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  • L’Entropie dans l’Histoire (4/4)

    Article IV de l’Entropie dans l’Histoire : le conflit, garant de la vie

    Envisager l’histoire de l’Humanité, conçue comme l’histoire d’écosystèmes artificiels plus ou moins complexes, permet d’envisager de nouvelles perspectives.

    Force est d’admettre, en effet, que la guerre, quelle que soit sa nature, n’est pas réductible à une cause précise à l’échelle humaine. Ainsi, des guerres peuvent opposer des civilisations différentes à leurs marches. On se rappellera que la Russie chrétienne européenne a été dominée par des Asiates musulmans pendant trois siècles ; qu’Arabes et Chinois s’affrontèrent aux limites de leurs empires (bataille de Talas, 751). Les Arabes dominèrent le sud de l’Europe pendant plusieurs siècles. Les Turcs assiégèrent Vienne en Autriche à deux reprises (1529, 1683). Plus proche de nous, la colonisation européenne opposa des armées issues de civilisations différentes. Les Espagnols affrontèrent les Aztèques, les Incas, etc. ; les Anglais se battirent partout dans le monde, subissant parfois des défaites cuisantes (Gandamak, 1842). Les Français, loin de chez eux, affrontèrent les Tonkinois, etc. Mais ces conflits engagèrent peu de soldats européens car, selon l’adage « On fait toujours la guerre à ses voisins », les guerres intracivilisationnelles sont plus faciles à mener.

    A une autre échelle que les guerres inter-civilisationnelles d’antan, les guerres civiles opposent des membres d’une même famille (Guerre des Deux Roses en Angleterre, Guerre de religion en France, Guerre de sécession en Amérique du Nord, Guerre civile russe, Guerre d’Espagne, etc.). Là, des frères, des cousins s’affrontent.

    Entre ces deux pôles, on trouve une multitude de typologies de conflits ; par exemple des guerres entre peuples. Ces peuples appartiennent à la même race, à la même civilisation, mais parlent des langues différentes ; ce sont les guerres nationales tant décriées aujourd’hui.

    Les lignes de fracture envisageables à l’origine de conflits sont par conséquent innombrables. Ainsi, aujourd’hui, l’amplitude des phénomènes migratoires interclimatiques crée des perspectives de conflits s’organisant sur des lignes de fracture inenvisageables avant. Aussi, comprendre l’essence de la guerre à travers le prisme écologique pourrait, dans l’esprit d’aujourd’hui, en limiter les potentialités. Mais une politique résolument pacifiste ne pourrait parvenir à cette fin car le conflit est un moyen de rééquilibrer écosystémiquement des sociétés –ou écosystèmes artificiels – soumis au Second Principe de la thermodynamique (1) et donc à la croissance de l’entropie.

    En effet, le facteur essentiel justifiant un conflit est que ceci va limiter l’entropie des systèmes à des niveaux tolérables écosystémiquement. Sciemment, nous évitons ici de développer par écrit le fond de nos propos car ceux-ci cadrent mal avec l’esprit de notre temps. Nous livrons quelques éléments laissant au lecteur le soin de construire les déductions auxquelles ils conduisent.

    Ainsi, tout système engendré à l’issue d’un état marginal, comme une guerre par exemple, va s’autoconsolider. Il tend donc vers un niveau d’entropie faible relativement à son niveau de complexité potentiel. Les valeurs sociales qui dominent sont très strictes alors. Politiquement, après un conflit, l’autorité politique est assez bien acceptée car chacun fait siennes les normes sociales dominantes. La première phase de ce cycle historique est donc la consolidation des structures issues de l’état marginal. Mais une fois celles-ci bien établies – le système ayant pérennisé ses fondements –, l’entropie ne va cesser de croître jusqu’à atteindre un niveau critique. La manifestation sociale de cette entropie dangereuse a été qualifiée de « stérilité écosystémique » dans d’autres articles publiés par Polémia (2). Paradoxalement, cette entropie jugée néfaste crée les conditions de l’innovation structurant le nouveau système issu de l’état marginal à venir. Ce sont des innovations de rupture signifiant par là qu’elles n’ont pas comme vocation de développer le système, mais d’anticiper sa disparition. Car une fois certains seuils atteints, le système entre à nouveau en état marginal. Le déterminant essentiel à ces changements d’état est lorsque la pérennité de ses composantes essentielles est en jeu.

