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  • La réponse aux « gilets jaunes » ? L’impératif d’une même règle pour tous

    731007968.jpgChantal Delsol*

    On a l’impression de ne pas comprendre au juste ce que veulent les gilets jaunes, ni pourquoi le mouvement continue alors que le gouvernement a déjà concédé beaucoup et fait des efforts en termes de concertation. Pourtant, un mouvement de cette ampleur, aussi durable, aussi profond (appuyé par une majorité de la population), ne doit rien au hasard ni au caprice. Il vient de loin, et Emmanuel Macron hérite probablement aussi des négligences de ses prédécesseurs. Il est alarmant, parce que c’est un drame social qui révèle des fractures de longue date, bien installées dans le paysage, et mortifères. On peut s’étonner de voir les occupants des ronds-points réclamer la justice sociale, le partage, davantage d’égalité entre les plus riches et les plus pauvres. La France est sans doute le pays du monde où il y a le plus de redistribution.

    Plus de la moitié de la population (ce qui est énorme) n’y paye pas d’impôts sur le revenu. Tous les habitants, citoyens ou non, y bénéficient de l’école gratuite, de la santé gratuite et de toutes sortes d’autres services qu’il serait trop long d’énumérer. Beaucoup de citoyens du monde rêveraient d’être français. Alors on pense au syndrome de Tocqueville: plus votre société est égalitaire, plus vous ressentez la moindre inégalité comme insupportable.

    Il faut pourtant aller plus loin. L’inégalité qui engendre la révolte n’est pas seulement celle du porte-monnaie, mais celle des statuts. Des avantages. Des sécurités. Des préséances. Disons-le : des privilèges. On dirait bien que la société des réseaux sociaux a révélé l’ampleur des corporatismes. C’est là que s’incarne le mépris de classe. C’est là que surgissent le malaise et les revendications. Car la France n’est pas seulement un pays monarchiste, où le présidentialisme ne cesse de s’accroître au détriment du gouvernement et des assemblées, et où le président vient d’arracher aux collectivités locales la dernière autonomie qui leur restait : la possibilité de lever un impôt, en l’occurrence la taxe d’habitation. La France est de surcroît un pays dans lequel un quart des habitants bénéficient de régimes corporatistes obtenus au fil des 75 ans qui nous déparent de la guerre et grâce notamment aux Trente Glorieuses. Les avantages de ces systèmes sont parfois exorbitants toujours intéressants, en tout cas intouchables et dissimulés. Le premier avantage, et non le moindre, étant l’emploi garanti.

    Les bénéficiaires des corporations travaillent souvent moins, voire beaucoup moins que les autres, ne risquent pas le licenciement et bénéficient de protections de tous ordres. Le sommet de ce système étant la classe mandarinale, qui, ayant réussi un concours vers l’âge de 25 ans, reçoit de l’État un salaire à vie avec tous les avantages attenants, même hors périodes de travail. Depuis le tournant du XXe au XXIe siècle, cette classe est devenue une caste – les chiffres montrent depuis cette période que contrairement à ce qui se passait auparavant, il faut désormais être fils de mandarin pour avoir vraiment des chances de le devenir soi-même. La révolte des « gilets jaunes » face au salaire de Mme Jouanno était la partie émergée d’un iceberg.

