Le procureur Muller a trois grands défauts : un fort caractère, une volonté de remettre le parquet de Saint-Denis au travail et, surtout, il n'est pas franc-maçon.
Christiane Taubira a décidé de muter le procureur Philippe Muller « dans l’intérêt du service ». Ce n’est pas une nouvelle, la presse réunionnaise l’évoquait déjà au mois de mars, dans un long article faisant état des difficultés rencontrées par Philippe Muller, procureur à Saint-Denis de la Réunion depuis juin 2013. Dès son arrivée, il s’est trouvé confronté à l’hostilité de certains magistrats, fonctionnaires et avocats, mécontents qu’un homme précédé d’une réputation énergique débarque dans leur tribunal où les affaires se font en famille, et selon un fonctionnement assez particulier et — il faut bien le dire — plus fraternel qu’ailleurs.
Si nous manquons évidemment d’éléments permettant de savoir avec précision qui est Philippe Muller, et les raisons exactes de cette levée de boucliers dans son tribunal, on comprend entre les lignes que le procureur Muller a trois grands défauts : un fort caractère, une volonté de remettre le parquet de Saint-Denis au travail et, surtout, il n’est pas franc-maçon. Là-bas, c’est un handicap.
Les magistrats du parquet ne bénéficient pas, comme ceux du siège, du privilège de l’inamovibilité. Ils sont directement aux ordres de la Chancellerie, et peuvent en conséquence être mutés comme n’importe quels fonctionnaires. L’usage et la courtoisie veulent qu’on leur demande leur avis. Mais lorsque la mesure est justifiée par des difficultés, on doit entendre le magistrat en ses explications, et en sa défense.
À la grande surprise de Philippe Muller, cette procédure n’a pas été respectée.