    Il s’agit de la pérennité des lignées viables qui le constituent, obligées de se recomposer sur d’autres bases. Par analogie avec le langage des sociologues, un système réagit quand les insiders sont en péril. L’insider, sous l’angle écologique, est la personne apte à la reproduction biosociale. Tant que cela ne concerne que lesoutsiders, donc plus fragiles socialement, rien ne bouge. Lorsque le niveau critique est atteint, le système rentre en état marginal, et ainsi de suite.

    Tout système est obligé d’évoluer ainsi car les contraintes s’exerçant sur lui changent en permanence et l’entropie ne fait qu’y croître. Il est capable de s’adapter à la marge à quelques-unes d’entre elles, mais le changement des contraintes déterminantes l’oblige à des mutations profondes. Dit en termes issus de la thermodynamique du non-équilibre, il doit changer de branche thermodynamique. Or, l’enclavement d’écosystèmes de natures différentes, apparaissant, se développant et disparaissant, intégrés les uns aux autres et fonctionnant sur des tempos différents imposent ces changements perpétuels résumés par la célèbre phrase issue du roman Il Gattopardo, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. »

    Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les mutations politiques qu’un territoire connaît. Prenons un territoire au hasard en France européenne. Celui sur lequel s’est développée la ville de Lyon, par exemple. Il porte au début de l’Histoire la capitale des Gaules, puis c’est le déclin. Le royaume de Bourgogne lui fait revivre un âge d’or. Economiquement, Lyon se développe surtout à partir du XVIe siècle dans l’orbite des régions outre-Rhin, et ainsi de suite. Dans cet esprit, un jour, Paris s’effondrera. La Ve République disparaîtra. Les frontières politiques bougeront. Etc. En revanche, toutes choses étant égales par ailleurs, les déterminants climatiques de l’entité France ne devraient pas changer à court terme. Mais si ce climat mute profondément, alors la recomposition macropolitique s’imposera, etc. Ce qui se développe sur un territoire, puis périclite, pour se redévelopper ensuite, fait son histoire politique, mais ne peut être dissociable d’une intégration à des écosystèmes identifiables. Il y aurait dans cet esprit une véritable discipline à créer : l’histoire dans le prisme écosystémique et écologique. Une sorte d’écohistoire…

    Le conservatisme millénaire de nos gènes impose ce changement perpétuel que l’Histoire décrit. L’écosystème apparaît alors comme l’espace garantissant cette perpétuation par le changement ; espace où l’efficience entropo-néguentropique est le but jamais réalisé. Les notions d’entropie, de néguentropie, d’état stationnaire ou marginal, de structure dissipative, de branche thermodynamique, etc., sommairement présentées dans de précédents articles publiés par Polémia, mais aussi les notions de bassin attracteur, d’espace des phases, etc., innervent désormais la pensée scientifique contemporaine. Leur déploiement dans les sciences sociales leur donnerait un nouvel élan.

    Signalons par précaution que ces notions sont récentes, très récentes. Ainsi l’entropie ne se définit pas et ne se mesure pas, reléguée par beaucoup de scientifiques dans l’espace philosophique. Malgré cela, appréhender la fonction écosystémique de l’entropie permet d’entrevoir alors de nouvelles perspectives sur le sens de l’histoire dans une perspective biosociale. L’entropie conformément au Second Principe condamne toute structure à sa fin, mais lui permet aussi d’explorer de nouveaux équilibres repoussant le terme de son existence. C’est l’effet paradoxal de l’entropie.