    L’autre caractéristique de ces corporatismes, c’est le secret : ils sont entourés de silences et de ténèbres. Il est probable qu’une sorte de honte saisit Bercy à l’idée de dévoiler le coût énorme de ces emplois à vie, tous avantages additionnés. C’est si peu démocratique. C’est si digne d’une oligarchie bananière. Le secret  évidemment encourage toutes les fausses informations : chaque avantage qu’on révèle en suppose mille autres qu’on ignore et mille autre qu’on invente – ce qui alimente les « fakes news », c’est moins la sottise populaire que l’opacités des privilèges. Les gilets jaunes savent, en tout cas, qu’au moment où l’Etat est surendetté et ruiné, un groupe de chanceux dont on peut discuter l’ampleur, vit confortablement sans crainte du chômage ni du lendemain, peut demander un emprunt à la banque ou aller chez le dentiste sans état d’âme. C’est sans doute d’un mouvement salutaire qu’Emmanuel Macron s’était saisi de la question du statut des cheminots, lequel représente l’un des exemples du corporatisme français. L’idée était bonne, mais il aurait fallu commencer par le haut ! L’autorité ne peut pas décider de priver le système de certains avantages indus, sans commencer par s’en priver elle-même. C’est le b.a.-ba du commandement. Faute de quoi, on court à l’échec. Et dans le cas précis, s’étend encore la guerre des classes. Certaines mesures ont été prises dans ce sens, traduisant bien la volonté du pouvoir en place. J’ai constaté personnellement, à ma grande satisfaction, que dans les premiers mois après l’élection présidentielle il avait été donné ordre de supprimer l’abonnement SNCF gratuit à vie (en première classe, naturellement) pour les parlementaires honoraires – exemple d’un avantage injustifié et injuste qui ne doit pas être indolore à la nation. Encore un effort, Monsieur le Président !

    Les samedis à la figure révolutionnaire auxquels nous assistons depuis deux mois racontent la fureur d’une population qui voit lever d’énormes impôts pour financer des corporatismes. Alors que les impôts devraient servir, comme dans tous les pays alentour, à financer les services publics, ici devenus indigents à force de surendettement. La revendication de démocratie n’est pas seulement liée au référendum d’initiative citoyenne, mais à la suppression des privilèges.

    C’est probablement en partie pour cette raison que l’élite française est si réservée devant cette révolte – et en privé, si méprisante. Elle commence à comprendre que c’est elle-même qui est mise en cause, non dans son autorité, mais dans ses passe-droits. Tu trembles, carcasse ! Aux premiers jours du conflit, et pour l’enterrer dans l’œuf, elle avait commencé à proposer quelques allocations supplémentaires : on se rappelle un responsable politique annonçant que dans certaines écoles on servirait un petit déjeuner aux enfants... pathétique ! Les occupants des ronds-points sont des gens qui travaillent et ne veulent pas mendier. Ils demandent juste que l’argent des impôts soit utilisé au bon endroit.

    Notre élite, depuis qu’elle a abandonné le marxisme, ne porte plus le peuple aux nues et même ne le défend plus guère. Elle ne voit plus en lui une foule d’opprimés portant l’avenir du monde, mais une population de « petits Blancs », de poujadistes revanchards et frustes, plus proches de l’électorat Le Pen que du glorieux prolétariat d’antan. D’où sa réserve. Il est aujourd’hui savoureux de voir les médias les plus à gauche prendre le parti de l’Ordre. Les clivages idéologiques périmés ont été remplacés par des antagonismes de classe. Le malheur est que si les premiers portent au moins des convictions, les seconds sont carrément répugnants. Il nous faudrait au plus tôt une nuit du 4 Août.  Ce serait la vraie réponse aux « gilets jaunes ».

    Philosophe, professeur des universités, membre de l’Institut.

    Source : le Figaro 16/01/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/01/16/la-reponse-aux-gilets-jaunes-l-imperatif-d-une-meme-regle-6121190.html

  • Mathieu Bock-Côté : « Éloge de l'héritage »

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    « La grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité ». [Palais du Louvre]

    Par Mathieu Bock-Côté 

    Terra Nova vient de publier un rapport qui préconise une hausse massive de l'impôt sur les successions. Mais favoriser une fiscalité confiscatoire sur les héritages a sans-doute pour but et aura pour effet de sectionner les liens entre les générations et de lacérer le lien social. De cet article de Mathieu Bock-Côté [Le Figaro, 12.01] nous extrayons trois idées-force qui se rattachent directement à notre école de pensée : « Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même » ; « Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation » ; « Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu ». LFAR

    Terra Nova s'est fait connaître depuis 2008 à la manière d'un think-tank à l'avant-garde du progressisme.

    On lui doit d'avoir théorisé la stratégie invitant la gauche française à rassembler les différentes minorités identitaires et les élus de la mondialisation dans une nouvelle majorité politico-idéologique, censée convertir la France d'hier au génie de la société diversitaire. Les classes populaires devenues culturellement conservatrices étaient abandonnées. Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation. Telle serait apparemment la loi de l'hypermodernité: rien ne devrait plus être comme avant.

