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L’équipe de la campagne électorale d’Emmanuel Macron (fin)

quatre2-a530b.jpgPas de pitié ! Dans les glorieux combats de Ramzi Khiroun, lequel mérite assurément la légion d’honneur, il y a des dégâts collatéraux. Comme disent les ordures : « On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ». Et l’omelette est belle : Richard Gasquet s’en tire bien. Il est condamné à deux mois et demi de suspension et peut donc reprendre immédiatement. Tout le monde a avalé le canular. Sa version a été jugée probable. Le soir même sur le plateau de France 2, sous le coup de l’émotion Richard déclare : « Je veux remercier les proches qui ont été avec moi. Je veux remercier Arnaud Lagardère, Ramzi Khiroun… »

Le con ! Il n’a pas compris que Ramzi Khiroun ne veut pas qu’on parle de lui.

Passons maintenant au troisième larron. Celui qui est envoyé par Patrick Drahi. Il s’appelle Bernard Mourad. Nous avons déjà parlé de lui dans l'article "Le Président des milliardaires". En 2008, alors qu’il travaillait chez Stanley Morgan, il avait reçu Emmanuel Macron pour un entretien d’embauche qui s’était transformé en un entretien amical d’une heure et demie. Il lui avait conseillé d’aller plutôt chez Rothschild où il aurait plus de chance d’être « propulsé très haut très vite » plutôt que chez Stanley Morgan où il devrait gravir un à un les échelons.

Bernard Mourad travaillait pour la banque américaine Stanley Morgan depuis 2000 mais il était d’abord basé à Londres. Il est arrivé en France en 2006 pour rejoindre son épouse Stéphanie Ferran qui travaillait alors dans le conseil en stratégie chez A. T. Kearney. Elle est, tout comme lui, diplômée Sciences-Po et HEC. Elle travaille maintenant dans le groupe Lagardère ou plus précisément chez « Lagardère publishing » autrement dit le groupe Hachette. Nous sommes là dans un tout petit monde étroitement interconnecté. Elle a rejoint « Hachette Livre » en tant que Directrice du développement commercial et membre du « Comité Exécutif France » en octobre 2017. Elle est considérée comme la n°2 du groupe Hachette.

Chez Stanley Morgan, Bernard Mourad est considéré comme spécialiste du secteur des médias et des télécoms. Il est réputé proche des entrepreneurs milliardaires de ce secteur Xavier Niel et Patrick Drahi. Il fait partie de leur clan et il a aidé son ami Emmanuel Macron à s’insérer dans le clan quand celui-ci a favorisé l’acquisition de SFR par Patrick Drahi. Nous avons raconté cela dans un autre article intitulé « Un magistral coup tordu ». Les deux amis sont très liés —nous avons vu qu’ils échangent des mots doux : « mon lapin », « forza » — et ils se ressemblent beaucoup avec toutefois quelques petites différences. Bernard Mourad a autant de verni qu’Emmanuel Macron mais il est plus consistant sous le verni. Il n’a pas de lacunes en mathématiques, il sait que la Guyane n’est pas une île et il a effectivement écrit deux livres. C’est un point sur lequel il n’a pas besoin de bluffer pour en mettre plein la vue à ses copains. C’est une singulière différence avec Emmanuel Macron. Voici ce que raconte Jean-Baptiste Froment qui était avec lui en classe prépa à Henri IV.

« Macron donnait un peu le sentiment que sa vie, ou une partie de sa vie, était ailleurs ce qui, quand on est en classe prépa, notamment à Henri IV, est quelque chose de très baroque, enfin qui n’a pas beaucoup de sens parce qu’on est censé travailler à 100% du temps. Moi, il m’expliquait qu’il était en train d’écrire un grand roman. Donc, quand même, écrire un roman ça prend un peu du temps. (…) C’était un grand roman qui avait lieu en Amérique du Sud. C’était ce qu’on appelle un roman picaresque : l’époque du XVIIème siècle, la conquête espagnole. Il y avait des histoires d’indiens d’Amérique du Sud… Je ne sais pas des Mayas, des Incas. Voilà, on n’était pas dans un petit récit d’autofiction du quartier latin. C’était un truc avec un peu du souffle à l’ancienne. »

Si Bernard Mourad est moins mythomane, les deux compères ont cependant manifestement le même état d’esprit. Ils sont imprégnés des idées de l’ultra-libéralisme et sont donc entièrement au service des plus riches qu’ils considèrent comme des modèles. Les livres qu’il a écrits sont dans le droit fil de cette idéologie. « Les actifs corporels » est un livre de fiction où il imagine que même les individus peuvent être cottés en bourse et l’autre livre s’appelle tout simplement « Libre échange ». Evidemment, dans les deux cas, les titres ont un double sens.