    Sur ces fondements, encore très flous, l’Histoire est interprétable comme la recherche permanente de l’organisation optimale d’écosystèmes afin de favoriser la reproduction des lignées constituant la biosphère – lignées, elles-mêmes, en perpétuels changements, mais dans des temporalités plus amples que celles accessibles à l’Histoire. Cette évolution passe parfois par l’intégration de nouveaux constituants, mais le plus souvent par l’expulsion de ses constituants écosystémiquement stériles. Dans ce processus dont l’actualité et l’étude du passé rendent compte, pour peu de succès écosystémiques, il y a beaucoup d’échecs. Cette dynamique se réalise avec comme épicentre nos génomes, donc indépendamment de notre volonté individuelle et de notre conscience.

    Il n’y a donc pas de fin ou de déterminisme, sinon ceux fixés par le niveau d’entropie de nos systèmes et par notre capacité à contrarier ses effets délétères. Tous les philosophes de la Modernité, c’est-à-dire ceux ayant donné comme sens à l’Histoire une perspective téléologique, ne font que constater ce qu’un écologue identifie dans le fonctionnement d’écosystèmes naturels. Mais alors que l’écologue n’y voit que la réponse de systèmes à des contraintes endogènes ou exogènes, les Modernes, religieux ou profanes, annoncent une cohérence se déployant dans le temps avec comme finalité un ordre parfait. Hérésie dans le prisme écologique. L’entropie, par son effet paradoxal, conduit tout système à sa perte tout en lui permettant de trouver la voie assurant la pérennité, à l’échelle humaine, des lignées le constituant. Voilà pourquoi des civilisations meurent… et d’autres apparaissent.

    Il n’y a donc pas de Raison triomphante, de Paradis terrestre envisageable, de Lendemains qui chantent, de Marché ordonnateur suprême, d’aboutissement au point Oméga, etc. Toutes les philosophies déterministes sur l’Histoire oublient la finalité essentielle : vivre et se perpétuer. L’au-delà appartient alors à la religion, celle-ci étant elle-même une des composantes de la noosphère associée à chaque civilisation, elles-mêmes associées à des territoires et climats homogènes ayant engendré des formes vivantes particulières, contrastant avec celles développées dans d’autres espaces. Ces formes vivantes, expressions de génomes millénaires, n’ont qu’un but : créer les conditions pour se perpétuer.

    Vue avec notre œil individualiste hédoniste de modernes matérialistes, la guerre est une engeance. Mais vue avec un œil sociobiologique, elle est le moyen de garantir la pérennité de nos écosystèmes artificiels et de nos génomes dont nous ne sommes que l’expression, même si cette expression porte des émergences irréductibles à nos gènes, comme la conscience par exemple. Ces voies sont de nouveau à explorer. Soyons conscients toutefois que nos aïeux, d’ici et d’ailleurs, fonctionnaient selon ces principes.

    Depuis, la science et la philosophie ont démontré que le comportement collectif n’est pas réductible au comportement des parties. Cela se traduit par les principes de synergie et d’émergence dans la théorie des systèmes que la notion de complexité d’émergence résume. Ainsi, en guerre, on va s’étripailler avec qui pourrait être un ami et combattre uni à quelqu’un que l’on détesterait dans d’autres circonstances.

    L’idée dominante sous ces lueurs est qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais régimes politiques. Il n’y a que des régimes adaptés ou inadaptés aux circonstances. Entretenir une offre métapolitique fournie est donc vital pour un avenir dont les contraintes décideront de celle qui sera la plus adaptée. Si le système n’a pas de solution en réserve, il disparaît. Personnalités charismatiques, luttes de pouvoir individuelles ou collectives, conflits plus ou moins amples, etc., permettent d’identifier à l’instant ce qui garantit le succès écosystémique. Quelles sont ces circonstances déterminantes : celles où la perpétuation de nos génomes, puis de nos gènes, est menacée. Le paradoxe est que ces états marginaux se manifestant par ce que Maupassant dénonce sont nécessaires pour la perpétuation de nos lignées (voir article I/IV). En cas d’insuccès, elles disparaissent.

    Pour résumer ces vues, le professeur Jacques Vigneron imaginait une France coupée en deux avec les gens de gauche au nord et les gens de droite au sud – ou l’inverse – en étant certain que 10 ans après il y aurait au nord 50% de gens de droite et 50% de gens de gauche, idem au sud. Le scrutin majoritaire à deux tours impose, il est vrai, cette dichotomie, réduisant l’expression politique que permettraient des scrutins à la proportionnelle. Comme le mentionne Polémia dans sa ligne de base « polemos, le conflit, est le père de toutes choses ». Une vision écologiste centrée sur l’entropie ne fait que conforter cet adage.

