Vincent Trémolet de Villers
C’est le génie de la gauche dominante : être le loup et faire l’agneau. C’est le talent décourageant de nos gouvernants, et ici de Frédérique Vidal : donner à celui qui étend son hégémonie le statut de victime. Reprenons. L’islamo- gauchisme n’est pas une discipline, un domaine de recherche, c’est une réalité politique.
L’alliance du « Prophète » et du « prolétariat », de la religion des « dominés » avec les minorités « opprimées ». Version intello, c’est Emmanuel Todd qui déplore que l’on caricature « Mahomet, personnage central d’un groupe faible et discriminé », Edwy Plenel qui se rêve en Zola des musulmans; version branchée, c’est Virginie Despentes qui s’emballe pour les frères Kouachi, « morts debout » pour ne pas « vivre à genoux ». Mais l’islamo- gauchisme n’est qu’un des symptômes d’une guerre idéologique beaucoup plus large menée inlassablement sous couvert de « rigueur universitaire ». On l’appelle « wokisme » outre-Atlantique ; chez nous, elle installe l’obsession de la race, du genre, de l’identité, des laboratoires de recherche jusqu’aux studios de la radio publique. Elle impose des concepts aussi incertains que militants : « privilège blanc », « gender fluid », « racisme systémique»... Point de liberté pour les ennemis de cette doxa. Syndicats et associations montent la garde. Ainsi, Bernard Rougier, sans l’aide de la région Île-de-France, n’aurait pas pu mener ses travaux sur l’islamisme en France ; ainsi, Sylviane Agacinski, Alain Finkielkraut et tant d’autres ont vu leurs conférences annulées dans des écoles et des universités ; ainsi se développent dans ces mêmes universités les réunions non mixtes, interdites aux Blancs. Ce qui menace la liberté académique et, bientôt, une véritable liberté de pensée, ce n’est pas la pauvre Frédérique Vidal, mais bien ces doctrinaires acharnés contre une civilisation qu’ils jugent intrinsèquement coupable. L’islamo-gauchisme n’est qu’un versant de cette bêtise sophistiquée. Là est le grand péril : atrophie de l’intelligence, effacement de la culture, pour aboutir, selon la terrible formule d’Allan Bloom, à des «âmes désarmées ».
Source : Le Figaro 20/02/2021
http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2021/02/20/quand-le-loup-fait-l-agneau-6298819.html