue politicien, ses amis Malaud et Junot le lui ont d'ailleurs dit). C'est cette stratégie, que Sarkozy sous les conseils de Buisson a parfois été tenté d'abandonner, qui a volé en éclat avec la Manifpourtous, laquelle a rassemblé dans la même indignation excédée les modérés radicalisés et les anti-gauchistes réfléchis. Et les uns et les autres ont commencé à constater ensemble qu'ils n'étaient que des Français brimés et bafoués par un pouvoir illégitime. Aujourd'hui, le système doit à tout prix empêcher leur fusion qui le ferait sauter, dissiperait le théâtre de mensonges et de mots truqués dont il vit, et rendrait la parole en France aux Français. Il a trouvé un moyen pour y parer, le sang - ou plutôt la manipulation des fantasmes politiques liés au sang.
En France, le sang politique coule en permanence. Je ne remonterai pas au six février 1934, mais le comptable le plus froid aura vite fait d'établir que, depuis les années soixante il a coulé beaucoup plus à l’extrême droite qu’ailleurs, et pourtant, c’est là qu’il a fait le moins de bruit. Tel le veut notre système politique et médiatique qui a été orienté comme cela. L'extrême droite qui rappelle Hitler, est du caca. L'extrême gauche, qui rappelle l'utopie généreuse du communisme, est au fond de la fleur de la fleur d’oranger. Les fafs sont des assassins, les antifas des anges. Cette répartition des valeurs morales explique l'actualité récente.
Par exemple, il est jugé normal que Mariton (le ténor anti-mariage gay de l'Assemblée nationale, qui soit dit en passant a magistralement baissé son pantalon depuis) vire sa collaboratrice d'extrême droite - la chose qui inquiétait un peu la presse était de savoir s'il savait ou non d'où elle venait, auquel cas, il aurait été coupable de l'engager. Il est aussi jugé normal et sain que les antifas attaquent, à Nantes, à Tours, ailleurs sans doute, des boutiques, pour la seule raison qu'elles sont tenues par des militants nationalistes. Il est jugé normal que des tags injurieux soient apposés par les mêmes antifas sur de nombreuses églises, dont la cathédrale de Limoges. Il est jugé normal que les antifas prennent à Lille, c'est un exemple, les veilleurs à partie, en hurlant, entre autres : « Deux planches, trois clous, il l'a fait pourquoi pas vous ? Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les cathos ! Les cathos, une balle, les veilleurs, une rafale. » Normal encore que les antifas attaquent un jour l'Action française, le lendemain Synthèse nationale, le troisième jour RIVAROL. Il est jugé louable, au fond, si l'on décape les couches d'hypocrisie, que les amis de Clément Méric et Clément Méric lui-même aient pris pour objectif de « tuer du fasciste ».
Pourquoi ? Parce que le "fasciste", le "populiste", le "raciste", "l'antisémite", ou encore le "négationniste" sont les empêcheurs d'étouffer les nations en rond, les ennemis du système mondialiste, dont la république n'est qu'un gauleiter complaisant. Voilà pourquoi il était légitime, nécessaire, urgent, de monter ce qui, d'après toutes les règles du journalisme, n'était qu'une rixe banale, en épingle, en mayonnaise, en une nationale et internationale, alors que le chômage est au plus haut, que la guerre en Syrie fait rage, que le FMI et l’UE se déchirent sur la gestion de la dette grecque, que, dans l'affaire du photovoltaïque chinois, Angela Merkel prétend démanteler ce qui subsiste des protections prévues par le traité de Rome et court au devant du libéralisme anglo-saxon ! Le ramdam infernal mené autour de l'affaire de la vente Fred Perry se justifie aisément : le sang du petit Méric peut permettre au système de se sauver. Fillon et Copé ne se sont pas trompés, et Marine Le Pen non plus, ils ont tout de suite fait ce qu'ils devaient faire : sous les accusations du grand Surmoi d'extrême gauche, ils se sont tout de suite désolidarisés du petit caca d'extrême droite.
Le stratagème n'est pas nouveau. Nous avons tous à l'esprit la litanie des militants et colleurs du FN tués, nous nous souvenons aussi de Sébastien Deyzieu, nous n'avons oublié aucune des innombrables provocations du SCALP (section carrément anti-Le Pen), les boulons et les canettes jetés sur les misérables salauds, c'était la terminologie, qui osaient assister aux meetings de Le Pen (le vrai, pas la niaise). Nous nous souvenons de la manière dont les média présentaient les choses : à l'envers. Nous avons pu constater les ordres de la préfecture de police, sur le continent comme en Corse : quel que soit le ministre de l'Intérieur et sa couleur politique, ils ressemblaient étrangement à ceux de Manuel Valls lors des manifs antimariage gay. De même, le hourvari d'aujourd'hui, les politiques brodant sur la parole libérée, la marque de l'extrême droite, parlant d'assassinat, avant de rien savoir, le procureur lançant une information judiciaire pour homicide volontaire, la presse y allant de bon cœur, eh bien, c'est le train-train ordinaire, le barnum ordinaire de la désinformation, celui de Carpentras, d'avril 2002, de Malik Oussekine, de Mantes-la-Jolie en 1997, la même chaîne de mensonge incluant l'appareil d’État avec ses quatre pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire, médiatique.
