Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

François Bayrou veut faire un référendum sur la dette publique. Mais en quoi consiste celle-ci ?

Le Premier ministre François Bayrou vient de nous faire part d’une très louable intention : organiser un référendum sur la dette publique française. Ce qui serait tout simplement génial, ce serait de pouvoir profiter du débat crucial qui ne manquera pas de précéder cette consultation du peuple français afin de lui expliquer comment l’argent qui lui est « prêté » par les « marchés financiers » vient, pour la plus grande partie, de nulle part.

Un système très ancien patiemment développé pour conduire les peuples vers la servitude

D’aucuns prêtent (peut-être à tort) à Nathan Mayer  Rothschild ce propos très éclairant : « Si j’imprime les billets, je me moque de qui fait les lois ».

Prenons le temps de la réflexion. Il y a quelques siècles, les orfèvres, afin d’éviter à leurs clients le transport souvent périlleux de l’or, métal qui peu à peu s’était imposé comme un moyen de paiement quasi-universel, avaient pris l’habitude de leur donner un « certificat de possession d’or » dont le montant inscrit correspondait à la somme dont ils allaient s’acquitter.

Celui qui le recevait se rendait ensuite chez l’orfèvre qui l’avait émis pour échanger ce certificat  contre la quantité d’or mentionnée.

Ce moyen commode s’est développé et les gens avaient même pris l’habitude de faire circuler ces certificats directement pour éviter le détour vers la boutique de l’orfèvre. On peut considérer que nous avons là les ancêtres des futurs « billets de banque » et la première assimilation du papier à l’or.

Mais c’est en 1694, avec la création de la Banque d’Angleterre (banque privée appartenant à des banquiers de la City), que pour la première fois une banque a pu imprimer des billets qui n’étaient pas couverts par une quantité d’or correspondante. En cela elle imitait, mais à une toute autre échelle, la banque privée Stockholms Banco de 1661.

C’est dans cette impression de ce qui pourrait s’appeler « de la fausse monnaie » que se trouve l’origine du désastre financier que nous vivons actuellement.

Pour habiller sous une forme plus présentable ce qui s’apparente néanmoins à une forme d’escroquerie, on le désigne sous le nom de « système des réserves fractionnaires » dans lequel la banque peut émettre une certaine quantité d’argent non couverte par des fonds propres à cette banque.

 A qui appartient l’argent que nous empruntons ?

C’est la grande question que jamais personne ne pose. Voici comment fonctionne le système des « banques centrales » qui contrôlent notre monnaie.

Dans son livre « La guerre des monnaies », Hongbing Song  décrit les mécanismes qui permettent à la FED d’émettre de la monnaie-dette quasiment sans limites :

« Le lecteur non versé dans la finance devra peut-être lire ce qui suit à plusieurs reprises pour bien saisir le processus de création de la monnaie par le système de Réserve Fédérale et les institutions bancaires. Cela relève d’un quasi-secret commercial que garde jalousement l’industrie financière. Étant donné que le gouvernement ne détient plus le pouvoir de battre monnaie, mais qu’il ne peut émettre que des obligations, puisque la dette nationale est utilisée comme garantie par la Réserve Fédérale, ce n’est qu’en passant par la Fed et d’autres banques commerciales qu’on émet la monnaie, de sorte que la source du dollar provient de la dette nationale. Quatre étapes sont nécessaires dans ce processus.  La première étape est l’approbation par le Congrès de l’ampleur de l’émission des obligations d’État. Le Trésor programme la dette pour qu’elle se transforme en différents types d’obligations : les billets du trésor (T-bills ou Treasury bills) à échéance d’un an ou moins ; les bons obligataires à moyen terme (T-notes), valables de deux à dix ans ; et les bons du trésor (T-bonds) dont l’échéance peut atteindre jusqu’à trente ans.

