Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Il ne faut pas être naïf : le pouvoir politique d’aujourd’hui et d’hier laisse parfois agir les bandes car cela peut servir…

Il ne faut pas être naïf : le pouvoir politique d’aujourd’hui et d’hier laisse parfois agir les bandes car cela peut servir…

Joseph Thouvenel de la CFTC est interrogé dans Famille chrétienne à propos du mouvement des gilets jaunes :

Beaucoup de Français sont meurtris par la banalisation de la violence et la radicalisation de certains ‘gilets jaunes’. Que vous inspire ce climat insurrectionnel ?

Tous ceux qui souhaitent une Révolution se trompent. La Révolution, c’est toujours le plus fort qui impose sa loi, pas le plus juste ! Cette tentation de la violence est aux antipodes de l’acte de liberté. Les vrais changements sont non violents comme par exemple la chute du communisme en Pologne. Mais ça, c’est une autre histoire…

La colère peut-elle légitimer les scènes de chaos notamment à Paris ?

Je suis allé dans le quartier des Champs Elysées peu après les violences. Ce n’était pas quand même un lendemain de guerre civile même si je reconnais qu’il y a eu beaucoup de déprédations. Je veux juste dire que l’image, focalisée sur un point – des Champs Elysées – impressionne énormément. Les débordements des gilets jaunes ont d’ailleurs aussi lieu à Saint-Etienne, à Marseille, etc. Mais cela ne représente pas, loin de là, la majorité des gilets jaunes ! C’est vrai, les ‘vrais’ gilets jaunes se laissent parfois embarquer par une minorité. Un mouvement de foule qui est toujours dangereux.

De quelle minorité parlez-vous ?

Il y a des gens qui occupent le terrain de l’ultra violence depuis des mois et des années notamment à gauche. C’est eux qui faisaient régner l’ordre place de la République pendant le mouvement Nuit debout. Encore eux qui attaquaient les Veilleurs pacifiques à l’époque de la Manif pour Tous … sous les yeux de la police… Il ne faut pas être naïf : le pouvoir politique d’aujourd’hui et d’hier laisse parfois agir les bandes car cela peut servir… N’oublions pas les pilleurs. Nous n’avons pas assisté à des actes politiques mais à de véritables actes de pillage : on a dévalisé des magasins de téléphonie et des bijouteries.

Comment analysez-vous la sociologie des ‘gilets jaunes’ ?

C’est un mouvement qui reflète la France populaire et des classes moyennes, celle qui s’appauvrit. Autrement dit, il ne s’agit pas de la France de la grande bourgeoisie ou de la grande pauvreté. C’est une France qui travaille ou qui cherche du travail. Il y a des ouvriers, des salariés, des petits cadres au chômage, d’anciens petits partons, des artisans, etc. Les ‘gilets jaunes’ ? Ce sont des gens qui voient les choses empirer pour eux mais surtout pour leurs enfants et leurs proches. Ils se disaient : ‘demain, on va s’en sortir’. Maintenant, ils se sentent pris dans un terrible engrenage et ils ont l’impression que c’est toujours pire !

Quelles sont, aux yeux du syndicaliste chrétien, les racines de la crise des gilets jaunes ?

Cela fait des années que les gouvernants méprisent les corps intermédiaires. Ce phénomène n’a pas commencé avec Emmanuel Macron mais il a accéléré le processus. Le premier corps intermédiaire à être brutalisé, c’est d’ailleurs la famille ! Tous les gouvernements détricotent la politique familiale. Le socle de la société est remis en cause par ceux qui ont en charge notre avenir.

Pour vous, c’est le triomphe de l’individualisme ?

Cela va aboutir à l’écroulement de notre société matérialiste. A force d’expliquer aux gens que la solution, c’est la liberté absolue pour les individus et les entreprises on perd de vue la cohérence du bien commun. Ce qui devient important alors c’est « moi » « moi » « moi » ! Je note que les entreprises ne cotisent plus pour les allocations familiales. Si chacun ne vit plus seulement que pour lui-même, cela transforme symboliquement le salarié en une petite entreprise qui cherche le meilleur rendement avec un investissement minimum. Avec un tel raisonnement, c’est notre corps social qui se décompose.

https://www.lesalonbeige.fr/il-ne-faut-pas-etre-naif-le-pouvoir-politique-daujourdhui-et-dhier-laisse-parfois-agir-les-bandes-car-cela-peut-servir/

Les commentaires sont fermés.