    C’est muni de cette grille de lecture que l’on peut envisager des questions déterminantes à ce jour comme le rôle de l’islam dans nos sociétés occidentales contemporaines, la question juive à travers les âges, le métissage biosocial, la responsabilité en temps de guerre, etc. Oserons-nous écrire sur des sujets aussi scabreux ? On verra.

    Intégrer le rôle de l’entropie dans l’évolution, et donc dans l’Histoire, permettrait de surmonter beaucoup de paradoxes de notre temps. En revanche, envisager des lendemains qui chantent indéfiniment est une lubie selon cette approche. Or, c’est la lubie fondatrice de la Modernité. D’où sa fin prochaine comme composante principale de la noosphère et son remplacement par des idéologies plus prosaïques. L’Ecologie est particulièrement performante pour en fournir. Mais pas celle dévoyée politiquement ; la vraie écologie.

    Enfin, la perspective la plus motivante pour prolonger cette réflexion est d’admettre que connaître les déterminants essentiels des conflits permettraient de les limiter. Pour éviter ces guerres, la politique doit gérer l’entropie au quotidien et ne pas se défausser sur le futur, car alors des gens n’étant pas a priori condamnés périraient. Mais là, toutes nos notions de responsablité sont à subsumer.

    D’un point de vue écologique, le but de la politique est de favoriser la perpétuation des lignées constitutives de la biopshère ; de toutes les lignées. Prenant acte de la suprématie d’Homo Sapiens, et parmi eux d’Homo Industrialis, des philosophes fameux ont érigé le devoir de protéger la nature au statut de responsabilité. On pense sur ce thème à Hans Jonas (1903-1993) comme un des protagonistes ayant porté cette perspective. Mais cela contrarie les humanistes et les Modernes en général ayant fait de la dissociation nature/culture le fondement de toutes leurs ambitions théo-téléologiques. Le capitalisme énergivore en est la conséquence la plus manifeste.

    Or, qui dit consommation d’énergie dit production d’entropie et… (refrain). Les conditions sont donc réunies aujourd’hui pour qu’une crise majeure survienne. Comparativement, les épidémies récentes (grippe espagnole de 1918) ou les conflits mondiaux d’hier passeront pour des chatouillis démographiques sans grandes conséquences. Il y eut déjà des crises majeures en Europe. On pense bien évidemment aux grandes pestes du Moyen Âge, particulièrement celle du XIVe siècle, décimant jusqu’à un tiers de la population dans certaines parties de l’Europe. Une surexploitation des milieux naturels aurait créé le terreau favorisant leur expansion.

    Le but est, autant que faire se peut, d’éviter d’en arriver là.

    Quel est le meilleur régime politique pour le faire ? On ne sait pas. La seule certitude est que celui qui triomphera sera le plus efficace pour tendre vers l’optimum écosystémique.

    Faisons donc confiance à nos génomes. Ils ont des milliers d’années. C’est beaucoup comparé à la durée d’une vie humaine. Porteraient-ils l’instinct pour nous guider, muni d’une mémoire du temps que notre conscience n’éclairerait que fugacement ? Ne serions-nous que l’expression de ces gènes, malgré nos consciences individuelles ? Alors autant ne pas les contrarier, car leurs réactions seront à la hauteur des égarements que nos consciences leur auront fait supporter. En résumé, écoutons notre instinct. (Fin, mais à suivre quand même).

    Frédéric Malaval, Mars 2015

    Note de l’auteur :

    (1) Avenir climatique et remigration – Polémia
    (2) Regard écologique sur la dette souveraine (1/2)

    http://www.polemia.com/lentropie-dans-lhistoire-44/

  • Alain de Benoist. « Le FN aurait tout intérêt à abandonner ses positions jacobines »

    En cette période d’entre-deux tours électoraux, nous avons voulu faire un tour d’horizon de l’actualité avec l’écrivain, essayiste, politologue et philosophe Alain de Benoist, principal théoricien de la Nouvelle Droite dans les années 70, dont l’immense bibliographie n’a d’égal que la méconnaissance que Manuel Valls, Premier ministre, y porte, comme en témoigne son récent accrochage avec Michel Onfray. 
     