    Il faut garder cela à l'esprit quand on se penche sur la nouvelle contribution du think-tank à un « grand débat » dont les termes demeurent étrangement incertains. Terra Nova vient ainsi de proposer dans un rapport une augmentation massive de l'impôt sur les successions, comme le notait Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro . Je n'entends pas ici revenir sur les aspects techniques de la proposition de Terra Nova, mais sur l'arrière-fond philosophique qui pousse les « progressistes » à favoriser une fiscalité confiscatoire en matière de succession au nom de la lutte contre les inégalités.

    Dans la perspective progressiste, un monde juste serait un monde mis à plat régulièrement, empêchant que ne se forment au fil des générations des hiérarchies toujours condamnables. On trouve ici une utopie qui sans cesse se recompose, celle d'une société capable de remettre le compteur à zéro à chaque génération, autrement dit qui parvienne à faire table rase en étendant sans cesse l'application du principe égalitaire. On comprend que la grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité.

    Faut-il le dire, c'est aussi dans cet esprit qu'on a assisté, depuis plus d'un demi-siècle, à la déconstruction progressive de l'école et de l'éducation. Selon le vocabulaire consacré, il fallait abolir la figure de l'héritier, comme si la modernité devait correspondre à une perpétuelle nuit (d'abolition) des privilèges. On connaît le résultat: plutôt que relever le niveau culturel des milieux défavorisés, c'est l'idée même de culture générale qu'on a fait exploser. Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même, et se prépare à se confier à des planificateurs sociaux à l'imagination hasardeuse.

    Mais c'est la nature humaine qu'on heurte ainsi. Le progressisme se laisse aller à une agression anthropologique. Il réduit le désir de transmettre à une forme d'égoïsme pathologique, lié à la persistance de valeurs familiales régressives qui rendraient l'homme étranger au bien commun. Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu. Il ne devrait plus travailler pour céder un monde meilleur à ses descendants puisqu'il contribuerait ainsi à l'injustice sociale. Pour le dire autrement, il ne devait travailler qu'à l'horizon de sa propre vie. La modernité, ici, révèle sa tentation nihiliste.

    Une véritable ascension sociale

    La transmission du monde est la condition de sa sauvegarde, et rien ne dure sans le désir de durer. Qui veut sectionner les liens entre les générations lacère en fait le lien social. Dès lors, on ne saurait œuvrer consciemment à la neutralisation programmée de la transmission familiale sans condamner la société à un double mouvement de collectivisation aliénante et d'individualisation abstraite. L'individu détaché de ses appartenances, coupé de sa communauté, éloigné de sa famille, se retrouve finalement bien seul devant une administration qui prétend mieux savoir que lui comment gérer sa vie et le voit comme un pion dans son système. Cette société planifiée quadrillant tout le réel pour éviter que quoi que ce soit ne lui échappe est au fond d'elle-même hostile aux libertés les plus fondamentales.

    La lutte contre les inégalités est essentielle et la colère révélée par les « gilets jaunes » rappelle que la réactivation de l'ascenseur social est une nécessité vitale. Le combat pour la justice sociale rappelle aux hommes qu'ils forment une communauté où chacun est appelé au bien commun et qui donne aux enfants de tous les milieux l'occasion d'une véritable ascension sociale. Nul n'est assez bête, non plus, pour croire qu'elle repose sur le seul mérite individuel, sans que ne pèsent sur elle de puissants déterminismes sociaux. Chacun doit contribuer selon ses moyens à la construction d'institutions valables pour tous.

    Mais rien de tout cela ne doit obligatoirement se penser à l'aune de l'utopie de la table rase, qui pousse la quête égalitariste à jeter à terre tout ce qui l'entrave, en créant une horizontalité morne, qui rapetisse l'homme en croyant le libérer.   

    Liens

    Les classes populaires devenues culturellement conservatrices

    Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/01/15/mathieu-bock-cote-eloge-de-l-heritage-6120708.html

  • Marche pour la vie : fuyez les micros. Une manifestation n’est pas un lieu pour argumenter. Elle est un argument en soi

    Marche pour la vie : fuyez les micros. Une manifestation n’est pas un lieu pour argumenter. Elle est un argument en soi

    Selon Ingrid Riocreux :

    Son traitement médiatique étant identique, année après année, inutile d’attendre lundi prochain pour observer ce qu’en ont dit les médias.