Bernard Mourad sera donc dans tous les coups tordus d’Emmanuel Macron. Il est d’ailleurs avec lui quand celui-ci offre sur un plateau à General Electric le fleuron de notre industrie : la branche industrielle d’Alsthom. Morgan Stanley est une des trois banques qui a opéré lors de la cession et c’est précisément Bernard Mourad qui était chargé des fusions-acquisitions à ce moment-là.

Il n’est donc pas étonnant que ce soit à lui qu’Emmanuel Macron ait confié le dépeçage et la vente d’ADP. Entre temps Bernard Mourad a quitté Stanley Morgan. Il a ensuite été exclusivement au service de Patrick Drahi en prenant la présidence de son groupe de médias « Altice Média Group ». Il a plus tard rejoint Bank of America-Merrill Lynch une autre banque qui avait opéré lors de la cession de la branche industrie d’Alstom à Général Electric.

Au moment de la campagne présidentielle, il est encore chez Patrick Drahi. Officiellement, c’est en octobre 2016 qu’il quitte ses fonctions chez Altice Média Group pour rejoindre l’équipe de campagne comme « conseiller spécial ».

Passons maintenant au quatrième larron qui est d’ailleurs une larronne : la fameuse Michèle Marchand alias « Mimi » envoyée par Xavier Niel. Ils se connaissent de longue date car ils ont été défendus par la même avocate quand ils ont fait tous les deux un séjour en prison.

Nous trouvons dans la presse une abondante littérature sur cette « Mimi » présentée, le plus souvent avec complaisance, comme un personnage de roman. Des articles lui ont été consacrés dans Le Monde, L’Obs, Le Point, Vanity Fair. Un article a été écrit pour Egalité & Réconciliation et un livre, intitulé « Mimi », a été écrit par Jean-Michel Décugis, Pauline Guena et Marc Leplongeon. Cette « Mimi » est une fieffée crapule et nous éviterons d’en parler avec affabilité mais il est toujours difficile de ne pas tomber dans le piège des films sur la mafia qui donnent une image assez sympathique des plus grands voyous. La réussite fascine, même quand elle se fait au prix des pires procédés. « Mimi » a trempé dans le trafic de drogue. Elle a été prise les deux mains sur le volant d’un camion contenant 500 kg de haschisch. Elle a fréquenté à la fois les truands et les flics confirmant ainsi à sa façon qu’il s’agit du même milieu. Faut-il s’étonner que de ce milieu sortent les crapules qui appuient les coups fourrés des milliardaires et, par la même occasion, le Président de la République ? Voici un extrait du numéro 45 (avril 2017) d’un article de Vanity Fair :

« Deux de ses anciens maris ont séjourné derrière les barreaux, l’un est tombé pour un casse qui fit la « une » des journaux avant de l’emporter elle aussi. Les enquêteurs avaient ratissé large en espérant la faire parler. Deux ans de prison. C’est le traumatisme de sa vie, celui qu’elle voudrait à jamais effacer et dont elle est sortie relaxée en 1990. Puis ce fut l’époque des boîtes lesbiennes qu’elle monte avec une amie d’enfance, le Memories, porte Maillot, puis le Cirque, rue de Ponthieu, où les garçons s’invitent une fois par semaine. Mimi s’impose dans le monde de la nuit. Les petites frappes, elle les dresse : « La taule, je l’ai faite comme vous, dit-elle. Les coups de canif, je peux les donner comme vous. » Un soir, un policier des RG, Jean-François, en filature dans son club pour une histoire d’arnaque à la carte bancaire, tombe sous le charme. Autre vie, autre monde qui se superpose. Michèle Marchand excelle dans le mélange des genres. Nuit et jour, elle tisse sa toile à tous les étages, des petites mains du show-biz aux vedettes, des voyous aux flics en passant par tous les mécanos et les avocats de Paris. »

Pour donner une idée de son pouvoir voici maintenant un petit extrait du livre « Mimi » de Jean-Michel Décugis, Pauline Guena et Marc Leplongeon.