    Breizh-info.com : Que vous inspirent les résultats du premier tour des élections départementales en France ? 
    Alain de Benoist : Il n’y a pas beaucoup de choses à dire. Le PS limite la casse, mais reste le grand perdant du scrutin (il est éliminé dans plus de 500 cantons et a d’ores et déjà perdu plusieurs de ses bastions historiques). L’UMP et ses alliés obtiennent de bons résultats, qui vont se confirmer au second tour. Le FN n’atteint pas les 30 % dont le créditaient les sondages, mais n’en réalise pas moins, avec plus de 25 % des suffrages, un score sans précédent, supérieur de 11 points aux cantonales de 2011. Il confirme son implantation locale, arrive en tête dans 43 départements (sur 102) et se qualifie pour le second tour dans plus de la moitié des cantons. Qu’il soit désormais le premier parti de France, ou seulement le second, n’a qu’un intérêt secondaire. 
     
    Le fait important est que ce scrutin confirme la disparition du bipartisme au profit du tripartisme. C’est un fait essentiel, notamment dans la perspective de l’élection présidentielle. Jusqu’à présent, les deux grands partis de la classe dirigeante étaient assurés de se retrouver et de s’affronter au second tour. Ce n’est plus le cas. Si Marine Le Pen accède au second tour, l’un des deux autres n’y sera pas. Il leur faut donc modifier complètement leur tactique. 
     
    J’ajouterai que le tripartisme actuel pourrait bien à terme céder la place à un autre. L’UMP englobe aujourd’hui deux partis différents : un parti centriste libéral et un parti souverainiste. Même situation au PS, où l’on retrouve également un parti centriste libéral, associé à un parti social-démocrate. Il ne me paraît impossible que les deux partis centristes libéraux finissent à terme par fusionner, tandis les souverainistes de l’UMP rejoindraient le FN, les sociaux-démocrates du PS s’agrégeant de leur côté à un nouveau bloc « de gauche ». On y gagnerait en logique et en clarté. 
     
    Breizh-info.com : La stratégie de dédiabolisation entamée par le FN était-t-elle finalement utile ? En Bretagne, le parti cherche à s’implanter durablement avec pourtant un discours très centralisateur, très jacobin . N’est-ce pas voué à l’échec dans une terre aussi résistante au centralisme ? 
    Alain de Benoist : L’époque de la diabolisation du FN est terminée. Personne n’y croit plus. C’est l’une des raisons pour lesquelles le parti de Marine Le Pen commence à s’enraciner dans des régions qui lui étaient auparavant plutôt inhospitalières. 
    Cela vaut aussi pour la Bretagne, comme en témoigne l’exemple des Côtes-d’Armor. Je ne doute pas de l’hostilité des Bretons au centralisme, mais je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui cette préoccupation l’emporte chez eux sur celles qui sont liées à l’immigration et au chômage. 
     
    Cela dit, je suis de ceux qui trouvent détestables les positions jacobines, « nationales-républicaines » et « anti-communautaristes » du Front national. 
     
    Le FN aurait à mon avis tout intérêt à les abandonner, mais il ne faut pas se faire d’illusions : le régionalisme n’est pas dans son logiciel. 
     
    Breizh-info.com : Comment voyez-vous l’évolution de la France dans les années à venir ? 
    Alain de Benoist : Je ne fais pas profession de lire l’avenir. La France est aujourd’hui un pays fatigué, démoralisé, comme vidé de son énergie. Les gens ne font confiance à personne et doutent de tout. Crise morale, dissolution des repères, disparition des liens qui libèrent, extinction des grandes passions collectives – on vit dans la misère spirituelle et matérielle, affective et sociale, mais sous l’horizon de la fatalité. 
     
