Les guerres ne se font pas sans alliés ni soutiens. L’un des atouts de DA’ECH & de ses petits camarades ès terreur takfirî est d’avoir su se trouver des soutiens de poids : Riyad, Doha, etc. & si les choses étaient en train de tourner ? Un vent nouveau qui, à n’en pas douter, devrait beaucoup à l’arrivée de Donald J. Trump aux affaires…
Une info, concernant le Qatar, est tombée sans attirer beaucoup l’attention, tant elle nécessitait d’être lue entre les lignes : l’émirat, bonne pâte, continuera à armer la rébellion syrienne (sic) même si Donald J. Trump met fin à la participation des États-Unis aux efforts en faveur de ces groupes terroristes. C’est du moins ce qu’a déclaré samedi soir le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed Bin-Abdulrahman Bin-Jassim al-Thani :
« Nous souhaitons avoir les États-Unis à nos côtés, ils sont notre allié historique », a avancé Cheikh Mohammed. « Mais s’ils veulent changer d’avis, allons-nous changer de position ? Pour nous, au Qatar en tout cas, nous n’allons pas changer de position. Notre position est basée sur nos principes, nos valeurs et notre évaluation de la situation là-bas »1.
Ça, c’est, disons, pour la galerie, car Cheikh Mohammad a aussitôt insisté sur le fait que le Qatar ne comptait pas prendre « seul » l’initiative de fournir aux Contras takfirî des Sol/air à très courte portée (SATCP) destinés à abattre les appareils de la Vozdushno-Kosmicheskiye S’ily (VKS)2.
Une telle décision, a-t-il cauteleusement insisté, devra être « prise collectivement »3. Se gardant bien de préciser ce qu’il entendait dire par « collectivement ». Autrement dit, un flou artistique qui laisse suffisamment de marge aux Qataris pour faire ami-ami avec qui ils voudront, Russes et Américains, y compris. Et, également, pour laisser tomber comme de vieilles chaussettes qui ils entendent le moment venu…
Quant à l’opposition armée takfirî plus généralement, Cheikh Mohammad, est resté plutôt vague, indiquant simplement que l’aide du Qatar « … va se poursuivre, nous n’allons pas l’interrompre. Même si Alep tombe, nous ne renoncerons pas aux exigences du peuple syrien »4.
Une réponse au fait que l’Al-Jayš al-’Arabī as-Sūrī (AAS)5 annonçait le même jour la prise d’un quartier d’Alep-Est, la partie d’Alep contrôlée par les les takfiri. « Même si le régime capture (Alep), je suis sûr que (les rebelles) auront la capacité de la reprendre au régime (…). Nous avons besoin de plus de soutien militaire, oui, mais ce qui est encore plus important, c’est d’arrêter les bombardements et de créer des zones sûres pour les civils »6 a conclu Cheikh Mohammed.
Pas prendre « seul », décision devant être « prise collectivement », « besoin de plus de soutien militaire, oui, mais… ».
Beaucoup d’incertitudes dans les formules, et de portes de sortie ! En langage moins diplomatique, on appelle plutôt ça s’apprêter à avaler une (grosse) couleuvre ou, ad minimo, à revoir sa copie.
À ce stade – étant donné que, qu’on le veuille ou non, le faiseur de pluie (ou d’avancées géostratégiques, si vous préférez) dans l’Orient compliqué dont nous parlait le général reste l’hegemon étasunien – plusieurs choses incontournables sont à rappeler :
- lors de sa campagne, le président US nouvellement élu, Donald J. Trump, a plus que laissé entendre que les États-Unis cesseraient de soutenir les rebelles anti-Assad, préférant concentrer leurs efforts sur la lutte contre Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)7. Trump suggérant même qu’il entendait coopérer avec Moscou dans cette optique.
- son National Security Adviser, le lieutenant-général Michael T. Mike Flynn8, n’a jamais fait mystère de ses intentions quant à renverser la table pour ce qui est de la guerre à conduire contre le terrorisme takfirî et la nécessité de nouer alliance avec la Russie de Poutine pour y parvenir.
- le Pentagone a déjà fait passer Jabhat an-Nusrah li-Ahl ach-Chām9 dans la catégorie peu enviable des ennemis de l’Amérique et aurait même désigné ses chefs comme legitimate targets (cibles légitimes) pour ses actions sur le terrain.
- Tulsi Gabbard, à la surprise générale, est pressentie au poste de US Secretary of State. Son entretien avec Donald J. Trump à ce propos s’est tenu avec succès et ne manque que sa confirmation officielle au poste (nous vous préparons un papier à ce sujet).
Or, rappelons que dans un entretien accordée à CNN, Gabbard avait déclaré que « Les États-Unis et la CIA devraient mettre fin à cette guerre illégale et contreproductive destinée à renverser le gouvernement syrien d’Assad et devraient se concentrer sur la lutte contre (…) les groupes extrémistes islamistes ». « Les choses qu’on raconte sur Assad en ce moment sont les mêmes qu’on disait à propos de Kadhafi, ce sont les mêmes choses qu’on disait à propos de Saddam Hussein par ceux qui plaidaient pour que les États-Unis (…) renversent ces régimes (…) Si cela se produit là en Syrie, nous aboutirons à une situation avec beaucoup plus de souffrances, beaucoup plus de persécutions de minorités religieuses et de chrétiens en Syrie, et notre ennemi sera beaucoup plus fort ».
Autant d’éléments totalement en contresens de l’agenda d’une administration Obama sur le départ.
Côté syrien, on est évidemment prêt à cette nouvelle donne géostratégique US. Dans un entretien récent, le président syrien, le Dr. Bachar el-Assad, a déclaré que, pour lui, le président Trump serait un « allié naturel » s’il décidait de « combattre les terroristes ».
Évidemment, rien n’est encore joué, mais on comprend mieux, que côté qatari, on assure désormais être beaucoup moins chaud à l’idée de fournir à l’opposition armée takfirî tous les jouets qu’elle demande.
Le début de la sagesse du côté de Doha ? Qui sait…
Notes
- Reuters (26 novembre2016).
- Ou Forces aérospatiales russes. Créées le 1er août 2015 suite à la fusion de la Voïenno-vozdouchnye sily Rossiï (VVS, armée de l’Air) avec les Voïenno Kosmicheskie Sily ou (UK-VKS, Troupes de défense aérospatiale.
- Reuters (26 novembre2016).
- Reuters (26 novembre2016).
- Armée arabe syrienne.
- Reuters (26 novembre2016).
- Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
- Ancien directeur, de 2012 à 2014, de la Defense Intelligence Agency (DIA, Agence du Renseignement militaire), répond aux besoins du président des États-Unis, du US Secretary of Defense, du Joint Chiefs of Staff (JCS, Comité des chefs d’état-major interarmées). Michael T. Flynn est l’auteur avec Michael Ledeen de The Field of Fight: How We Can Win the Global War Against Radical Islam & Its Allies. St. Martin’s Press. ISBN 1250106222.
- Ou Front pour la victoire du peuple du Levant, ou de manière abrégée Front al-Nosra.
http://www.voxnr.com/6887/qatar-de-leau-dans-le-gaz-des-rebelles-sic-syriens