L’étude menée par Jérôme Fourquet sur l’évolution de l’attribution des prénoms arabo-musulmans en France est devenue ces derniers mois une référence très reprise médiatiquement. Néanmoins, pour Lotfi Ramdani, que nous avions interviewé ici, ces statistiques, « donnent une vision biaisée de la réalité des chiffres de l’Insee ».
Ce dernier vient de publier une contre enquête que nous vous proposons de découvrir ci-dessous pour comparer avec les données du livre « L’Archipel Français » :
Les 18,5% de prénoms arabo-musulmans (conclusion de l’étude Fourquet ) en 2015, ne concernent en réalité que la population masculine. Ainsi, l’exclusion des prénoms féminins permet d’augmenter la proportion des prénoms arabo musulmans de 34 %. Nous allons démontrer que l’exclusion des prénoms féminins fausse totalement les conclusions et les chiffres avancés dans l’étude Fourquet.
Nous allons également revenir sur les hypothèses erronées de la méthode sur lesquelles il a établi la liste des prénoms arabo-musulman, en la comparant à notre analyse des prénoms arabo-musulmans (lancée en 2021).
Etablissement des listes des prénoms
Toute la difficulté de ce genre d’étude réside dans les hypothèses et la méthode à adopter pour établir la liste de référence des prénoms arabo-musulmans, à confronter avec la base de données de l’Insee.
Avec 4.550 prénoms masculins et 3.500 prénoms féminins, monsieur Fourquet intègre certainement des prénoms ambiguës (Ismail, Abraham, Adam) dans sa liste. Même s’il ne détaille pas sa méthode d’exclusion des prénoms masculins, on déduit que les prénoms tels que cités plus haut, font partie de sa liste d’étude. Pour notre part, nous avons travaillé sur la liste de l’Insee, durant 2 années, pour classer et valider prénom par prénom son origine arabo-musulmane. La liste Islam de France comporte 3.236 prénoms masculins et 1.794 prénoms féminins, soit 1.314 prénoms de moins.
Nous pensons que le travail fait sur les listes électorales et la stratégie de se baser sur le patronyme pour valider si le prénom est d’origine arabo-musulmane, a fait que Jérôme Fourquet a introduit dans ses listes une pléthore de prénoms ambigus. On peut être de confession juive ou chrétienne et porter un prénom d’origine arabe, c’est le cas au Liban, en Egypte et d’une manière générale en Orient.
Il précise qu’ »Il s’agissait également d’éviter la confusion, par exemple, entre les personnes portant un prénom d’origine arabo-musulmane issues de familles musulmanes, et celle issues de familles maghrébines juives séfarades. »
Encore une fois, cette hypothèse est erronée. Bon nombre de juifs d’Algérie (et d’ailleurs), portaient des prénoms de tradition arabo-amazigh, comme les ancêtres d’Eric Zemmour qui portaient des prénoms typiquement arabes Ourida (Rose en arabe) ou Messaouda et Maklouf. El le fait d’être arabe de confession juive ou chrétienne n’influe en rien sur l’origine arabe du prénom qu’on porte.
D’autres part, il précise dans son livre l’Archipel Français « Plusieurs lectures des ces listes électorales comprenant, nom, prénom, mais également date de naissance ont été réalisées par nos soin, avec pour but d’ajouter à la liste d’origine les nombreuses variantes orthographiques possibles d’un même prénom – mais aussi les très nombreux prénoms composés à partir de plusieurs prénoms musulmans. »
Quand monsieur Fourquet détecte les prénoms composés à la main, nous avons développé un programme informatique pour rechercher dans la base de données de l’Insee en détectant automatiquement les prénoms composés et les prénoms proches phonétiquement. Si l’un des deux prénoms est d’origine arabe ou musulmane il est intégré à notre liste, à l’instar de MARIE-FATIMA ou JEAN-KARIM. Pour les variantes, un travail manuel a été mené pour valider un à un les prénoms.
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