    Éclatent parfois des colères, mais qui ne durent pas et ne n’assortissent d’aucun véritable projet politique ou idéologique. J’ai eu l’occasion d’écrire récemment qu’il n’y a de perspective révolutionnaire que lorsqu’une reconstruction idéologique radicale rencontre un mouvement social réel. Il me semble qu’on en est encore loin. Tout ce que l’on peut constater, c’est la désagrégation progressive de tous les cadres institutionnels que nous a légués la modernité. 
     
    Comme nous vivons à l’heure actuelle dans une ère de transition, l’histoire reste plus que jamais ouverte. Mon sentiment est que les choses ne bougeront vraiment en France que sous l’effet d’événement graves qui se dérouleront à une échelle bien supérieure à celle du cadre national. Et que ces événements seront d’une nature très différente que ce dont on parle aujourd’hui le plus. 
     
    Breizh-info.com : L’acharnement de Manuel Valls contre une partie du peuple Français est-il le syndrôme d’une disparition programmée du PS ? Ou bien du basculement vers un totalitarisme de moins en moins caché ? 
    Alain de Benoist : N’exagérons rien. A moins qu’il ne soit atteint de façon précoce d’une maladie neurologique, Manuel Valls s’agite dans le vide. En multipliant les coups de menton mussoliniens sur fond de gestuelle empruntée à Louis de Funès, il se rend tout simplement ridicule. Sa seule préoccupation, c’est d’être candidat à la présidentielle de 2017, de faire en sorte que le PS accède au second tour et, quoi qu’il en dise, que le FN y soit aussi. 
     
    Breizh-info.com : Le mot « république » est omniprésent, dans tous les partis politiques. Qu’est-ce-que la République Française et ses fondements ? La démocratie ne doit-t-elle pas triompher de la République ? 
    Alain de Benoist : Si le mot « république » est omniprésent, c’est qu’il ne veut plus rien dire. La classe dirigeante nous rebat les oreilles à propos des « valeurs républicaines », mais il n’y a pas de valeurs républicaines, il n’y a que des principes républicains. Encore faudrait-il préciser de quelle République on se réclame. De la Ière, celle de la loi des suspects, de la Terreur et du génocide vendéen ? De la IIIe, celle de la colonisation des « races inférieures » patronnée par Jules Ferry et les tenants de l’idéologie du progrès ? De la IVe, restée célèbre par son instabilité ? 
     
    Je trouve pour ma part révélateur que la classe dirigeante préfère évoquer des « valeurs républicaines » plutôt que les valeurs démocratiques. Les premières renvoient principalement à l’État, tandis que les secondes privilégient le peuple (souveraineté étatique et souveraineté populaire ne sont pas la même chose). 
     
    Or, le fossé séparant les peuples des élites mondialisées ne cesse de se creuser. Le peuple rejette spontanément les mots d’ordre de la Nouvelle Classe. La Nouvelle Classe se méfie du peuple, qui pense mal et ne vote jamais comme on lui dit de le faire. D’où les critiques contre le « populisme », manière élégante d’avouer qu’on méprise le peuple et qu’on aspire par-dessus tout à gouverner sans lui.
     

  • Poursuite de la grève à Radio France… malgré des avantages considérables pour les salariés

    Après trois semaines de grève à Radio France, le conflit s’enlise

    Pourtant, la semaine dernière, la Cour des comptes a publié un rapport au vitriol sur Radio France (photo) : vacances abondantes, primes en tous genres, avantages en nature, placards inutiles…  Les conditions de travail sont “très favorables” au sein des radios publiques.

    Exemples :

    Les journalistes ont droit jusqu’à 68 jours de congés par an.
    La Radio rembourse les amendes de ses salariés.
    Les syndicats pèsent 8 % des effectifs, et exercent un chantage permanent à la grève. Résultat : la direction cède aux conflits pour y mettre fin par « l’octroi de mesures catégorielles : primes spéciales, avancements garantis ».
    Enfin, plusieurs services sont pointés du doigt pour leurs sureffectifs, comme la communication (100 personnes). Radio France ne compte pas moins de 582 techniciens du son !