    Les journalistes n’aiment rien tant que passer en mode « que va dire Machin ? » et nous révéler, avec plusieurs jours d’avance, le contenu d’une prise de parole (ou d’une lettre présidentielle…). Ce n’est pas ce qu’on leur demande ; personne n’attend d’eux des prophéties. Puisqu’ils ne se gênent pas, faisons de même.

    Les gratuits du métro, mais également d’autres journaux, comme le Parisien par exemple, consacreront à la « Marche pour la vie » un petit encart de 3,5 x 3 cm sans photo, dans la rubrique « Et aussi » ou « l’Actu en bref » et relaieront l’évaluation la plus basse du nombre de participants.

    Les journaux féminins en parleront pour rappeler la nécessité de « continuer le combat » : en 2019, il y a encore en France des gens qui s’opposent à l’avortement ! On mettra peut-être une photo parce que la presse féminine est une presse de l’image. Mais l’article tiendra en trois phrases, dont la dernière sera : « rappelons que près d’une femme sur deux a aujourd’hui recours à l’IVG au cours de sa vie ». Implicitement : être pro-life est une aberration, ces gens ne pèsent rien, leur existence même est une infraction au sens de l’histoire.

    Les grands journaux sérieux, type Le Monde, traiteront l’événement sérieusement, lui consacrant un petit article d’apparence assez neutre (bref retour sur l’histoire et les objectifs de cette manifestation), qui comportera toutefois une citation d’officielle (Ministre de la santé ou présidente du Planning Familial) rappelant avec angoisse que la remise en cause de l’IVG a été mentionnée lors de l’évocation des grands débats voulus par les Français pendant la crise des Gilets Jaunes (preuve que lesdits Gilets sont des gens plutôt puants). Le texte se conclura sur la montée des populismes en Europe, ou peut-être sur une allusion à Trump, ou bien à Bolsonaro. Au choix.

    Guillaume Meurice sera à la « Marche pour la Vie » : c’est un fidèle de l’événement.  Il tendra son micro France Inter à quelques hurluberlus qui les cherchent et les attirent et qui lui expliqueront doctement que la légalisation de l’IVG est une invention des Juifs pour se venger de la Shoah ou une stratégie maçonnique au service du Grand Remplacement (« 200 000 avortements par an, 200 000 immigrés par an, vous croyez que c’est un hasard ? »). Guillaume Meurice boira du petit lait et on se bidonnera en studio le lendemain en diffusant les extraits enregistrés par le courageux comique, tout en se flattant de donner à entendre la vérité sur cette manifestation réactionnaire. A entendre, hein ? Parce que la radio ne permet pas de montrer les images. Et autorise donc à dire n’importe quoi. Guillaume Meurice recasera son calembour préféré : « je sais pourquoi ils appellent ça « Marche pour la Vie », c’est parce que la vie pour eux, elle est bientôt finie (franche rigolade), on n’est pas très jeune à la Marche pour la Vie : à croire que ce combat serait dépassé, d’arrière-garde, pas très moderne, quoi » (après, il nous diffuse la voix chevrotante d’une petite vieille et mazette, qu’est-ce qu’on se marre).

    D’autres journalistes viennent avec des caméras et ne peuvent donc pas rire autant que Guillaume Meurice. A l’instar des reporters de France 5 l’année dernière (« Avortement, les croisés contre-attaquent »), ils font, au contraire, le constat que les manifestants de la « Marche pour la Vie » sont très majoritairement des jeunes. Et cela les inquiète. Ils n’ont qu’à faire comme Guillaume Meurice : dire que ce sont des vieux.

    Elles aussi, elles seront là, bien sûr. Les Femen. Sans elles, on rirait moins (et elles sont tranquilles, le petit Meurice ne viendra pas les embêter, dommage on rirait plus) :  Ces gueulardes mal baisées viennent chaque année à la « Marche pour la Vie » goûter la seule perversion qui puisse leur procurer un semblant d’orgasme : exhiber leur tétons inutiles devant des curés en soutane et des gamins en Cyrillus.

