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A Béziers, des voleurs portent plainte. La victime passe au banc des accusés

@tingeyinjurylawfirm/unsplash
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Mardi 5 novembre une quarantaine d’agriculteurs étaient rassemblés devant le tribunal judiciaire de Béziers. Cette fois-ci, la colère des agriculteurs venus manifester pour la survie de leur profession mais la sanction qu’ils estiment injuste, infligée à l’un de leurs collègues, un bûcheron de Saint-Gervais-sur-Mare. En effet, Mathieu S. est condamné à 1.000 euros d’amende avec sursis pour avoir poussé dans un fossé une voiture dans laquelle se trouvaient un homme et deux femmes, à l’issue d’une course poursuite. Une nuance de taille s’ajoute à ce tableau : les passagers de la voiture étaient des voleurs que Mathieu avait surpris en flagrant délit grâce aux caméras de sécurité installées dans sa propriété, en réaction à de précédents cambriolages d'essence et de matériel, a-t-il précisé.

L'arroseur arrosé : les voleurs portent plainte le jour même de leur méfait 

Les malfrats étaient en train de siphonner le matériel de l’exploitation forestière de la victime. Il est alors allé à leur rencontre, a suivi ces derniers en véhicule. Dans un virage, il les a percutés sans en avoir l'intention, assure-t-il à nos confrères de France Bleu. Les voleurs se sont alors rendus au commissariat afin de déposer plainte. Mathieu est alors suspecté de violence avec arme. Il est finalement condamné à une amende. Cette sanction ne figurera pas sur son casier judiciaire. Les coupables ont quant à eux écopé d’une amende et d’une mesure d’éloignement du département de l’Hérault (34) pendant 2 ans. Ils ont fait appel de ce jugement

C’est une réelle plaie pour les agriculteurs. En plus de la crise qu’ils traversent, les agriculteurs font face à une recrudescence inquiétante des vols en tout genre les visant, comme le révélait notre journaliste Clémence de Longraye dans ces colonnes. Face à ce phénomène causant aux paysans de graves préjudices, il leur arrive de devoir se défendre seuls, car la justice est parfois peu dissuasive. Mais la légitime défense ne suffit pas toujours à les protéger quand ils sont passés à l’acte. Le président des Jeunes agriculteurs de l'Hérault, Rémi Dumas, en témoigne au micro de France Bleu « C’est une aberration. Comme bien trop souvent, c’est la personne volée qui se retrouve devant le tribunal parce qu’elle s’est défendue. Les voleurs ont porté plainte, il faut que les vols cessent. »

Pourtant victimes, ces agriculteurs sont traités en coupables 

En mars 2022, un jeune agriculteur charentais de 35 ans a été mis en examen pour violence aggravée ayant entraîné la mort sans intention de la donner. En cause : il était seul avec sa fillette de 4 ans à son domicile quand quatre individus y ont pénétré par effraction. S’étant senti en danger, il a fait usage de son arme à feu et blessé l’un des visiteurs inopinés. Ce ne sont pas des faits isolés : en janvier 2020, dans la Marne, un cas semblable s’est produit. Cambriolé pour la quarantième fois en cinq ans, Jean-Louis Leroux a blessé grièvement un énième voleur entré chez lui, ce qui lui a valu d’être lui-même incarcéré. Là aussi, une marche de soutien avait été organisée devant le palais de justice de Reims, à l’appel de la FNSEA. Selon ce syndicat, l’histoire de Jean-Louis concerne tout le monde agricole puisqu’elle met en exergue l’abandon de cette strate indispensable de la société. Livré à lui-même, le monde agricole est en proie à une recrudescence sans précédent d’actes malveillants. Les acteurs principaux de ce secteur sont pris en étau entre une justice qui n’aboutit pas toujours à des sanctions, et l'impossibilité de se défendre soi-même, au risque de passer par la case prison.

Raphaelle Claisse

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