Yann Vallérie Breizh Info cliquez ici
Les troupes de Bachar El Assad et leurs alliés vient de remporter une victoire majeure en libérant Alep, deuxième ville la plus peuplée de Syrie, des islamistes. Une libération rendue possible grâce à l’aide apportée par la Russie et l’Iran, tandis que le rôle joué par les puissances occidentales (politiques et médiatiques) – France en tête – semblait à ce jour toujours aussi ambigu.
Le 13 décembre, dans un article du Huffington Post, qui titrait « Les trois types de messages d’Alep qui montrent que des civils sont exécutés », le lecteur avait l’impression que les forces de Bachar el Assad s’étaient livrées à un massacre en libérant Alep. Idem pour France 24 avec « Alep : le dernier appel des condamnés » ou L’Obs, toujours dans la mesure : « Alep : « c’est Srebrenica qui parle. Impuissance » ».
Le gouvernement français – qui a armé, épaulé les rebelles islamistes en Syrie depuis 2011 et notamment Al Nosra – est immédiatement monté au créneau : « Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a indiqué dans un communiqué publié mardi 12 décembre, que ses services disposaient « de nombreuses allégations d’exactions commises par les forces favorables au régime de Bachar Al Assad » à Alep, en Syrie. » pouvait-on lire ici. « De nombreuses allégations d’exactions (…) nous parviennent : assassinats de sang-froid de familles entières au motif qu’elles seraient proches de l’opposition, exécutions sommaires, notamment de femmes et d’enfants, personnes brûlées vives dans leurs maisons, poursuite du ciblage systématique des hôpitaux, de leur personnel et de leurs patients », détaille Jean-Marc Ayrault. Pour le ministre des Affaires étrangères, « de telles atrocités révoltent les consciences. Plus que jamais, il y a urgence à faire cesser les hostilités à Alep. Les soutiens du régime, à commencer par la Russie, ne peuvent pas laisser faire et admettre cette logique de vengeance et de terreur systématique sans prendre le risque d’en être complices » conclut Jean-Marc Ayrault.
Bernard Cazeneuve, Premier ministre au bilan contesté en tant que ministre de l’Intérieur en France, n’a pas eu peur de déclarer : « Ces atrocités qui peuvent être constitutives de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité, sont commises avec un cynisme et une inhumanité inouïs. Jamais nous n’accepterons, au nom d’un prétendu réalisme, de nous allier aujourd’hui avec les responsables du martyre d’Alep. » en pointant du doigt le régime syrien en place.
Des déclarations qui interviennent alors que même le secrétaire général de l’ONU, Baan Ki Moon, via Stéphane Dujarric, son porte-parole, a expliqué que : « les Nations unies ne peuvent vérifier de manière indépendante ces informations » à propos des massacres tout en rappelant que « Les Nations unies soulignent l’obligation pour toutes les parties sur le terrain de protéger les civils en se conformant aux règles humanitaires internationales. C’est en particulier la responsabilité du gouvernement syrien et de ses alliés ».
Une journaliste démonte en deux minutes les mensonges médiatiques
Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, expliquait lui dans la foulée – et malgré les interrogation officielle de l’ONU – que l’exécution de 82 civils avait eu lieu et « se baser sur des témoignages concordants et des sources fiables » sans rapporter la preuve de ce qu’il affirmait.
Comme depuis 2011 les fameuses « sources » sont en réalité l’Observatoire Syrien des droits de l’homme (une officine tenue par une personne d’obédience salafiste basée en Angleterre depuis le début du conflit) ou des militants anti régime d’Assad, qui n’ont cessé de désinformer sur ce qui se passait réellement en Syrie. A les entendre depuis 2011 la population aurait été fondamentalement opposée à Bachar El Assad, ce qui n’est absolument pas, dans les faits, prouvé.
« Lors d’une conférence de presse ayant pour thème «Contre la propagande et le changement de régime en Syrie», dans le cadre d’une rencontre de l’ONU, la journaliste canadienne Eva Bartlett est interrogée par son collègue norvégien du journal Aftenposten. Il cherchait à comprendre comment elle pouvait accuser les médias grand public de mensonges sur la situation en Syrie. Deux minutes ont suffi à Eva Bartlett pour faire voler en éclats le mythe de la crédibilité des soi-disant «médias de qualité». peut on lire sur le site Russia Today cliquez là.
Les journalistes de Breizh-info qui ont pu voyager en Syrie durant ces années – à la différence de la plupart des médias français – s’en sont d’ailleurs parfaitement rendus compte . (voir les épisodes de notre reportage cliquez ici).