    Pour ma part, je veux bien défiler contre l’IVG ou contre l’euthanasie. Mais j’ai du mal à marcher pour la Vie. Je ne crois pas à l’efficacité rhétorique des mots d’ordre qui accompagnent le choix du nom « Marche pour la Vie » : chanter que la « vie est belle » quand, pour tant de gens en ce bas monde, elle ne l’est pas du tout ; clamer, le regard baigné d’une béatitude allergisante, que « la vie est un cadeau », quand pour bien des gens, ce cadeau paraît empoisonné ; voilà qui est, à mon sens, contre-productif. Et j’ai toujours trouvé une certaine vérité à cette phrase de Rivarol : « il faut tant de raisons pour vivre qu’il n’en faut pas pour mourir ». Notez toutefois qu’il ne dit pas « pour tuer ». Au vrai, la vie n’est belle que si on la rend telle, en commençant par rendre belle celle des autres. Les militants de dimanche prochain le savent pourtant mieux que personne, eux pour qui l’aide aux femmes ne se limite pas à la signature d’un certificat de grossesse antidaté leur permettant « d’avorter quand même », ce qui n’embellit la vie de personne. Eux pour qui éviter à une femme d’avorter signifie assurer un accueil sûr, des années durant s’il le faut, à elle et à son enfant, cacher parfois chez soi une femme qui fuit un avortement forcé, accompagner à la maternité, au beau milieu de la nuit, une femme enceinte, abandonnée de son conjoint, de ses amies, de ses parents.

    La lutte contre l’IVG est un combat pour la décence et la cohérence. Mère de famille nombreuse, j’ai vécu chez le gynécologue ces instants vertigineux où, voyant apparaître sur l’écran noir et blanc un petit être frétillant, je lui ai murmuré : « rends-toi compte qu’en ce pays, il suffirait que je le veuille pour que ton cœur cesse de battre ». Et quelques jours plus tard : « Salut toi, tu n’as pas beaucoup changé depuis la dernière fois, mais tu peux être rassuré, même si je le voulais, je n’ai plus le droit de te tuer depuis hier matin, va comprendre ! ».

    Je ne me reconnais aucun droit sur la vie de personne et ne reconnaît à personne aucun droit sur la vie de quiconque.Si je ne marche pas pour la vie, je veux marcher moi, pour le respect de la liberté la plus absolue, la plus désirable, celle dont j’ai le bonheur de jouir ; un bonheur que je partage avec beaucoup de frères humains qui ont fini leur vie dans la poubelle des déchets biologiques. La liberté de n’avoir point été ni voulu, ni programmé, de n’avoir fait l’objet d’aucune « planification ». La liberté vraie de ceux qui, avant même de venir au monde, lui lancent le beau mot d’Aimé Césaire : « accommodez-vous de moi ! ».

    Et je dédie ce texte à huit millions de libertés dont le monde n’a pas voulu s’accommoder, et en particulier à ma nièce – ou à mon neveu (je ne saurai jamais).

    https://www.lesalonbeige.fr/marche-pour-la-vie-fuyez-les-micros-une-manifestation-nest-pas-un-lieu-pour-argumenter-elle-est-un-argument-en-soi/

  • Ouvrons les vrais cahiers de doléances

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    C’est la troisième fois que Macron prend la parole depuis le début de la crise. Le processus semble mal parti, mais le président soutient qu’il n’y a pas de questions interdites. Prenons-le au mot !

    Il y a quelques formules positives dans cette lettre, par exemple : « Comment ne pas éprouver la fierté d’être français ? » A une époque de repentance ad nauseam, la question est bienvenue. Quant à l’idée de « transformer les colères en solutions », qui n’y adhèrerait ? Il y a enfin cette affirmation selon laquelle il n’y aura pas de questions interdites.

    Mais la lettre commence par une série d’erreurs de diagnostic :

    – « Chez nous, ceux qui travaillent financent les pensions des retraités. » C’était vrai il y a un demi-siècle, mais la retraite vieillesse et la retraite par répartition ne permettent plus à un retraité de vivre décemment. La démographie, l’immigration de masse, et l’aberrant passage à la retraite à 60 ans en 1983, ont détruit notre système de retraite.