Ces obligations, à des fréquences différentes et à des moments différents, sont vendues aux enchères sur le marché libre. Puis le Trésor envoie toutes les obligations invendues à la Fed, qu’elle accepte toutes et, à ce moment, elle les enregistre comme actif dans ses livres en tant que titres. Puisque la dette nationale est utilisée en garantie des futurs impôts encaissés par le gouvernement américain, elle est considérée comme l’actif le plus fiable au monde. Après que la Fed a inscrit ces titres dans la colonne « actif », elle crée une somme équivalente qu’elle inscrit dans la colonne « passif », qui représente les chèques que la Réserve Fédérale imprime. Cette étape clef ne part de rien. Ces « chèques en blanc » ne sont adossés à aucune monnaie. C’est une étape dont la conception est raffinée et le camouflage complet, dont l’existence permet au gouvernement de mieux contrôler l’offre et la demande lors de la vente des obligations aux enchères. La Fed touche des intérêts sur l’argent prêté, le gouvernement obtient facilement de la monnaie, mais il n’y a pas beaucoup de traces révélant l’impression de monnaie. Les tours de passe-passe de la Fed permettent d’équilibrer les livres de comptes, les actifs de la dette nationale et les passifs monétaires s’équilibrent. C’est vraiment cette étape simple mais cruciale qui crée la plus grande injustice au monde. Les futurs impôts des gens qui sont tenus en garantie par le gouvernement permettent à la banque centrale privée de fixer la masse monétaire, c’est-à-dire l’argent qui sera créé par les banques commerciales. Et le gouvernement est redevable d’une somme énorme d’intérêts sur de l’argent créé à partir de rien. Cette injustice se détaille en trois points.

― Les futurs impôts des contribuables ne devraient pas servir de garantie, car l’argent n’a pas encore été gagné ; la garantie ne peut que conduire inévitablement à la baisse du pouvoir d’achat et à la dévaluation de la monnaie, nuisant à l’épargne. ― Les futurs impôts des contribuables doivent encore moins servir de garantie quand il s’agit d’une banque centrale privée ; dans une situation où les banquiers n’ont sorti aucun argent de leur poche, ils utilisent comme par enchantement l’engagement des citoyens à payer leurs futurs impôts… c’est-à-dire obtenir quelque chose pour rien. ― Le gouvernement doit payer des intérêts énormes sans raison apparente, et ce paiement des intérêts devient au final le fardeau du peuple. Les citoyens sont obligés de mettre en gage leur avenir et doivent en outre payer immédiatement des impôts pour rembourser les intérêts que le gouvernement doit aux banques commerciales. Plus on émet de dollars, plus lourd est le fardeau des intérêts supporté par le peuple, et cela endette les générations futures qui ne seront jamais en mesure de payer !  La deuxième étape du processus de la monétisation de la dette survient après que le gouvernement fédéral a reçu et approuvé les chèques de la Réserve Fédérale. Ces certificats magiques retournent à la Réserve Fédérale, puis deviennent subitement des dépôts du gouvernement avant d’être déposés sur les comptes de la Réserve Fédérale.

 La troisième étape survient lorsque le gouvernement fédéral commence à dépenser de l’argent. Les petits et gros chèques constituent la « première vague » de devises qui jaillit dans l’économie. Les entreprises et les personnes qui reçoivent ces chèques les déposent sur leur propre compte dans des banques commerciales, comptabilisés en tant que dépôts des banques commerciales. Sur le plan comptable, ces dépôts représentent le passif de la banque, puisque cet argent appartient aux déposants et que tôt ou tard il faudra leur rendre, mais ils constituent également les actifs de la banque, qui peuvent être utilisés pour accorder des crédits. Les livres comptables sont donc équilibrés, la même quantité d’actifs s’équilibre avec la même quantité de passif. Cependant, les banques commerciales créent également de l’argent à l’aide du coefficient multiplicateur basé sur les réserves fractionnaires.  La quatrième étape représente les dépôts bancaires qui sont de nouveau séparés en réserves bancaires. À ce stade, ces dépôts qui étaient des actifs ordinaires des banques sont déjà devenus des « fonds de réserves » produisant de l’argent. Sous le système des réserves fractionnaires, la Fed autorise les banques commerciales à ne retenir que 10 % des dépôts comme fonds de réserves et à prêter les 90 % restants.

