Prorogation systématique de l’« état d’urgence sanitaire » et de ses nombreuses mesures liberticides, surveillance sans cesse accrue d’internet et des réseaux sociaux, ou encore immixtion permanente dans la vie privée des Français avec la volonté flagrante de les « rééduquer » : alors que, sous prétexte de lutte contre le COVID-19 et l’islamo-terrorisme, l’Etat macronien ne cesse déjà de rogner depuis des mois sur les libertés individuelles de nos compatriotes, celui-ci vient de faire un pas supplémentaire vers le « totalitarisme libéralo-progressiste » en adoptant, en toute discrétion, trois décrets autorisant le fichage politico-religieux des Français.
Une formulation volontairement très générale
Passés presque totalement inaperçus auprès des grands médias (et pour cause !), ces décrets, publiés en douce vendredi dernier au Journal Officiel, seront pourtant lourds de conséquences, en raison de la quantité considérable d’informations très personnelles qu’ils autorisent désormais le Renseignement territorial à collecter. Ô bien sûr, officiellement, ces trois décrets, portant respectivement sur le « Fichier de prévention des atteintes à la sécurité publique », la « Gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique » et les « Enquêtes administratives liées à la sécurité publique », ont pour seul objectif de surveiller les individus dont les activités seraient « susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, à l’intégrité du territoire, ou des institutions de la République, ou encore de constituer une menace terroriste ». Mais chacun aura bien compris que, grâce à cette formulation très générale et très vague, le gouvernement va surtout pouvoir « fliquer » à volonté ses opposants les plus fermes, à savoir ceux de la droite nationale.
La CNIL renvoyée à la niche
C’est ainsi que, sous couvert de préservation de la « sûreté de l’Etat », ces décrets autorisent désormais les barbouzes de la macronie à ficher les Français selon leurs « opinions politiques, convictions philosophiques, religieuses ou appartenance syndicale ». Mais aussi en fonction de leurs « activités sur les réseaux sociaux », domaine dans lequel les forces de l’ordre pourront notamment recueillir les identifiants et pseudonymes utilisés par des individus surveillés. En outre, ils donnent aux services du Renseignement la possibilité de ficher « des données de santé révélant une dangerosité particulière », telles que des « données relatives aux troubles psychologiques ou psychiatriques ». Enfin, parmi les autres points énumérés dans ces décrets, on citera encore, outre le fichage des liens avec « des groupes extrémistes », des « éléments ou signes de radicalisation », ou encore de la « détention d’armes », la possibilité pour les fonctionnaires du Renseignement de répertorier tous les éléments concernant les « pratiques sportives », la détention « d’animaux dangereux » et même des données relatives à des facteurs dits « de fragilité », tels que les « facteurs familiaux, sociaux et économiques » ou encore les « addictions ». Quant à savoir ce que pense la CNIL de ces nouvelles mesures pour le moins intrusives, on soulignera que celle-ci, après avoir demandé des précisions et émis un certain nombre de réserves, s’est vue gentiment renvoyée à la niche…
Franck Deletraz
Article paru dans Présent daté du 9 décembre 2020