L’UDMF, en fustigeant le progressisme échevelé de LFI, prêche pour sa paroisse, si l’on peut dire. Elle compte se présenter aux élections européennes de juin prochain au sein d’une coalition de plusieurs partis européens appelée Free Palestine Party dans le but, selon les propos de son président et fondateur Nagib Azergui à l’AFP, de « faire entendre la voix du peuple palestinien » et de « lutter contre la contamination des idées d’extrême droite visant le citoyens de confession musulmane ». Dans cette coalition, il y aurait, rajoute Nagib Azergui, des « partis indépendants partageant la même éthique musulmane ». Et la promotion de la transsexualtié ne fait pas partie, visiblement, de cette « éthique ».
De la même façon, Rima Hassan elle-même avait été durement reprise par quelques musulmans lorsqu’elle avait reproché à Marion Maréchal son positionnement anti-GPA : « Si, pour être admis par LFI, il faut accepter l’inacceptable, je préfère militer seul pour la Palestine », avait écrit un certain « Le Khobz », arborant un double drapeau marocain et palestinien sur son profil. « Rima Hassan est favorable à l’achat de bébés par les couples LGBT ! », s’était indigné un autre Marocain, « Imrane ». « La GPA est haram ! », écrit, six fois au-dessus du post de Rima Hassan, « AlMansour 1578, musulman européen ».
Lors de la manifestation devant Assas contre la conférence de Marguerite Stern et Dora Moutot sur leur livre Transmania, on pouvait lire sur une pancarte cette phrase, sorte d’acmé de la convergence des luttes et de son absurdité : « Le sexe est une réalité raciste et coloniale. »
Les jours - ou au moins les années - de La France insoumise sont-ils comptés ?
Certes l’UDMF, déjà présente aux européennes de 2019, n’avait fait qu’un score très modeste (0,13 % des voix), mais sa percée avait été remarquée dans quelques villes à forte composante immigrée : Garges-lès-Gonesse, Mantes-la-Jolie, Trappes, Val Fourré, La Couronne, Chanteloup-les-Vignes, y dépassant les 6 %. De la même façon qu’à partir du moment où LFI a choisi le cheval de bataille Palestine pour cette campagne, Rima Hassan a invisibilisé Manon Aubry - devenue Manon des sourds : on ne l’entend plus ! -, un parti plus endogène, composé de personnalités issues de l’immigration dans lesquelles son électorat s’identifiera mieux, avec une cohérence islamique complète - qu’il soit l’UDMF ou un autre parti - supplantera LFI et la renverra dans la géhenne coloniale en soulignant son illégitimité à parler au nom de l’immigration : « Qui êtes-vous pour prétendre nous représenter et dire à notre place ce qui est bon pour nous ? » Et LFI n'aura à s'en prendre qu'à elle-même, c'est elle qui a inventé la méthode.
Toujours se souvenir de la jurisprudence Danton contre Robespierre : la révolution dévore ses enfants, inexorablement. Rima Hassan a accusé Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie, sur X, de faire partie de la « gauche coloniale » pour son manque d’empressement à défendre la cause de Gaza. Mais Rima Hassan, qui sait, peut un jour faire figure de harki, de supplétive de cette gauche coloniale, accusée par plus radical qu'elle d’avoir porté des valeurs occidentales dévoyées telles que la GPA.
Gabrielle Cluzel