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[Chronique] Assemblée nationale : « l’arc républicain » enterre la démocratie

braun pivet
Au second tour des élections législatives, le Rassemblement national a obtenu 10.728.330 voix (chiffres du Sénat), bien devant les autres partis en lice. Certes, en raison des accords de désistement, la majorité présidentielle comme ses alliés du Nouveau Front populaire n’avaient pas présenté de candidats dans toutes les circonscriptions. Si l’on se réfère aux chiffres du premier tour publiés par le ministère de l’Intérieur, le RN avait obtenu 19,01 % des suffrages (9.379.092 voix), devant le NPF (18,23 %), largement devant la majorité présidentielle (13,03 %) et pratiquement cinq fois plus que LR (4,27 %).

Pour ce qui concerne le nombre de députés, le RN et apparentés comptent 126 élus, Ensemble 99, LFI 72, les socialistes 66, la Droite républicaine 47, les Écologistes 38, les démocrates 36, Horizons 31, LIOT 21, la Gauche démocrate et républicaine 17, À droite d'Éric Ciotti 16, les non-inscrits 8.

En toute logique, le Rassemblement national, si le système était réellement démocratique, aurait dû être représenté au Bureau de l’Assemblée nationale, composé, outre le président, de 6 vice–présidents, 3 questeurs et 12 secrétaires. D’autant plus que l’article 10, alinéa 7 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale stipule que la répartition des postes s’effectue « par choix prioritaire en fonction des effectifs respectifs des groupes ».

Il n’en a rien été, par un déni de démocratie contraire à l’esprit voire à la lettre du règlement intérieur de la chambre basse. Chacun est libre de combattre les propositions du Rassemblement national, mais nul ne peut nier que ses députés ont été élus à la suite d’élections libres et pluralistes. Y aurait-il donc un sous-prolétariat politique, pour reprendre une phraséologie chère à la gauche marxisante ? Des députés « intouchables » de la politique française ? Et, donc, des sous-électeurs dont les représentants ne devraient remplir aucune responsabilité que la force de leur représentation justifierait amplement.

Le fait que la « droite républicaine », parti croupion, dont le nombre de députés n’est que du tiers des députés RN, ait obtenu deux vice-présidents et un questeur montre clairement la compromission de Laurent Wauquiez avec la Macronie. Étrange opposant qui propose un pacte législatif avec ses supposés adversaires. Le parti qui se prétend faussement l’héritier du gaullisme se délecte d’une mauvaise tambouille qui rappelle la IVe ou la IIIe République que de Gaulle détestait. Mais il est vrai que la trahison est dans les gènes de cette famille politique depuis des décennies.

Le système ne recule devant rien pour préserver son pouvoir et les avantages qui y sont attachés. Tous ces gens dont les discours « dégueulent » des appels à la démocratie et la République n’en ont cure et bafouent sans vergogne les principes les plus élémentaires de celles-ci.

Le Rassemblement national est un parti légal qui ne remet nullement en cause « la forme républicaine » du gouvernement, qui met un point d’honneur à se comporter dignement à l’Assemblée nationale et à respecter la loi. La réalité est que les violents, les sectaires et les antisémites sont à gauche. Pas à droite.

Les opposant du RN ne se placent quasiment jamais sur le plan de la contestation pied à pied de ses propositions mais se contentent de postures prétendument « morales ». Ce qui évite d’aller au fond des problèmes. Or, l’écœurante morale de la gauche n’est qu’une infâme imposture, lorsque l’on sait combien elle a été complice des régimes les plus criminels des temps modernes, de Lénine à Pol Pot, et continue de révérer d’infâmes criminels tels que Trotski ou Che Guevara.

Le Rassemblement national s’est illusionné sur la fin de la diabolisation. Il n’est pas si aisé d’effacer quarante ans de propagande. Comme il est léger de sous-estimer la sottise des « idiots utiles » qui tombent dans les pièges dialectiques de la gauche néo-marxiste, qui brandit l’épouvantail d’une extrême droite imaginaire. Le système résiste donc et va continuer à mal gouverner en faisant croître le ressentiment et la frustration. Mais le RN aurait tort de croire que cela suffira à lui ouvrir les portes du pouvoir. Il a échoué parce que les Français ne lui font pas confiance. Non pas tant à cause des fantasmes de la menace « populiste » voire « fasciste », mais parce que sa capacité à gouverner est encore sujet d’interrogation. C’est le défi que le RN doit relever s’il veut accéder au pouvoir.

Stéphane Buffetaut

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