« Le 7 octobre 2015, lors d’un procès à huis clos devant le tribunal correctionnel de Paris, Jérémie Ladreit de Lacharrière, trente-huit ans, est condamné à trente mois de prison avec sursis pour avoir diffusé des images pornographiques d’enfants sur Internet. Il est en récidive légale après une première condamnation définitive en 2008 pour des faits identiques. »

Vous trouverez sur ce sujet sur YouTube une vidéo intitulée  : « Michèle "Mimi" Marchand aurait étouffé une affaire de pédo-pornographie impliquant du gratin ». Le père de Jérémie, Marc Ladreit de Lacharrière, est un milliardaire très connu (voir la Wikipédia) et il tient à ce que l’affaire ne soit pas publiée dans la presse. Il lui a suffi pour cela de charger « Mimi » de la mission et personne n’a entendu parler de la condamnation. Celle-ci étant intervenue à la suite d’un procès à huis clos, autant dire que l’affaire a été étouffée. Merci « Mimi » ! Essayons d’imaginer de quels moyens elle dispose pour pouvoir ainsi tenir à sa guise toute la presse. Serait-elle aussi puissante que l’était François Mitterrand qui pouvait interdire aux journaux de parler de Mazarine alors que les salles de rédaction étaient parfaitement informées ? Sans doute. Cependant, tout finit par ce savoir : Mazarine, Jérémie… Mimi possède « Bestimage » une agence photographique spécialisée dans la presse people, les célébrités et l’événementiel. A la demande, elle peut fournir des images valorisantes de personnalités du showbiz ou de la politique. Elle envoie les photographes à son service faire les clichés. Elle a 25 employés dans son entreprise et autant de pigistes photographes. Elle peut aussi sortir les clichés qu’elle a en archive. Elle possède probablement aussi des images que les mêmes personnalités ne tiennent pas à voir circuler. Elle pèse donc à la source de l’information mais elle pèse aussi au moment de l’édition. Toute la presse people recourt à ses services : Paris Match, Gala, Voici, Closer, Ici Paris, Télé 7 jours... Autant dire que ces titres ont besoin d’elle pour vivre. Elle connait bien évidemment tous les subterfuges du métier alors que le consommateur s’y perd. Il est parfois difficile de différencier un travail de paparazzi et une fausse paparazzade. Dans le deuxième cas, des photos qui semblent être prises à l’improviste sont en fait réalisées dans une séquence organisée avec éventuellement des mises en scène. Ainsi, le reportage pour « Paris Match » du couple Macron sur une plage avec Emmanuel en short et Brigitte en maillot hawaïen était une fausse paparazzade. Le but était de les aider à assumer leur différence d’âge en valorisant Brigitte. Comme quoi, la communication réclame une réelle compétence. Pour contrer une rumeur, il faut assumer son existence et l’affronter. La pire des choses est de la laisser se répandre sans réagir. Il est certain par exemple que Giscard d’Estaing a eu tort de ne pas affronter la rumeur sur l’affaire des diamants de Bokassa. Il n’avait pas de bons conseillers en communication. C’est d’ailleurs pour contrer une rumeur sur une éventuelle homosexualité d’Emmanuel Macron que Xavier Niel a conseillé à Brigitte de consulter « Mimi ». Il a organisé, comme il en a l’habitude en pareil cas, un petit goûter entre eux dans sa villa rose. « Mimi » avait vérifié que les journalistes n’avaient rien de sérieux à présenter à ce sujet. On ne sait jamais. Des photos peuvent être interprétées de différentes manières. Fort heureusement, les photos prises à Saint-Martin aux Antilles, où Emmanuel macron est avec un jeune homme torse nu n’existaient pas à l’époque. Pas plus que les photos prises lors de la fête de la musique à l’Elysée. « Mimi » lui a conseillé d’affronter la rumeur. Il s’exécute lors d’un meeting à Bobino. Il déclare notamment au micro :

«  Pour mettre les pieds dans le plat, si dans les dîners en ville, si dans les boucles de mails, on vous dit que j’ai une double vie avec Mathieu Gallet ou qui que ce soit d’autre, c’est mon hologramme qui m’a soudain échappé mais ça ne peut pas être moi ! »

C’était sans doute un bon conseil. « Mimi » est ainsi capable de faire et défaire bien des réputations. Avec les mêmes faits, elle peut par exemple exposer une liaison amoureuse comme une sombre affaire de pédophilie ou à l’inverse la sublimer comme une relation affective qui a survécu à bien des dénigrements. Elle pourra tout autant faire passer pour un homosexuel un pur hétéro ou à l’inverse éviter à un homosexuel d’être reconnu comme tel si elle juge que cela nuirait à son image. Elle peut amplifier à souhait une simple rumeur ou, au contraire, l’étouffer.

Nous avons maintenant un tableau complet de l’équipe qui monte à l’assaut de l’opinion publique pour la formatter. Nous verrons peut-être dans un autre article comment elle s’y est prise.

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https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-equipe-de-la-campagne-electorale-217877

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