    – « Chez nous, un grand nombre de citoyens paie un impôt sur le revenu, parfois lourd, qui réduit les inégalités. » Mais il existe une caste, les gagnants de la mondialisation. Et les enquêtes montrent que les inégalités se sont accrues, en particulier sous Hollande.

    – « Les aléas de la vie, comme le chômage, peuvent être surmontés. » Mais notre taux de chômage est le double ou le triple de celui de tous les pays ayant un niveau de développement comparable.

    – Enfin la France serait « l’une des nations les plus libres ». L’indice Libertex qui analyse le degré de liberté dans le monde, déclasse régulièrement notre pays, désormais noyé sous un empilement de lois liberticides, mémorielles, politiquement correctes et autres. Les Etats-Unis, bien entendu, mais aussi la Hongrie, l’Italie ou la Russie, sont mieux classés que nous.
    « Pour moi il n’y a pas de questions interdites » (Macron)

    Macron fustige ensuite « la mise en accusation générale des médias ». Il vise là directement les Gilets jaunes. Mais il ne dit mot de l’hyper-concentration des grands médias entre les mains de quelques milliardaires.

    Quant à la consultation populaire, après nous avoir précisé qu’« il n’y a pas de questions interdites », Macron la cantonne à quatre thèmes : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.

    L’idée est de canaliser la parole en amont. Mais pour notre part, sur la base de cette absence de « questions interdites », nous vous proposons de faire de Présent la tribune de vos attentes, ceci jusqu’au 15 mars, date-butoir annoncée par la lettre.

    Dans Présent, puis dans vos mairies, sur les cahiers de doléances, faites-vous les porteurs de nos revendications. La peine de mort, les 80 km/heure, l’immigration, les taxes relatives aux carburants ou à l’électricité, les éoliennes, le mariage homo, la PMA, l’avortement, la double nationalité, la construction de mosquées, la concentration des médias, les lois mémorielles et du soi-disant antiracisme, les prébendes d’Etat (CESE et autres), les 300 autorités « indépendantes » mais surpayées, Benalla et Jouanno, le nombre de députés, la moquette de l’Elysée, les associations mainstream sans adhérents mais qui croulent sous les subventions, la mainmise maçonnique, l’indulgence d’Etat à l’égard des « antifas », l’enfer des zones de non-droit, le pillage de notre pays par des bandes venues d’Europe centrale ou d’Afrique, sur tous ces sujets, exprimez-vous, n’ayez pas peur, remplissez les cahiers de doléances.

    Organisez-vous pour préparer vos messages. Contactez les associations spécialisées sur chacun des sujets. Quant à nous, nous allons nous efforcer de relayer vos initiatives, de faire partager vos expériences, de porter votre parole, celle du peuple français, celle des « invisibles ». Un grand débat s’ouvre ? Oui, et ça va secouer !

    Francis Bergeron

    Article paru dans Présent daté du 15 janvier 2019

    https://fr.novopress.info/213262/ouvrons-les-vrais-cahiers-de-doleances/

  • Fiorina L. : « Je me sens encore plus gilet jaune ! Je ne peux pas imaginer que toutes ces personnes soient blessées pour rien… »

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    Fiorina L., 20 ans, a perdu un œil dans une manifestation des gilets jaunes, le 8 décembre dernier, après avoir reçu une grenade lacrymogène lancée par un policier.
    Elle raconte et analyse les faits au micro de Boulevard Voltaire.

    Comment allez-vous aujourd’hui ?

    Ça va de mieux en mieux. La fatigue est encore là, mais je me remets tout doucement.
    Pouvez-vous rappeler au lecteur de Boulevard Voltaire, les circonstances de votre blessure ?