    Et ces journalistes donnent des leçons à tout le monde !

    La réponse à cette gabegie ? Pour Dominique Wolton, chercheur sur les médias (invité très régulièrement sur Radio France et payé par le CNRS), plutôt que de chercher à réaliser des économies : “Si on veut sauver Radio France, il faut augmenter la redevance”. Alors qu’elle va déjà augmenter en 2015 !

    Radio Courtoisie, elle, est nettement mieux gérée. Et sans subventions ni publicités.

    http://fr.novopress.info/

  • Une certaine dose de terrorisme intellectuel est constitutive de la France

    Chantal Delsol est interrogée par Présent. Extraits :

    "La liberté d’expression est une incantation, puisqu’il est permis de caricaturer Mahomet ou Jésus mais pas un homosexuel.Puisque nous avons des lois mémorielles. Mais on peut dire aussi qu’il y a une sorte de contradiction entre la liberté de l’individu et son contrôle de plus en plus précis par l’Etat. En le contrôlant, l’Etat garantit son bien-être, sa santé. L’individu est libre mais assisté pour ne rien perdre du bonheur. La liberté n’inclut-elle pas une forme de risque ?

    Cette fébrilité indique-t-elle que nous allons en finir bientôt avec le terrorisme intellectuel ?

    Nous avons déjà beaucoup avancé ! Quand nous étions étudiants, on ne pouvait pas critiquer Staline sans être taxé de nazisme, et le vocable « droite » ne pouvait pas être employé, on utilisait à la place des mots-valises comme « indépendants ». Mais je pense qu’une certaine dose de terrorisme intellectuel est constitutive de la France, pays de 93. C’est un pays violent, vous savez. Démocratique seulement parce qu’il le faut bien, vu l’époque. Mais la démocratie n’est pas ce qui lui convient. Il préfère quelque chose comme un despotisme éclairé. [...]"

    Michel Janva

  • La République n'est pas la France

    Historia consacre un numéro à la plus ancienne nation d'Europe, dont l'avenir dépend de notre rapport au passé. Or, se référer sans cesse à des cassures ou des fractures n'est pas le signe d'une nation se reconnaissant comme enracinée. Appuyons-nous plutôt sur le culte de Jeanne d'Arc.

    La revue Historia de février 2009 présente en ces termes un dossier sur les origines de la France : « La France est la plus ancienne nation d'Europe. Depuis la Gaule de Vercingétorix jusqu'au deuxième millénaire, son histoire fait preuve d'une continuité que ni les grandes migrations, ni les guerres, ni les révolutions n'ont entamée. Un parcours jalonné par des événements fondateurs qui permettent de comprendre d'où nous venons pour savoir qui nous sommes. »

    Rois chrétiens

    Jusqu'ici tout semble établi à tout jamais : la France ne peut mourir... Puis soudain, quelques pages plus loin, comme perdu au milieu d'un récit sur l'essor de l'agriculture au temps d'Henri IV et de Sully, un encadré rappelle la dure réalité de notre temps : « Être Français c'est ringard. » On y apprend que dans un collège parisien, sur dix-huit élèves "sondés", « seulement deux se sentent Français ». Citons encore : « Les jeunes s'identifient désormais à telle ou telle communauté : religieuse, éthique, sexuelle. Au nom de la lutte contre les discriminations, le modèle républicain de l'égalité va-t-il disparaître ? » On assiste ainsi « à la mise en exergue des identités particulières au détriment de l'identité nationale ».

    Donc, il est temps de se rappeler, comme Paul Valéry le disait des civilisations, que les nations sont mortelles, et qu'elles ne perdurent que par l'obstination à vouloir vivre de ceux qui en héritent d'âge en âge. Historia fait alors un inventaire des racines historiques de notre pays. Nous y retrouvons dans toute sa fraîcheur le baptême de Clovis à Reims en 496, véritable événement fondateur dont il résulte que de naissance, donc de nature, la France est chrétienne, car si le roi des Francs avait alors suivi la mode de se rallier à l'arianisme au lieu de s'appuyer sur le déjà vieux fonds chrétien de la Gaule, jamais il n'aurait fondé un royaume indépendant.

