La direction de la RATP est très ennuyée du buzz que fait, depuis vendredi, une nouvelle affaire d’islamisme. Un chauffeur, sans doute trop « barbu », aurait refusé de faire monter deux jeunes filles mal habillées. Non, pas assez habillées à son goût. Manque de chance pour cet employé, l’une des deux jeunes filles est la fille de Kamel Bencheikh, poète algérien qui n’a pas hésité à porter plainte, en bonne et due forme.
Gabrielle Cluzel vous a rapporté ici les faits que je résume brièvement : à l’arrêt Botzaris, les deux jeunes filles ont vu passer le bus 60, qui n’a pas voulu marquer l’arrêt, sauf au feu rouge, à quelques mètres de l’Abribus®, mais elles ont couru pour rattraper l’autobus arrêté au feu rouge et ont demandé au machiniste pourquoi il leur avait fermé la porte au nez. Réponse sans appel : « Tu n’as qu’à bien t’habiller », et il a démarré.
Le sang de Kamel Bencheikh n’a fait qu’un tour. Il a posté l’incident sur son compte Facebook en écrivant, en lettres majuscules, pour commencer son texte : « JE REVENDIQUE MON ISLAMOPHOBIE, tout me donne raison pour la chouchouter », puis il a longuement décrit ce qui était arrivé à sa fille Élise, 29 ans. « Tout ce qui viole les valeurs de notre si belle République, y compris et surtout ce qui porte atteinte à la laïcité qui protège le fait de croire ou de ne pas croire, de pratiquer une religion ou de la critiquer, tout cela me donne raison quant à mon “islamophobie” militante. »
Par ailleurs, le poète accuse Facebook d’avoir supprimé sa page. Il s’interroge : pourquoi le réseau social lui reproche-t-il d’inciter à la haine avec ce billet ? Effectivement, dès les faits révélés, la classe politique a réagi sur Twitter, demandant à la RATP de prendre les sanctions qui s’imposent. Valérie Pécresse : « Si les faits sont avérés ils sont scandaleux ! » Jean Messiha : « Le père de la femme poste son histoire sur Facebook qui supprime aussitôt. Sommes-nous encore en France ? » Et Lydia Guirous, porte-parole des Républicains, est encore plus radicale : « Il y a URGENCE à éradiquer l’islam politique en France » . Valérie Boyer d’affirmer que « l’extrémisme religieux n’a pas sa place dans notre République. Nos libertés, nos droits doivent être préservés ! »
« Ce type qui conduit un bus payé par mes impôts a empêché ma fille, titulaire d’un passe Navigo valide et donc en règle, qui n’a jamais rien eu à se reprocher de monter… Juste parce qu’elle portait une jupe », a encore affirmé le poète. Il décrit le chauffeur comme un homme « maghrébin » et « islamiste ». Et d’exiger des excuses publiques de la RATP qui, de son côté, a déclaré à LCI, ce dimanche à midi, que le chauffeur ne reconnaît pas « les faits tels que présentés dans la presse ». Mais la Régie a, toutefois, ouvert « une procédure disciplinaire » à son encontre pour « faute de service ».
Les Franciliens peuvent constater, tous les jours, qu’ils sont très souvent conduits par des barbus, et pas du style Castaner ou Édouard Philippe… Combien de chauffeurs refusent de conduire un bus après une conductrice ? Et avec l’arrivée du ramadan, certains se posent ouvertement la question de la sécurité des passagers, car un machiniste ne buvant pas, ne se restaurant pas de toute la journée peut-il être sûr de tous ses moyens ? Ne peut-il pas perdre son attention, ne serait-ce qu’une seconde ?