Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pourquoi l’industrie est condamnée en France

Les années passent,"les discours et manifestations en faveur de l'industrie française se multiplient et s'entassent, et bientôt on en remplira des bibliothèques sans parvenir à tous les abriter. Tel ministre éphémère en a fait sa réputation, pas un parti qui ne jure de son intérêt industriel. Le duo Valls-Hollande s'est distingué en la matière. Néanmoins, ces derniers temps, il devient très discret sur le sujet. Et pour cause. Notre industrie nationale, de statut public ou privé, continue à sombrer, et comme il en va de même du secteur agricole, les deux mamelles les plus gonflées de la France travailleuse des deux derniers siècles se tarissent irrémédiablement. Mais pourquoi donc ?

Qui cherche la réponse à cette question pourtant simple n' en trouve pas, tellement sur chaque cas d'espèce les réponses sont extraordinairement embrouillées. Le début septembre de la rubrique sociale s'est focalisé sur le cas ALSTOM de Belfort, avec pour résultat une confusion à peu près totale. En toile de fond, la polémique sur la gestion étatique ou privée, avec les mots incantatoires de "nationalisation" et de "privatisation". De fait, l'entreprise en cause constitue un mélange des deux types, car l’État y figure, et ses 20 % lui permettent, en principe, d'y bloquer ce qui ne lui plaît pas, et d'être informé de tout ce qui s'y prépare. Cela, c'est la théorie. Dans la réalité, des communiqués officiels nous ont appris que le gouvernement et ses structures spécialisées ignoraient tout de l'affaire de Belfort, avant qu'elle ne s'étale à la une médiatique. Sanction prise contre la négligence des représentants du pouvoir au Conseil d'administration ? Néant. Parce que l'affaire ne revêtait pas d'intérêt majeur ? Pas du tout.

Mondialisme et irresponsabilité

La suppression du site Alstom de Belfort de constructions ferroviaires, a été annoncée par la direction le 7 septembre, et aura lieu par transfert dans deux années à Reichshoften (Bas-Rhin, le nom rappelle une défaite française face aux Prussiens, mauvais présage) de 400 des 450 professionnels du territoire de Belfort. Autre évocation allemande, celle des 44 locomotives d'outre-Rhin achetées par la SN, alors que la spécialité d’Alstom-Belfort, ce sont précisément les locomotives... Les "survivants" ne devraient s'occuper que de "maintenance". Autrement dit, tout disparaîtra, et il est fort possible que les déplacés ne rejoignent jamais l'Alsace, remplacée par des indemnités de départ définitif.

Le gouvernement Valls mit aussitôt son grain de sel par l’intermédiaire de son sécrétait d'Etat aux Transport Alain Vidalies qui joua la surprise maladroitement en précisant qu'il n'y avait de danger que dans deux ans, ce qui sous-entendait qu'il aurait fallu se taire. Le ministricule bomba le torse : « Je fais tout pour sauver le site ». Peu après, le président Hollande en personne, le paraphrasait depuis la Roumanie, où il était de passage. Les vannes du discours politique ainsi ouvertes, tout le monde s'exprima, avec des propos irresponsables. Ainsi Arnaud Montebourg, ainsi ministre du secteur : « 80 % des marchés publics doivent aller en direction du mode in France », et Jean-Luc Mélenchon, clamant que la « sortie des traités européens [...] s'impose [...] pour reconstruire notre industrie ». Comme s'il avait une baguette magique.

Il faut néanmoins reconnaître que l'agité du néo-marxisme mettait le doigt sur la plaie, sans l'appeler par son nom de "mondialisme" car au pouvoir, il pratiquerait un "internationalisme" équivalent. Les salariés de Belfort travaillent avec des pièces venant de Pologne et de Tchécoslovaquie, et Alstom multiplie les délocalisations d'activités vers les pays du tiers monde. À tout ceci, une nationalisation d'Alstom ne changerait rien. Car il y a longtemps que des rames entières de métro sont fournis par le Germano-Canadien Bombardier, que l'espagnol CAF se tient prêt, et ainsi de suite. La nouvelle affaire Florange qui commence se rappellera à l'opinion le 24 septembre, jour de Belfort (50 000 habitants) ville-morte. Au passage, signalons la lutte féroce sur les mêmes fournitures entre Alstom et des entreprises bien françaises, comme les ACC de Clermont-Ferrand, problème qui pourrait être concilié, mais dont aucune autorité ne se préoccupe.

Toujours les mystérieux « jeunes »

Pendant que s'amorce un combat nécessaire, mais perdu d'avance, la CGT, FO et consorts ont poursuivi leur lutte déséquilibrée contre la loi EL Khomry. Le 15 septembre, à Paris et dans plusieurs métropoles régionales, des défilés ont eu lieu et, en particulier ceux de Paris et de Nantes, marqués par de sérieux incidents (un manifestant du syndicat trotskisant SUD a eu un œil crevé, deux policiers ont été également gravement blessés, etc.), sur 64 manifestants (ou présumés tels) interpellés, 32 ont été mis en garde à vue, proportion étonnante par son ampleur inhabituelle. Les habituels « jeunes gens masqués » apparaissant subitement en tête de cortège ont, comme à l’ordinaire, mis le feu aux poudres. Chose très surprenante, compte tenu du service d'ordre policier massif entourant le cortège, dont les éléments vont jusqu'à fouiller des grands-mères chargés de sacs à provision. Sans jamais parvenir à intercepter préventivement les casseurs. Etrange défaillance... Ceci dit, après 14 « journées nationales de mobilisation », la bataille juridico-sociale va maintenant commencer, entreprise par entreprise, et il y aura des surprises.

Bien d'autres dossiers (EDF, Philips, la nouvelle convention médicale...) s'enveniment. Comme les partis de pouvoir et ceux qui veulent y accéder ne répondront que par des promesses électorales, ils déborderont dans les rues. Ainsi va la démagogie démocratique.

Nicolas Tandler Rivarol du 22 septembre 2016

Les commentaires sont fermés.