Sur l’affaire Alain Finkielkraut, tout ce qu’il y avait de censé à dire l’a été sur ce site. Mais le « mieux-disant » revient pourtant au principal intéressé, sur France Info, le 18 février dernier : « Quelque chose me gêne dans la mobilisation […] On revient, on se mobilise contre, si j’ose dire, le vieil antisémitisme, celui qu’on aimait détester. […] Or, ce n’est pas lui qui était à l’œuvre contre moi. Est-ce ce “bon vieil antisémitisme” qui est à l’œuvre de manière générale en France ? Je ne le crois pas. »
Loin de nous l’idée de faire dire à Alain Finkielkraut ce qu’il n’a pas dit ; mais tentons, au moins, cette sorte de synthèse selon laquelle les derniers lecteurs d’Édouard Drumont, certes antisémites dans leurs lectures, le seraient finalement moins dans leurs actes. En effet, prétendre que les assassins d’Ilan Halimi et Mireille Knoll aient pu être disciples d’Henri Coston consisterait à un peu trop charger le chameau.
De même, du mouvement lepéniste, le philosophe affirme : « Alors, on va dire qu’il ne faut surtout pas que le RN participe au rassemblement de demain. Mais c’est un problème, parce que tous les partis républicains devrait être représentés. Et c’est un parti républicain, qui représente un nombre considérable d’électeurs. »
De cet antiracisme dévoyé, le mensuel Actualité juive, relayant les propos de l’empêcheur de penser en rond, rappelait déjà, le 22 avril 2015 : « Alain Finkielkraut laisse entendre que SOS Racisme était responsable de la montée du racisme en France. » Mieux, toujours à en croire cet estimable périodique, on apprenait encore ceci : « SOS Racisme – SOS Baleines. Ambiguïté : dans un cas, c’est pour dénoncer le racisme, dans l’autre, pour sauver les baleines ? Et si, dans le premier cas, c’était aussi pour sauver le racisme ? »
Il est un fait que pour que survivent les ligues de vertu, il faut bien que le vice subsiste ; faute de quoi, les subsides pourraient bien venir à manquer. Les antiracistes ont besoin des racistes pour boucler leurs fins de mois, surtout quand l’argent du contribuable vient à manquer. Le premier des aigrefins sait ça. Alain Finkielkraut aussi.
De son côté, Claude Askolovitch, pourtant pas le moins borné de nos confrères – la preuve par son très honnête essai, Voyage au bout de la France, le Front national tel qu’il est –, s’en prend désormais à Alain Finkielkraut, sur le site Slate, ce même 18 février : « Un décent, modéré, de bon sens, un Raymond Aron de nos déconstructions, cet homme qui honore de sa malice fatiguée les bien-pensants de l’identité nationale, les petits veilleurs du Figaro Vox, les inquiets de la civilisation ? Doutons-en, pour lui-même et des opportunistes qui ne lui ressemblaient pas, trop heureux que ce juif hirsute et tourmenté qui composait des odes à l’identité française et se faisait l’avocat du “Français de souche”, qui, mieux que lui, enfant d’immigré, était de ce pays. » Pour doucereuse qu’elle soit en apparence, la charge est lourde de violence cachée.
Qu’il nous soit seulement permis d’objecter qu’Alain Finkielkraut, qui vient d’accorder un entretien passionnant à Éléments, est avant tout un philosophe d’envergure, au même titre qu’un Alain de Benoist, par ailleurs fondateur de ce bimensuel. Que sa voix, aussi claire que sa pensée, n’est pas de trop en ces temps de flou intellectuel. Et que ses origines, si elles paraissent passionner activistes musulmans exaltés et journalistes juifs en perte de repères, ne nous importent finalement que peu.
Car Alain Finkielkraut n’est rien d’autre qu’un estimable compatriote français. Rien de plus ; mais, surtout rien de moins.