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[CHRONIQUE] La droite française est-elle la plus bête du monde ?

Capture écran Assemblée nationale
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Pour Guy Mollet, patron de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière, ancêtre du Parti socialiste), cela ne faisait aucun doute, comme il l’avait affirmé avec force à Béthune, en 1957. Les choses ont-elles vraiment changé ?

Stupidité confondante

Il faut lire le livre d’Éric Ciotti Je ne regrette rien (Fayard, mai 2025). Généralement les livres commis par les hommes politiques sont inintéressants. Trop hagiographiques ou trop anecdotiques. Celui-ci fait exception. C’est un témoignage à la fois éclairant et désespérant sur l’ardeur avec laquelle la droite conformiste s’est enfermée dans le piège tendu par la gauche, et notamment François Mitterrand, avec le Front national et la ritournelle de l’antiracisme. L’habileté tactique et cynique de la gauche peut être dénoncée. Après tout, elle a joué son jeu politicien, au détriment de la France certes. En revanche, la stupidité de la droite demeure confondante. Et le pire est qu’elle ait duré jusqu’à nos jours, comme l’a démontré son attitude lors des dernières élections législatives, alors même que le Rassemblement national est bien éloigné de ce que put être le Front national dans certains excès de son président-fondateur.

De façon très volontaire, la droite conformiste s’est condamnée à la défaite, tout simplement parce qu’elle voulait se conformer à la doxa de la gauche, comme fascinée par une idéologie néo-marxiste qui a partout échoué, tant sur le plan humain qu’économique ou culturel. Il y a chez la droite embourgeoisée quelque chose qui tient d’une invraisemblable paresse intellectuelle qui la fait invariablement tomber dans le mirage aux alouettes d’une technostructure mondialisée, à la tête bien pleine à défaut d’être bien faite, et qui a conduit la France à l’état dans lequel elle se trouve sur le plan sociétal, financier, moral et culturel. Tout est à relever et tout n’est que ruine, incohérence et dérision. L’État le plus cher du monde est incapable d’assurer ses missions ! Et ces braves électeurs qui votent Macron en songeant à leur portefeuille semblent avoir oublié dans quelle situation financière il a mis la France.

Sans colonne vertébrale

Jamais cette droite sans colonne vertébrale n’a osé revenir sur des mesures désastreuses sur le plan économique (comme les 35 heures), sur le plan stratégique (comme le délaissement de la filière nucléaire au profit de la coûteuse chimère des énergies intermittentes), sur le plan de la sécurité intérieure (comme l’abandon de la mesure accessoire d’expulsion des étrangers délinquants, obtenu de Sarkozy par le gaulliste catholique de gauche Étienne Pinte !)… La liste pourrait être longue.

Si, en 1998, lors des élections régionales, Jacques Chirac, au lieu de se plier aux injonctions de la gauche et du centre, avait laissé en paix ceux qui avaient été élus à la présidence des régions avec des voix d’élus FN, ce dernier serait devenu à terme l’aile droite d’un vaste rassemblement de droite. Il est intéressant de citer l’entretien de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, le 27 mars 1998, avec Charles Millon : « Il n’y a que quinze jours, vous étiez, croyait-on, un chrétien social, un homme de conviction, de bons sentiments, sincère à la limite de la naïveté. Aujourd’hui, en acceptant les voix des élus du Front national, c'est-à-dire le tabou majeur, vous êtes vilipendé, blâmé, lâché par vos amis, cerné, coincé. Où est votre porte de sortie ? » À peu de chose près ce qu’Éric Ciotti a subi. Tout était dit du chantage et de l’hypocrisie du système qui défend sa peau. Notons qu’évidemment, personne ne trouvait rien à redire à ce que le PS s’allie avec les communistes, porteurs de l’idéologie responsable de la mort de plus de cent millions d’hommes, de femmes et d’enfants ! Tout comme Édouard Philippe partage sans états d’âme « les mêmes exigences démocratiques » qu’un candidat communiste. Qu’il aille raconter ça à l’est de l’Europe !

Lire le livre d'Éric Ciotti

Éric Ciotti fait la narration intéressante d’une déroute intellectuelle et politique. Au-delà de certaines formules heureuses comme « Chirac, combien de déceptions ? » (p. 104), il a aussi des phrases d’une acuité certaine telle « Maastricht, c’était la fin de l’Europe des nations au profit de l’Europe de l’administration » (p. 107) ou encore « à parler comme la gauche, on finit par penser un peu comme elle » (p. 112). Même beaucoup. Ses pages sur son enracinement niçois parleront au cœur de tous ceux qui sont attachés à un terroir, une culture et une histoire. Quand il en appelle à l’Espérance contre la résignation, c’est à une forme de transcendance qu’il en appelle. Et seule celle-ci donne sens à l’action politique.

Le singulier de Guy Mollet doit aujourd’hui être décliné au pluriel. Les droites françaises sont-elles les plus bêtes du monde ? Nous ne gagnerons pas de façon isolée. Le pouvoir n’arrive pas de façon mécanique ou inéluctable. Nous l’avons bien vu l’an passé. Plutôt que se disputer le même pré carré, allions-nous pour gagner. La soupe à l’union nie les différences, l’alliance les reconnaît pour en faire des complémentarités. Le temps de la bêtise et de la lâcheté doit faire place à celui de l’intelligence et du courage. Nous le devons à la France et aux Français.

Stéphane Buffetaut

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