    Les descendants de Clovis, encore un peu barbares malgré de belles figures de saints, ne surent pas oeuvrer dans la durée, ni les descendants de Charlemagne aux rêves démesurés. Hugues Capet survint alors, fondant avec sagesse sur l'hérédité aux règles fixes, une dynastie qui allait régner plus de huit cents ans et réellement "faire" la France au rythme des heurs et des malheurs des temps, donnant à chaque Français dans l'allégeance à la couronne le sentiment de son appartenance à une communauté de destin à toujours enrichir et transmettre.

    Deux faits des temps capétiens retiennent l'attention d'Historia. D'abord la création du franc par Jean le Bon en 1360, « une pièce de bon aloi qui porte bien son nom », et dont, dix ans après son abandon sous la pression de l'Europe apatride, 61 % des Français regrettent la disparition. Ensuite le redressement de l'économie par Henri IV et Sully après quarante ans de guerres civiles, grâce au développement de l'élevage et de l'agriculture.

    La fracture de 1789

    Arrivent ensuite les « symboles républicains identitaires » à propos desquels nous doutons fort qu'ils aient leur place dans les événements "fondateurs" de la France. D'ailleurs, Historia rappelle bien que « notre république a vu le jour dans l'émeute et le sang ». Loin de penser que « la république démocratique française a tiré de ces origines dramatiques toute la richesse de son appareil symbolique », nous voyons plutôt en ces événements des années 1789 et suivantes le reniement des origines, reniement que l'on allait ensuite imposer aux Français par l'école, avec cette sacro-sainte laïcité « érigée en dogme national » au prix d'ignobles spoliations et de la mise hors la loi des catholiques français.

    Se référer sans cesse à ces événements qui sont essentiellement des cassures ou des fractures n'est pas le signe d'une nation se reconnaissant comme enracinée. À force de toujours remettre en cause le passé et d'identifier la France à l'idéologie de 1789, on a dénaturé le patriotisme devenu impératif catégorique beaucoup plus qu'acte d'amour charnel. Pas étonnant qu'un sentiment aussi artificiel se soit vite érodé et qu'aujourd'hui l'on ne soit plus capable de le transmettre aux jeunes générations, à celles du terroir comme à celles issues de l'immigration...

    Faut-il à notre tour renier toute l'histoire depuis 1789 ? Absolument pas ! Si la France a duré encore, c'est bien parce qu'elle avait été solidement charpentée par nos rois, et nul ne niera ce qu'il s'est réalisé de beau de grand malgré le régime absurde. Même si nous pensons que la Révolution, inaugurant le temps des guerres de masses et inventant le principe de nations fondées sur des volontés de puissance plus que sur l'Histoire, est responsable de tant de déflagrations européennes, nous ne pouvons ignorer ce que représente dans l'imaginaire français l'héroïsme sublime de tant de soldats qui, sous les plis du drapeau tricolore et au son de la Marseillaise, des soldats de l'An II aux poilus de 1914 et aux résistants de 1940, ont sauvé l'indépendance et l'intégrité du territoire.

    Faits et idées

    Toujours il faut en revenir au conseil de Maurras : accepter la Révolution-fait, mais rejeter la Révolution-idée, afin de reprendre, comme disait Henri V comte de Chambord, sur de nouvelles bases le mouvement qu'ont détourné les révolutionnaires de 1789. Cet effort de redressement intellectuel et moral dans le souci de l'union de tous les Français, donc dans le rejet des mythes diviseurs, ne doit-il pas s'appuyer sur le culte de Jeanne d'Arc, la sainte de la Patrie, qu'Anne Bernet, à la fin de ce dossier d'Historia, exalte comme le symbole de l'indépendance française – ce qu'elle est toujours même aux yeux de bon nombre de républicains ?

     

    MICHEL FROMENTOUX L’ACTION FRANÇAISE 2000  du 5 au 18 février 2009

  • Gollnisch sur France info

    Bruno Gollnisch  intervenait  hier soir sur France Info, questionné sur l’actualité « brûlante » du Front National

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