Deux choses fragilisent aujourd'hui ce système de mensonge : internet qui permet une information alternative, et le nombre des manifestants qui viennent de subir les exactions du gouvernement Ayrault, et qui ont commencé ainsi une propédeutique à l’information non médiatique et à la réflexion politique. Songeons que plus de 704 arrestations de manifestants pacifiques ont eu lieu autour de la manif pour tous comptées par Nouvelles de France ! Pour peu qu'on l'y encourage et qu'on l'éclairé cette masse de Français peut se poser des questions. En commençant par ce qui s'est vraiment passé lors de la vente de vêtements qui fait trembler la France. Combien de membres comptait chacune des bandes" en présence ? Comment sait-on que la mort a été causée par un coup de poing, et non par la chute sur un plot ? Puisque, de l'aveu du procureur, les gauchistes ont commencé l'agression, pourquoi n'ont-ils pas été mis en garde à vue et interrogés ? Je ne connais pas Serge Ayoub (moi, c'est vrai), mais je l'ai vu à la télévision, et il a donné une version des faits. Est-il vrai, comme il l'a dit, que les gauchistes aient dit : « On va vous massacrer » ? Est-il vrai que les fascistes aient attendu une demi-heure à l'intérieur afin d'éviter la rixe ? Enfin, pourquoi ne parle-t-on que de Clément Méric ? Où étaient ses camarades qui avaient recherché l'affrontement, pendant la rixe ? C'est très bien de manifester a deux mille à trois mille à six mille contre l’extrême droite nauséabonde, mais pendant que leur camarade, qui pesait soixante kilos tout mouillé, se prenait des coups de poings, où étaient-ils ? Et s'ils étaient là comment se fait-il que Méric ait reçu tant de coups ? Tant qu'on n'aura pas répondu à ces questions, il sera impossible d'avoir une opinion sur ce qui s'est passé.
L'appareil d’État, lui s'en est faite immédiatement. Tout de suite, il a communiqué les prénoms des « suspects », ils ne s'appelaient ni Ali ni Mohamed. Tout de suite, il a précisé leur provenance politique, ce qu'il n'avait bien sûr fait ni pour Merah ni pour l'agresseur qui a porté un coup de cutter au cou d'un militaire en mission Vigipirate à la Défense. La Premier ministre a aussitôt demandé la dissolution des groupes "responsables" , procédure proprement dictatoriale à ce stade de l'enquête, mais que les média ont gentiment présentée comme naturelle et bénigne. Orange, qui a liquidé en quelques années l'une des plus belles entreprises de téléphonie, s'essaie avec brio à l'obséquiosité de masse : « Ayrault ne veut plus » des JNR. Eh oui, il n'en veut plus, c'est normal, c'est anodin, c'est bisounours. Plus vite le totalitarisme avance, plus il fait patte de velours. La république reste fidèle ainsi à ses origines, avec son calendrier bucolique et sa guillotine. J'ai rappelé ici même récemment qu'elle était la guerre civile instituée. Un Valls en est l'instrument rêvé, immigré naturalisé bombardé ministre de l'Intérieur, frénétique de l'ego, fou du maintien du désordre, avec ses poses de toréador déchiquetant à la kalache les vachettes landaises tout en évitant soigneusement le toro bravo, praticien de l'enquête idéologique, Fouché du pauvre. Son maître Hollande ne vaut guère mieux. Il démontre que la nullité est dangereuse, c'est un Erdogan qui n'aurait pas le soutien du peuple, mais celui, bien plus important, de TF1, des francs-maçons, des bisounours et des eskimos. Il n'interdit pas le baiser dans le métro ni l'alcool, mais il montre la même fermeté contre ses opposants.
Un dernier mot pour finir, du mort. Pauvre petit. Ce n'est jamais drôle de voir mourir un garçon de dix-neuf ans. De qui fut-il la victime ? D'un coup malheureux sans doute. Mais qui est responsable ? Réponse : la République, qui fomente la guerre civile pour se maintenir. En particulier le gouvernement et le président actuels, qui l'ont cherchée activement depuis plusieurs mois, inutile d'y revenir. Mais le petit Méric est tombé aussi victime de ses mortelles illusions, de son outrecuidance. Il se promenait un foulard sur le nez dans des provocations dangereuses, il se jouait tout le cinéma idiot et dangereux du « No pasaran », il a voulu tuer du fasciste, il a cherché la bagarre, lui la crevette. L’Éducation nationale est probablement la première responsable des fantasmes et des bêtises qui encombraient la tête de ce bon élève, végétaliste, syndicaliste d'extrême gauche, qui pensait probablement lutter contre le Léviathan. Pauvre petit garçon riche des mensonges qu'on impose aux Français, pauvre petit roquet de garde du mondialisme. Ils peuvent manifester, les antifas, ils peuvent hurler, les hommes de gauche, c'est eux qui l'ont tué, en lui inculquant leurs sottises mortelles. Il en est mort. Et immédiatement, ils ont recueilli son sang, car c'est avec ce sang qu'ils font leur politique. C'est avec son sang qu'ils vont essayer de ne pas se faire sortir. C'est avec son sang qu'ils vont main tenir la politique qui rend esclave le peuple français. Il faut dénoncer leur manœuvre. Il faut empêcher l'UMP, manipulée par la gauche, de séparer les Français qui veulent sauver leur pays. Il faut soutenir et justifier l'extrême droite. Et quant à Esteban Morillo, s'il a vraiment tué Clément Méric, il faut l'assister, il faut prier pour lui, car c'est toujours terrible un meurtre, même si on ne le commet pas exprès. Il ne faut sur tout pas l'abandonner, ce serait pire qu'un crime, une faute morale.
HANNIBAL rivarol du 14 juin 2013