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Dernière ligne droite

Dernière ligne droite d’une campagne électorale qui n’aura pas été banale, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle a été marquée par plusieurs traits dominants. En premier lieu, la fragmentation des partis politiques de gauche comme de droite à l’exception du Front national.

Le Parti socialiste a subi un grave discrédit de la part du chef de l’Etat, François Hollande, qui, à peine élu, s’est rallié à une politique libérale que n’aurait pas renié son prédécesseur, et à un alignement sur Washington en politique étrangère. On pourrait ajouter sioniste avec un Laurent Fabius aux Affaires et une inexistence quasi ontologique à Bruxelles. Rapidement sont apparus des « frondeurs » et, dans les faits, l’explosion en vol du PS. D’où la montée de Jean-Luc Mélenchon qui s’est empressé de limer son côté révolutionnaire en carton-pâte, arguant désormais que le socialisme, c’est lui. Benoît Hamon n’a ramassé que les miettes d’un PS où une bonne partie de ses élus s’est ralliée fissa à Emmanuel Macron pour tenter de sauver leur peau.

A droite, le paysage n’est guère plus uniforme. Dès la défaite de Sarkozy, la guerre de succession s’est ouverte. On se souvient encore de l’empeignage Fillon-Coppé. Et la primaire n’a rien arrangé qui a vu surgir les clans, ce qui, jusqu’alors, n’existait pas à droite. En fait, on a assisté à une querelle des ambitieux. On a vu ressurgir Sarkozy et ses troupes, Alain Juppé et ses supporters, un Bruno Le Maire et sa modernité et François Fillon, à poil ou presque. La victoire de François Fillon n’a laissé que des rancoeurs d’où cet enthousiasme glacé des ralliements. Il aura fallu la fallacieuse campagne médiatique contre Fillon pour que ressurgissent les rancoeurs et les clans. Ce fut très drôle de voir certains se draper de la toge de la moralité ! 

Sauf que Fillon, après une gestion calamiteuse des attaques contre lui puis sa femme, s’est dressé contre le Système allant jusqu’à le dénoncer en se posant d’un coup comme rebelle. Or, rebelle, c’est l’exacte position de la France d’en bas contre celle d’en haut. La France qui bosse, qui souffre, qui est au chomdu, contre la France de ceux qui profitent du système libéral et de la mondialisation heureuse. Rat des villes contre rat des champs, comme n’a pas manqué de le souligner Christophe Guilluy face à l’aveugle nébuleuse des intellos branchés, de tous les folliculaires médiatiques pour qui en dehors du politiquement correct, il n’y a pas de salut.

Sauf que ça a secoué aussi dans le Landerneau intello médiatique ou quelques manants ont osé d’autres problématiques au nom d’une liberté de penser trop longtemps confisquée : Eric Zemmour, Michel Onfray, Alain Finkielkraut, Elisabeth Lévy, Marcel Gauchet, Michel Houellebecq, Jean-Pierre Le Goff quand ce n’est pas, de manière plus feutrée, Jacques Julliard ou Régis Debray.

Reste le cas Macron. C’est un produit hors sol, situé au centre afin de ratisser large et sauver les meubles à gauche. Opération a priori réussie puisque même les mouches du centre droit se sont laissé prendre dans son filet. Mais, plus révélateurs de la démarche libérale mondialiste du candidat sont les soutiens des Jacques Attali, Alain Minc, Claude Bébéar, Philippe Aghion, Jean Pisani-Ferry, sans oublier l’inénarrable Daniel Cohn-Bendit. A eux seuls, ils sont déjà tout un programme.

Curieux personnage que ce Macron, sans épaisseur politique, sans passé, mais un présent boosté par le mainstream et une femme qui pourrait être sa mère. Curieux attelage. Macron est gonflé à l’hélium des illusions ou des impostures. Aller s’imaginer que les Français vont marcher dans la combine serait hasardeux.

Comme l’assène le croupier : « faites vos jeux », rien n’est joué d’avance et les Français sont facétieux. Si Marine Le Pen demeure le grand gueuloir des misères françaises, il ne semble pas, cette fois-ci encore, que nos compatriotes franchiront le Rubicon. Quoique ! Réponse sous peu…

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