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Elle est à la une de tous les journaux : Laurianne Rossi, députée LREM des Hauts-de-Seine, après avoir été agressée dimanche matin sur le marché de Bagneux alors qu’elle distribuait des tracts en soutien de la politique d’Emmanuel Macron. Un homme, visiblement hostile à cette politique, a assené un violent coup de poing à la tempe de la jeune femme, qui a été « sonnée, un peu choquée », pour reprendre ses propres mots. À l’heure où ces lignes sont écrites, l’individu doit être jugé en comparution immédiate.
Rattrapé par des militants et des commerçants, l’agresseur a été « interpellé quasiment immédiatement », relate Le Figaro, confirmant « une source proche de l’enquête à l’AFP ». On notera que le prédicat de « présumé », qui affuble quasi systématiquement, par exemple, les terroristes islamistes pris en flagrance avec la ceinture d’explosifs autour du torse, n’a pas été accordé par les médias à cet agresseur…
L’ensemble de la classe politique a condamné, à raison, ce geste. La jeune députée ne semble d’ailleurs pas en avoir rajouté dans ses déclarations à la presse et n’a pas joué sa mijaurée : « Est-ce un coup de folie ou avait-il ça en tête ? Je ne sais pas du tout. » On saluera même sa lucidité sur l’état psychologique de notre pays lorsqu’elle déclare au micro de BFM TV : « Cet acte révèle un sentiment d’exaspération chez les citoyens et les citoyennes. »Sentiment d’exaspération qui n’excuse pas le geste, évidemment. « Ça doit nous interpeller sur les violences auxquelles, aujourd’hui, doivent faire face les élus de la République », a-t-elle aussi déclaré. Sans minimiser cette agression, on pourrait avancer qu’elle s’inscrit peut-être tout simplement dans cette violence quotidienne que, bien souvent, l’on drape pudiquement et, en même temps, impudiquement dans ce fameux « sentiment d’insécurité ». Ça doit peut-être aussi interpeller quelque part sur les violences auxquelles, aujourd’hui, doivent faire face des millions de citoyens de la République…
Quelques heures avant, à Marseille, une bombe explosait devant le local de l’Action française. « Peu de dégâts, quelques murs noircis, pas de blessés », rapporte Le Parisien, qui ajoute : « L’organisation et ses militants ont été impliqués dans diverses bagarres et escarmouches ces dernières semaines dans la cité phocéenne. » Si vous voyez ce que je veux dire… La Provence, elle, avance prudemment sur le sentier des supputations : « Pour rappel, depuis des mois la tension monte entre ces souverainistes et les militants d’ultra gauche du quartier, sans qu’on puisse dire si cet acte s’inscrit dans ce conflit latent. » Les responsables de l’Action française qui, par définition, n’ont pas la chance d’être républicains et encore moins d’être élus, n’ont pas eu droit à leur petite interview télévisée, et encore moins au moindre tweet de soutien de la classe politique, pourtant prompte à dénoncer la violence.
On se souvient des permanences du Parti socialiste qui avaient subi, en 2016, des actes de vandalisme à répétition à travers tout le territoire, au moment du débat sur la loi Travail. Libération s’était même fendu d’un papier sur ce sujet dans lequel il était convenu de s’apitoyer sur l’indifférence des citoyens à l’égard des militants socialistes. « Là, c’est notre frigo qui a pris les balles, mais ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous en train de s’y servir », dénonçait l’un d’eux. Un autre, responsable local : « Une cinquantaine de militants sont venus coller des autocollants, mais ils n’étaient pas agressifs. C’est la ligne rouge. Déjà avec les effigies de personnes du gouvernement auxquelles ils ont mis le feu, j’étais choqué, autant comme citoyen que comme politique. C’était symbolique mais violent. »
Et une bombe, c’est symbolique ou c’est violent ?