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Les bons conseils du Père Ubu (13) : Haro sur les mouflets !

Par ma Gidouille, je te le déclare, ô François : le comble de ta génialitude, c’est d’organiser le conditionnement des mioches. Voilà comment ta quasi-dictature se prépare un avenir qui durera longtemps (et qui se dispensera du « quasi »). Cet été, tu as fait rêver tes ministres de 2025, mais tu étais trop modeste. J’aperçois d’ici un régime dont je ne vois pas la fin, Cornefinance !

Comme il a raison, ton Refondator, d’« arracher » les marmots aux « déterminismes » qui ne viendraient pas de votre domination ! Sa seule faiblesse, c’est de l’avoir proclamé publiquement. Moi, j’aurais fait la même chose, mais sans le dire (les intellos parlent trop). Reste que, sur le fond, j’applaudis (même si ça me fait drôle d’applaudir quelqu’un d’autre que moi). Oui, les bambins, le Grand Mammouth Laïc – et néanmoins Sacré – doit les avaler tout petits et tout entiers. Normal : l’Avaleur n’attend pas le nombre des années.

C’est à ce propos que la Mère Ubu, en une seconde de bonté, m’a montré un sublime article (www.femmeactuelle.fr/actu/dossiers-d-actualite/lutter-contre-les-stereotypes-sexistes-cette- maternelle-le-15894). Tu vois que le changement, c’est bien maintenant : le Père Ubu se délecte d’un magazine féminin ! Et cette prose m’a renforcé dans la conviction que Refondator, Nadjie et toi menez une politique dont nul ne peut mesurer, Cornephysique, les conséquences en chaîne et les indéfinis rebonds !

Dans une maternelle de Toulouse, on fait la chasse aux « stéréotypes sexistes ». Et comme on ne veut pas rester bredouille, les stéréotypes, mieux vaut les inventer soi-même avant de tirer dessus (comme avec les faisans d’élevage). « Dans le sport, dit la journaliste, les filles se mettent spontanément en retrait, ne savent pas lancer une balle, n’investissent pas l’espace. » Voilà qui me plaît. Quand j’étais gosse (car je l’ai été !), je n’étais, de par ma Gidouille, pas tellement plus aérodynamique qu’aujourd’hui. Que de fois des gamines ont couru plus vite que moi ou m’ont pris ce ballon avec lequel, pourtant, j’avais des affinités de silhouette ! Pauvres petiotes, z’avaient oublié de s’imprégner des stéréotypes de genre afin de pouvoir en être libérées !

Autre expérience : on sort aux bambins une photo sur laquelle les pompiers sont des femmes. Un petit garçon, surpris, suppose que les hommes « sont derrière ». Dis, François, tu en vois souvent, des brigades de pompières sans aucun pompier ? Eh bien, tu aurais dû en voir ! Sinon, tu es comme ce garnement « englué dans ses stéréotypes » ou comme celui qui est « déjà péremptoire ». Regarde comme on passe de la chasse aux stéréotypes à la chasse à l’enfant (ah, Prévert !) : pas encore arrivés au CP, ces galopins sont déjà dénoncés ! Stigmatisons les stigmatiseurs avant qu’ils n’aient grandi !

Enfin, un très bon truc, c’est d’imaginer un succès pédagogique dans ce que les mouflets auraient dit de toute façon. Une fillette déclare : « Il n’y a pas que les garçons qui font attention. » Tu crois qu’elle y a pensé toute seule ? Plus rusée, la journaliste attribue cette enfantine sagesse aux « six modules déjà suivis ». Non seulement c’est rigolo à regarder, cette méthode, mais en plus ça marche ! Preuve supplémentaire de cette efficacité : Nadjie-la-Souriante, qui assistait « il y a quelques mois » à l’expérimentation, « a décidé de généraliser ces cours ». Elle a bien raison. Pourquoi attendre qu’ils aient le droit de vote pour commencer à les traiter tous comme des veaux ?

Tu te rappelles les « leçons de choses » de la communale ? Tu es passé toi aussi par cette répugnante recherche de la réalité, cette obsessionnelle observation du monde ? Eh bien, c’est maintenant que nous échappons toi et moi à l’insupportable obstination du réel. Nous nous libérons du terrible entêtement des faits, Cornegidouille ! À nous la performative puissance de la parole et les inépuisables ravissements du mensonge efficace ! À nous le pouvoir de renommer toutes les parties de l’univers plus facilement qu’on ne renomme un fichier numérique en un docile ordinateur ! À nous l’ivresse d’imposer au cosmos nos idées, sans bouger de chez nous : nos idées au logis !

Tiens, encore un souvenir républicain de quand nous étions nous-mêmes des morveux (au temps où ce pays était une république). On nous apprenait un poème du Père Hugo dont le titre, sous ton règne, devient indécent : « La Conscience. » Tu as en mémoire le moment où, pour protéger Caïn de cet œil qui le suivait, on construisit « une ville énorme et surhumaine » ? Sur la porte, on grava cette inscription : « Défense à Dieu d’entrer. » Eh bien, toi, mon François, tu fais mieux, bougre de merdre ! N’hésite plus à faire afficher partout ta géniale devise : « Défense au réel d’exister. »

Le Père Ubu

http://www.printempsfrancais.fr/3671/les-bons-conseils-du-pere-ubu-13-haro-sur-les-mouflets/

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