Il existe cependant un problème, car après que 90 % des dépôts ont été prêtés, que se passe-t-il si les déposants d’origine signent des chèques ou ont besoin de liquidités ? En fait, quand les prêts sont émis, ils ne proviennent pas des dépôts originaux, ils ne sont que des écritures comptables, c’est-à-dire de l’argent scriptural créé sur du vent. Cet « argent neuf » correspond à la création monétaire par les banques commerciales. C’est ainsi que la seconde vague de monnaie jaillit dans l’économie. Lorsque la seconde vague de monnaie retourne dans les banques commerciales, cela induit encore plus de vagues de création « d’argent neuf ».

Si l’augmentation de la masse monétaire, générée par les répercussions de l’émission d’obligations et de la création de la monnaie par les banques commerciales, est plus importante que les besoins de l’économie, se crée un déséquilibre entre l’offre et la demande, qui ne peut être compensé que par l’inflation, entraînant une baisse du pouvoir d’achat, réduisant à son tour la demande. Entre 2001 et 2006, les États-Unis ont ajouté à leur dette la somme de 3 000 milliards de dollars endettés, dont une partie conséquente est directement entrée en circulation. En ajoutant à ceci le rachat de la dette de l’État et le paiement des intérêts durant plusieurs années, le dollar a connu une dévaluation importante et le prix d’un grand nombre de produits de base, de l’immobilier, du pétrole, de l’éducation, des soins de santé, et des assurances, ont fortement augmenté ». 

Je prie mes lecteurs de bien vouloir m’excuser pour ce texte assez aride mais c’est justement ce côté complexe qui a permis à ce système de rester dans l’ombre protectrice. Le système décrit est celui de la création du dollar par la FED mais la BCE fonctionne à l’identique.

En clair, l’immense partie de nos dettes est constituée d’argent provenant de nulle part et créé à partir de rien, mais sur lequel nous payons des intérêts. Ces intérêts, payés par nous en tant que contribuables, nous ne pouvons les créer à partir de rien. Nous devons gagner cet argent en travaillant, c’est à dire en créant des richesses.

Vous remarquerez que nos « créanciers » n’ont rien à gagner à ce que nous remboursions le capital qui ne leur a rien coûté, si ce n’est du papier et de l’encre, voire seulement quelques lignes d’ordinateur.

Nous sommes ainsi condamnés à payer à perpétuité des intérêts qui seront garantis « ad vitam aeternam » par nos impôts. Comme nos impôts ne suffisent plus pour payer les intérêts dus chaque année, le gouvernement lancera encore des emprunts uniquement pour pouvoir les payer et augmentera ensuite nos impôts.

Voilà le système infernal duquel nous sommes aujourd’hui prisonniers.

En sortir ? Mais comment ?

Un des attributs essentiel de la souveraineté d’un peuple est de « battre sa propre monnaie »

Cela signifie que seul le peuple, au travers de ses représentants, peut contrôler sa monnaie. Confier ce pouvoir à des banques centrales, surtout si elles sont propriétés de banques privées comme c’est le cas pour la plupart d’entre-elles, entraîne la perte de notre souveraineté.

Nous devons revenir le plus vite possible à une monnaie « désendettée » et possédant une valeur intrinsèque qui lui garantit sa stabilité dans le temps.

Le général de Gaulle, dans sa conférence de presse de février 1965, était arrivé à la même conclusion. (visionner en particulier les minutes 29 à 35 de la vidéo)

Le moment semble venu de suivre ses sages conseils et le peuple français doit restaurer sa souveraineté monétaire. Seule une parité avec l’or pourrait garantir à celle nouvelle monnaie la stabilité dans le temps qui est nécessaire au retour de la prospérité.

Quant à notre dette actuelle, devrons nous rembourser des sommes qui, créées à partir de rien, deviendraient cependant exigibles ?

Jean Goychman
Membre du CNE

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

https://www.breizh-info.com/2025/05/10/246790/francois-bayrou-veut-faire-un-referendum-sur-la-dette-publique-mais-en-quoi-consiste-celle-ci/

Écrire un commentaire

Optionnel