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Le capitalisme à la française a une particularité : la plupart des fortunes privées se sont créées sur de l’argent public

Le capitalisme à la française a une particularité : la plupart des fortunes privées se sont créées sur de l’argent public

Si vous ne lisiez pas les chroniques de Julien Jauffret chaque semaine dans l’hebdomadaire Minute, vous pouvez vous rattraper en les retrouvant dans Le Populisme ou la mort. Observateur attentif de la vie littéraire, artistique, politique et sociale de son époque, Olivier Maulin, alias Julien Jauffret, y a rassemblé le meilleur de ses analyses de chroniqueur anticonformiste. Et comme l’écrit François Bousquet dans la préface, “elles ont résisté à l’obsolescence programmée du genre“. Exemple :

Le capitalisme à la française a une particularité, c’est que la plupart des fortunes privées se sont créées sur de l’argent public. Celle de Bernard Arnault n’échappe pas à la règle. En 1984, cet héritier d’une entreprise familiale du bâtiment, réussit à convaincre le Premier ministre Laurent Fabius qu’il est le candidat idoine pour racheter Boussac, le géant de l’industrie textile du Nord. En deux ans, le gouvernement Mauroy avait injecté un milliard de francs de subventions dans le groupe ! Objectif : sauver les 21 000 emplois. L’Etat était donc propriétaire de fait. Pour emporter le morceau, Arnault s’engage par écrit à garantir la “pérennité de l’entreprise et l’essentiel des emplois”; Fabius accepte. L’Etat abandonne la créance d’un milliard de francs, le subventionne à hauteur de la moitié, et roulez jeunesse. “Comment devenir milliardaire en assurant la ‘pérennité’ d’un groupe industriel sous perfusion continue d’argent public ? En le dépeçant minutieusement. Tout simplement”, écrit Olivier Toscer dans son livre Argent public, fortunes privées, Histoire secrète du favoritisme d’Etat (Denoël, 2003). Arnault s’empresse en effet de démanteler l’empire Boussac pour ne garder que les deux perles : le Bon Marché et surtout la maison de couture Christian Dior à partir de laquelle il bâtit le groupe LVMH. La Commission européenne lui demandera bien (treize ans plus tard !) de rembourser une partie des aides publiques dont il avait bénéficié, mais à ce moment-là, le roi du luxe est déjà multimilliardaire. Merci Fabius, merci l’Etat. Ce même Etat que l’on cherche à fuir quand il vous réclame une contribution exceptionnelle pour crise exceptionnelle ! En temps de guerre, Arnault serait fusillé.

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