par Christelle Néant
Lors des combats à Marioupol, le régiment Azov a usé de mensonge et de tromperie à la fois pour attirer les civils à Azovstal, afin de s’en servir comme bouclier humain, mais aussi pour pousser ses membres à se rendre lorsqu’il est devenu évident qu’ils ne pourraient pas sortir de là vivants les armes à la main.
Dans notre film documentaire sur Azovstal, nous avions découvert que le régiment Azov avait tout fait pour attirer les civils dans les sous-sols de la plus grande usine de Marioupol, afin de pouvoir les utiliser comme boucliers humains, quitte à user de tromperie. Une fois à l’intérieur ces civils étaient pris au piège et avaient interdiction de sortir des bunkers où ils avaient été parqués.
Lors d’une interview exclusive avec une ancienne cuisinière du régiment Azov, Margarita Vinograd, qui est en captivité en Russie, nous avons découvert que non seulement le commandement du régiment ukrainien néo-nazi avait menti aux civils, mais qu’il n’avait pas eu plus de vergogne à mentir à ses propres membres !
Lorsque l’opération militaire spéciale commence, les cuisinières du régiment Azov sont emmenées à Azovstal. Mais le commandement ne leur indique leur destination qu’une fois les femmes en route pour Marioupol, lorsqu’il est trop tard pour refuser de s’y rendre. Ces femmes laissent derrière elles leur mari, leurs enfants, qui sont restés à la maison, inconscients de ce qui était en train de se passer.
Une fois sur place, elles se mettent au travail, et au bout de quelques jours découvrent qu’il y a aussi des civils, y compris des enfants, sur le territoire d’Azovstal. Ils cherchent de la nourriture, car il s’avère que si le commandement du régiment Azov veut les utiliser comme bouclier humain, il n’a en revanche rien prévu pour les nourrir ! Ce sont les cuisinières du régiment qui vont rassembler des provisions et des affaires pour les civils, et surtout les enfants.
Et pendant tout le temps du siège d’Azovstal, le commandement du régiment Azov va mentir éhontément à ses propres membres, assurant que tout irait bien, que des renforts et des armes arriveraient bientôt, qu’ils rentreront bientôt tous chez eux. Des contes de fées qui auront un effet psychologique dévastateur lorsque viendra le moment d’annoncer la reddition.
Les cuisinières passent un jour sans parler tant elles sont sous le choc. Et malgré l’évidence du fait que leur commandement leur a menti, elles vont croire l’ultime mensonge des commandants du régiment Azov qui vise à ce que tous consentent à se rendre sans faire d’histoire. En effet le commandement leur annonce qu’ils se rendent mais avec la promesse d’être bientôt échangés. Les premiers devant être les femmes et les blessés, qui devaient faire partie d’un échange de prisonnier au bout d’un mois. Les commandants devaient être les derniers.
Grâce à cette promesse, les membres du régiment Azov se rendent, en croyant que tout ira bien, qu’ils rentreront bientôt chez eux. La vérité on la connaît désormais, cela fait partie de l’Histoire comme on dit. En réalité, dans l’échange de prisonniers organisé un mois après, il y a à peine une dizaine de blessés et aucune femme. Les commandants d’Azov seront échangés en septembre 2022, alors que les femmes du régiment attendent toujours leur tour. Deux ans et demi après plusieurs d’entre elles sont toujours en captivité, pendant que ceux qui auraient dû être échangés en derniers sont déjà libres.
Voir l’interview en français :
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Les civils, comme les membres non-combattants d’Azov ont été utilisés puis jetés sans vergogne par le commandement du régiment, qui s’est servi d’eux pour se sortir à bon compte du siège d’Azovstal. Voilà qui sont les «héros» modernes de l’Ukraine post-Maïdan.
source : International Reporters