Alors que s’est-il passé réellement à Alep ? Difficile de le savoir, car comme dans n’importe quelle guerre, chacun joue sa partition ; ainsi, le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov. a déclaré que « des équipes de tournage spéciales des terroristes ont filmé les vidéos dénonçant les prétendus bombardements russes , exécutions et autres atrocités à Alep ». Pas vraiment le même langage que celui de M. Cazeneuve, le poids politique de la France au Proche-Orient par rapport à la Russie étant équivalent à celui d’un nain.
M. Konachenkov accuse par ailleurs : « Tous les appels dramatiques à protéger les 250 000 civils encerclés à Alep, qui ont été émis par certains représentants des autorités britanniques et leurs collègues français, ne sont que des propos russophobes . Nos collègues occidentaux et les organisations internationales ont laissé sans réponse les appels de Moscou à envoyer l’aide humanitaire qu’ils avaient promise aux civils ayant échappé aux terroristes à Alep .Or personne à Londres, à Paris, à Berlin ou à Washington n’a jusqu’ici jamais craint d’envoyer l’aide dans les quartiers est d’Alep alors qu’ils étaient contrôlés par les terroristes ».
« influencer l’opinion publique plutôt qu’informer »
Pour Christian Harbulot, Directeur de l’École de Guerre Économique (EGE), la couverture médiatique de la libération d’Alep en France serait une une sorte de « danse de Saint-Guy » des journalistes français : « Nous assistons hélas à un concert de protestations qui relèvent plus de l’intention d’influencer l’opinion publique que le devoir d’informer l’opinion publique française.Pour un certain nombre d’acteurs dans le monde occidental, une victoire de l’armée syrienne appuyée par la Russie à Alep est une défaite en termes d’image. Cela remet en cause toute une procédure diplomatique qui a été suivie depuis un certain nombre d’années, à laquelle la France a participé et qui consistait à mettre en priorité le renversement du régime d’Assad quitte à s’allier avec différentes forces qui hélas s’avèrent plus proches du terrorisme que démocratiques.»
Thierry Mariani, proche de François Fillon et député Les Républicains, a lui aussi un tout autre discours que celui du gouvernement français – dont la diplomatie à l’International depuis 5 ans est à l’image de la décision de François Hollande de ne pas se représenter . «Ceux qui combattent le terrorisme devraient se féliciter de la reprise d’Alep. On passe notre temps à dire que nous sommes en guerre contre le terrorisme. Alors nous devrions nous féliciter du recul des terroristes. C’est un risque en moins pour nous».» a-t-il déclaré, prenant des précautions par rapport aux rumeurs de massacres à Alep : «On n’en sait rien, la première victime d’une guerre, c’est la vérité».
Des propos tempérés contrastant largement avec l’hystérie constatée sur les réseaux sociaux, dernier bastion (pour avoir un écho international) des opposants à Bachar El Assad, parfois alliés aux islamistes les plus sanguinaires, et « sources » privilégiées, depuis 2011, de médias français s’étant largement alignés sur ce qui relève presque de la haine anti Assad de MM. Hollande, Fabius, Ayrault …Rappelons qu’en 2012, Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères et chef de la diplomatie française, avait déclaré que « Bachar el Assad ne mériterait pas d’être sur terre ». Quatre années après, et alors que la victoire en Syrie de M. Assad se profile, ces mots sonnent aujourd’hui comme une faute grave, politique et diplomatique.
Enfin par ailleurs, un des principaux concernés, Bachar el Asssad – dont les propos sont systématiquement passés sous silence par la presse subventionnée en France, a déclaré lors d’une interview donnée à Russia Today : «Si nous libérons Alep, les politiques occidentaux et les médias mainstream s’inquiéteront alors du sort des civils, alors qu’ils ne s’en préoccupent pas lorsque la situation inverse se produit, lorsque les terroristes tuent des civils et s’emparent de Palmyre.»
La cité antique est en effet largement menacée par les islamistes aujourd’hui.
Pour conclure, il suffit d’observer le traitement médiatique entre la bataille de Mossoul, cité elle aussi entièrement ravagée par les frappes de la coalition occidentale contre Daesh (avec son lot de civils tués) et la bataille d’Alep – tout comme les enjeux diplomatiques différents, pour s’interroger, lourdement, sur les manipulations visant une nouvelle fois l’opinion publique dans cette guerre en Syrie.