    Nous étions en haut des Champs-Élysées aux alentours de 14h. C’était assez calme jusqu’au moment où les casseurs ont commencé à vandaliser une boutique de l’autre côté de l’avenue. Les policiers ont alors commencé à charger afin de laisser passer les pompiers pour éteindre le feu qui avait été déclenché par les casseurs.
    Nous étions une centaine de gilets jaunes à la gauche des policiers. C’était très calme de notre côté. Ils ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes. Je n’ai plus trop de souvenirs, mais je me suis pris un tir tendu de grenade lacrymogène dans l’oeil gauche. À ce moment-là, je me suis complètement écroulée.

    Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

    Je ne suis pas en colère contre les policiers, mais un peu contre le policier qui a tiré volontairement.
    Ils se sont préparés pendant 5 min avant de charger. Ce n’était donc pas un tir décidé au dernier moment, dans l’urgence. J’estime que c’était volontaire et réfléchi.
    En revanche, contre la police en général, je ne suis pas en colère. Certes, un policier a peut-être mal fait son travail, mais son geste ne représente pas toute la police.
    Une cagnotte a été ouverte en ligne pour couvrir vos soins et vous permettre de continuer votre vie. Comment avez-vous accueilli cette initiative ?

    Au début, je n’ai pas trop réalisé. Cette initiative m’a surprise sur le moment. Je remercie vraiment tous les participants. Cela me touche profondément.
    Cette cagnotte m’a pour l’instant servi à régler les frais engendrés pour me rendre à l’hôpital en taxi et en ambulance. Les frais doivent être avancés avant d’être remboursés.
    Je suis vraiment très touchée par ces dons. Je pense faire un don grâce à cette cagnotte pour la recherche médicale.
    Après ce que vous avez vécu, vous sentez-vous encore gilet jaune ?
    Le combat continue-t-il encore ?

    Je me sens davantage gilet jaune qu’avant. Je suis aujourd’hui réellement concernée et indignée de voir tous ces blessés. Il faut continuer la lutte pacifiquement et ne pas baisser les bras. Je ne peux pas imaginer que toutes ces personnes soient blessées pour rien. Il faut vraiment continuer le combat tous ensemble.

    Vous avez malheureusement perdu un œil suite à ce tir de grenade lacrymogène.
    Aviez-vous conscience, en vous rendant à cette manifestation, que de telles violences pouvaient vous arriver ?

    C’était ma toute première manifestation. J’y avais pensé, mais pas à ce point-là. J’ai été étonnée. Je savais que lors des manifestations, il y avait toujours des dangers, mais je ne pensais pas à ce point là. Je ne m’attendais pas à perdre un œil, surtout venant de la police. Je partais quand même avec l’idée qu’il pouvait y avoir de la bagarre. J’ai été très surprise par la violence.

    http://www.bvoltaire.fr/fiorina-l-je-me-sens-encore-plus-gilet-jaune-je-ne-peux-pas-imaginer-que-toutes-ces-personnes-soient-blessees-pour-rien/

  • Perles de Culture n°196 : « Le temps des chefs est venu »

    Ce soir, retrouvez « Perles de Culture ». Anne Brassié et Arthur de Watrigant évoquent leurs films coup de cœur. François Bert présente ensuite ses derniers livres : »Le temps des chefs est venu » et « Cote 418 » tous les deux chez Edelweiss Editions.

    https://www.tvlibertes.com/perles-de-culture-n196

  • Nicolas Dupont-Aignan : “La France de Monsieur Macron préfère la burka aux gilets jaunes”

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    Le président de Debout la France critique la décision d’interdire des manifestations de “gilets jaunes” dans l’Eure, lors de la visite d’Emmanuel Macron pour lancer le grand débat national.

  • Quand le social efface le sociétal

    3911508061.jpgOlivier Pichon

    EuroLibertés cliquez ici

    Les gilets jaunes, c’est aussi le retour du politique 

    Le 17 novembre, on n’entend plus parler de genre, de PMA, de GPA, plus de LGBT pour nous seriner leurs petits besoins, plus de coming out de «  personnalités ». Bref, la subversion de  la société, la destruction de la famille, les utopies sexualistes, passent désormais au second rang.

