De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
"François Hollande a publié, dans le « Monde » du 8 mai, une tribune solennelle (et même un tantinet grandiloquente !) intitulée : « Sortir de l’Europe, c’est sortir de l’histoire ». Pour une fois qu’un dirigeant politique français nous présente sa vision de l’Europe, ne boudons pas notre plaisir. Malheureusement, cette vision est totalement déconnectée de la réalité et repose sur des principes mortifères pour la France comme pour l’Europe elle-même.
Le premier principe erroné et mortifère est contenu dans le titre. Soit ce titre ne veut strictement rien dire, soit il signifie que la « construction européenne », telle qu’elle est aujourd'hui pratiquée, obéit au « sens de l’histoire ».Mais cette vieille lubie des marxistes et des progressistes de tout poil n’existe tout simplement pas : l’histoire est ce que font les hommes. D’ailleurs, l’histoire du marxisme elle-même prouve l’absurdité de la théorie (qui aurait prophétisé la victoire de Lénine au début de la funeste année 1917 ?). Au demeurant, c’est d’autant plus absurde que l’on nous assène à longueur de journée que « l’Europe, c’est la paix » et qu’elle nous conduit à une « fin de l’histoire » merveilleuse où, enfin, la démocratie représentative et l’économie de marché fleuriraient partout. Vous pouvez tourner les yeux dans toutes les directions, rien n’indique que cette « fin de l’histoire » se rapproche. Mais, enfin, c’est bien « l’argument » principal des européistes. Or,on voit mal comment François Hollande peut à la fois reprocher aux « populistes » de vouloir « sortir de l’histoire », tout en leur proposant la « fin de l’histoire »!
Le président croit pouvoir justifier par le passé l’Union européenne telle qu’elle est. Je trouve déjà surprenant que le chantre de la repentance permanente nous invite à faire mémoire d’un passé glorieux qui nous vit renverser le totalitarisme nazi. Mais, surtout, le raisonnement a beau être très répandu dans l’oligarchie, il me reste particulièrement incompréhensible : si je comprends bien,M. Hollande nous explique que, puisque la CEE s’est créée après la chute du nazisme, elle serait le meilleur rempart contre tout totalitarisme. Mais rien n’est moins sûr : le plus sérieux adversaire du national-socialisme fut le stalinisme, qui fit encore plus de morts.
Et puis comment ne pas voir que François Hollande nous vante la volonté d’union de citoyens, de peuples, de nations ? Précisément, cela même qu’il ne veut plus regarder. D’ailleurs, le président nous ressasse le vieux slogan : « Le nationalisme, c’est la guerre ». Slogan qui n’a que l’apparence du bon sens.On pourrait dire, avec beaucoup plus de certitude, le socialisme, c’est la guerre, puisque ce sont des socialistes qui nous ont entraînés dans la guerre en 1914, en 1939, sans parler de la plupart des guerres coloniales et des conflits récents.
Comme tous les démagogues, François Hollande fait mine de s’opposer à un monstre. Mais ce monstre n’a aucune réalité. Il dénonce ceux qui voudraient « sortir de l’Europe », alors que la plupart des eurosceptiques demandent simplement à sortir de l’actuelle Union européenne. Que je sache, l’Europe existait avant l’UE et pourrait exister sans elle. Ils demandent à ce que l’UE soit subsidiaire, c’est-à-dire qu’elle soit au service des nations et des peuples.
On peut choisir l’Europe fédérale. C’est manifestement le cas de François Hollande. Mais il faut avoir l’honnêteté de dire que l’on pense que la France, c’est de l’histoire ancienne.D’ailleurs, à supposer que l’Union européenne s’effondre, croit-on vraiment qu’il n’y aurait plus de coopération entre nations européennes ? Même entre 1870 et 1945, les coopérations entre l’Allemagne et la France ont toujours existé. A fortiori aujourd’hui. Les échanges internationaux ne doivent tout de même pas tout à l’Union européenne! Même en Europe, beaucoup de coopérations n’ont rien à voir avec l’UE, comme Ariane que l’on prétend mettre au crédit de Bruxelles et qui doit tout à la coopération de nation à nation!
Là où cette tribune devient une sinistre farce, c’est lorsqu’il ose nous dire – après des décennies où la volonté populaire a été piétinée – que « les Français peuvent décider et imposer souverainement leur préférence ». Ils le peuvent peut-être, mais, quand ils le font, on ne les écoute pas ! Il ose même nous dire que l’Europe qu’il veut protégerait les frontières, alors qu’il n’a cessé de militer pour toujours plus d’immigration ! Ces grands démocrates qui détestent le peuple, ces grands Européens qui détestent la civilisation européenne, ces grands Français qui ne supportent pas la grandeur de la France, décidément, nous en avons soupé !"