Les associations constatent le retour des populations les plus précaires sur la voie publique et peinent, notamment, à reprendre contact avec les migrants, qui craignent les interventions policières. Selon le dernier décompte du Revers de la médaille, durant les Jeux, autour de mille personnes ont été envoyées dans des centres d’hébergement en grande banlieue. Des centaines ont été expulsées de la voie publique et dirigées dans les centres régionaux. Mais pour un migrant ou une famille qui a accepté ce déplacement, combien sont restés terrés dans la capitale ?
La Kangoo roule doucement le long du quai des Célestins, à Paris. A son bord, le chargé de projet de la veille sanitaire et un docteur bénévole de Médecins du monde, un gilet cargo aux couleurs de l’association humanitaire sur le dos, scrutent la galerie couverte jouxtant la Cité internationale des arts. « C’est ici que se réfugient les jeunes demandeurs d’asile en recours. Mais ils ont déjà été délogés… », remarque Milou Borsotti, le salarié de l’association, en cette matinée froide de mi-septembre. Au niveau des quais bas, pas trace non plus de ces personnes qui, le reste de l’année, squattent sous le pont Marie. […]
Direction La Chapelle, où les sans-abri se réfugient d’habitude tous les soirs sous le métro aérien. Là, deux hommes se sont posés sur une chaise. En face, le long de la grille du square, une grappe de jeunes Soudanais se réchauffe au soleil. L’ensemble du groupe a été chassé au petit matin, et une camionnette siglée « Propreté de Paris » a ramassé les cartons qui leur servent de protection la nuit.
Les deux associatifs, gros sac médical sur le dos, s’approchent et demandent si les deux hommes ont besoin de soins. Hamed Taïeb montre son oreille douloureuse. Le médecin diagnostique un tympan percé. Des gouttes et des antibiotiques sont confiés à l’homme, qui explique attendre le renouvellement de sa carte de réfugié et avoir perdu sa couverture maladie universelle.
Le médecin s’active tandis que le responsable associatif donne des informations sur les permanences de Médecins du monde, quand arrive un jeune Afghan, chemise blanche impeccable, coiffure soignée. Ahmadzai Koudouz, demandeur d’asile arrivé à Paris il y a deux ans après avoir été « dubliné » en Autriche (selon le règlement européen de Dublin, qui instaure une procédure de renvoi dans le premier pays d’entrée de la zone Schengen), raconte sa nuit écourtée par une intervention policière à Stalingrad. […]
La Mairie de Paris, mobilisée pour les mineurs, constate, elle aussi, le retour des populations précaires sur la voie publique. « Des efforts ont été faits durant les JO, mais ce qui a été mis en place ne l’a pas été de manière pérenne. Au lieu d’ouvrir un centre d’accueil pour les primo-arrivants, comme nous l’avions réclamé avec les associations, la préfecture, sans nouvelle directive, continue d’appliquer la même politique qui vise à éviter tout point de cristallisation. Sans surprise, on a les mêmes phénomènes », constate un responsable de la Ville. […]