    Le sociétal revendication minoritaire

    Cela n’est pas sans signification et prouve ,s’il en était besoin, que ce type de préoccupation était, d’une part celle d’une minorité, d’autre part, celle d’une société  qui s’offrait à bon compte la révolution des mœurs comme si elle n’avait rien d’autre à faire. Il est vrai aussi que la Gauche ayant abandonné depuis longtemps le peuple et la Droite la nation, il restait aux politiques toujours en mal de faire notre bonheur, l’ultime recours du sociétalisme pour prétendre changer le monde… Ce fut là tout ce que pu faire, au cours de son mandat étriqué, le médiocre Hollande avec la loi Taubira (mariage des homosexuels). Le sociétal, c’est l’impuissance du politique.

    Virilisme versus féminisme

    Pire encore, on entend de-ci de là, dans les manifestations, venant des uns et des autres, et les gendarmes ne sont pas en reste, voler des noms d’oiseaux que la morale officielle réprouve tels : «  Dégage PD ! »

    Et je ne parle pas des invectives aux  femmes très nombreuses dans les manifestations. Horresco referens !

    Quant à la figure de Christophe Dettinger, elle  consacre le retour du virilisme, et, s’il est devenu un héro des GJ, c’est aussi, dans l’inconscient collectif, une réaction au féminisme dont nous bassinaient les médias, et cette logorrhée : transidentité, intersexuation, racisé, activistes hystériques, Christine Angot, Caroline de Haas et les brigades d’intervention, aussi pléthoriques qu’absconses : Osez le féminisme, Femen, Me too et autres Balance ton porc, devenu  aujourd’hui balance ton poing.

    Schiappa dénonce
    Ce n’est pas un hasard si c’est Marlène Schiappa qui est montée au créneau contre la fameuse cassette du boxeur qui a fait reculer seul des CRS ;  elle s’est sentie directement attaquée par ce vote populaire que représente le versement à la cagnotte… Un plébiscite qui lui est resté en travers de la gorge et, si l’on peut dire, qu’elle a eu du mal a avaler (!). Du coup la voilà qui, sous l’effet de l’indignation, accumule, pour le compte, les fautes politiques en faisant pression sur Leetchi, entreprise privée (quoique qu’assez proche du Pouvoir) et voulant ficher ceux qui ont cotisé.

    Quand un ministre devient flic, et qu’il foule au pied les règles de droit et met la société Leetchi en situation d’abus de bien social, il lui reste la démission, sauf en Macronie.

    Retour du politique et clap de fin pour Mai 68

    En définitive, la crise des gilets jaunes signe le retour du politique dans ce qu’il a de meilleur et signifie combien les Français sont indifférents aux préoccupations de nos élites obsédées de révolution sexuelle.  On peut dire que face à cette logique héritée de Mai 68, dans une large mesure, le retour du peuple  via les gilets jaunes, c’est aussi le retour du politique.

    Dans les revendications des gilets jaunes, on trouve de réelles préoccupations politiques : souci du bien commun, annulation de la dette, demande d’assemblée constituante , sortie de l’UE et de l’Otan, fin des monopoles médiatiques, défense des libertés, arrêt de l’immigration et bien d’autres sujets authentiquement politiques.

    Il aura fallu 50 ans pour éteindre les vieilles lunes soixante-huitardes. Ce retour du politique était déjà acquis au plan international depuis le début du XXe siècle, le voilà de retour en France, il s’affirme comme une rupture, le pouvoir devra impérativement en tenir compte et quitter ses rêveries « start-up nation » et autres chimères sociétales, la France n’est pas la Californie.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/01/16/quand-le-social-efface-le-societal-6121127.html

  • Shutdown : apocalypse politique à Washington !

    Aux États-Unis le gouvernement fédéral est à l’« arrêt » depuis environ quatre semaines. Comment cela va-t-il finir ?

    Par Philippe Lacoude, depuis les États-Unis.

    La fin du monde approche à grands pas alors que les fonctionnaires non payés meurent de faim pendant que la plèbe mange de la salade non contrôlée par le gouvernement à cause de l’abominable président Trump qui veut construire un mur inutile dont on sait depuis Joshua 6:1-27 qu’on pourrait le détruire d’un simple coup de trompette ! Heureusement, de vaillants Démocrates veillent encore et toujours à faire des économies budgétaires et cette dépense inutile ne passera pas !

    Lire la suite