Thibault de Montbrial était donc l’invité de France Info vendredi dernier. Il a donc évidemment été interrogé sur la succession d’alertes à la bombe au château de Versailles : quasiment une par jour. Les touristes sont raccompagnés à la porte par la police, tandis que Le Parisien se penchait, ce week-end, avec un remarquable aveuglement tiers-mondiste, sur le manque à gagner pour les vendeurs de Tour Eiffel à la sauvette, qui officient devant les grilles de ce magnifique palais, qui symbolisa jadis la puissance de la France.
Contrairement à l’hypothèse que semble défendre Eric Dupond-Moretti à la télévision, l’avocat, lui, ne semble pas croire que cette succession de fausses alertes soit le fait de mauvais plaisants, d'idiots qui, dans une version renouvelée et macabre d’un canular pourtant vieux comme le téléphone, passeraient des coups de fil tous les jours à la direction du Château. Une manière comme une autre de projeter leur propre immaturité, leur propre naïveté et leur propre déni du caractère alarmant de la situation. Thibault de Montbrial, beaucoup plus familier du terrorisme malheureusement, lui, ne voit pas les choses de la même manière : les alertes servent à tester les procédures opérationnelles du camp que l’on cherche à attaquer. A chaque alerte, dans un pays soumis au terrorisme, il y a des observateurs invisibles pour chronométrer le temps de réaction de la sécurité, repérer les points de regroupement, reporter sur un plan les circuits d’évacuation, comprendre dans quel dispositif les vigiles et le personnel s’organisent pour évacuer, où ils se postent…Tout cela est ensuite utilisé, un jour, pour frapper au défaut de la cuirasse et faire un maximum de victimes. Il n’y a aucune raison de penser que ce qui est arrivé en Afghanistan, en Algérie, au Mali, sous d’autres cieux et...en France, n’arrive pas ou plus chez nous. L'un des journalistes demande alors à l'avocat : « Vous avez des éléments pour faire cette hypothèse ? » Et Dupond-Moretti, il en a des éléments pour faire l'hypothèse que ces alertes sont l'oeuvre de plaisantins ?
Thibault de Montbrial a conclu en disant que nous allions au-devant de temps très violents, qu’il espérait que nous éviterions, sans en avoir la certitude. Une fois de plus, ce qu’il dit est plein de bon sens - tragiquement plein de bon sens. Le seul problème, c’est que nous n’avons pas pris la mesure des choses et les mesures de sauvegarde que cela implique.
Les choses ont été dites. Bravo et merci à Thibault de Montbrial. Reste à savoir si elles seront entendues.