Ensuite, elle a démasqué le jeu de dupes de ce gouvernement et de ce Premier ministre minoritaires, soutenus par un socle commun LR-macronistes, perdants des dernières élections. Philippe de Villiers parlait du match retour du front républicain de juillet dernier qui priva le RN de sa victoire. En mettant fin à la fiction de la solution Barnier, elle a par là même mis à nu la crise de régime dans laquelle Emmanuel Macron, par la dissolution d'abord, par les désistements avec LFI ensuite, a plongé la France et que l'élégance de Barnier, après deux mois de Jeux olympiques, était censée nous faire oublier. Philippe de Villiers estime que, si « la IVe République est morte pour ne pas avoir su affronter le problème de la décolonisation, il semblerait que la Ve République va mourir parce qu’elle n’a pas su faire face à la perte de la souveraineté ». La signature sidérante de l'accord avec le Mercosur par Ursula von der Leyen ne pouvait mieux illustrer son propos.
Mais cette analyse brillante d'un Philippe de Villiers délivrée pour ses fidèles de CNews vient, ce vendredi soir, d'être relayée par Édouard Philippe pour ceux de BFM devant un Benjamin Duhamel incrédule ! Pour l'ancien Premier ministre de Macron, « on n'est pas très loin d'une crise de régime ». Son analyse à lui ne se fonde pas d'abord sur la perte de souveraineté qu'en bon mondialiste il ne déplore guère, mais sur la paralysie des institutions, le retour du régime des partis, l'instabilité gouvernementale - ce qui est patent.
Certes, cette sortie d'Édouard Philippe est téléguidée par son ambition pour 2027, un remake du « dépassement » de son mentor, mais elle révèle tout de même l'ampleur de la crise et accroît un peu plus la pression sur Emmanuel Macron. À côté de la grosse caisse Mélenchon qui appelle à sa démission ouvertement, de la stratégie de durcissement de Marine Le Pen actée par le choix de la censure, la petite musique d'Édouard Philippe ne dit pas autre chose, tout en proposant la solution du référendum comme solution provisoire. Un sondage de l’institut CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD, publié ce vendredi 6 décembre, révèle d'ailleurs que 59 % des Français souhaitent la démission d’Emmanuel Macron.
Or, cette crise de régime intervient dans un contexte d'effondrement économique et financier, de révolte paysanne, d'exaspération populaire devant une insécurité et une immigration sans entraves, d'instabilité géopolitique et de guerre sur le continent européen. Une impuissance publique qui vient de loin mais qui se concrétise, désormais, dans une vacance du pouvoir vertigineuse. Et dangereuse. C'est aussi le mot qu'a employé Édouard Philippe.
Si les esprits les plus avisés et les plus mesurés parlent de « crise de régime », alors que doivent penser les plus hardis, et le peuple ?
Frédéric Sirgant
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